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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 15:00
Depuis le 16 juin 1881, l’école publique est gratuite. Depuis le 28 mars 1882, elle est obligatoire et laïque (10 et 11 ans après les décisions de la Commune de Paris, réprimée dans le sang par les Versaillais).
Ces trois conditions sont un pilier de la République, une nécessité pour son existence.
 
Or depuis trop longtemps, la gratuité est remise en cause ! Les établissements scolaires et les équipes enseignantes réclament aux élèves et à leurs familles une longue liste de fournitures scolaires parfois coûteuses indépendamment de la réalité sociale de la ville ou du village.

À Bezons, certains groupes scolaires réclament même des ramettes de papier et des mouchoirs ce qui devrait être fourni par le Ministère de l’Education nationale ! Je demande donc que l’Éducation nationale assume ses responsabilités en donnant le matériel nécessaire au travail des enseignants. Je demande aussi que la Ville de Bezons prenne en charge les fournitures scolaires de tous les élèves des écoles maternelles et élémentaires !
Cette mesure est mise en œuvre dans de nombreuses communes communistes ou socialistes (j’ai en tête par exemple la Ville de Guyancourt, dont j’ai été directeur de cabinet de 2010 à 2014), mais il est vrai que l’équipe municipale de Bezons n’est pas socialiste, pas même de gauche, mais divers droite… elle pourrait cependant faire un effort !

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste
Président du groupe municipal "Vivons Bezons"
affiche publiée par la Commune de Paris le 28 avril 1871 instaurant la gratuité de l'école publique... mesure qui ne sera reprise par la Troisième République que 10 ans plus tard

affiche publiée par la Commune de Paris le 28 avril 1871 instaurant la gratuité de l'école publique... mesure qui ne sera reprise par la Troisième République que 10 ans plus tard

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23 février 2021 2 23 /02 /février /2021 11:55

Revenant, dans une tribune parue ce mardi 23 février 2021 au matin dans Le Monde, sur la réception particulièrement houleuse de l’essai « Race et sciences sociales » de l’historien et du sociologue, un collectif d’universitaires et de militants laïques (dont je suis), dont Irène Théry, Dominique Schnapper et Christian Baudelot, alerte sur les menaces qui pèsent sur les libertés académiques.

« L’“affaire Beaud et Noiriel” est exemplaire de la dégradation de la qualité du débat public » - tribune collective

Le 5 février sortait l’ouvrage Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d’une catégorie (Agone, 432 pages, 22 €), de deux chercheurs dont les travaux, sans nécessairement faire l’unanimité, sont respectés par tous, l’un historien (Gérard Noiriel), l’autre sociologue (Stéphane Beaud). Il s’agit, dans ce livre, de mettre en évidence l’apport des sciences sociales sur les questions de la « race » et du racisme qui se trouvent aujourd’hui au cœur du débat public. Les auteurs se sont efforcés, en effet, de s’éloigner des querelles « identitaires » en mobilisant enquêtes historiques et sociologiques.

On aurait pu croire que cette démarche, qui relève du réflexe professionnel, recueillerait un large soutien de la communauté des chercheurs. Or, force est de constater qu’à quelques exceptions près le renfort se fait attendre, laissant Beaud et Noiriel seuls au front, à défendre l’autonomie et la raison d’être des sciences sociales. Sans doute peut-on le comprendre dans une conjoncture où les adversaires théoriques des deux chercheurs sont la cible de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

Manichéisme moral

C’est justement une bonne occasion d’appeler à un débat scientifique argumenté qui ne saurait se réduire aux invectives, aux insultes et, a fortiori, aux interdictions professionnelles. Or Beaud et Noiriel ont subi ce que l’on appelle dans le langage des réseaux (si peu) sociaux une shit storm, un torrent de boue qu’ont renforcé quelques recensions médiatiques fielleuses. L’« affaire Beaud et Noiriel » est exemplaire de la dégradation de la qualité du débat public et c’est en cela qu’elle nous interpelle, quoi que l’on puisse penser par ailleurs de leur ouvrage.

« L’empire de l’émotion indignée rencontre les intérêts de nombreuses entreprises de presse qui font de l’audience avec ce type de polémiques »

Les libertés académiques sont menacées par la ministre mais elles le sont aussi autrement. Beaucoup de chercheurs, a fortiori lorsqu’ils sont précaires, ont désormais peur de s’exprimer dans un débat où l’intensité de l’engagement se mesure à la véhémence de la critique et où l’attaque ad hominem tient lieu d’argument. Le manichéisme moral invite à ce genre de dérives : le « camp d’en face » et même celui d’à côté seraient, « par nature », mauvais.

L’empire de l’émotion indignée rencontre les intérêts de nombreuses entreprises de presse qui font de l’audience avec ce type de polémiques. Un tribunal médiatique siège en permanence, où les procès à charge remplacent les débats d’idées.

Dans cet état du débat scientifique, les chercheurs qui ont le courage d’aborder des questions polémiques, afin d’instiller, en intellectuels, davantage de réflexivité dans le débat public, sont voués à rencontrer le silence ou les insultes. Une chape de plomb s’abat alors sur un « débat » de plus en plus hermétique aux apports des sciences sociales, tandis que les réseaux sociaux y font régner les rapports de force.

Nous déplorons ces inquiétantes dérives qui voient la morale, l’émotion, l’attaque personnelle remplacer la réflexion, l’argumentation, l’intelligence collective. Il est urgent de garantir pour tous les chercheurs, quelles que soient leurs orientations, l’autonomie de la recherche et l’expression libre des idées sans risquer les invectives et les menaces gouvernementales et/ou le lynchage médiatique, en mettant en place les moyens politiques et juridiques de leur protection. Sinon, nombre d’entre eux privilégieront le repli dans leur « tour d’ivoire ».

Les chercheurs ont aussi leur part à prendre dans l’assainissement du débat public en étant exigeants du point de vue de l’éthique de la discussion et en ne participant pas aux campagnes publiques contre tel ou tel de leurs collègues. Lorsque le débat s’envenime, leur devoir de savant et d’intellectuel est d’appeler au calme.

