Benoit HAMON - LA TRIBUNE BFM - Partie 1
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Benoît Hamon invité de Christophe Barbier
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Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Malek Boutih accusé au PS d'être le "premier des sarkozystes"
NOUVELOBS.COM | 26.01.2009 | 09:51
Malek Boutih (Sipa)
"Oui, j'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés." La déclaration de Ségolène Royal parue dans Le Monde de mardi [1] a beaucoup fait gloser [2]. Au point que l'ex-candidate à la présidentielle s'est fendue mercredi soir d'une mise au point sur son site Désirs d'avenir [3]:
"Je viens de prendre connaissance des commentaires moqueurs sur les radios, ce matin, au sujet d’une de mes déclarations sur la campagne de Barack Obama, que j'aurais 'inspirée'. Je comprends que cette phrase ait pu surprendre ceux qui, à distance, n'avaient ni le son ni l'image: 'Son ego est devenu totalement démesuré!', se sont-ils dit…
Alors, quelques précisions pour les rassurer. Après une conférence de presse centrée sur le moment historique que nous vivions, moment auquel je participe au milieu du peuple américain, en toute humilité et sans protocole, c'est à une question amicalement provocatrice d'un des journalistes que j'ai répondu de façon humoristique! Intention bien comprise par l'AFP, comme on peut le voir sur la vidéo de l'interview et comme en atteste la dépêche."
Référence très surprenante à cette dépêche [4] et cette vidéo [5], étant donné que ni dans l'une ni dans l'autre, on ne retrouve trace de cette question "d'un des journalistes". Impossible donc de juger par nous-mêmes si le ton était "humoristique" ou non.
Le journaliste du Monde dont il est question maintient lui sa version. Sylvain Cypel explique sur le site du quotidien[6] n'avoir "personnellement pas perçu la réponse de Ségolène Royal comme étant de l'humour". "Je peux évidemment m'être mépris, mais la précision sur le fait qu'elle 'assume' m'est apparue confirmer ma perception."
"Inspiré, oui, bien sûr, inspiré"
Surtout, Ségolène Royal se justifiait tout autrement mardi soir, par téléphone sur BFMTV [7]. A-t-elle inspiré Barack Obama ? "Inspiré, oui, bien sûr, inspiré, mais ce n'est pas une surprise." Quant au point de savoir s'il l'a aussi "copiée", elle ne se réfugie pas derrière une réponse "humoristique", mais cette fois dans le déni : "Non, je ne pense pas avoir utilisé cette expression-là."
Et de confirmer, toujours très sérieusement, que les équipes de Barack Obama ont bien pris pour modèle le concept de "démocratie participative" utilisé pendant la campagne présidentielle française sur Désirs d'avenir :
"Ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils en ont fait quelque chose à l'échelle du continent des Etats-Unis d'Amérique, donc à une dimension supérieure. Mais la démarche initiale, et d'ailleurs ça a été écrit dans la presse américaine, est venue en effet du site Désirs d'avenir et sans doute d'une intuition politique à laquelle je crois plus que jamais." (Voir la vidéo)
La présidente de Poitou-Charentes a toutefois raison sur un point : sa déclaration "n'est pas une surprise". Son entourage avait déjà évoqué cette inspiration à plusieurs reprises. En témoigne notamment cet article paru sur Lexpress.fr [8] fin septembre, racontant son meeting au Zénith de Paris:
"Vers 21h, je demandais un décryptage à un membre du cabinet de l'ex-candidate à la présidentielle : 'Cette façon de s'adresser à la foule est-elle influencée par ce que fait Obama ?' Réponse : 'Non, regardez bien Obama : c'est lui qui s'est inspiré de la façon dont Royal fait de la politique : une autre approche de la relation au public, des salles où les militants sont parfois en cercle, etc...' Ah bon..."
