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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

27 octobre 2022 4 27 /10 /octobre /2022 15:47

J'ai rédigé pour la Gauche Républicaine et Socialiste cette analyse des manoeuvres croisées de l'exécutif et de la droite parlementaire alors qu'Elisabeth Borne vient d'utiliser pour la troisième fois en moins de 10 jours l'article 49.3 de la constitution pour faire adopter ses projet de loi de finances et projet de loi de financements de la sécurité sociale. Des considérations politiques dont les préoccupations essentielles des Français sont totalement absentes et qui renforcent encore Marine Le Pen et le Rassemblement National.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Membre de la direction nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste

De l’Élysée au Parlement : cynisme et désordre

Et de trois ! Élisabeth Borne vient d’engager, quelques heures à peine après la fin de l’entretien télévisé du Président de la République sur France 2 et France info, la confiance du gouvernement sur la suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Le recours au 49.3 avait été activé pour le projet de loi de finances (avant même la fin de l’examen de la première partie – les recettes) et le début du PLFSS. Ce matin, la NUPES a annoncé logiquement le dépôt d’une nouvelle motion de censure après celles qui ont été débattues en début de semaine.

Avant ce nouvel épisode peu glorieux de la séquence budgétaire, Emmanuel Macron s’en est pris hier soir à l’opposition de gauche sur le ton d’une colère surjouée, qui ne sied pas à un Chef de l’État : « Ce qui me met en colère, c'est le cynisme et le désordre […]. Ils ont prouvé qu'ils n'ont pas de majorité, mais ils ont surtout prouvé qu'ils étaient prêts, socialistes, communistes, écologistes, LFI, à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national alors qu'il y a la guerre en Europe, la crise, le désarroi de tant de familles et qu'il faut être du côté des Français. […] Ils ont montré une chose : ils ne sont pas du côté du mérite, de l'ordre, du travail, de la solution, de l'avancée, ils sont du côté du désordre et du cynisme. Et je vous le dis: ça ne mènera à rien. Ces gens-là ne sauront pas demain gouverner ensemble. »

La chute de la tirade macronienne démontre l’absurdité même du raisonnement élyséen : il ne fait de mystère pour personne qu’il ne sera jamais à l’agenda de la gauche de gouverner avec le rassemblement national ou avec son soutien. Il est tout autant excessif – et donc insignifiant pour suivre l’adage – de refuser aux oppositions d’user d’une des rares procédures que leur laisse la constitution pour exprimer la cohérence de leur ligne face au gouvernement. Ainsi au prétexte de la guerre en Ukraine, de l’inflation, de la crise énergétique et économique, il faudrait taire les divergences et ne surtout pas récuser une politique que l’on combat. Un raisonnement aussi spécieux que le tweet de Jean-Luc Mélenchon, le 20 octobre au soir caractérisant le macronisme comme « un régime de violence autoritaire » du seul fait du recours à une procédure constitutionnelle. Les victimes des nouvelles règles d’engagement et d’intervention des forces de l’ordre dans les manifestations depuis 6 ans apprécieront sans doute la mesure du propos. Nous ne serons jamais favorables au parlementarisme contraint et rationalisé de la Vème République (que nous avons toujours dénoncé), mais le registre de l’outrance choisi par deux dirigeants politiques de ce niveau n’est en rien rassurant.

Le jeu de dupes de la majorité parlementaire

Les groupes parlementaires de la NUPES avaient au demeurant d’excellentes raisons pour censurer le gouvernement. Si le contexte actuel empêche l’exécutif de rompre totalement avec le « quoi qu’il en coûte » – les incertitudes liées à la guerre, aux pénuries et aux conséquences des décisions inadaptées de la Banque Centrale Européenne rendent prudents les néolibéraux français qui nous gouvernent – les moyens, la logique politique et l’économie générale du budget présenté par l’exécutif sont incompatibles avec une politique de gauche (salaires, relance, politique industrielle, solidarité sociale…).

Le macronisme sans majorité parlementaire officielle n’a pas changé de méthode ; il n’écoute pas plus qu’avant les parlementaires et encore moins ceux issus de l’opposition. Le gouvernement a prétendu avoir intégré de nombreux amendements dans le texte du budget sur lequel il a engagé sa responsabilité, or sur les 117 concernés 83,7 % sont issues de ses propres soutiens (Renaissance, Modem, Horizons) ou de lui-même (le texte « final » intègre 23 amendements que le gouvernement a déposé pendant les débats dans l’hémicycle – petite bizarrerie institutionnelle française). LR pourra revendiquer l’intégration de trois amendements ; LIOT (groupe rassemblant le centre droit et plusieurs députés ultra-marins) a été gratifié de cinq reprises ; quand à la NUPES, le gouvernement a daigné reprendre onze de ses amendements (à considérer que les six issus de la commission des finances aient été tous portés par son président Éric Coquerel).

L’intervention d’Élisabeth Borne à la tribune de l’Assemblée Nationale a fini de démontrer le marché de dupes de cette supposée largesse d’esprit gouvernementale : énumérant un à un les amendements tolérés, leur caractère cosmétique est apparu clairement. Elle semblait d’ailleurs follement s’en amuser ; elle ne réprimait même plus un grand sourire narquois en direction des bancs de la gauche quand elle citait les amendements qu’elle lui reprenait. Elle est donc pleinement consciente qu’elle proposait au prétexte d’un grain de sel ajouté à la NUPES d’avaler tout entier un plat écœurant : au moins, le débat budgétaire aura permis à Mme Borne de gagner en assurance, c’est toujours ça de pris ; les Français n’y ont rien gagné par contre.

Mais le recours au 49.3 était en réalité inscrit dans les tablettes dès le départ : il s’agit en réalité de camoufler l’existence en pratique d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale, fondée sur la connivence non assumée d’une majorité de députés LR avec les politiques économiques et sociales mises en œuvre par la « majorité présidentielle ». En engageant la responsabilité de son gouvernement, Élisabeth Borne leur permet de ne pas se prononcer sur son budget et son PLFSS tout en les laissant passer. Les députés LR peuvent ainsi continuer de revendiquer la fiction de leur non appartenance à la majorité.

Pourtant, cet épisode risque d’avoir une réplique sénatoriale en lien avec le congrès des Républicains qui se tiendra en décembre. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, est opposé à Eric Ciotti pour prendre la direction du parti. Depuis deux jours, les couloirs du Sénat bruissent de rumeurs annonçant le rejet du PLF dès la première partie : face à celui qui plaide pour l’union des droites réactionnaires mais qui n’aura pas osé censurer le gouvernement, le Chouan Retailleau pourra revendiquer le rejet du PLF pour satisfaire la radicalité des militants LR. Un niveau digne d’une dispute de cour d’école élémentaire, mais symptomatique de la médiocrité de bien des dirigeants politiques actuels.

Un ambiance nauséabonde

La stratégie macroniste a donc fait long feu. Le Président a été contraint hier soir de formuler explicitement le souhait d’une alliance formelle entre LR et ses propres soutiens. En réalité, sur l’économie et le social rien ne les sépare vraiment ; c’est sur la stratégie culturelle et politique que se joue le congrès LR. Emmanuel Macron a presque cité dans le texte les mots de Nicolas Sarkozy dans l’entretien que ce dernier a accordé au Journal du Dimanche : mérite, ordre, travail… il a multiplié les appels du pied à la droite républicaine que ce soit sur les retraites, sur le refus d’augmenter la valeur du travail, sur la sécurité ou sur l’immigration.

Le Président de la République sait que son quinquennat est déjà fini avant même d’avoir réellement commencé (ce qui ne veut pas dire que les Français ne subiront pas les conséquences désastreuses de ses orientations) ; après avoir joué les Matamor sur la dissolution, il sait désormais qu’une conjugaison des contraires le temps d’une motion de censure est possible et que sa menace pourrait se retourner contre ses fidèles. Il lui faut donc formaliser ce qu’il se refusait à faire jusqu’ici.

Marine Le Pen n’a pas seulement pris au piège LR et Emmanuel Macron ; elle a plongé la NUPES dans le désarroi. Depuis lundi, les députés de gauche se voit contraints par les médias de se justifier de n’avoir pas voulu faire une alliance de circonstance avec l’extrême droite. L’hypothèse est en soi absurde, mais tout à leur volonté de mettre en difficulté Olivier Faure pour le congrès du PS en janvier 2023, Jean-Christophe Cambadélis et François Kalfon (copieusement relayés par la macronie) ont cherché à accréditer l’idée que la motion de censure de la NUPES aurait été corrigée après coup pour plaire au RN. Le procédé est à la fois odieux, irresponsable et puérile, mais l’ambiguïté extra-parlementaire de Jean-Luc Mélenchon leur permet de médire à moindre risque : « nul ne votera la motion de censure RN à la #NUPES puisque le #RN a déjà dit qu'il ne voterait pas celle de la NUPES » (tweet du 19 octobre au soir, qui montre la faiblesse du cordon sanitaire) ; ou encore la revendication assumée sur son blog le 26 octobre de faire feu de tout bois.

Pendant ce temps, Marine Le Pen compte les points, se frotte les mains et attend son heure. Et les Français s’apprêtent à passer un hiver froid et déprimant.

De l’Élysée au Parlement : cynisme et désordre
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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 12:55

Il y a 60 ans hier, le 18 mars 1962, étaient signés les Accords d'Evian qui mettaient fin à l'entreprise de colonisation de l'Algérie par la France débutée quelques 132 ans plus tôt. Le lendemain, le Cessez-le-Feu entrait en vigueur. J'ai participé comme conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste ce matin aux commémorations de la Ville de Bezons organisées devant l'Hôtel de Ville, au vieux cimetière et rue du 19-mars-1962, aux côtés de Florelle Prio, élue comme moi de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains, des responsables de la section du PCF (Christian Leduey et Christiane Leser).

Les Accords d'Evian et le Cessez-le-Feu marquent la fin de la Guerre d'Algérie, qui fit plusieurs milliers de morts, d'abord parmi les Algériens, mais aussi au sein des Européens installés depuis des décennies et plusieurs générations ; cette Guerre dont on a voulu longtemps nier la réalité a entaché gravement l'honneur de l'armée française, qui commit des actes indignes de la République et aboutit à briser nombre d'appelés du contingent qui eurent le plus grand mal à se remettre des atrocités qu'on les avait forcés à commettre ou dont ils avaient été les témoins. 25.000 moururent pour une guerre qui ne disait pas son nom et dont ils ne voulaient pas. Cette guerre mit fin à une colonisation illégitime qui avait infériorisé les Algériens et les avaient exposés à de graves et durables crimes et exactions ; les Accords d'Evian rendaient enfin sa dignité à tout un peuple. Preuve que la colonisation n'apporte aucun bien, la guerre d'Algérie s'est également conclue par l'exil et la perte du pays dans lequel ils avaient grandi de centaines de milliers d'Européens qui s'y étaient installés progressivement depuis les années 1860, elle se concluait par l'exil et la perte de leur patrie pour des centaines de milliers de Juifs d'Algérie, dont les ancêtres vivaient au Maghreb depuis plusieurs milliers d'années. Elle marqua aussi un profond drame humain avec la fuite des Harkis qui furent si mal accueillis par la France pour laquelle ils s'étaient battus.

