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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

15 décembre 2023 5 15 /12 /décembre /2023 11:29

Retenu par mes obligations professionnelles, je ne pourrai malheureusement être présent aux commémorations qui ont lieu chaque année à Bezons devant la stèle Gabriel-Péri à l'angle de la Rue Maurice-Berteau et de la Rue des Vallées en face du Théâtre Paul-Eluard. Je le regrette fortement car Gabriel Péri est une figure admirable de notre histoire politique et locale. J'aurais particulièrement apprécié d'y participer, je m'y serai rendu en fin de journée à 18h, heure qui me paraît bien plus propice à rassembler les Bezonnais(e)s à la lueur des bougies, plutôt que celle choisie à 11h30 par la Maire de Bezons qui ne permet pas au plus grand nombre de s'y joindre. Voilà bien une méthode de mise à l'écart qui me laisse profondément triste.
Gabriel Péri est un des grands héros français du XXème siècle, icône exemplaire de la lutte contre le fascisme, et mérite au plus haut point notre hommage et notre reconnaissance. Voici pourquoi...

Né à Toulon en 1902, c'est un brillant élève qui emporte au lycée de Marseille de nombreux, mais que la maladie - il souffre très jeune, comme sa mère, de l tuberculose - empêchera d'aller au baccalauréat. Il s'engage dès 1917 au sein des Jeunesses Socialistes et il choisira en décembre 1920 comme les deux tiers des adhérents de la SFIO de rejoindre l'Internationale Communiste ; il devient dès lors secrétaire régional des Jeunesses Communistes de Provence. Dès 1922, il est nommé responsable des Jeunesses Communistes et de son journal L'Avant Garde. Il aurait rencontré Lénine à Moscou fin 1922 lors du congrès international des Jeunesses Communistes.
Il monte à Paris en août 1924 et prend en charge en octobre 1924 la rubrique internationale du quotidien L'Humanité, fonction qu'il exercera sans discontinuer jusqu'au 25 août 1939. Durant cette période, il se révèle être un virulent opposant aux régimes fasciste et nazi.
Après avoir tenté de contester le siège du très droitier député SFIO de Toulon Pierre Renaudel, en 1928, il sera élu député de la première circonscription de l'arrondissement de Versailles lors des élections législatives de mai 1932 ; le cœur de son électorat se trouve sur les bords de Seine autour d'Argenteuil et Bezons, où cette commune est la seule à élire maire communiste depuis 1920. Gabriel Péri, devancé au 1er tour, sera élu au 2nd tour grâce au désistement en sa faveur du candidat socialiste et au retrait du candidat radical. C'est donc une sorte de Député Front Populaire qui entre avec lui au Palais Bourbon deux ans avant la réconciliation entre socialistes et communistes et quatre ans avant le plus grand mouvement social que la France ait connu jusque là et la constitution du cabinet de Léon Blum.

Au sein de la Chambre des Députés, il sera l'un des défenseurs de Célestin Freinet enseignant et pédagogue alors odieusement diffamé par l'institution, il contribuera à l'élection d'un maire communiste à Argenteuil en 1935, il soutiendra l'éducation à Bezons et y inaugurera l'école Louise-Michel. En 1936, candidat du Front Populaire il sera presque réélu dès le 1er tour. Vice-Président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des Députés, il ne cessera d'alerter contre la menace fasciste appelant à la solidarité militaire avec la République espagnole, il enquête pour L'Humanité sur la situation coloniale au Maroc, en Algérie et en Tunisie, il dénoncera enfin avec véhémence l'abandon de la Tchécoslovaquie face aux Nazis que soldent les accords de Munich en septembre 1938.
Il sera meurtri par l'annonce de la signature du Pacte de non agression entre l'Allemagne nazie et l'Union Soviétique le 23 août 1939. Mais il ne se désolidarise pas du Parti Communiste Français qui se range derrière le nouveau virage stratégique à 180 degrés de Staline. Et malgré ce pacte et l'interdiction du PCF le 26 septembre, il demande fin septembre 1939 à être incorporé dans l'armée française alors que notre pays a déclaré la guerre au IIIème Reich après que celui-ci a envahi la Pologne le 1er septembre. Gabriel Péri avait pourtant été réformé en 1922 à cause des séquelles pulmonaires de sa tubercolose : il n'avait donc aucune obligation de rejoindre les rangs de la défense nationale.
Le groupe parlementaire communiste reconstitué adresse le 1
er octobre 1939 un courrier au Président de la Chambre demandant que des offres de paix soient faites à Hitler. Gabriel Péri se serait abruptement opposé à ce courrier « Nous fournissons au gouvernement un excellent prétexte pour nous envoyer au poteau de Vincennes ». C'est effectivement ce qui se passe puisque les députés communistes sont désormais passibles d'arrestation. Il y échappe le 8 octobre 1939 ; déchu de son mandat parlementaire en janvier 1940, alors que rien chez lui ne le justifie, il est condamné par contumance par le tribunal militaire en avril à 5 ans de prison.