Premiers signataires

About Ilsen, sociologue, chargé de recherche au CNRS ; Acker Françoise, sociologue, Pratiques. Les Cahiers de la médecine utopique ; Algut Ali, syndicaliste CGT ; Arambourou Clément, politiste, professeur agrégé de Sciences économiques et sociales ; Balland Ludivine, sociologue, maître de conférence, Université de Nantes ; Barbéris Isabelle, Maître de conférences HDR en arts de la scène, Université Paris Diderot ; Barre Philippe, syndicaliste ; Baudelot Christian, sociologue, professeur émérite, École normale supérieure ; Boisserie Etienne, historien, professeur à l’Inalco ; Bonnéry Stéphane, professeur en sciences de l'éducation, Université Paris 8 ; Boual Jean-Claude, syndicaliste et militant associatif ; Bourret Pascale, sociologue ; Bras Gérard, philosophe, professeur honoraire en première supérieur ; Pierre Bray, citoyen-militant ; Briot Raphaël, MCU-PH de Thérapeutique, Grenoble ; Bulle Sylvaine, professeure de sociologie, Paris-Diderot ; Cartier Marie, enseignante-chercheuse en sociologie ; Flavien Chailleux, fonctionnaire au ministère du travail ; Chapoutot Johann, professeur d'Histoire contemporaine, Sorbonne Université ; Charle Christophe, historien, professeur émérite, Université Paris 1 ; Chemla Patrick, psychiatre et psychanalyste, Centre Antonin-Artaud, Reims ; Chenu Alain, sociologue, Professeur émérite des universités ; Cocq François, essayiste ; Commaille Jacques, sociologue, professeur émérite à l'ENS Paris-Saclay ; Costa Olivier, directeur de recherche au CNRS, CEVIPOF ; Court Martine, sociologue, enseignante-chercheure, université Clermont-Auvergne ; Croix Alain, historien, professeur émérite des Universités ; Darras Eric, professeur des universités en science politique, IEP Toulouse ; Da Silva Clara, enseignante de philosophie, Paris ; Dazel Olivier, acoustique, Le Mans Université ; De Morgny Arnaud, juriste en droit public, Coordinateur Gauche républicaine et socialiste (GRS) Île-de-France ; Debord Delphine, conseillère municipale Le Pré Saint-Gervais (93) ; Del Volgo Marie-José, praticien hospitalier-maître de conférence (HDR) à Aix Marseille Université ; Denorme Vincent, militant associatif ; Devailly Jean-Pascal, praticien hospitalier en médecine physique et de réadaptation ; Dockès Pierre, historien, professeur honoraire, Université Lyon 2 ; Dorin Stéphane, sociologue, professeur à l’Université de Limoges ; Dormont Brigitte, professeure d’économie, Paris Dauphine ; Dubet François, sociologue, ancien directeur d’études à l’EHESS ; Dubois Vincent, professeur de sociologie et science politique, Sciences Po Strasbourg ; Dubreil Patrick, médecin généraliste, chercheur en santé au travail ; Ducange Jean-Numa, Professeur d'histoire contemporaine, Université de Rouen ; Dufoix Stéphane, Professeur de sociologie, Université Paris-Nanterre, membre senior de l'Institut universitaire de France ; Eckert Henri, professeur de sociologie, université de Poitiers ; Estivill Jean, président de l’ARAC Savigny ; Fabiani Jean-Louis, sociologue, directeur d’études à l’EHESS retraité ; Faure Sylvia, enseignante-chercheuse en sociologie ; Ferrand-Lefranc Nathalie, chirurgien-dentiste ; Firpi Sebastien, psychologue clinicien hospitalier, psychothérapeute psychanalytique, doctorant en psychopathologie clinique et psychanalyse ; Fournier Pierre, sociologue, professeur à l’université d’Aix-Marseille ; Frajerman Laurent, socio-historien ; Hélène Franco, syndicaliste et magistrate ; Franco Jean-Robert, artiste peintre ; Frédéric Faravel, conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons (95) ; Garcia Sandrine, sociologue, professeure à l’Université de Bourgogne ; Gaudray Christian, président de l’UFAL ; Georges Isabelle, sociologue, IRD ; Gherchanoc Florence , historienne, professeur des universités de Paris ; Gherchanoc Riva, présidente de « Combat laïque-Combat social, fédérer le peuple » (Clcs-flp) ; Gillot Gaëlle, géographe, maîtresse de conférences, Université de Paris I ; Gingras Yves, sociologue, université du Québec à Montréal (UQAM) ; Glachant Delphine, psychiatre des hôpitaux ; Glasman Dominique, professeur émérite en sociologie, Université de Savoie ; Gori Roland, psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie à Aix-Marseille Université ; Granthomme Claudine, membre du CA de « Combat laïque-combat social, fédérer le peuple » (Clcs-flp) ; Guedj François, enseignant, militant syndicaliste ; Guillot Pascal, historien, UniversitéVersailles/Saint-Quentin-en-Yvelines ; Heyer Laurent, médecin et praticien hospitalier ; Hurard Hubert, directeur de l’École nationale d’éducation populaire, Limoges-Bordeaux ; Jamet Eric, éditeur ; Koebel Michel, professeur en sociologie à l’université de Strasbourg ; La Brasca Franck, professeur des universités à la retraite ; Laacher Smaïn, professeur de sociologie, université de Strasbourg ; Lamy Yvon, Professeur émérite de sociologie, université de Limoges ; Laval Michel, militant écologiste à Joinville (94) ; Leclerc Catherine, sociologue, Université de Poitiers ; Leflon Michèle, praticien hospitalier retraité ; Leguerinais Patrice, militant associatif ; Leroy Louisa, membre du CA de « Combat laïc – Combat social – Fédérer le Peuple » ; Long Olivier, Maître de conférences, Faculté des arts, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Luguern Liêm-Khê, historienne, professeur d’Histoire-Géographie, EHESS et Institut Convergences Migrations ; Martin Jérôme, professeur d’histoire-géographie (93), chercheur en histoire de l’éducation ; Martinais Philippe, professeur au Lycée Jean-Renoir de Bondy, syndicaliste Sud Education ; Mauger Gérard, sociologue, directeur de recherche émérite, CNRS ; Melchior Jean-Philippe, sociologue, Le Mans Université ; Merle Pierre, professeur de sociologie, Université de Bretagne Occidentale ; Misset Séverine, maîtresse de conférences en sociologue, université de Nantes ; Mitterrand Jean-Jacques, citoyen et militant ; Mitterrand Odette, professeur d’histoire retraitée ; Sacha Mokitsky, rédacteur en chef de la revue Reconstruire ; Monchatre Sylvie, Sociologue, responsable du parcours de master Inégalités Discriminations, Uni ; Moreau Gilles, professeur de sociologie, Université de Poitiers ; Mucchielli Laurent, directeur de recherche au CNRS ; Muel-Dreyfus Francine, sociologue, directrice d'études retraitée à l'EHESS ; Neveu Erik, professeur de science politique à Sciences Po Rennes ; Neyrat Frédéric, professeur de sociologie à l’université de Rouen ; Pequignot Bruno, sociologue, professeur émérite des Universités ; Pernet Damien, secrétaire général de l’Union des familles laïques (UFAL) ; Perraut-Soliveres Anne, praticienne-chercheure Pialoux Michel, sociologue ; Pierru Frédéric, chercheur en sciences humaines, CNRS ; Pigenet Michel, historien, professeur à l’Université Paris I ; Pinto Louis, sociologue, directeur de recherche CNRS ; Prost Antoine, professeur émérite (histoire contemporaine), Université Paris I ; Rigaudiat Jacques, économiste ; Riss Laëtitia, Doctorante et rédactrice en chef du média Le Vent Se Lève ; Rochex Jean-Yves, professeur émérite, Université Paris 8 ; Roza Stéphanie, chercheuse en sciences humaines, CNRS ; Rygiel Philippe, historien, ENS Lyon ; Schauder Claude, psychologue, psychanalyste, ancien professeur associé de psychopathologie clinique, Strasbourg ; Schauder Nicole, médecin de santé publique Scheffer Jean, cardiologue, militant associatif ; Schnapper Dominique, directrice d’études à l’EHESS ; Sire-Marin Evelyne,  magistrat, militante associative ; Sorignet Pierre-Emmanuel, enseignant-chercheur en sociologie ; Soury Danielle, professeure agrégée de sciences économiques et sociales ; Stambach Frédérick, médecin généralise rural à Ambazac ; Tanguy Lucie, sociologue, directrice de recherche honoraire CNRS ; Teper Bernard, co-animateur du Réseau Éducation Populaire (Rep) ; Teulières Laure, maîtresse de conférences, Université de Toulouse Théry Irène, sociologue, directrice d’Études à l’EHESS ; Tinel Bruno, économiste, maître de conférences HDR, Université Paris 1 ; Tiran André, historien, professeur émérite de sciences économiques, Université Lyon 2 ; Topalov Annie, psychanalyste ; Topalov Christian, sociologue, directeur de recherche émérite à l’EHESS ; Torrielli Richard, médecin, ancien PH des hôpitaux ; Vernaudon Julien, médecin hospitalier, Lyon ; Vézinet Monique, journal Respublica ; Vidal-Naquet Denis, professeur agrégé de SES retraité ; Vigna Xavier, Professeur d'histoire contemporaine, Université Paris-Nanterre ; Vignes Jean, militant associatif ; Wahnich Sophie, historienne et politiste, directrice de recherche CNRS ; Weber Florence, sociologue, professeure des universités, École normale supérieure.

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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 14:10
Des Lycéens bezonnais victimes de violences policières... La France n'est certes pas une dictature, mais ses citoyens subissent une grave dérive autoritaire

Je me suis rendu ce matin, mercredi 29 janvier 2020, devant l'entrée du Lycée Ronceray de Bezons pour apporter - aux côtés de Dominique Lesparre, maire PCF de la commune et tête de liste "Avec Dominique Lesparre, Vivons Bezons", et de nombreux adjoints au Maire et conseillers municipaux du groupe de gauche (de nombreux citoyens étaient également présents) - mon soutien aux lycéens qui avaient été victimes de violences policières hier.

