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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 07:07

Merkel.jpgElle a parlé, la sainte Chancelière "jouez hautbois, résonnez musettes"... Stupeur ce matin en allumant I télé avant de partir au boulot. Le chroniqueur économique de la chaîne d'information continue nous explique qu'une révolution politique est en cours car Mme Angela Merkel vient de se dire enfin prête à une Union Politique pour compléter le traité budgétaire...

Pour soutenir son propos, l'interview qu'elle a accordé ARD-Morgenmagazin et les entretiens bilatéraux qu'elle a eu avec le premier ministre britannique en perdition David Cameron.

Que dit-elle ? La révolution est-elle en marche ? La Chancelière va-t-elle toucher les écrouelles ?

La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré, hier matin, qu'elle souhaitait travailler à une "union politique" en Europe, quitte à accepter l'idée d'une Europe à deux vitesses si certains pays bloquent. "Nous avons besoin de plus d'Europe (...), d'une union budgétaire (...), et nous avons besoin avant tout d'une union politique. Nous devons, pas à pas, abandonner des compétences à l'Europe", mais "nous ne devons pas rester immobiles, parce que l'un ou l'autre (pays) ne veut pas encore suivre", a-t-elle ajouté. Elle explique également qu'elle ne croit pas "qu'il y ait un seul sommet capable de tout régler d'un coup", soulignant qu'elle voulait proposer au sommet de juin un programme de travail avec l'objectif d'une union politique, tempérant ainsi les attentes autour du sommet de l'Union européenne prévu à la fin de juin, alors que la maison est en feu aujourd'hui.

De fait, Mme Merkel avait été quelque peu bousculée par l'entrée en jeu du nouveau président français, bien que les propositions de ce dernier soient extrêmement modérées. Elle reste cependant extrêmement en retrait des propositions fédéralistes de son propre parti, la CDU, qui semble sur ce sujet ne pas avoir l'oreille de la Chancelière.

Ces déclarations sont à lire à l'aune de la seule politique intérieure allemande et absolument pas de l'intérêt général européen :

  • Mme Merkel a besoin des votes du SPD et des Grünen pour ratifier le traité budgétaire et elle négocie avec eux des concessions sur d'autres dossiers. Ils viennent notamment d'obtenir ce que personne n'avait jusqu'ici obtenu de la "nouvelle Dame de Fer", une véritable taxe sur les transactions financières (bien loin de la taxe de bourse rétablie par feu Nicolas Sarkozy). Libre ensuite à chacun d'apprécier la valeur de l'échange et s'il était légitime que le SPD et les Grünen devraient accepter de voter le TCSG ;
  • La Chancelière allemande donne également des gages à son électorat conservateur en cognant une nouvelle fois sur ses petits camarades européens, du côté de la méditerrannée, dont il faudrait peu à peu se débarasser, car c'est la première fois qu'un responsable européen dit "sérieux" annonce vouloir utiliser la méthode des "coopérations renforcées" (qu'elle a contribuées à réduire les années précédentes) pour soutenir une logique d'exclusion et de marginalisation et non de progrès et d'avant-garde.

De fait, les propos de la Chancelière sont loin de représenter une avancée politique : l'union politique nécessaire est renvoyée à une échéance lointaine et elle n'a pas évolué d'un iota sur les questions économiques. Pour elle, comme pour tous les conservateurs européens, une politique de croissance ce sont des réformes structurelles visant à réduire le coût du travail et les droits des salariés dans le reste de l'Europe, afin de préserver les parts de marché pour les exportations allemandes. Peu lui chaut que le problème ne soit pas le coût du travail, mais la stratégie industrielle, car quels que soient les efforts des salariés européens ils ne seront jamais compétitifs en termes de rémunérations avec des Chinois ou des Indonésiens.

David Cameron, aux abois, poussé par le démocrate en campagne qu'est redevenu Barack Obama, avait décidé de mettre l'eau dans son vin de conservateur british gentry : la situation économique britannique est telle (ils viennent de décider une perte de pouvoir d'achat de 7% des britanniques), que les méthodes allemandes et conservatrices ont atteint la limite que les européens occidentaux sont capables d'endurer. Il réclamait donc auprès de Mme Merkel une relance européenne : "Nein !"

Nein aussi et toujours aux eurobonds ou au soutien à l'Espagne. Bref, n'en déplaise à tous les chroniqueurs économiques de droite qui se sont accrochés aux média radio et télé comme des berniques à un rocher, Mme Merkel n'a pas changé, elle n'a pas fait sa révolution. Elle vient d'adresser une fin de non recevoir, un camouflet, à François Hollande, en humiliant au passage ses "amis" Cameron et Rajoy. C'est le seul point positif de cette affaire, elle n'est pas plus sortie de l'isolement dans lequel elle s'est enferrée qu'elle n'aurait fait sa révolution.

Le Parti des Socialistes Européens (PSE) a sur ces sujets pris des positions fermes qui auraient intérêts à être défendues dans les campagnes législatives qui vont se tenir dans les pays européens d'ici 18 mois (lire ici).

Nous avons besoin de réformes européennes économiques immédiates alternatives au projet de traité budgétaire qui enfermerait l'Europe dans l'austérité suicidaire. Mais nous avons aussi besoin de construire une véritable fédération européenne pour rétablir la souveraineté populaire qui a été sappée par la mondialisation, la financiarisation et la technocratie.

Loin d'être un progrès vers l'union politique, les propos de Mme Merkel sont un nouveau maquillage d'une technocratie libérale intergouvernementale, qui a mené l'Union Européenne, dans l'impasse où elle est aujourd'hui, technocratie qui serait renforcée par le projet de traité qu'elle a imposé aux Européens avec son supplétif français, Nicolas Sarkozy.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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