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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 11:10

Nous nous sommes tous réjouis de l’élection, dimanche 6 mai 2012, de François Hollande à la présidence de la République. C’est un moment qui restera inscrit dans l’histoire de la gauche et de tout le pays, tant l’aspiration à tourner la page de 10 ans de gouvernements conservateurs était forte.

Mai 2012 n'est pas comparable à mai 1936 ou mai 1981, l'exercice de l’État ayant laissé quelques traces, entre réussites et désillusions. Mais si l'espoir de l'accession prochaine de la gauche au pouvoir n'est pas aussi naïf qu'il y a 31 ans, les attentes de nos concitoyens vis-à-vis de la nouvelle présidence de gauche n'en sont pas moins importantes, tant les solidarités républicaines ont été défaites pendant 10 ans. L'état de grâce – si jamais il existait – n'en sera que plus court, car les Français seront réalistes mais exigeants.Et l'équilibre sera difficile à trouver entre la responsabilité du redressement financier du pays, traduit aujourd'hui dans l'objectif affiché du retour à l'équilibre budgétaire en 2017 (ce qui ne saurait être une fin en soi), et la nécessité revendiquée de rétablir le sentiment de justice dans le pays, reconstruire les services publics ou de restaurer l'autonomie et les marges de manœuvre des collectivités territoriales, par exemple.

C'est pour répondre à ces enjeux majeurs qu'a été constitué le gouvernement Ayrault 1. Cet article vise à décrypter cet exercice politique déterminant avec ses intuitions fortes et ses insuffisances, tout en souhaitant bonne chance à ce gouvernement de combat électoral, qui n'a pas le droit à l'échec ni dans la perspective des élections législatives qui doivent donner une majorité parlementaire au Président Hollande, ni à l'échelle du mandat, face à une droite à la fois déboussolée et lepénisée.

gouvernement.jpgL'architecture générale du gouvernement comporte à la fois des bonnes surprises et des insuffisances.

Parmi les bonnes surprises…
D'une manière générale, ce gouvernement fait le pari du renouvellement et du rajeunissement. Bien que la moyenne d'âge soit classiquement à la cinquante, de nombreux ministres trentenaires et quadragénaires font leur entrée au gouvernement, entrée sans doute facilitée par l'absence de gouvernement de gauche durant 10 ans.

Cette jeunesse et ce renouvellement est compensée par la présence de ministres particulièrement expérimentés dans des ministères clefs ou régaliens. C'est le cas du Ministère des Affaires étrangères confié à Laurent Fabius, qui aura un rôle majeur alors la crise économique et géostratégique est patente ; c'est également le cas du Travail avec Michel Sapin, et de la Réforme de l’État & de la Décentralisation avec Marylise Lebranchu.

La deuxième bonne surprise vient de certains intitulés de ministères qui donnent un aperçu intéressant de l'orientation politique potentielle du gouvernement (à vérifier dans les actes évidemment) :

duflot.jpg« Égalité des territoires », avec Cécile Duflot, qui marque le retour d'une volonté d'égalité républicaine dans l'action du gouvernement quand les gouvernements conservateurs successifs avaient peu à peu mis en concurrences les collectivités les unes contres les autres, et avaient déshabillé les services publics locaux là où les territoires étaient les plus déshérités ;
montebourg.jpeg« Redressement productif », avec Arnaud Montebourg, qui marque le retour d'un véritable ministère autonome de l'industrie, et qui peut augurer de la restauration d'une véritable politique industrielle au moment où l'appareil productif industriel français est en passe de succomber faute d'innovation et de coordination, laissant sur le carreau des centaines de milliers de salariés. C'est une politique de long terme dont nous avons besoin, sans doute l'un des enjeux nationaux et européens les plus vitaux pour les années à venir. On verra si le ministre Montebourg a les moyens de sa politique ;
Belkacem.JPG« Droits des femmes », avec Najat Vallaud-Belkacem. Ce ministère avait disparu des gouvernements Fillon, qui s'étaient illustré par un recul graduel mais constant des droits des femmes, notamment avec la diminution des Centres IVG. Ce ministère apparaît d'autant plus important que la gauche s'est engagée fortement durant la campagne sur la question de l'égalité salariale femme-homme et que le conseil constitutionnel vient de supprimer la notion de harcèlement sexuel du droit français et s'apprête à le faire pour le harcèlement moral :
lebranchu.jpg« Décentralisation », avec Marylise Lebranchu, qui marque la volonté d'effacer les régressions territoriales engagées par Nicolas Sarkozy et de réparer les erreurs et les insuffisances de l'Acte II de la décentralisation mis en œuvre par Jean-Pierre Raffarin, alors même que le rôle des collectivités locales et des EPCI s'avère de plus en plus crucial pour l'activité économique du pays et l'égalité d'accès aux droits et aux services publics ;
« Éducation populaire », avec Valérie Fourneyron, qui indique le sens de l'action que pourrait mener la nouvelle ministre au sein d'un ministère élargie des sports, de la jeunesse et de la vie associative ;
benoithamon2.jpg« Économie sociale & solidaire », avec Benoît Hamon. C'est une thématique méconnue de l'action économique mais déterminante avec 10 % des emplois français et qui pourrait permettre d'impliquer les salariés dans la résolution de certaines crises de propriété, de gestion et d'organisation productive. Indispensable à tout projet de gauche cohérent, l'économie sociale & solidaire n'a cependant jamais eu la place qu'elle méritait dans l'action gouvernementale… en tout cas jusqu'ici ;
canfin.jpg« Développement », avec Pascal Canfin. Peut-être enfin la volonté d'en finir avec la funeste Françafrique en confiant à cet économiste écologiste, député européen, spécialiste des questions financière, la mission de refonder le partenariat et l'action de la République française auprès des pays en voie de développement. C'est aussi un des avantages que sa personnalité représente : ne pas appartenir aux principaux réseaux à gauche et à droite décrédibilisés par les compromissions multiples de 40 ans de « coopération et de développement ». Ce ministère avait été assimilé avec une politique répressive de l'immigration sous les deux premiers cabinets Fillon avant de disparaître dans le troisième ;
« Francophonie », avec Yasmina Benguigui. Si le casting ministériel laisse pour le moment songeur, la recréation de ce ministère de la francophonie permet de concevoir la relance d'une politique essentielle au rayonnement culturel, intellectuel et idéologique de la République française et donc de son message universel.

Enfin, la nomination aux Affaires étrangères et aux Affaires européennes, de deux ministres qui ont en 2004 et 2005 plaidé pour le « NON » au projet de Traité Constitutionnel Européen – avec la nomination également d'autres responsables politiques éminents qui avaient fait le même choix (Christiane Taubira, Vincent Peillon, Benoît Hamon) – est un message fort adressé au peuple de gauche mais surtout et avant tout à nos partenaires européens au moment où le sort de la construction européenne est en jeu et qu'il faut construire des alternatives aux politiques austéritaires, des convergences industrielles, économiques et sociales, ainsi que les conditions d'émergence d'une véritable souveraineté populaire européenne.

Malgré ses excellentes orientations, le gouvernement Ayrault 1 n'a pas su éviter quelques écueils ou manque un peu de courage sur certains secteurs.

La principale est la persistance d'un ministère autonome de l'agriculture. Depuis le « Grenelle de l'environnement », il devrait être mis sous la férule du ministère de l'écologie. L'insistance faite sur la question agroalimentaire marque par ailleurs une certaine distance avec la nécessité impérieuse de construire une vision durable et moins productiviste de l'agriculture, alors même que nous devrions adopté des positions innovantes et offensives à la veille de la renégociation de la PAC pour 2013.

Le second écueil est de l'ordre des symboles. Mais évidemment, si ce gouvernement pleinement paritaire ne peut que nous satisfaire, si les femmes ministres occupent des postes souvent importants, seul le ministère de la Justice fait partie des ministères régaliens confiés à une femme. Pire, les femmes deviennent pléthoriques dans les ministères « compassionnels » ou intergénérationnels : « personnes âgées & dépendances », « famille », « personnes handicapées »… sans doute un écho aux paroles de cette grande philosophe politique cannoise, Bérénice Béjo et le résultat de réflexes sexistes e machistes des « hommes politiques » qui rechignent sans doute à se commettre dans de telles missions.

Enfin - et c'est dommage pour un gouvernement qui semble avoir fait un réel travail sur la terminologie et le sens politique des ministères créés - il est regrettable d'avoir intitulé le ministère confié à George Pau-Langevin "Réussite éducative". En effet, c'est une terminologie définie par la droite comme "égalité des chances" et qui a donné son nom à un dispositif par ailleurs assez limité dans le cadre de la politique de ville. Fortement contesté au moment de son lancement en juillet 2005, car les présupposés idéologiques étaient assez flous, il ne doit sa pérennité qu'au détournement de ses fonctionnements par les collectivités qui se sont appropriées le programme.

La composition du gouvernement Ayrault 1 répond également au sens aigu de l'équilibre et de la synthèse politiques développé par le Président François Hollande pendant plusieurs dizaines d'années de vie publique. Mais il ne peut masquer certaines logiques de revanche interne à la gauche.

Le meilleur équilibre commence évident par l'établissement d'un axe ferme autour duquel se structure le gouvernement. Selon moi, cet axe n'est pas réductible à l'ordre protocolaire établi par le gouvernement Ayrault 1. Le rang donné à Laurent Fabius, Vincent Peillon ou Christiane Taubira n'établit pas forcément une proximité politique mais répond à d'autres considérations : antériorité de l'ancien Premier Ministre, priorités phares affichées pendant la campagne pour l'éducation et la justice…

Les principaux lieutenants du nouveau Président de la République sont au nombre de deux plus un.

Jean-Marc-Ayrault.jpgParmi les deux premiers, le plus évident est bien sûr le nouveau Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, qui jouit d'un respect réel dans les troupes socialistes, notamment parmi les parlementaires, et qui pourra de ce fait imposer sans difficulté son autorité de chef de gouvernement et de la majorité parlementaire. Sa proximité avec le Président de la République est ancienne, n'a jamais fait de mystère pour personne, sans que jamais il ne soit mis en difficulté pour cela, y compris quand François Hollande subit sa « traversée du désert ». François Hollande a choisi une personnalité solide, discrète, honorable, travailleuse, en qui sa confiance est évidemment totale.

