Mercredi 7 janvier, en plein cœur de Paris, les locaux de Charlie Hebdo ont été victimes d'une attaque terroriste perpétrée à l'arme de guerre. Des membres de l'équipe de l'hebdomadaire ont été sauvagement assassinés, mais aussi des employés et des policiers qui assuraient leur sécurité.
En s'attaquant à Charlie, c'est la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de conscience, la République, qu'ont voulu assassiné les terroristes ! En visant Charlie, ce sont aussi des figures de la gauche intellectuelle, sociale, critique, atypique, un brin « libertaire », que les assassins ont ciblé ; c'est une part de nous-mêmes qu'ils ont voulu tuer.
« Nous avons tué Charlie Hebdo » ont-ils hurlé… nous devons leur donner tort ; et nous devrons, dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, apporter notre soutien total pour que ce journal continue de vivre et de porter avec indépendance et irrévérence sa légendaire liberté de parole.
L'horreur ne s'est pas arrêtée là : une policière municipale a été abattue de sang froid le lendemain à Montrouge et le vendredi 9 janvier 2014, le même terroriste prenait des otages dans l'Hypercacher de la Porte de Vincennes, tuant dès les 1ères minutes quatre personnes dont le seul tort à ses yeux étaient d'être juifs.
Les trois djihadistes ont finalement été logés et abattus par les unités d'élite de la police et de la gendarmerie, mettant ainsi fin à la tragédie. Ce dénouement était probablement inévitable, au regard de la folie idéologique de ces individus. Nous regretterons malgré tout qu'ils n'aient pas pu être appréhendés, jugés et condamnés ; c'est ce qu'aurait moralement exigé notre conception démocratique de la justice.
Au-delà de la stupeur et de la peine, le peuple, la société française ne doit pas céder à la paranoïa et au repli, mais démontrer la force de la République française et de ses valeurs démocratiques et sociales.
Les citoyens français ont réagi d'une manière admirable dès le premier soir, en se rassemblant spontanément à Paris et un peu partout en France pour signifier leur solidarité aux victimes, leur attachement aux libertés républicaines et leur refus de céder à la peur.
Au lendemain de l'équipée terroriste, les rassemblements organisés partout en France puis à Paris ont donné lieu à une mobilisation historique, rassemblant plus de 4 millions de personnes. Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement ont tenu le dimanche 11 janvier à affirmer, auprès du Président de la République et au milieu de près de 2 millions de manifestants, leur solidarité dans l'épreuve avec la République Française. Malgré la portée symbolique de soutiens internationaux, nous ne pouvons pas non plus être dupes du double discours d'un certain nombre de dirigeants présents sur la liberté en général et la liberté de la presse en particulier, et nous n'aurons pas la naïveté de croire que leur présence – quelque peu incongrue au regard des mots d'ordre de la mobilisation – signifie un quelconque engagement de leur part pour l'avenir.
L'ampleur inégalée de la mobilisation citoyenne des 10 et 11 janvier a rendu totalement vains les débats sur l'union nationale : les Français se sont rassemblés pour faire face à l'adversité, pour affirmer la volonté d'un peuple de ne pas se laisser dicter par d'autres son destin collectif et ses valeurs partagées. La polémique, déclenchée sur l'opportunité de la participation officielle du FN– parti qui a une fois de plus démontré à cette occasion qu'il n'était pas républicain – dans les rassemblements, n'aurait sans doute pas eu lieu si certains ne s'étaient mis en tête de faire savoir qu'ils avaient officiellement invité l'UMP (parti qui n'avait pourtant même pas songé à tel événement). Les Français n'avaient pas besoin que soient formalisées des invitations à tel ou tel parti politique pour savoir quel était leur devoir républicain, et c'est heureux.
Au lendemain de ces drames et de la réaction rassurante des Français, il est désormais temps de s'interroger sur leurs conséquences, sur le contexte dans lequel ils se sont déroulés, sur ce qui nous paraît nécessaire et possible à mettre en œuvre pour répondre aux défis ainsi mis en lumière.
La liberté de la presse est-elle menacée ?
