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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 13:31

Depuis une dizaine de jours, une partie du monde arabo-musulman s'enflamme autour d'un mauvais film diffusé sur internet intitulé "L'innocence des musulmans". Les réactions à ce qu'on peinerait à qualifier d'oeuvre cinématographique (il faudrait inventer une catégorie inférieure à la série Z) ont donné lieu à des violences graves - notamment au Liban, en Tunisie, mais surtout en Libye - opérée par une minorité agissante salafiste... D'autres acteurs politiques tentent d'ailleurs d'instrumentaliser la situation : les Frères Musulmans égyptiens cherchent à relayer la colère de la rue pour ne pas être en reste avec leurs salafistes locaux, le Hezbollah a commandé des manifestations monstres à Beyrouth, et l'Iran conservateur a décidé d'attiser les flammes.

Charlie_Hebdo_19-09-2012.jpgOn le voit ici rien de spirituel ou de métaphysique mais, une fois de plus, de l'instrumentalisation politique éhontée. Pour emprunter les mots de Sophia Aram en début de semaines, si Dieu existe soit il doit complètement se foutre d'un film aussi insignifiant (j'opterais d'ailleurs pour cette hypothèse), soit il doit être choqué que des supposés croyant le croit à ce point incapable de régler le problème tout seul, ce qui en soi est bien plus vexant que le film lui-même.

L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a dans ce contexte choisi de publier un numéro dont une large part a été consacré à la critique des variantes les plus fondamentalistes de l'Islam, comme il caricature généralement avec acidité l'ensemble des autres religions. L'édition s'est arrachée et a été épuisée en moins d'une journée, une seconde édition devrait être publiée ce vendredi.

On peut discuter longuement des motivations de la rédaction de Charlie - serait-elle pécunière ("vendre du papier") ? mais on connait les risques d'attentat contre le journal et vendre beacoup un jour était évidemment contrebalancé dans leur esprit par la possibilité de voir à nouveau leurs locaux et leur matériel partir en fumée... on peut également discuter du bon goût ou du mauvais goût des dessins proposés, de leur qualité et de leur pertinence, mais cela reste en l'occurence du registre de la controverse artistique.

Je fus donc particulièrement consterné d'entendre des responsables politiques de gauche - qui doivent défendre par dessus tout la liberté d'expression et la conception laïque du vivre ensemble - ou des journalistes (qui sous prétexte qu'ils défendaient par ailleurs leur liberté) dénoncer l'irresponsabilité du journal, désapprouver l'initiative et rappeler qu'on peut attaquer la publication. Le droit à l'irrévérence, la possibilité de relater y compris sous forme satirique et humoristique tous les sujets ne saurait être contester d'une quelconque manière que ce soit, pour peu que le propos ne soit pas une incitation à la haine (et la jurisprudence en l'occurence ne permet pas de placer Charlie Hebdo dans le même sac que "Riposte laïque" ou le FN). C'est justement au moment où des islamistes violents agissent qu'il faut réaffirmer frontalement la possibilité de dénoncer, critiquer, moquer. Sans concession... Sinon c'est l'obscurantisme et la violence qui l'auront emporté.

Je voudrai également ajouter que je suis étonné que de nombreux défenseurs de Charlie Hebdo utilisent dans leur argumentaire le concept de droit au blasphème. Quelle est la définition du blasphème : "Blasphème : une parole ou un discours qui insulte violemment la divinité." ( Le Petit Larousse); "toute parole de malédiction, reproche ou irrespect prononcé contre Dieu." (Francisco Suárez). Il est selon moi impossible dans le cadre d'une société sécularisée, où la religion n'est pas la norme de définition des rapports sociaux de défendre la laïcité et de tenir un discours cohérent en utilisant le terme de "Blasphème" : qui d'ailleurs serait abilité à distinguer ce qui tient du blasphème ou ce qui n'en est pas ? Forcèment des croyants, et parmi les plus rétrogrades, qui ainsi imposeraient leur pensée et leur vision à tous les autres.

Je suis croyant, de confession protestante, mais dans une société laïque je ne comprend même pas que l'on puisse concevoir la pertinence même du concept de "blasphème" ; utiliser ce vocabulaire, c'est utilisé le vocabulaire des adversaires de la liberté de conscience, des adversaires de la liberté tout court, c'est leur donner une première victoire. Rappelons au passage qu'une des revendications phares de l'organisation de la conférence islamique, qui regroupe en son sein la presque totalité des pays de culture musulmane (et bien peu pour le grand malheur de leurs populations de gouvernements démocratiques), est d'établir en droit international le délit ou le crime de blasphème. En droit, le terme même ne devrait tout simplement pas exister.

CQFD

Frédéric FARAVEL

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