Michel-Sapin.jpgLe second personnage clé du président n'arrive qu'en 10ème rang : il s'agit de Michel Sapin. L'ami de régiment et de promotion de François Hollande se voit confier le « travail, l'emploi, la formation professionnelle et le dialogue social ». D'aucuns ont vu dans le fait qu'il ne soit pas ministre des finances une sorte de relégation ; je n'en crois rien. François Hollande avait fait, lors de sa campagne des primaires citoyennes, de sa conception propre des relations contractuelles et du dialogue social un déterminant, un distinguo important. Le nouveau Président de la République avait indiqué qu'il souhaite donner la primauté à la négociation et au contrat dans le domaine social et professionnel, et ne se résoudre à la loi qu'en dernier recours. C'est une rupture pratique importante avec l'exercice du pouvoir par la gauche en France, y compris avec la méthode Jospin-Aubry des années 1997-2000. Enfin, sur des dossiers déterminants comme ceux des retraites et des salaires, avec des syndicats de salariés meurtris dans leurs relations avec le gouvernement par 5 années de sarkozysme, le rétablissement du dialogue social sur ces bases ne sera pas forcément une mince affaire, d'autant que des divergences risquent d'apparaître dans le mécano visant à rétablir le droit plus ou moins effectif à la retraite à 60 ans. Le rôle de Michel Sapin sera donc essentiel et le président a confié une mission difficile (quel que soit le jugement que l'on porte sur l'orientation privilégié – pour savoir ce que j'en pense, vous pouvez lire les articles de Gérard Filoche sur l'articulation de la loi et du contrat) à un de ses plus fidèles soutiens.

Moscovici.jpgEnfin, le troisième pilier est Pierre Moscovici. 4ème du gouvernement, il reçoit l'économie, les finances et le commerce extérieur. Il s'agit de récompenser le directeur de campagne du candidat Hollande, de saluer à travers lui ceux des strauss-kahniens qui ont choisi l'ancien premier secrétaire du PS pendant la primaire, et de s'adjoindre l'un des représentants les plus affirmés de l'aile social-libérale du PS pour mener le redressement économique et financier du pays dans un cadre européen et mondial agité. Avec Pierre Moscovici, ancien ministre délégué aux affaires européennes, on ne sera pas trompé sur la marchandise concernant les grandes orientations de la politique financière et budgétaire du pays (surtout quand on lui adjoint Jérôme Cahuzac au budget) et on peut même penser rassurer conservateurs allemands et britanniques, malgré la posture « guerrière » adoptée par François Hollande sur le projet de « traité budgétaire » : en effet, si Pierre Moscovici défend comme les socialistes français une version plus ambitieuse du rôle de la Banque centrale européenne, il défend surtout au sein du parti français les arguments des autres social-démocrates européens sur le bien-fondé des nouveaux cadres budgétaires imposés dans l'accord Merkozy, pour peu qu'on y ajoute un petit chapitre « croissance ». Là aussi, la nomination est très politique et vise à mettre en application parfaite la ligne du candidat devenu président.

La distribution des cartes aux partenaires est assez intéressante : deux ministères pour le PRG ; deux autres pour Europe Écologie / Les Verts. Aucun du Front de gauche, mais dans les circonstances actuelles et avant les élections législatives, c'était plus qu'improbable.

taubira.jpegLe PRG est donc parfaitement bien servi puisqu'il a rarement eu autant de ministres, et jamais un ministère régalien comme celui de la Justice. Et encore, la nouvelle Garde des Sceaux est une radicale atypique et fortement indépendante ; sa nomination peut donc apparaître comme un pied de nez à ce parti de notables, bien qu'il se soit rallié avec entrain derrière la campagne de François Hollande.

Les écologistes disposent désormais de deux ministres en même temps (au maximum on avait compté un ministre et un secrétaire d’État sous Jospin) : ils n'ont pas eu l'écologie et l'énergie mais c'était prévisible, du fait des désaccords importants entre le président et eux (et bien d'autres militants de gauche) sur la question du nucléaire. D'autant que de nombreuses associations écologistes ou environnementales demandaient à ce que ce ministère soit confié à un(e) socialiste pour s'assurer que les décisions de ce ministère soit pleinement assumée par le parti central de la nouvelle majorité. Avec l'égalité des territoires et le logement, Cécile Duflot se voit confier une mission qui a aussi retenu fortement l'attention du nouveau président dans la campagne : retour à la décentralisation, égalité territoriale et sociale, logement. Enfin, si on a peu parler du développement pendant la campagne, le fait même d'attribuer ce portefeuille à un écologiste peut s'avérer un véritable gage de transparence et d'innovation. Nommer deux jeunes ministres écologistes – s'ils réussissent dans leurs missions – peut également permettre de leur mettre le pied à l'étrier et de renforcer leur crédibilité.

logoEELV.jpgUne manière d'asseoir les relations avec les nouveaux partenaires privilégiés du Parti Socialiste, alors même que le Président de la République n'était pas forcément leur meilleur allié ?

L'absence de ministres issus du MRC de Jean-Pierre Chevènement et du MUP de Robert Hue marque la prise en compte d'une réalité politique. Outre les quelques circonscriptions qui ont été réservées à ces deux tous petits partenaires, François Hollande malgré les liens privilégié qu'il peut avoir avec l'un et l'autre a tenu compte de leur faible poids électoral.

nouveau-logo-ps.jpgEnfin c'est au cœur du Parti Socialiste que se jouent les équilibres de ce premier gouvernement Ayrault. Toutes les sensibilités sont représentées, parfois jusqu'à tenir compte des différentes sous-chapelles nées de l'éclatement des différents courants du PS depuis le calamiteux congrès de Reims.

Cependant deux marqueurs identifient ce cabinet :

  • l'absence remarquée de Martine Aubry ;
  • la sous-représentation de la gauche du PS.

AubryDuflotD'aucuns diront que la place de Martine Aubry n'était pas évidente du fait de la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon. C'est un argument qui peut s'entendre. Mais François Hollande a fait un choix politique en ne lui proposant aucun ministère régalien ou économique et social… et en ne positionnant aucun de ses proches sur l'un ou l'autre.

Lamy.jpgEntendons-nous bien, les portefeuilles confiées à Marylise Lebranchu et François Lamy sont importants, mais le poids de la première secrétaire du PS et de ses amis semble négligé. Marylise Lebranchu notamment – du fait de son antériorité comme Garde des Sceaux de Lionel Jospin – aurait pu prétendre à un rang plus élevé dans le protocole gouvernemental et à des missions qui colorent l'orientation politique générale du gouvernement. Ici aussi nous avons une information assez claire des choix de politique économique et sociale qui seront opérés par le tandem Hollande-Ayrault.

Uniquement deux ministres appartiennent historiquement et politiquement à l'aile gauche du PS :

  • Alain Vidalies, ancien responsable des poperènistes maintenus, partenaire d'Emmanuelli et Mélenchon dans le courant « Nouveau Monde » (2003-2005), soutien de la motion Fabius (2005-2008) puis de la motion Aubry, qui est nommé ministre délégué aux relations avec le parlement ;
  • Benoît Hamon, porte parole du PS, mandataire national du courant « Un Monde d'Avance » et ancien animateur du NPS, qui est délégué à l'économie sociale et solidaire.

Ces deux ministères délégués ne sont pas forcément les deux plus prestigieux du gouvernement ; pourtant « Un monde d'avance » représente près d'un cinquième du PS, sans même parler de Vidalies. Je ne renie pas ce que j'ai écrit plus haut sur l'importance théorique de « l'économie sociale & solidaire » dans un projet socialiste et donc de sa signification pour la gauche du PS. Mais cette thématique est malheureusement considérée comme mineure par la plupart des responsables politiques – y compris à gauche – et des technocrates ; Benoît Hamon est placé sous l'autorité de Pierre Moscovici qui n'a jamais porté dans son cœur les militants de la gauche du PS et avec qui il aura fort à faire pour conquérir les moyens nécessaires à son ministère. Je ne doute pas de la ténacité de Benoît Hamon et de ses collaborateurs, mais il n'aura pas la partie facile, s'il veut tirer son épingle du jeu et surtout obtenir de réelles avancées, concrètes et visibles pour les salariés et les entreprises.

L'avenir dira ce qui ressortira de ce nouveau gouvernement. Nous avons besoin qu'il réussisse pour espérer construire une base suffisante pour des politiques plus ambitieuses. Je ne sais pas si le concept de « Hollandisme révolutionnaire » inventé par Emmanuel Todd peut être autre chose qu'une formule, mais je suis convaincu qu'aux côtés de ce gouvernement doit exister une force politique capable de l'aiguillonner et de développer/renforcer les liens entre les socialistes et toute la gauche. La réussite de ce gouvernement social-écologiste est essentielle au redressement de la France ; la réussite d'un véritable congrès du PS à l'automne 2012 est essentiel à celle du gouvernement.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 14:51

gauche-additionnee.jpg

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 13:00

Le 1er tour de l'élection présidentielle de dimanche a placé la Gauche dans son ensemble dans une position bien plus favorable qu'elle ne l'était en 2007.


Ces résultats démontrent – si cela était encore nécessaire – les insuffisances collectives et respectives de la gauche cinq ans plus tôt, alors que déjà – après 5 années de mandat lamentables de Jacques Chirac – tout le monde répétait que l'élection était imperdable.

En 2007, à la gauche du PS régnait l'éparpillement et la déréliction d'une partie des organisations ; les écologistes et les socialistes étaient incapables de se parler ; le Parti Socialiste ne disposait d'aucun projet précis, et il était balloté par les dérives idéologiques de sa candidate et les plaies des règlements de compte organisée par la direction du parti au lendemain du référendum de 2005 sur le TCE. Toute la gauche, chacun dans son organisation, s'était tirée une balle dans le pied ou même plusieurs.

Le score de François Bayrou en 2007 s'explique ainsi par les insuffisances de la gauche en général et du Parti Socialiste avant tout. 2012 démontre que la présidentielle ne se joue pas au centre et que le PS a perdu du temps pendant 5 ans (un peu moins entre 2009 et 2011) à se demander s'il devait discuter avec le MODEM : le centre n'est pas une «force»politique, il n'existe que par intermittence quand se font jour les faiblesses de la gauche. Et plus que tout, sauf à méditer des arrières pensées inavouables, le Centre n'est comme disait Mitterrand «ni de gauche, ni de gauche».

FrancoisHollandeQuels que soient les désaccords et les nuances qui ont pu être exprimées entre la gauche du PS et François Hollande, notamment quand il s'écartait trop fortement du projet adopté par le Parti Socialiste en juin 2011, on ne peut que lui savoir gré d'avoir maintenu avec constance depuis le meeting du Bourget les principes essentiels et les valeurs de la gauche républicaine, sans jamais dévier de sa course. Et ceci quelles que soient les interpellations de ses adversaires ou des commentateurs médiatiques, alors que la campagne de Ségolène avait démontré une certaine porosité sur des notions culturelles de droite.

Ainsi la fermeté du candidat a permis de nourrir le vote centriste avec des électeurs de gauche affolé par le vertige que donnait Ségolène Royal… qui elle n'a dû son score qu'à la peur viscérale des électeurs de la gauche radicale de voir se produire un nouveau 21-Avril.


