6 février 2009
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15:32
Certains avaient moqué Nicolas Demorand qui avait exprimé son désintérêt pour un exercice de commande du Président de la République ; l'animateur des matins de France Inter, connu pour un interviewer accrocheur, avait balayé une question où on lui demandait s'il n'avait pas de dépit de ne pas être des happy few qui interrogeraient Nicolas Sarkozy le 5 février 2009.
L'émission à laquelle les Français ont assisté lui a largement donné raison. N'en déplaise à Jean-Marie Colombani qui plaidait ce matin la démonstration du virage à gauche du Président (au moins en mots) et dénonçait la critique stérile faite dans la foulée par Benoît Hamon, ce dernier avait bien raison : tout change autour de nous mais Sarkozy ne change pas ; l'échec de son action est patent mais lui continue de se bercer de mots et d'un volontarisme de posture comme au beau temps de la campagne présidentielle, sans aucune prise avec la réalité politique, sociale et économique vécue dans le pays par les Français.
C'est d'autant plus facile de se bercer avec le Président que les happy few, méprisés par Nicolas Demorand, ont tenu le rôle qu'on attendait d'eux : remplir la commande du président et ne poser aucune question gênante ou énervante (on sait jamais avec l'humeur du moment il pourrait finir par croire que les journalistes sont comme les préfets et qu'il peut les virer... et les présidents des chaînes seraient en plus capables d'obéir !).
Ainsi : aucune question sur le contre-plan de relance présenté par le Parti socialiste. Aucune question sur le fait qu'après avoir qualifié le plan de son propre gouvernement de "plan de rattrapage", cela pouvait ouvrir la voie à un véritable plan de relance dans la foulée. Aucune précision sur sa capacité de faire appliquer sa règle des trois tiers pour le partage de la valeur ajoutée. Aucune question sur le vieux rêve centenaire de la droite de détruire l'impôt progressif sur le revenu, car à force de l'attaquer par le haut et désormais par le bas (pour faire semblant d'être social) on tue la logique progressiste de cet impôt. Aucune question sur le fait que la taxe professionnelle ait déjà connu des annonces de suppression nombreuses sans jamais que cela ne rentre en application (rappelez-vous Chirac et Raffarin), aucune question sérieuse sur la mise en péril des recettes des collectivités ou sur la fragilisation de ces bastions de la gauche (au passage c'est la seule annonce concrète de soutien qui va encore une fois en direction des entreprises - 8 milliards d'euros - et qui lèsera in fine les contribuables). Rien sur la Guadeloupe et rien sur la Martinique, qui nous montrent la voie. Rien sur la rémunération des patrons des sociétés soutenues par l'Etat, alors que la droite avait fait sortir la comparaison avec Obama. Rien sur le contexte parfois trompeur des licenciements dont Laurence Parisot demande encore qu'on fasse sauter les derniers gardes-fous.
Bref un vrai parcours de santé pour Sarkozy, pas étonnant que le fossé se creuse, et que se creusait le décalage entre les petits reportages qui ont illustré cette émission, la parole sincère souvent touchante, frappante de Français qui témoignaient de la difficulté de vivre et un président de la République qui, face à un monde dont il constate qu'il change ne change absolument rien à sa politique.
La Gauche et le PS au premier chef doit désormais être à la hauteur et travailler à la riposte et à l'alternative dans l'unité, ce qui ne semble pas être entendu du côté de La Plaine-Saint-Denis où le NPA de Besancenot-Krivine a pour principale préoccupation d'interdire l'alliance avec le PS à ses interlocuteurs.
Frédéric FARAVEL
L'émission à laquelle les Français ont assisté lui a largement donné raison. N'en déplaise à Jean-Marie Colombani qui plaidait ce matin la démonstration du virage à gauche du Président (au moins en mots) et dénonçait la critique stérile faite dans la foulée par Benoît Hamon, ce dernier avait bien raison : tout change autour de nous mais Sarkozy ne change pas ; l'échec de son action est patent mais lui continue de se bercer de mots et d'un volontarisme de posture comme au beau temps de la campagne présidentielle, sans aucune prise avec la réalité politique, sociale et économique vécue dans le pays par les Français.
C'est d'autant plus facile de se bercer avec le Président que les happy few, méprisés par Nicolas Demorand, ont tenu le rôle qu'on attendait d'eux : remplir la commande du président et ne poser aucune question gênante ou énervante (on sait jamais avec l'humeur du moment il pourrait finir par croire que les journalistes sont comme les préfets et qu'il peut les virer... et les présidents des chaînes seraient en plus capables d'obéir !).
Ainsi : aucune question sur le contre-plan de relance présenté par le Parti socialiste. Aucune question sur le fait qu'après avoir qualifié le plan de son propre gouvernement de "plan de rattrapage", cela pouvait ouvrir la voie à un véritable plan de relance dans la foulée. Aucune précision sur sa capacité de faire appliquer sa règle des trois tiers pour le partage de la valeur ajoutée. Aucune question sur le vieux rêve centenaire de la droite de détruire l'impôt progressif sur le revenu, car à force de l'attaquer par le haut et désormais par le bas (pour faire semblant d'être social) on tue la logique progressiste de cet impôt. Aucune question sur le fait que la taxe professionnelle ait déjà connu des annonces de suppression nombreuses sans jamais que cela ne rentre en application (rappelez-vous Chirac et Raffarin), aucune question sérieuse sur la mise en péril des recettes des collectivités ou sur la fragilisation de ces bastions de la gauche (au passage c'est la seule annonce concrète de soutien qui va encore une fois en direction des entreprises - 8 milliards d'euros - et qui lèsera in fine les contribuables). Rien sur la Guadeloupe et rien sur la Martinique, qui nous montrent la voie. Rien sur la rémunération des patrons des sociétés soutenues par l'Etat, alors que la droite avait fait sortir la comparaison avec Obama. Rien sur le contexte parfois trompeur des licenciements dont Laurence Parisot demande encore qu'on fasse sauter les derniers gardes-fous.
Bref un vrai parcours de santé pour Sarkozy, pas étonnant que le fossé se creuse, et que se creusait le décalage entre les petits reportages qui ont illustré cette émission, la parole sincère souvent touchante, frappante de Français qui témoignaient de la difficulté de vivre et un président de la République qui, face à un monde dont il constate qu'il change ne change absolument rien à sa politique.
La Gauche et le PS au premier chef doit désormais être à la hauteur et travailler à la riposte et à l'alternative dans l'unité, ce qui ne semble pas être entendu du côté de La Plaine-Saint-Denis où le NPA de Besancenot-Krivine a pour principale préoccupation d'interdire l'alliance avec le PS à ses interlocuteurs.
Frédéric FARAVEL