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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 14:24

Chers amis, Chers Camarades,

Notre démarche est ouverte. Elle ambitionne de dépasser les frontières de camps préexistants. Elle n’est précédée d’aucun préalable. Elle aspire à forger les outils des Reconquêtes sociales, politiques et intellectuelles qui permettront à la gauche de lever un nouvel espoir.
C’est ce qui nous amène à vous inviter à débattre et constuire une dynamique autour de la contribution «Reconquêtes»
JEUDI 10 JUILLET 2008
à 20h30
Maison des associations d'Écouen

Rue du four Gaudon (plan ci-dessous)
avec la participation de
Liem Hoang-Ngoc
économiste au CNRS, professeur à l'université Paris I,
délégué national du PS à la fiscalité

et accessoirement chroniqueur sur France Inter

Les mois à venir vont être pour notre parti l’occasion de définir une offre politique qui combine la capacité à ramener la gauche au pouvoir en 2012 avec celle de répondre aux désordres du monde.
Les crises alimentaires, énergétiques, climatiques et financières mondiales appellent partout davantage de régulation, d’intervention publique et de maîtrise des échanges. Simultanément la sociale-démocratie européenne connaît une série de défaites inédite (13 échecs en 15 élections nationales depuis juin 2006). Le passé de la sociale-démocratie européenne - le SPD et le New Labour des années 1990 - ne peut pas être l'avenir du socialisme français !
Nos concitoyens, les militants socialistes, attendent un message d’espoir face aux atteintes portées par la droite au contrat social. C’est parce que nous savons le monde complexe et l’avenir incertain que nous n’avons pas le droit de réduire notre congrès au choc des ambitions personnelles dont on ne distingue pas les différences politiques majeures.
L’élection de 2007 est l’aboutissement d’une défaite culturelle de la gauche. Notre responsabilité est d’anticiper la France de l’après-Sarkozy, une France où les inégalités sociales se seront creusées et où les instruments de régulation et de redistribution seront affaiblis.
Il est temps aujourd’hui pour les socialistes de forger les idées et les outils qui nous permettront de conduire demain des politiques à la hauteur de nos ambitions.

La modernité, c’est anticiper le post-libéralisme
et construire la gauche du XXIème siècle.



Tu peux également appuyer notre démarche en rejoignant la liste de signataires et poursuivre le débat sur le site de la contribution
www.reconquetes.eu.
Pour prendre contact dans le Val d'Oise : Frédéric Faravel – tél. : 06 79 67 98 52 – courriel :
rlg95@voila.fr

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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 10:45

Plus de 1000 socialistes à la Sorbonne pour préparer les Reconquêtes

PARIS, 28 juin 2008 (AFP) - Benoit Hamon et Henri Emmanuelli ont appelé, samedi à la Sorbonne, au “rassemblement” de la gauche pour mener d’ici à 2012 “le combat” contre “tout le travail de casse du modèle social et des libertés mis en oeuvre par la droite” et pour “la reconquête du pouvoir”.

Dans un amphithéatre comble, les 2 chefs de file du Nouveau parti socialiste (NPS) ont présenté leur contribution au prochain Congrès du PS pour “reprendre le terrain abandonné à la droite, et revenir sur le cycle le plus important, depuis longtemps, de régression sociale et démocratique”, selon Benoit Hamon. Citant la réduction du temps de travail, les retraites, le droit de grève, la rétention de sûreté, la “mise au pas des médias” et le retour dans le commandement intégré de l’OTAN “sans débat parlementaire”, le jeune eurodéputé a fustigé la politique de Nicolas Sarkozy. “Il est temps que nous replacions notre combat à l’échelle de la reconquête des esprits, des coeurs, et sans doute des consciences des Français”, a-t-il lancé. Et d’avertir qu’au Congrès de Reims, le NPS n’entend pas “se contenter de témoigner, de figurer” mais veut “bien au contraire essayer de s’inscrire dans une démarche de reconquête du pouvoir”. “L’objectif n’est pas d’être à l’aile gauche du parti socialiste, l’objectif c’est que le parti socialiste reste un parti de gauche”, a déclaré M. Emmanuelli lors de cette réunion publique à laquelle participaient Laurent Fabius, Marylise Lebranchu et le politologue Emmanuel Todd. “Il faut dès ce Congrès changer de majorité, pour pouvoir construire l’alternative à cette ligne qui nous a fait échouer” à 3 élections présidentielles, a ajouté M. Hamon, car c’est à Reims “que se joueront les conditions du retour de la gauche au pouvoir”.

consultez et signez la contribution générale "Reconquêtes" sur www.reconquetes.eu

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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 11:24
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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 12:36

Cher-e-s ami-e-s,

Cher-e-s camarades,

Les mois à venir vont être pour notre parti l’occasion de définir une offre politique qui combine la capacité à ramener la gauche au pouvoir en 2012 avec celle de répondre aux désordres du monde.

Pouvons nous lever cette espérance en restant fidèle à nos valeurs et crédibles dans nos promesses ? Oui à condition d’anticiper l’avenir avec les clés de notre temps.

Nous vivons un renversement de cycle. Les crises alimentaires, énergétiques, climatiques et financières mondiales appellent partout davantage de régulation, d’intervention publique et de maîtrise des échanges. Simultanément la sociale démocratie européenne connaît une série de défaites inédite (13 échecs en 15 élections nationales depuis juin 2006).