Quels sont les faits ?

Dans toute la France, les épreuves du bac sont  largement perturbées, que ce soit par des blocages unitaires entre professeurs et élèves, autour de rassemblements pour informer les élèves et protester contre leur tenue, ou encore par la grève pure et simple de la surveillance et la mobilisation des lycéens. Le but est  simple : empêcher le bon fonctionnement des E3C, série d’épreuves de contrôle continu, qui accroissent la sélection, mettent les élèves en concurrence dès le début de l’année et vont renforcer les inégalités, notamment pour les élèves des quartiers populaires.

C'est également le cas à Bezons et les lycéens s'étaient donc rassemblés hier devant leur établissement pour manifester. Les forces de l'ordre sont donc intervenues : jusqu'ici rien qui ne soit logique... en effet la présence de policiers sur ce type de rassemblements souvent spontanés est nécessaire, ne serait-ce que pour assurer la sécurité des enfants eux-mêmes, l'entrée du lycée longeant une route très fréquentée ce qui est en soi risqué dans le cadre d'un rassemblement massif. Or, sans qu'il y ait de raisons proprement identifiées, et surtout sans que les manifestants n'aient fait preuve d'agressivité, les forces de l'ordre ont chargé ; des enfants ont été blessés en lien direct avec cette "intervention musclée" et disproportionnée. Une délégation de lycéens s'est donc rendue en mairie immédiatement et a été reçue par le maire, qui, après avoir visionné photos et vidéos, a immédiatement réagi en adressant une lettre de contestation au préfet du Val-d’Oise (ci-dessous en pièce jointe). Un élève a été sévèrement blessé au bras après avoir reçu plusieurs coups de matraques, il s'est rendu à l'hôpital et selon ses camarades interrogés ce matin portera plainte ; un autre élève a été étranglé par un policier, il est choqué et j'imagine que des démarches équivalentes sont en cours.

Ces faits sont proprement inacceptables ! On sait bien que les rassemblements lycéens sont parfois délicats à gérer, mais rien ne justifiait un usage de la force, par ailleurs totalement disproportionné. Mais en l'occurrence la violence n'est pas le fait des enfants dans cette affaire.

J'avoue avoir été choqué ce matin par le comportement des policiers présents en petit nombre dans le rassemblement organisé par les lycéens eux-mêmes tout à la fois pour poursuivre leur mobilisation contre la politique conduite par le ministre de l'Education nationale et pour dénoncer les violences policières commises la veille. Il nous a semblé que notre présence était d'autant plus nécessaire ce matin pour que de tels faits ne se reproduisent pas et ce que j'ai constaté m'a renforcé dans cette analyse. Alors que le rassemblement était parfaitement calme (des prises de paroles des jeunes encadrant le rassemblement étaient construites et sans aucune agressivité) et que les forces de l'ordre étaient évidemment prévenues de la présence des membres du conseil municipal, au-delà de l'équipement classique de la police nationale, deux agents étaient équipés de lanceurs de balles de défenses (LBD, tristement célèbres, armes de guerre), ce qui au regard de la configuration des lieux était totalement inapproprié et représentait en cas de réaction malvenue de l'un d'entre eux un risque grave de blessures. Les policiers se sont mis à filmer les élèves rassemblés ce qui est une forme d'intimidation ; ils ont tenu des propos parfaitement irrespectueux à l'égard des adultes présents sur place pour s'assurer du bon déroulement de l'événement "ne parlez pas avec ces gens-là !" - ces gens-là étaient des élus locaux, des cadres territoriaux, etc. (!?) ; aucun des agents des forces de l'ordre ne portait son matricule réglementaire ; le commissaire divisionnaire d'Argenteuil est venu avec une morgue invraisemblable accuser le Maire d'organiser "un coup politique", ce à quoi on peut facilement rétorquer que s'il n'y avait pas eu de "coups" portés hier sur les élèves il n'y aurait pas eu de "coup politique" si on peut appeler ainsi l'action d'un maire venu s'assurer de la sécurité des jeunes de sa commune. Plusieurs enseignants nous ont indiqué avoir été la veille par le même responsable qualifié d'"inutiles". Tout cela fleure bon le "nous ne sommes pas dans le même camp !" du Préfet Lallement à Paris à l'endroit d'une manifestante sexagénaire pacifique.

Il y a ici un détournement et un dévoiement patenté des missions de sécurité - alors que nous avons besoin d'une police RÉPUBLICAINE forte et nombreuse pour assurer le maintien de l'ordre et la sécurité publique -, qui plus est en menaçant des enfants ; cette situation est particulièrement inquiétante et révélatrice d'une dérive plus large du pouvoir actuel en France.

Je me permets de développer mon propos plus bas.

Lettre adressée le 28 janvier 2020 au Préfet du Val-d'Oise par Dominique Lesparre, maire de Bezons

Comme il en a pris l'habitude lorsqu'il est en difficulté (ce qui est de plus en plus fréquent), Emmanuel Macron a réagi depuis l'étranger pour parler de politique intérieure et lancer une nouvelle provocation. Ainsi en Israël, il a indiqué à un certain nombre de journalistes : "Aujourd’hui s’est installé dans notre société, et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature [sic] ! La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature c’est un régime où l’on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez !" Il faudra sans doute un jour étudier quel rapport intime le Prince Président Emmanuel Macron entretient avec le personnage d'OSS117 interprété par Jean Dujardin pour faire de telles sorties.

Le président de la République n'a décidément aucune empathie pour son propre peuple et refuse ouvertement de comprendre le désarroi d'une part croissante de nos concitoyens s'exprimant sous la forme évidemment excessive du "nous ne sommes plus en démocratie", qui traduit confusément le malaise qui existe concrètement sur les dysfonctionnements de notre démocratie.

Il est tout de même patent - et nous l'avons vu à plusieurs reprises ces deux dernières années - que de nombreux ressors démocratiques de notre pays ne fonctionnent plus,
1- que les causes soient antérieures à l'élection d'Emmanuel Macron (l'idée même que l'extrême droite serait désormais abonnée au second tour de l'élection présidentielle en est un symptôme évident) et qu'il n'ait rien fait pour le réparer (bien au contraire) :
⭕️ c'est le cas du renforcement du caractère présidentiel de notre régime institutionnel, avec une Assemblée nationale qui n'a plus aucune autonomie vis-à-vis de l'exécutif et n'entend plus l'expression populaire, avec un mode de scrutin qui amène de manière de plus en plus caricaturale une minorité à bénéficier d'une majorité parlementaire écrasante ;
⭕️ c'est le cas de la dérive ordo-libérale de la construction européenne, qui empêche des gouvernements démocratiquement élus de mener (essentiellement dans les domaines économiques et sociaux, car il n'y a pas eu de réactions européennes aussi fortes face aux dérives autoritaires en Pologne, Slovaquie ou Hongrie) les actions pour lesquelles les citoyens les ont mandatés...

2- que la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron introduise de dangereuses ruptures :
⭕️ les invocations à la démocratie sociale et au dialogue social de la part de l'exécutif sont peu de choses quand on mesure à quel point les syndicats, les représentants des salariés sont méprisés ; rappelons nous la "déception" exprimée par la CFDT elle-même lors des Ordonnances Pénicaud qui ont tant abîmé le droit du travail ; rappelons nous le piège tendu aux partenaires sociaux par le gouvernement sur l'assurance chômage pour justifier qu'il décide seul par décret d'évolutions qui fragilisent aujourd'hui les demandeurs d'emplois ;
⭕️ si des prémisses existaient lors de la fin du quinquennat précédent, la façon d'appliquer les doctrines de maintien de l'ordre, la violence déchaînée contre des manifestants pacifiques dans leur immense majorité avec un taux de blessés rarement vu depuis plusieurs décennies, la loi dite "anti-casseur" de 2019, les propos inacceptables d'un préfet de police, la sévérité extrême des interpellations et des sanctions contre des manifestants et des journalistes, sous des prétextes parfois douteux, face à ce que qui a été perçue comme une forme de mansuétude vis-à-vis de représentants des forces de l'ordre suspectés de bavures... tout cela crée un climat délétère.

