Overblog Tous les blogs Top blogs Politique Tous les blogs Politique
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
Me contacter

en savoir plus

 

Trouve

Gauche Républicaine & Socialiste

6 octobre 2025 1 06 /10 /octobre /2025 11:34

La démission de Sébastien Lecornu et de son gouvernement, nommé 14 heures plus tôt, nous fait franchir un sommet de ridicule et de médiocrité jamais atteint dans l'histoire de la démocratie républicaine en France. Non seulement le régime de la Ve République a démontré son usure absolue mais en plus cela intervient au moment où le personnel politique (sauf quelques exceptions isolées) est d'une nullité et d'une inconséquence totales.

Contrairement à Olivier Faure, je ne ferai pas d'éloge de la démission de Sébastien Lecornu : le premier ministre démissionnaire n'adopte aucunement une "posture gaulliste", car en réalité il n'a souhaité à aucun moment offrir un chemin pour un minimum "d'unité nationale" ; il n'a fait aucune concession à la gauche sur l'économie et la justice fiscale, il n'a fait que des annonces cosmétiques de forme sur les pseudo privilèges des anciens premiers ministres ou sa promesse de ne pas recourir au 49-3 ; sur tout le reste, son idée était de mener une politique plus à droite que ses prédécesseurs pour satisfaire LR (et une partie du RN), préservant la politique de l'offre et les cadeaux fiscaux aux ultra-riches qui sont la marque des choix politiques des mandats de Sarkozy, Hollande et (portés à leur apogée) Macron en tordant le bras au PS (comptant sur une forme de sentiment de culpabilité). Cela n'a rien de gaulliste. Il a mis 26 jours pour mesurer que cette voie était une impasse ce que l'on savait au bout de 15 jours… Cela n'est pas gaulliste.

Tout le drame de notre pays aujourd'hui est d'avoir un personnel politique d'une médiocrité et d'un individualisme qui concurrence celui de la classe politique de la fin des années 1930, telle que décrite par l'historien génial et bientôt panthéonisé Marc Bloch dans son essai "L'étrange défaite". Médiocrité et inconséquence à l'Elysée et chez les macronistes, qui depuis juin et juillet 2024, refusent ENSEMBLE (pas seulement Macron) de prendre acte de leurs deux défaites électorales cinglantes et de s'effacer, de "laisser passer les trains". Le refus d'Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets à l'été 2024 en est la preuve et en cela il était suivi par Renaissance : un gouvernement NFP, non conduit par LFI, pouvait tenir à condition que le Modem et Renaissance acceptent de faire preuve d'humilité et de ne pas le censurer. C'eût été faire preuve de dignité, ils n'en ont eu aucune.

En parallèle, l'empressement de Jean-Luc Mélenchon à proclamer le 7 juillet au soir la victoire du #nouveaufrontpopulaire qui n'avait pourtant pas gagné les législatives anticipées, l'exigence de faire appliquer "tout le programme" a plongé la #gauche dans un quiproquo et bientôt dans une impasse. Au-delà des divisions et des anathèmes qui ont bientôt ressurgi, toute tentative de rétablir un peu de rationalité dans le discours était dès lors vilipendé comme une démonstration supplémentaire de traîtrise.

Cette solution que j'ai à nouveau entendu tout à l'heure sur le plateau de France info dans la bouche du porte-parole du PS Remi Branco est-elle encore réaliste ? Un gouvernement PS ou NFP sans LFI survivant grâce à l'abstention des députés macronistes : sans soutien effectif des députés insoumis, on a de quoi rester circonspect sur la durabilité du dispositif.

Il paraît donc que Jean-Luc Mélenchon propose à la gauche de se réunir et de discuter de la situation politique inédite. Fort bien, cela change du ton des derniers mois et des dernières semaines. Espérons cependant qu'il ne fixera pas tout seul la liste des invités car nous ne pouvons nous payer le luxe d'un nouvel épisode d'ostracisme. Espérons également, si les organisations de gauche acceptent ce RDV, qu'il ne fera pas du vote de leur motion de destitution du président de la République (condamnée à l'échec) une condition sine qua non, auquel cas la discussion risquerait de tourner court.

