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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 13:08
Joseph Stiglitz: «Le mode de vie américain n'est pas tenable»

Joseph Stiglitz. Dernier livre paru: «Une guerre à 3000 milliards de dollars» (Fayard). Photo Reuters
Le prix Nobel d'économie revient sur le coût de la guerre en Irak et explique en quoi ce conflit a fait exploser le modèle de croissance américain, entraînant les crises planétaires que nous connaissons.
Recueilli par GRÉGOIRE BISEAU et FABRICE ROUSSELOT - Libération : samedi 7 juin 2008

Vous estimez le coût de la guerre en Irak à 3 000 milliards de dollars. L’administration Bush parle de 800 millions. D’où vient une telle différence ?

Elle provient de la façon dont vous faites l’addition. Nous prenons en compte des coûts qui sont «cachés» dans le budget du ministère de la Défense. Par exemple, du fait de l’impopularité de la guerre et parce que de nombreux soldats américains doivent aller en Irak même s’ils n’en ont pas envie, les salaires ont été augmentés pour tous les militaires. Le gouvernement ne prend en compte que les salaires des troupes présentes en Irak, alors que nous incluons la masse salariale globale des forces armées. Mais le plus important, ce sont les coûts futurs de cette guerre. Les 800 millions, nous les avons déjà dépensés. Le candidat républicain à la Maison Blanche, John McCain, pense que la plupart des troupes américaines auront quitté l’Irak en 2013. Or, selon notre calcul, la guerre nous coûte 12,5 milliards par mois. Il faut aussi considérer le coût de la démobilisation et du rapatriement des soldats et des équipements, et l’argent qu’il nous faudra dépenser pour rebâtir des forces armées aussi performantes qu’avant l’intervention en Irak. Enfin, reste le coût lié au rapatriement des soldats blessés et handicapés.

Vous évoquez aussi les coûts sociaux ?

Il y a les coûts sociaux micro-économiques et macro-économiques. Premier exemple : lorsqu’un soldat fortement handicapé revient d’Irak, souvent, l’un des membres de sa famille est obligé d’arrêter de travailler pour l’aider. Il faut alors prendre en charge cette famille et lui assurer des aides financières. En terme macro économique, il est évident que la guerre en Irak a eu un effet négatif sur l’activité américaine.

Quelles sont les conséquences de la guerre sur l’économie américaine ?

Tout d’abord, la guerre a contribué à l’augmentation des prix du pétrole. Les prix ont grimpé bien au-dessus de 100 dollars le baril et les experts les plus prudents estiment que 5 à 10 dollars de la hausse lui sont imputables. En 2002, les marchés énergétiques avaient analysé l’évolution du prix du pétrole pour les dix ans à venir. Selon eux, la production suivrait l’accroissement de la demande et le prix du baril serait relativement stable. L’Irak a totalement changé l’équation, principalement du fait de l’instabilité qui a gagné le Proche- Orient. Et l’un des effets pervers fut que les producteurs de pétrole, qui ont perçu des revenus plus importants, ont décidé pour certains de ne pas accroître leur production. Ensuite, il faut considérer les faibles retours sur investissement de cette guerre. L’argent dépensé en Irak, quand on paye une entreprise de travaux publics népalaise par exemple, ne profite pas de la même façon à l’économie américaine que si l’on construisait une école ou un parc de jeux.

L’intervention en Irak a-t-elle joué un rôle dans la crise des subprimes…

Oui, tout à fait. Le Président Bush a déclaré que la guerre n’avait rien à faire avec les problèmes économiques, que les Américains avaient simplement construit et acheté trop de maisons. Mais il faut essayer de comprendre. Parce que l’économie américaine était plus faible, la FED (Réserve fédérale) a voulu créer plus de liquidités, elle a donc décidé de garder les taux d’intérêts à des niveaux très faibles tout en laissant se développer de nombreux produits de crédits, sans aucun contrôle. Cela a permis de maintenir l’activité à un certain niveau pendant un certain temps, et cela a préservé aussi la bulle immobilière. L’économie américaine avait des problèmes et la guerre en Irak les a aggravés. Les économistes ont cru que nous étions entrés dans une nouvelle ère. La hausse du pétrole semblait ne pas affecter autant que cela l’économie, pas comme elle le faisait depuis les années 70. Mais en fait, c’est parce que l’on supportait à bout de bras cette même économie que l’effet était moindre. En un an, en 2006, plus de 900 millions de dollars ont été consacrés aux remboursements d’emprunt. C’est énorme dans une économie qui pèse 13 trillions de dollars. Le problème est que nous sommes au bord de la récession et que notre marge de manœuvre est considérablement réduite. En 2008, le déficit américain sera vraisemblablement de 500 milliards de dollars : nous n’avons plus les moyens de stimuler l’économie.