Il existe donc bien deux dynamiques qui se sont complétées à gauche pour porter celle-ci à 43,75 % des suffrages contre 36,4 % en 2007 (Eva Joly remporte bien quelques 250 000 voix de plus que Dominique Voynet, mais vue la faiblesse du score et le recul comparé aux résultats des européennes et des régionales on n'appellera pas cela une dynamique) : celle du Front de Gauche avec Jean-Luc Mélenchon et celle des socialistes avec François Hollande.

jean-luc_melenchon-3-3-7744e.jpgAlors que l'abstention a augmenté de près de 700 000 personnes, le second rallie 773 470 voix de plus que Ségolène Royal ; le premier se mesure à l'aune de l'ensemble des suffrages accordées à la gauche du PS (au regard des échanges de voix massifs au sein de ce bloc, vers le Front de Gauche) qui passe d'un total de 3,3 millions de voix à plus de 4,6 millions, soit un gain de près de 4 points (soit plus que les gains du enregistrés entre candidatures socialistes).

Ces dynamiques se nourrissent pour le PS d'un retour d'un électorat de gauche titubant en 2007 vers le MODEM, d'échanges de suffrages entre le Front de Gauche et le PS et de remobilisation de nombreux abstentionnistes notamment dans les quartiers populaires.

À ce titre, les habitants des banlieues sont venus voter et ont massivement apporté leur soutien à la gauche ; ce résultat – même s'il reste énormément de travail et qu'il ne faut pas forcément compter sur une mobilisation comparable lors des législatives (cf. 2007) – vient apporter un démenti cinglant à l'analyse et aux propositions de Terra Nova sur la stratégie électorale que devrait adopter le Parti Socialiste.


La progression de l'extrême droite est réelle, malgré toutes les démonstrations de celles et ceux qui par peur ou excès de confiance voudraient relativiser le score de Marine Le Pen, dimanche 22 avril 2012. Comparé au résultat de Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac lors du second tour de l'élection présidentielle de 2002 – ceux-ci étaient supérieurs à l'addition des suffrages accordés à Le Pen et Mégret au 1er tour –, Marine Le Pen progresse de 1,5 millions de voix. La montée du Front National apparaît donc comme une tendance constante dans la vie politique française depuis 30 ans. Il est erroné de présenter ce vote comme le signe d’une simple colère et moins encore l’expression d’une «souffrance» comme le déclarait lundi matin Nicolas Sarkozy ! Ce vote conjugue en réalité des motivations profondément différentes qui convergeant sur le nom de Marine Le Pen, et c'est cette capacité à faire la synthèse de ces motivations divergentes qui est justement le plus inquiétant.

1489157_3_0fb0_marine-le-pen-a-lille-le-5-mars-2011.jpgIl est dramatique que la contestation du système, de ses conséquences sociales terribles trouve aujourd'hui son réceptacle dans une idéologie nationaliste, populiste et xénophobe. Les électeurs du FN n’ont sans doute rien à faire de la pseudo compassion de Nicolas Sarkozy dans une rhétorique de la «protection» (dans sa forme national-sécuritaire) qui cherche à masquer l’essentiel de ce que réclame notamment une partie de l'électorat des anciens bassins industriels du Nord et de l'Est de la France : la volonté de nouvelles règles du jeu à tous niveaux, mondial, européen et français, d’une inversion de priorités et d’une prise en compte de la réalité telle qu’elle est et non racontée en éludant en permanence la vie d’une part importante des français ! Reste bien sûr une extrême droite classique renforcée par la légitimité que Nicolas Sarkozy et ses compères lui ont donné en reprenant ses thèses, son discours haineux et de rejet de l’autre ! Bilan de cette attitude, le FN progresse et n’est en rien, comme l’UMP le prétendait, marginalisé.

De-memoires-d-ouvriers-ou-la-fierte-blessee-des-ouvriers-sa.jpgIl faudrait tout de même reconnaitre que la stratégie menée par Jean-Luc Mélenchon contre le FN, si elle était pertinente et nécessaire sur le principe, n'était pas adaptée dans la pratique. L'indignation morale seule est contreproductive car – si elle est seule dans le discours – elle renforce le caractère protestataire de ce vote. Un jour, il va falloir traiter Le Pen sérieusement plutôt que pour faire le spectacle et se donner bonne conscience : loin de courir après le Front comme fait Sarkozy, François Hollande n'a heureusement renié aucun de ses engagements (Mariage Homo, droit de vote des étrangers…) au prétexte de satisfaire l'électorat nationaliste – malgré les déclarations douteuses de Ségolène Royal, dimanche 22 avril au soir et ce matin encore sur France Inter. Il s'agit de s'adresser à l'électorat ouvrier du FN qui vient de la gauche pour le reconquérir ; le candidat de gauche peut à loisir insister sur des points présents dans son programme et dans le projet du PS pour faire cela : réindustrialisation, lutte contre les délocalisation, contestation de la vision libérale de la mondialisation ou encore réorientation nécessaire de la construction européenne…

Il est évident que la majorité des électeurs du FN sont majeurs et vaccinés et sont totalement responsables de leur vote. Il ne s'agit de reculer sur rien, sauf à perdre la bataille culturelle et idéologique : partout où la République et la gauche cèdent du terrain sur leurs valeurs, l'égoïsme, la xénophobie et les communautarismes progressent et prétendent la remplacer. Tous devraient avoir à cœur de résoudre les défis de notre pays sans jamais banaliser ces idées contraires au message universel et humaniste porté par notre pays. Mais cela ne doit pas être une posture morale qui empêche de ramener vers le vote républicain de gauche des citoyens égarés et nous ne devons pas nous interdire de faire changer d'avis nos concitoyens.

claud-gueant-sarkozy 9881A contrario, Nicolas Sarkozy et la droite anciennement républicaine derrière lui sont engagés dans une course à l'échalote avec le Front National qui confine désormais à l'alignement sur son programme. Comme ministre de l'intérieur, comme candidat en 2007, puis comme Président de la République, le candidat sortant n'a cessé de nourrir la banalisation des idées de l'extrême droite. La lepénisation des esprits n'a jamais été aussi radicalement servie qu'avec ce quinquennat ; les débats sur l'identité nationale ou la pseudo «laïcité» façon UMP, les discours de Grenoble et de Dakar, les propos répétés de Claude Guéant ont levé tous les tabous qui empêchaient jusqu'ici de considérer le racisme comme une opinion légitime en République.

La progression du Front National naît à la fois de l'échec politique des gouvernements Nicolas Sarkozy et de la légitimation de ses thèses au plus haut niveau de l’État.

Le soir même du 1er tour, le candidat de l'UMP donnait une réponse à la tonalité violemment nationaliste dans la foulée de la stratégie «buissonniste» qu'il applique depuis plusieurs mois avec constance. À Longjumeau, peut-être aussi pour provoquer la porte-parole de sa campagne qui en est la maire (NKM a répété à de nombreuses reprises qu'elle choisirait la gauche plutôt que le FN en cas de 2nd tour Hollande-Le Pen), il est allé plus loin, affirmant que le Front National est compatible avec la République. Celui-ci est encore la plus haute autorité de l’État vient de rompre le cordon sanitaire républicain qui depuis 1983 sépare les partis républicains du FN. Il profère au passage un mensonge tonitruant : il n'est pas nécessaire dans notre pays de porter des valeurs républicaines pour avoir une existence légale ou se présenter aux élections : quid sinon de l'autorisation de créer des organisations anarchistes ? quid des listes royalistes soumises parfois au vote des électeurs dans des élections régionales ou européennes ?

Il faut donc le réaffirmer haut et fort : la capacité juridique du FN a se présenter aux élections n'en fait pas un parti républicain. Le FN ne pourrait être interdit que s'il envisageait une action insurrectionnelle pour abattre la République ou s'il s'affirmait ouvertement néo-nazi ou néo-fasciste – tel n'est pas le cas, du moins apparemment. Le FN n'en porte pas moins des valeurs et un programme en contradiction avec le modèle social républicain patiemment construit sur les bases de la IIIème République et du Conseil National de la Résistance. Et si par malheur il devait un jour participer au pouvoir, nul doute qu'il aurait l'habileté de conserver l'habillage de la République pour donner une tonalité autoritaire et réactionnaire au régime à la manière des ultra-conservateurs hongrois alliés aux fascistes locaux.

De fait, Nicolas Sarkozy et surtout une partie de ses plus fidèles lieutenants – qui chercheront un jour à lui survivre – cherchent à préparer progressivement les esprits à la rupture définitive des derniers remparts empêchant la droite de s'allier avec un FN relooké «bleu marine». Les coups de boutoirs assénés depuis trois jours vont donc être assortis d'une réaffirmation temporaire de l'absence d'alliance UMP-FN aux législatives… en juin 2012… mais en juin 2012 seulement !

Alain-Juppe-est-arrive-samedi-matin-en-Aghanistan-pour-une-.jpgCes dernières précautions camouflent la préparation de la violente purge ou lutte interne qui se prépare à l'UMP, surtout si le Président sortant est déchu. Personne n'est dupe de la dénonciation par Éric Zemmour ou Lionel Lucca des voix perdues par la faute d'Alain Juppé qui avait eu le tort selon eux d'avaliser l'idée que François Bayrou pourrait être un très bon Premier Ministre de Nicolas II. Personne n'est dupe non plus des réactions violentes qui ont accueillis les déclarations de Patrick Devedjian, Jean-Pierre Raffarin ou Chantal Jouanno sur les excès de la droitisation du discours de l'UMP.

Lourdes de divisions idéologiques profondes et de querelles d'ambitions personnelles viscérales, l'UMP se prépare une «nuit des longs couteaux» qui conduira à l'implosion du parti centriste et conservateur créé par Jacques Chirac et Alain Juppé : d'un côté (les plus nombreux) ceux qui choisiront d'emporter les 64 % d'électeurs UMP favorable à l'alliance avec Marine Le Pen, avec la "Droite Populaire" et Jean-François Copé, qui prépareront la recomposition d'une droite conservatrice et réactionnaire dont le pôle équivalent sera le Front National ; de l'autre ceux qui chercheront à recréer l'UDF, mais qui auront bien du mal à s'accorder sur un centre introuvable… et au milieu les héritiers de Chirac, orphelins…

Pour l'unité populaire contre la Réaction, le fascisme et le conservatisme !

Cette situation se prépare lentement ; la première étape de sa mise en forme concrète pourrait bien être les scrutins locaux de 2014 et 2015. Elle est lourde de dangers pour la démocratie française et condamne la gauche française à réussir son mandat, car sinon l'alternative à un échec sera Marine Le Pen.

manifestation-CGT.jpgFace à une droite qui a fait le lit du fascisme et de la réaction, face à une droite qui a vendu son âme sur l'autel de la stigmatisation et qui a perdu tout sens de la République, il faut rassembler TOUTE la gauche Dimanche 6 mai 2012, pour porter le candidat Hollande à l’Élysée et entamer dès le 7 mai de nouvelles luttes pour contrer la réaction, le conservatisme et les néo-libéraux en France et en Europe !

