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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

24 novembre 2006 5 24 /11 /novembre /2006 12:14
Ian Paisley, sombre prédicateur
LE MONDE | 23.11.06 | 15h25  •  Mis à jour le 23.11.06 | 15h25

epuis un demi-siècle, Ian Paisley prête à la caricature animalière. La lippe épaisse, le menton empâté, l'oeil myope et plissé le dessinent en tortue dotée d'une infinie mémoire. Le sourire carnassier le transforme en alligator affamé de pouvoir. Et l'archaïsme de ses éternels combats d'antan évoque le dinosaure.

Depuis toujours, le tonitruant pasteur nord-irlandais s'attire aussi les sobriquets, admiratifs ou irrités. Pour ses disciples, il est le "Big Man". Le prophète qui, après avoir tant prêché "pour Dieu et pour l'Ulster", obtint sa récompense suprême en devenant, en 2003, par les urnes, le chef du premier parti unioniste de la province.

Pour tous les autres, à Belfast, Londres ou Dublin, il est le "Dr No". Sa vie égrène une litanie de refus. Non à l'évolution des moeurs. Non à l'oecuménisme religieux. Non à l'abandon de l'ancestrale domination protestante sur la minorité catholique. La dernière fois qu'il a dit "oui", raconte une blague qui court à Belfast, c'était à son mariage, il y a exactement cinquante ans.

A 80 ans, le voilà aujourd'hui face à son choix ultime : accepter ou non un partage du pouvoir avec son ennemi mortel d'hier, le Sinn Féin, l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), que dirige Gerry Adams. L'accord de Saint-Andrews, concocté par Londres et Dublin, prévoit la restauration du gouvernement et de l'assemblée semi-autonome, suspendus en 2002.

Une assemblée transitoire siégera du 24 novembre au 30 janvier 2007, avant les élections prévues le 7 mars. S'il approuve cette feuille de route, Ian Paisley deviendra premier ministre de la province. Il aura pour adjoint Martin McGuinness, le n°2 du Sinn Féin. Un duo impensable il y a quelques années.

Quel sera le "dernier hourra" du vieux pasteur ? Un cri de triomphe à l'heure du sacre ? Ou un nouveau rejet vociférant ? Consentira-t-il à devenir un homme d'Etat respectable, en admettant, comme l'affirmait un récent rapport d'experts, que l'IRA a renoncé au terrorisme de "manière irréversible" ? Ou préférera-t-il, l'air défiant et le mot railleur, emporter, comme il l'a prédit naguère, ses convictions avec lui dans sa tombe ?

Lorsque Ian Richard Kyle Paisley naît à Armagh le 6 avril 1926, la rébellion coule déjà dans ses veines. Son père, pasteur baptiste, a créé une communauté dissidente, comme l'autorise la tradition protestante. Ian prononce à 16 ans son premier sermon. Ordonné pasteur à 20 ans par son père, il fonde en 1951, à Belfast, l'Eglise presbytérienne libre d'Ulster.

Homme de Dieu, son engagement politique est le fruit amer de sa foi. Prenant la Bible au pied de la lettre, il coprésidera longtemps le congrès mondial des fondamentalistes chrétiens. Il nourrit une haine théologique pour les catholiques. Que voit-on dans une église romaine, demande-t-il : "Des légions d'images peintes, tapageuses et vulgaires. Ce sont les ornements de la grande putain de Babylone et de la "femme en rouge" (le pape)." Il fustige "l'aveuglement" de l'ennemi : "Devenez un arbre, une pierre, une bête sans raison. Vous êtes alors un catholique romain." Dans les années 1950, l'oecuménisme en vogue, d'origine protestante, pousse au rassemblement de la chrétienté. Ian Paisley exclut de "pactiser avec l'hérésie papiste". En 1963, le drapeau britannique est mis en berne après la mort de Jean XXIII. Le pasteur rameute ses partisans, fulmine contre le défunt, "cet homme de péché qui est maintenant en enfer où il crie "Alléluia !"", et défile dans Belfast. Ce sera désormais sa méthode familière : un meeting ponctué de harangues, suivi d'une marche de protestation.