C'est bien elle qui a été visée le 7 janvier par les fanatiques qui s'étaient décidés à « punir » un hebdomadaire ayant usé de son droit à prendre la parole, à défendre la liberté de croire et de ne pas croire. Cependant, la liberté de la presse n'est pas en danger en France, sauf par l'autocensure des médias que la peur pourrait susciter. Sauf par les difficultés matérielles et financières que toute la presse rencontre depuis des années. Charlie Hebdo connaissait déjà de graves difficultés, avant même l'incendie de ses locaux ; et si la mobilisation civique pour permettre la survie du journal est bienvenue, elle ne suffira pas si les pouvoirs publics ne prennent pas la mesure de l'enjeu auquel la presse française est confrontée, notamment la presse d'opinion. Un gouvernement de gauche se doit de garantir les principes édictés pour l'indépendance de la presse dans le programme du Conseil National de la Résistance. Il s'agit notamment d'empêcher leur tutelle par des puissances financières qui ont intérêt à manipuler l'opinion publique. Nous proposons donc de légiférer sur l'interdiction de la prise de contrôle des médias et groupes de presse par des sociétés bénéficiant de la commande publique. Renforçons également le mode de subvention public à la presse en intégrant dans leur calcul le niveau de création originale (artistique ou journalistique).
La défense de nos libertés rend-t-elle nécessaire des évolutions de notre droit ?
Des questions se posent légitimement sur les défaillances de nos dispositifs de surveillance et de sécurité. L'absence de surveillance durable de personnages connus pour leur potentielle dangerosité et leurs fréquentations djihadistes marque sans conteste l'insuffisance de nos dispositifs et au premier chef des moyens humains et matériels disponibles.
Mobiliser des moyens supplémentaires pour le renseignement intérieur et extérieur, pour stopper la dégradation des prisons (surpopulation et promiscuité, insalubrité, insuffisants efforts pour la réinsertion, difficultés croissantes à garantir la sécurité et à contrôler la diffusion du radicalisme…), pour la justice en général et surtout les parquets anti-terroriste et financier, pour améliorer les conditions d'exercice des missions des forces de l'ordre, nous paraît bien plus utile qu'une nouvelle loi ad hocréclamée avec insistance par toute la droite qui l'a déjà baptisée « Patriot Act à la française ». Cette référence démontre la dérive de la droite dite « républicaine » et sa déconnexion de la réalité au regard des résultats pour le moins mitigés Outre-Atlantique : le recul des libertés individuelles et la justification hypocrite du recours à la torture n'ont pas empêché l'attentat de Boston…l'UMP veut-elle donc qu'on aille encore au-delà ?
Sans vouloir appliquer sans discernement le discours du Premier ministre norvégien après le massacre d'Utoya – la Norvège n'est pas la France – il peut néanmoins nous servir de boussole : «J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur.» «Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance.» Si la droite veut que la France perde son âme en apportant une victoire posthume aux djihadistes, telle n'est pas notre conviction.
Nous considérons que la loi Cazeneuve du 13 novembre 2014 met déjà en place des outils juridiques permettant de mieux lutter face aux filières djihadistes et qu'il n'est pas besoin d'une surenchère : une interdiction administrative de sortie du territoire ; renforcement de la répression de l’apologie du terrorisme et de la provocation à des actes de terrorisme ; pénalisation des actes préparatoires aux crimes terroristes et création d'un concept d'entreprise terroriste individuelle qui donnent à la justice et à la police les moyens juridiques d'investigation et de poursuite… Les décrets d'application devront préciser l'application de la loi sans angélisme et sans dérive.
Nous pensons également que la coopération internationale avec les autres pays de départ et les pays de transit doit être intensifiée. Les démocraties occidentales doivent également concrétiser leur action commune afin que certains de leurs services ne considèrent pas que le cantonnement de foyers radicaux dans un pays voisins est la garantie d'une certaine tranquillité. Des impulsions doivent enfin être données, en France comme au niveau européen, en direction des opérateurs de l'internet, pour que les contenus illicites et les sites de recrutement fassent l'objet de procédures de suppression effectives et rapides. Cela devra se faire dans le respect de l’État de droit : une extension du blocage par des entités administratives (ou privées) devra tenir compte d'un contrôle judiciaire.
Contre le choc des civilisations.
Nous récusons toute forme de discours qui donnerait à croire à l'opinion publique qu'une « guerre de civilisations » est en cours comme le laissent entendre la droite et l'extrême droite. L'immense majorité des victimes de l'islamisme radical et du djihadisme sont des habitants des pays de culture arabo-musulmane ; la guerre contre le djihadisme est un conflit sanglant qui affecte d'abord les sociétés dominée par l'Islam, qui voit s'affronter des interprétations très divergentes de l'Islam par les musulmans eux-mêmes et les tenants du sécularisme dans ces mêmes sociétés. Durant des dizaines d'années, ces pays ont malheureusement été également le théâtre d'opération version « apprentis sorciers » des puissances occidentales, ce qui n'a fait qu'accélérer le phénomène.