Nous n’acceptons pas que le passé de la social-démocratie constitue l’avenir du parti socialiste français. La victoire de la gauche aux élections locales, et tout particulièrement dans le Val d'Oise, de mars 2008 ne saurait masquer ses défaites lors des trois derniers scrutins présidentiels et deux dernières élections législatives – à ce titre souvenons-nous que nos résultats de juin 2007 n'ont rien de satisfaisants, nous avons perdu un siège sur les deux que nous tenions dans le département quand le Parti socialiste augmentait lui sa représentation législative. La gauche va-t-elle se satisfaire d'être une force politique d'élections intermédiaires et se contenter d'une «cohabitation territoriale» laissant l'État à la droite ? Les collectivités gérées ont-elles réellement les moyens de corriger les régressions imposées par le gouvernement ? S'en remettre à cette hypothèse, n'est-ce pas masquer une incapacité politique et culturelle à proposer aujourd'hui une alternative réelle à la politique de la droite ? Avec tout le respect que nous portons à nos élus et au travail formidable qu'ils mènent dans les collectivités (et aujourd'hui au conseil général) – et auxquels plusieurs d'entre nous participent – avec l'appui des militants et du professionnalisme des agents territoriaux, soyons honnêtes entre nous, ce n'est pas l'addition des projets municipaux et départementaux – aussi ambitieux soient-ils – qui fondera la base du projet alternatif qui nous devons soumettre aux Françaises et aux Français.

Nos concitoyens, les militants du parti, attendent un message d’espoir face aux atteintes portées par la droite au pacte républicain et au contrat social. Il nous appartient d’ouvrir une voie dans le désenchantement imposé par cette pensée dominante qui souhaite nous voir résignés à la fin du progrès et contraints au temps des sacrifices. C’est parce que nous savons le monde complexe et l’avenir incertain que nous n’avons pas le droit de réduire notre congrès au choc des ambitions personnelles dont on ne distingue pas les différences politiques majeures.

Antonio Gramsci définissait la « crise » comme le moment où « le vieux est mort et le neuf hésite à naître ». Cependant le sens du « neuf » n’est pas déterminé. Si nous ne savons plus rassembler les classes populaires et moyennes, celles qui vivent en ville comme en milieu rural et réunir les générations autour d’un projet collectif l’avenir de la gauche est incertain. « Reconquêtes », veut participer à cela.

L’élection de Nicolas Sarkozy est l’aboutissement d’une défaite culturelle de la gauche. Notre responsabilité est d’anticiper la France de l’après-Sarkozy, une France où les inégalités sociales se seront creusées et où les instruments de régulation et de redistribution seront affaiblis.

Il est temps aujourd’hui pour les socialistes de forger les idées et les outils qui nous permettront de conduire demain des politiques à la hauteur de nos ambitions : en un mot, d’inventer une politique qui remette le progrès au service de l’humanité.

La modernité, c’est anticiper le post-libéralisme et construire la gauche du XXIe siècle.

Notre démarche est ouverte. Elle ambitionne de dépasser les frontières de camps préexistants. Elle n’est précédée d’aucun préalable. Elle aspire à forger les outils des Reconquêtes sociales, politiques et intellectuelles qui permettront à la gauche de lever un nouvel espoir.


C’est ce qui nous amène aujourd’hui à prendre contact avec nous autour de la contribution « Reconquêtes », afin de débattre avec toi de notre démarche et de son contenu. Tu peux également appuyer notre démarche en rejoignant la liste de signataires.

Enfin nous souhaitons pouvoir compter sur ta présence lors du rassemblement national « Reconquêtes » à Paris – amphithéâtre Richelieu, université de la Sorbonne – toute la journée du 28 juin prochain :

  • 10h : accueil et introduction de la journée

  • 10h15-12h30 : Débats en ateliers autour de la contribution «Reconquêtes» - Immigration et développement - Le libre échange en question - Action publique et redistribution - Diversité et discriminations - La 6ème république

  • 14h-16h : Les grands oraux du changement - Emmanuel Todd : Que dire du libre échange ? - Laurent Fabius : Quelle place pour l’action publique ? - Marylise Lebranchu : Quelle redistribution ? - Arnaud Montebourg : Quelle politique étrangère ?

  • 16h-17h : Meeting avec Benoît Hamon et Henri Emmanuelli

Amitiés socialistes,

Charlotte Brun, adjointe au maire d'Écouen, conseillère régionale, conseil national – Frédéric Faravel, secrétaire de section de la plaine de France, bureau fédéral, bureau du comité régional du PS – Xavier Morin, conseiller municipal d'Argenteuil, trésorier de la section, bureau fédéral – Adélaïde Piazzi, 1ère adjointe au maire de Montmorency, secrétaire de section de Montmorency, bureau fédéral

Joshua Adel, bureau fédéral des adhésions (Sannois) – Patrick Bauer, trésorier de section (Saint-Gratien) – Nadjet Boubekeur, conseil fédéral (Villiers-le-Bel) – Fanny Boyer, conseillère municipale et secrétaire de section (Le Plessis-Bouchard) – Sylvie Colley-Fromentel, suppléante au conseil fédéral (Cormeilles) – Farid Echeikr, adjoint au maire de Fosses (plaine de France) – Cécile Escobar, adjointe au maire, conseil fédéral (Cergy) – Bernard Mathonnat, commission fédérale de contrôle financier (Jouy) – Michel Renou, secrétaire de section (L'Isle-Adam/Parmain) – Patrice Richard, adjoint au maire, secrétaire de section (Gonesse) – Fabien Roussel, adjoint au maire, bureau fédéral des adhésions (Eaubonne) – Abdelkader Slifi, adjoint au maire (Argenteuil) – Michèle Taiclet, conseillère municipale (Jouy) – Jimmy Zé, conseiller municipal, commission fédérale des conflits (Éragny)…


Contacts : Frédéric Faravel – 06 79 67 98 52 – rlg95@voila.fr http://reinventerlagauche95.over-blog.org


Contribuer, débattre, signer la contribution sur www.reconquetes.eu


Inscriptions pour la journée du 28 juin au
01 40 63 15 11 et sur www.reconquetes.eu

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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 09:44
et celle du Parti socialiste en particuliers...