► Article suivi: Ségolène Royal a-t-elle vraiment "inspiré" Barack Obama? [9]
► A lire aussi: Les explications de Ségolène Royal sur Désirs d'avenir [10]
Par Stéphane Alliès - Mediapart.fr
«C'est l'acte manqué par excellence: Martine Aubry ne parle pas, doit parler, doit parler… et ne parle pas.» Avec un brin d'embarras désolé, un dirigeant socialiste préfère sourire du report des vœux de la nouvelle patronne socialiste à la presse, mise au repos forcé mardi soir pour 72h, en raison d'un «problème oculaire». Après avoir conquis le parti de la rose, Aubry s'attaque à ses épines.
Au terme d'un interminable feuilleton dont les fractures peinent encore à se réduire, la maire de Lille termine son tour du propriétaire, rue de Solférino. Si l'état des lieux s'avère plus compliqué que prévu, l'année qui s'ouvre est aussi celle de tous les pièges pour la nouvelle première secrétaire, dont l'entourage comme l'opposition interne mesurent les premières difficultés. Communication délicate, réorganisation interne, échéance électorale, remise au travail, rivalités de courant… Aubry tente de répondre en imposant sa méthode, mélange de gestion "à l'ancienne" et de velléités rénovatrices.
L'arrivée dans les bureaux a été délicate. «Il a fallu un mois pour sortir du congrès, dans le pire des contextes imaginables», soupire le député proche de François Hollande, Michel Sapin. Il est l'un des rares à être restés dans l'équipe de direction (le secrétariat national), s'appuyant sur l'appareil socialiste "non-royaliste". «Il faut être indulgent et compréhensif, plaide-t-il, ça n'aurait été simple pour personne. Martine, comme Bertrand ou Ségolène, a un caractère fort, surtout comparé à François.»
La première secrétaire a d'abord géré "l'après-Hollande", un "règne" qui a duré onze ans. Avec plusieurs surprises: celle, par exemple, de constater que les employés de la maison (les "permanents") ont tous été au fil des années titularisés en CDI. Jusqu'à l'attachée de presse du premier secrétaire sortant.
L'heure est donc à la réorganisation interne. Le nouveau trésorier, Régis Juanico, un député (ancien président du MJS), planche sur une «réorientation budgétaire», selon les termes de David Lebon, directeur de cabinet adjoint de Martine Aubry (et lui aussi ancien président du MJS). «L'idée, c'est de voir quelles sont les marges de manœuvre, afin de planifier un plan global de recrutement, pour en finir avec le "petit bout par petit bout"», poursuit-il.
Question communication aussi, les ajustements semblent encore en cours…
«Choisir la manière dont elle s'exprime»
Les premières critiques apparaissent à fleurets mouchetés. Martine Aubry passe trop de temps à Lille et pas assez rue de Solférino, où elle n'est physiquement présente jusqu'ici que les mardi et mercredi. À une heure de Paris, dans une ville où elle s'est reconstruite politiquement (lire notre enquête «Sept ans de refection»), elle dit rester en contact permanent avec son cabinet et ses secrétaires nationaux, réfutant une quelconque «vacance du pouvoir» que certains lui reprochent, comme le député Gaëtan Gorce.
Jusqu'ici, ses principales prises de position ont d'ailleurs été lancées depuis la capitale des Flandres, où elle mélange les paroles de dirigeante socialiste avec ses vœux d'élue locale: sur Gaza, sur l'hôpital public ou sur l'indépendance des médias. Pour son porte-parole, Benoît Hamon, «Martine a la volonté de choisir la manière dont elle s'exprime, sans s'aligner sur Sarkozy».
Dans le camp «royaliste», on s'interroge sur une stratégie à l'opposé de leur championne, qui continue d'occuper le terrain à plein temps, de sa présence à Gandrange lors de l'annonce du plan de relance présidentiel jusqu'à l'investiture d'Obama où elle a prévu de se rendre le 20 janvier prochain. Le député royaliste Vincent Peillon n'y voit pas matière à polémique: «La com', c'est un choix très personnel. Pour l'instant on est dans un débat permanent faute de majorité idéologique tranchée. Ce n'est pas inintéressant pour nous, car nous sommes dans le spectre de ce débat.»