Aujourd'hui, les démocraties occidentales, dont la France, sont engagées dans un conflit international, que leurs propres turpitudes ont souvent aggravé, avec un ennemi djihadiste difficilement saisissable. Nous en subissons évidemment le contrecoup dans notre chair et désormais sur notre sol. Mais il n'est pas question de le transposer fantasmatiquement dans nos banlieues et nos campagnes, comme une sorte de prélude à la guerre civile. C'est le rêve des relais français du djihadisme : exacerber les tensions communautaires pour déchirer un peu plus la société française. De fait, les premiers résultats visibles des attentats du mois de janvier, au-delà de la peine causée, aura été bien plus la multiplication des actes de vandalismes et des violences à caractère raciste qu'une mise à mal durable de nos libertés collectives et individuelles.
Le 10 et le 11 janvier ont exprimé l'attente d'un sursaut républicain.
Les socialistes et la gauche doivent être à la hauteur de l'élan républicain du peuple français qui s'est exprimé deux jours durant dans la rue. Depuis trop longtemps, nous n'avons pas mesuré les dégâts produit les offensives idéologiques des libéraux et, dans le même mouvement, la montée des thèses fascisantes ou intégristes, les secondes se nourrissant en grande partie des premières. Nous devons comprendre que la riposte ne peut se contenter d'être morale, sauf à être inopérante. C'est un combat majeur qui doit nous impliquer tous et singulièrement notre parti.
La gauche doit mener une bataille culturelle qu'elle a négligée ; elle a parfois abdiqué en adoptant les codes intellectuels et le vocabulaire de nos adversaires, laissant trop souvent l'extrême droite définir le terrain et l'agenda du débat politique. Lorsque la droite dénonce l'hégémonie culturelle de la gauche, c'est un un artifice supplémentaire pour tromper les citoyens et placer nos responsables sur la défensive : « la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas » écrivait Baudelaire.
Nous devons reprendre l'objectif d'établir une hégémonie culturelle de la gauche afin de consolider les valeurs républicaines : nous défendonsl’idée qu’il faut faire avancer en même temps la Liberté, l’Égalité et la Fraternité. Mais l’égalité recule ; la fraternité est mise à mal par la ségrégation territoriale, sociale, comme par l’individualisme exacerbé par la mise en concurrence des personnes. Nous sommes convaincus plus que jamais que, pour être plus forte, notre République doit être une République sociale.
Enfin, notre combat doit conduire à restaurer l’humanisme, le sens de l’intérêt général, la culture et la connaissance, la raison et la science, l’esprit critique, le respect des consciences, des convictions religieuses, des choix philosophiques, mais aussi l’amour de ce qui nous unit au-delà de ces engagements personnels et qui construit notre destinée nationale.
Réaffirmer la laïcité de manière décomplexée.
La République française n'est pas neutre, elle est laïque. Elle n'a donc pas à respecter un équilibre entre les croyances ou des susceptibilités confessionnelles. La République est là pour garantir à tous les Français la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire (la grande majorité des Français est d'ailleurs athée ou agnostique), et elle doit d'abord promouvoir les valeurs qui permettent à tous nos concitoyens de se sentir une seule communauté nationale.
La République et ses représentants doivent restaurer chez chacun de nos concitoyens la fierté d'en être membre. La République ne reconnaît pas les communautés religieuses comme intermédiaires avec les citoyens, et elle doit être capable de rappeler à l'ordre ceux de ses élus locaux qui instrumentalisent et entretiennent les communautarismes.
Nous ne devons plus laisser s'installer dans notre pays l'idée contre laquelle Charlie Hebdo s'est souvent battu de manière isolée, que le concept de blasphème serait pertinent et que personne ne serait autorisé à critiquer ou moquer une religion quelle qu'elle soit. Tout le monde pense aux caricatures de Mahomet, mais nous avons connu ces dernières années de nombreux actes de vandalisme contre des œuvres d'art dénoncées comme blasphématoires à l'encontre du catholicisme. Affirmons le haut et fort, en République le blasphème n'existe pas ! Nous ne céderons jamais face à ces pressions pour établir un délit de blasphème.
À ce titre, il nous paraît urgent de réagir dans la durée à certains comportements constatés dans les établissements scolaires en marge de la minute de silence en mémoire des victimes de l'attentat de Charlie Hebdo. L'équivalence plaidée entre les dessins supposés blasphématoires du journal, la violence terroriste dont ses membres ont été victimes ou encore la logorrhée antisémite de Dieudonné Mbala-Mbala, doit nous interroger. Sans doute eut-il sur la méthode été préférable de précéder les minutes de silence de réunions d'information et de débats comme ce fut le cas en 1990 à la suite de la profanation du cimetière juif de Carpentras. Cela a mis en lumière le désemparement de nombreux enseignants face à des discours intellectuellement violents de beaucoup de jeunes gens eux-mêmes en pleine confusion, sous l'influence parfois des entourages mais aussi des discours complotistes et/ou radicaux que l'on trouve facilement sur internet.