Pour éclairer ses choix, le citoyen ne doit pas simplement être en mesure de comprendre le monde qui l’entoure, il doit inscrire sa réflexion dans un cadre de référence idéologique, à un projet de société. Telle était la fonction des partis. Mais de plus en plus confinés à un rôle de sélection des candidats, ils ont perdu une part de leur mission de construction de projets d’avenir à partir de repères idéologiques identifiés. Transformés en machines électorales, ils risquent de perdre leur substance militante. Ainsi se confirmeraient les intuitions formulées par Robert Michels (sociologue d’origine allemande, 1876-1936) sur l’existence d’une tendance « traditionnelle » des partis à développer au sein même des démocraties des caractères oligarchiques.


De fait, les militants d’origine populaire se font rares, ce qui s’explique aussi par la généralisation, au sein du PS, d’une "culture du débat" pourtant positive mais qui valorise avant tout la réflexion collective et la "libre expression" - peu spontanée - des militants. Or cette "intellectualisation", en faisant appel aux ressources culturelles personnelles, en technicisant le débat et en dévalorisant le rapport populaire au parti, fait de remise de soi et de loyalisme, favoriserait la relégation des militants les plus modestes. On touche là une autre contradiction difficilement dépassable des différents partis de la gauche : le monde et la politique se complexifie mais, face à cela et face à la généralisation de la « culture du débat » qui marque une avancée démocratique indéniable et qui n’a pas d’équivalent dans les autres partis français ou européens, le Parti socialiste n’a mis en place aucune structure de formation adaptée (à la différence du PCF des années 1950) à son public populaire ou moyen et à la hauteur des attentes politiques ; le loyalisme n’est pourtant pas l’apanage des militants issus des milieux populaires qui seraient par ailleurs déstabilisés par la "culture du débat", depuis 1946 aucune majorité dirigeante socialisme n’a directement été remise en cause par sa base, le légitimisme atteint une forte proportion des débatteurs et technocrates de section, ce qui permet de s’interroger sur la profondeur d’un certain nombre de débats tenus dans le PS.

Ce sont les pratiques les plus ordinaires du militantisme (tractage, collage) qui sont dévalorisées (et la vague d’adhésion et la campagne présidentielle n’ont pas invalidé malheureusement cette conclusion) mais aussi les dimensions collectives et identitaires de l’appartenance partisane (nuits de collage d’affiches, fêtes de sections) qui se perdent. Étonnamment, le PS semble tolérer, voire encourager, un militantisme distancié - et plus encore depuis quelques mois. La conséquence en est que la dimension cynique des comportements prend une place prépondérante au sein du parti, où le militant est un loup pour le militant. Un univers « hobbesien » donc, où l’on "ne s’aime pas, ou peu, et où rapporter les prises de positions des militants aux positions dans l’espace partisan relève d’un quasi-réflexe. Le cynisme en politique ne date pas d’aujourd’hui, mais la nouveauté est que la concurrence touche toute la communauté militante, du sommet jusqu’à la base, et que la "lutte pour les places", contrairement à d’autres milieux militants y est peu déniée. Mais malgré cela, le Parti socialiste, et même au-delà à gauche, rencontre les plus grandes difficultés à se renouveler, à renouveler ses candidats, à rajeunir ses cadres, à s’identifier à la population dont on brigue les suffrages. Les candidatures de jeunes militants sont découragées, la parité est régulièrement utilisée par les élus quinquagénaires ou sexagénaires blancs pour écarter les jeunes hommes ou les jeunes femmes dont les qualités et les ambitions pourraient gêner à court terme. Alors que Tony Blair - qui n’est pour nous absolument pas un modèle idéologique - a quitté l’année dernière le pouvoir, à 54 ans : qui ne constate pas que c’est à cet âge (ou plus vieux encore) que les leaders de la gauche prétendent eux accéder aux responsabilités ! Qui n’a pas vu que ceux, qui sont venus expliquer sur les plateaux des télévisions et des radios en 1995 et 2002 les raisons de nos défaites et leurs propositions pour la rénovation de la gauche, étaient à nouveau présents sur ces mêmes plateaux pour tenir les mêmes propos le 6 mai 2007 !

Ce sont les liens rompus avec l’ensemble des réseaux sociaux et la faible implantation du PS qui accroissent la volatilité de l’électorat socialiste, condamnant le PS à faire fluctuer sa ligne idéologique. Cela éclaire aussi les raisons de l’usage intensif des sondages si déterminant dans la désignation interne du candidat socialiste en novembre 2006 : Faute de réseaux puissants irriguant la société, les élites socialistes - et toutes tendances ou sensibilités confondues - sont de fait conduites à s’appuyer sur des formes de production non "mobilisée" de l’opinion publique comme les sondages. Les sondages suscitent de vifs débats. La controverse a plusieurs versants dont le principal concerne leur validité comme outil de mesure de l’opinion publique. Selon certains, ils ne sont qu’un artefact. Ainsi, dans un article resté célèbre, Pierre Bourdieu déclare que « l’opinion publique n’existe pas ». Cette critique repose sur plusieurs arguments :
- Les sondages interrogent les gens sur des questions qu’ils ne se posent pas. On leur impose donc une problématique ;
- La situation d’enquête est une injonction à formuler un avis. Par exemple, si on vous interroge sur l’extension des compétences de la CSCE, il se peut que vous n’ayez aucun avis, ou que vous ignoriez ce qu’est la CSCE. Dans tous les cas, il sera plus légitime et plus pratique de donner une réponse, que d’avouer votre ignorance ou votre indifférence ;
- Les réponses données seront d’autant plus artificielles qu’elles sont formulées sans enjeu réel pour les enquêtés. Ainsi s’expliquent les écarts entre les sondages préélectoraux et les résultats effectifs ;
- Alors que l’opinion est l’expression collective de groupes, de rapports sociaux, de jeux d’acteurs, etc., les sondages en font une simple addition de réponses individuelles ;
- L’agrégation statistique des jugements individuels revient à postuler que toutes les opinions se valent. C’est faire fi du fait que certaines personnes ou certains groupes ont plus de motivation et d’influence que d’autres.