Son acolyte François Rebsamen se fait plus sévère au sujet de la démission apparemment diplomatique d'André Vallini de la direction. Il dit redouter «que le parti socialiste sombre dans une espèce de caporalisme qui empêcherait ceux ou celles qui ont des positions tout à fait intéressantes de s'exprimer».
Si l'entourage aubryste regrette le départ de Vallini, officiellement pour «raisons strictement personnelles», il ne nie pas un changement dans la manière de communiquer. Le député François Lamy déclare ainsi à l'AFP: «Il y a maintenant une volonté que tous les talents et toutes les compétences soient mis au service d'un travail collectif. Cela suppose que le travail de chaque secrétaire national soit soumis au débat avant une prise de décision.» «Cela devient la parole cohérente du parti. C'est ce que réclament nos électeurs et nos militants.»
Mais l'essentiel des critiques de la nouvelle opposition interne sont pour Benoît Hamon. «Ça a du mal à démarrer et pour l'instant, c'est le porte-parole qui occupe tout l'espace médiatique, sans représenter l'unité idéologique de la direction, car il n'y en a pas», regrette le député. Avant de prévenir: «Il ne faudrait pas que le PS perde sa culture de gouvernement à force d'être tout le temps dans la rue. Ça ne veut pas dire qu'il faut renoncer à des propositions radicales, mais on ne peut pas transformer le parti en super syndicat ou en PCF ancienne formule.»
Michel Sapin pointe «le risque de voir Benoît s'imposer avec talent et une certaine légitimité. Mais il est quand même issu du courant le plus minoritaire».
Une position que partage le député Pierre Moscovici. Un de ses proches, le président du groupe à la région Île-de-France Jean-Paul Planchou, tacle ainsi Hamon dans un communiqué paru mercredi: «Ses prises de position n'ont manifestement pas marqué l'opinion, déplore-t-il, et les déclarations notamment de son porte-parole ne sont guère en phase avec des orientations de rénovation de la gauche.»
«Le PS revient dans des réunions où régnait son silence»
Le porte-parole Benoît Hamon reconnaît «ne pas avoir été parfait» à son poste, mais n'a plus «envie de refaire le congrès. Veut-on continuer comme avant ? Quand l'unité ne tenait qu'au seul talent de Hollande, où on était tous d'accord autour d'un compromis permanent, pour tous déclarer après qu'on est inaudible». Outre une interview virulente contre les partisans de Ségolène Royal suivie d'excuses, Hamon a bousculé «l'aristocratie sociale-démocrate» avec son annonce (faite à Mediapart) contestée en faveur du rétablissement de l'autorisation administrative de licenciement (lire notre analyse).
«Le défi, explique-t-il, c'est de ne plus être dans le commentaire de l'agenda sarkozyste, mais dans la réalité des difficultés des Français. Je vois au moins une vertu à ma prise de position que certains ont considéré archaïque, elle oblige le gouvernement à agir en tenant compte de cette réalité.» Il admet la difficulté de la tâche, tout en se voulant optimiste: «Le parti est éreinté, on est encore en rodage, trop enthousiaste ou trop prudent. Mais il n'y a pas de problème pour réamorcer la pompe. On sent un appel d'air et l'appétit des gens prêts à se réimpliquer.» S'il note déjà la «nouvelle atmosphère de travail et de combat au groupe parlementaire», il demande «un peu de temps» et estime que «le nouveau dispositif donnera sa pleine mesure dans les mois à venir».
Signe positif plaidant en faveur de la nouvelle équipe, le travail des secrétaires nationaux (SN) porterait déjà ses fruits auprès des «sympathisants socialistes». De son côté, Martine Aubry a multiplié les rencontres avec les syndicats. Laurence Lego, de la CFDT, juge «positif d'échanger avec quelqu'un qui a déjà eu des fonctions ministérielles, surtout au Travail. Elle connaît ses interlocuteurs et les volontés de discussion sont optimales.»