L'année suivante, un autre drapeau le pousse dans la rue. A Belfast, un candidat républicain fait flotter sur son QG électoral la bannière tricolore de l'Irlande. C'est illégal. Ian Paisley menace de la retirer lui-même. La police intervient. Il s'ensuivra 3 journées d'émeutes, les premières depuis 1935. Dans la foule, un jeune homme observe et médite l'événement : Gerry Adams. L'intransigeance activiste du pasteur convaincra plus d'un catholique de rejoindre l'IRA. "Il n'a rien à craindre pour sa vie, lancera un jour un chef républicain, car il est notre meilleur sergent-recruteur."

Dans les années 1960, Paisley vitupère contre le mouvement pour les droits civiques, derrière lequel il voit la main de l'IRA. En 1965, il bombarde de boules de neige le premier ministre irlandais. En 1968, après l'une de ses contre-manifestations, il passe 6 semaines en prison. En 1969, l'Irlande du Nord s'enfonce dans une guerre civile qui fera 3 500 morts en près de 30 ans. L'Eglise de Ian Paisley regroupe maintenant plusieurs milliers de fidèles, petits agriculteurs et ouvriers. En 1970, il entre à la Chambre des communes et, un an plus tard, crée le Parti unioniste démocratique (DUP), qu'il dirige d'une main de fer. Pourfendeur des accords de Sunningdale (1974), qui donnent à Dublin un droit de regard sur le Nord, Paisley contribue à leur sabotage en organisant des grèves ouvrières.

Prédicateur-né, la parole est son arme, et ses discours sont des sermons, servis par une voix de gravier qui gronde et tempête de rage. Grand, massif, le cheveu gominé, il déploie une gestuelle théâtrale. L'acteur nord-irlandais Liam Neeson, pourtant catholique, se souvient de l'avoir écouté, enfant, et d'y avoir découvert son goût pour le spectacle.

"Voyons, nous sommes tous les enfants de Dieu", lui faisait observer l'ancien premier ministre britannique James Callaghan. "Non, répondit Paisley, nous sommes les enfants de son courroux !" Maître de l'anathème, il brandit les métaphores bibliques. Les pharisiens et les Judas peuplent ses sombres oraisons, où rôdent des "forces puissantes", oublieuses des "Dix Commandements". Aux Communes, ce "brave serviteur de la Couronne", comme il se définit, est l'un des rares à invoquer Dieu. Aux yeux d'un peuple britannique largement déchristianisé, Paisley est un personnage anachronique surgi de la préhistoire luthérienne. Il a traité la reine de "perruche", Tony Blair de "scribouillard" et de "menteur éhonté", Margaret Thatcher de "Jézabel". C'est assez peu aimable : Jézabel était une reine d'Israël qui adorait un faux dieu et a fini mangée par les chiens.

Le 11 octobre 1988, Jean Paul II s'exprime devant le Parlement européen de Strasbourg, où Paisley a siégé pendant 25 ans. Le pasteur apostrophe le pape d'un bruyant "Antéchrist !" avant d'être expulsé. Il n'est jamais en panne d'invectives contre les "terroristes de l'IRA/Sinn Féin", ces "monstres assoiffés de sang" qui feraient bien "de porter le sac et la cendre", autrement dit d'afficher leur contrition. Les républicains, qu'il promettait naguère de "réduire en miettes", n'ont pourtant jamais été politiquement aussi forts.

Il est également inflexible avec ses rivaux protestants modérés, qu'il tient pour des traîtres en puissance. "Il est aussi unioniste que Ben Laden est un patriote américain", disait-il de l'ancien premier ministre David Trimble, qu'il a battu sévèrement aux élections législatives de 2005. Avec un tiers de tous les suffrages nord-irlandais, le DUP domine aujourd'hui le camp protestant. Fort de 9 sièges aux Communes, il est le 4ème groupe parlementaire britannique.

