18 juin 2008
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Le prochain congrès de Reims s'annonce dans des conditions assez mauvaises.
En effet, loin de favoriser le débat, nous avons vu les médias et les principaux leaders médiatiques du Parti s'enfoncer dans un affrontement de personnes qui n'a rien de salutaire.
Quel est l'intérêt de l'affrontement entre Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, qui - peu ou prou - défendent les mêmes orientations ? On dira que Bertand est plus libertaire et Ségolène plus autoritaire... que Bertrand refuse pour le moment l'alliance au centre que prône Ségolène... bon...
Mais sur l'essentiel, sur les enjeux sociaux et économiques que doivent affronter les socialistes pour redevenir crédibles, sur le projet de société, ils défendent la même intuition, celle d'un social-libéralisme, d'une troisième voie qui ne cesse aujourd'hui de montrer ses limites politiques et électorales, alors même que partout dans le monde le néo-libéralisme et la pertinence des choix politiques qu'il induit commencent à être sérieusment remis en cause, face à leur inefficacité à répondre aux quatre crises majeures (énergétique, alimentaire, climatique et financière) que la mondialisation affronte aujourd'hui.
Une partie de la gauche du Parti socialiste a cherché à dépasser des clivages impertinents ; d'un côté, les proches de Laurent Fabius et de Martine Aubry se sont concertés avec Arnaud Monterbourg et Socialisme & Démocratie pour réfléchir aux conditions nécessaires pour la remise au travail du PS, à travers l'initiative des Reconstructeurs. De l'autre, NPS proposera avec Benoît Hamon une contribution générale - Reconquêtes - axée sur le fonds des dossiers politiques. Liennemann et Vidalies vont travailler à une contribution sur le rassemblement de la gauche. Mélenchon semble lui vouloir enfermer la gauche dans une tour d'ivoire...
Ces camarades ont vocation à terme à se rassembler. Mais cette perspective pourrait bien être mise à mal par plusieurs facteurs, dont le plus important est la manoeuvre en sous-main de François Hollande pour que le PS évite une nouvelle fois de trancher les débats qui le méritent.
Le Premier secrétaire sortant va publier avec Julien Dray et Philippe Doucet (maire et conseiller général d'Argenteuil) une contribution générale dont la vocation est avant tout de structurer enfin autour de lui une sensibilité capable de le porter à la désignation comme candidat socialiste à l'élection présidentielle en 2012 (qui a parlé de fond ?). D'un autre côté, il suscite une contribution des grands barons locaux du socialisme (Feltesse, Collomb, Guérini) ayant pour vocation de figer une partie de la droite du PS et éviter un ralliement sans condition aux sirènes de Bertrand Delanoë.
Quelle est la raison profonde de tout cela ? Le hollandisme comme méthode de management politique l'explique pour tous ceux qui n'auraient pas bien retenu les leçons de ses 11 ans de premier secrétariat. Encore une fois, François Hollande et son ami Julien Dray travaillent main dans la main à la constitution d'une majorité informe et politiquement molle pour éviter tout affrontement de personnes mais surtout d'idées au prochain congrès du PS. L'initiative des grands élus vise à décourager Bertrand Delanoë sur ses capacités à mener à bien son initiative de centre-gauche, la contribution générale Hollande-Dray vise à neutraliser Moscovici, une partie des fabiusiens et les amis de Martine Aubry pour tenter de leur vendre une future motion majoritaire rassemblant tous ceux-là avec Delanoë sous la férule de Dray contre Ségolène Royal d'un côté et la gauche du PS de l'autre.
Bref que Martine Aubry, Socialisme & Démocratie et une partie des fabiusiens abandonnent l'idée d'un débat de fond et d'un PS au travail jusqu'en 2012.
Le dire, l'écrire pourraient déjà être une manière de circonscrire ces manoeuvres.
Frédéric Faravel
En effet, loin de favoriser le débat, nous avons vu les médias et les principaux leaders médiatiques du Parti s'enfoncer dans un affrontement de personnes qui n'a rien de salutaire.
Quel est l'intérêt de l'affrontement entre Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, qui - peu ou prou - défendent les mêmes orientations ? On dira que Bertand est plus libertaire et Ségolène plus autoritaire... que Bertrand refuse pour le moment l'alliance au centre que prône Ségolène... bon...
Mais sur l'essentiel, sur les enjeux sociaux et économiques que doivent affronter les socialistes pour redevenir crédibles, sur le projet de société, ils défendent la même intuition, celle d'un social-libéralisme, d'une troisième voie qui ne cesse aujourd'hui de montrer ses limites politiques et électorales, alors même que partout dans le monde le néo-libéralisme et la pertinence des choix politiques qu'il induit commencent à être sérieusment remis en cause, face à leur inefficacité à répondre aux quatre crises majeures (énergétique, alimentaire, climatique et financière) que la mondialisation affronte aujourd'hui.
Une partie de la gauche du Parti socialiste a cherché à dépasser des clivages impertinents ; d'un côté, les proches de Laurent Fabius et de Martine Aubry se sont concertés avec Arnaud Monterbourg et Socialisme & Démocratie pour réfléchir aux conditions nécessaires pour la remise au travail du PS, à travers l'initiative des Reconstructeurs. De l'autre, NPS proposera avec Benoît Hamon une contribution générale - Reconquêtes - axée sur le fonds des dossiers politiques. Liennemann et Vidalies vont travailler à une contribution sur le rassemblement de la gauche. Mélenchon semble lui vouloir enfermer la gauche dans une tour d'ivoire...
Ces camarades ont vocation à terme à se rassembler. Mais cette perspective pourrait bien être mise à mal par plusieurs facteurs, dont le plus important est la manoeuvre en sous-main de François Hollande pour que le PS évite une nouvelle fois de trancher les débats qui le méritent.
Le Premier secrétaire sortant va publier avec Julien Dray et Philippe Doucet (maire et conseiller général d'Argenteuil) une contribution générale dont la vocation est avant tout de structurer enfin autour de lui une sensibilité capable de le porter à la désignation comme candidat socialiste à l'élection présidentielle en 2012 (qui a parlé de fond ?). D'un autre côté, il suscite une contribution des grands barons locaux du socialisme (Feltesse, Collomb, Guérini) ayant pour vocation de figer une partie de la droite du PS et éviter un ralliement sans condition aux sirènes de Bertrand Delanoë.
Quelle est la raison profonde de tout cela ? Le hollandisme comme méthode de management politique l'explique pour tous ceux qui n'auraient pas bien retenu les leçons de ses 11 ans de premier secrétariat. Encore une fois, François Hollande et son ami Julien Dray travaillent main dans la main à la constitution d'une majorité informe et politiquement molle pour éviter tout affrontement de personnes mais surtout d'idées au prochain congrès du PS. L'initiative des grands élus vise à décourager Bertrand Delanoë sur ses capacités à mener à bien son initiative de centre-gauche, la contribution générale Hollande-Dray vise à neutraliser Moscovici, une partie des fabiusiens et les amis de Martine Aubry pour tenter de leur vendre une future motion majoritaire rassemblant tous ceux-là avec Delanoë sous la férule de Dray contre Ségolène Royal d'un côté et la gauche du PS de l'autre.
Bref que Martine Aubry, Socialisme & Démocratie et une partie des fabiusiens abandonnent l'idée d'un débat de fond et d'un PS au travail jusqu'en 2012.
Le dire, l'écrire pourraient déjà être une manière de circonscrire ces manoeuvres.
Frédéric Faravel