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Le NPS fait feu sur le quartier Royal
Le Nouveau Parti socialiste se réunit aujourd’hui pour évoquer l’avenir du parti.
Par David Revault d’Allonnes - Libération : vendredi 12 octobre 2007
«Comprendre le réel» : c’est sur cette ambitieuse thématique que s’ouvre, aujourd’hui à Toulouse, le rassemblement du Nouveau Parti socialiste (NPS). Quatrième courant du PS à effectuer sa rentrée politique, après les royalistes, les jospinistes et les fabiusiens, cette sensibilité du parti, qui joue résolument sur l’aile gauche, entend à son tour aligner ses troupes. Et faire feu de ses munitions idéologiques dans la bataille d’interprétation de la défaite présidentielle qui, ces jours-ci, fait rage entre socialistes .
«Confusion». «Le parti n’a pas clarifié sa position par rapport à la campagne», estime le député européen Benoît Hamon, coleader du courant avec Henri Emmanuelli. «Sur ce sujet-là comme sur d’autres, la confusion domine. On peut dire ce que les uns et les autres, individuellement, ont tiré comme conclusion de cette séquence. Mais ce que le parti, collectivement, en pense, on ne sait pas…»
On saura en revanche très vite ce que la direction du NPS en pense, qui dans un texte consacré à l’ «analyse» de la campagne discuté ce soir, regrette, au chapitre de la «capacité personnelle des candidats à exercer la fonction», que «la crédibilité du candidat de droite [soit apparue] nettement plus forte», alors qu’ «il n’y avait pas de défiance a priori supérieure à l’égard d’un candidat de gauche». Le document constate, malgré une «volonté d’alternance indéniable qui n’a pas été incarnée par la gauche», que le PS, «loin d’avoir réussi à imposer le débat sur le terrain qui [lui] était favorable […], a accepté de mettre au cœur de la campagne les thèmes de prédilection de la droite, au risque de brouiller [son] message». Et, pour conclure, il invoque l’exemple du «travailler plus pour gagner plus», brandi par le candidat UMP, qui aurait «montré avec cruauté notre incapacité à incarner une alternative de gauche à la politique libérale et sécuritaire des néoconservateurs français. Le succès de Nicolas Sarkozy repose en grande partie sur sa capacité à occuper le vide que nous avons laissé.»
Officiellement, il ne s’agirait, à partir de ce sévère constat, que de discuter orientation. «Le problème n’est ni les lacunes de la candidate ni le complot des éléphants, poursuit Benoît Hamon. C’est un problème de ligne et de défaillance de notre projet.»
«Droitisation». Mais, au-delà du bilan, il s’agit bien d’envisager les perspectives. «Nous ne voulons pas voir se prolonger certaines dérives, et nous refusons une forme de dépolitisation et d’attrait par rapport aux thèmes portés par l’adversaire», ajoute un autre élu NPS. En clair, empêcher Ségolène Royal de gagner du terrain idéologique et œuvrer à ce que le NPS appréhende comme «une personnalisation et une droitisation» du Parti socialiste. Notamment en vue du prochain congrès.
En toute logique politique, aucun royaliste pur et dur n’a été convié à Toulouse. «Il n’y a pas d’exclusive, mais tout de même un périmètre qui se dessine autour de gens qui ont la même conception du parti, contre la volonté de certains de transformer le PS en parti de supporteurs à l’instar du Parti démocrate américain», résume Régis Juanico, député de la Loire. Le jospiniste Harlem Désir, le fabiusien Claude Bartolone et Bruno Le Roux, proche de François Hollande, en revanche, devraient en être. Une ouverture dictée par les différentes hypothèses de construction majoritaire, donc. Mais également par la situation de ce courant créé en 2003 au congrès de Dijon par Hamon, ainsi qu’Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, qui depuis l’ont quitté. Avant de devenir tous deux porte-parole de campagne de Royal… «Le NPS n’est pas réduit à peau de chagrin, mais on n’a pas la taille critique pour peser sur l’orientation du parti», estime un membre du NPS, qui pèserait selon ses estimations «entre 10 et 15 %» des voix.
«Reconquête». D’alliance, il sera également question en externe, avec la nécessité, selon le NPS, de trancher la question ouverte par l’appel de Royal au débat avec François Bayrou, lancé lors de la présidentielle. Entre la traditionnelle stratégie d’union côté gauche ou un rapprochement avec l’UDF. «Entre une posture sérieuse qui offre des chances de reconquête et un scénario de salon, que la logique politique récuse, nous devons tourner le dos à une spirale de la défaite que ne ferait qu’accélérer l’alliance avec le Modem», résume Hamon. D’où la présence, dimanche, du porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, du député Vert Noël Mamère et du patron du PRG Jean-Michel Baylet. L’intitulé du débat : «Soigne ta gauche». Pour mettre Royal K.O.