A l'occasion de la sortie de son dernier livre Les luttes des classes en France au XXIème siècle, Emmanuel Todd a exprimé quelques éléments à prendre en compte dans notre réflexion collective : "La démocratie, c’est voter librement, parler librement (...) [nous pouvons effectivement faire cela], mais la démocratie ce n’est pas juste ça. Ce sont des conditions nécessaires. Il faut aussi pouvoir voter pour des gens qui vont être d’accord pour œuvrer pour le bien des gens qui ont voté pour eux (...) Il faut que le gouvernement élu ait la possibilité de changer les choses. Pour qu'une démocratie existe il faut que le gouvernement puisse agir.”

Il n'est donc pas étonnant que nos concitoyens, confrontés systématiquement au TINA, au discours sur l'absence d'alternative, proféré par un exécutif qui se confond sans cesse avec une forme de caste mêlant une partie de la technocratie aux intérêts financiers multinationaux, confrontés à ce discours d'impuissance sur le caractère indépassable des contraintes, en viennent à douter de la réalité de notre démocratie et finissent par considérer que la dérive autoritaire (et parfois violente) du pouvoir est inversement proportionnelle à sa capacité à agir pour le bien commun.

Frédéric FARAVEL

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 11:23

L'entretien d'hier matin sur France Inter avec Vincent Peillon puis son débat dans la foulée avec Philippe Meirieu sur la refondation de l'école républicaine ont été d'une très grande qualité. Il est dommage que le ministre de l'éducation se soit enferré dans des non réponses sur sa candidature inutile aux élections européennes, mais il faudra surtout retenir la force de la réflexion sur l'éducation et des propositions portées par le ministère, qui offrent à la communauté éducative une opportunité comme elle n'en a pas eu depuis près de 20 ans.

Vous trouverez ci-dessous les deux vidéos.

Frédéric FARAVEL


L'invité de 8h20 : Vincent Peillon par franceinter
Interactiv' : Vincent Peillon et Philippe Meirieu par franceinter

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 10:54

Rythmes-scolaires_article_main.jpgDepuis deux semaines, les médias se font l'écho de l'échec annoncé ou supposé (pour les plus cléments) de la réforme des rythmes scolaires. Chacun y va de son témoignage de parents décrivant des enfants plus fatigués qu'auparavant (on manque cependant de recul et d'études sur le sujet moins d'un mois après la rentrée scolaire), d'enseignants qui se plaignent du manque de concertation et des défauts de transversalité avec les activités périscolaires (ce dont la plupart ne s'était jamais préoccupé auparavant), ou de maires qui jurent que financièrement et organisationnellement c'est impossible à mettre en place que ce soit en 2013 ou en 2014.

Il faut cependant repartir à la base de la réforme des rythmes scolaires, qui est une partie d'une ambitieuse refondation de l'école en cours. Les écoliers français subissent des journées plus longues et plus chargées que partout ailleurs dans le monde. Cette forte concentration du temps d’enseignement est inadaptée, car c'est une source de fatigue et de difficultés d’apprentissage. La réforme doit mieux répartir les heures de classe sur la semaine, alléger la journée et programmer les enseignements lorsque la faculté de concentration des élèves est grande.

Si la volonté farouche de mettre en œuvre ce réaménagement des temps de l'élève/enfant est bien engagé depuis l'installation du gouvernement de gauche et la nomination de Vincent Peillon, comme ministre de l’Éducation Nationale, la réflexion a été menée depuis plusieurs années dans la communauté éducative et fait suite à un rapport commandé par le précédent ministre (UMP), Luc Châtel, qui avait conclu aux conséquences catastrophiques de l'imposition sous Xavier Darcos de la semaine de 4 jours. Car c'est bel et bien une réforme qui fut imposée sans concertation en 2008 et qui eut pour conséquence terrible de surcharger les journées des élèves.

Charybde et Scylla

discorde-au-plus-haut-point-entre-jean-francois-cope-zet_69.jpgAinsi, Jean-Michel Fourgous, maire ultra-libéral de la commune d’Élancourt (78), et Jean-François Copé, président de l'UMP, député et maire de Meaux (le cumul devant lui laisser le loisir de visiter son Hôtel de Ville au moins deux heures par semaine), ont-ils une démarche parfaitement hypocrite quand ils lancent une pétition pour supprimer ou reporter cette nécessaire réforme, dont le principe était déjà acté par leur propre camp politique. On sent là l'instrumentalisation politicienne qui fait peu de cas de l'intérêt des enfants et de leurs familles.

Cette agitation pétitionnaire, si inhabituelle à droite, cache une autre réalité : l'absence de culture de concertation chez les édiles de droite, l'absence de priorité à l'éducation et à l'enfance dans leurs communes.

  • Si Jean-Michel Fourgous et d'autres maires de droite qui avaient pourtant choisi septembre 2014 s'agitent aujourd’hui, c'est qu'ils n'imaginent pas assumer d'en préparer la mise en œuvre. Cette réforme est pourtant annoncée depuis l'été 2012, et discutée avec les partenaires nationaux ; le décret du 26 janvier dernier a précisé le cadre de la nouvelle organisation du temps scolaire (notamment le nombre d'heures d'enseignement maximum par jour) et des adaptations locales possibles (mercredi ou samedi, septembre 2013 ou 2014). S'il s'agissait de mettre en œuvre dans sa commune les nouveaux rythmes en septembre 2014, le maire avait au minimum 20 mois pour s'y préparer. Mais cela signifie dialoguer avec les enseignants, avec les parents d'élèves, avec les agents communes, cela suppose une culture de la concertation, et c'est insurmontable pour lui.
    Si Jean-François Copé ne veut pas assumer les coûts engendrés par la réforme des rythmes en terme d'aménagement du temps périscolaires, c'est que sa priorité politique est ailleurs. Quand il repointe le bout de son nez sa bonne ville de Meaux, le président de l'UMP a une préoccupation : montrer qu'il est un bon shérif. Le jour où son conseil municipal votait à sa demande le refus de mettre en œuvre la réforme, 17 millions d'euros étaient votés pour investir dans l'augmentation des caméras de vidéo-surveillance ou augmenter le nombre de policiers municipaux, dont les effectifs atteignent déjà 155 agents. Rappelons que Meaux compte 51 000 habitants à la louche, on laissera chacun libre de mesurer les choix budgétaires du maire de Meaux…

le-ministre-de-l-education-vincent-peillon-g-parle-le-30-se.jpgL'application de la réforme des rythmes scolaires connaît un autre écueil : confrontée à une injonction réactionnaire et démagogique sur son flanc droit, elle a fait l'objet d'une posture zélatrice d'une minorité de maires de gauche. Lorsque le Président de la République et le Premier Ministre ont annoncé que les communes pourraient choisir de n'entrer dans les nouveaux rythmes qu'en 2014, certains ont choisi de s'afficher comme «les bons élèves» du gouvernement, dénonçant parfois ceux qui choisissaient de prendre un an supplémentaire d'être des fossoyeurs de la refondation de l'école, coupables de «préférer aménager des ronds points» plutôt que d'investir dans l'éducation (je me souviens d'une sénatrice du Val-d'Oise qui a osé proférer ce genre de bêtise).

Or, ce zèle politique ou politicien a fait l'impasse sur la complexité à organiser un nombre déterminant d'acteurs au service des élèves : enseignants, parents d'élèves, associations culturelles ou sportives, agents communaux… résultats les difficultés parfois réelles relevées au début de cet article sont la conséquences directes d'une impréparation et parfois d'une improvisation. Improvisation budgétaire comprise, puisque ces municipalités n'ont eu que quelques mois pour évaluer les coûts supplémentaires qu'impliquaient la réforme, balayant l'obstacle en comptant sur l'aide financière (50€ par élève et par an) promise aux communes précoces.

On pourra toujours dire que les erreurs commises parfois avec légèreté par les zélateurs serviront de contre-exemple aux prochaines, mais elles ont pris le risque inconséquents de dévaloriser l'ensemble de la refondation de l'école dans l'opinion publique.