Cette situation est particulièrement injuste pour un député communiste qui ne partage pas la stratégie stalinienne de la direction du PCF de l'époque... et bien que des responsables communistes français en exil réclament depuis Moscou sa mise à l'écart en l'accusant de collusion avec des "éléments trotskistes", il reste l'un des cadres qui continuent de s'occuper de l'Humanité qui paraît dans la clandestinité et s'oppose avec force à Jacques Duclos et Maurice Tréand qui veulent négocier avec l'occupant nazi sa parution légale. Au contraire, depuis l'appartement du 19e arrondissement de Paris où il s'est retranché, il continue à rédiger des articles pour le journal communiste qui dénonce le nazisme jusqu'à son arrestation. Il entamera à cette époque la rédaction de sa brochure "Non, le nazisme, ce n’est pas le socialisme !" - en rupture totale avec la ligne politique de l'URSS jusqu'en juin 1941, elle ne sera publiée qu'après sa mort.
Il est arrêté le 18 mai 1941, vraisemblablement dénoncé à la police par un camarade qui y voyait la possibilité de négocier sa propre libération. Il est possible que les éléments les plus staliniens de la direction communiste y ait vu alors la possibilité de se débarrasser d'un obstacle particulièrement coriace. Mais cela ne peut pas être considéré comme une stratégie et une responsabilité collective.
Péri sera finalement transféré à la prison du Cherche-Midi, placée sous contrôle allemand. Considéré comme otage par les Allemands qui entendent répondre aux attentats individuels que mène désormais la résistance communiste depuis l’entrée en guerre de l'URSS, Gabriel Péri fait donc partie des 92 otages fusillés le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien.

Dans dernière lettre, Gabriel Péri écrira : « Que mes amis sachent que je suis resté fidèle à l'idéal de ma vie ; que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que vive la France. Je fais une dernière fois mon examen de conscience : il est très positif. [...] J'irais dans la même voie si j'avais à recommencer ma vie. J'ai souvent pensé, cette nuit, à ce que mon cher Paul Vaillant-Couturier disait avec tant de raison, que le communisme était la jeunesse du monde et qu'il préparait des lendemains qui chantent. Je vais préparer tout à l'heure des lendemains qui chantent. »

Je ne suis pas communiste, j'aurais fait partie de ceux avec Léon Blum qui ont choisi la "vieille maison" et la tradition socialiste républicaine de Jean Jaurès, plutôt que l'alignement sur l'internationale bolchévique. Mais le parcours et les engagements de Gabriel Péri nous rappelle que quelles que soient nos divergences il existe un chemin commun pour les militants sincères et entiers, qui ne trahissent pas leurs idéaux et leurs convictions au service du peuple en échange d'un ruban, d'une gratification ou d'une indemnité... Gabriel Péri est le symbole d'une gauche exigeante et ambitieuse, une gauche rassemblée et antifasciste, une gauche qui n'a pas renoncé à transformer la société.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation et riposte de la GRS

Hommage à Gabriel Péri
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