En parallèle, de nombreuses reprises de contact récoltent un accueil favorable. Ainsi Jean-Pierre Dubois, le président de la Ligue des droits de l'homme (LDH), se «félicite de l'excellente nouvelle: le PS revient dans des réunions où régnait jusqu'ici son silence». Pouria Amirshahi (secrétaire national aux droits de l'homme) a participé aux discussions sur le texte de la LDH sur Gaza, et vient de faire réadhérer le parti au Collectif liberté égalité justice (Clej). «On est nombreux dans le mouvement civique et social à se féliciter d'un retour très net d'activité», conclut Dubois.
Même tonalité du côté du puissant réseau associatif France nature environnement. Son porte-parole, Arnaud Gossement, se dit «agréablement surpris d'avoir été recontacté. On n'avait plus de liens avec le siège du PS depuis la présidentielle. Laurence Rossignol (secrétaire national à l'environnement) a demandé à nous rencontrer, sans considérations médiatiques, pour discuter des enjeux écologiques autour de leur contre-plan de relance. Avant, c'était soit des "réunions baratins", soit on nous disait de nous adresser aux Verts».
Deux "grands projets" doivent rapidement sortir des cartons. Initialement prévue pour le 20 janvier, l'annonce du contre-plan de relance pourrait être décalé d'un jour, pour ne pas se heurter médiatiquement à l'investiture de Barack Obama. Encore en discussion collective, il est coordonné par les députés Alain Vidalies et Michel Sapin, ainsi que par le fabiusien Guillaume Bachelay. Estimé autour de 40 milliards d'euros, il doit démontrer que le PS a encore des idées, centrées sur le pouvoir d'achat et la protection des salariés, sans pour autant virer au catalogue programmatique.
Par ailleurs, la remplaçante d'André Vallini au secrétariat national à la justice, la strausskahnienne Marie-Pierre de la Gontrie, prépare un «livre noir des libertés sous Sarkozy», qui devrait voir le jour d'ici deux mois. «Il s'agit de l'éloigner des Français, en pointant méticuleusement la dérive autocratique du régime», explique David Lebon. Quant à la rénovation, les moyens alloués à Arnaud Montebourg sont encore en arbitrage. Le PS promet un «premier renouvellement» à l'occasion des élections européennes, avant d'évoquer le lancement d'états généraux de la rénovation après le scrutin et une convention nationale pour la fin 2009.
Opposition interne et intra-opposition
Reste la vie interne du parti, encore minée par les séquelles d'un congrès éprouvant. L'atomisation des courants est en voie de confirmation, chacun songeant à l'avenir. Le maire de Grenoble, Michel Destot, crée «une start-up»réunit les proches de son courant Besoin de gauche le 25 janvier prochain. Les reconstructeurs qui ont porté Martine Aubry réfléchissent également à une structuration en courant, concrétisant leur alliance lancée en juin. Seul Bertrand Delanoë semble s'être retiré des affaires nationales. regroupant l'aile rocardienne du courant Strauss-Kahn, tandis que Pierre Moscovici
La situation n'inquiète pas Michel Sapin: «Que chacun essaie de construire son petit canton pour s'agglomérer dans la perspective d'une vraie majorité n'a rien d'étonnant.» Ce proche «sans chipoter» de François Hollande sourit: «François n'est pas devenu président de conseil général pour rien, ça permet de bien connaître les cantons.» Le premier secrétaire sortant a récemment dit «être dans une démarche de travail pour 2012».
Et puis Ségolène Royal. Si la dernière candidate à la présidentielle continue d'occuper le devant de la scène, son entourage s'active en coulisse depuis un un mois. En ce début d'année, ses proches s'apprêtent à lancer L'espoir à gauche, pendant interne de Désirs d'avenir, qui devrait être dévoilé le 31 janvier. Déjà un site internet, bientôt agrémenté d'un réseau social militant, est en cours de "remplissage". On y découvre une organisation décentralisée région par région et les prises de position sur l'actualité des principaux cadres royalistes.