Les dépenses consacrées à l’industrie de la défense peuvent-elles avoir des effets positifs sur l’économie en matière de retombées technologiques ?

Bien sûr, certains secteurs en ont bénéficié. Mais dans sa globalité, l’argent dépensé pour la guerre n’accroît pas la productivité future des Etats-Unis. Pas de la même façon que si l’on avait investi dans les infrastructures ou la recherche. On note des bénéfices ponctuels et marginaux, dans les industries spécialisées pour les prothèses, à cause des blessés. Mais c’est sans comparaison avec les bénéfices que l’on aurait pu retirer si l’argent avait été investi dans l’amélioration de l’état de l’économie.

Peut-on parler de récession ?

Officiellement, l’économie fait face à un fort ralentissement. La crise des subprimes n’est pas terminée. Dans de nombreux cas aux Etats Unis, la valeur de l’emprunt immobilier dépasse celle de la maison. Ceux qui ne peuvent plus payer leurs emprunts sont souvent confrontés au chômage. Les gens se voient proposer des formules de crédit qui aggravent leur situation et prolongent leur endettement. On leur suggère de payer moins les trois premières années, en faisant le calcul que leur maison va prendre de la valeur et qu’ils pourront rembourser plus tard ou revendre leur bien. Seul problème : l’immobilier est en chute et tous ces montages s’écroulent. Tout cela était un leurre. De plus en plus d’emprunts s’effondrent forçant les gens à quitter leurs maisons. Et ça va continuer. Le gouvernement veut que les Américains aient confiance en leur économie. Il parle d’une situation de l’emploi stable, de croissance à 0,6 % du PIB. Mais on constate deux choses: la consommation, qui soutient la croissance, tient beaucoup à l’écoulement de stocks qui n’étaient pas vendus. Les ventes commerciales sont dans le rouge. Côté emploi, l’offre n’a pas progressé depuis six mois, il y a même moins d’heures de travail sur le marché. Un signe clair que l’économie est malade.

La crise des subprimes va-t-elle continuer à affecter l’économie européenne ?

Oui. De nombreuses banques européennes ont acheté des produits dérivés des subprimes et en subissent le contrecoup. De plus, si l’économie américaine continue à ralentir, l’une de ses rares forces restent les exportations, à cause de la faiblesse du dollar vis-à-vis de l’euro. Tout cela n’est pas bon pour l’Europe.

On assiste à une flambée des prix du pétrole, des émeutes de la faim, une crise mondiale, des menaces de récession… Est-ce une juxtaposition de crises indépendantes ou une seule et même crise ?

Ces crises sont liées entre elles, mais elles ont leur propre dimension. La crise pétrolière est liée à la situation de la guerre en Irak. Celle des subprimes, une conséquence de la guerre et de la hausse du baril. La crise alimentaire, via l’essor des bio carburants, résulte de la crise pétrolière. L’Inde a eu raison d’être très énervée lorsque George Bush avait montré du doigt les grandes économies émergentes comme responsables de la crise alimentaire mondiale. Or en matière d’agriculture, il n’y a eu aucune surprise : les Chinois ne se sont pas décidés à manger plus de céréales et de porc du jour au lendemain. La vraie surprise, l’événement totalement inattendu, c’est la guerre en Irak. Et comme le prix du pétrole a grimpé de façon soudaine et violente, les Etats-Unis ont augmenté les subventions à la production d’éthanol, entraînant la hausse des céréales…

A vous entendre, la guerre en Irak serait au commencement de toutes ces crises ?

Elle a en tout cas une grosse part de responsabilités. Peut-être que ces crises se seraient passées de toute façon, mais la guerre les a précipitées et les a amplifiées.

Pourquoi avez-vous accepté l’invitation de Nicolas Sarkozy à participer à sa commission de réflexion sur le changement des instruments de mesure de la croissance française ?

C’est une commission d’abord nationale, mais les problèmes dont on va parler sont globaux. En clair : comment mesurer les performances et le progrès social d’une économie. C’est très important car ce que vous mesurez dans les statistiques conditionne ce que vous faites en matière de politique économique. Par exemple, l’Argentine dans le milieu des années 90 donnait l’impression d’aller très très bien, notamment à travers la mesure de la croissance de son PIB. Mais cette croissance, basée sur la consommation, était financée par l’étranger et ne pouvait donc pas perdurer. D’où la crise qui a ensuite éclaté. Donc la mesure du PIB ne dit rien sur le caractère soutenable de la croissance. Et on pourrait dire aujourd’hui la même chose des Etats-Unis. L’ONU a développé un indicateur du développement humain, qui intègre ce que vous dépensez en matière d’éducation ou de santé… Et bien à l’aune de cette statistique, les Etats-unis se retrouvent la dixième économie mondiale.

Dans ce débat, la France présente-elle des spécificités ?

