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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 13:26

Cet été, alors que la presse et quelques responsables politiques s'emportaient sur l'interview accordée par Jean-Luc Mélenchon au Journal du Dimanche, Edwy Plenel, directeur de Mediapart, se fendait le jeudi 16 août 2012 d'une analyse dense, réfléchie mais aussi provocatrice intitulée « Pays convalescent, pouvoir évanescent ».

nouveau-logo-psAu-delà du titre accrocheur et provocateur, le journaliste interrogeait les socialistes sur leur rapport au pouvoir et à la démocratie. Voici en résumé son interpellation : alors que le Parti Socialiste a travaillé pendant plus de trois pour élaborer un projet, alors qu'il a notamment fait des propositions précises construites sur les réformes démocratiques dont la France avait besoin, pourquoi faudrait-il nommer une « commission Jospin » pour réfléchir à ces mêmes réformes et soumettre à la sagacité du président de la République et du gouvernement les éléments constitutifs d'un projet de loi visant à rénover la vie politique française ? Le travail mené par le Parti Socialiste sur ces questions importantes ne serait donc pas la référence ? Ce travail n'aurait-il pas été assez précis sur la parité, la démocratisation des modes de scrutin, le droit de vote des étrangers aux élections locales qu'il faille reprendre la réflexion ? Ce n'est pas l'impression qu'avait donné le Parti Socialiste avec ses quatre conventions nationales thématiques, bouclées en juillet 2011 par l'adoption du projet politique conséquent.

La question est donc posée de l'utilité d'un parti politique qui souhaite exercer la responsabilité du gouvernement, et qui, après s'être donné les moyens d'y accéder, est désormais confronté à la complexité de passer du projet à l'action.

Le rôle du Parti Socialiste : expliquer, convaincre, approfondir, anticiper

Quel est le rôle du Parti Socialiste alors qu'un socialiste vient enfin de reconquérir la Présidence de la République, que le gouvernement de rassemblement du socialiste Jean-Marc Ayrault dispose pour le soutenir d'une majorité absolue députés socialistes à l'Assemblée Nationale, que les socialistes sont aussi – en partenariat avec le Front de Gauche, les Radicaux et les Écologistes – la colonne vertébrale de la majorité de gauche inédite au Sénat, et que l'essentiel des grandes collectivités territoriales de ce pays sont également conduites par des majorités locales structurées autour du PS ?

Il nous faut savoir tirer les leçons du passé, nous ne pouvons pas reproduire les défaillances, tant de l'exécutif que du parti, qui ont pu expliquer en partie la défaite du 21 avril 2002, alors que le gouvernement de Lionel Jospin s'appuyait sur un bilan gouvernemental assez solide.

Le Parti Socialiste ne peut se contenter comme il le fut entre 1997 et 2002 d'être un accompagnateur ou un porte-parole – même talentueux – du gouvernement. Le PS doit non seulement expliquer la politique du gouvernement, mais il doit également avoir un rôle d'alerte et de compréhension des attentes des Français, un rôle de préparation des échéances électorales et des équipes, et avant tout anticiper l'évolution de la société et du monde pour élaborer les propositions qui y répondront.

aubry_ayrault.jpgTelle n'est pas l'impression laissée par la lecture de la contribution générale « exclusive », signée par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault. Ce long texte est structuré autour d'une idée forte : « nous ferons comme nous avons dit pendant la campagne des élections présidentielle et législatives. » Outre que ce mantra politique réduit le rôle du parti à celui qui fut le sien entre 1997 et 2002 et qui s'est avéré insuffisant, il interroge particulièrement le travail réalisé pendant trois ans et demi sous la conduite de Martine Aubry pour doter le PS d'un projet.

Car entre le projet du PS et celui du candidat Hollande, devenu président de la République, tout le monde aura noté qu'il existe des nuances… relativement importantes. Martine Aubry explique pudiquement que François Hollande s'est appuyé sur le projet du PS et « y a imprimé sa marque »… De fait, si le PS n'assume pas pleinement le projet qu'il a élaboré de 2009 à 2011, première marche d'une réflexion qui doit se poursuivre, il se contentera de défendre un programme gouvernemental très en retrait avec ses propres réflexions et risquerait d'être en difficulté pour éclairer l'avenir et franchir une nouvelle étape politique.

Les chantiers qui ont été ouverts sur le « juste échange », la « transition énergétique » ou la « social-écologie » méritent d'être poursuivis avec convictions et détermination. Nous devons reprendre et renforcer, à l'aune de l'aggravation de la crise économique et des pressions du monde de la finance, nos propositions pour la restauration du droit du travail, la redistribution des richesses, le renforcement des services publics, la reconstruction de la politique industrielle, la régulation des banques et marchés financiers… Sur ces sujets, il faut constater que les chantiers gouvernementaux ont pris du retard au regard du calendrier initialement annoncé pour mettre en œuvre les 60 engagements du candidat Hollande comme pour la loi bancaire, doublement du plafond du livret A. Sur d'autres, nous ne sommes évidemment pas à la hauteur des attentes fortes du monde du travail comme pour l'augmentation du SMIC ou le vote définitif de la proposition de loi sur les licenciements boursiers déjà adoptée par la majorité de gauche du Sénat…

Le congrès du PS ne doit pas évacuer la question européenne

manif_europe_austerite_web.jpgAu moment même où les efforts des socialistes français commencent à porter leurs fruits dans la bataille culturelle qui anime, sur fond de crise, la sociale-démocratie européenne, nous sommes là très loin du compte.

