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Chronique
Une naissance dans le zoo socialiste, par Dominique Dhombres
LE MONDE | 01.12.08 | 13h28
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e congrès de Reims n'était pas seulement un combat de dames. Il y avait aussi un homme en compétition. Ces deux femmes lui faisaient de l'oeil. Cela aurait pu produire un effet comique, dans un congrès qui ne l'était guère. Un homme encore jeune courtisé par deux femmes plus mûres. Mais Benoît Hamon est tout sauf le personnage de Chéri imaginé par Colette. Il veut être aimé pour ses idées, non pour lui-même. Il y met une sorte de point d'honneur. Il était l'invité d'Anne-Sophie Lapix, dimanche 30 novembre, sur Canal+. "Les idées que j'ai défendues à l'occasion de ce congrès étaient en résonance avec ce qui se passe dans la société : les plans sociaux, les licenciements, la casse du service public. Ces idées-là ont pris beaucoup plus de poids, et bon nombre de solutions qu'on développait depuis plusieurs années ont acquis beaucoup de légitimité et de crédibilité aujourd'hui. On parle à nouveau de nationalisation, de redistribution, d'impôt", disait-il. L'hôtesse insistait : n'est-il pas simplement le jeune de service dans un parti vieillissant ? "Si le PS pense qu'il va s'en sortir avec juste une opération de façade, il se trompe", répliquait-il. Les idées, les idées seulement, pas les personnes ! "Je ne veux pas d'un parti toujours concentré sur cette maudite élection présidentielle", disait-il encore. Il ne se voit pas en candidat à l'Elysée. Il veut échapper à cette obsession qui est manifestement celle de Ségolène Royal. Il est cependant admiratif devant l'obstination de cette dernière. "Je lui reconnais une détermination et un courage assez rares dans la vie politique française", dit-il. Ses préférences vont bien entendu à Martine Aubry, mais il ne lui accorde pas un chèque en blanc. Il attend de savoir quelles seront ses priorités. Il a une phrase étonnante à ce propos. "De ce congrès, il est sorti une ligne politique", dit-il. A gauche, bien entendu. Il est bien le seul à avoir perçu le phénomène. Toujours la préséance des idées sur les personnes. C'est peut-être de l'autosuggestion. Là où tout le monde a vu une foire d'empoigne, Benoît Hamon a senti l'émergence d'une ligne politique. Est-ce que Martine Aubry lui a proposé le poste de numéro deux du parti ? Non, elle ne l'a pas fait. Il dit cela avec un petit sourire, une satisfaction à peine voilée.
Personne n'aurait pensé, il y a peu de temps encore, à lui poser une telle question ! Ségolène Royal lui avait également demandé, avant le congrès, de faire partie de son équipe. Le congrès de Reims a été un désastre pour l'image du Parti socialiste dans l'opinion, mais il n'a visiblement pas été perdu pour tout le monde. Il y a eu le combat frontal des deux éléphantes. Mais aussi, dans le zoo socialiste, la naissance d'un éléphanteau.
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Dominique Dhombres
Article paru dans l'édition du 02.12.08