Farouchement hostile aux accords de paix du vendredi saint (avril 1998), Ian Paisley a su capter à son profit le désenchantement qu'ils ont suscité chez une communauté protestante en proie au doute et au ressentiment. Après avoir vu disparaître ce qui leur était cher depuis des générations, notamment l'ancienne police et le régiment royal irlandais, qu'ils dominaient, les "loyalistes" ont, à tort ou à raison, le sentiment que Londres les a tenus pour quantité politique négligeable, en privilégiant le dialogue avec le Sinn Féin.

Paisley leur paraît le mieux placé pour défendre leurs intérêts. Ils l'écoutent beaucoup moins lorsqu'il leur fait la morale. Le bigot pasteur a protesté en vain lorsque l'équipe de rugby d'Ulster a "profané le sabbat" en jouant pour la première fois le dimanche. Il n'a guère été entendu en bannissant des cérémonies de mariage la danse country, qui "avec ses attouchements et ses gestes sexuels incite à la luxure". Sa dénonciation de la sodomie, lors de la libéralisation de l'homosexualité, n'empêcha pas plusieurs dirigeants unionistes radicaux de commettre des crimes pédophiles.

Aujourd'hui, l'éternel provocateur a, certes, le cheveu blanc, le visage amaigri et l'allure frêle d'un vieillard. Mais ce politicien infatigable, apprécié de ses électeurs, catholiques compris, n'a perdu ni sa gouaille ni ses certitudes. Il fallait le voir et l'entendre au volant de son autobus, lors de sa dernière campagne électorale, le sourire conquérant et le verbe ironique. Ces derniers mois, Ian Paisley est devenu moins intransigeant envers l'ennemi d'hier. Le 9 octobre, il a même, pour la première fois, serré publiquement la main du primat catholique d'Irlande. Sera-t-il bientôt touché par la grâce de celui qu'il appelle, dans ses bons jours, "le Dieu du pardon" ?

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14 octobre 2006 6 14 /10 /octobre /2006 16:10
Unionistes et catholiques s'entendent sur
les bases d'un accord "historique"

a dernière fois que le révérend calviniste Ian Paisley a dit "oui", raconte une blague qui court à Belfast, c'est à l'occasion de son mariage, il y a 50 ans jour pour jour. Pourtant, vendredi 13 octobre, le vieux chef de la communauté protestante nord-irlandaise, surnommé de longue date "Dr No", a émis un "Oui, peut-être" prometteur.

Cet acquiescement conditionnel, s'il se confirme dans les prochaines semaines, ouvrira la voie à un partage du pouvoir entre les 2 principaux partis de la province, les Démocrates unionistes (DUP) de Ian Paisley, et, côté catholique, le Sinn Féin, l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), que dirige Gerry Adams.

Selon ce scénario optimiste, dans un peu plus de 5 mois, l'intransigeant pasteur deviendrait Premier ministre de la province et aurait comme adjoint l'un de ses ennemis de toujours, Martin McGuinness, n°2 du Sinn Féin.

Ian Paisley a accepté d'envisager cet événement, naguère impensable, à l'issue de 3 jours de négociations conduites à Saint Andrews en Ecosse par Tony Blair et son homologue irlandais, Bertie Ahern. "C'est un gain formidable", a commenté M. Blair en présentant à la presse ce qu'il tient pour "les bases d'un accord" historique. Ce plan vise à restaurer les institutions semi-autonomes d'Ulster, suspendues depuis octobre 2002.

La feuille de route proposée aux 2 camps est la suivante.

D'ici au 10 novembre, catholiques et protestants devront se prononcer sur "l'accord de Saint-Andrews". Entre-temps, le Sinn Féin devra reconnaître comme légitime la police nord-irlandaise, avec laquelle beaucoup de catholiques refusent encore de collaborer. Pendant 30 ans de guerre civile, l'IRA a abattu près de 300 policiers. Aujourd'hui, la police, en pleine réforme depuis 5 ans, compte 20% de catholiques, chiffre encore insuffisant.