C'est un travail d'éducation civique et républicaine qu'il faudra mener sur un temps long et nos enseignants doivent être armés pour réussir. Ce doit être une priorité essentielle du ministère de l’Éducation nationale, avec à l'esprit la nécessité d'y intégrer les associations et les mouvements d'éducation populaire.
Les organisations confessionnelles ont cependant une responsabilité importante : elles doivent entreprendre en leur sein une immense œuvre éducative pour expliquer que certaines dérives sectaires et communautaristes ne font pas partie de leurs messages et ne les représentent pas. Tout le monde s'accorde à dire notamment que, pour lutter contre la diffusion de l'islamisme (qui est une interprétation déviante et politique d'une religion), il est crucial que le nombre d'imams formés en France, connaissant et respectant les règles de la République, qui interviennent dans les mosquées et en prison, soient plus nombreux et que c'est une des rudes tâches du CFCM. Par contre, il n'est pas acceptable d'exiger de nos compatriotes français, qui vivent de manière sereine et aussi souvent distante leur foi musulmane, de se justifier et de témoigner de leur différence avec les terroristes. A-t-on considéré que les catholiques français avaient à s'expliquer pour les commandos anti-IVG ou l'attentat contre un cinéma qui avait projeté La dernière tentation du Christ ? Ce type d'exigence est la trace que certains responsables politiques ne considèrent toujours pas une partie de nos concitoyens comme des Français à part entière. Nous savons parfaitement que les attaques proférées par l'extrême droite et une partie de la droite française, qui dénonçaient dès le soir du 7 janvier des boucs émissaires, contre l'Islam en France visent avant tout à maquiller et à recycler un racisme plus classique contre les immigrés d'origines maghrébine et subsaharienne et leurs enfants et petits-enfants nés en France. Nous lutterons avec acharnement contre le racisme et nous travaillerons encore pour faire disparaître les discriminations de toute sorte qui leur pourrissent la vie au quotidien. À ce titre, l'engagement non honoré de récépissé de contrôle d'identité est une des mesures à remettre à l'ordre du jour, si l'on veut être crédible sur ce chemin.
Nous voulons également demander aux différentes organisations religieuses juives de travailler avec tous les Français pour convaincre nos concitoyens de confession juive que leur avenir se trouve en France, chez eux. Nous savons parfaitement quelle peur pèse sur eux et les angoisses qui les assaillent souvent à juste titre. Nous soutiendrons toutes les mesures qui viseront à les rassurer et garantir concrètement la sécurité à laquelle ils ont droit comme n'importe lequel de nos concitoyens. Nous avons toujours été engagés contre l'antisémitisme ; ce combat est intrinsèque à l'identité socialiste depuis plus d'un siècle, nous le porterons toujours avec force. Nous avons été profondément choqués que la veille de son arrivée en France et ensuite à plusieurs reprises lors de ses déplacements à Paris, le Premier ministre israélien se soit permis de transformer sa visite en campagne électorale et d'appeler nos concitoyens à quitter massivement notre pays pour rejoindre Israël. Cette posture est inacceptable, nous regrettons par ailleurs qu'elle soit partagée par des personnalités israéliennes plus modérées et responsables. Nous pensons que ce n'est pas l'intérêt de ceux à qui cet appel à l'alyah s'adresse, car à tout prendre ils sont plus en sécurité en France qu'ils ne le seraient en Israël ou dans les colonies illégales de Cisjordanie. Ce serait offrir une victoire posthume aux terroristes puisque c'est l'incarnation absolue de l'antithèse du message républicain qui postule que l'on partage un destin civique commun quelle que soit sa confession.
Nous engageons chaque Français à ne pas céder à la tentation du repli sur soi, la tentation de se barricader derrière des verrous toujours plus nombreux, la tentation du repli sur sa communauté symbolisé par l'affichage toujours plus ostentatoire de son appartenance confessionnelle.
Réinvestir dans l'éducation et la culture.