Que faire ?

adapter-les-rythmes-scolaires-c-est-possible-81848.pngL'éducation doit être l'une des priorités absolues de la puissance publique à tous les échelons d'intervention. L'effort budgétaire doit être conséquent tant au niveau de l’État, des Régions, des Départements ou des Communes.

Si l'on veut mettre en place avec un contenu pédagogique de qualité les nouveaux rythmes scolaires, le coût supplémentaire pour une année budgétaire équivaut à 350 000 € minimum pour une commune de 30 000 habitants, pour peu que celle-ci ait déjà une pratique avancée des politiques de l'enfance.

La question financière n'est donc pas anodine. Le gouvernement ferait donc bien d'entendre ces quelques nécessités :

  • maintenir sur plusieurs années l'accompagnement financier (50€ par élève et par an) de la mise en œuvre de la réforme et de l'étendre aux communes qui entreront dans le droit commune en septembre 2014 ;
    la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales (4,5 Mds € en 3 ans) est évidemment contre-productive dans ce contexte. Leur maintien permettrait tout à la fois de consolider l'investissement porté par les collectivités (66% de l'investissement public) et l'effort budgétaire de celles-ci sur le social et l'enfance ;
    il faut renforcer et rationaliser les dispositifs de péréquation financière entre collectivités pour réduire le procès en inégalité territoriale.

Le maître mot du dossier se résume ensuite à des questions de méthode, de cadre et de projet.

Concernant la méthode, il convient de prendre le temps et de faire l'effort d'écouter l'ensemble des partenaires : directeurs d'établissements, équipes enseignantes, associations et fédérations de parents d'élèves, animateurs périscolaires et au-delà tous les services municipaux dont les conditions de travail doivent évoluer (pour 30 000 habitants, vous aurez entre une douzaine et une quinzaine de services différents : techniques, animation, restauration, propreté, et j'en passe…), évidemment associations – et pas seulement celles qui seraient amenées à intervenir dans les activités périscolaires si c'est la pratique locale de le leur confier, mais aussi toutes les associations culturelles et sportives dont les horaires et les services pourraient évoluer au regard des modifications des temps d'une bonne partie de leur public.

Le dialogue et la concertation, cela ne se résume à une grand messe rapidement mené, mais c'est la nécessité d'organiser des dizaines de rendez-vous, de passer des dizaines avec les différents interlocuteurs, parfois de manière croisée, pour faire de la pédagogie sur l'objet de la réforme et trouver ensemble les solutions. Ça prend du temps, c'est parfois tendu, mais in fine sur 20 mois de préparation, c'est la garantie d'une démarche partagée.

Il faut donner des cadres. Les témoignages qui s'étendent sur la fatigue accrue des enfants ont souvent un point commun : la multiplication des rythmes différents d'une journée à l'autre. Un élève, surtout au plus jeune âge, surtout si au regard du territoire concerné les parents sont contraints de partir tôt ou de rentrer tard au travail – ce qui implique dans tous les cas que les enfants ont des journées longues –, a besoin de bornes précises et identifiées dans sa journée : il doit savoir qu'il entrera dans l'accueil périscolaire du matin à telle heure, que la classe commencera à telle heure, que la pause méridienne dure de telle à telle heure, que la classes de l'après-midi s'achève à l'heure dite pour laisser place aux activités périscolaires… et qu'on ne lui impose pas chaque jour un rythme différent.

La demi-journée supplémentaire d'enseignement doit être choisie avec soin et le débat ne peut être celui d'un choix brut entre le mercredi ou le samedi. Il faut trouver un moyen objectif d'évaluer les conséquences de chaque choix et la manière dont les familles s'y adapteront. On peut très bien bâtir sur ces bases avec les associations de parents d'élèves un questionnaire permettant de faire réfléchir les parents sur leur organisation et leur préférence en fonction des différents cas de figure ; si cet outil est construit en concertation avec les associations, il a deux avantages : celui de faire la pédagogie des conditions complexes de mise en œuvre des nouveaux rythmes (au-delà du «moi ça m'arrange comme ça»), celui d'objectiver la perception des enjeux par les familles.

Rythmes-scolaires_SEB_2187.jpgPour conclure, il faut effectivement appuyer la réforme des rythmes scolaires sur un projet éducatif de territoire réel. Cela implique que les activités périscolaires ne soient pas de la garderie maquillée ; que les équipes pédagogiques d'animation périscolaire disposent des temps suffisant pour mettre en œuvre des activités cohérentes et suivies (le midi, l'après-midi, le mercredi – toute la journée ou l'après-midi) ; que les directions périscolaires travaillent en transversalité avec les équipes enseignantes (on retrouve ici la nécessité du dialogue et de la concertation préalables).

Cela implique aussi qu'on sache tenir compte du rythme de l'enfant. La réforme vise à alléger le nombre d'heures d'enseignement dans une journée et à travailler sur la concentration des élèves, mise à mal dans le format antérieur. On allège pas la journée d'enseignement pour bombarder l'enfant d'occupations qui l'épuiseront tout autant. La peur du vide peut tuer la réforme. Dans cette conception, la pause méridienne est capitale : les enfants doivent disposer de temps de restauration sereins et suffisants ; ils doivent avoir accès bien sûr durant ce temps à des activités de qualités préparées dans les conditions que l'on a décrites plus haut, mais ils doivent également pouvoir profiter d'un temps de repos. La journée de l'élève est suffisamment longue en raison des contraintes économiques et sociales que chacun connaît dans notre société pour que l'on puisse aménager de manière utile son droit à la paresse.

* * *

Il est temps de sortir des caricatures d'une droite hypocrite et des pièges que nous nous sommes nous-mêmes tendus. La refondation de l'école, dont la réforme des rythmes scolaires est une pierre essentielle, mérite mieux que les «à peu près» qui nous sont servis aujourd’hui. Il en va du bien-être et de la réussite des élèves français.

Frédéric FARAVEL

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 14:49

musee-educ.gifAprès avoir voulu la création du musée en 1982, le conseil général du Val-d’Oise a voté le 18 janvier dernier une subvention limitée à 30.000 € pour 2013 et la clôture de ses engagements financiers et matériels au 31 décembre.

La conséquence de cette décision est la suppression des 4 postes associatifs et le licenciement immédiat des salariés qui travaillent sur les collections, assurent la sécurité, l’accueil, l’accompagnement des 8.000 visiteurs annuels. C’est aussi la remise en question d’une programmation établie, d’une centaine de visites déjà réservées, d’actions éducatives en cours.

Ce musée c’est :

  •     Un musée de société
  •     Un patrimoine témoin de l’histoire de l’éducation et de l’enseignement
  •     Des collections issues du territoire
  •     Un espace de recherche ouvert à tous, reconnu par les universitaires
  •     Des expositions pour sensibiliser à l’évolution du système éducatif
  •     Un espace de médiation pour comprendre les transformations de la société
  •     Un service éducatif à l’écoute de tous les publics
  •     Des activités pédagogiques pour les élèves de tous niveaux d’enseignement
  •     Un accompagnement à la formation des enseignants
  •     Des actions en lien avec l’éducation artistique et culturelle
  •     Un lieu de création artistique, d’innovation pédagogique
  •     Un équipement culturel de proximité avec un rayonnement régional
  •     Un travail en réseau avec les associations
  •     Des animations, des stages, des conférences
  •     Des rencontres suivies de débats, des spectacles thématiques
  •     Des donateurs, des salariés, des bénévoles, des artistes et des professionnels
  •     Un musée tourné vers le présent et l’avenir

Et un site internet www.musee-education.ac-versailles.fr où vous trouverez un descriptif détaillé de nos actions et des difficultés actuelles !

Une journée portes ouvertes aura lieu le 2 février 2013 de 11h à 18h

Mobilisons-nous

Ce projet scientifique, pédagogique et culturel doit continuer à vivre ! Une solution pour l’avenir doit être trouvée ! Nous demandons aux élus, aux collectivités, à l’État d’agir de toute urgence pour la sauvegarde du musée.