Je vois deux ou trois choses. D’abord, beaucoup de gens considèrent que le système de santé français, si vous le comparez à celui des Etats-Unis, est beaucoup plus performant. En terme de sécurité, de qualité et aussi d’accès aux soins, notamment pour les moins favorisés. Et cela est largement sous-évalué. Ensuite, c’est l’environnement. Les Français sont très sensibles aux questions écologiques, et le PIB n’intègre aucune trace de cela. Enfin, c’est la valeur que vous accordez aux loisirs. Dans une économie qui fonctionne bien, c’est très important qu’un chômeur qui veut travailler puisse trouver un travail rapidement. De même, un salarié qui souhaite passer plus de temps avec sa famille, doit pouvoir le faire. C’est le signe d’une société qui a choisi de profiter de la hausse de la productivité. Donc si vous mesurez le progrès social par des indicateurs économiques conventionnels, vous passez à côté de tout ça. Et la richesse que vous mesurez est bien moindre.

On est, là, très loin du modèle américain, pourtant beaucoup plus performant en terme de croissance…

Ce qui se passe aux Etats-Unis est contraire à ce qu’enseigne la théorie économique élémentaire. Selon elle, quand une économie devient plus productive, vous profitez normalement d’une augmentation du temps libre. Or, les Etats-Unis évoluent dans un sens opposé. Quelque chose ne fonctionne pas. Par ailleurs, le mode de consommation et de production américain, n’est absolument pas tenable en matière de préservation de la planète. Avec le modèle américain, le monde n’est pas viable. Dans un peu moins de cent ans, la Chine va avoir la capacité de consommer ce que consomment les Etats-Unis. Si cela devait arriver, ce serait une catastrophe pour la planète. Et comme il est impossible de dire aux pays en voie de développement, «vous allez vous restreindre pour nous permettre de continuer à consommer comme aujourd’hui», il n’y a pas d’autres choix que de changer de modèle de croissance.

Y-a-t-il une prise de conscience de cette révolution dans la société américaine ?

Ça commence à peine. Les Américains sont en train de se rendre compte qu’il va consommer moins d’essence. Mais ils n’ont pas mesuré l’amplitude de cette réduction ni ce que cela va signifier en matière de changement de comportement.

Vous êtes optimiste sur le fait que le futur président américain marquera une rupture vis-à-vis de l’administration Bush sur les questions climatiques…

Oui. Et y compris, si John Mac Cain est élu. Je suis très critique vis-à-vis de son programme économique et de sa position sur l’Irak, mais je suis convaincu qu’il est concerné depuis longtemps par le réchauffement climatique. Mais il sera toujours très attentif aux intérêts des grandes entreprises et défendra en priorité les solutions qui sont compatibles avec le mécanisme de marché, comme les permis à polluer. De toute façon, le mouvement est irréversible: il n’y a qu’à voir avec quel sérieux les autorités chinoises s’attaquent au problème. Le pouvoir central de Pékin a encore du mal à faire descendre ce message dans les provinces. Et je suis convaincu qu’on est juste au commencement d’un long processus qui ne s’arrêtera pas. Savoir mesurer et évaluer les coûts environnementaux dans la création de richesse nationale est la condition pour faire évoluer la société dans son ensemble.

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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 13:51

Si les salaires stagnent, ce n’est pas la faute des 35 heures

Interview à l’Express : Le gouvernement s’apprête à réformer les 35 heures pour la sixième fois depuis 2003. (…) le député européen accuse Nicolas Sarkozy de préparer la privatisation du système de financement des retraites et de l’assurance chômage.

Le gouvernement va faire voter une nouvelle loi pour assouplir les 35 heures. Est-ce la fin de la RTT ?
C’est pire que ça. Il s’agit d’une remise en cause de la durée légale du travail. Les entreprises pourront désormais décider librement du contingent d’heures supplémentaires, ce qui va complètement dérégler les cadences et les horaires. Ce projet de loi constitue une attaque violente contre les conditions de travail des salariés. Cette régression se cache sous le terme de “modernisation”, et ça ne fait sursauter personne.

Personne, pas même au PS…
Ce n’est pas exact. Les socialistes ont appelé à participer à la manifestation du 17 juin, à l’appel de la CGT et de la CFDT. Certaines personnalités du parti sont peut-être plus gênées que d’autres sur cette question, ce n’est pas mon cas. J’étais dans le cabinet de Martine Aubry au moment où les lois sur les 35 heures ont été votées et je suis fier de cette réforme, qui a créé près de 400.000 emplois. Je ne nie pas les difficultés d’application, mais on oublie trop souvent les bénéfices considérables que les salariés en ont tiré.