Tous durent reconstruire leur vie en Métropole, avec plus ou moins de facilité et avec la nostalgie profonde de la terre de leur enfance. Aujourd'hui l'Algérie est indépendante ; aujourd'hui la France a commencé à reconnaître les graves fautes qu'elle a commises et qu'une République n'aurait jamais dû commettre. Elle a accueilli également des centaines de milliers d'Algériens dont les enfants, petits enfants et arrière petits enfants sont aujourd'hui des Français à part entière.

Aujourd'hui, le peuple algérien continue de se battre pour restaurer sa souveraineté face à un régime qui l'a confisquée et a découpé le pays en prébendes au service d'une caste, cette même caste qui tente encore d'attiser le ressentiment résiduel entre nos peuples pour légitimer son usurpation. Je salue avec mes camarades le courage de tous ces citoyens algériens engagés dans le hirak الحراك ⴰⵎⵓⵙⵙⵓ ⴰⵏⴷⵓⴷⴷⵉ contre les profiteurs d'hier et d'aujourd'hui et pour l'émergence d'une véritable démocratie.
C'est entre Peuples souverains que peut se construire une amitié et une fraternité sincères. C'est tout ce que je souhaite aux Français et aux Algériens.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

photos prises lors de la cérémonie des 60 ans du 19 mars 1962 au Vieux Cimetière de Bezonsphotos prises lors de la cérémonie des 60 ans du 19 mars 1962 au Vieux Cimetière de Bezonsphotos prises lors de la cérémonie des 60 ans du 19 mars 1962 au Vieux Cimetière de Bezons

photos prises lors de la cérémonie des 60 ans du 19 mars 1962 au Vieux Cimetière de Bezons

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16 mars 2022 3 16 /03 /mars /2022 22:00

J'ai rédigé avec Augustin Belloc, référent départemental de la Gauche Républicaine et Socialiste dans le Val-d'Oise, la note ci-dessous sur la situation politique en Corse et l'annonce par Gérald Darmanin de la volonté d'Emmanuel Macron de négocier un statut d'autonomie pour l'île de Beauté.

Bonne lecture...

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Autonomie de la Corse, une boîte de pandore macroniste qui ne résoudra rien

Emmanuel Macron et Gérald Darmanin ont annoncé hier leur projet d’accorder à la Corse un statut d’autonomie spéciale, suite aux récentes émeutes entraînées par l’agression d’Yvan Colonna par un détenu islamiste.

Pendant plus de 8 minutes, sans que personne n’intervienne, un islamiste radicalisé a en effet pu agresser Yvan Colonna, détenu particulièrement sensible ; ce dernier est aujourd’hui entre la vie et la mort. Ce très grave incident est symptomatique du délabrement et de la dangerosité dans nos prisons, en plus de conditions de détention indignes. Il démontre une grave défaillance de l’État qui aurait dû s’assurer qu’un détenu signalé ne soit pas atteignable ; on savait qu’un incident avec Yvan Colonna serait inflammable avec des conséquences immédiates dans le climat politique corse. Le silence du gouvernement dans les heures et les jours qui ont suivi l’agression a été contre-productif ; les ministres de la Justice et de l’intérieur auraient dû immédiatement réagir pour reconnaître le dysfonctionnement évident et annoncer une enquête… Ce silence a nourri les pires considérations complotistes et précédé les débordements des manifestations massives en Corse.

« La République une et indivisible », premiers mots de notre constitution, sont sur le point d’être enterrés par le gouvernement. Il s’agit de l’aboutissement ultime du néolibéralisme dont l’objectif avoué est la destruction de l’État providence et de la République sociale, au profit d’une « Europe des régions » où chacun serait autonome, « individué », mais appauvri.

La Corse, c’est la France. Il s’agit de deux départements parmi les plus pauvres de France métropolitaine, et souvent les plus ignorés de la puissance publique concernant les investissements publics. Les récentes émeutes n’émanent donc pas de nulle part. Mais céder ainsi à la violence politique pour aujourd’hui sous le coup de la panique faire une promesse aussi ambiguë que possible et tend à faire croire aux nationalistes corses que la République pourrait accorder une autonomie fiscale et législative. Car dans les faits, au regard du statut institutionnel actuel de l’île, la Corse bénéficie déjà d’une très large autonomie ; l’étape suivante ne pourrait donc être que cette autonomie fiscale et législative qui mettrait fin de fait à la République française en Corse. De la part de la macronie, c’est à nouveau jouer avec une ligne rouge car soit la promesse du ministre de l’intérieur transformé en porte parole du président candidat ne sera pas tenue (pour différentes raisons, y compris constitutionnelles) et le procès en trahison politique et en défiance sera plus lourd que jamais et pourrira durablement les relations avec la Corse, soit elle est mise en œuvre et ce sera le premier domino à tomber dans une logique de fragilisation de la République.

Quelle serait la suite de l’autonomie corse ? L’autonomie de toutes les régions dont l’identité culturelle locale est restée puissante ? La désagrégation à marche forcée de l’universalité de la loi et la transformation de la France en une obscure fédération de grandes régions ? C’était déjà ce que laissait entendre une proposition de résolution du groupe socialiste en juin 2020 en faveur d’une modification de la constitution visant à énoncer de façon limitative les compétences de l’État, celles des collectivités locales devenant la règle pour tous les autres sujets. Cette revendication d’une autonomie fiscale et législative de la Corse pourrait d’ailleurs aboutir à une situation complexe qui déborderait les dirigeants autonomistes : il y a fort à parier que la Corse soit alors en difficulté pour résister aux appétits « économiques » de certains intérêts peu recommandables. La République reste aujourd’hui le meilleur rempart des Corses et de la Corse contre des visées agressives. C’est un risque bien trop grand avec des conséquences bien trop graves.

Nous n’avons rien en soi contre le président de l’exécutif corse. Nous ne partageons évidemment pas ses convictions autonomistes, mais nous n’avons aucune raison de penser qu’il n’est pas sincère quand il dit vouloir défendre la démocratie, la probité et la transparence, la justice sociale et la paix civile. L’exécutif territorial corse doit être considéré comme un véritable et légitime interlocuteur avec qui l’État doit discuter de manière approfondie des solutions à apporter aux difficultés spécifiques auxquelles est confrontée la société corse. Le temps des faux semblants est terminé !

Ainsi considérer Gilles Simeoni comme un véritable interlocuteur et le respecter, c’est aussi lui dire notre conviction que l’autonomie de la Corse ne réglerait rien des problèmes que traverse l’île. La puissance publique n’investira pas plus dans des infrastructures dignes, dans la lutte contre la pauvreté ou contre la corruption. La pauvreté ne reculera pas si la loi de la République ne s’applique plus en Corse. Elle ne reculera que si le gouvernement et les représentants légitimes et élus de cette région discutent des moyens financiers et humains à consacrer à la lutte contre l’isolement, l’inflation, la vie chère, qui rongent la Corse et ses habitants. Négocier un véritable contrat de plan renforcé État/Corse qui vise à résoudre les problèmes sociaux, économiques et d’accès aux services publics des habitants est une priorité absolue : le fait que le président de l’exécutif territorial soit autonomiste ne doit en rien constituer un frein à ce travail urgent et nécessaire.

Sauf que ce processus est tellement aux antipodes de ce qu’Emmanuel Macron a l’habitude de faire qu’il préfère brader l’unité de la République, et ce en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Pour notre part, nous continuerons à défendre l’indivisibilité de la République et l’égalité des citoyens en son sein.

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6 octobre 2021 3 06 /10 /octobre /2021 09:06

Le mardi 5 octobre 2021 dans l'après-midi, alors que depuis des semaines nos plateaux TV donnent la parole sans scrupule à un pseudo journaliste pour qu'il puisse déverser sans difficulté des mensonges négationnistes sur la participation de l'Etat français à la déportation des Juifs (sans distinction de nationalités), la droite sénatoriale faisait voter une résolution faisant un silence total sur ces faits et cette actualité.

Vous me direz, c'est logique au moment où certains membres de LR prétendent faire participer Eric Zemmour au congrès de désignation de leur candidat à l'élection présidentielle. Pire, cette résolution rejetée par tous les bancs de l'Assemblée Nationale, vise pour la droite sénatoriale à imposer une définition de l'antisémitisme qui prétend disqualifier toute critique de la politique actuellement raciste de l'Etat d'Israël : c'était inacceptable.

Tous les groupes de la Haute Assemblée, ce sont précipités sans réflexion ; dans ce concert d'hypocrisies, Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine, a heureusement relevé le niveau expliquant les raisons pour lesquelles son groupe refuserait de prendre part au vote d'une résolution aussi hypocrite et mal conçue. Il me paraît nécessaire d'écouter dans la vidéo ci-dessous ce qu'il nous dit. Je retranscrit également le texte de son discours plus bas.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

Proposition de résolution portant lutte contre toute les formes d’antisémitisme

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes chers collègues,

La haine du Juif en France, c’est l’histoire longue de deux mille ans de mesures d’éloignement, de législations d’exclusion, d’accusations criminelles, de persécutions, de pogromes et de génocides. Dans sa monumentale Histoire de l’antisémitisme, Léon Poliakov montre que cette haine du Juif trouve son origine dans l’Antiquité puis se renouvèle dans la constitution du corpus théologique et politique du christianisme naissant. Je le cite, « Pour l’économie du christianisme, il fallait dorénavant que les Juifs fussent un peuple criminellement coupable ». L’anti-judaïsme a participé de la formation d’une certaine identité chrétienne de l’Occident.

Ainsi, en 1096, les Croisés massacrent les Juifs de Rouen. La deuxième croisade de 1146 est précédée des mêmes pogromes et l’abbé Pierre de Cluny les justifie ainsi, je le cite : « À quoi bon s’en aller au bout du monde, […] pour combattre les Sarrasins, quand nous laissons demeurer parmi nous d’autres Infidèles qui sont mille fois plus coupables envers le Christ que les mahométans ? ».

Il existe un antijudaïsme d’État aussi ancien dont l’histoire est marquée par les édits d’expulsion des Juifs de Childebert en 533, de Dagobert en 633, de Philippe Auguste en 1182, de Saint Louis en 1254, de Philippe le Bel en 1306 et de Charles VI en 1394. Il faut ajouter à cette terrible série les mesures prises par Napoléon Bonaparte, au moment du Concordat, pour interdire aux Juifs de s’installer en Alsace. Il les justifiait par sa volonté « d’atténuer, sinon de guérir la tendance du peuple Juif à un si grand nombre de pratiques contraires à la civilisation et au bon ordre de la Société ».