Conscients de leur poids dans le parti, ils disent attendre que le parti se rassemble. «On ne veut pas être dans la guérilla, à condition qu'en face ils ne soient pas dans l'auto-suffisance», résume Vincent Peillon. À ses yeux, la récente nomination du député Pascal Terrasse à la tête de la commission des contrôles financiers est un signe bien faible de rapprochement.
Tous les mardis avant les bureaux nationaux, David Assouline et Patrick Mennucci sont conviés à faire le point avec la direction dans une réunion resserrée de coordination. «Mais c'est surtout pour nous communiquer l'ordre du jour et pas vraiment discuter des textes qui y sont présentés», nuance François Rebsamen.
Le premier vrai test de la très hypothétique réunification du parti aura lieu avec les élections européennes (lire notre article sur la préparation du PS). Sur le fond, la rédaction du programme ne devrait pas causer trop de désaccords, son ossature étant déterminée par le Manifesto du parti socialiste européen (PSE). Et tous semblent d'accord pour gauchir quelque peu sa ligne. «La question démocratique est trop absente», selon Peillon, l'Europe protectrice «pas assez présente» pour Benoît Hamon. Michel Sapin semble ne pas être soucieux: «Sans une majorité claire dans le parti, on ne peut pas arriver à l'équilibre des positions du jour au lendemain. Mais pour l'instant, sur l'Europe comme sur le plan de relance économique, je ne me sens pas très éloigné de l'orientation qui se prépare.»
Si la méthode d'élaboration du programme électoral est encore à l'étude, Aubry entend bien s'impliquer dans la campagne, en s'appuyant sur le président danois du PSE, Poul Nyrup Rasmussen, qui aurait dû assister à ses vœux en invité surprise.
Dans un scrutin très concurrentiel à gauche et découpé en grandes régions, c'est évidemment la composition des listes électorales qui risque d'attiser les tensions. Députés sortants élus en 2004 et devenus têtes d'affiche au PS en 2008, désirs de renouvellement, obligation de parité et représentation interne dictée à la proportionnelle du vote des motions lors du dernier congrès… La chose ne va pas être simple.
Illustration du casse-tête: comment caser dans une même région Harlem Désir (tête de liste sortant), Benoît Hamon et Vincent Peillon (qui ont tous deux exprimé leur souhait de ne pas se représenter dans l'euro-région Nord)? Une solution actuellement envisagée par la direction serait de proposer à Peillon un parachutage en tête de liste dans la région Sud-Ouest, aux côtés de Najat Belkacem et Patrick Mennucci. Façon de tester la réelle unité royalistes des socialistes de Rhône-Alpes et Bouches-du-Rhône?
Personne ne cherche toutefois à attiser les braises à peine refroidies de la division. «Il n'y a pas si longtemps, les rôles étaient inversés à la direction du parti. Des repères changent. Il faut tous apprendre à redevenir fair-play», constate Benoît Hamon. «On est dans un registre cordial et courtois. Loin de l'ambiance post-congrès de Rennes. La crédibilité sera définitivement retrouvée si le rassemblement se fait», complète François Rebsamen. Ainsi va le PS du mois d'après, tâtonnant mais pas désespéré, toujours divisé mais tentant de soigner ses blessures lentement. En pleine convalescence. Avec risque de rechute possible.
Par Stéphane Alliès -Mediapart.fr
Etrange soirée à la Mutualité, pour le dénouement de l'imbroglio socialiste entamé samedi dernier. Entre la volonté presque forcée d'un précaire retour au calme et le sentiment diffus que le feuilleton de la conquête du leadership socialiste ne fait que commencer. Le conseil national extraordinaire du PS a donc entériné mardi soir la victoire de Martine Aubry lors du second tour de l'élection au poste de premier secrétaire. De 102 voix et non plus 42, selon les conclusions «sans consensus» de la commission de récolement, ainsi que l'a expliqué son président Daniel Vaillant.