Je vois des gens s'enthousiasmer pour des législatives ou des présidentielles anticipées.

Je les invite à réfléchir à tête froide et à regarder les conditions politiques actuelles :

- la gauche est-elle divisée ? pour l'instant, elle l'est…

- la gauche a-t-elle des réserves de voix dans les banlieues ? non, les banlieues populaires ont voté massivement à gauche aux présidentielles de 2022, aux législatives de 2022 et plus encore aux législatives de 2024...

- le RN a-t-il une concurrence politique sérieuse dans le périurbain, les anciens bassins industriels ? non.

- Dans 50 départements hexagonaux, la somme de tous les candidats de gauche a reculé aux présidentielles de 2022 par rapport à la somme de 2017 (certains électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont même allés directement voter Jean Lassalle dans le Sud-Ouest ou Le Pen dans le Pas-de-Calais, dans l'Aisne ou dans les Ardennes)…

- y a-t-il eu un travail politique dans ces départements depuis 2022 à gauche ? non.

- la droite et les électeurs de droite se sont-ils radicalisés ? oui…

Certes le camp macroniste s'effondrerait avec des présidentielles ou des législatives anticipées, mais il y a peu de chances qu'au niveau de tension où ont été portées les choses que le front républicain fonctionne à nouveau et dans les deux sens. Quant à envisager d'aller aux présidentielles ou aux législatives avec une gauche divisée, on sait que LFI (jusqu'ici) l'assumait, on sait que certains à la droite du Parti Socialiste et à Place publique le souhaitent considérant selon que l'union de toute la gauche sans LFI pourrait être présente au second tour, me paraît être une construction politique bâtie sur le sable par temps de grandes marée. Le résultat conduirait assurément à une victoire de l'extrême droite aux législatives même avec seulement 33 ou 35% des voix (et potentiellement une majorité absolue de députés) et dans une présidentielle anticipée, je ne fais pas confiance aux électeurs de droite aujourd'hui pour se mobiliser et faire barrage au RN.

Certains à "gauche" se rêvent en nouveaux partisans, derniers des braves de troupes décimées, combattant dos au mur sur le terrain ou dans l'hémicycle contre un néofascisme qui aime les chatons, certains croient que le RN s'useraient au pouvoir. Je crois que l'extrême droite ne rend jamais le pouvoir, sauf par la force. Depuis un an, les médias - même ceux qui se disent "neutres" - nous serinent la petite musique de la "réussite" de Georgia Meloni en Italie : finalement le fascisme de 2025 serait efficace et acceptable, respectueux de la société. Ont-ils été seulement regarder le sort des plus fragiles de la société italienne depuis 3 ans ? Ont-ils seulement fait le compte des reculs démocratiques et des libertés individuelles insidieuses dans ce pays ? Voulez-vous vraiment jouer avec le feu ? En tout cas, sur la base d'une tentative d'anesthésie d'une partie de l'opinion publique, la classe dirigeante acquise aux néolibéralisme est prête à franchir cette étape comme elle l'a fait aux USA ou en Argentine. Et il est affligeant consternant de voir certains à gauche se rendre ainsi coupables de complicité objective.

Que faire ?

Sauver la démocratie républicaine… Mettre de côté les délires idéologiques et la spirale de course à la radicalité culturelle dans laquelle s'est engagée une partie de la gauche… Restaurer le rassemblement de la gauche et faire cesser les anathèmes… Se mettre d'accord sur un programme de défense républicaine, qui peut impliquer à la fois des réformes économiques, sociales et institutionnelles, et exiger le pouvoir, en exigeant que la macronie fasse enfin preuve d'humilité en acceptant enfin les conséquences de ses défaites… Tenter de réparer les plus graves conséquences des fautes accumulées depuis 2007 et aggravées au centuple depuis 2017, afin de rétablir un peu de sérénité dans la communauté nationale…

D'ici 2027, c'est déjà en soi un ambition énorme ! Et cela nécessite un sursaut de responsabilité qui me paraît pour l'instant absent de 90% des réflexions de nos responsables politiques.

Frédéric FARAVEL
conseiller municipal et communautaire de Bezons
membre du collectif de direction de la Gauche Républicaine et Socialiste

Partager cet article
Repost0

commentaires