Même en terme de pouvoir d’achat?
Si les salaires stagnent, ce n’est pas la faute des 35 heures. La droite a réussi à installer l’idée selon laquelle il fallait “travailler plus pour gagner plus”. Je crois pour ma part qu’on peut gagner plus en travaillant autant. Selon les chiffres de la Comptabilité nationale, la part des profits réalisés par les entreprises, et redistribués aux actionnaires, est passée de 25% dans les années 1970 à 65% dans les années 2000. Voilà pourquoi elles n’investissent plus assez, voilà pourquoi, aussi, elles rémunèrent mal le travail. La question des salaires doit être la priorité aujourd’hui.

Comment faire en sorte que les entreprises augmentent les salaires?
Il faut instaurer une fiscalité plus pénalisante sur les dividendes pour inciter les entreprises à distribuer une part plus grande des bénéfices aux salariés. Et il faut également leur donner une obligation de résultat dans les négociations salariales qui se déroulent chaque année. Ce n’est malheureusement pas le chemin qu’a pris Nicolas Sarkozy, qui fait avec la législation du travail ce qu’il fait avec l’audiovisuel public : donner des cadeaux à ses amis, notamment le Medef. Lorsque les 35 heures ont été mises en place, des allègements de charges ont été accordés aux entreprises. Cela représente aujourd’hui 20 milliards d’euros*, qui devraient être affectés aux systèmes de retraite et d’assurance chômage. Les 35 heures sont remises en cause, mais pas ces allègements. Le patronat a le beurre, et l’argent du beurre. Nicolas Sarkozy organise la faillite du système français de solidarité pour pouvoir dire qu’il ne fonctionne plus, et le privatiser.

*NDLR. Les allègements de charge représentent bien 20 milliards d’euros, mais seuls 12 milliards correspondent à la réduction du temps de travail. Ces allègements ont été accordés pour en contrepartie du passage aux 35 heures sans baisse de salaire, et pour compenser l’harmonisation à la hausse des différents Smic intervenue entre 2003 et 2005.

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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 15:25
Plus aucun doute n’est permis. Le gouvernement s’apprête à donner le coup de grâce aux 35 heures. En ouvrant la possibilité de négocier entreprise par entreprise, la fixation du contingent d’heures supplémentaires et le repos compensateur, il n’existe plus de durée légale du temps de travail.

La seule borne qui demeure est celle fixée par les textes européens qui arrêtent le plafond hebdomadaire de la durée de travail à 48 heures. La régression est aussi ample que brutale.
A force de manier l’hypocrisie sur les 35 heures (soutien embarrassé en public et critiques en privé), à force de répéter « les 35 heures, c’est bien mais… », nous avons nous-mêmes contribué à ouvrir un boulevard à la remise en cause par la droite de la principale réforme sociale engagée depuis 1997. Les 35h00 inauguraient une forme originale de redistribution. Le modèle de développement que nous poursuivions voulait mieux articuler vie professionnelle, vie de famille et loisirs. C’est ce modèle qui s’évanouit derrière la société de marché que façonne la politique du gouvernement.

Deux syndicats ont appelé à manifester le 17 juin pour défendre les 35 h00.
Le Premier Secrétaire du parti socialiste appelait récemment à une contre offensive idéologique des socialistes. Passons aux travaux pratiques. Le premier théâtre concret d’une telle offensive consiste à affirmer publiquement et avec force, les progrès considérables permis par la réduction du temps de travail. Il consiste à réaffirmer que revenus au pouvoir, nous rétablirons les 35h00 dans leur intégrité, en améliorerons l’application et en généraliserons la portée. Les 35H00, c’est notre réforme la plus emblématique. Des millions de français jouissent de ses bienfaits tous les jours. Au-delà des arguments qui doivent nourrir le débat public et démystifier les contre vérités gouvernementales, notre place est aussi dans la rue, aux côtés des syndicats qui ont appelé à manifester pour défendre les 35H00.
Le parti socialiste doit appeler à manifester le 17 juin.

L’interview de Bernard Thibaut CGT
L’interview de François Chérèque CFDT

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 14:26
Tribune de Liêm Hoang Ngoc
Un certain discours répand l’idée selon laquelle la panne de croissance est en partie due, en France, à la faiblesse du taux d’emploi, particulièrement chez les seniors. L’économie ne peut pas produire plus parce que nos vieux, entre autres, préfèrent l’inactivité, explique-t-on. Le financement des retraites pèse alors sur les « charges » des entreprises et réduit leur compétitivité. Pour cette opinion dominante, il faut donc réformer les retraites, inciter les vieux à travailler, allonger la durée de cotisation et réduire les taux de remplacement pour éviter d’augmenter les cotisations patronales, développer les retraites par capitalisation ! Dans la perspective du rendez-vous de 2008 prévu par la loi Fillon de 2003, la Commission de Garantie des Retraites recommande ainsi l’allongement de la durée de cotisation à 41, voire 42 ans pour le régime général. Le MEDEF préconise de reculer l’âge de la retraite à 63 ans.