Martine Aubry a donc été officiellement élue à la tête du parti socialiste. Dans une ambiance morose, chacun a décidé de laisser ses rancœurs au vestiaire. Ségolène Royal, qui a emprunté une porte dérobée à l'aller comme au retour, a laissé l'eurodéputé Vincent Peillon argumenter à la tribune leur souhait de procéder à un nouveau vote.
Prenant en exemple les congrès du passé, «où on a fermé les yeux sur nos mauvaises pratiques, car les résultats étaient nets, ou parce que les synthèses réconciliaient tout le monde», le virtuel n°2 de Royal a lancé: «Je ne suis pas sûr qu'en faisant ce que nous faisons aujourd'hui, nous réussissions la tâche historique que nous voulons tous accomplir». Et de lancer, froidement: «Notre proposition ne sera pas retenue, mais permettez qu'on la fasse! Sachez que quelque chose s'est transformé dans le parti. Et la force ne remplacera jamais le droit.»
Comme pour être sûr de ne pas voir naître un enthousiasme, Bertrand Delanoë a lui envoyé Jean Glavany apporter son soutien à Martine Aubry, afin qu'il parle d'unité, «avec (son) cœur de vieux militant avec 35 ans de parti». Dans la salle, on entend glousser: «Et après, il y a qui au programme? Jospin?» L'ancien ministre de Mitterrand a appelé au sang-froid: «Voulons-nous sauver ce parti ou l'achever? Ce vieux parti sans lequel beaucoup d'entre nous n'auraient pas été élus… Et il nous est d'ailleurs arrivé à beaucoup de devenir parlementaire pour beaucoup moins de cent voix».
Après que Benoît Hamon a tenu à rappeler que «ce vote crée des devoirs, ceux d'un changement profond et d'un PS ancré à gauche», la salle a voté (à main levée), sans grand entrain. Tout juste quelques protestations isolées («On vote comme ça, sans même débattre?!»), avant d'entériner le rapport de la commission des récolements. 159 voix pour, 76 contre, 2 abstention. Sans vague ni remous, et deux déclarations apaisantes face à la presse, à l'issue du conseil…
Le courant Royal divisé
Comme Mediapart le dévoilait lundi soir, les soutiens locaux de l'ancienne candidate à la présidentielle n'adhèrent que modérement à son obstination. Lors du vote d'approbation des résultats, les puissantes fédérations des Bouches-du-Rhône et de l'Hérault n'ont pas suivi les proches de Ségolène Royal, qu'ils soutiennent depuis septembre dernier. Un autre de ces "barons locaux", le maire de Lyon Gérard Collomb, était lui excusé pour cause de conseil municipal, que certains dans son entourage décrivent comme «tombant à pic». Collomb aurait marqué son désaccord avec «la stratégie jusqu'au-boutiste de Ségolène».
Du côté des Bouches-du-Rhône non plus, on ne goûte que moyennement la contestation des résultats par l'entourage de Royal. Et la menace de porter leurs récriminations devant les tribunaux ulcère Patrick Mennucci, l'un des hommes forts de la fédération: «Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur et se replier sur le terrain, là où les gens nous font confiance. Mais je n'irai pas devant un tribunal! Ça n'a jamais été ma position.»
Pourtant, l'hypothèse du recours à la justice a été confirmée mardi soir par les proches de Ségolène Royal, quand celle-ci ne l'évoqua pas une seconde lors de son intervention devant la presse, dans la foulée du mémoire en protestations [PDF], diffusé à la presse dans la journée.
À la sortie, Benoît Hamon, fan de rugby, pensait pourtant avoir placé un «beau cadrage débordement» préventif lors de son discours, quand il prévenait: «Nous n'avons pas un problème de démocratie, mais un problème de comportement. Et j'espère qu'on peut être responsable dans cette salle, sans être irresponsable à peine passée la porte». Il n'eut pas d'échos et le plaquage fut sec.