Ainsi, selon cette approche, les sondages créent de toutes pièces une opinion factice et trompeuse : la « vraie » opinion est celle qui s’exprime collectivement dans un champ de forces sociales. Et ce n’est sans doute pas non plus un hasard si la vision socialiste minore de fait et de plus en plus toute conflictualité sociale pour se nourrir avant de travaux sociologiques sur l’individu et les valeurs post-matérialistes (François de Singly, Marcel Gauchet) - et ce en contradiction flagrante avec l’objet des partis de gauche - qui dessinent des individus "entrepreneurs de leur propre vie", selon l’expression d’Alain Ehrenberg qui fait florès.

 

Frédéric Faravel

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 14:30
Benoit Hamon en photoJ’ai donné un entretien à Stéphane Alliès de Mediapart. Nombreux commentaires sont disponibles aussi sur le site du journal.” L’eurodéputé socialiste et ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) défend une offre politique clairement à gauche pour le prochain congrès.

Très critique envers «la crise des social-démocraties européennes», Benoît Hamon regarde vers les gauches américaines et Barack Obama, appelant à un «choc fiscal» qui n’exclurait pas «la question des renationalisations».La Forge avec Noël Mamère, le fondateur du Nouveau parti socialiste NPS (avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon) souhaite que Martine Aubry le rejoigne dans son entreprise. Troisième volet de notre série d’entretiens sur l’avenir du PS, après Jean-Pierre Mignard et Manuel Valls.”
Fondateur du think-tank

Quel est votre sentiment sur l’état du socialisme aujourd’hui?

C’est d’abord une affaire de contexte global. Je suis convaincu qu’on est dans un vrai renversement de cycle. Une forme d’impasse du libéralisme, impuissant face aux crises financière, alimentaire, démographique, climatique et énergétique. Cette situation marque l’échec de la mondialisation heureuse. Et ce constat fait naître les besoins d’intervention publique et de mécanismes de redistribution. Face à cela, je trouve que le discours de mon propre parti sur la modernisation tous azimuts et le recentrage est en total décalage avec ce qui se passe


C’est-à-dire?

On devrait anticiper l’instabilité en essayant de construire des réponses pour se dégager des marges de manœuvre. Pas dessiner un petit congrès, qui perpétuera cette tradition de rassemblement socialiste en suspension dans l’air. À Dijon (en 2005), avec le NPS, on avait mis sur la table des idées en proie avec la réalité des difficultés du pays. Quand on lit le texte proposé par Bertrand Delanoë (long silence)… on est franchement déçu. C’est un catalogue de réponses consensuelles à court terme, comme si on était au gouvernement, sans se préoccuper du chaos actuel. Moi j’estime que quand la droite nous promet un avenir sombre, on ne peut pas se permettre de proposer la grisaille en faisant croire à l’arc-en-ciel. La période actuelle présente autant d’opportunités d’émancipations collectives que de tentations de replis identitaires. Comme disait Antonio Gramsci: «Le vieux est mort et le neuf hésite à l’être. Et de ce clair-obscur peut naître un monstre.»

«La débâcle des social-démocraties européennes»

Comment vous positionnez-vous dans les débats sur la social-démocratie européenne?

J’ai refait mes calculs: depuis juin 2006, les partis membres du PSE comptabilisent deux victoires en quinze élections, dont l’Autriche en coalition avec la droite! C’est la débâcle. Et il n’y a pas une seule famille qui est épargnée, des Scandinaves aux Méditerranéens, en passant par les Rhénans. Cette débandade fait l’objet d’un déni total de notre part, alors que même Rasmussen (le président du PSE) dresse le constat de notre incapacité à dégager une cohérence au niveau européen. L’intellectuel collectif du PS ne regarde plus ce qui se passe ailleurs et est incapable d’analyser ses propres échecs, alors que le recentrage de nos voisins profite systématiquement à la droite dure ou aux libéraux. Seuls résistent les Espagnols, grâce à un débat ultra-clivé sur la mémoire, les questions de société ou de religions. Un vrai clivage gauche/droite…


Vous appelez à ce retour du clivage?

Objectivement, à côté de cette social-démocratie qui plonge, il y a quand même une gauche éclatante en Amérique du Sud. Certes dans un environnement bien différent, mais sur un spectre très large, de Chavez à Bachelet en passant par Lula. Ils gagnent partout! En axant leurs programmes sur la défense des droits sociaux des minorités et des populations indigènes, qui ne sont après tout pas bien différentes de nos classes moyennes et populaires. Ils assument la conflictualité de la société, quand nous voulons expliquer qu’il faut tous aller dans le même sens. Quand j’entends Gérard Collomb dire que la création de richesse passe avant la redistribution, je pense exactement le contraire. C’est d’abord une meilleure redistribution qui créera la richesse la moins inégalitaire… C’est aussi ce qu’est en train de faire Barack Obama.