Ces incantations à l’allongement du taux d’activité des seniors sont pourtant largement illusoires. Le taux d’emploi des seniors plafonne à 37,8 %, loin de l’objectif des 50 % en 2010 fixé par la stratégie de Lisbonne. Il est particulièrement faible en France non pas parce que les salariés ne veulent pas travailler, mais parce que les entreprises font partir plus tôt leurs seniors, dont la productivité est réputée décroissante pour un coût salarial croissant (les salaires de fin de carrière étant plus élevés). 470 000 inactifs sont ainsi en préretraites, cessation anticipée d’activité ou dispense de recherche d’emploi. Dans le secteur privé, l’âge moyen de départ à la retraite est restée à 58,9 ans (la durée moyenne de cotisation est toujours de 37 ans !), malgré la réforme Balladur de 1993, car les entreprises remercient aussi leurs seniors pour réduire leurs coûts salariaux. Dans ces conditions, l’allongement de la durée de cotisation revient à chaque fois à écarter un nombre croissant d’agents âgés du bénéfice d’une retraite à taux plein, en raison de l’application d’une décote par annuité manquante. L’obligation de cotiser plus longtemps aura pour conséquence l’augmentation du nombre de personnes ne touchant pas une retraite à taux plein. En prévision, le gouvernement pouvait-il retarder la revalorisation de 25% du minimum vieillesse dont le pouvoir d’achat n’a cessé de se dégrader ?

L’allongement de la durée de cotisation avait pour but d’éviter d’augmenter les cotisations patronales. Une telle mesure (la revalorisation du minimum vieillesse) nécessitera à tout le moins le relèvement de la CSG, qui pèsera sur les ménages. Malgré sa flexibilité et ses « charges » allégées, le CDD senior est un échec total : seule une vingtaine de contrats ont été signés en 2007 ! Est-il d’ailleurs souhaitable qu’une société de progrès, où les gains de productivité potentiellement élevés permettent de réduire la peine au travail (la peine hebdomadaire, tout comme celle tout au long de la vie), fasse travailler plus longtemps ses anciens alors que trois millions de chômeurs frappent aux portes de l’emploi ? L’avancement de l’âge de la retraite est aussi une mesure de réduction du temps de travail étalée tout au long de la vie, qui participe du projet ô combien progressiste, rendu possible par le progrès technique, de remplacer peu à peu le gouvernement des hommes par l’administration des choses.

Le problème du financement des régimes des retraites par répartition relève alors d’un problème classique de « partage du gâteau », dans la mesure où ces régimes sont financés par des cotisations sociales assises sur le salaire. Selon le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) de 2003, la part du PIB nécessaire pour équilibrer le régime de retraite par répartition doit croître de 6,5 % d’ici à 2040 (elle doit passer de 12 à 18,5% du PIB), sous les hypothèses d’une croissance annuelle modérée, de 1,75%, et d’un taux de fécondité, relativement faible, de 1,8 enfants par femme, celui-ci conditionnant le niveau de la population active. Pour parvenir à cet objectif, l’allongement de la durée de cotisation aboutira à réduire le niveau des pensions (déjà entamé par la baisse des taux de remplacement résultant des réformes Balladur et Fillon) [1], pour les raisons indiquées précédemment. Il existe d’autres solutions possibles. Le relèvement des cotisations sociales (également évoqué par le COR [2]) ou l’élargissement de l’assiette de financement des retraites sont également envisageables du point de vue de l’équité. Sous les hypothèses admises en 2003, il fallait selon le COR une hausse de 0, 37 points de cotisations sociales par an jusqu’en 2040 (à répartir entre salariés et employeurs) pour assurer le niveau des pensions sans réduire leur taux de remplacement. La cour des comptes suggérait pour sa part de taxer les stocks-options et chiffrait le rendement de cette mesure à 3 à 4 milliards d’euros par an. Dans cette ordre d’idée, on pourrait créer aussi une CSG entreprise, assise sur la valeur ajoutée (incluant salaires et profits) afin de mettre à contribution les profits qui ne participent pas, pour l’heure, au financement de la protection sociale. On pourrait enfin augmenter un peu la CSG, dont l’assiette est suffisamment large (elle inclut les revenus financiers des personnes physiques) pour que la hausse du taux de la CSG soit la plus infime possible. Ces solutions, alternatives à l’allongement de la durée de cotisation (celle-ci aboutissant à réduire le taux de remplacement) pourraient être pragmatiquement combinées pour répartir l’effort de financement de la vieillesse de la façon la plus juste et la moins douloureuse possible.