Mais au-delà du 6 mai, il faudrait rassembler toute la gauche pour gouverner. Cela commence d'abord par la nécessité lors des élections législatives de faire front à gauche contre le Front National et de répondre favorablement à la proposition de Jean-Luc Mélenchon : et pas uniquement là où le FN a une possibilité de faire élire un député. Nous ne pouvons pas non plus nous résoudre à être confrontés à des seconds tours UMP-FN dans certaines circonscriptions, d'autant que dans les circonstances actuelles ce serait «bonnet blanc et blanc bonnet».

Hamon28mai2011Par-delà les législatives, «la réussite de l'expérience de gauche qui va commencer peut-être le 6 mai dépend de l'unité de la gauche» comme le disait le 24 avril 2012 Benoît Hamon sur RFI. On peut créer les conditions d'un véritable gouvernement d'union populaire sous la présidence de François Hollande pour peu qu'on s'attache plus fortement au projet adopté par le PS en juin 2011.

Confronté aux blocages financiers et aux bâtons que les conservateurs européens ne manqueront pas de lui mettre dans les roues, alors que les marchés eux-mêmes jugent destructrices les politiques d'austérité généralisée et institutionnalisée mises en œuvre en Europe, François Hollande devra en tirer les conséquences et appliquer une orientation plus radicale et plus ferme en terme de politique économique, de réindustrialisation et de réorientation démocratique de l'Union Européenne.

C'est ça ou l'échec !

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise chargé des relations extérieures

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 06:50

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Par Sylviane Agacinski, Dominique Blanc, Jeanne Cherhal, Annie Ernaux, Caroline Fourest, Françoise Héritier, Axel Kahn... et 150 autres signataires

Nous sommes féministes. Le 6 mai prochain, nous voterons pour la gauche rassemblée, nous voterons pour François Hollande.

Nous voterons pour la gauche car elle est notre famille politique. Son histoire, son moteur, son identité, c’est de placer l’intérêt général avant les intérêts privés, la raison au-dessus des croyances ou des préjugés, c’est de faire reculer les oppressions et de construire une société où les dominations de toutes sortes n’auront plus leur place. La gauche est une alliée intrinsèque de la lutte des femmes pour leur libération parce qu’elle a pour but l’émancipation de chaque individu.

Ces cinq dernières années, le lien social a été affaibli, les inégalités se sont développées. Les femmes ont payé le prix fort des mesures libérales mises en œuvre par Nicolas Sarkozy : réforme des retraites, fermetures de centres IVG, recul de la parité, augmentation de la précarité du travail, féminisation de la pauvreté… Il est temps de changer de politique, pour les femmes comme pour la société toute entière.

L’amélioration réelle de la vie des femmes passe par des mesures spécifiques mais aussi par des politiques publiques qui visent le progrès social, par une plus juste répartition des richesses, le maintien et l’amélioration des services publics. A de nombreuses reprises, la gauche a soutenu les mobilisations féministes. Elle a prouvé qu’elle pouvait mettre en œuvre des politiques progressistes et favorables à l'égalité entre les sexes et à la liberté des femmes.

L’arrivée de la gauche au pouvoir est une condition importante de l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais nous savons aussi que les mécanismes de domination, multimillénaires, d’invisibilité des femmes et de résistance à leur émancipation et à leur libération, sont puissants. Le candidat de gauche devra les combattre. Nous comptons sur lui. Nous serons là pour lui rappeler ses engagements, le soutenir quand il voudra lutter contre le patriarcat, et le bousculer si les vieux démons reprennent le dessus.

La promesse de François Hollande de rétablir le ministère des Droits des Femmes, dans un gouvernement paritaire, est un engagement majeur. Ce ministère, en travaillant avec les associations féministes, devra être un outil politique déterminant pour faire reculer les inégalités et inventer une autre société.

Nous affirmons la dimension profondément politique du féminisme. Nous attendons une remise en cause de cette organisation sexuée de la société qui crée et perpétue des inégalités intolérables entre les femmes et les hommes. Voter à gauche, c’est refuser l’assignation à des rôles pré-établis, c’est parier sur la raison et la capacité de chacune et chacun à s’extraire de sa condition pour devenir maître de sa vie. Voter à gauche, c’est parier pour un monde nouveau, dans lequel les droits des femmes passeront des textes de lois à la réalité.

Nous appelons toutes celles et ceux qui veulent que les droits des femmes retrouvent le chemin du progrès à se rassembler dans un vote de gauche, à voter François Hollande.

Laure Adler, Ecrivaine - Sylviane Agacinsky, Chercheure - Isabelle Alonso, Ecrivaine - Grinberg Anouk, Comédienne - Nathalie Bajos, Chercheure - Christine Bard, Historienne - Astrid Bas, Comédienne - Marie-Noëlle Bas, Militante féministe - Christian Baudelot, Sociologue - Françoise Bellot, Militante féministe - Kahina Benziane, Militante féministe - Alix Beranger, Militante féministe - Cathy Bernheim, 40 ans du MLF - Sophie Bessis, Historienne - Nicole Bez, Médecin, syndicaliste - Agnès Bihl, Chanteuse - Sophie Binet, Syndicaliste - Chris Blache, Militante féministe - Dominique Blanc, Actrice - Corinne Bouchoux, Historienne - Danielle Bousquet, Assemblée des Femmes - Pascale Bousquet-Pitt, Militante féministe - Emmanuelle Boussard-Verrecchia, Avocate - Nataly Breda, Militante féministe - Zabou Breitman, Réalisatrice - Thalia Breton, Militante féministe - Geneviève Brisac, Ecrivaine - Michel Broué, Mathématicien - Fabienne Brugère, Philosophe - Marie-France Casalis, Militante féministe - Marie Cervetti, Militante féministe - Florence Cestac, Auteure de BD - Jeanne Cherhal, Chanteuse - Natacha Chetcuti, Chercheure - Carole Chotil-Rosa, Militante féministe - Thérèse Clerc, Militante féministe - Alice Coffin, Militante féministe - Françoise Collin, Philosophe - Catherine Combes, Militante féministe - Maria Cotora, Militante féministe - Fanny Cottençon, Comédienne - Sylvie Cromer, Chercheure - Sandrine Dauphin, Chercheure - Caroline De Haas, Assemblée des Femmes - Marie Denarnaud, Comédienne - Monique Dental, Militante féministe - Claire Desaint, Militante féministe - Marie Duru Bellat, Sociologue - Annie Ernaux, Ecrivaine - Roger Establet, Sociologue - Christine Fauré, Sociologue - Jeanne Favret-Saada, Ethnologue - Jacqueline Feldman, Sociologue - Michèle Ferrand, Sociologue - Léa Fichet, Militante féministe - Léa Filoche, Militante féministe - Françoise Flamant, Archives du féminisme - Giulia Foïs, Journaliste - Claude Fontaine - Caroline Fourest, Essayiste – Béatrice Gamba, Militante féministe - Anne-Marie Garat, Ecrivaine - Delphine Gardey, Historienne - Françoise Gaspard, Chercheure - Audrey Gatian, Militante féministe - Michèle Gonin, Militant féministe - Mélanie Gratacos, Militante associative - Pauline Grégoire-Marchand, Militante féministe - Juliette Griffond, Militante féministe - Claude Groussin, Mouvement Jeunes Femmes  - Claire Guiraud, Militante féministe - Gisèle Halimi, Avocate - Monique Halpern, Ecrivaine - Clémence Helfter, Syndicaliste - Françoise Héritier, Anthropologue - Annik Houel, Chercheure - Serge Hureau, Chanteur - Simone Iff, Ancienne présidente du Planning familial - Annabelle Janodet, Militante mutualiste - Maryse Jaspard, Socio-démographe - Anne-Charlotte Jelty, Les insoumises - Cy Jung, Ecrivaine - Axel Kahn, Généticien, universitaire - Liliane Kandel, 40 ans du MLF - Sarah Kerrich, Militante féministe - Yvonne Knibiehler, Historienne - Marie-José Kotlicki, Syndicaliste - Marie-Thérèse Lanquetin, Juriste - Christine Le Doaré, Militante féministe - Safia Lebdi, Les insoumises - Armelle Lebras-Chopard, Chercheure - Catherine Lecoq, Comédienne, chanteuse militante - Séverine Lemière, Chercheure - Marie-Thérèse Letablier, Sociologue - Pascale Lismonde, Journaliste - Alice Loffredo, Militante féministe - Michèle Loup, Militante féministe - Violaine Lucas, Professeure de lettres - Anne-Cécile Mailfert, Militante féministe - Virginie Martin, Chercheure - Michela Marzano, Philosophe - Maïa Mazaurette, Blogueuse et auteure - Dominique Meda, Sociologue - Philippe Meirieu, Pédagogue - Loubna Méliane, Fondatrice de Ni Putes Ni Soumises - Blandine Métayer, Comédienne, Auteure - Françoise Morvan, Militante féministe - Janine Mossuz-Lavau, Chercheure - Liane Mozère, Sociologue - Julie Muret, Militante féministe - Pap N’Diaye, Historien - Sarah Nasséra Oussekine , Militante féministe - Marion Oderda, Militante féministe - Orlan, Artiste - Michelle Perrot, Historienne - Camille Peugny, Sociologue - Françoise Picq, 40 ans du MLF - Emmanuelle Piet, Militante féministe - Maudy Piot, Psychanalyste - Christine Planté, Professeure de littérature - Soudeh Rad, Militante féministe - Linda Ramoul, Militante féministe - Rayhana, Auteure, Comédienne - Charline Renaud-Dhyèvre, Militante féministe - Myriam Revault d’Allonnes, Philosophe - Michèle Revel, 40 ans du MLF - Michèle Riot Sarcey, Historienne - Evelyne Rochedereux, CIBEL, Militante lesbienne, féministe - Jean-Marc Roirant, Militant associatif - Roselyne Rollier, Militante féministe - Aline Royer, Militante féministe - Romain Sabathier, Militant féministe - Ouarda Sadoudi, Association Home - Rama Sall, Mouvement des Jeunes Socialistes - Michele Sarde, Ecrivaine - Claire Serre-Combe, Militante féministe - Fabienne Servan Schreiber, Productrice - Rachel Silvera, Chercheure - Claire Simon, Réalisatrice - Mariette Sineau, Politologue - Luce Sirkis, - Charlotte Soulary, Militante féministe - Martine Storti, 40 ans du MLF - Annie Sugier, Militante féministe - Wassyla Tamzali, Essayiste - Josy Thibaut, Militante féministe - Philippe Torreton, Comédien - Olga Trotsiantski, Militante féministe - Laurence Tubiana, Professeure - Fiammetta Venner, Politologue - Eliane Viennot, Professeure de littérature - Anne-Marie Viossat, Militante féministe - Annette Wieviorka, Historienne - Anne Wurtz, Militante féministe - Michelle Zancarini-Fournel, Historienne - Arlette Zilberg, Militante féministe

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 08:11

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L'émission (quasi-)unique, proposée hier soir aux téléspectateurs français aura au moins permis de remettre quelques pendules à l'heure.