Vous prenez en modèle la gauche américaine?

Et je n’hésite absolument pas à le dire: Obama est bien plus à gauche que Delanoë, sur les questions économiques et même sociales. J’y ai été en tant que vice-président du groupe de relations avec le Congrès et j’y ai rencontré des syndicats très actifs, qui œuvrent pour regagner des protections et non plus seulement amoindrir les nouvelles vulnérabilités qu’on tente de leur imposer.

Plus prosaïquement, qu’attendez-vous alors de ce congrès?

Pas le murmure habituel, du style «il faut des emplois de qualité et créer des richesses pour construire le progrès social» et autres «le PS doit être le moteur de l’Europe sociale». Si le congrès se fait sur 3 euros d’augmentation de la prime pour l’emploi par-ci, le rajout d’un trimestre de cotisations par-là ou la seule définition des métiers pénibles, cela n’en vaut pas la peine…

Mais qu’espérez-vous concrètement?

Qu’il se fasse sur la question du choc fiscal nécessaire pour réarmer les Etats, sur la remise en cause du pacte de croissance européen et sur les restrictions à imposer au libre-échange. Pourquoi le mot de protectionnisme serait un mot tabou, quand le développement durable est en jeu? La question, c’est: «comment reconquérir le pouvoir?» et, une fois conquis, «comment transformer la société?».

Et quelles sont vos réponses?
D’abord, pour gagner le pouvoir, il faut cliver et remettre de la conflictualité dans le débat politique. Franchement, on a l’air de quoi avec nos discours type «il faut travailler dans l’intérêt de tous», quand tout le monde est en rapport de force permanent avec son banquier, son chef d’entreprise, avec les différents services publics. Si on veut faire croire aux gens que tout le monde a les mêmes intérêts, c’est sympa mais ce n’est pas le cas. Alors on choisit les intérêts qu’il faut défendre. Et on choisit son camp. Je suis convaincu que c’est la meilleure solution de faire un parti de toute la gauche, qui fasse 30% au premier tour. Même s’il y aura une extrême gauche à nos côtés.

Mais c’est un peu le modèle italien de Veltroni, que vous décriez?

Sauf que ce serait un parti qui resterait à gauche, au lieu de l’assécher. Il y aura toujours des réservoirs de voix… Essayons donc de voir ce que ferait la majorité des Français face à deux offres politiques vraiment clivées, avec une vraie gauche face à cette vraie droite. Ensuite, il sera temps de mettre en œuvre les instruments pour revivre dans la France d’après Sarkozy. Des instruments prioritairement économiques et démocratiques. Moi je reste partisan d’une VIe République comme on l’avait promue au NPS. Et pas de marchandage misérable avec le pouvoir sarkozyste, en lui donnant les moyens d’accentuer la présidentialisation du régime, au prix de petites victoires secondaires.

Lac de Genève et clapotis

Puisqu’il faut aussi parler de stratégie, quelle est la vôtre?

Je pense que nous sommes en présence de deux lignes. D’abord celle qui veut perpétuer l’orientation de la majorité de Dijon. Delanoë et Royal ne nous montrent pour l’instant pas d’autres ruptures qu’un recentrage. Puis, il y a la place pour une autre orientation, et j’espère qu’elle regroupera davantage de personnalités que la dernière fois, avec certains de ceux qui étaient dans l’éternelle motion Hollande et qui accepteront de s’engager à nos côtés. Il est indispensable que cette seconde ligne fasse le score le plus important, pour contrebalancer la haine que se vouent les deux écuries présidentielles et qui minent l’existence même du parti.

Contrairement à la règle socialiste immanente, plus vous vieillissez, plus vous penchez à gauche?

Oui, j’ai été rocardien à mes débuts. Mais à l’époque c’était plus confortable et c’était le temps où je mettais mes tripes d’un côté et mon discours politique de l’autre. Et puis dans un contexte particulier, deux-trois ans avant l’autonomie du MJS. Et je ne renie pas cette expérience, qui m’a apporté des fondements d’action et de pratique actuels, comme l’attention à la délibération collective. Ce “bon côté deuxième gauche”, qui fait plus confiance au cheminement collectif qu’à l’avant-garde éclairée.


Pensez-vous que votre “offre politique” sera unitaire?

J’attends de voir ce que vont donner les jeux de rôle actuels. J’ai quand même l’impression que tout le monde n’ira pas au bout et que beaucoup préparent leur recyclage. J’attends de voir ce que vont faire “les reconstructeurs” et je répondrai présent à leur invitation au meeting du 1er juin. Mais j’ai le sentiment que le courant strauss-kahnien est ouvert à tous les vents et qu’un regroupement avec les fabiusiens n’est pas si impossible. Enfin, j’espère profondément que Martine Aubry et ses amis nous rejoindront, accompagnés d’une nouvelle génération qui représente la jeunesse du parti. Afin de porter une nouvelle vague, entre “le lac de Genève Delanoë” et “le clapotis sur le lac de Genève Royal”.

C’est l’ancien responsable du MJS qui parle. Quinze ans après son autonomie sous votre présidence, que répondez-vous à ceux qui stigmatisent la pouponnière de jeunes éléphanteaux?Oui, c’est une pouponnière à cadres du parti. Ça sert à ça un mouvement de jeunesse. Quand je vois le niveau de certains de nos dirigeants, j’aurais bien aimé qu’ils soient passés dans une organisation de jeunesse. Aujourd’hui, je pense qu’il y a plus de débats politiques au MJS qu’à Désir d’Avenir ou dans une section du PS. Même s’il y a eu des hauts et des bas, le MJS a trouvé sa place dans le mouvement social, comme lors du dernier CPE. Et c’est une victoire, quand on voit l’accueil de n’importe quelle autre structure socialiste dans les collectifs ou les manifestations. Enfin, quand on voit le sort réservé aux anciens cadres du MJS, ce ne sont pas des trajectoires à la Delphine Batho ou à la Aurélie Filipetti, ou celles de ces jeunes coqs qui se tapissent dans l’ombre d’un premier fédéral en allant à la niche. Eux, ils sont généralement à la gauche du parti et si ce sont des éléphanteaux, on ne les a pas vraiment aider à sortir les pieds du marécage.


