Cette victoire au Sénat ne tenait qu'à un fil, les démocrates devant enlever six nouveaux sièges pour obtenir la majorité, sans en perdre un seul. Leurs victoires dans les Etats du Missouri, de l'Ohio, de la Pennsylvanie et du Rhode Island étaient acquises. Restaient mercredi deux inconnues – la Virginie et le Montana – mais dans la journée, les médias américains annoncaient déjà le triomphe des démocrates sans pour autant que ces victoires soient officiellement confirmées. Jeudi, le sénateur républicain sortant Conrad Burns a été le premier à concéder sa défaite face au démocrate Jon Tester dans le Montana. Puis ce fut le tour du sénateur républicain de Virginie de s'incliner.
M. BUSH ASSUME UNE "LARGE PART DE RESPONSABILITÉ"
C'est donc avec un tout nouveau Congrès que le président George W. Bush devra composer à partir de janvier. Une donne politique qui ne sera pas évidente pour le président américain dont le parti contrôlait la Chambre des représentants depuis 1994 et le Sénat depuis 12 ans, à l'exception d'une brève période entre 2001 et 2003.
Prenant acte de ce qu'il a lui-même qualifié de "raclée", le président Bush a indiqué, mercredi, qu'il assumait une "large part de responsabilité" dans cette défaite. Estimant que "beaucoup d'Américains ont voté [mardi] pour exprimer leur mécontentement sur le manque de progrès" en Irak, il a annoncé le départ de son secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, symbole de la guerre en Irak. M. Bush a précisé que M. Rumsfeld serait remplacé par l'ancien directeur de la CIA Robert Gates. La démission de Donald Rumsfeld, qui, aux commandes du Pentagone depuis 2001, avait fini par incarner la guerre en Irak, avait été réclamée par l'opposition démocrate, et même par plusieurs candidats républicains en campagne. Elle a été saluée par des élus des 2 bords.
"LE CONGRÈS LE PLUS HONNÊTE, LE PLUS ÉTHIQUE DE L'HISTOIRE"
Menacé de paralysie politique, M. Bush a réaffirmé jeudi sa volonté de "tourner la page des élections et de travailler ensemble sur les grandes questions auxquelles l'Amérique est confrontée". Cela vaut aussi pour l'Irak, a-t-il indiqué, précisant qu'il était "ouvert à toutes les idées et toutes les propositions".
Future présidente de la Chambre des représentants et, à ce titre, 3ème plus haut personnage politique des Etats-Unis, la démocrate Nancy Pelosi a promis de faire, pendant la prochaine législature, "le Congrès le plus honnête, le plus éthique et le plus ouvert de l'histoire". La dirigeante, qui doit déjeuner jeudi à la Maison Blanche, faisait référence à divers scandales de corruption ayant pesé sur la majorité républicaine sortante, ainsi qu'à la virulence des clivages partisans de ces dernières années.