Ainsi, Manuel Valls a-t-il déclaré: «Ce qui s'est passé ce soir est un déni de justice, il y aura évidemment des tribunaux qui seront saisis». Tandis que Jean-Louis Bianco précisait, en se référant aux propos de Robert Badinter: «Il faut un vote dans les sections qui posent problème, sinon nous irons devant la justice». Seul Jean-Pierre Mignard exprimait une réserve: «Il n'y a aucune honte à aller en justice, mais convient-il de fragiliser ce parti davantage?»
Mercredi matin, Vincent Peillon rétropédalait sur la question judiciaire, tandis que Ségolène Royal postait une vidéo sur Désirs d'avenir dans la nuit, prenant date et indiquant son intention de porter sa dynamique hors le parti…
Ainsi que certains chez Royal l'ont exprimé, autant laisser Martine Aubry tenter de se dépatouiller dans l'édifice branlant du parti, jusqu'à des élections européennes d'ores et déjà bien mal engagées.
Quelle majorité autour d'Aubry?
La maire de Lille s'est donnée deux semaines pour «tendre la main à tous» et initier un «renouvellement profond» de la direction. Elle a programmé son premier conseil national pour le 6 décembre prochain. Elle s'exprimera mardi prochain devant le groupe socialiste à l'Assemblée nationale, pour parler aux députés et leur dire qu'ils sont «au centre du dispositif de rénovation».
Dans le discours inaugurant son mandat, elle l'a joué sobre à la tribune de la Mutualité. Mais elle a suscité des interrogations quand elle déclara vouloir tenir compte de «la ligne choisie au congrès». «Quelle ligne?!», a-t-on entendu fuser du fond de la salle. En guise de réponse, Martine Aubry a prôné «un ancrage à gauche».
Elle a également parlé d'une équipe «où la parité sera respectée, et à l'image de nos territoires et de la société». Elle a enfin déclaré qu'elle allait «appeler Ségolène pour lui faire des propositions et entendre les siennes», quant à la nomination de proches dans la nouvelle direction.
La question de la majorité sur laquelle va s'appuyer la nouvelle patronne du parti est le nouvel objet d'incertitude socialiste. Lors de sa conférence de presse, elle s'est assise aux côtés de la députée Marylise Lebranchu, une proche, et de l'eurodéputé Harlem Désir, bras droit de Bertrand Delanoë. Selon nos informations, le poste (essentiellement protocolaire) de président du conseil national, actuellement occupé par Gérard Collomb, pourrait échoir au maire de Grenoble Michel Destot, strausskahnien ayant rallié tôt le maire de Paris.
On devrait assister à la mise en avant d'une nouvelle génération issue de l'entourage de Martine Aubry, comme le député de l'Essonne François Lamy (49 ans), le fabiusien Guillaume Bachelay (35 ans), le strausskahnien Christophe Borgel (44 ans, ancien animateur du syndicat étudiant Unef-Id), ou l'ancien président du MJS David Lebon (31 ans).
Le scénario d'une alliance avec Benoît Hamon pourrait aussi prendre corps. L'eurodéputé, troisième homme de l'élection éliminé au premier tour, explique à Mediapart qu'il est «tout prêt à participer. Mais on attend de voir ce qui va nous être proposé comme équipe. Si c'est pour faire une synthèse molle, on n'en sera pas. Et s'il faut intégrer des ségolénistes, tout dépend. Avec Aurélie Filipetti, il n'y a aucun problème. Pas avec Valls ou Peillon.»
À voir l'ambiance chaleureuse qui régnait dans le bar face à la "Mutu", on pouvait même se prendre à imaginer que les relations traditionnellement privilégiées entre une "grosse fédé" et une direction nationale pouraient ne pas se rompre. Par exemple en assistant à la poignée de main chaleureuse et riante entre Christophe Borgel, représentant d'Aubry à la commission de récolement -où le cas des Bouches-du-Rhône ne fut pas évoqué-, et Jean-Noël Guérini, le premier fédéral desdites Bouches-du-Rhône.