C'est à l'école publique que la République peut le plus aisément et légitimement faire passer ses messages et transmettre ses valeurs. Le budget de l’Éducation nationale reste le premier de la Nation, mais l'ambition que nous avons toujours porté dans ce domaine doit désormais redoubler d'effort. Nous avons besoin d'investir dans notre école, de lui donner les moyens de recruter et de former des enseignants armés pour mener les missions d'instruction publique mais également pour transmettre les valeurs républicaines.
Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation doivent donc en conséquence voir leur montée en puissance accélérée, avec les moyens qui vont de pair, pour répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés. On peut également s'interroger sur le rythme de recrutement des enseignants et des 60 000 postes annoncés en 2012.
L'action et la création culturelle sont également cruciaux pour créer une émotion partagée, des débats, des échanges, des rencontres. L'effort financier doit être aussi renforcé dans ce domaine, car ils sont un moyen de créer une identité commune en commençant par les plus jeunes. Le soutien aux associations nationales ou locales et aux mouvements d'éducation populaire doit enfin être renforcés : généraliser le service civique à leur profit peut y aider.
Rendre la présence de la République concrète pour nos concitoyens.
Partout où la République recule, partout où la solidarité nationale faiblit, les communautarismes prospèrent.
Mais qu'est-ce que la République au quotidien pour nos concitoyens ?
Ce sont les services publics, qui assurent un présence régulière des pouvoirs publics auprès d'eux. C'est le bureau de poste, le commissariat, l'antenne de la CPAM ou de la CAF, mais aussi la mairie et ses services, qui démontrent au quotidien que l'exercice de la solidarité nationale n'est pas un vain mot. Ce sont les lignes de train et les gares, même les plus petites, qui assurent concrètement le droit de tous à circuler. Ce sont aussi tous ceux qui assurent le respect de l'ordre public social dans le monde du travail.
Depuis 20 ans, nos concitoyens ont le sentiment parfois légitime que cette République concrète a peu à peu reculé et que, depuis quelques années, elle entre concrètement en régression : la fermeture d'une gare, d'une ligne de train, d'un bureau de poste, au prétexte d'un manque de rentabilité, la fermeture de commissariats, de gendarmeries, de postes de police, tout ce qui est vécu comme un recul des droits sociaux, sont autant de faux pas qui nourrissent chez nos concitoyens un sentiment d'abandon, qui se traduit à la fois par une partie du vote d'extrême droite et par le refuge dans les solidarités communautaires ou communautaristes.
Longtemps la décentralisation et le relais pris par les collectivités territoriales – au premier rang desquelles les communes – ont pu donner l'impression qu'une partie de ce recul des services publics était compensé. Mais désormais les collectivités vont être elles-mêmes amenées à réduire leur voilure sous l'effet des baisses de dotations, ce qui ne manquera pas de renforcer cette dynamique régressive.
Le retour de la République concrète n'est pas compatible avec les politiques aveugles de restrictions budgétaires, qui ont montré par ailleurs leur inefficacité dans la lutte contre les déficits et la dette publics. Sur tous les sujets que nous avons abordés – sécurité, justice, éducation, culture, services publics, etc. – il faudra faire des efforts budgétaires conséquents si nous voulons rattraper le temps perdu et retisser un tissu et un imaginaire national particulièrement abîmés.
Le Parti socialiste a un rôle à jouer.
Le rôle d'un parti politique est de proposer un projet de société dans l'espace démocratique. À plus forte raison, le rôle d'un parti socialiste démocratique et républicain est d'offrir une analyse sociale, une vision du monde et un chemin pour la transformation de la société dans le sens de l'égalité et de l'émancipation collective et individuelle.
Depuis trop longtemps, nous n'assurons plus ce rôle d'explication du monde et de projection sociale. Notre tâche est immense et nous voulons que le Parti Socialiste soit à nouveau à la hauteur de sa mission.
C'est l'objet d'une autre contribution thématique intitulée « Le rôle du Parti Socialiste et son rapport au Pouvoir ».
Frédéric Faravel, membre titulaire du BNA, BF PS95, section de Bezons
Jean-François Thomas, premier secrétaire fédéral de Meuse, membre du BN – Jean-Alain Steinfeld, membre titulaire du BNA, trésorier fédéral PS93
et Arnaud Delcasse, SF PS06 – Brice Giacalone, titulaire au CN, SF PS14 et suppléant CN – Mathieu Pouydesseau, SF FFE – Dylan Boutiflat, SF PS75, membre titulaire de la CNCF – Jérôme Haine, secrétaire de section Méry-s/Oise, BF PS95 – Élodie Schwander, titulaire au CN, BF PS07 – Martine Chantecaille, titulaire au CN, BF PS85 – Étienne Valois, SF PS29 – Patrick Chasserio, CF78