Pas sur le statut du président-candidat, qui a encore trouvé une pirouette hypocrite et pathétique, pour prolonger la théorie de suspense sur sa candidate… Pas sur une volonté réaffirmée de protéger les Français et notamment les classes moyennes, au nom desquelles le locataire de l’Élysée s'était élevé contre les propositions de François Hollande, censées êtres des attaques en règle contre celles-ci…


Non, Nicolas Sarkozy nous a démontré encore une fois ce soir qu'il était bien le point de convergence d'une droite française en échec et qui tend à pousser la société vers l'abîme avec elle.

Quelle ironie de prendre une bonne vingtaine de fois comme modèle, comme exemple absolu, la République fédérale allemande, dans sa version conservatrice comme dans sa version dite « sociale-démocrate » (alors même que le SPD a rompu avec les recettes précédentes de Schröder), quelques jours à peine après que l'Organisation Internationale du Travail vienne de démontrer que la politique économique et sociale allemande avait mené depuis 10 ans l'ensemble de l'économie européenne dans le mur [lire l'article sur le sujet ici].

Évidemment, le quinquennat commencé au Fouquet's se terminera dans le service fait aux mêmes catégories aisées : augmentation de la TVA sans augmentation des salaires nets, mesures en faveur des propriétaires de logements, casse des 35 heures. On aura également bien compris que le président n'était pas un mensonge près, connaissant les effets néfastes de la hausse de la TVA pour les classes populaires et moyennes et le fait que cela ne pourrait servir que les dirigeants d'entreprises, puisqu'il a – en direct – expliqué qu'il n'avait jamais promu la « TVA sociale » ni utilisé cette expression. On lui rappellera que cette expression il l'avait utilisé lui-même dans un discours enregistré devant les députés UMP entre les élections présidentielles et les élections législatives en 2007, expliquant que si elle est bonne pour les classes populaires et efficace contre les délocalisations, elle serait mise en place et que, dans le cas contraire, elle ne sera pas mise en place. La « TVA sociale » a dû être considérée comme mauvaise en juin 2007, surtout après quelques pertes de circonscriptions, mais désormais elle serait donc à nouveau parée de toutes les vertus. Va comprendre…


Nicolas Sarkozy a cependant une raison de se rassurer et de s'inquiéter tout à la fois (bien qu'il semble être dans une optique plus proche de "Après moi le déluge..." que de celle d'être inquiet de ce qui se passerait sans lui).

La nouvelle synthèse de la droite qu'il avait conduite en 2006-2007 est en passe de s'élargir sur deux fronts. Sa seule difficulté tiendra en sa capacité ou non à rassembler des partis et des personnalités politiques qui se rassemblent sur l'économie mais se séparent sur l'Europe et la question des discriminations. Nicolas Sarkozy est aujourd'hui le point de rencontre de toute la droite, depuis les centristes jusqu'au Front National.

Regardons François Bayrou et son MODEM. Alors que certains à gauche en avaient fait jusqu'à voici quelques semaines encore un nouvel acolyte « naturel » de la gauche, la campagne présidentielle permet de rappeler ses positions politiques réelles : augmentation de 2 points de TVA, règle d'Or budgétaire, régression importante sur les retraites… D'ailleurs, si quelques uns étaient encore tentés de douter (comme un ancien maire d'Epinay-sur-Seine), on jugera de la réalité à l'aune des ralliements à la candidature de François Bayrou : imagine-t-on Philippe Douste-Blazy, Alain Lambert ou Jean Arthuis, ministres ou soutiens d'un gouvernement de gauche ? Le programme économique de François Bayrou pourrait être mise en œuvre par François Fillon ou Nicolas Sarkozy. Contrairement aux fausses confidences dans Le Parisien, ce n'est pas vers une alliance avec la gauche et derrière François Hollande que le président du MODEM vise. Il espère doubler Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy pour pouvoir affronter le candidat de gauche, et rassembler derrière lui la droite qui lui permettrait de constituer une majorité parlementaire.

Marine Le Pen, quant à elle, aura beau moqué les traditionnelles retraites ultra-libérales du président-candidat, mais sa politique économique – une fois mise de côté la très hypothétique sortie de l'euro (mais pas de la monnaie commune semble-t-il) – ne diffère pas tant de celle de Nicolas Sarkozy ou de François Bayrou. Hausse de 3 points de la TVA, priorité aux chefs d'entreprises, fin des 35 heures et flou énorme du FN sur les retraites (qui croire entre Marine et Jean-Marine, sur le retour ou non de la retraite à 60 ans ?). Claude Guéant et la Droite populaire servent de passerelles en termes nationalistes et xénophobes entre le FN et l'UMP, instillant parmi la droite les idées nauséabondes qu'elle était censée avoir abandonné depuis le milieu des années 1980 avec Jacques Chirac (rappelons que le jeune Alain Juppé avait juste auparavant sorti des tracts lors d'une campagne municipale dans le XVIIIème arrondissement dénonçant l'invasion de l'immigration). Marine Le Pen de son côté est en train de réussir son opération de banalisation du Front National ; elle fonctionne sur deux registres : anti-système, recueillant tous les déçus des erreurs politiques commises depuis 40 ans et tous les opposants au système démocratique qui jugent la République et les hommes politiques tous corrompus ; au sein du système, car « grâce » à elle, le FN serait devenu un parti comme les autres que des électeurs traditionnels de la droite républicaine ou de la gauche socialiste seraient près à rejoindre en la confondant avec Gianfranco Fini.

Ainsi elle-même, tout en développant des propositions politiques et économiques qui conduirait par l'austérité tout aussi bien la France au bord de l'abîme, que le reste de la droite française, joue-t-elle désormais le même objectif que François Bayrou : dépasser Nicolas Sarkozy et tenter d'imposer son leadership sur une droite française en recomposition.

C'est là l'un des enjeux de la campagne des présidentielles. Nicolas Sarkozy, devenu définitivement candidat, parviendra-t-il (il a déjà montré une capacité à rebondir comme d'autres roublards talentueux) à convaincre centristes et national-populistes de se rassembler derrière sa candidature au 2nd pour faire barrage à une gauche plus ou moins offensive ? Son leadership réaffirmé, il conduirait alors une nouvelle synthèse, écrasant définitivement les dernières velléités de l'indépendance centriste qui auront sombré avec François Bayrou, capable d'intégrer une partie de l'extrême droite populiste dans la majorité…

Ou la droite entrera-t-elle sous le leadership d'un président Bayrou, qui perdrait cependant une partie de la Droite populaire, ou d'une Marine Le Pen chef de l'opposition, dans une phase de recomposition, dont personne ne peut dire aujourd'hui quelle bête immonde émergera ?

La victoire de la gauche en mai et en juin prochains si elle sait se rassembler et si elle sait être plus offensive, durant le mandat qui s'ouvrira, qu'elle ne l'est aujourd'hui, est nécessaire non seulement pour le redressement économique et social de la France, mais également pour l'avenir de notre démocratie.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 17:00

Sans contestation possible, François Hollande, candidat du Parti Socialiste et du Parti Radical de Gauche, a réussi son entrée en campagne et son discours du Bourget. Devant plus de 20 000 militants et sympathisants, au cœur d'une scénographie inspirée des conventions démocrates (et des congrès de l'UMP sous Nicolas Sarkozy…), le candidat a pris une posture combattive, visant à démontrer son volontarisme et à répondre à une partie de l'électorat de gauche qui s'interrogeait sur son positionnement politique et s'inquiétait de son profil centriste.
François Hollande a donc rassuré par un discours, qui – malgré sa longueur (près d'1h30) – était en fait largement allégé par une bonne dose de storytelling. Pour ceux donc qui craignait le contraire celui veut être le futur président de la République sera bel et bien un président de gauche, de centre gauche certes, et non un président centriste.

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Un discours pour rassurer le peuple le gauche
Il y a quelques signes qui ne trompent pas ; bien sûr la presse a fait ses titres sur l'ancrage à gauche du discours du candidat socialiste, mais elle est si modérée habituellement que ce n'est pas forcément sur elle qu'il faut fonder son analyse de la perception extérieure du discours ; de fait, dans la presse, les deux principaux titres critiques de la gauche, L'Humanité et Médiapart, saluent de fait cet ancrage : Michel Guilloux note « un discours de gauche, bien loin des eaux tièdes sociales-libérales d'il y a cinq ans ou du “le politique ne peut pas tout” d'il y a dix ans » et la rédaction de Médiapart – qui pointait la veille encore le programme flou du candidat – titrait « François Hollande s'installe à gauche ».
Le président du Conseil général de Corrèze n'a en vérité pas lésiné sur les symboles, tant dans le vocabulaire que dans certaines des propositions qu'il a avancées, surprenant par la même les médias et son équipe (qui avait annoncé un discours généraliste et non un discours programme). Si l'appel à la mémoire historique de la gauche reste très modérée – évocation consensuelle en République de la Révolution Française et de la Résistance (quant 1936 est presque oublié), et passage obligé par 1981, le seul intellectuel "mobilisé" est Albert Camus –, la volonté d'inscrire la Loi de 1905 dans la constitution (au-delà de l'inscription du simple principe de laïcité) et surtout la dénonciation de la finance et de l'argent-roi démontrent la volonté de François Hollande de s'inscrire dans la filiation d'Aristide Briand et de François Mitterrand.

Deux passages resteront comme les marqueurs de ce discours et de cette volonté de parler à la gauche :
« Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. »
« … j’aime les gens, quand d’autres sont fascinés par l’argent. »


Tactiquement donc, le rassemblement du Bourget est une réussite ; il a débordé les critiques de la droite qui ne s'attendait pas à ce qu'il fasse des propositions et il a parlé à la gauche qui ne s'y attendait pas forcément non plus. Sans doute, est-ce l'une des raisons de l'inquiétude croissante dans le camp conservateur, illustrée par l'interview particulièrement hors sol et paniquée d'Henri Guaino, lundi 23 janvier 2012 au matin sur France Inter.


Des innovations, des précisions et … des reculs
Le candidat socialiste a donc aligné des propositions relativement nombreuses qui devraient encore être complétés jeudi en conférence de presse et dans une émission télévisée.
Il s'inscrit dans l'économie générale du projet socialiste – ou de l'accord de majorité parlementaire conclu entre le PS et Europe-Écologie Les Verts – mais s'en écarte à de très nombreuses reprises, soit pour apporter des innovations souvent positives, soit pour opérer des reculs politiques relativement importants.