Si les choses avancent comme espéré, un texte de loi sera présenté aux Communes le 21 novembre pour entériner l'accord. Ce sera ensuite au DUP d'accomplir un geste décisif en contribuant "aux alentours" du 24 novembre à la nomination du Premier ministre et du vice-premier ministre par l'Assemblée de Belfast. Cet acte symbolique ne prendra tout son sens que le 14 mars 2007, lors de la nomination du gouvernement, qui entrera en fonction le 26 mars.

Ce délai de plus de 3 mois est un geste à l'adresse du DUP. Il doit, selon M. Blair, donner le temps nécessaire aux unionistes pour vérifier que le Sinn Féin "soutient pleinement la police", chose indispensable "dans une société démocratique". Le transfert effectif de la justice et de la police à la nouvelle administration locale ne sera effectif qu'à la mi-2008. Tony Blair a aussi évoqué la nécessité d'un "soutien électoral", sous forme d'une consultation de la population, dont la nature reste à déterminer.

Vendredi, les leaders des 2 camps ont tenu des propos plutôt apaisants. "Le jour des hommes armés au gouvernement est, espérons-le, terminé à jamais, a déclaré M. Paisley. La démocratie finalement l'emporte." "Nous devons reconnaître que, peut-être, nous avons été une partie du problème", a admis M. Adams, en un rare moment de contrition. Les relations entre les 2 hommes demeurent toutefois distantes, le pasteur refusant de parler directement aux leaders du Sinn Féin.

Même s'il faut se garder d'un optimisme trop hâtif, il reste que l'accord de Saint-Andrews traduit une évolution des esprits, reflet des changements intervenus sur le terrain. Début octobre, un rapport d'experts indépendants a confirmé que l'IRA avait renoncé au terrorisme "de manière irréversible". Le 6 octobre, la reine a assisté à Belfast au démantèlement des bataillons nord-irlandais de l'armée britannique.

Le 9 octobre, Ian Paisley a, pour la première fois, serré publiquement la main du primat catholique d'Irlande. L'homme qui traitait naguère le pape d'"Antéchrist" a décidément changé.

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12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 09:52
Catholiques et protestants satisfaits de la premère journée de négociations en Irlande du Nord

es gouvernements britannique et irlandais se sont montrés optimistes mercredi soir après la première session des discussions de la dernière chance qui se tiennent à Saint Andrews, en Ecosse. "Je sens vraiment une volonté d'essayer de faire le travail dans les quelques jours qui viennent", a déclaré un porte-parole du premier ministre britannique, Tony Blair, après que ce dernier eut ouvert, mercredi 11 octobre, la réunion avec son homologue irlandais Bertie Ahern. Ces 3 jours de discussions visent à réactiver les institutions nord-irlandaises, gelées depuis 2002, en mettant d'accord les dirigeants des 2 camps d'Irlande du Nord : les républicains catholiques, qui souhaitent la réunion de l'Ulster et de l'Irlande, et les unionistes protestants, qui veulent que l'Irlande du Nord continue à faire partie du Royaume-Uni.

Gerry Adams, président du Sinn Féin, la branche politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), et le leader protestant, le pasteur Ian Paisley, chef du parti DUP, paraissaient eux aussi dans un état d'esprit positif à leur arrivée à la première session. "J'adresse mes vœux à Ian Paisley. J'espère qu'il est prêt, comme nous le sommes, à régler les problèmes. Et si c'est le cas, nous parviendrons tous à satisfaire et à représenter les gens qui nous ont donné mandat", a déclaré M. Adams. Arrivant peu après, le pasteur Paisley, connu pour son éloquence enflammée contre les catholiques – il avait décrit autrefois le pape Jean Paul II comme "l'Antéchrist" –, a lui aussi adopté un ton inhabituellement modéré. "Nous ne sommes pas ici pour nous disputer avec le Sinn Féin ou pour débattre avec le Sinn Féin. Nous sommes ici pour écouter, pour voir s'ils vont tenir leurs engagements."