Toutefois, cet « effort » pourrait être relativisé car les hypothèses démographiques et économiques retenues par le COR sont des hypothèses si « basses » que le COR a lui-même été amené à les réviser en 2007. Les projections quant à l’évolution de la population active ont ainsi été revues à la hausse, notamment parce que le taux de fécondité français s’approche désormais du taux irlandais (plus de 2 enfants par femmes) et que le recours à l’immigration est plus important que prévu. Sous ces nouvelles hypothèses, le rapport actif/inactif se détend et le besoin de financement du système par répartition ne requiert plus que 2 à 5 points de PIB supplémentaires à l’horizon 2050. Ajoutons à cela que le taux de croissance potentiel (le taux que permettraient d’atteindre les capacités de production en hommes et en machines) est supérieur à 3%. Des investissements dans les secteurs innovants (la fameuse « économie de la connaissance ») seraient même susceptibles de l’accroître. Par conséquent, la reprise de l’emploi, liée à une croissance plus soutenue, engendrerait une hausse de la masse salariale qui induit mécaniquement une augmentation des recettes des régimes de retraite. Encore faut-il que la France ne se condamne pas à adopter des politiques économiques incapables de faire décoller la croissance. Enfin, relevons l’hypocrisie de la position politique qui défend le principe du calcul des durées de cotisation selon la pénibilité des métiers et qui condamne les régimes spéciaux alors que ces derniers sont l’incarnation même de ce principe.

En l’état actuel des choses, les régimes par répartition sont en vérité menacés par une croissance molle et par la stagnation, à un niveau trop faible, de la part des salaires dans la valeur ajoutée ; ces deux facteurs réduisent la taille de la part du gâteau à partager entre actifs et inactifs. Doit-on répéter que la part des salaires dans la valeur ajoutée s’est réduite de 10 points au cours de ces vingt-cinq dernières années et qu’à l’exception des années fastes 1988-91 et 1998-2001, la croissance annuelle moyenne a difficilement atteint les 2% ? Moins de croissance, c’est moins de recettes pour les caisses des régimes sociaux. A cet égard, les politiques dites de « rigueur » monétaire, budgétaire et salariale, parfois poursuivies au cours du quart de siècle passé, ne sont pas étrangères au creusement du déficit des régimes sociaux et à la montée de l’endettement public. Au contraire, si la politique économique parvenait à gagner « le point de croissance qui nous manque » (sic !), le problème des retraites serait en grande partie résolu, compte tenu d’un taux de fécondité désormais supérieur à 2%...

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9 février 2008 6 09 /02 /février /2008 11:55
Rompre avec la dégradation du système de prélèvements, évaluation critique du rapport Attali

 

Jean-Marie Monnier, professeur d’économie à l’université Paris I, a participé à la contre-expertise organisée par la Forge le 24 janvier dernier. Cet article résume l’intervention prononcée alors et a été publié sur le site de l’Humanité le 1er février dernier. http://www.humanite.fr/+-rapport-Attali

Ceux qui ont en mémoire les audaces de “l’anti-économique” co-écrit par Jacques Attali et Marc Guillaume, ou qui ont gardé le souvenir du conseiller spécial de François Mitterrand seront sans doute déçus par le rapport Attali. Sous les apparences volumineuses d’un ouvrage construit selon une méthode très “mode” dans laquelle l’argumentation est réduite à peu de choses et l’affirmation remplace souvent la démonstration, le rapport se présente comme une succession de 316 “décisions” où le caractère volontariste de l’expression veut suggérer l’efficacité des mesures avancées. Ce catalogue de propositions est présenté comme la source d’innovations majeures visant à “libérer” la croissance et à moderniser notre pays qui serait emprisonné dans un carcan administratif et réglementaire. Lire la suite

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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 10:56
undefinedC'est devant plus de 25 personnes, venant des quatre coins du département du Val d'Oise que s'est tenu le premier café poltique de "Réinventer la Gauche Val d'Oise", mercredi 23 janvier 2008, à Sannois. On remerciera particulièrement le patron du café Le Must qui a mis à notre disposition gratuitement son Lounge et nous a sympathiquement accueilli.
J'animais les débats et notre remarquable intervenant était Liem HOANG NGOC, économiste, chercheur au CNRS, Professeur à Paris, membre du conseil national du PS et délégué national à la fiscalité.

Les débats de qualité vous sont restitués ici, avec une petite marge d'erreur toute naturelle.