Signez la pétition

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 09:04

Duflot_Titon_Paris11_31-05-2012.jpgCécile Duflot, candidate d'Europe Ecologie / Les Verts et du Parti Socialiste dans la 6ème circonscription de Paris pour les élections législatives, a organisé chaque jeudi des ateliers citoyens au sein desquels les habitants pouvaient venir débattre et faire partager leurs réflexions sur les projets de la gauche pour le pays.

Hier soir, dans l'école de la Rue Titon (XIème arrondissement), se déroulait l'atelier citoyen consacré à la priorité donnée à la jeunesse par la gauche et le nouveau président de la République.

J'animais une des trois tables rondes prévus pour accompagner les discussions, celle consacrée à l'école et intitulée "Redonner à l'école les moyens de faire vivre l'égalité des chances" (au passage j'aurais préféré qu'on y substitut l'expression "égalité république", bien plus pertinente).

Vous trouverez ci-dessous le rapport que j'ai rédigé pour rendre compte des débats du soir et qui développe la courte présentation orale que j'ai faite en conclusion qui ne pouvait évidemment être totalement fidèle à l'intensité de nos discussions.

Vous trouverez également ici un tableau comparatif des différents programmes de gauche (EELV, Eva Joly, Accord PS-EELV, PS, François Hollande) sur ce thème, ainsi que le document préparatif élaboré par l'équipe de campagne de Cécile Duflot (télécharger ici).

bonne lecture,

Frédéric Faravel


I- Débat sur l'accueil et le rôle de la maternelle :
 

Le programme de François Hollande et du PS proposent de favoriser la scolarisation dès deux ans pour les familles qui le souhaitent ; le Programme du PS envisage également de rendre obligatoire l'accueil en maternelle à partir de 3 ans.

L'ensemble des participants de la table ronde ont insisté sur la notion d'accueil et de socialisation au sein de l'école maternelle, notion différente de celle de la scolarisation qui pourrait éventuellement faire entrer de trop jeunes enfants dans une logique de compétition et de sélection, et sans doute d'échec pour ceux qui ne sont pas issus de milieux aisés. L'école maternelle doit donc se recentrer sur son rôle, qui n'est pas de commencer à apprendre à lire avant l'école élémentaire, mais d'éveiller l'enfant sur le monde qui l'entoure, l'autre (l'adulte qui n'est pas un parent comme l'enfant), les temps de la journée, etc.

Des avis divergents se sont exprimés sur l'accueil des enfants de moins de 3 ans à l'école maternelle, certains avançant que les professionnels de la petite enfance y étaient unanimement critiques voire opposés ; l'accueil en maternelle à cet âge est alors présenté comme un pis aller face aux offres insuffisantes en mode de garde et en crèches, notamment dans les quartiers populaires.

Cependant, là où l'accueil « précoce »des enfants en maternelle est encouragé, les familles sont satisfaites, il n'est pas vécu comme un mode de garde de remplacement (les territoires concernés développent souvent en parallèle une politique publique importante en direction de la petite enfance) et il s'adresse souvent à des familles issues des classes moyennes.

Les programmes écologistes et socialistes insistent l'un comme l'autre sur la nécessité de développer une politique volontariste en parallèle concernant la petite enfance.

Tous les participants se sont accordés sur l'importance du rôle de l'école maternelle, alors que celle-ci a été mise à mal par les 10 années de gouvernement de droite, et particulièrement stigmatisée sous le ministère Darcos.


II- Débat sur la pédagogie :

Une forte inquiétude s'est exprimée sur la révision des programmes réalisée hors de tout travail partenarial par les ministre Darcos et Châtel. Les programmes sont mal organisés sur le cycle et mènent à un bachotage effréné avec souvent des impasses, alors même qu'on les jugent appauvris dans certains de leurs contenus. La question des programmes d'Histoire, de Géographie, d’Éducation civique fait l'objet d'une attention particulière car la révision Darcos-Châtel porte la trace d'a priori idéologiques négatifs (la « mondialisation » est forcément heureuse, la Vème République est le meilleur régime d'Europe, le mouvement ouvrier n'est pas traité, l’État Français Vichy sont au mieux survolés).

La culture générale doit rester partie intégrante de l'enseignement jusqu'au bac ; ainsi l'Histoire et la Géographie doivent redevenir obligatoire en Tle S ; les enseignements de culture générale ne doivent pas être dévalorisés ou abandonnés dans les filières technologiques et professionnelles (certains défendant l'idée que ces filières apportent un choix supplémentaire qui peut répondre aux attentes de publics divers et qu'il ne faut pas faire l'impasse sur la question des débouchés professionnels). Il a été demandé à ce que le développement durable et l'enjeu de l'environnement soit plus pris en compte dans les programmes.

D'autres sujets ont également été abordés :

  • l'importance de la transition de l'école élémentaire vers le collège, dont la différence des modes de fonctionnement peut déstabiliser les élèves les plus fragiles (le programme PS parle de l'attention portée à la transition en 6ème) ;
  • l'importance pédagogique des projets d'établissement qui permettent aux équipes pédagogiques d'éveiller leurs élèves sur le monde extérieur et d'apprendre différemment, tout en accompagnant leur réussite scolaire. Un long exemple a été donné sur l'expérience d'une école « Agenda 21 ». L'éducation doit offrir aux enfants des choses qu'ils ne peuvent pas toujours acquérir dans leurs familles (école et hors école) ;
  • l'évaluation des élèves doit passer d'une logique de l'échec à une logique positive. « Les notes ne servent à rien ». Il faut mettre en avant une dimension collective : le groupe et l'autre sont avant tout des ressources, un soutien, plutôt qu'une comparaison. La priorité doit être donnée à la lutte contre l'échec : privilégier une pédagogie du projet qui donne à l'élève confiance dans ses propres aptitudes (plus il est jeune, mieux c'est). Il faut sortir de la culture de l'individualisme et de la compétition ;
  • il faut apprendre à l'élève à apprendre et les orientations scolaires ne doivent pas être irréversibles (restaurer les passerelles).


III- Débat sur les moyens de l'enseignement :

Il y a urgence à refondre les rythmes scolaires sur la semaine et à l'année (éviter des semaines trop intenses sans pour autant rester à la semaine de 4 jours, travailler sur le temps scolaire et les vacances sur l'année).

Les participants ont insisté sur le besoin de renforcer le dialogue entre l'école, les associations, les services périscolaires, les mouvements d'éducation populaires : cela renvoie à la proposition écologiste (mais au-delà cf. appel de Bobigny) de consolider et d'encourager les dynamiques de projets éducatifs locaux.

S'il est important que l'effort que veut promouvoir la gauche au pouvoir pour l'éducation nationale se concentre en priorité sur le primaire et les ZEP, les participants ont noté que celles-ci étaient limitées à des territoires trop restreints.

Plusieurs participants ont défendu l'idée de développer au sein des établissements (secondaires) des activités d'éveils entre professeurs et élèves qui créent une vie scolaire en dehors des rapports traditionnels d'enseignement et de subordination enseignant-élève et des compétences directes des enseignants.


IV- Le rôle et les conditions du métier d'enseignant :

Les participants ont évidemment soutenu la fin de l'hémorragie de postes dans l'éducation nationale (77 000 postes supprimés en 5 ans) et le projet de créer 60 000 postes dans le mandat qui s'ouvre.

Si l'on s'accorde sur l'objectif de décharger les enseignants des missions qui ne relèvent pas de l'enseignement dès septembre 2013, les participants soulignent que l'enseignant conserve dans tous les cas un rôle social et qu'il doit être capable de prendre en compte la personnalité et l'environnement des élèves qu'il a en face de lui. Cependant les enseignants ne sont pas forcément aptes à traiter certaines questions : il faudra donc mettre les moyens d'accompagnement nécessaires pour créer des postes d'assistant(e)s social(e)s, d'infirmier(e)s scolaires, de psychologues et pour les équipes RASED (enseignants spécialisés et psychologues), ainsi que les EVS et AVS.