NÉCESSAIRES COMPROMIS

Le ministre des affaires étrangères irlandais, Dermot Ahern, a lui aussi fait preuve d'optimisme. "Je pense que l'atmosphère est bonne. Les parties ont indiqué qu'elles étaient disposées à rechercher un accord", a-t-il remarqué, relevant que c'était la première fois depuis plus de deux ans que les deux camps se réunissaient. Les pourparlers pourraient cependant buter sur un accord sur la direction de la police et de la justice."Chaque partie devra faire des compromis. Ce qu'il nous faut, ce sont des engagements de toutes les parties d'avancer. Nous pensons qu'elles le peuvent", a encore déclaré le chef de la diplomatie irlandaise.

Les institutions semi-autonomes d'Irlande du Nord, issues de l'accord du Vendredi saint conclu en 1998, ont été suspendues en 2002 en raison d'une crise de confiance entre républicains et unionistes. Les pourparlers de Saint Andrews, qui visent à les réactiver, se déroulent sous forte pression britannique. Londres a en effet averti que si catholiques et protestants ne parvenaient pas à un accord avant le 24 novembre, l'Assemblée d'Irlande du Nord serait dissoute, et que Londres administrerait directement la province pour une période indéfinie. "Si nous n'avons pas d'accord à 100% le 24 novembre à minuit, nous fermerons Stormont", le siège de l'Assemblée d'Irlande du Nord, a déclaré Peter Hain, le ministre britannique de l'Irlande du Nord, sur la chaîne de télévision ITV. Malgré cette annonce radicale, les Britanniques semblent relativement confiants dans l'issue des pourparlers."Je crois qu'il y a maintenant une convergence sur les 2 principes qui sont au cœur de ce processus", a déclaré le porte-parole de M. Blair à la fin de la première journée.

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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 09:26
L'IRA a définitivement renoncé à la lutte armée

'IRA est désormais engagée de manière irréversible sur la voie de la paix : cette conclusion mercredi d'un rapport d'experts, qualifiée d'historique par Londres et Dublin, donne une note d'optimisme à une semaine de négociations cruciales sur l'avenir de l'Irlande du Nord.

Les gouvernements britannique et irlandais peuvent maintenant faire pression sur le chef du principal parti protestant, le tribun Ian Paisley, pour qu'il accepte de partager le pouvoir avec les élus catholiques du Sinn Féin, l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA). L'IRA "est désormais fermement engagée dans une stratégie politique, rejetant le terrorisme et les autres formes de crime", a déclaré la commission chargée de surveiller les paramilitaires, dirigée par l'ancien directeur de la CIA Dick Kerr.

L'IRA a "démantelé ses structures militaires, y compris son quartier général, les services responsables de l'approvisionnement en armes, de l'ingénierie (fabrication d'engins explosifs) et de l'entraînement""mis à pied ses volontaires et supprimé leur budget", relève pour la première fois le rapport. des militants, assure le rapport des quatre experts de la Commission indépendante de surveillance (IMC). La principale organisation clandestine d'Irlande du Nord a

LA VOIE VERS UN "RÈGLEMENT FINAL"

Londres et Dublin ont salué mercredi un rapport "d'une importance capitale" voire "historique". Peter Hain, ministre chargé de l'Irlande du Nord, a parlé de "changement irréversible et sismique". "Les conclusions positives du rapport sont d'une signification considérable", a également estimé le premier ministre irlandais, Bertie Ahern, "elles sont la preuve que les conditions de sécurité en Irlande du Nord ont changé de façon radicale"

Seuls les Démocrates unionistes (DUP) du révérend calviniste Ian Paisley semblent encore douter des intentions de l'IRA et de son aile politique. "Nous devons prendre le temps d'étudier ce rapport, des problèmes demeurent, quant à l'implication de l'IRA dans des activités criminelles notamment et Sinn Féin doit encore accepter la légitimité de la loi et de la police" en Irlande du Nord, a-t-il assuré.

