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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 14:10
Des Lycéens bezonnais victimes de violences policières... La France n'est certes pas une dictature, mais ses citoyens subissent une grave dérive autoritaire

Je me suis rendu ce matin, mercredi 29 janvier 2020, devant l'entrée du Lycée Ronceray de Bezons pour apporter - aux côtés de Dominique Lesparre, maire PCF de la commune et tête de liste "Avec Dominique Lesparre, Vivons Bezons", et de nombreux adjoints au Maire et conseillers municipaux du groupe de gauche (de nombreux citoyens étaient également présents) - mon soutien aux lycéens qui avaient été victimes de violences policières hier.

Quels sont les faits ?

Dans toute la France, les épreuves du bac sont  largement perturbées, que ce soit par des blocages unitaires entre professeurs et élèves, autour de rassemblements pour informer les élèves et protester contre leur tenue, ou encore par la grève pure et simple de la surveillance et la mobilisation des lycéens. Le but est  simple : empêcher le bon fonctionnement des E3C, série d’épreuves de contrôle continu, qui accroissent la sélection, mettent les élèves en concurrence dès le début de l’année et vont renforcer les inégalités, notamment pour les élèves des quartiers populaires.

C'est également le cas à Bezons et les lycéens s'étaient donc rassemblés hier devant leur établissement pour manifester. Les forces de l'ordre sont donc intervenues : jusqu'ici rien qui ne soit logique... en effet la présence de policiers sur ce type de rassemblements souvent spontanés est nécessaire, ne serait-ce que pour assurer la sécurité des enfants eux-mêmes, l'entrée du lycée longeant une route très fréquentée ce qui est en soi risqué dans le cadre d'un rassemblement massif. Or, sans qu'il y ait de raisons proprement identifiées, et surtout sans que les manifestants n'aient fait preuve d'agressivité, les forces de l'ordre ont chargé ; des enfants ont été blessés en lien direct avec cette "intervention musclée" et disproportionnée. Une délégation de lycéens s'est donc rendue en mairie immédiatement et a été reçue par le maire, qui, après avoir visionné photos et vidéos, a immédiatement réagi en adressant une lettre de contestation au préfet du Val-d’Oise (ci-dessous en pièce jointe). Un élève a été sévèrement blessé au bras après avoir reçu plusieurs coups de matraques, il s'est rendu à l'hôpital et selon ses camarades interrogés ce matin portera plainte ; un autre élève a été étranglé par un policier, il est choqué et j'imagine que des démarches équivalentes sont en cours.

Ces faits sont proprement inacceptables ! On sait bien que les rassemblements lycéens sont parfois délicats à gérer, mais rien ne justifiait un usage de la force, par ailleurs totalement disproportionné. Mais en l'occurrence la violence n'est pas le fait des enfants dans cette affaire.

J'avoue avoir été choqué ce matin par le comportement des policiers présents en petit nombre dans le rassemblement organisé par les lycéens eux-mêmes tout à la fois pour poursuivre leur mobilisation contre la politique conduite par le ministre de l'Education nationale et pour dénoncer les violences policières commises la veille. Il nous a semblé que notre présence était d'autant plus nécessaire ce matin pour que de tels faits ne se reproduisent pas et ce que j'ai constaté m'a renforcé dans cette analyse. Alors que le rassemblement était parfaitement calme (des prises de paroles des jeunes encadrant le rassemblement étaient construites et sans aucune agressivité) et que les forces de l'ordre étaient évidemment prévenues de la présence des membres du conseil municipal, au-delà de l'équipement classique de la police nationale, deux agents étaient équipés de lanceurs de balles de défenses (LBD, tristement célèbres, armes de guerre), ce qui au regard de la configuration des lieux était totalement inapproprié et représentait en cas de réaction malvenue de l'un d'entre eux un risque grave de blessures. Les policiers se sont mis à filmer les élèves rassemblés ce qui est une forme d'intimidation ; ils ont tenu des propos parfaitement irrespectueux à l'égard des adultes présents sur place pour s'assurer du bon déroulement de l'événement "ne parlez pas avec ces gens-là !" - ces gens-là étaient des élus locaux, des cadres territoriaux, etc. (!?) ; aucun des agents des forces de l'ordre ne portait son matricule réglementaire ; le commissaire divisionnaire d'Argenteuil est venu avec une morgue invraisemblable accuser le Maire d'organiser "un coup politique", ce à quoi on peut facilement rétorquer que s'il n'y avait pas eu de "coups" portés hier sur les élèves il n'y aurait pas eu de "coup politique" si on peut appeler ainsi l'action d'un maire venu s'assurer de la sécurité des jeunes de sa commune. Plusieurs enseignants nous ont indiqué avoir été la veille par le même responsable qualifié d'"inutiles". Tout cela fleure bon le "nous ne sommes pas dans le même camp !" du Préfet Lallement à Paris à l'endroit d'une manifestante sexagénaire pacifique.