Vous avez fondé avec Noël Mamère un think-tank, La Forge, regroupant économistes et jeunes chercheurs. Actuellement, êtes-vous en mesure d’offrir quatre ou cinq idées forces comme celles de Jospin entre 1995 et 1997?

Je pense qu’on est encore flou. On est au point sur les questions de révolution fiscale, avec la création d’un impôt universel et la mise en place de nouvelles fiscalités environnementales ou d’aide à l’investissement, comme de l’assèchement de flux financiers issus de paradis fiscaux. En bref, créer un choc fiscal pour permettre de nouvelles régulations et de meilleures redistributions. Il y a ensuite des domaines entiers de travaux. On bosse sérieusement sur les questions carcérales, avec Serge Portelli par exemple, ou sur l’accès aux biens culturels. Mais notre problématique est claire, sur les questions d’urbanisme, d’école et de logement, comme sur l’économie. On doit se poser la question de la possibilité de déficits, comme on n’échappera pas à la question des renationalisations. On ne peut pas dire qu’il va y avoir un problème d’accès à l’énergie et laisser ces secteurs continuer à se faire désosser par les traités européens, sans penser se réapproprier à un moment ces instruments d’accès au bien public. On y travaille encore, mais on y travaille vraiment.

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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 18:00
MAI 68 – MAI 2008
QUELLE ORGANISATION DE LA GAUCHE POUR TRANSFORMER LA SOCIETE ?


Le Carreau de Cergy
(voir plan ci-dessous)
SAMEDI 7 JUIN 2008 – 17h00

RER A Cergy-Préfecture

Intervenants :

Fanny Boyer, animatrice fédérale du MJS 95

Philippe Darriulat, adjoint au Maire (PS) du XVIIIème arr., membre du CN du PS, ancien président de l'UNEF id en 1986

François Delcombre, secrétaire départemental des Verts 95

Laurent Dumont, vice-président (PCF) de l'agglomération de Cergy-Pontoise

Dominique Lefebvre, premier secrétaire fédéral du PS 95, Maire de Cergy, président de l'agglomération de Cergy-Pontoise

Guillaume Vuilletet, conseiller régional MRC


Débat animé par Cécile Escobar et Sébastien Lombard

Pour nous contacter :
Frédéric Faravel 06 26 40 20 23 - Cécile Escobar 06 62 58 13 26
Sébastien Lombard 06 03 13 17 84

Blog : http://reinventerlagauche95.over-blog.org
Courriel : rlg95@voila.fr

Carreau de Cergy
Rue aux Herbes - Parvis de la Préfecture
Tél. : 01 30 17 19 35
Ce nouvel espace culturel s'est ouvert en 2002. Il comprend un espace d'exposition et un auditorium.
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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 10:02
Municipales : les électeurs veulent une gauche de gauche
par Henri Emmanuelli et Benoît Hamon

Tirer les leçons d’une consultation électorale est un devoir primordial pour une formation politique, a fortiori pour le Parti socialiste qui a été l’acteur majeur de la victoire de la gauche dimanche 16 mars.

La première leçon est simple. Elle se lit dans la sécheresse des résultats : la droite a subi une déroute lors de ces élections municipales. Les 58 villes de plus de 20 000 habitants conquises par la gauche traduisent l’ampleur de cette défaite. Il peut sembler banal de l’affirmer mais cela est nécessaire tant l’impudence, voire l’autisme des ministres et des dirigeants de l’UMP sur les plateaux de télévision confinait au déni de réalité. Le nombre de villes conquises donne une dimension incontestablement nationale à cette défaite.

La seconde leçon concerne le "rôle central" que prétendait exercer le MoDem au centre de notre échiquier politique. A force de vouloir être partout à la fois, le MoDem n’a fini nulle part. La plupart du temps il est resté dans le giron de ses alliés traditionnels de droite, sans lesquels il n’aurait pas conservé le peu de municipalités dont les électrices et les électeurs lui concèdent encore la gestion. En entendant François Bayrou, au soir du premier tour, appeler en vain les électeurs palois à faire barrage aux "socialo-communistes", il nous revenait en mémoire cette définition que François Mitterrand donnait du centre dont il affirmait, non sans humour, qu’il n’était "ni de gauche ni de gauche".

A CONTRESENS DE L’HISTOIRE

Nous serions donc bien avisés de stopper rapidement une inutile et grotesque "danse du centre" et de laisser François Bayrou à sa stratégie électorale narcissique. Le scrutin municipal a eu cette vertu de démontrer l’absence d’efficacité électorale de l’alliance avec le MoDem, ce qui ne signifie pas qu’il faille renoncer à parler à ses électeurs. Si le MoDem décide de rejoindre le camp de la gauche et ses valeurs progressistes, il sera le bienvenu. Cette décision lui appartient, mais n’appartient qu’à lui. En attendant, nous avons mieux à faire.

Ce que nous avons à faire, et cela sera notre troisième et dernière leçon provisoire, est de constater le glissement à gauche de notre électorat. Partout où la gauche était rassemblée, elle réalise de très bons scores. Quand elle était divisée de notre fait, alors communistes, écologistes ou extrême gauche réalisaient des scores qu’il serait absurde d’ignorer. Finalement nous sommes dans une figure classique de notre vie politique accompagnée d’une donnée nouvelle.