Ce qui est désigné dans ce projet de résolution par l’expression « antisémitisme contemporain » s’inscrit fondamentalement dans l’histoire trop longue d’un antijudaïsme millénaire dont son exposé des motifs ne nous dit rien. Ainsi, sans nier l’existence de formes actuelles d’antisémitisme prônant la destruction de l’État d’Israël, comment ne pas reconnaître dans les théories complotistes qui expliquent la covid comme le fruit d’une conspiration juive des résurgences des thèses médiévales qui accusaient les Juifs de l’anéantissement de la chrétienté par l’épidémie. C’est notre première réserve sur ce projet.

Notre deuxième objection porte sur le choix de la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste qui est imprécise et dont l’utilisation politique très partisane a été justement dénoncée par Kenneth Stern, l’un de ses rédacteurs. Cette définition n’était qu’une définition de travail. Depuis lors, un groupe de plus de deux cents spécialistes l’a reprise pour en lever ses ambiguïtés dans un texte publié en 2020 sous le titre de Déclaration de Jérusalem. Elle est plus pertinente parce qu’elle inscrit les antisémitismes d’hier et d’aujourd’hui dans le même processus idéologique d’assimilation des Juifs aux forces du mal. Cette déclaration rappelle avec force que « le combat contre l’antisémitisme ne saurait être dissocié de la lutte globale contre toutes les formes de discrimination raciale, ethnique, culturelle, religieuse et sexuelle ».

Enfin, nous regrettons vivement qu’une résolution citant l’Alliance pour la mémoire de l’Holocauste ne mentionne aucunement la nouvelle irruption dans le débat public de thèses négationnistes et de tentatives de réhabilitation de l’État français du Maréchal Pétain.

Souvenons-nous de la déclaration, au nom de la France, du Président Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942. Je le cite : « la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français », « La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux ». Je le cite toujours : « Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. […] Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’État. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre ».

Cette déclaration nous honore, nous oblige et nous engage. Elle impose au Sénat d’éclairer davantage nos concitoyens sur les deux mille ans de cet antijudaïsme qui aboutit à l’inhumanité absolue de la Shoah. Engageons ce travail de fond à partir de la Déclaration de Jérusalem, ensemble dans l’unité.

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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 08:33

Lundi 12 juillet, le Président de la République a pris solennellement la parole pour annoncer des mesures supplémentaires et contraignantes pour augmenter notre réponse à la crise sanitaire qui frappe notre pays et l’ensemble de l’humanité depuis 18 mois. Un projet de loi reprenant l’essentiel de ces annonces est examiné depuis le 20juillet par le Parlement.

Je suis pour ma part évidemment très favorable à la vaccination contre le COVID19 et à sa généralisation, mais il convient de regarder si les mesures proposées répondent correctement au défi que nous devons relever et dans quel contexte elles s’inscrivent.

Un échec des réponses et de la communication politiques de l’exécutif

Au moment à l’explosion des contaminations par le variant delta en France et à ce qui ressemble de plus en plus à 4ème vague épidémique, analysons les raisons pour lesquelles un trop grand nombre de nos concitoyens manifeste des doutes face aux décisions publiques, à la gestion de la pandémie et traînent des pieds pour se faire vacciner.

L’allocution d’Emmanuel Macron d’abord l’échec des politiques successives mises en œuvre depuis le début de l’année 2020. L’exécutif a trop souvent menti et les discours ont trop souvent varié ; la dernière allocution d’Emmanuel Macron ne fait pas exception :

  1. Un triomphalisme « hors sol » : Si l’action conduite avait été aussi couronnée de succès que le racontait Emmanuel Macron, alors la nécessité de durcir la réponse à la crise ne serait pas justifiées. Les Français n’ont pas vécu la crise sanitaire et les privations qu’il leur a imposées d’une manière qui supporte un tel lyrisme. Les résultats parlent : la France enregistre aujourd’hui environ 166 décès recensés pour 100.000 habitants, parmi les 20 pays les plus touchés au monde, alors qu’elle était censée avoir l’un des meilleurs systèmes de santé, derrière le Danemark (45), l’Allemagne (113), les Pays-Bas (105) mais aussi l’Irlande (100), le Portugal (159) ou la Grèce (119) ;

  2. La dureté du ton et des mesures égrainées (notamment sur l’élargissement et le renforcement du Pass sanitaire dès le 1er août aux adolescents) ont dû être compensés dès le lendemain car en partie déconnectés de la réalité quotidienne des Français. L’exécutif faisait constamment fi de cette dernière, rendant les mesures imposées difficilement ou pas applicables, préparant le coup de menton de l’intervention suivante.

Au delà des mensonges explicites bien connus (masques, tests, etc.), au-delà des défaillances que nous avons longuement dénoncées et qui sont apparus criantes (abandon de l’hôpital public, pénurie de médicaments, dépendance industrielle et pharmaceutique à l’étranger lointain), il y a également une incapacité chronique à mettre en œuvre les politiques annoncées.

Aucun contrôle du « tester, isoler, tracer »… Insuffisance des campagnes de tests dans les établissements scolaires… Insuffisance des contrôles aux aéroports.. Difficultés inexplicables faites aux collectivités (en nombre insuffisants) qui souhaitaient accueillir un centre local de vaccination anti-COVID ou encore le refus initial de mettre en place des vaccinodromes (tout cela pour des raisons peu avouables, à savoir la pénurie initiale de doses de vaccins)… Retard des dispositifs pour entrer en contact, convaincre et vacciner toutes les populations fragiles, en particulier les personnes âgées qui vivent seules chez elles… ou encore les personnes les plus pauvres, isolées ; nous le payons encore !

Le gouvernement n’a pas donné l’impulsion nécessaire pour obtenir une mobilisation suffisante afin de permettre la vaccination quasi-totale des personnes fragiles et vulnérables, pour rapprocher lieux de vaccination et d’information des habitants que ce soit en milieu rural ou dans les quartiers populaires de nos banlieues. Croit-on qu’il soit suffisant pour convaincre et rassurer de limiter les campagnes d’information publique à des spots mettant en scène le rêve d’une grand-mère de retrouver ses petits enfants ou celui d’un rugbyman de retrouver ses camarades de jeu grâce au vaccin ?

Faute d’arriver aux objectifs fixés car il a failli à en donner les moyens à la puissance publique, l’exécutif décide désormais brutalement d’accroître et de généraliser les contraintes, les interdits… sans pouvoir répondre à la question qui reste en suspens au regard des expériences précédentes : si tant est que cela soit souhaitable et adapté, la puissance publique sera-t-elle plus efficaces pour faire appliquer l’élargissement du périmètre du Pass sanitaire alors que les précédents dispositifs ont été approximatifs… ?

Cette forme de contrainte relative apparaît de prime abord comme un outil potentiellement puissant pour inciter certains de nos concitoyens à sauter le pas de la vaccination – plus de 3 millions de personnes ont en effet pris RDV pour se faire vacciner dans les 3 jours qui ont suivi l’allocution présidentielle –, il conviendrait désormais de garantir que les infrastructures et les doses soient au rendez-vous : pour vacciner entièrement l’ensemble des soignants qui ne le sont pas encore d’ici le 15 septembre ainsi que les millions de Français qui prennent RDV désormais dans la perspective de la généralisation du Pass Sanitaire, il faudrait mettre les bouchées doubles. Rien ne serait plus détestable que le fait de créer un embouteillage dans la vaccination des soignants jusqu’ici hésitant, alors que – faute d’avoir mis en place jusqu’ici les dispositifs nécessaires pour emporter leur conviction – l’exécutif vient de fortement les stigmatiser. Si les pouvoirs publics viennent à manquer de doses ou que les locaux ne sont plus adaptés à un tel afflux de patients, certains de concitoyens pourraient avoir à patienter de nombreuses semaines avant de bénéficier du Pass sanitaire espéré ; les Français concernés le vivraient alors comme une punition, une nouvelle forme d’infantilisation collective à laquelle la gestion de la crise sanitaire en France nous a trop souvent habitués. Or des signes inquiétant de manque de doses, la suspension pendant quelques jours de la possibilité de prendre RDV, la capacité à trouver ensuite des créneaux disponibles démontrent que l’exécutif a une nouvelle fois annoncé des mesures sans s’être réellement préoccupé de la capacité à les assumer correctement !

Par ailleurs, le projet de loi sur la mise en place de ces mesures implique des effets graves sur le code du travail avec la possibilité pour un chef d’entreprise de licencier un de ses salariés au motif de sa situation vaccinale : voilà un précédent particulièrement dangereux et explosif. L’effet serait contre-productif et dévastateur pour la cohésion nationale.

Emmanuel Macron fustige constamment le désordre que pour une large part il a produit pour faire oublier ses propres carences… et chaque jour qui passe la parole et l’action publiques sont un peu plus dévalorisées aux yeux des Français qui pour certains finissent par considérer que le respect des mesures doit être tout autant approximatif que leur mise en œuvre.

Vaincre le COVID19 doit nous conduire à rassembler et non à diviser

Désertion de la rationalité

Pour bon nombre de nos concitoyens, plus rien n’est clair, tout se vaut. Il est vrai que depuis trop longtemps l’influence de l’industrie pharmaceutique dans les agences publiques ou auprès des experts est importante et dans certains cas influent sur les décisions publiques au profit de leur intérêt. Bref l’éthique de l’intérêt général, de l’intérêt public, a pris de sérieux coups depuis que l’État est affaibli, technocratisé, et que certaines de ses missions sont confiées au privé.

Certains domaines de la stratégie vaccinale mise en place par le gouvernement ont été confiés au cabinet de conseil américain McKinsey, ainsi qu'à plusieurs autres cabinets (Accenture, Citwell et JLL). Ces prestations extérieures s'élèveraient à 2 millions d'euros par mois pour McKinsey, selon l'enquête du Point, et 1,2 million d'euros pour Accenture, d'après Mediapart. Interrogé sur ce sujet en commission à l'Assemblée nationale le 12 janvier dernier, le ministre de la santé Olivier Véran a balayé d'un revers de main la question : « Il est tout à fait classique et cohérent de s'appuyer sur l'expertise du secteur privé », fermez le ban ! Certains libéraux sincères diront qu'en théorie le recours à des cabinets de conseil n'est pas choquant en soi au regard de l'urgence et de la crise, mais le recours à des cabinets privés ne concerne pas seulement la politique de santé publique, mais bien d'autres domaines depuis le début du quinquennat et la fréquence et l'accélération de ces méthodes en disent long aujourd'hui sur l'état d'esprit de l'exécutif et l'état de notre administration. Car la question aujourd'hui est de savoir s'il est normal qu'une administration comme celle de la santé ne soit plus en capacité d'assurer un certain nombre de missions ! Sans compter qu'Emmanuel Macron entretient des liens anciens avec McKinsey et certains autres cabinets sollicités et que cela ne pouvait susciter que suspicion et polémique ce dont n'avait pas besoin l'action publique pour la mise en œuvre de la stratégie vaccinale.