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13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 15:46
Pendant la campagne pour l’élection présidentielle, le candidat Sarkozy a multiplié les engagements personnels:
«Je crois dans un Etat fort qui fait des choix… et plus que tout poursuit l’intérêt général, l’intérêt de la Nation».
«Je veux mener des politiques sociales ambitieuses».
«La réhabilitation du travail est au coeur de mon projet présidentiel».
«Je veux être le candidat du pouvoir d’achat».
Devenu Président de la République alors que les déficits et la dette publique atteignent des records historiques, Nicolas Sarkozy a commencé par dilapider 15 milliards d’euros au profit des plus favorisés.
Le choc de confiance s’est transformé en fardeau fiscal pour les Françaises et les Français. En juillet dernier, aucun coup de pouce n’a été donné au SMIC. L’an prochain les pensions de retraite, les allocations familiales, la prime pour l’emploi augmenteront moins que l’inflation. Les franchises médicales ne sont que des taxes sur les malades qui remettent en cause l’accès aux soins et qui sont dangereuses pour la santé des Français.
Près de 800 000 personnes âgées aux revenus modestes vont désormais payer la redevance TV alors qu’elle en étaient alors exonérées.
Seuls quelques privilégiés bénéficient du bouclier fiscal. Cette année, alors que les impôts directs étaient plafonnés à 60% des revenus, 2 398 contribuables se sont partagés 121 millions d’euros (50 503 € en moyenne). En 2008, le plafond sera de 50% et il intégrera la CSG et la CRDS, le chèque sera donc encore plus gros pour cette poignée de privilégiés.
Dès cet été, il était clair que Nicolas Sarkozy prenait des engagements qu’il ne pourrait pas tenir.
Ainsi, les Français ont cru qu’ils pourraient bénéficier d’une réduction d’impôt parce qu’ils avaient emprunté pour acheter leur logement. Finalement tous ceux qui avaient acheté avant le 21 août 2007 n’ont rien eu.

Le premier budget du quinquennat porte les séquelles du choix clientéliste de l’été. Les budgets de l’Etat et de la sécurité sociale pour 2008 sont ceux des reniements et des désillusions, des risques et des dangers pour nos concitoyens.
Aujourd’hui, il est temps de démontrer l’écart entre les discours et les actes. Le débat budgétaire qui vient de se dérouler à l’Assemblée nationale en donne des exemples éclatants.

Vous pouvez télécharger ici Les reniements budgétaires de Nicolas Sarkozy
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5 décembre 2007 3 05 /12 /décembre /2007 16:45
Baisse d’un point de TVA
Appel des parlementaires socialistes | 5 décembre 2007

ligne 

A l’initiative des parlementaires NPS, un appel pour une baisse immédiate d’un point de TVA a été lancé auprès des parlementaires. Il a été signé par 48 députés, 8 sénateurs et 12 eurodéputés et transformé en amendement déposé par le groupe socialiste de l’Assemblée Nationale.

"L’affaissement du pouvoir d’achat appelle une action résolue et lisible.

Outre l’encadrement des loyers et la mise en oeuvre d’une revalorisation des salaires, une mesure serait souhaitable : la baisse immédiate d’un point de TVA dont le coût pour l’Etat avoisinerait les 6 milliards d’euros. C’est moins de la moitié de ce qui a été consenti aux plus favorisés et à peine plus que la baisse de la TVA promise pour la restauration.

Les Français attendent des annonces fortes. Il y a urgence à agir par une mesure simple qui permettra à chaque ménage d’obtenir une hausse réelle et immédiate de son pouvoir d’achat."

Article paru le 5 décembre dans le Monde (daté du 6)

 

Vifs débats sur la fiscalité et l'économie au PS

Après des débats parfois houleux - Henri Emmanuelli ayant fait circuler parmi les députés socialistes un "appel" en faveur d’une baisse d’un point du taux de TVA - le groupe socialiste a finalement adopté mardi 4 décembre un compromis. Il a déposé un amendement qui vise à réduire le taux normal de la TVA de 19,6 % à 19 % et le taux réduit de 5,5 % à 5 % pour défendre le pouvoir d’achat. Il suggère que, en accord avec l’Union européenne, un taux de 2,1 % (contre 5,5 % aujourd’hui) s’applique aux produits de première nécessité.

Au sein du PS, un autre débat fiscal a été lancé sur le rétablissement de la "TIPP flottante" préconisé par le PS pour atténuer la hausse du prix du carburant. Un collectif animé par Géraud Guibert, responsable à l’écologie du PS, et Thierry Wahl, délégué aux risques globaux, affirme son "désaccord profond" avec cette mesure "totalement déphasée" par rapport à la nécessité de réduire la consommation d’énergie fossile et de favoriser les technologies propres. Par ailleurs, douze parlementaires ont signé une pétition "pour que le PS se mette enfin au travail" dans le domaine économique, social et fiscal. "Aucun débat de fond en cinq ans ; voilà l’une des causes de la défaite du printemps 2007", assure le texte lancé à l’initiative de Pierre Larrouturou, délégué national du PS à l’Europe et ancien promoteur de la semaine de quatre jours. Parmi les signataires figurent notamment les députés Patrick Bloche (Paris), Jérôme Lambert (Charente), Jean-Patrick Gille (Indre-et-Loire), le sénateur Pierre-Yves Collombat (Var) et Claudy Lebreton, président du conseil général des Côtes-d’Armor et de l’Assemblée des départements (ADF). L’objectif est de recueillir 5 000 signatures parmi les adhérents afin d’obtenir, "conformément aux statuts, que la direction organise une grande conférence permettant d’entamer un travail collectif".

