La polémique sur le chiffrage des programmes des candidats à la présidentielle repart avec la rédaction d'un "manifeste contre une démagogie en rase campagne" publié par Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), et Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de ce centre de recherche de la Fondation nationale de sciences politiques.
Ce texte met en cause la démarche et la méthode de l'Institut de l'entreprise pour évaluer le coût des programmes des candidats. Depuis le début de la campagne, ce cercle de réflexion présidé par Michel Pébereau, président du conseil d'administration de BNP-Paribas, s'est attaché à chiffrer et à corriger le montant des propositions des candidats, en particulier de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal.
Les économistes de l'OFCE contestent le terme même de "chiffrage" qui laisse entendre "qu'une arithmétique des programmes politiques est possible et que, parce qu'il s'agit d'argent public, le moins coûteux d'entre eux serait le plus efficace. Une telle perspective est trompeuse...", affirment MM. Fitoussi et Timbeau.
A une démarche qualifiée "d'enfermement comptable", ils estiment préférable "d'évaluer un programme présidentiel à l'impulsion dynamique qu'il entend donner à l'économie et à la société plutôt qu'à la mécanique budgétaire sur laquelle il s'appuiera". Et ils ajoutent : ""Combien ça coûte" est le slogan de programmes télévisés distrayants. Ce n'est pas une méthode pour savoir si les options qui nous sont proposées sont à la hauteur des enjeux."
Le directeur de l'Institut de l'entreprise, Jean-Pierre Boisivon, s'est déclaré "stupéfait" par ces reproches. "Le chiffrage ne s'oppose pas à l'évaluation économique, il se complète. Les mesures proposées ont un coût. Les seules imprécisions sont celles des candidats. Notre démarche n'a d'autre objectif que de les obliger à être plus précis. La pire des menaces, ajoute-t-il, serait de se retrouver dans l'absence de débat."