La question de la titularisation des précaires a été abordée ; mais l'accent a surtout été mis sur le rétablissement de la formation pratique et pédagogique initiale et continue des futurs enseignants. Une inquiétude existe quant aux moyens de recruter suffisamment d'enseignants correctement formés dans les années à venir alors que les outils adaptés ont été supprimés par la droite.

La nécessité de développer une « vie scolaire » plus importante implique par ailleurs que les enseignants aient les moyens de rester plus longtemps au sein de l'établissement. Et parallèlement il s'agit également de favoriser leur autonomie pédagogique.

Enfin, il a été question de lier formation et évaluation des enseignants. Les notions défendues pour l'évaluation des élèves s'appliquant également à celle des enseignants ; il s'agit de rompre avec une logique purement hiérarchique, non collective, de l'évaluation. À ce titre, l'autonomie des chefs d'établissement serait à remettre en question.

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 12:53

(VOnews.fr - 13/04/2012 11:50)

Le rectorat de l'académie de Versailles assiégé par une poignée de parents d'élèves venus faire part de leur mécontentement mercredi soir. Un rassemblement interdépartemental à l’appel de la FCPE regroupant le Val d’Oise, les Yvelines, les Hauts de Seine et l’Essonne. Le reportage de VOtv.


Rassemblement de parents d’élèves à Versailles par vonews

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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 09:52
Valérie Pécresse accuse le PS et le NPA
27 avr
2009

Ronde-avril 007   Devant le risque d'une relance de la contestation, Valérie Pécresse utilise un argument policitien pour le moins usé : c'est la faute de la gauche, et singulièrement des troskystes du NPA. C'est sur RTL, hier,  que la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche s'est livrée à ces attaques.

Voici ses déclarations, d’après dépèches : «Avoir un parti de gouvernement, comme le parti socialiste, qui ne condamne pas les violences, qui ne condamne pas les blocages universitaires, qui n'appelle pas à la reprise des cours et à la tenue des examens, excusez-moi mais çà me choque». «Le parti socialiste, en partie par opportunisme politique, en partie par peur de se faire dépasser sur sa gauche, n'a pas condamné les violences universitaires, n'a pas condamné les dégradations, n'a pas appelé au déblocage des facs, n'a pas appelé à la reprise des cours, n'a pas appelé à la tenue des examens, ne s'est pas prononcé sur la valeur des diplômes», a-t-elle ajouté. «Je suis désolé de dire à tous les universitaires qui croient que le parti socialiste défend les valeurs de l'université que pour moi ce ne sont pas les valeurs de l'université», a poursuivi la ministre.


Ces déclarations sont en mettre en relation avec les communiqués du PS et la lettre de Martine Aubry aux enseignants et chercheurs. Mais aussi, et peut être surtout, avec la situation dans les universités. Alors que la rentrée se déroule de manière chaotique - ici on reprend les cours, là non - , et que des initiatives sont toujours prises (ce soir, vers 18H, un simulacre de «fuite des cerveaux» Gare de l'Est à Paris)... le gouvernement a manifestement décidé d'écraser les dernières résistances à sa politique universitaires. Abandonnant tout espoir de convaincre ses opposants, il use de la menace sur les salaires, les examens, l'avenir des universités...  et l'accusation politicienne, pour porter ce qu'il espère être l'estocade à un mouvement qui, malgré sa force et sa durée, n'est pas parvenu à le faire reculer.

La publication des textes définitifs des décrets sur le statut des universitaires (lequel soulève toujours une polémique sur le sens précis de sa phrase sur le paiement des heures effectuées en sus du service de référence, car elle diffère de la version votée en Comité technique paritaire), le CNU et le contrat doctoral témoigne de cette volonté d'en finir au plus vite avec une contestation qui, si elle a toujours pris des formes plutôt débonnaires si l'on songe aux coups de sang des salariés de l'industrie (coupûres de gaz et d'électricité, mise à sac d'une sous préfecture par les Continental...), a sérieusement écorné l'image du gouvernement dans les milieux intellectuels et scientifiques.

Sur le fond, l’argument de Valérie Pécresse concernant le NPA qui serait «très présent dans les universités et un certain nombre de manifestations» est assez ridicule. Si quelques militants de l’ex-LCR ont participé activement à ce mouvement, l’ampleur de la contestation suppose que la grande majorité de ses activistes sont des électeurs de la gauche traditionnelle, de Bayrou, voire, pour certains milieux qui se sont opposés aux réformes sur le statut et la mastérisation, de Nicolas Sarkozy.

Quant au Parti Socialiste, si la plupart (mais pas tous...) de ses militants universitaires et enseignants chercheurs se sont fortement engagés dans ce mouvement, le mêler aux quelques initiatives «musclées» menées par de petits groupes est là aussi dérisoire.

L'argument de Valérie Pécresse sur les examens se retourne contre elle-même. De deux choses l'une : soit le mouvement de grève est très minoritaire - comme l'a soutenu également François Fillon - et auquel cas on ne voit pas comment il pourrait soulever un véritable problème pour de nombreux étudiants, soit la contestation demeure forte, et le risque de voir de très nombreux étudiants en réelle difficulté pour leur semestre réel... et alors le discours gouvernemental sur la "petite minorité" de contestataires est un mensonge.

La réalité est connue des observateurs (on espère que le cabinet de Valérie Pécresse est lui aussi au parfum...). Dans la plupart des UFR de sciences de mathématiques, informatique, physique, chimie, sciences de la Terre et de la vie (y compris médecine), même les universités les plus contestataires ont assuré l'essentiel des cours. Avec des astuces consistant à déplacer les cours les jours de grèves nationales et de manifestations, utilisant jusqu'aux samedis. En revanche, dans de nombreuses universités de sciences humaines et sociales, une grève des cours assez dures a été suivie - singuilièrement pour les trois années de licence. Avec là aussi, des différences  importantes entre filières : droit et gestion n'ont été que rarement grévistes de manière continue, alors que l'ensemble histoire, science éco, philo, langues, socio et psycho, arts, a fourni l'essentiel des arrêts longs de cours. Dans la plupart de ces UFR, de nombreux enseignants grévistes ont d'ailleurs fourni du travail à leurs étudiants, même si, en première et deuxième années, ces derniers ont dû se débrouiller seuls souvent.



Le fond du conflit demeure. En témoigne ce texte de Sauvons la Recherche publié Samedi :

Bis repetita… ? Rendez-vous le 28 avril !
N’avez-vous pas le sentiment que le gouvernement nous rejoue un air connu ? Celui qui pourtant nous a collectivement conduits à la crise majeure que traversent actuellement nos universités et nos laboratoires. Entonné en chœur par Valérie Pécresse et par François Fillon dans un duo parfaitement rodé, le refrain en est le suivant. Profitant des vacances universitaires, le gouvernement fait valider un texte contesté et tente de faire croire à l’opinion publique qu’il discute, qu’il négocie et nous entend. Ainsi, explique-t-il, grâce à la discussion et à la concertation, tous les malentendus qui auraient été à l’origine du conflit seraient désormais levés et dans toute notre communauté, le calme et la sérénité retrouvés. Toute notre communauté ? Sauf, bien sûr, rajoute-t-il, une petite minorité d’activistes. Celle que vous connaissez bien, celle des extrémistes, celle des irresponsables. Celle qui bloque les établissements, celle qui met en péril les examens ou qui serait prête à les brader pour servir ses intérêts qui, naturellement, ne peuvent être que corporatistes et/ou politiques ! Le gouvernement instrumentalise ainsi avec un parfait cynisme le danger qui pèse sur les examens des étudiants, et dont, par son incapacité à répondre à des demandes à la fois tout à fait raisonnables et clairement définies, il porte en fait l’entière responsabilité.

Reprenons donc un à un les différents dossiers en jeu, pour savoir si tous ceux qui, à de multiples reprises, sont descendus dans la rue ces deux derniers mois vont désormais pouvoir tranquillement reprendre leurs activités.