Revue de détail :

[vous trouverez le détail des propositions faites par le candidat Hollande le 22 janvier 2012 au regard du Projet du Parti Socialiste ou de l'accord de majorité parlementaire PS-EELV en cliquant ici]


Le discours du candidat reste par contre ambigu sur des points d'importance.

La question sociale est finalement peu traitée et surtout rien n'est dit sur la question salariale ; l'annonce sympathique, faite par le candidat sur la radio publique Le Mouv' lundi 23 janvier 2012, de la création d'une notation sociale des entreprises (revendication de la CFDT) ne vient pas encore – et de loin – compenser ce manque qui devra être précisé – espérons-le – jeudi 26 janvier.


centrale-nucleaireNoël Mamère a depuis dénoncé une autre impasse du discours : l'écologie. C'est vrai que le sujet est assez peu traité (hors la rénovation thermique des logements). Mais surtout le candidat, s'il maintient son engagement de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici 2025, lance une véritable provocation à l'égard des écologistes en revendiquant une industrie nucléaire forte qui inventerait les « technologies et les progrès de demain » (ce qui est en soi relativement contestable).


UnionEuropeenneMais le flou est assez important sur la construction européenne. Il est évidemment impossible de mettre en cause l'engagement européen du candidat qui redouble d'assaut pour le réaffirmer. Ses propositions s'alignent sur celles du PS et de la gauche en général quant à la demande répétée d'une intervention plus forte de la BCE pour soutenir les États et la création d'Eurobonds. Mais on ne comprend pas très bien ici l'utilité d'un nouveau Traité de l’Élysée avec l'Allemagne quand le candidat aura fort à faire déjà pour renégocier le projet de traité Merkozy. Enfin, le candidat avalise de fait une discipline budgétaire européenne comme moyen de convergence économique des principaux États membres qui ne peut fonctionner si l'Union Européenne n'est elle-même pas un acteur économique et budgétaire de premier plan : il conviendrait ici de réaffirmer la nécessité d'un véritable budget européen, avec des recettes autonomes, la capacité de recourir à l'emprunt ; il faudrait également rompre avec la logique de l'intergouvernementalité qui a échoué et que Merkel et Sarkozy veulent renforcer. Ce n'est pas de gouvernance dont a besoin l'UE mais d'un gouvernement démocratique où le parlement européen serait le fondement de la légitimité politique du Président de la commission. Henri Weber a fait à ce sujet une excellente tribune dans Libération (le 3 janvier 2012) et sans se faire taper sur les doigts [cliquer ici pour lire l'article] ; François Hollande serait bien inspiré de la relire.


Le candidat doit encore répondre à deux enjeux stratégiques
zoneEuroPSLe premier et le plus évident est de savoir comment un futur président de la République de gauche peut combattre l'adversaire, que François Hollande s'est lui-même fixé «le monde de la finance», en s'étant fixé un plan de charge difficilement réalisable et qui semble être fait pour répondre aux injonctions du système financier néo-libéral : l'objectif de porter à 3 % du PIB le déficit public en 2013 (objectif qu'avait également affiché Martine Aubry, sans que cela soit plus réaliste) puis de rétablir l'équilibre pour la fin du mandat imposera de fait une austérité budgétaire assez contradictoire avec l'ambition affichée par la gauche. On voit mal comment les dépenses nouvelles seraient compensées par des économies nouvelles avec en plus un tel carcan. D'autre part, tout écart sur ce projet serait immédiatement interprété comme un échec par les marchés qui ne manqueraient pas de nous le rappeler. Espérons que le candidat sera amené à réviser une position, que personne à gauche ne lui demande, surtout après la perte du « triple A ».


Enfin, le second enjeu est clairement exprimé par son concurrent de gauche, Jean-Luc Mélenchon : il s'agit du rapport que le candidat entretient avec les partenaires de la gauche. Si Jean-Pierre Chevènement semble déjà préparer son ralliement au candidat socialiste, les différents épisodes de la relation aux écologistes ont complexifié la relation. Le manque évident – et sans doute temporaire – dans les axes du candidat sur la question sociale (salaire, conditions de travail, retraites) et les ambiguïtés vis-à-vis du centre troublent fortement les échanges avec le Front de Gauche, alors même le candidat commun du PCF, du PG, de GU et de la FASE a largement modéré son discours.


ll y a un moment où la question de votre rapport à M. Hollande va se poser, en particulier en vue du second tour…
Vous admettrez que je prépare ce moment avec beaucoup d'énergie. Car ce sera bien différent selon que le Front de gauche fera 5 % ou 15 %. S'il est à 15 %, il va falloir que le PS arrache un paquet de pages de son programme pour coller les nôtres s'il veut convaincre nos électeurs. Est-ce qu'ils pensent qu'ils vont attraper nos électeurs avec ce tract dans lequel ils réduisent la retraite à 60 ans aux seules carrières longues ? Croient-ils les convaincre avec pour seul argument que M. Sarkozy est un agité ? C'est totalement insuffisant. Il faut proposer un contenu radicalement alternatif. Nous le faisons.
Vous pensez donc qu'il y a une stratégie délibérée de la campagne Hollande de ne surtout rien exposer ?
Je ne m'explique pas son comportement. La campagne me paraît très en dessous de tout ce que je connais du mouvement socialiste. C'est quand même une élection majeure ! Si moins de 100 jours avant, ils n'ont toujours rien à dire, c'est qu'il y a un problème. Moi, j'ai fait campagne pour la retraite à 60 ans, les 35 heures, etc. C'est quoi le socialisme pour eux ? Le contrat de génération ? Pour moi, c'est la planification écologique, la VIe République, les conquêtes sociales… En ce sens, je me trouve être aussi un candidat des socialistes.
A vous entendre, vous paraissez inquiet ?
A force, oui. Ils gèrent leurs acquis, sans plus. Et ils se vident de leur sang. Hollande devrait s'en rendre compte ! Si vous regardez les sondages aujourd'hui, le niveau de la gauche face à la droite est très bas : on est à peine à 40 %. La méthode de campagne de François Hollande fragilise la gauche : un programme commun avec les Verts illisible, un refus obstiné de la discussion avec notre mouvance, et une certitude aveuglée qu'il suffira de paraître pour rassembler.
Interview de Jean-Luc Mélenchon pour Lemonde.fr le 21/01/2012


François Hollande a un peu commencé à répondre à Mélenchon ce week-end. Mais il n'est pas possible de donner l'impression que tout sera fait pour ménager le MODEM et l'électorat centriste, c'est-à-dire retirer du programme tout ce qui pourrait sérieusement effaroucher François Bayrou et ses adeptes. On sent d'ailleurs qu'à l'ambiguïté de l'équipe Hollande – ambiguïté renforcée par des déclarations annexes laissant à penser qu'une alliance est possible (ce qui rendrait du même impossible les alliances à gauche), comme l'un des derniers tweets de Bruno Le Roux (ci-dessous) – répond l'ambiguïté de l'équipe de François Bayrou : Marielle de Sarnez le dimanche 22 janvier n'a rien exclu, Jean-Luc Benhamias n'a contesté lundi 23 janvier au matin que la forme du discours du Bourget mais aucune proposition.

LeRouxMODEM
C'est aux socialistes de fixer le périmètre de la majorité et non à ceux qui ont toujours fait partie de nos adversaires politiques d'en décicer.


Autant de précisions et de réponses attendues à partir de jeudi prochain.


Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 10:37

Nous voulons l’égalité femmes-hommes, MAINTENANT !

logo.pngNous entendons souvent que l’égalité entre les femmes et les hommes serait acquise. Et pourtant, en 2012, le quotidien des femmes reste marqué par les inégalités salariales, la précarité, les violences physiques, sexuelles et psychologiques, les difficultés d’accès à l’avortement et à la contraception, les stéréotypes sexistes…

Bien sûr, des droits ont été gagnés, et heureusement. Il y a 50 ans, les femmes de ce pays ne pouvaient ni ouvrir de compte en banque sans l’autorisation de leur mari, ni avorter, ni porter plainte pour viol conjugal. S’il en est autrement aujourd’hui, c’est grâce aux mobilisations féministes qui ont porté ces combats. C’est aussi parce que les politiques, à certains moments, ont su entendre ces revendications et faire preuve de volonté pour les transformer en avancées législatives.

Malgré la défiance grandissante dans notre pays vis-à-vis de l’action politique, nous croyons encore que celle-ci peut changer les choses. Mais nous savons aussi combien elle peut faire régresser l’égalité lorsque les responsables politiques méprisent les conquêtes collectives. Les droits des femmes ne sont jamais définitivement acquis. Ils appellent une vigilance permanente.

Dans les débats qui entourent les élections présidentielles, l’égalité entre les femmes et les hommes est toujours passée à la trappe. Nous exigeons qu’en 2012 l’égalité soit enfin inscrite à l’agenda politique. Les grands discours et les mesurettes sont inutiles : nous voulons des engagements précis et des résultats concrets.

Candidates et candidats à l’élection présidentielle, vous n’aurez pas nos voix si vous ne mettez pas l’égalité femmes-hommes au programme.

Nous, femmes et hommes engagé-e-s pour l’égalité, nous voulons l’égalité maintenant !

J'ai signé ! Et vous ?

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 13:47

Sur France inter ce matin (lundi 19 décembre 2011), le conseiller et ami préféré du candidat socialiste à l'élection présidentielle était interrogé sur une proposition inscrite dans le projet adopté ce week-end par Europe-Ecologie / Les Verts pour 2012 concernant l'encadrement des loyers.

MichelSapin.jpgMichel Sapin indiquait qu'il était normal que sur le logement socialistes et écologistes aient des propositions différentes. Alors rafraichissons lui la mémoire :

  • projet PS version longue : "nous élargirons la taxe sur les logements laissés vacants à l'ensemble des agglomérations dans les zones de pénuries [...]. Nous mettrons en place un encadrement des loyers lors de la première location ou à la relocation dans les zones de spéculations immobilière..." + 150.000 logements sociaux construits par an + seuil SRU à 25 % au lieu de 20 (amendes x 5) + règles des 3 tiers bâtis...
  • projet PS version courte : "nous agirons prioritairement sur les factures logement par un encadrement des loyers à la première location et à la relocation dans les zones de spéculation immobilières..." + 150.000 logements sociaux construits par an + seuil SRU à 25 % au lieu de 20 (amendes x 5) + règles des 3 tiers bâtis...
  • accord de majorité parlementaire PS-EELV : "Un objectif de construction de 500.000 logements par an dont 150.000 logements sociaux (dont 15 à 20% de logements très sociaux) [...] la taxe sur les logements laissés vacants sera renforcée et la loi de réquisition systématiquement appliquée. [...] nous renforcerons fortement les sanctions de la loi SRU et la part de logements sociaux à atteindre sera portée à 25%."
  • projet 2012 d'EELV : "Maîtriser les loyers en les encadrant à la relocation, en alignant les premiers loyers au niveau du quartier et en plafonnant les prix au m². Décréter immédiatement un moratoire de 3 ans sur les loyers." + construction de 500.000 logements par an dont 160.000 logements sociaux (dont 30.000 PLAI)...