François Hollande avait eu raison de s’engager à renégocier le traité Merkozy, indiquant qu’il voulait le modifier et le compléter. Le sommet européen des 28 et 29 juin a certes retenu un « pacte de croissance » et la promesse d’une création de taxe ultérieure sur les transactions financières par 11 pays de l’Union, mais il a confirmé le maintien stricto sensu du traité budgétaire. Tel n’est pas ce qui avait été annoncé à nos concitoyens.

Le « pacte de croissance » va dans le bon sens, mais il est trop modeste. Avec 120 milliards étalés sur 5 ans, dont en réalité 30 milliards réellement disponibles, il ne représente que 1% du PIB de l’Union Européenne : il ne sera malheureusement pas en mesure de contrer la logique anti-croissance du traité Merkozy que l'on veut aujourd'hui nous imposer, en contradiction avec les positions affirmées auparavant par le PS.

Pourtant, la prise de conscience des dangers de la politique de la chancelière allemande est chaque jour plus largement partagée par les autres européens, ce qui permet d’espérer une renégociation autant possible que souhaitable. Il faudrait donc refuser de ratifier le traité pour ouvrir une réelle renégociation. Celle-ci doit, à coup sûr, modifier les objectifs de la BCE (la croissance devant y être ajoutée) et ses modes d’interventions. Plus globalement, il est temps que les principes de coopération européenne, de juste échange, de lutte contre les inégalités se substituent à la concurrence libre et non faussée.

Enfin, la renégociation doit permettre de trouver les voies de la restauration concrète de la souveraineté populaire en Europe. à l'ordo-libéralisme qui inspire toutes les propositions des conservateurs allemands, néerlandais ou scandinaves et à la méthode intergouvernementale qui a présidé jusqu'ici à la construction européenne, en détournant chaque un jour un peu plus les peuples de celle-ci, nous devons proposer un vrai fédéralisme démocratique et une Europe sociale.

Telle doit être la mission historique de la France et de la gauche française : afficher clairement auprès de ses partenaires et des opinions publiques européennes une voie nouvelle.

Pour faire œuvre utile, le PS doit d'abord être exemplaire

L'ensemble des tâches qui attendent le PS, s'il veut être à la hauteur de la mission qui lui incombe et inscrire son action gouvernementale dans la durée, est donc colossale. Elle est d'autant plus complexe que l'on connaît l'effet émollient de la pratique du pouvoir, de l'influence et du lobbying de divers groupes de pression, plus ou moins pressant, du risque toujours présent de la temporisation qui précède l'abandon…

photo-vote-congres-reims-20081106-500x375.jpgPour y résister, agir et anticiper, le PS doit d'abord être exemplaire en tant qu'organisation démocratique. Ce n'est pas ce qui semble se dérouler à l'occasion de ce congrès post conquête électorale.

L'adoption d'un calendrier contraint, avec des contributions générales publiées au milieu de l'été, des motions déposées une semaine après la rentrée scolaire et un vote des militants convoqué un mois après le dépôt des motions, démontre bien la volonté initiale de limiter le débat entre socialistes… débat pourtant nécessaire pour réfléchir au rôle du parti, une fois le pouvoir conquis, et éclairer l'avenir.

Que le Premier ministre et la Première secrétaire rédigent une contribution générale et qu'ils proposent aux responsables du Parti de la rejoindre – s'ils en partagent l'essentiel –, c'est normal. Mais que cette contribution soit présentée comme « exclusive » alors qu'on est au début d'un processus de débat sur le fond, le verrouillage commence. Et ce type d'opération ne produit sur le long terme que des crispations qui empêchent le Parti socialiste d'assumer sa tâche.

D'autre part, le Parti Socialiste s'est placé dans une situation incertaine du point de vue du droit. Les propositions de modifications statutaires, adoptées en juin 2010 lors de la convention « Rénovation », ne peuvent juridiquement être mise en œuvre puisque les statuts du PS disposent que leurs modifications ne peut intervenir que lors d'un congrès national.

Dès la procédure (issue de la convention de juin 2010) voulant que le Premier secrétaire soit désigné par les militants lors d'un « second tour », entre les premiers signataires des deux motions arrivées en tête du vote des militants, n'est pas valide ; un fâcheux pourrait invalider cette désignation devant n'importe quel tribunal de grande instance. D'un point de vue politique, surtout, cela donne une image déplorable d'un parti, que les sociologues définirait comme « institution faible », incapable de respecter ses propres statuts. Critique que nous avions adressée jusqu'ici… à l'UMP sarkoziste !