Il y a aussi des discours des scientifiques, confus, contradictoires, venant de médecins d’inégales compétences sur le sujet, dont les déclarations ne se sont jamais confrontées avec des arguments rationnels, permettant de mieux cerner ce qui est acquis, confirmé, ce qui est plus incertain mais peut se confronter à une certaine réalité… Bref rendre public et abordable les enjeux des choix scientifiques. Mais cela aucune chaîne d’information – pas plus que le gouvernement – ne s’est astreinte à une pédagogie précise et à ces échanges d’analyse, préférant mettre en scène des empoignades.

Qui rappellera quelques faits concernant les vaccins et la vaccination ? Lorsque les vaccins ont atteint la phase 3 – dans laquelle sont ceux qui sont autorisés dans l’Union Européenne –, les effets secondaires attendus ont toujours été conformes à ceux détectés dans les phases précédentes. L’argument sur le « manque de recul » avancé par nombre de nos concitoyens inquiets ou réticents ne tient pas : « Il n'y a aucun exemple de vaccin qui a induit des effets indésirables à long terme qui ne s'étaient pas manifestés dans les 2 mois après la vaccination », a rappelé le Pr Mathieu Molimard, chef de service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux.

Depuis l'ouverture de la campagne de vaccination en décembre 2020, 36 millions de personnes ont reçu au moins une dose d'un des quatre vaccins homologués en France ; à l'échelle mondiale, plus de 2 milliards de premières injections ont été recensées, touchant un quart de la population de la planète, selon la base de données Our World in Data (en anglais : https://ourworldindata.org/covid-vaccinations?country=OWID_WRL). « On a déjà un recul de l'ordre d'une année pour les personnes qui ont été dans les essais cliniques », indique Daniel Floret, vice-président du Comité technique des vaccinations, rattaché au Haut Conseil de la santé publique. Dans le cas des vaccins contre le Covid-19 autorisés en France, les effets indésirables graves ont été identifiés rapidement : après quatre jours en moyenne pour les très rares myocardites identifiées après une injection du vaccin Pfizer-BioNTech, en moins de dix jours pour les rares thromboses liées au vaccin d'AstraZeneca et « quelques semaines après la vaccination » avec le vaccin Janssen pour le syndrome de Guillain-Barré, lui aussi très rare ; or les seuls effets secondaires réellement établis en lien avec une vaccination se sont toujours déclarés peu de temps après l'injection. Ces effets secondaires indésirables ont été communiqués dès l’origine de manière transparente et ils sont statistiquement insignifiant. Pourtant leur exposition médiatique a été suralimentée pendant des semaines, au point que les parlementaires sont ensevelis sous les courriels leur expliquant qu’Israël ferait face aujourd’hui à une épidémie d’embolies pulmonaires, ce qui est faux.

La communication gouvernementale de plusieurs pays occidentaux – dont le nôtre – a ainsi été désastreuse : la décision de suspendre durant deux jours, en mars dernier, les injections avec le vaccin AstraZeneca, après l'identification de plusieurs cas de thromboses (dont on n’est toujours pas arrivé à démontrer le lien avec le vaccin) a cassé une campagne de vaccination qui avait déjà du mal à démarrer du fait du public concerné bien trop limité et des pénuries. Personne ne niera un risque de complications, bien que statistiquement infime (et inférieur à celui existant pour la « pilule »), mais cette suspension était inutile dans le sens où si un doute réel avait existé il n’aurait pas été levé en deux jours d’études : en définitive, cela a simplement jeté l'opprobre sur le vaccin, l’AstraZeneca et les autres. Désormais la défiance à l’égard de ce vaccin n’a abouti qu’à deux choses : des stocks non utilisés par dizaines de milliers qui vont être périmés et perdus ; un sentiment de mépris social dans une partie de la population médicale (nous y reviendrons), puisque ce vaccin était alors proposé en priorité aux infirmiers et aides-soignants alors même que médecins et chefs de service se voyaient proposer du Pfizer ou du Moderna…

Qui rappellera également que l’ARN messager ne sort pas du chaudron d’une sorcière ? Selon certains de nos concitoyens, les scientifiques manqueraient de recul sur la technologie employée par les vaccins, à savoir l'ARN messager pour Pfizer-BioNTech et Moderna et les vecteurs adénoviraux pour Janssen et AstraZeneca. Or l'ARN messager est une technologie connue depuis les années 1990, utilisée en immunothérapie et contre le cancer. Cette découverte scientifique permet d'aller beaucoup plus rapidement pour proposer une solution : avec des vaccins classiques, on en serait encore à faire des tests pré-cliniques. Les travaux sur les vaccins ont également été accélérés grâce aux recherches sur le premier syndrome respiratoire aigu sévère (Sars) identifié au début des années 2000. L'ARN messager disparaît de la cellule très rapidement après son introduction, donc il ne persiste pas ; même chose pour les particules lipidiques, vecteurs de l'ARN messager. Quant aux vaccins à vecteurs adénoviraux Janssen et AstraZeneca, là aussi, les spécialistes certifient leur fiabilité : de tels vaccins existent depuis de nombreuses années, pour lesquels on n'a pas eu de problème particulier, notamment contre Ebola.

Avec les préventions actuelles et les théories ou argumentations fantaisistes qui circulent aujourd’hui abondamment, l’éradication de la variole ou de la polio aurait été impossible. Pourtant la protection de la société en ces temps de pandémie passe par la vaccination. Au-delà du risque individuel posé par une absence de vaccination, se pose aussi un risque collectif : continuer à laisser circuler le virus lui permet de continuer de se diversifier, avec le danger de nouveaux variants, qui pourraient être capables de résister davantage aux vaccins ou de contourner le système immunitaire. La vaccination est la seule réelle alternative : on ne saurait confier utilement notre avenir à la seule responsabilité individuelle de la prudence, de la limitation des interactions sociales et du respect des gestes barrières, car non seulement notre société ne tiendrait pas longtemps à ce régime déshumanisant et désocialisant mais elle n’empêcherait pas la diffusion et les mutations multiples du virus. À ce titre, la vaccination mondiale est indispensable et les réticences de l’exécutif français et de l’UE à la levée des brevets est coupable ! On ne saurait répondre à l’urgence sanitaire dans les pays en voie de développement par la seule charité ou le programme de don COVAX : il faut pouvoir produire partout et massivement sans se préoccuper des intérêts privés des industries pharmaceutiques.

Le mépris social contre notre bien-être collectif

Le rapport entre insuffisance de la vaccination et milieu social a été démontré à grand renfort de cartes et de statistiques. Cela vient couronner des années d’abandon social et géographique d’une partie de nos concitoyens : déserts médicaux et détresse éducative s’ajoutent à la détresse économique… Dans une société où l’expression est devenue minimale au point parfois de faire disparaître la nuance et la précision du langage, dans une société où l’éducation à la pensée scientifique, à la rationalité du doute a fortement régressé, un effort redoublé était nécessaire pour se rapprocher de nos concitoyens des territoires qui subissent une forme de ségrégation territoriale, des catégories populaires qui sont les plus exposées au virus car occupant des logements plus exigus, ou inadaptés à la taille du foyer, et qui n’ont pas les capacités de télétravailler ou les moyens de tenir avec le chômage partiel. Cet effort n’a pas été fait !

Pire ! Emmanuel Macron a annoncé le déremboursement des tests PCR pour le mois de septembre ! Cette mesure est invraisemblable !L’argument est simpliste : la cherté des tests incitera les catégories populaires à se faire vacciner… voilà une autre démonstration de la déconnexion macroniste du pays réel ! Les tests PCR ne sont pas une solution de facilité pour nos compatriotes, personne ne se précipite dans les pharmacies qui les proposent par effet d’aubaine selon un « principe de marché ». Les tests PCR sont un dispositif médical qui nous permet collectivement de lutter contre la pandémie. Sans effort supplémentaire pour aller au plus près de nos concitoyens dans les quartiers populaires pour faciliter l’accès à la vaccination et donc convaincre de sa nécessité et de son innocuité – et rien de ce type n’a été annoncé depuis le 12 juillet !? Pis, l’étude d’impact du projet de loi se félicite qu’il n’aura « aucun impact budgétaire notable » ce qui indique que le choix a été fait de ne rien changer –, nous n’aurons pas plus de vaccinations… mais nous aurons assurément moins de tests et nous perdrons la mesure de la diffusion de l’épidémie, un outil pour réagir à l’évolution de la situation sanitaire.

Le cas des soignants est là-aussi particulièrement emblématique. Alors que les médecins, infirmiers et aide soignants ont tenu à bout de bras face à la pandémie – dans des conditions dégradées, après des dizaines d’années de politiques libérales en matière de santé publique –, le pouvoir a cru pouvoir répondre au profond malaise (qu’il avait encore accru avec Agnès Buzyn) de ces professions et aux immenses besoins de moyens et de changement de l’hôpital public par le « Ségur de la Santé ». C’est peu de dire que cette grand messe de communication politique n’a pas convaincu la plupart des personnes concernées : versement de primes au lieu de la revalorisation des salaires et des métiers, poursuite des fermetures de lits, de postes et de services. Comment le gouvernement a-t-il pu imaginer que celles et ceux qui avaient affronté la pandémie vêtus de sacs poubelles l’en auraient tenu quitte alors que la logique suicidaire qu’il subissait était maintenue.

La pénurie de vocations s’aggrave ; les démissions et les postes non pourvus se multiplient de façon alarmante et ce bien avant l’annonce de l’obligation vaccinale. La situation est similaire dans les EHPAD. Il est urgent de renouer un dialogue sérieux, en répondant aux propositions de ceux qui font vivre notre système de santé. Sans doute, si ce dialogue avait été noué, si ces professionnels avaient ressenti de l’attention et du respect, la confiance serait bien meilleure. Si dans chaque EHPAD, dans chaque hôpital ou dans chaque clinique avaient été organisées des rencontres sur la vaccination, sans doute la conviction aurait été mieux acquise. Mais le pouvoir préfère engager une épreuve de force avec ceux qui doutent… Si la vaccination était malgré ces démarches restée insuffisante, l’obligation vaccinale aurait pu être envisagée, mais nous aurions fait l’économie de la séquence actuelle vécue par des nombreux soignants comme une forme de stigmatisation. Et cela laissera des traces alors même que notre système de santé doit être remis sur pied. Il n’est cependant pas trop tard pour faire ce qui n’a pas été fait avant et, dans toutes les structures concernées, il y a urgence à mettre en place des cellules de paroles et d’échange pour combattre les réticences, rassurer et convaincre.