Sur le parvis de la salle parisienne, une vingtaine de militants pro-Royal ont manifesté aux cris de "Démocratie!", interpellant journalistes et cadres socialistes. Ils offrirent une sortie sous les huées à François Hollande, dont c'était le dernier jour de premier secrétaire.
Benoît Hamon «près d’un accord» avec Martine Aubry
«Des rapprochements existent», explique le représentant de la motion de l’aile gauche du parti. Vincent Peillon, bras droit de Royal, crie «Halte au feu!»
Le député européen Benoît Hamon, candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste, pose le 06 novembre 2008 à Paris. (AFP)
Un front «tout sauf Royal» est-il en train d’émerger ? Benoît Hamon, candidat à la direction du PS représentant la gauche du parti, se dit «près d’un accord» avec Martine Aubry, à la veille de l’ouverture du congrès de Reims.
«Aujourd’hui, nous sommes près d’un accord politique», déclarait ce matin Benoît Hamon sur RTL. «Des rapprochements existent»«et je suis assez heureux de voir que le travail progresse», a-t-il dit, indiquant être «toujours candidat»«pas convaincu par la stratégie d’alliance».
«Je ne pense pas que cela soit sérieux de renvoyer à un entre deux tours de la présidentielle le fait de savoir si oui ou non nous nous allierions avec le MoDem», explique l’eurodéputé, faisant référence aux propos de Ségolène Royal la veille sur TF1. avec la maire de Lille à la succession de François Hollande. En revanche, il se déclare envisagée par Ségolène Royal avec le MoDem.
«On peut avoir le projet le plus socialiste qui soit» mais «qui peut penser qu’avec François Bayrou, Premier ministre, le projet serait mis en œuvre? Tout cela, c’est parfaitement illusoire», juge Hamon. La question est de savoir si les socialistes sont prêts à gouverner «avec des libéraux», dit-il.
Quant à Bertrand Delanoë, «il devra dire à un moment ou à un autre ce qu’il prétend ou ce qu’il veut faire. Aujourd’hui la balle est surtout dans son camp», affirme Benoît Hamon. «Si demain il sort de ce congrès une forme de statu quo qui reconduit une ligne politique qui nous a conduits à l’échec», alors on assistera à «un lent déclin du parti socialiste», a-t-il averti, alors que le maire de Paris est soutenu par le premier secrétaire sortant, François Hollande.
Devant ces «rapprochements», Vincent Peillon, bras droit de Ségolène Royal, crie «Halte au feu!». Depuis 2002 et l’échec de Lionel Jospin, «on ne fait rien, on bidouille», lance-t-il, dénonçant «des conciliabules d’arrière-boutique».
«J’appelle Bertrand Delanoë, Martine Aubry, Lionel Jospin (soutien de Delanoë et qui ne cache pas son hostilité envers Ségolène Royal, ndlr) à faire très attention à ce qui est en train de se produire au parti. C’est un parti de gouvernement qui doit rester à cette hauteur», or «il est dans des mains qui ne sont pas très responsables ces jours-ci», a-t-il dit, ce matin sur RMC et BFM-TV.
Alors que la stratégie d’alliance avec le MoDem envisagée par Ségolène Royal est très critiquée, Vincent Peillon a tenu à préciser qu’«en l’état actuel des choses, il ne peut pas y avoir aujourd’hui d’alliance avec le MoDem puisque le MoDem ne sait pas s’il est à gauche ou à droite». «Le jour où le MoDem aura clarifié sa position», sera prêt à «entrer dans la gauche», c’est-à-dire «dans un rapport avec le Parti socialiste mais aussi avec les alliés traditionnels du PS, le Parti communiste les Verts etc., la discussion s’ouvrira», a-t-il précisé, espérant calmer les inquiétudes de certains de ses camarades socialistes.
(Source AFP)