La figure classique est celle de la bipolarisation entre la gauche et la droite. Une bipolarisation dont nous n’hésitons pas à affirmer qu’elle est saine pour notre démocratie, qui a besoin d’options différenciées et de confrontations d’idées et de projets.

La nouveauté est celle d’une radicalisation d’une partie de notre électorat qui s’explique aisément par l’inquiétude croissante devant la dégradation des conditions de vie des classes populaires et, phénomène nouveau, des classes moyennes. Les socialistes risqueraient de passer à côté de l’essentiel s’ils ne tiraient pas rapidement les conséquences qui s’imposent de ce message adressé par les Françaises et les Français. Un message qui risque de s’amplifier tant les perspectives économiques mondiales sont inquiétantes. La crise de très grande ampleur que traverse le système financier international, et qui menace désormais d’entraîner l’économie mondiale dans la spirale de la récession, marque assurément la fin des illusions de la globalisation financière et de la libéralisation effrénée du commerce international.

Alors qu’aux Etats-Unis, en Angleterre et, demain, en France et en Europe les dirigeants seront soumis à la nécessité de prendre des mesures radicales de sauvetage du système bancaire et de se tourner vers des formes nouvelles de régulation publique de l’économie, il serait paradoxal que la gauche française, en quête d’une illusoire modernité, "mue" à contresens de l’histoire.

Nous assistons à la fin de la domination culturelle du libéralisme et du capitalisme financier. Cela constitue une opportunité sans précédent de faire avancer nos idées progressistes. C’est ce à quoi nous invitons le Parti socialiste et ce à quoi nous consacrerons notre énergie dans les semaines et les mois à venir, avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent.

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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 17:29
Selon un sondage CSA paru vendredi 25 janvier dans Le Parisien/ Aujourd'hui en France, les listes de gauche remporteraient, au niveau national, 46% des voix au premier tour des élections municipales, devant les listes de droite, à 40% d'intentions de vote. Les listes centristes du MoDem remporteraient 7% des voix, les listes du Front national 2%, et les listes d'extrême-gauche 2%.
À l'occasion de la sortie d'état de grâce du président de la République, la Gauche et plus exactement le Parti socialiste se prend à rêver de surfer sur le mécontentement légitimes des Français pour emporter les élections municipales et cantonales de mars 2008. D'ailleurs, cette équation est défendue dans le Val d'Oise comme dans d'autres départements.
Mars 2001 avait marqué une défaite certaine de la gauche après presque quatre années de pouvoir, et des résultats macro-économiques extrêmement positif... Si les élections intermédiaires et locales sont toujours plus difficiles pour le Parti au pouvoir, 2001 avaient démontré une véritable déculottée mais la victoire à Paris et à Lyon avait servi de paravent. Lionel Jospin, le Parti socialiste et la Gauche plurielle n'avaient pas pris la mesure de ce qui s'était passé alors ; la gauche avait abandonné le terrain de la réflexion et de la préparation de l'avenir, Lionel Jospin a fait campagne sur son bilan - légitimement bon, mais masqué par une année politique en demi-teinte - et sur la détestation pour le comportement de Jacques Chirac. On connaît le résultat.
2008 pouvait difficilement être pire que 2001, la gauche pouvait légitimement prétendre récupérer quelques villes moyennes ou majeures qui avaient subi le hold-up de la droite en 2001. Mais aujourd'hui elle se plaît à rêver un effet avalanche, alors même qu'elle n'a pas remis au jour son discours, ses propositions et son organisation. Dans la foulée de ces municipales et cantonales prometteuses, elles pourraient mécaniquement accroître ses positions au Sénat en septembre 2008 puis en septembre 2010. L'euphorie la guette, mais une euphorie non naturelle, une euphorie sous stupéfiants sondagiers...

Car il faut savoir tirer des leçons du passé, après 6 ans dans l'opposition, il serait temps que le Parti socialiste notamment commence à réfléchir et ne retombe pas dans les pièges qu'il se tend à lui-même. En 2004, la gauche a connu une série exceptionnelle d'élections intermédiaires sanctionnant le gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy, après la canicule. Pourtant quelques semaines encore avant les cantonales et les régionales de mars 2004, personne ne sentait la campagne à gauche, personne n'était à même de dire comment elle sortirait de ces élections : l'Île-de-France paraissait menacée et dans les autres régions tenues à la majorité relative par la gauche depuis 1998 on espérait seulement que le changement de mode de scrutin permettrait d'obtenir des majorités stables qui avaient manqué jusqu'ici. Personne n'envisageait que 20 régions métropolitaines sur 22 tombent à gauche, plus les trois quarts des régions d'outre mer et la majorité des départements français.
Un enthousiasme nouveau s'empara ensuite du PS pour l'élection européenne, un discours équilibré et offensif avait été choisi, et le Parti socialiste atteint 30%. Ce fut la seule campagne qu'il avait un peu préparé avec "Et maintenant, l'Europe sociale...".
Pourtant cette série de victoires qui devaient plus à la déchéance de l'UMP et de l'UDF donna l'effet inverse : le Parti socialiste n'en profita pas pour accroître ses efforts. La direction du Parti socialiste y vit l'occasion d'écraser son opposition lors d'un référendum interne sur l'Europe, plutôt que d'ouvrir les débats de fond nécessaire. Nous en soldons toujours les comptes.
2008 ne doit pas avoir les mêmes conséquences que 2004, le socialistes ne doivent pas répéter leurs erreurs.