Vaincre le COVID19 doit nous conduire à rassembler et non à diviser

La confiance naît du contrôle et de la coopération démocratiques

Les défaillances importantes qu’a connues notre pays dans sa réponse à la crise sanitaire vient des pouvoirs excessifs accordés au président de la République. C’était déjà contestable dès les débuts de la Vème République, cela l’est plus encore aujourd’hui. Emmanuel Macron a commencé son quinquennat en trahissant son engagement de mettre fin à l’état d’urgence consécutif aux attentats de novembre 2015 (il a duré 719 jours !) : en effet, si nous sommes formellement sortis de ce régime exceptionnel, ses principales dispositions ont été intégrées dans le droit commun. Face à la crise sanitaire et à la pandémie, la France vit dans un régime exceptionnel, qu’il soit nommé état d’urgence sanitaire ou « sortie de l’état d’urgence sanitaire » comme aujourd’hui, depuis la mi mars 2020 ; le projet de loi sur la vaccination obligatoire des soignants et l’élargissement du Pass sanitaire prolongeant le régime de « sortie de l’état d’urgence sanitaire » jusqu’au 31 décembre 2021 (il devait s’achever au 30 septembre), les 18 mois d’état d’urgence gaulliste seront à nouveau dépassés. Les régimes d’exception semblent particulièrement convenir à Emmanuel Macron.

Or dès l’instauration du premier état d’urgence sanitaire permis par la loi du 23 mars 2020, nous avions dénoncé et alerté, par la voix de nos parlementaires, les abandons excessifs concédés par le Parlement à l’exécutif. L’Assemblée nationale et le Sénat se sont bien facilement et malheureusement volontairement délestés de leurs (rares) capacités de contrôle : le gouvernement a pu agir plus librement encore que par le passé avec des obligations cosmétiques en matière d’information et de consultation du Parlement.

Les décisions sont donc prises par un homme presque seul, avec son « conseil de défense », sorte de creuset où se concocte ce que sera notre destin… Les consultations en direction des parlementaires – par l’intermédiaire de leurs présidents de groupes –, des partis politiques ou des Associations de collectivités territoriales ou d’élus locaux sont toujours purement formelles, les décisions étant déjà prises avant celles-ci. Aucune délibération collective réelle, notamment du Parlement avec transmission de toutes les informations disponibles – dans les dispositifs d’état d’urgence antérieurs, le gouvernement avait obligation d’informer le Parlement de toute décision prise dans ce cadre de leurs motivations, sous l’état d’urgence sanitaire c’est au parlement de demander précisément ce qu’il ne connaît pas et le gouvernement apprécie seul du niveau de réponse.

Il est faux de croire que la voie solitaire choisie par l’exécutif aurait le mérite de l’efficacité car il ne serait retenu par aucune pesanteur ; l’expérience nous a démontré que la présidence et le gouvernement tardaient souvent à faire preuve de réactivité quand toutes les données scientifiques indiquaient une remontée des contaminations, le renforcement des restrictions intervenant souvent au pied du mur. Une concertation et une collaboration réelle avec le parlement aurait au contraire sans doute permis une stratégie plus graduée, entraînant d’avantage d’adhésion et au final plus d’efficacité. Mais là, le parlement va être à nouveau amené à ratifier sous pression ce que le Prince Président a décidé, dans des conditions de débats indignes d’une démocratie.

Si au nom de l’intérêt général, de l’intérêt public, il convient que des restrictions ou contraintes nous soient imposées, elles ne peuvent procéder du choix d’un homme mais des représentants du peuple ! Cette pandémie ne doit pas nous habituer à ce que nous devions subir des décisions régaliennes.

* * * *

Le gouvernement doit revenir à la raison : s’il paraît nécessaire pour faire face de passer au stade supérieur pour la vaccination des soignants, il ne saurait être question d’abandonner définitivement le nécessaire travail d’information et de conviction. C’est la même chose quant aux mesures excessives qui accompagnent le Pass Sanitaire, notamment pour les adolescents et en matière de déplacements (le RER et le métro ne sont pas plus anti-COVID que le TGV ou les intercités) ; les conséquences catastrophiques que son projet de loi implique en matière de droit du travail doivent être purement et simplement abandonnées. Il en va de même de l’idée saugrenue de dérembourser les tests PCR.

Enfin, le gouvernement doit enfin engager un véritable travail d’information et de conviction au plus près de nos concitoyens, notamment dans les quartiers populaires et les communes rurales, là où la vaccination a aujourd’hui le plus de mal à convaincre, en multipliant les sites de vaccination. Plutôt qu’une logique de sanctions visant à masquer les défaillances macronistes, cet effort est indispensable et doit être engagé quoi qu’il en coûte !

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

 

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13 juillet 2021 2 13 /07 /juillet /2021 15:48

Quelques réflexions sur les annonces d'hier soir par le Prince Président...

Attention je commence par la violence sociale car le choc de la proposition qui attire l'attention sert aussi à masquer des annonces économiques et sociales brutales :
1️⃣ l'application dès le 1
er octobre de la réforme de l'Assurance-Chômage pourtant sanctionnée par le Conseil d'Etat - et les raisons pour lesquelles elle a été sanctionnée n'ont pas disparu puisque la crise sanitaire impose selon Emmanuel Macron de reporter l'application du 2e coup de latte social - juste histoire de mettre ceux de nos concitoyens frappés par la crise économique un peu plus dans la merde ;
2️⃣ l'annonce que "sa" réforme des retraites d'une violence inouïe sera reportée après la maîtrise de la pandémie (donc pour la campagne de l'élection présidentielle). Il s'agit de mobiliser le cœur de ses électeurs mêlant centre et droite qui rêvent de châtier ceux qu'ils pensent être des profiteurs. Il s'agit donc qu'un axe de campagne électorale. L'invocation de la maîtrise de la pandémie ne tient évidemment pas car elle ne suffit pas à reporter la réforme de l'assurance chômage. L'argument de la dette non plus car le conseil d'orientation des retraites a clairement indiqué qu'à long terme il n'y avait pas de problème d'équilibre, alors même que c'est ce que veut en bon néolibéral faire croire Emmanuel Macron.

Je suis convaincu par la nécessité de la vaccination, il me paraît indispensable que les soignants soient largement vaccinés pour des questions de santé collective mais nombre de mesures annoncées hier me paraissent peu applicables, ce qui va mettre (encore) l’État en porte-à-faux. Je comprends le principe de l'obligation vaccinale pour les soignants : la réalité c'est qu'en arriver là démontre l'échec de l'action gouvernementale durant toute la crise sanitaire. Qui a été exposé plus que les autres aux risques sans moyens pour y faire face ? Qui a été méprisé par le Gouvernement lors du "Grenelle de la Santé" ? à qui a-t-on proposé de l'AstraZeneca pendant que les médecins et chefs de service bénéficiaient de Pfizer ou de Moderna, au même moment où le gouvernement et Emmanuel Macron lui-même a jeté le doute sur la fiabilité de l'AstraZeneca ? Ce sont ces catégories de personnels à qui on a tant menti qui aujourd'hui rechigne tant à faire confiance aux autorités sur la stratégie vaccinale. L'obligation vaccinale est l'aveu d'échec, la démonstration des fautes et défaillances du gouvernement par lequel il a aggravé dans le pays le climat de défiance dont nous faisons aujourd'hui tous les frais.

Au moment où le président de la République annonce des sanctions prochaines sur les soignants et de fait des sanctions rapides (dès le 1er août) sur les familles qui n'auront pas avant un moment un pass vaccinal, on aurait aimé comprendre quelles actions allaient être engagées sur le terrain pour informer et convaincre, pour aller vers les publics les plus démunis de nos concitoyens, pour aller vers ceux qui n'ont pas accès à la vaccination (marginaux, SDF, etc.). La géographie de la vaccination en atteste : le Pass Sanitaire revient à reconfiner les plus modestes de nos concitoyens sans annoncer aucun effort de reconquête. Dès lors, plutôt qu’une attitude martiale, on a aurait préféré des solutions concrètes et une stratégie de planification. Qu'on ne nous dise pas que seul la menace fonctionne en arguant des 926.000 inscriptions sur DoctoLib hier soir : ce sont là encore dans les catégories sociales moyennes supérieures qui mettent d'abord en avant une supposée liberté de conviction sur les questions sanitaires qui sont sur-représentés dans ces programmations. Les catégories populaires sont laissées à elles-mêmes. Imaginons que l'intervention du résident de la République aient été anticipées, que les équipes soient d'ores et déjà sur le terrain pour convaincre et vacciner des centaines de milliers d'enfants et d'adolescents de plus de 12 ans (à qui on a longtemps interdit cette même vaccination), la réalité est que ces mêmes enfants n'auront donc pas de pass vaccinal avant 5 ou 7 semaines au plus tôt : de fait, Emmanuel Macron les a condamnés à ne pas avoir accès à certaines activités estivales essentielles, alors qu'ils ont été durement affectés par les confinements successifs ; c'est de la maltraitance !

Comment justifier que l'on supprime la gratuité des tests PCR quand c'est un outil essentiel pour suivre l'évolution de l'épidémie ? Croyez-vous qu'on fasse un test naso-pharyngé par plaisir en se disant que c'est pris en charge par la sécurité sociale ? La réalité c'est que, si rien n'est fait pour convaincre, dès l'automne des pans entiers de la population choisiront ne plus se tester et nous perdrons le contrôle de l'épidémie ! Rien n'a été dit des cas contacts desquels, notamment dans les écoles élémentaires, on exige un test à l'entrée d'une semaine d'isolement et un test de sortie ! Ma fille a été 2 fois cas contact, j'ai les moyens de payer, une grande partie des habitants de ma commune ne l'ont pas... ils choisiront donc de déclarer sur l'honneur avoir fait les tests, puisque c'est la seule que peut demander l'éducation nationale et renverront au bout de 6 jours leurs enfants non testés en classe.

Que dire du contrôle dans les supermarchés, en terrasse, dans les restos, etc. Je mets ma main à couper que les contrôles ne seront pas systématiques, voire seront inexistants... le jour où nos concitoyens auront constaté cela ils en déduiront à nouveau que la parole de l'Etat ne vaut rien. Le jour où l'on cherchera à invoquer leur raison et leur mobilisation, on ramera plus encore ! Merci Macron !

Malgré Macron et les conneries de ses groupies, allez quand même vous faire vacciner : il n'y a pas de risques, c'est cela le message principal ! Plus nous serons vaccinés, plus nous nous protégerons les uns et les autres.