Capture decran 2012-08-28 a 17.43.57Surtout ce flou dans l'organisation, additionné au flou des orientations, autorise tous les « coups » politiques, dont on connaît in fine les effets déplorables. Ainsi, après avoir signé et animé, aux côtés de Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry et Jean-Christophe Cambadélis, une même contribution générale – celle qui se voulait exclusive – censée les unir dans une orientation politique commune, Harlem Désir se « rebelle » désormais en réclamant le retour à la procédure « normale » (en tout cas, la procédure qui reste juridiquement établie) d'élection du Premier secrétaire au suffrage universel direct des militants… tout cela intervient car le secrétaire national à la coordination éprouve désormais le sentiment de ne plus être en position d'être imposé comme premier signataire de la future motion ultra-majoritaire. C'est la conséquence regrettable mais inévitable du dévoiement des règles démocratiques de notre parti, permettant à un nombre extrêmement restreint de hauts responsables politiques de choisir le premier secrétaire en choisissant le premier signataire d'une motion appelée à devenir hégémonique par l'effet du rassemblement artificiel de grands élus, sous l'effet des seuls arguments d'autorité et donc du verrouillage de l'appareil et des fédérations.

Tout ceci n'est pas sain pour le Parti Socialiste. Il ne permet aucunement de garantir la sérénité nécessaire pour accompagner le gouvernement et préparer l'avenir ; il met à mal les valeurs démocratiques auxquels sont attachés les adhérents du PS et qui avaient fortement amélioré l'image des socialistes dans l'opinion publique. Le Parti qui a fait les primaires citoyennes et qui a fait un gros travail de rénovation politique ne peut pas donner l'impression de geler sa situation politique, alors que nous avons dénoncé le monolithisme obéissant de l'UMP sous Sarkozy, et que ce même parti va procéder pour la première fois à un vrai congrès (motions différentes, débats publics entre candidats à la présidence, etc.), le contraste et l'effet contradictoire serait saisissant !

Comble de l'absurde et du ridicule, des voix s’élèvent maintenant parmi les signataires de la même « contribution générale exclusive » pour inciter Harlem Désir à déposer une motion concurrente alors qu'il est censé défendre les mêmes orientations que Jean-Christophe Cambadélis ou Martine Aubry. On ne sait plus qui défend quoi et dans quel objectif ; et en dehors de la Première secrétaire sur le départ, les jeux de ses successeurs potentiels et de leurs soutiens respectifs en deviennent de plus en plus opaques et contre-productif. Ce type d'affrontement artificiel a produit le congrès de Rennes. Il est grand temps de substituer à cette phase délétère un vrai débat démocratique et d'organiser un congrès digne de ce nom.

L'expression de la gauche du Parti Socialiste sera utile à tous les socialistes

Dans ces conditions, on voit mal quels arguments expliqueraient le bien fondé de renforcer encore la confusion. La gauche du Parti Socialiste, qui a déposé quatre contributions générales pour alimenter le débat cet été (« Réaliser le changement », « Le Temps de la Gauche », « Pour réussir le changement, redistribuer les richesses », « Socialistes, écologistes et altermondialistes ! »), doit pouvoir défendre ses propositions devant les militants socialistes.

Il ne s'agit pas d'attendre l'échec du gouvernement de la gauche, de faire part d'une défiance que serait en soi l'acte de déposer une motion, mais de nourrir la réflexion collective ! Notre objectif est clair : que François Hollande et son premier ministre s'appuient sur la réflexion des socialistes, pour améliorer la vie quotidienne des Français, pour réorienter dans le bon sens la construction européenne, et qu'ainsi le Président de la République aborde dans les meilleures conditions possibles (bilan et projet) l'élection présidentielle de 2017 pour inscrire son action dans la durée.

logounmondedavance.jpgCette gauche du PS est ni irresponsable ni stupide ; elle n'est pas identitairement vouée au tropisme et au folklore minoritaire. La motion que nous appelons de nos vœux en 2012 ne sera pas une reproduction de la motion « Un Monde d'Avance » de l'automne 2008 : c'était une motion de combat, avec un PS qui ne parvenait pas dans l'opposition à sortir d'une certaine déshérence face à une droite réactionnaire au pouvoir. Aujourd'hui, François Hollande est président de la République et les socialistes ont pour mission de redresser la France dans la justice et pour cela de réorienter la construction européenne ; c'est pour atteindre cet objectif que nous rédigerons notre motion.

Nous le ferons aussi dans l'objectif de rassembler la gauche (PS, Front de Gauche, EELV, PRG, MRC…), car c'est le talisman indispensable pour réussir le changement. Sans ce rassemblement, nous subirons plus fortement les pressions conservatrices des milieux d'argent, les tendances au compromis avec les conservateurs européens. Sans ce rassemblement, nous aborderons dans des conditions détériorées les élections locales de 2014 et 2015. Sans ce rassemblement, nous perdrons le Sénat et donc un atout précieux dans notre action réformatrice.

Frédéric FARAVEL

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