Est-ce donc si différent ?

Rappelons également au passage que l'accord PS-EELV pour une majorité parlementaire est bien conçu pour la durée d'une mandature. En effet, si vous lisez attentivement, ne serait-ce que la première page du document, vous découvrirez écrit en gros "2012-2017" donc pas "5 ou 10 ans" comme l'a affirmé ce matin Michel Sapin.

Il y a urgence à ce que François Hollande et son équipe de campagne (qui décide unilatéralement qui sont les animateurs départementaux de sa campagne sans tenir compte de la réalité du terrain) se rappellent du projet des socialistes que le PS a mis patiemment 3 ans à élaborer. Ou alors nous ne pourrons voir dans les régulières dérives de ces dernières semaines qu'une anticipation des reniements à venir du candidat.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du Parti Socialiste Val-d'Oise aux relations extérieures

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 08:08

 

Notre pays connait une situation gravissime. Depuis 2007, l'ensemble de la planète financière a plongé l'économie réelle dans la crise - une crise durable qui met à vif tous les défauts du système, une crise du capitalisme financier dérégulé. Après quelques mouvements d'épaules et déclarations martiales en 2008 sur la fin des paradis fiscaux, sur le contrôle des banques d'affaires et la régulation des marchés financiers, force est de constater que ce sont les politiques et les États – dont tout le monde avait indiqué la renaissance en 2008 – qui se retrouvent le couteau sous la gorge.

Les troubles économiques et financiers ne sont pas totalement abstraits ; ils ont en tout cas des résultats très concrets : allez demander aux Grecs, aux Espagnols, aux Portugais ce qu'ils subissent depuis des mois... allez demander aujourd'hui dans les cortèges londoniens comment se sentent les centaines de milliers de grévistes britanniques face à l'énième attaque du gouvernement conservateur contre les services publics... allez demander aux 30.000 chômeurs français supplémentaires (la courbe vient de repasser au-dessus des 10 % d'actifs n'ayant pas du tout travaillé dans le mois) comment ils vivent la situation... allez même demander aux entreprises et aux collectivités comment elles vont boucler leurs trésoreries quand les banques expliquent qu'elles n'ont plus assez de liquidité pour prêter, y compris à des entités considérées comme financièrement saines...

Les marchés financiers spéculent sur les dettes souveraines, qui ont pour origine trois facteurs essentiels :

  • le choix fait depuis les années 1970 de financer les États sur les marchés et non par les banques centrales ;

  • le choix politique, volontariste, sous l'influence de la "révolution" reagano-thatchérienne, libérale et anti-fiscale, des gouvernements de couper dans les recettes fiscales ;

  • les milliards d'euros engagés en 2008-2009 pour sauver le système bancaire...

Les projets politiques de Sarkozy et Merkel mettent en péril la construction européenne

Aujourd'hui, les États sont dans une seringue aggravant les politiques d'austérité déjà mises en œuvre, sous l'influence des grands groupes financiers, des agences de notation et d'instances internationales dont les vieilles lunes libérales sont l'unique boussole. Il ne s'agit pas ici de dire qu'il faut supprimer les agences de notation - nous en auront toujours besoin - mais de dire que si les pressions sont fortes, il n'est pas encore interdit d'envisager des sorties de crise.

Les attaques contre la zone euro nécessitent une réponse. Les défauts des institutions européennes, tels qu'ils sont aujourd'hui dénoncés (BCE corsetée dans son action - rappellera-t-on assez que toutes les interventions de la BCE sur les marchés en ce moment sont totalement hors traité ? -, illisibilité politique, technocratie, démocratie anémiée), valident a posteriori les arguments des NONistes de 2005. Il est évident qu'un espace économique réuni au sein d'une même monnaie doit être régi par un gouvernement commun qui mène une politique économique, cette politique économique devant être validée par la souveraineté populaire, c'est-à-dire par des élections.

Mais voilà, Angela Merkel – en retrait sur ce point des propres positions de son parti politique, la CDU – a imposé dans le débat une révision des traités qui entérine une aggravation du déni démocratique de la construction européenne : renforcement d'un pacte européen d'austérité pourtant inapplicable et inefficient, sanctions automatiques pour les États "laxistes", et peut-être (ce n'est pas encore sûr) rachat des dettes des États par la BCE... Tout cela sans aucune intervention de la souveraineté populaire et de la démocratie. Nous assistons donc à un transfert de pouvoir d'une souveraineté nationale devenue inefficiente dans la mondialisation vers des institutions européennes toujours plus technocratiques, sans qu'à aucun moment la souveraineté populaire soit rétablie au niveau européen. Ce n'est pas un gouvernement économique qui va être mis en place, c'est une gouvernance technique de la zone euro, mot horrible.

Il paraît peu probable que Nicolas Sarkozy aurait plaidé avec les cadres de la CDU allemande auprès de la Chancelière pour une solution visant à restaurer une part de souveraineté populaire au niveau européen. La droite française vit et cultive pire qu'un déni de réalité, elle développe des mensonges. Le sauvetage de la zone euro par une gouvernance technocratique serait par le petit détour d'une perte de souveraineté nationale une restauration de la souveraineté amputée par nos dettes. La droite française ne veut toujours pas entendre parler d'un véritable fédéralisme démocratique européen. Et face au sentiment de perte de puissance de l’État-Nation, les portes-flingues de Nicolas Sarkozy - Claude Guéant, la droite populaire - développent une rhétorique nationaliste de bas étage. C'est ainsi qu'il faut entendre le discours du ministre de l'intérieur qui annonce qu'il y a "trop d'étrangers en situation régulière" en France.

Nicolas Sarkozy sait que la situation sociale, économique, que les évolutions européennes du moment nourrissent les arguments du Front National et d'une Marine Le Pen dont les niveaux dans les sondages n'ont jamais été aussi élevés à 6 mois de l'élection présidentielle. Le Président sortant veut rameuter pour lui-même au premier tour une partie radicalisée de son électorat et s'assurer pour le second un report de voix qu'il juge aujourd'hui insuffisant (un tiers pour le moment annoncé) en provenance de l'électorat frontiste. D'une certaine manière, Nicolas Sarkozy tente maladroitement copier la stratégie de Mitterrand, c'est-à-dire de rassembler son camp, mais il prend aussi le risque de légitimer le discours de l'extrême droite. Pour l'instant sa remontée dans les sondages – dûe à un rétablissement de sa parole médiatique, de manière mécanique après les primaires socialistes – semble interdire un 21-Avril à l'envers, mais n'oublions pas que le FN est rarement là où on l'attend.

Le rassemblement de la gauche - et lui seul - doit nous guider dans les campagnes de 2012

La situation est donc grave économiquement, elle est grave politiquement. La gauche aurait ainsi de quoi se mettre sous la dent pour enfoncer le clou et démontrer devant les Français l'impérieuse nécessité du changement. Le principal candidat de la Gauche – François Hollande – devrait utiliser son temps à rassembler son camp en s'appuyant sur la dynamique des primaires et un parti remis en ordre de marche par l'action de sa première secrétaire.

Mais le candidat socialiste ne profite pas de ses atouts. Depuis le 16 octobre 2011, d'abord parce que les médias sont « contraints » de rattraper le retard de temps de parole accumulé par la majorité présidentielle, François Hollande court derrière l'agenda médiatique du Président sortant. Ce fut le cas pour son intervention télévisée au journal de France 2, alors qu'il ne devait reprendre la parole que le 20 novembre devant les Jeunes Socialistes, indiquant qu'il voulait donner du sens à la rigueur. C'est le cas pour son rendez-vous à AREVA dans les jours à venir pour répondre aux attaques (par ailleurs fallacieuses) du président de la République sur le nucléaire.

Les difficultés sont surtout importantes dans la manière que son équipe de campagne et lui-même ont de gérer les relations avec les partis de gauche. Je ne reviendrai pas sur l'épisode désastreux de la signature de l'accord de majorité parlementaire et électoral entre le PS et EELV, qui fut « corrigé » après coup à la demande du candidat et de ses proches.

Mais le lundi 28 novembre 2011, François Hollande a fait sur BFM TV plusieurs déclarations qui n'ont pas manqué de provoquer la colère à gauche :

  • François Hollande ne serait « pas le candidat d'un parti » ;

  • François Hollande n'appliquera s'il est élu que les parties qu'ils jugent « essentielles » dans l'accord PS-EELV ;

  • François Hollande a clairement envisagé que François Bayrou, président du MODEM, appartienne à la majorité présidentielle si jamais ce dernier appelait à voter pour lui au 2nd tour.

Ces déclarations appellent donc trois commentaires.

François Hollande devrait comme ancien premier secrétaire du Parti Socialiste et comme concurrent victorieux des primaires citoyennes organisées par le Parti Socialiste être un peu respectueux du PS, dont les militants sont appelés à faire sa campagne, en tant qu'organisation mais aussi respectueux des engagements que prend celui-ci. Le projet du PS contient par ailleurs, avec le travail réalisé en commun dans le PSE, les pistes des solutions alternatives à la politique et aux projets de Merkel et Sarkozy. Plutôt que de mépriser ainsi le PS, son travail et donc ses militants, il conviendrait qu'il s'inspire du travail réalisé pour s'exprimer enfin sur un sujet sur lequel il est attendu.

François Hollande, nonobstant le triste épisode du MOX, a validé l'accord PS-EELV ; il devrait donc considérer également l'accord passé avec les écologistes avec un peu plus de respect sinon c'est sa parole qui sera entachée d'inconstance.

François Hollande sait parfaitement que la participation du MODEM à une majorité de centre-gauche est un casus belli au sein de la gauche française et même du PS. Casus belli dont s'est immédiatement emparé Jean-Luc Mélenchon. Quel intérêt avait-il à faire une telle déclaration, alors que François Bayrou présente des propositions politiques contraires au projet socialiste ? Si M. Bayrou préfère faire battre Nicolas Sarkozy en votant Hollande au 2nd tour, grand bien lui fasse, mais on ne bâtit pas une politique commune, une majorité commune sur le seul rejet d'un président sortant. Ces affirmations du candidat socialiste ne sont pas à la hauteur de l'enjeu.