Frédéric FARAVEL
conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Coordinateur national pour les pôles thématiques de la GRS

 

Emmanuel Macron se mettait en scène le 12 juillet le regard sévère dans le palais éphémère sur fond de Tour Eiffel pour ajouter le ridicule à la violence du propos

Emmanuel Macron se mettait en scène le 12 juillet le regard sévère dans le palais éphémère sur fond de Tour Eiffel pour ajouter le ridicule à la violence du propos

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30 juin 2021 3 30 /06 /juin /2021 16:35

J'ai travaillé avec Mathieu Pouydesseau et Catherine Coutard à ce texte que vous trouverez ci-dessous dans lequel nous tentons pour la Gauche Républicaine et Socialiste de tirer les leçons des deux tours des élections élections régionales et départementales des 20 et 27 juin 2021. Nous essayons de ne pas tomber dans ce qu'Emmanuel Todd a appelé dans une vidéo sur Marianne les "pitoyables sketchs" des plateaux TV post électoraux. Il est vrai que la démocratie républicaine ressemble depuis quelques années à une sorte de pièce de théâtre tant a été organisée une forme d'impuissance publique et politique volontaire.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

20 ET 27 JUIN : UN GRAND CRASH DE LA DÉMOCRATIE

Les deux tours de scrutin des élections départementales et régionales ont représenté un crash démocratique. Au moins sur cela, nous pourrons nous accorder avec tout le monde. Pour le reste ce sera bien difficile. En effet l’importance même de l’abstention rend fragile toute analyse et extrapolation sur l’état d’esprit de nos concitoyens et les conséquences éventuelles sur les scrutins nationaux de l’année prochaine.

Pourtant travailler à comprendre est une tâche essentielle.

Il ne s’agit pas d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu mais plutôt d’un point culminant dans une évolution longue sur 20 à 30 ans. La cause première est celle de l’impuissance des politiques tout particulièrement ressentie à travers les volte-face des derniers présidents de la République (Chirac et la fracture sociale, Hollande et « mon ennemi c’est la finance » ou Macron et son monde nouveau…) même si le contexte n’est pas seulement français avec la victoire idéologique du discours sur la « seule politique possible ».

Nous retenons quelques enseignements nécessaires.

PAS DE GRANDE BASCULE GÉNÉRALE

On peut retenir du second tour des élections régionales une carte de France des exécutifs quasi-inchangée. Mais c’est oublier un peu vite des mouvements dans les Régions et Collectivités d’Outre Mer : la Réunion, la Martinique et la Guyane basculent en effet à gauche. Deuxièmement, c’est également passer par pertes et profits des changements significatifs dans les conseils départementaux : le Tarn-et-Garonne, la Charente et les Côtes-d’Armor reviennent à gauche, quand plusieurs départements longtemps très ancrés à gauche basculent à droite, comme le Finistère, l’Ardèche, le Puy-de-Dôme, les Alpes-de-Haute-Provence, et surtout le plus emblématique, le Val-de-Marne, dirigé depuis 1976 par le Parti communiste français et l’union de la gauche.

Malgré tout il n’est pas exagéré de considérer que la « prime au sortant » a fonctionné : dans le contexte d’une très faible participation la mobilisation des réseaux d’élus locaux et d’animateurs locaux fidélisés a fonctionné à plein. Et pour les départementales, les sortants quand ils sont élus de terrain peuvent échapper au « tous pareils, tous impuissants ».

UNE ABSTENTION MASSIVE MAIS NON HOMOGÈNE

Les chiffres accablants (66,7% le 20 juin) cachent des réalités diverses : ce sont les jeunes et les catégories populaires qui ont boudé le plus fortement les urnes.

Depuis le soir du 20 juin 2021, journalistes et responsables politiques dissertent trop souvent entre eux des conditions accessoires qui permettraient le retour de l’esprit civique. Ainsi, la solution à l’abstention, notamment celle des « jeunes », serait le numérique. Le problème serait le caractère désuet des bureaux de vote et évidemment les millenials et leurs prédécesseurs immédiats se seraient précipités pour faire leur devoir civique s’il avait existé une application pour smartphone… Pour les « moins jeunes », il faudrait donc se replier sur le vote par correspondance (interdit – rappelons le – en 1975 en France car il y était une cause massive de fraude électorale) ou le vote obligatoire… en fonction des périodes, certains trouvent chez nos cousins ou chez nos voisins des grâces qu’ils considéraient jusqu’ici avec mépris. Le malaise est bien plus profond et la tendance ancienne.

Il existe plusieurs raisons à la fois conjoncturelles et structurelles qui participent de l’échec de ce scrutin comme de la dépression civique de notre pays et de nos concitoyens.

DES RAISONS CONJONCTURELLES … TRÈS POLITIQUES !

Choix des dates (deux week-ends de juin juste après la « libération » et en début d’été), absence inédite de campagne civique télévisée et sur les réseaux sociaux, confusion de deux scrutins très différents, nationalisation sans frais des enjeux, scandaleuse désorganisation de l’envoi des documents officiels… Tout a contribué à l’échec de ce scrutin et au doute (pour dire le moins) sur la légitimité des résultats.

En les listant on a le sentiment soit d’un sabotage volontaire soit d’une grave incompétence : dans les deux cas le ministre de l’intérieur doit être démis de ses fonctions. L’absence de principe de responsabilité des soit disant responsables politiques aggrave, épisode après épisode, la crise de confiance des électeurs et électrices.

Confier, pour partie, la distribution des professions de foi et des bulletins de vote à une entreprise privée est l’événement le plus grave et le plus marquant dans les défauts d’organisation de cette élection. Elle dénote un imbécile aveuglement idéologique : « plus efficace et moins cher, le privé » ! A contrario, elle valide l’attachement réitéré du peuple français à ses services publics et à leur qualité.

UNE DÉCENTRALISATION EN SOUFFRANCE

La démocratie locale est fortement impactée par les conséquences problématiques des réformes de la décentralisation engagées depuis 2004 et surtout depuis 2012.

La régionalisation excessive et la fusion souvent absurde des régions a ainsi déstabilisé notre édifice territorial : les électeurs peinent à saisir la pertinence des choix qui leurs sont proposés, des enjeux qu’il faut arbitrer, des compétences qui sont concernées. Plus personne ne comprend bien ce qui relève du département ou de la région, plus personne ne comprend bien dans quelle région il est et pourquoi le pays basque pourrait être géré avec la Haute-Vienne. L’absence d’information civique avant le scrutin n’a pas aidé.

Le mal s’étend à l’échelle communale car il faudrait être fou pour croire que seule la crise sanitaire avait fait fuir l’électeur au moins pour le second tour de juin 2020 : malgré l’inscription de la décentralisation dans la constitution, les simples communes ont vu leur pouvoir être de plus en plus contraint et limité par le développement de l’intercommunalité, la métropolisation, la complexification de l’action locale ou le saccage de la fiscalité locale. Les élections municipales n’attirent plus que des publics restreints et parfois motivés par les seuls enjeux de personnes ou de combats très spécifiques du type NIMBY [« not in my backyard », « pas dans mon jardin » en bon français].

Les déçus d’une action publique de plus en plus empêchée et ceux qui ne maîtrisent plus les enjeux ne se déplacent plus.

On peut tenter de résoudre certains de ces problèmes par des correctifs : séparation des scrutins, correction des excès de l’intercommunalité et de la métropolisation, abrogation des fusions régionales absurdes…

ÉVITER LES EXPLICATIONS SIMPLISTES

À ce titre, attention aux interprétations hâtives que certains, à l’orée du congrès de leur parti, sont tentés de présenter comme l’explication de la réussite de certains présidents de région… Ainsi, si dans le sud-ouest Alain Rousset et Carole Delga ont pu se payer le luxe de rejeter toute alliance à gauche au second tour, c’est peut-être moins parce que la gauche écologiste ou radicale serait un repoussoir que parce que le maillage des territoires par les élus locaux, les militants, les réseaux associatifs « amis » y a été moins atteint que dans le reste de la France.

A fortiori, dans une élection marquée par une très faible participation, la mobilisation optimum de ses réseaux est plus que jamais déterminante. Si cela n’explique pas tout, on peut croiser la carte de France des cantons au soir du 27 juin pour constater à quel point le réseau politique dans le sud-ouest du pays est resté puissant et relativement monocolore, alors qu’il est plus diffus partout ailleurs.

LE PROBLÈME PRINCIPAL OU QUAND « L’OFFRE POLITIQUE » NE RÉPOND PAS À LA DEMANDE

Pardonnez nous cette incursion dans un langage marketing. Depuis une grosse trentaine d’années, le débat politique s’enfonce dans la médiocrité intellectuelle et idéologique. La montée de l’extrême-droite et de l’abstention en sont en partie la conséquence. Depuis toutes ces années, si l’abstention s’élève inexorablement c’est que les partis politiques de droite comme de gauche ne parlent plus aux électeurs, ne parlent plus aux préoccupations concrètes mais aussi « imaginaires » des citoyens.

Il y a pour expliquer cela des raisons de structures qui vont de pair avec une forme de dépossession de la souveraineté populaire au travers d’une mondialisation supposée « heureuse » et d’une technocratisation ordo-libérale dans laquelle a dérivé la construction européenne. Les partis n’ont plus rien de conséquent à proposer aux Français car ils ont largement capitulé face à cela. Mais il y a aussi une médiocrité du discours politique et de la réflexion : il n’est qu’à regarder la faiblesse des propositions programmatiques à droite (qui se réfugie sans réflexion sur l’immigration et la sécurité car LREM lui a volé le libéralisme technocratique) ou à gauche. Déficit de réponses concrètes aux aspirations matérielles des Français, déficit de discours permettant de comprendre le monde et la direction qu’on veut lui donner ou capable de (re)construire un imaginaire collectif.

Que la gauche française se soit volontairement laissée submerger ces derniers temps par des concepts politiques anglo-américains (qui répondent essentiellement à la réalité sociologique des États-Unis d’Amérique) en dit long sur la médiocrité de l’état de réflexion idéologique et la paresse intellectuelle à gauche en France aujourd’hui. Une bonne partie de nos concitoyens nous regardent éberlués et il ne faut pas leur demander de faire le tri en cherchant ceux qui à gauche relèveraient le niveau s’ils ne sont pas invités sur les plateaux TV. L’emploi, la localisation, la nature et l’avenir de l’activité économique, les salaires, les conditions de travail, la garantie d’un logement décent et d’une santé publique accessible … mais aussi d’une tranquillité publique et d’une justice pour toutes et tous, voilà des sujets qui paraissent correspondre aux préoccupations quotidiennes et essentielles de nos concitoyens : il serait peut-être temps d’y répondre !

Personne ne viendra voter si les électeurs ne perçoivent pas les enjeux et s’ils considèrent qu’il n’y a pas de propositions politiques qui s’adressent à eux. Ce n’est pas le smartphone et des techniques de scrutin qui pallieront ces défaillances. Dans ce contexte, l’élection présidentielle est la seule dont les citoyens perçoivent encore les enjeux ; mais sans proposition politique de qualité le choix qu’ils feront sera par défaut. Alors que les scrutins des 20 et 27 juin n’ont mobilisé que le tiers le plus politisé des Français, il serait bien prétentieux de tirer des éléments signifiants sur l’évolution nationale des rapports de force politiques et sur l’ouverture de la campagne des élections présidentielle et législatives à venir.