La semaine prochaine, des pourparlers sont prévus à St Andrews, en Ecosse, pour tenter de remettre en route les institutions régionales en Irlande du Nord, et Peter Hain a estimé que le rapport de l'IMC "ouvrait la voie à un règlement final". Londres et Dublin ont donné jusqu'au 24 novembre aux protestants et aux catholiques pour s'entendre sur un partage du pouvoir. Sans accord au 24 novembre, l'Assemblée de Belfast, qui siège de nouveau symboliquement depuis mai, après trois ans de suspension de ses travaux, sera supprimée et l'Irlande du Nord gouvernée par Londres, avec la participation de Dublin.
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26 septembre 2006 2 26 /09 /septembre /2006 16:22
Le procès d'un des auteurs de l'attentat d'Omagh s'ouvre à Belfast

'est l'une des images-chocs de la guerre civile nord-irlandaise. On y voit une rue dévastée, encombrée de gravats et de carcasses de voitures. La scène représente la principale artère commerçante d'Omagh, petite ville de l'Ulster, après l'explosion d'une voiture piégée le 15 août 1998.

Cet attentat provoqua le pire carnage en trente ans de conflit : 29 morts et plus de 200 blessés. Il fut revendiqué, trois jours plus tard, par l'IRA véritable, un groupuscule dissident de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) partisan, contrairement à celle-ci, de la poursuite de la lutte armée dans la province. Huit ans après le drame, un seul homme, Sean Gerard Hoey, en répond devant la justice. Le procès de cet électricien de 37 ans devait s'ouvrir, lundi 25 septembre, à Belfast. A peine ouverte le 6 septembre, la première audience avait été aussitôt ajournée, un des avocats de la défense étant malade.

Le choc sans précédent provoqué en Irlande du Nord, et ailleurs, résulte d'abord du nombre et de l'identité des victimes. La moitié d'entre elles étaient des enfants. Des membres de trois générations d'une même famille furent tués, dont une mère de famille enceinte de deux jumeaux. La tragédie a eu lieu, à contre-courant de l'histoire, quatre mois seulement après les accords de paix, dits du "vendredi saint", d'avril 1998.

Mais aussi des circonstances de l'attentat et du sentiment - surgi plus tard - que la police aurait peut-être pu l'éviter, ou du moins en limiter la gravité. Après avoir reçu ce samedi après-midi-là trois coups de téléphone assez vagues, l'avertissant d'un possible attentat, la police avait évacué les magasins et regroupé la foule dans la rue, aggravant involontairement le bilan. Une demi-heure après les appels, une bombe de 250 kg faisait sauter une voiture Vauxhall bordeaux garée sur la chaussée.

En octobre 2000, un documentaire de la BBC accusa nommément les principaux instigateurs présumés de la tragédie. En juillet 2001, une taupe de la police dans les milieux républicains, Kevin Fulton, fit savoir que trois jours avant l'attentat, il avait prévenu la brigade antiterroriste de sa préparation, précisant même le nom de l'auteur et le lieu prévu pour l'explosion.

ENQUÊTE SUR L'ENQUÊTE

Ces révélations provoquèrent l'ouverture d'une enquête sur l'enquête qui se solda, en décembre 2001, par un rapport incendiaire de la médiatrice de la "police des polices", Nuala O'Loan. Ce rapport critiquait les policiers pour leurs "erreurs de jugement" et leur "manque de diligence". Il confirmait que la section antiterroriste avait été avertie à deux reprises des préparatifs de l'attentat mais n'avait pas transmis l'information à la police locale.

Un an plus tard, il est apparu aussi que les services secrets de la République d'Irlande avaient "oublié" de prévenir la police nord-irlandaise d'un possible attentat, afin de protéger une précieuse "taupe", à l'origine de l'information. L'enquête sur l'attentat d'Omagh a eu d'autres retombées. Elle a entraîné la mise en jugement de cinq membres de l'IRA véritable, dont son chef présumé, Michael McKevitt, condamné à vingt ans de prison.

Comme tous les procès liés au terrorisme en Irlande, celui de Sean Gerard Hoey se déroule sans jury, pour éviter toute pression sur d'éventuels jurés. Les familles des victimes le suivront dans un collège d'Omagh grâce à un lien vidéo. La première audience devait être consacrée à la lecture des 58 charges qui pèsent sur l'accusé. Le procès devrait durer au moins trois mois.

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