FRED
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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 15:59
ForumrenovationlogoJ’ai choisi d’évoquer la question du rapport des socialistes à l’individu en restant dans l’actualité des déclarations récentes du chef de l’Etat sur sa vision du partage des rôles entre le curé et l’instituteur.
 

Dans cette déclaration de Nicolas Sarkozy au Vatican, se noue la conviction intime du chef de l’Etat sur les rôles respectifs de la République et de la religion, plus précisément sur le champ que la République doit céder aux Eglises. Je vous la remémore : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance».

 

Nicolas Sarkozy affirme dans cette phrase deux hiérarchies. La première explicite, dit la supériorité du spirituel sur le temporel, la supériorité du représentant de Dieu sur celui des hommes et de leurs préférences collectives, l‘instituteur.

 

La seconde est plus implicite. Elle affirme une hiérarchie entre les religions monothéistes et le primat de la chrétienté sinon pourquoi ne pas avoir cité l’imam ou le rabbin après le curé et le pasteur.

 

Dans une époque où les repères manquent, où il apparait plus difficile qu’hier de hiérarchiser et de départager l’essentiel et le secondaire, en cet instant où nous remettons ensemble l’ouvrage sur le métier, les socialistes doivent affirmer avec force et résolution, sans timidité ni frilosité, leur vision de l’homme - plutôt que de l’individu - et des moyens qu’ils envisagent pour participer et permettre son épanouissement et son émancipation.

 

Il y a fondamentalement deux façons d’envisager la question des rapports qu’entretiennent les hommes les uns avec les autres et des principes et valeurs qui les sous-tendent.

 

Seule l’une d’entre elles relève du politique.

 

Une première approche est totalisante. Cette approche ne départage pas forcément le croyant du non croyant. Elle procède simplement d’une vision figée et absolue du monde, et veut que toutes les questions, et en particulier la question du bien et du mal, doivent nécessairement avoir une réponse et une seule (les autres étant forcément fausses), et que l’ensemble de des réponses aux questions sont compatibles, nous éclairant par là sur « la vérité » ultime. Ces réponses procèdent d’une forme de transcendance. Comme personne n’a en fait jamais eu la chance de faire l’expérience d’une telle perfection systémique, il ne reste à ses thuriféraires que l’espérance qu’elle existe bel et bien au-delà du voile des apparences. Et que survienne une contestation, leur reste alors la radicalité (et la violence ?) du sacrifice pour forcer la croyance en sa réalité et son avènement futur : on est prêt à tout et plus rien n’a de coût quand on est sûr de contribuer à réaliser la vérité.

 

Une seconde approche admet qu’à la plupart des questions, en particulier éthiques, on peut apporter des réponses différentes, et qu’elles ne sont pas forcément compatibles entre elles. Les socialistes s’inscrivent dans cette tradition philosophique, morale, éthique. Deux morales peuvent être incompatibles et la vie est ainsi faite qu’il n’existe aucun critère supérieur qui permette de les départager. Cette approche ne débouche pas pour autant sur un relativisme absolu ou le conflit, mais envisage plutôt un monde pluriel, un monde fait de « diversité » pour reprendre un terme cher au Président. Tout en restant rationnels et capables de se comprendre les uns les autres, les hommes peuvent avoir développé des systèmes de valeurs différents puisque les mêmes questions peuvent appeler des réponses différentes et non moins valables. Ce qui caractérise l’homme est alors l’obligation de choisir. C’est vrai au niveau individuel (Camus affirmait qu’entre « la justice ou ma mère,  je choisis ma mère », En effet que choisir et existe-t-il une réponse qui relève davantage du bien qu’une autre ?) l’obligation de choisir est aussi indispensable au niveau collectif (arbitrage égalité/liberté par exemple).

 

Nous sommes donc condamnés à choisir en définissant et en réorientant continuellement des priorités, qui ne seront jamais définitives ni absolues. Là réside la nécessité de la politique. Et comment choisit-on ? Sur la base d’intimes convictions et de valeurs qui peuvent certes avoir été transmises via un système de croyances, mais avant tout sur la base d’un ’échange, d’un dialogue raisonné, pour arriver à déterminer au mieux les modalités du vivre ensemble.

 

Cette pratique exige qu’on se donne les outils de l’échange. Et c’est là que nous retrouvons l’instituteur. L’instituteur est un des maillons de la chaîne de fabrique et de transmission de ces outils. (Tout comme la presse, la culture, etc.).

 

Et c’est précisément ce que le Président de la République remet de facto en cause. L’instituteur n’apprend pas bien vs. mal « dans l’absolu », mais donne à ses élèves des outils pour qu’ils apprennent, en situation et non de façon définitive et abstraite, à concilier des aspirations, des principes … qui peuvent entrer en contradiction. Et s’il enseigne ce qui est bien ou mal, c’est par rapport aux valeurs centrales du système républicain qui sont les valeurs de liberté – de penser et d’agir ; d’égalité ; de respect, de laïcité, etc.

 

Nicolas Sarkozy en affirmant la supériorité de l’engagement du prêtre, « par la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance », outre qu’il fait l’éloge du kamikaze, outre qu’il ignore l’engagement et l’espérance que les enseignants sont souvent seuls à incarner et entretenir dans les quartiers les plus difficiles, il dilapide l’héritage des Lumières et escamote l’aspiration de la République à présider l’émancipation et la destinée des hommes.

 

A cet instant, notre rassemblement doit affirmer que la place des socialistes est aux côtés de ceux qui dans le respect des croyances et des préférences spirituelles, enseignent le libre arbitre et bâtissent ainsi tous les jours, les conditions du vivre ensemble.

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