QUELQUES DONNÉES TERRITORIALES

La carte des départementales : la gauche renforce ses positions dans le Sud-Ouest et entame la reconquête de plusieurs cantons du Nord, la droite domine de plus en plus en région parisienne, Centre, PACA et Est.

Notons que partout où au sein de la gauche la stratégie consistait pour une composante à attaquer l’autre, c’est la droite qui s’empare des départements, le basculement du dernier département communiste de la petite couronne en étant l’illustration. Le PCF connaît depuis les années 1980 une décrue politique largement analysée, qui a des causes internes et internationales… Mais il faut convenir qu’il a existé également depuis 15 ans une stratégie du PS en Île-de-France visant à accélérer cette chute en espérant remplacer le PCF. La décrue a donc été hâtée, mais on sait aussi que souvent le remplacement ne fut que superficiel. En définitive, cette logique de confrontation et de concurrence aura été un désastre pour toutes les gauches. Cette élection régionale francilienne, qui a démontré que l’électorat était bien plus unitaire que ce que prévoyaient sondages et certains états majors, marque surtout la fin de la chute, le début d’une reconstruction. Parallèlement, dans un certain nombre de cantons de centre ville, comme à Lille ou Rennes, par exemple, les candidats écologistes remplacent désormais les candidats du PS auprès des catégories professionnelles moyennes et supérieures.

Pour LREM, comme pour le RN, et ses alliés, la défaite des élections régionales est amplifiée aux départementales. LREM entraîne le MoDem dans cette déroute, et le RN perd un nombre important de cantons. C’est autant de moyens de structuration qui disparaissent. Il serait également faux de dire que LREM partait d’une page blanche : depuis 2017, le parti présidentiel pouvait compter sur le ralliement de conseillers départementaux issus du centre gauche et du centre droit. Si la majorité présidentielle prétend aujourd’hui avoir accumulé une centaine de conseillers régionaux et départementaux, il est un peu facile d’oublier qu’une bonne moitié de ces transfuges a été sanctionnée par les urnes et que le MODEM va perdre la présidence des Pyrénées-Atlantiques. Enfin, la majorité présidentielle comptait quelques 120 conseillers régionaux LREM-Modem-Agir-divers Centre sortants : ils n’en ont plus que 76.

* * * * *

En réalité, le gros des classes et milieux sociaux qui formaient la base des succès historiques de la gauche est resté à la maison. C’est aussi une des causes du recul du Rassemblement National, victime majeure et pour lui inédite de l’abstention… Il y a un potentiel considérable à mobiliser les abstentionnistes, et il sera faux de croire que cette mobilisation sera garantie par la résolution d’une simple « équation personnelle », homme ou femme. Nous restons convaincus que nos concitoyens attendent que l’on réponde à leurs préoccupations réelles et non une mise en scène de détestations réciproques et de débats hors sol. La gauche doit donc s’atteler de manière urgente à un travail de fond et démontrer ensuite qu’elle peut proposer une alternative crédible aux différentes nuances de droite, libérale, conservatrice ou extrême.

Cela vaut pour l’élection présidentielle comme pour les élections législatives qui la suivront. Sans cela, qu’elle puisse se maintenir ou non au second tour de l’élection présidentielle, il y a fort à parier que c’est toute la gauche, dans toutes ses sensibilités, qui aura des difficultés à maintenir des groupes parlementaires à l’Assemblée Nationale. La reconduction d’exécutifs départementaux ou régionaux en 2021, avec des taux de participation allant de 25 à 36 %, ne garantit pas contre la Berezina en 2022 si nous ne prenons pas le sujet à bras le corps.

La Gauche Républicaine et Socialiste n’a jamais pratiqué un discours d’exclusive, interdisant à une partie de la gauche en soi de discuter avec les autres ; elle a participé avec volontarisme à toutes les rencontres visant à engager la gauche dans l’échange, avec une priorité, travailler aux convergences d’idées pour construire le socle possible d’une unité. La GRS a gagné des cantons, obtenu des élus régionaux. C’est bien sûr le propre des soirées électorales de voir aussi des camarades échouer, parfois de peu, et cela paraît toujours injuste quand on connaît leurs engagements et leur sincérité. Mais les scores sont encourageants, ils progressent. La GRS poursuit donc son ancrage dans les territoires et nous continuerons à plaider pour la construction d’une plateforme gouvernementale des gauches. La France et les Français le méritent et surtout l’attendent.

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22 juin 2021 2 22 /06 /juin /2021 09:51

J’entends depuis quelques jours que la solution à l’abstention, notamment celle des « jeunes », serait le numérique. Le problème serait le caractère désuet des bureaux de vote et évidemment les millenials et leurs prédécesseurs immédiats se seraient précipités pour faire leur devoir civique s’il avait existé une application smartphone… Comment le dire sans être vulgaire ? Quand on désigne la Lune, l’idiot continue de regarder le doigt ! Ça marche souvent ces temps-ci.
N’y a-t-il personne pour rappeler que le malaise est plus profond et que la tendance de fond depuis les années 1980 est au choix de l’abstention ? Emmanuel Macron et ses playmobils du Palais Bourbon ont-ils à ce point réussi leur opération de dépolitisation et décérébration que ce type d’arguments affligeants en devient acceptable ?

Il existe deux problèmes l’un ayant trait aux facteurs institutionnels et pratiques, l’autre à une défaillance politique durable :
1️⃣ Concernant de nombreux scrutins, la régionalisation excessive y contribue (la fusion absurde des régions aussi), les électeurs peinent à saisir la pertinence des choix qui leurs sont proposés, des enjeux qu’il faut arbitrer, des compétences qui sont concernées. Plus personne ne comprend bien ce qui relève du département ou de la région, plus personne ne comprend bien dans quelle région il est et pourquoi le pays basque pourrait être géré avec la Haute-Vienne. L’absence d’information civique avant le scrutin n’a pas aidé. Le mal s’étend à l’échelle communale car il faudrait être fou pour croire que seule la crise sanitaire avait fait fuir l’électeur au moins pour le second tour de juin 2020 : malgré l’inscription de la décentralisation dans la constitution, les simples communes ont vu leur pouvoir être de plus en plus contraint et limité par des effets de structure profond induits par le développement de l’intercommunalité, la métropolisation, la complexification de l’action locale ou le saccage de la fiscalité locale. Les élections municipales n’attirent plus que des publics restreints et parfois motivés par les seuls enjeux de personnes ou de combats très spécifiques du type NIMBY. Les déçus d’une action publique de plus en plus empêchées et ceux qui ne maîtrisent plus les enjeux ne se déplacent plus.
On peut tenter de résoudre certains de ces problèmes par des correctifs : séparation des scrutins, correction des excès de de l’intercommunalité et de la métropolisation, abrogation des fusions régionales absurdes… mais ça ne règle pas le problème de fond.
2️⃣ Depuis une grosse trentaine d’années, le débat politique s’enfonce dans la médiocrité intellectuelle et idéologique. La montée de l’extrême-droite et de l’abstention en sont en partie la conséquence. Depuis toutes ces années, si l’abstention s’élève inexorablement c’est que les partis politiques de droite comme de gauche ne parlent plus aux électeurs, ne parlent plus aux préoccupations concrètes mais aussi « imaginaires » des citoyens. Il y a pour expliquer cela des raisons de structures qui vont de pair avec une forme de dépossession de la souveraineté populaire au travers d’une mondialisation supposée « heureuse » et d’une technocratisation ordo-libérale dans laquelle a dérivé la construction européenne. Les partis n’ont plus rien de conséquent à proposer aux Français car ils ont largement capitulé face à cela. Mais il y a aussi une médiocrité du discours politique et de la réflexion : il n’est qu’à regarder la faiblesse des propositions programmatiques à droite (qui se réfugie sans réflexion sur l’immigration et la sécurité car LREM lui a volé le libéralisme technocratique) ou à gauche. Déficit de réponses concrètes aux aspirations matérielles des Français, déficit de discours permettant de comprendre le monde et la direction qu’on veut lui donner ou capable de (re)construire un imaginaire collectif. Que la gauche française se soit complue depuis des mois dans des débats abscons sur la non-mixité, la racisation, qu’elle se soit volontairement laissée submerger par des concepts politiques anglo-américains qui répondaient essentiellement à la réalité sociologique des États-Unis d’Amérique, en dit long sur la médiocrité de l’état réflexion idéologique et la paresse intellectuelle à gauche en France aujourd’hui. Une bonne partie de nos concitoyens nous regardent éberlués et il ne faut pas leur demander de faire le tri en cherchant ceux qui à gauche relèveraient le niveau s’ils ne sont pas invités sur les plateaux TV.

Personne ne viendra voter si les électeurs ne perçoivent pas les enjeux et s’ils considèrent qu’il n’y a pas de propositions politiques qui s’adressent à eux. Ce n’est pas le smartphone qui palliera ces défaillances. Dans ce contexte, l’élection présidentielle est la seule dont les citoyens perçoivent encore les enjeux ; mais sans proposition politique de qualité le choix qu’ils feront sera par défaut.

Frédéric FARAVEL
conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Le smartphone n'est pas l'avenir de la démocratie
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16 juin 2021 3 16 /06 /juin /2021 07:35

Je publie ici le texte préparatoire qu'Augustin Belloc et Gurvan Judas ont rédigé (avec une petite participation de "votre serviteur") pour la Gauche Républicaine et Socialiste (avant l'article publié le 15 juin 2021 au soir) sur le scandale de la lâcheté politique qui entoure "l'Affaire Mila".

Frédéric FARAVEL
conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

Mila : le silence rend complice

Le procès de la jeune Mila (18 ans depuis peu), menacée de mort pour avoir vivement critiqué l'islam et « Dieu », vient de débuter. Les menaces à son encontre ont repris de plus belles ces derniers jours. La justice avait débuté son travail après que 100 000 messages à caractère violent, dont 50 000 appels au crime et menaces de mort, lui ont été expédiés.

Bien qu’elle soit sous protection 24h/24 (cas rare), la jeune femme est désormais convaincue qu’elle sera assassinée un jour ou l’autre : « Peut-être que je serai morte dans cinq ans… Je vais forcément ne pas rester en vie ». La jeune femme vie recluse pour ne pas être assassinée comme Samuel Paty, qui fut lui aussi victime d’une campagne de harcèlement numérique.

Pourtant, en République laïque, la critique, moqueuse, acerbe des croyances est un droit. Les propos mêmes vulgaires à l’endroit de ce que certains croient être un Dieu ne sont ni illégaux ni répréhensibles. Seuls la haine, la discrimination et le dénigrement d’un groupe humain, en raison de sa foi, de son origine, de sa couleur, sont punis par la loi … et les tribunaux nous le confirment assez régulièrement.