Jean-Michel Normand

 

 

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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 19:30
Retour aux privilèges fiscaux de l’Ancien Régime
Par Liêm Hoang Ngoc - Le Monde Diplomatique octobre 07

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  La révolte contre les injustices fiscales fut l’une des causes de la Révolution française. La fiscalité de l’Ancien Régime - en nature, en monnaie, ou en journées de travail - pèse intégralement sur le tiers- état pour financer les dépenses des ordres privilégiés : la noblesse et le clergé. La dîme, impôt en nature sur les récoltes, est perçue par le clergé. La taille, impôt en monnaie, est levée par le roi sur les roturiers. Il s’agit d’un impôt de répartition et non de quotité : le roi fixe ce que doit payer chaque collectivité ou paroisse, à charge pour elles d’en répartir la charge ses leurs habitants. La taille est arbitraire et territorialement inégalitaire. La noblesse et le clergé échappent également à la capitation (impôt progressif sur le revenu des roturiers créé en 1701 et touchant le revenu des immeubles), ainsi évidemment qu’à la corvée, redevable en journées de travail pour la construction des routes. lire
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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 14:14
Affaire EADS : DSK appelle l'Etat à ne pas dormir dans les structures auxquelles il participe
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 26.10.07 | 14h30  •  Mis à jour le 26.10.07 | 14h56

'ancien ministre des finances Dominique Strauss-Kahn a défendu, vendredi 16 octobre, le pacte d'actionnaires conclu lorsqu'il était ministre, en 1999, comme "équilibré", en soulignant que les représentants de l'Etat ne devaient pas "dormir" dans les structures auxquelles ils participent. "Le pacte a été suffisamment équilibré pour que les intérêts français publics et privés soient durablement préservés" a-t-il déclaré, en soulignant que "derrière les pactes il y a les hommes", lors d'une audition devant la commission des finances de l'Assemblée nationale.

 

Interrogé sur l'impossibilité de faire entrer un représentant de l'Etat français au conseil d'administration d'EADS, selon le pacte négocié lorsqu'il était ministre en 1999, il a répondu : "c'était le cas au départ, toutes ces choses sont appelées à bouger". L'attitude de l'Etat français "ne peut pas être considérée par les Allemands comme ayant été trop intrusive" et "dans ces conditions la possibilité de renégocier avec les Allemands d'autres situations (...) est tout à fait concevable", a ajouté M. Strauss-Kahn.

"Il faut faire de bons montages, mais derrière il faut qu'on s'en occupe, (...), si les représentants de l'Etat sont là pour dormir, cela part à vau-l'eau", a-t-il estimé, mettant implicitement en cause les représentants de l'Etat à la Sogeade, holding commune de l'Etat et de Lagardère représentant les intérêts français.

"Je ne vois pas comment l'Etat n'est pas capable d'avoir une influence sur qui doit être désigné" au conseil d'administration d'EADS par la Sogeade, a en particulier souligné le futur directeur général du FMI. "Pour les décisions importantes, il faut six voix sur huit, l'Etat en a quatre et Lagardère quatre, il y a donc de fait un droit de veto réciproque", a-t-il expliqué. Il a ainsi abondé dans le sens d'Arnaud Lagardère qui indiquait la veille devant la commission : "Je ne peux pas être administrateur sans l'accord de l'Etat" et s'est distingué de la position de l'actuelle ministre de l'économie Christine Lagarde qui a récemment déclaré que "l'Etat ne désignait aucun administrateur" d'EADS.

Dominique Strauss-Kahn a déclaré qu'Arnaud Lagardère, président éponyme du groupe de médias dont il a pris la tête après la mort de son père Jean-Luc, en mars 2003, n'avait jamais caché qu'il voulait aller davantage vers les médias et que Daimler avait des problèmes avec sa filiale américaine Chrysler. "Les gens ont d'autres intérêts, d'autres préoccupations. Donc, ce n'est pas illégitime qu'ils viennent nous dire ça. En revanche, il y avait peut-être une occasion, peut-être pas (...), de se dire : est-ce qu'on ne peut pas essayer de reconfigurer de façon différente et prendre une part publique plus importante", a-t-il souligné en précisant toutefois que cela dépendait de plusieurs choses, dont les finances publiques.

Il a ajouté que certains dans le camp français avaient toujours pensé lors de la mise au point du pacte d'actionnaires, en 1999, que Daimler pourrait sortir un jour d'EADS. Cependant, a-t-il précisé, "je ne suis pas en train de dire que notre objectif était de pousser les Allemands dehors". S'agissant du pacte, Dominique Strauss-Kahn a défendu l'action du gouvernement du premier ministre socialiste Lionel Jospin auquel il appartenait alors.

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