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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 13:39
Portugal : la souveraineté populaire bafouée, nouvel exemple d'évolution post-démocratique en Europe

Le Président de la République portugaise a annoncé hier soir dans une allocution télévisée sa décision de reconduire Pedro Passos Coelho, premier ministre de centre-droit sortant.

Si la coalition PSD/CDS-PP, qu'il menait, est arrivée en tête avec 38,5% des suffrages exprimés le dimanche 4 octobre dernier, elle ne dispose pourtant pas d'une majorité parlementaire, au contraire des forces de gauche qui ont, elles, rassemblé 52% des voix (tous partis confondus).

Pour la première fois dans l'histoire de la démocratie portugaise, Antonio Costa – leader des socialistes portugais – avait engagé et réussi un travail politique important permettant de rassembler l'ensemble des forces de gauche (PS : 32,4%, Bloc de Gauche (BE) : 10,2%, alliance écolo-communiste : 8,3%) derrière un gouvernement disposant d'une majorité parlementaire alternative et absolue de 122 sièges sur 230. Alors qu’Antonio Costa lui a présenté mardi soir un accord de gouvernement majoritaire, le président Anibal Cavaco Silva a décidé de faire fi de cet accord, de faire du message politique extrêmement clair adressé par le peuple portugais pour sortir du « tout austérité ».

Il n'est pas question pour nous d'entrer dans un débat hors sol pour savoir si cette décision respecte la lettre ou l'esprit de la constitution portugaise, mais de condamner avec force le déni de démocratie qu'elle représente.

En effet, le Président portugais a donné pour seul argument de son choix qu'il refuserait de permettre la participation au gouvernement de forces politiques (le Parti communiste portugais et le BE) critiques vis-à-vis des institutions européennes et favorables à la sortie du Portugal de la zone euro. En insistant sur ce point (« Hors de l'UE et de la zone euro, l'avenir du Portugal serait catastrophique »), il a sciemment menti à ses concitoyens puisque le programme de gouvernement rassemblant PS, PCP et BE ne prévoit évidemment ni la sortie de l'UE, ni celle de l'euro et qu'Antonio Costa s'est engagé à respecter les règles financières de l'eurozone.

En fait, M. Cavaco Silva tente un coup de poker : à demi-mot, il espère l’abstention de 16 députés socialistes afin d’obtenir, dans 13 jours, la confiance au gouvernement. Celle-ci semble d’ores-et-déjà utopique. En opposant ainsi une fin de non recevoir définitive à une alternative de gauche pourtant majoritaire, il choisit de maintenir un gouvernement minoritaire de droite qui pourrait ne pas passer le vote de confiance au Parlement et gérer les affaires courantes indéfiniment (c'est-à-dire poursuivre la politique austéritaire engagée par Passos Coelho).

Le Président portugais a pris hier soir le risque de faire entrer son pays dans une période d'instabilité politique, qui ne profitera à terme à aucune force démocratique puisque la souveraineté populaire et l'esprit démocratique sont ainsi battus en brèche.

C'est une nouvelle distorsion entre la volonté exprimée par des citoyens européens et les politiques qui leurs sont imposées. C'était le cas en en 2008 avec la ratification du Traité de Lisbonne malgré le rejet référendaire du TCE en 2005 par les Français et les Néerlandais ; ce fut la même logique lorsque l'eurogroupe a contraignit le gouvernement Tsípras à céder sous sa menace le 13 juillet. À chaque fois, la logique ordo-libérale imposée à la construction européenne« il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités » (Jean-Claude Juncker)nous enferme un peu plus dans une grave dérive post-démocratique, qui risque de tuer à petit feu l'idéal de l'intégration européenne et qui nourrit tous les jours un peu plus les populismes et les formations xénophobes.

Les socialistes français et européens doivent désormais par tous les moyens manifester avec force et détermination leur soutien envers le peuple portugais, Antonio Costa et la coalition de gauche qu’il avait su rassembler. La parole démocratique qui s’est exprimé le 4 octobre dernier doit être respectée. On ne joue pas avec la démocratie sous peine de l’abîmer. Il est temps qu'en Europe les socialistes et toute la gauche se mobilisent ensemble pour exiger une alternative à l'austérité et une réorientation de la construction européenne qui la rende à nouveau conforme aux valeurs démocratique et respectueuses de la souveraineté populaire.

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