Notre pays a vu le combat des Lumières prendre une force universelle en dénonçant le supplice subi par le Chevalier de la Barre ; dans la patrie de la République laïque, nul ne devrait pourtant être en danger pour avoir dénigré les religions ou de supposées divinités. Nous regrettons que les organisations et responsables politiques – qui, au premier chef, devraient défendre Mila – brillent aujourd’hui avant tout par leur timidité, laissant à l'extrême droite un boulevard, car donnant à penser à une partie de nos concitoyens qu’elle serait la seule à défendre cette jeune femme. Pourtant l'extrême droite ne la défend en rien !

Chacun sait bien les tombereaux d’injures que Mila recevrait de sa part si elle avait tenu les mêmes propos à l’endroit du catholicisme. Pour l’extrême droite, il ne s’agit pas de défendre la liberté d'expression, mais d’utiliser le drame vécu par Mila pour dénoncer les musulmans de ce pays et camoufler un discours de haine à l’égard d’une communauté de croyants rendus ainsi collectivement complices des agresseurs. L’extrême droite réduit l’affaire Mila à cette seule facette, sans jamais rappeler les insultes homophobes dont Mila est victime. La défense de la liberté de penser a bon dos. Ainsi, le fait que certains, par électoralisme ou par lâcheté, ne défendent pas cette jeune femme attaquée à cause de son orientation sexuelle et de sa liberté de ton, de parole et de pensée, est encore plus grave.

Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Cayat, Paty, et d’autres encore : la liste des victimes que le terrorisme islamiste a fait taire par les armes est amèrement longue. Tout doit être fait pour que le nom de l’adolescente ne s’ajoute pas à cette liste.

L’affaire Mila est celle d’un triple échec de la République.

Échec de la République qui enseigne, car l’école de la République n’est pas parvenue à transmettre nos valeurs aux milliers de harceleurs, souvent très jeunes, et aux lycéens qui la côtoyaient et veulent devenir ses bourreaux.
Échec de la République qui protège, car, depuis un an, c’est la liberté de mouvement et d’étudier dont est privée cette lycéenne ; depuis un an, nos forces de l’ordre n’ont rien pu faire pour mettre fin à l’enfer qu’est devenue sa vie.
Échec de la République qui juge, car jamais on ne pourra retrouver la trace de tous les internautes qui se sont livrés à une sorte de sacrifice rituel numérique.

Des mesures protectrices de la liberté de conscience et d’expression sont nécessaires. Dans l'espace public, et sur internet qui en est l’extension, nous devons avoir les moyens de retrouver les harceleurs, les auteurs des menaces de mort, pour les sanctionner. Seuls treize des « harceleurs numériques » ont été identifiés, les autres restent couverts par l’anonymat des réseaux sociaux.

Les silencieux, les relativistes, ceux qui trouvent que Mila « exagère », ceux qui mettent sur le même plan agressée et agresseurs sont des lâches. Ils contribuent au harcèlement généralisé dont elle est victime ; ils lui mettent une cible dans le dos en admettant que les harceleurs pourraient avoir une part de vérité ; ils confortent les intolérants, les violents et les assassins.

En France, chacun a le droit d’avoir une religion et d’exercer librement son culte ; chacun a le droit d’être athée. En France, nous avons fait en sorte qu’il n’y ait plus de religion(s) d’État ; le blasphème n’y existe pas (cette catégorie n’a d’ailleurs aucune raison d’être où que ce soit). Nous faisons la différence entre le croyant et la croyance : le croyant a des droits, la croyance n'en a pas. N’importe qui peut critiquer une religion quelle qu’elle soit, bafouer et dénigrer ses dogmes ou ses rites. Le sacré ne regarde que celui qui croit, et cela est une composante non négociable de la liberté d’expression. Critiquer les religions est un droit, l’esprit critique est d’ailleurs en tout chose un devoir en République.

La République se fonde sur la primauté de la souveraineté populaire face à aux tentatives d’imposer un « droit divin » : le Peuple a fait la loi, au nom du Peuple on dit le droit et on rend la Justice. Cela seul compte ! Respecter les principes fondamentaux républicains devrait nous protéger tous.

Mila lors de son entretien accordé à "7 à 8" et diffusé le dimanche 13 juin 2021 sur TF1

Mila lors de son entretien accordé à "7 à 8" et diffusé le dimanche 13 juin 2021 sur TF1

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12 juin 2021 6 12 /06 /juin /2021 10:02

Manifester c'est bien, j'aime le faire... Proposer un projet, un programme commun d'intérêt général, aux Français sera à mon sens plus efficace pour faire reculer et battre l'extrême droite.

Depuis de nombreux mois, le débat politique tourne de manière particulièrement malsaine. La crise sanitaire que nous subissons depuis plus d’un an a produit la pire crise économique et sociale que notre pays ait connu et un état de sidération dans l’opinion publique et parmi les organisations politiques et sociales. Alors même que les dégâts sociaux de cette crise vont plonger durablement des centaines de milliers de nos concitoyens dans les difficultés et la précarité, la priorité du gouvernement a été de réduire comme jamais les libertés publiques, de contourner le Parlement et les partenaires sociaux et d’empêcher les mobilisations nécessaires pour défendre nos concitoyens et notamment les salariés. Le pouvoir accaparé par l’exécutif, n’ayons aucun doute sur le fait qu’il voudra le conserver !

Le pouvoir se livre avec l’extrême droite à une véritable course à l’échalote, mêlant mesures sécuritaires et antisociales et gesticulations inefficientes. Tout y est passé : loi sécurité globale, réforme de l’assurance chômage, loi « séparatisme » qui met à mal la laïcité sans faire reculer l’islamisme, annonce de la poursuite des privatisations, reprise prochaine de la réforme des retraites, attaques multiples contre les représentants des salariés, intimidation de responsables politiques, annonce de nouveaux reculs de la puissance publique avec la future « loi 4D »…

Jamais depuis les années 1960, notre pays n’avait connu un tel recul des libertés publiques et démocratiques. Rarement nos concitoyens n’ont affronté un tel mépris pour leurs préoccupations les plus essentielles. La crise sanitaire a démontré les conséquences délétères de décennies de politiques libérales, de démantèlement des services publics et de mise en musique de l’impuissance de l’État : un hôpital public au bord du gouffre, des services publics débordés, une technocratie absurde, une recherche exsangue, des étudiants abandonnés… la liste n’est pas exhaustive !

Les dernières semaines ont été marquées le meurtre de plusieurs agents de police. Nos concitoyens, déjà confrontés à des difficultés quotidiennes, constatent le dénuement des forces de police et craignent pour leur sécurité. Nous assistons à une dérive dangereuse dans laquelle le gouvernement privilégie une logique de répression – illustrée par la violence disproportionnée contre les gilets jaunes – plutôt que de donner les moyens dans la proximité de garantir la sécurité publique.

Tout est mis en œuvre par le pouvoir – rempart d’opérette contre l’extrême droite – pour légitimer le discours et la force de cette dernière, qui peut sans grand dommage soutenir des appels publics au coup d’État ; l’objectif est d’installer un duel que le président sortant espère à son avantage. Le Macronisme agit dans une société française blessée, fatiguée et à cran comme un pompier pyromane ! Et dans cette situation, les organisations de gauche se sont trop souvent complus sur les médias et les réseaux sociaux dans des querelles identitaires et essentialistes accessoires.

Il est temps de réagir ! Nous ne pouvons plus laisser extrême centre et extrême droite poursuivre leur numéro de duettistes sur le dos des Français !

La réponse à la crise que traverse le pays se trouve dans l’affirmation sans complexe d’une République sociale, démocratique et laïque. La gauche se doit de répondre aux attentes de nos concitoyens par des mesures de réparation économique, de justice sociale, de transformation écologique, de protection sanitaire, d’égalité territoriale, de souveraineté industrielle et pour la tranquillité publique. C’est ainsi que nous affermirons la République, que nous rétablirons la confiance des citoyens dans notre capacité collective à maîtriser notre destin. C’est la seule manière de faire reculer la peur, les égoïsmes et les tentations de repli identitaire. C’est la seule manière de réduire l’abstention qui devient le refuge massif de nombre de nos concitoyens. C’est la seule manière de reconquérir ceux qui souhaitent voter pour l’extrême droite et que nous refusons de lui abandonner en ne leur opposant que des jugements moraux.

Le camp de la liberté et de la justice sociale a besoin d’un sursaut et de réaffirmer ses priorités. Face au Macronisme et à l’extrême droite, il est temps de réaffirmer nos convictions républicaines et de redonner corps à la promesse sociale de la République française.

Ce n’est pas une manifestation un 12 juin et probablement sans lendemain qui constituera ce sursaut ; le 12 juin 2021 n’a rien d’un 14 février 1934 lorsque les manifestants des cortèges communistes et socialistes s’étaient rejoints spontanément contre le souhait de leurs leaders respectifs : le propos alors était plus direct et clair – faire barrage au fascisme qui avait tenté 8 jours plus tôt de prendre d’assaut la Chambre des Députés – que l’appel publié dans Libération le 4 mai dernier à l’initiative de La France Insoumise. Je ne doute pas que les personnalités signataires de cet appel soient sincères et n’aient pas fait le tri dans le texte qui leur était soumis, mais le propos y est confus et rappelle par trop la manifestation « contre l’islamophobie » entre novembre 2019 ; à nouveau tout est mélangé et mis sur le même plan. Que ceux qui le souhaitent aillent donc manifester, mais si nous voulons agir concrètement pour prétendre atteindre l’objectif que les signataires désignent, il ne faut pas s’en contenter.

L’extrême droite ne reculera et ne sera défaite qu’à la condition que le numéro de duettistes annoncé pour le second tour de l’élection présidentielle en 2022 n’ait pas lieu : si nous laissons Macron et Le Pen s’affronter en mai 2022, alors Marine Le Pen gagnera. La survie de la République et de la démocratie suppose d’écarter l’un comme l’autre et si possible dès le premier tour. La gauche doit donc se ressaisir et pas seulement en retrouvant le chemin de la rue, mais en se mettant au travail et en le faisant rassemblée. Oui il faut une candidature unique de la gauche qui parle au « Bloc Populaire », et pour cela ce n’est pas le choix d’un homme ou d’une femme qui est le préalable : pour s’adresser et retrouver l’écoute et la confiance de ceux que la politique – et la gauche – a désespérés (au point de douter de la démocratie elle-même), il faut un programme qui leur parle, qui parle de leurs préoccupations (et non des débats accessoires dans lesquels la gauche s’est trop souvent enferrée), qui répare notre pays, qui redresse notre économie et prépare l’avenir, qui restaure la souveraineté du peuple. Quiconque portera ensuite ce projet s’il rassemble un nouveau Front populaire pourra alors être entendu.

Le reste est narcissisme.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

La République sociale, rempart de la Démocratie et de nos Libertés
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