L’emploi scientifique. Nous demandions au gouvernement de rétablir les emplois supprimés en 2009 et de mettre oeuvre un plan pluri-annuel d’emplois, indispensable pour au moins trois raisons :
1-le fait que les jeunes, faute de perspectives, se détournent chaque jour un peu plus de nos carrières et que c’est l’enseignement supérieur et la recherche de demain qui sont ainsi menacés (30% de doctorants en moins pour 2017 selon les chiffres du ministère) ;
2-les nouvelles charges d’enseignements qui reviennent aux universités avec notamment le plan Licence et la mise en place du décompte des heures de TP à égalité avec les eures de TD ;
3- une crise économique grave qui devrait imposer à l’Etat de reconsidérer une politique d’emploi public dictée par des raisons purement idéologiques.

Or, qu’avons-nous obtenu ? La promesse faite par François Fillon de la non-suppression d’emplois dans les universités pour 2010 et 2011. Et pour les suppressions programmées pour 2009, une compensation financière et pérenne. Ainsi, sur ce second point, ce qui avait été possible en 2004, à savoir des créations d’emplois obtenues en avril, ne le serait donc plus en 2009. En outre, souvenons-nous des promesses que le même François Fillon, alors ministre de minisre de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, nous avait faites en 2004 : nous réclamons toujours le plan pluri-annuel promis alors ! Enfin, nous n’avons absolument aucun élément laissant présager l’absence de suppressions d’emplois dans les organismes de recherches dans les années à venir. La seule concession que nous avons pu arracher à Valérie Pécresse est l’engagement que les « chaires d’excellence » ne devraient pas se traduire par des suppressions d’emplois dans ces organismes. Nous ne pouvons donc pas renoncer !

L’arrêt du démantèlement des grands organismes de recherche
. Là, qu’avons-nous obtenu ? C’est très simple : rien ! Face à la mobilisation dans les labos, face aux revendications portées par la coordination des délégués de laboratoire, face à la grève administrative lancée par plus de 500 directeurs d’unités (une minorité d’extrémistes eux aussi…), la ministre avait pourtant promis qu’une déclaration explicite du Premier ministre dissiperait nos craintes de voir disparaître à terme des institutions essentielles et qui font en partie la force de notre recherche publique. Or, dans les propos tenus par François Fillon sur France Inter le 22 avril, non seulement il n’en a rien été, mais il a même évacué complètement cette question, faisant comme si elle n’avait jamais été au cœur de notre mobilisation. Nous ne pouvons donc pas renoncer !

Le retrait du projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs
. A en croire notre duo favori, ce texte, à la suite d’une «concertation approfondie» (selon les termes du communiqué du conseil des ministres du 22 avril) aurait été réécrit et sa nouvelle version donnerait entière satisfaction à tous. Comment répondre à tant de contre-vérités ? Pourquoi, si tel était le cas, seuls 2 des 35 représentants syndicaux que comptent le CTPU et le CSFPE auraient-ils approuvé ce texte, tous les autres s’abstenant ou votant contre ? Pourquoi tous les acteurs de la mobilisation continueraient-ils à dénoncer ce texte et notamment l’ambiguïté qui laisse ouverte - dans un contexte d’emploi scientifique décroissant- la possibilité que, pour bon nombre d’enseignants-chercheurs des disciplines à forts effectifs étudiants, la modulation de service se traduise par un alourdissement subi des heures d’enseignement au détriment de leur activité de recherche, sans même paiement d’heures complémentaires ?
L’annonce faite hier par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de la publication d’une circulaire d’accompagnement, procédure rarissime, montre que ce projet – et notamment la modulation des services qui en est le cœur - demeure plein d’ombres . Connaissant le fonctionnement des universités, nous savons que «l’accord» de l’intéressé pour la modulation n’est en rien une garantie suffisante. Nous ne pouvons donc pas renoncer !

La réforme de la formation des enseignants du secondaire et du primaire
. Le gouvernement aurait accepté de reporter d’un an cette réforme et de prendre le temps de la concertation. Or, là encore, il a choisi en réalité le passage en force. Il a décidé de contourner le refus de l’AERES d’expertiser les rares maquettes de masters «métiers de l’enseignement» déposées par certaines universités (dont plusieurs issues des établissements de l’enseignement privé) et d’entériner dès à présent leur existence. En outre, le vrai report est très loin d’être encore acquis, puisqu’une partie des lauréats du concours 2010 ne seraient pas fonctionnaires stagiaires à l’issue du concours. Enfin, comment peut-il prétendre remettre à plat la formation des enseignants, alors qu’il continue de précipiter le calendrier (puisque tout devrait être réglé à la mi-juillet), dans la plus grande confusion sur la composition et le rôle des instances chargées de cette remise à plat) ? Nous ne pouvons donc pas renoncer !

Nos demandions enfin qu’une fois ces quatre points réglés, s’ouvrent des discussions associant tous les acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur sur la loi LRU et sur le Pacte pour la recherche. Là encore, nous ne pouvons pas renoncer !
On le voit donc, la douce musique que nous chante le gouvernement est à mille lieux de la réalité. Or, si le refrain en est, comme nous l’avons dit, bien connu, la suite de la chanson prendra un autre tour qu’en 2007 lors de la promulgation de la loi LRU au cœur du mois d’août. Et ce, pour différentes raisons. - Parce que notre communauté dans son ensemble a aujourd’hui pris conscience que les réformes que le gouvernement cherche à nous imposer vont à l’encontre des évolutions souhaitables, et que ce n’est pas être immobilistes que de le dire.
A ce sujet nous vous invitons à venir débattre avec nous le 16 mai, lors de notre prochaine Assemblée Générale, des propositions que nous pouvons faire pour l’enseignement supérieur et la recherche (http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2680).
- Parce que, contrairement à ce que le gouvernement tente de faire croire, ces revendications n’émanent pas d’une petite minorité (bien évidemment partisane, cela va sans dire…) mais de l’immense majorité de notre communauté.
- Parce qu’aujourd’hui nos voix se mêlent à celles d’autres secteurs professionnels (en particulier les médecins qui, le 28 avril, le même jour que nous, défileront à Paris pour défendre l’Hôpital public) qui, dans les réformes imposées par le gouvernement, dénoncent une semblable méconnaissance de leurs missions et de leurs métiers, et un même aveuglement idéologique qui fait de la concurrence un gage d’efficacité, introduit des outils de gestion manageriale inadaptés à ces secteurs, met en place les conditions d’un désengagement financier progressif de l’Etat, démultiplie la précarité, etc.
- Mais peut-être surtout parce qu’aujourd’hui le gouvernement qui se vantait il y a peu d’avoir gagné la « bataille idéologique » l’a visiblement perdue. En effet, notre communauté s’est toute entière retrouvée sur la défense de ce qui est la valeur centrale de nos institutions et de nos missions : celle de la connaissance et du savoir. Et avoir emporté cette bataille, c’est la promesse à terme d’une victoire bien plus grande! Nous avions estimé nécessaire, il y a un an, de lancer une «Marche de tous les savoirs» pour affirmer notre fierté d’exercer ces métiers, centrés sur le savoir et la connaissance. Nous vous proposons, pour montrer votre attachement à ces valeurs, une 2ème «Marche de tous les savoirs», fin mai.
D’ici là, la mobilisation doit se poursuivre et nous vous appelons dès à présent aux journées du 28 avril et du 1er mai (http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2387). Nous vous appelons également à faire des 14 et 15 mai deux journées de lutte pour la défense de l’emploi avec manifestations, opérations labos morts et blocage des services administratifs.

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 14:27

Benoît Hamon en grande discussion avec Christophe Borgel et Philippe Dariulat

Benoît Hamon au milieu de la foule

Benoît Hamon répond à la presse (écrite ?)

Pascal Cherki est là aussi

Fanny Boyer harangue les rangs des socialistes

Comme quoi on peut manifester et avoir de belles lunettes comme Fanny...

Gérard Filoche

Bruno Julliard en pleine conversation avec Benjamin Vételé (Michaël Parpillat, en casquette à droite)

Bernard Mathonnat regarde défiler les syndicats

Bernard Mathhonat en compagnie de Pascale Didine

Matteo fait rire Pascale avec sa corne de brume et son ballon

Matteo en tête du cortège est très fier d'exhiber sa corne de brume

La preuve...
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