Aujourd'hui, bien que François Hollande soit encore crédité d'une très forte avance au 2nd tour sur Nicolas Sarkozy, l'écart entre le principal candidat de droite et le principal candidat de gauche a fondu. Mais 47 % des Français déclarent aujourd'hui ne vouloir ni de Sarkozy ni de Hollande comme président de la République, c'est un signal inquiétant. François Hollande et ses équipes doivent se ressaisir ; le projet du PS permet de proposer des solutions pour sortir de la crise économique, de la crise sociale, de la crise démocratique et de la crise européenne ; le projet du PS peut être surtout la base du rassemblement de la gauche, seule garantie de sa victoire en mai et en juin 2012. Il est temps que de hauts dirigeants du Parti Socialiste lui rappelle ces faits incontournables... pour le bien du pays.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du PS Val-d'Oise

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 07:57

Rappelons-nous de l'état dans lequel était le Parti Socialiste au lendemain du congrès de Reims et des 11 ans de premier secrétariat de François Hollande.

Deux élections présidentielles perdues face à un président et/ou une majorité sortante impopulaires ; un parti dépourvu de projet, replié sur lui-même et dans les collectivités territoriales qu'il "détenait", incapable de parler à la société, aux syndicats, aux intellectuels, aux universitaires, aux associations ; un parti coupé de tous ses partenaires habituels, écologistes, radicaux et communistes ; un parti qui ne fonctionnait plus que sur le mode de conflits entre personnalités plus ou moins compétentes ou plus ou moins médiocres ; un parti qui se satisfaisait de la "cohabitation territoriale" (le mot est de François Hollande), suffisamment heureux qu'il était de gagner les élections intermédiaires...

Le déroulement du congrès de Reims fut l'acmée de cette lente et délétère dérive. Ségolène Royal, symbole de la transformation du PS en un mix de club d'élus locaux et de club de supporters, était à deux doigts de devenir Première secrétaire du PS ; le parti subissait la scission, même restreinte, d'une partie des amis de Jean-Luc Mélenchon, de Marc Dolez et d'Utopia, partis fonder le Parti de Gauche ; le congrès était incapable d'accoucher sur un texte final majoritaire, dont le PS n'avait pas d'orientation politique ; le duel de second tour entre Martine Aubry et Ségolène Royal se soldait par la victoire de la première, séparée de la seconde par une petite centaine de voix, avec des accusations croisées de fraudes électorales.

La machine ne pouvait qu'être difficile à remettre en marche. Martine Aubry avait fait adopter un petit viatique pour structurer une majorité interne autour de la motion D (Aubry, Fabius, Cambadélis), de la motion C (Hamon, Emmanuelli) et d'une partie de la motion A (Delanoë). Un secrétariat national de combat était mis en place. Mais nous avons continué à payer 11 ans d'immobilisme et le congrès de Reims jusqu'aux élections européennes de juin 2009 qui furent une cinglante défaite pour le PS.

La direction du PS autour de Martine Aubry releva le gant et amorça un long travail de reconstruction :

  • reconstruction d'une orientation politique avec plusieurs conventions thématiques offensives ;
  • reconstruction d'une relation intense avec la société civile et les intellectuels pour approfondir notre réflexion et asseoir nos propositions ;
  • reconstruction d'une relation de travail, sinon de confiance, avec nos partenaires politiques (écologistes, radicaux, citoyens, communistes) ;
  • mise en oeuvre d'un chantier de rénovation profonde de nos pratiques politiques...

En juin 2011, le projet socialiste était adopté à l'unanimité du conseil national du PS (même si certains autour de l'actuel candidat socialiste camouflaient déjà leurs récrimininations) ; le mode de désignation du candidat socialiste était sur les rails ; la stratégie politique du PS était limpide, fondée sur le rassemblement de la gauche (avec en priorité Europe-Ecologie/Les Verts - EELV).

Les primaires citoyennes ont entre temps eu lieu. Elles ont été un succès populaire réel puisque près de 3 millions de concitoyens sont venus voter pour désigner le candidat socialiste et radical de gauche. François Hollande est sorti vainqueur de cette primaire face à Martine Aubry, il est légitime pour conduire les socialistes à l'élection et tous désormais espèrent que la gauche dans son ensemble se montrera capable de mettre à la retraite Nicolas Sarkozy.

* * *

AubryDuflotC'est pourquoi le spectacle donné à gauche depuis deux jours est profondément affligeant. Alors que le Parti Socialiste avait remonté son handicap dans l'opinion, et notamment à nouveau convaincu de la force de ses principes et de ses convictions, les multiples contradictions autour de l'accord qu'il a signé avec EELV entâchent terriblement son image.

  1. alors que la France fait face avec l'Europe à une grave crise financière, économique et sociale - ce qui est finalement une crise de système - le candidat socialiste et ses premiers partisans n'ont trouvé rien de mieux pour démontrer leur "fermeté" (histoire de compenser la mollesse supposée de François Hollande) que d'être d'une intransigeance radicale avec EELV, quand il faudrait être intransigeant avec les dérives actuelles des acteurs financiers et face à la droite. Nous avons donné l'impression de ne pas vouloir de rassemblement à gauche et donné corps à l'idée qu'une partie des socialistes envisageaient à nouveau un accord politique avec le centre en rechange ;
  2. alors que François Hollande avait pour tâche de rassembler la gauche, il a fallu que, mardi 15 novembre, Martine Aubry, redevenue Première secrétaire du PS, vienne conclure elle-même l'accord avec Cécile Duflot, secrétaire nationale d'EELV, qu'avait mis dans l'impasse Michel Sapin et les amis du candidat ;
  3. alors que l'accord est signé par les deux responsables en chef des partis concernés, lors du bureau national du Parti socialiste du mardi 15 novembre en fin de journée, les amis de François Hollande retirent du texte signé les éléments concernant l'arrêt du retraitement du MOX à La Hague, déchet nucléaire extrêmement dangereux. On apprendra plus tard qu'AREVA ou EDF seraient intervenus auprès de certains responsables du PS ;
  4. alors que tous (ou presque) les socialistes disaient s'accorder sur la nécessité d'un accord de rassemblement de la gauche et d'un contrat de gouvernement (stratégie revendiquée dans les textes du PS), les élus parisiens - au premier rang desquels Anne Hidalgo et Bertrand Delanoë - dénoncent la réservation de circonscriptions parisiennes gagnables pour les écologistes et s'en prennent avec une rare violence verbale à la Première Secrétaire du PS.

Ces évènements déplorables, accumulés en 48 heures, avec en dernier rebondissement le rétablissement du paragraphe sur le MOX dans le texte de l'accord, sous la condition d'un "plan de reconversion [...] permettant de maintenir le nombre d'emplois", posent de nombreuses questions.

Militants socialistes comme militants des organisations partenaires, nous sommes tous désormais confrontés à l'incertitude sur l'actualité ou la caducité du projet socialiste adopté définitivement en juin 2011 : depuis la désignation de François Hollande comme candidat du PS et du PRG, ses amis n'ont eu de cesse de remettre en cause les principales orientations politiques de ce projet, en premier lieu sur la stratégie économique, la stratégie européenne et la transformation écologique de l'économie française. Négocier avec les socialistes devient pour tout le monde un exercice d'une rare insécurité puisque plus personne ne connaît la référence programmatique valable.

Depuis la désignation de François Hollande comme candidat du PS et du PRG, nombre de ses amis ont décidé que c'était désormais eux qui faisaient la pluie et le beau temps dans la vie du parti au mépris des instances du PS et des règles de fonctionnement de celui-ci. D'aucuns réclamaient donc une modification de la composition du secrétariat national du PS ou la tête du porte-parole Benoît Hamon, affichant ainsi devant l'opinion publique la défiance qu'ils avaient vis-à-vis du PS. C'était tout simplement nier les principes de loyauté et de responsabilité qui habitent les dirigeants du PS, quelle que soit leur responsabilité. Ici ou là, ils ont multiplié - et multiplient toujours - les pressions pour favoriser la désignation de candidats inféodés pour les élections législatives, alors que c'est aux militants du PS de désigner démocratiquement leurs candidats aux législatives. Il faut donc croire que pour quelques uns des amis de François Hollande les 9 & 16 octobre derniers, ce n'était pas les primaires citoyennes mais un congrès du PS qui se déroulait.

Pire que cela, nous pouvons tous avoir une interrogation morale ! Martine Aubry, première secrétaire du PS, a conclu les négociations et signé avec Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe-Ecologie/Les Verts un accord politique ; c'est un engagement fort au nom de tous les socialistes. La Realpolitik veut que l'on puisse douter dans le moyen ou long terme de la fermeté de certains engagements, face à la "dure réalité" de l'exercice du pouvoir, mais là un seuil navrant a été franchi : la valeur de cette signature n'a pas tenu 12 heures avant que les proches du candidat modifient dans le dos de tous le texte qui avait été signé ; par la même, ils salissaient le PS et sa première secrétaire, ils insultaient tous les socialistes et leur sens des valeurs et de l'honnêteté en politique.

Enfin, les grands élus locaux socialistes démontrent une nouvelle fois qu'ils n'ont cure de l'enjeu majeur du changement de majorité. A Lyon comme à Paris, leur préoccupation essentielle consiste au contexte de préparation des élections locales et non au condition du changement en France et en Europe.

Comment !? Cécile Duflot, candidate dans la 6e circonscription à Paris ?! Des écologistes dans des circonscriptions de gauche à Lyon ?! Mais c'est une attaque directe contre les municipalités socialistes ?!?

Nous avons toujours voulu un contrat de gouvernement avec les écologistes. Un contrat de gouvernement s'accompagne d'un accord électoral avec les écologistes, un accord électoral qui leur garantisse un groupe parlementaire alors que le mode de scrutin actuel ne le permettrait pas naturellement car il est insuffisamment démocratique selon nos propres canons socialistes. Il était évident que des circonscriptions anciennement socialiste, ou dans tous les cas très favorables à la gauche, seraient réservées pour nos partenaires ; sinon c'était mentir à EELV c'était mentir devant l'opinion publique. Il était évident que des territoires symboliques pour la gauche ferait l'objet de cet accord électoral. Il faut donc assumer pleinement celui-ci et cesser de donner à penser que les élus socialistes ne seraient rien d'autres que des barons, d'un parti qui n'auraient plus de socialiste que le nom.

Nous n'avons pas travaillé autour de la Première Secrétaire dans la direction nationale et dans les directions départementales du PS pour voir dilapider ce travail et ces acquis précieux, au premier rang desquels se trouvent la restauration d'une image positive et progressiste du Parti Socialiste. Il est temps que tous reprennent le sens des responsabilités ; les dirigeants socialistes portent la responsabilité majeure de conduire toute la gauche à la victoire en mai et en juin 2012. Ils ne doivent pas décevoir. Cela suffit de perdre des élections imperdables, il est temps de changer la France, de changer la République et de changer l'Europe.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures pour le Parti socialiste du Val-d'Oise

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