Il y a ici un détournement et un dévoiement patenté des missions de sécurité - alors que nous avons besoin d'une police RÉPUBLICAINE forte et nombreuse pour assurer le maintien de l'ordre et la sécurité publique -, qui plus est en menaçant des enfants ; cette situation est particulièrement inquiétante et révélatrice d'une dérive plus large du pouvoir actuel en France.

Je me permets de développer mon propos plus bas.

Lettre adressée le 28 janvier 2020 au Préfet du Val-d'Oise par Dominique Lesparre, maire de Bezons

Comme il en a pris l'habitude lorsqu'il est en difficulté (ce qui est de plus en plus fréquent), Emmanuel Macron a réagi depuis l'étranger pour parler de politique intérieure et lancer une nouvelle provocation. Ainsi en Israël, il a indiqué à un certain nombre de journalistes : "Aujourd’hui s’est installé dans notre société, et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature [sic] ! La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature c’est un régime où l’on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez !" Il faudra sans doute un jour étudier quel rapport intime le Prince Président Emmanuel Macron entretient avec le personnage d'OSS117 interprété par Jean Dujardin pour faire de telles sorties.

Le président de la République n'a décidément aucune empathie pour son propre peuple et refuse ouvertement de comprendre le désarroi d'une part croissante de nos concitoyens s'exprimant sous la forme évidemment excessive du "nous ne sommes plus en démocratie", qui traduit confusément le malaise qui existe concrètement sur les dysfonctionnements de notre démocratie.

Il est tout de même patent - et nous l'avons vu à plusieurs reprises ces deux dernières années - que de nombreux ressors démocratiques de notre pays ne fonctionnent plus,
1- que les causes soient antérieures à l'élection d'Emmanuel Macron (l'idée même que l'extrême droite serait désormais abonnée au second tour de l'élection présidentielle en est un symptôme évident) et qu'il n'ait rien fait pour le réparer (bien au contraire) :
⭕️ c'est le cas du renforcement du caractère présidentiel de notre régime institutionnel, avec une Assemblée nationale qui n'a plus aucune autonomie vis-à-vis de l'exécutif et n'entend plus l'expression populaire, avec un mode de scrutin qui amène de manière de plus en plus caricaturale une minorité à bénéficier d'une majorité parlementaire écrasante ;
⭕️ c'est le cas de la dérive ordo-libérale de la construction européenne, qui empêche des gouvernements démocratiquement élus de mener (essentiellement dans les domaines économiques et sociaux, car il n'y a pas eu de réactions européennes aussi fortes face aux dérives autoritaires en Pologne, Slovaquie ou Hongrie) les actions pour lesquelles les citoyens les ont mandatés...

2- que la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron introduise de dangereuses ruptures :
⭕️ les invocations à la démocratie sociale et au dialogue social de la part de l'exécutif sont peu de choses quand on mesure à quel point les syndicats, les représentants des salariés sont méprisés ; rappelons nous la "déception" exprimée par la CFDT elle-même lors des Ordonnances Pénicaud qui ont tant abîmé le droit du travail ; rappelons nous le piège tendu aux partenaires sociaux par le gouvernement sur l'assurance chômage pour justifier qu'il décide seul par décret d'évolutions qui fragilisent aujourd'hui les demandeurs d'emplois ;
⭕️ si des prémisses existaient lors de la fin du quinquennat précédent, la façon d'appliquer les doctrines de maintien de l'ordre, la violence déchaînée contre des manifestants pacifiques dans leur immense majorité avec un taux de blessés rarement vu depuis plusieurs décennies, la loi dite "anti-casseur" de 2019, les propos inacceptables d'un préfet de police, la sévérité extrême des interpellations et des sanctions contre des manifestants et des journalistes, sous des prétextes parfois douteux, face à ce que qui a été perçue comme une forme de mansuétude vis-à-vis de représentants des forces de l'ordre suspectés de bavures... tout cela crée un climat délétère.

A l'occasion de la sortie de son dernier livre Les luttes des classes en France au XXIème siècle, Emmanuel Todd a exprimé quelques éléments à prendre en compte dans notre réflexion collective : "La démocratie, c’est voter librement, parler librement (...) [nous pouvons effectivement faire cela], mais la démocratie ce n’est pas juste ça. Ce sont des conditions nécessaires. Il faut aussi pouvoir voter pour des gens qui vont être d’accord pour œuvrer pour le bien des gens qui ont voté pour eux (...) Il faut que le gouvernement élu ait la possibilité de changer les choses. Pour qu'une démocratie existe il faut que le gouvernement puisse agir.”

Il n'est donc pas étonnant que nos concitoyens, confrontés systématiquement au TINA, au discours sur l'absence d'alternative, proféré par un exécutif qui se confond sans cesse avec une forme de caste mêlant une partie de la technocratie aux intérêts financiers multinationaux, confrontés à ce discours d'impuissance sur le caractère indépassable des contraintes, en viennent à douter de la réalité de notre démocratie et finissent par considérer que la dérive autoritaire (et parfois violente) du pouvoir est inversement proportionnelle à sa capacité à agir pour le bien commun.

Frédéric FARAVEL

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