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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 12:56

 

La Chancelière conservatrice Angela Merkel, après une conférence des chefs de partis allemands, prend un virage à 180° en rétablissement la perspective de 2022 comme sortie définitive du nucléaire. Elle revient en cela à ce qu'avait déjà décidé la coalition rouge-verte dirigée à l'époque par Gerhardt Schröder, alors qu'en septembre dernier elle avait prolongé la durée de vie des plus anciennes centrales allemandes.

Les détracteurs de cette décision – qui ont pourtant une inclinaison forte vers les solutions allemandes- rétorqueront qu'elle fera de la République fédérale le passager clandestin de l'énergie européenne et tout particulièrement de l'énergie française. La France qui grâce à ses 58 réacteurs nucléaires se verrait promettre un avenir radieux de dispensateurs d'électricité pour toute l'Europe. Ils argueront qu'en l'état actuel des moyens de productions d'énergie en Allemagne, les responsables allemands tombent volontairement du Charybde nucléaire au Scylla carboné. Ils diront également que l'Allemagne étant moins dépendante du nucléaire le pari allemand est plus simple à remplir.

centrale-nucleaire.jpgOr sortir d'une logique électrique dépendante du nucléaire pour 20 % en 11 ans, est-ce franchement plus facile que sortir de 70 % en 25 ou 30 ans ? Par ailleurs, l'Allemagne avait entamé sa transition dès la fin des années 1990 en subventionnant très largement la production d'énergie renouvelable, quand la France cahote sur ce chemin et qu'elle préfère encore subventionner l'énergie nucléaire par les impôts des Français : il faudra faire le point sur la réalité des coûts ; si les prix de l'électricité française sont bas, c'est parce que l'État a largement investi et subventionné l'énergie nucléaire. Ils ne paient pas uniquement par l'intermédiaire d'EDF mais également par la fiscalité.

L'Allemagne vise donc à se constituer une position économique incontournable et inexpugnable sur le marché européen en matière technologique et d'énergie renouvelable. L'avance économique et industrielle énorme dont elle dispose aujourd'hui ne fera alors que s'accroître et nous serions dépendant de sa puissance si nous tardons à décider la transition énergétique.

AubryDuflot.jpgEn décidant d'atteindre à la fois les objectifs de réduire les émissions de carbone et de gaz à effet de serre et de sortir du nucléaire, l'Allemagne vient de se fixer une obligation de résultat dans la recherche et la mise en œuvre de technologies avancées. La Gauche française doit prendre conscience de l'ampleur de l'enjeu. Il est temps que Martine Aubry et Cécile Duflot fassent entendre raison aux archaïques barons de la gauche française.

Frédéric Faravel

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 08:29

Depuis une dizaine de jours, pour bon nombres de socialistes et de commentateurs politiques, la situation politique du pays, de la gauche, du Parti socialiste a fortement évolué. En effet, pour tous ceux qui avaient considéré que seul Dominique Strauss-Kahn pouvait permettre d'incarner l'alternance face à un Nicolas Sarkozy impopulaire, ses empêchements judiciaires – qui devraient durer quelle que soit l'attention portée à la présomption d'innocence d'une part et au respect de la parole de la victime présumée d'autre part – bousculent évidemment leurs analyses politiques.

martine-aubry.jpgPour ceux qui comme moi et de nombreux camarades de la Motion C considéraient que Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste était la plus légitime pour porter le projet socialiste, le rassemblement de la gauche et l'alternative en 2012, il est également évident qu'ils ne seront pas bousculés dans leurs convictions et dans leurs analyses. Notons au passage que parmi les responsables politiques et les journalistes, ils étaient nombreux à avoir considéré la Première secrétaire comme quantité négligeable, quand ils ne faisaient pas tout simplement « campagne » pour la pousser hors du cadre.

Cette évolution soudaine, brutale et imprévue de la situation politique devrait rappeler à la gauche que la culture de l'homme ou de la femme providentiel(le) n'est pas la sienne. 2002 et 2007, avec des personnalités aussi différentes que Lionel Jospin ou Ségolène Royal, nous l'avaient clairement et douloureusement appris. La tendance de certains à mettre tous nos œufs dans le même panier – celui de notre camarade DSK – n'était ainsi sans doute pas la meilleure conseillère. On peut à se titre remarquer qu'évidemment les Français – selon les enquêtes d'opinion – semblaient favoriser DSK pour porter l'alternance en 2012, mais à y regarder de plus près il ne s'agissait pas d'une attente spécifique vis-à-vis de la personnalité de DSK. Les enquêtes d'opinion qui ont été réalisées depuis le dimanche 15 mai démontrent que cette attente d'alternance, que la volonté de se débarrasser se reportaient aisément et quasiment totalement sur les deux présidentiables socialistes aujourd'hui les plus en vue, François Hollande ou Martine Aubry.

À ce stade, il faut prendre garde à ne pas se laisser emporter. Les sondages ne sont que des sondages et l'on sait trop ce qu'ils ne signifient pas à un an de l'échéance électorale ; il serait également sage de ne pas porter attention aux sondages qui d'ores-et-déjà prédisent des résultats de second tour. La campagne des élections présidentielles de 2012 ne sera pas un chemin pavé de pétales de roses. Elle sera dure et violente, quel que soit le candidat. Il est probable que Nicolas Sarkozy est encore quelques ressources lorsque la campagne sera lancée. Enfin, Marine Le Pen se tient en embuscade et la colère des catégories populaires pourraient si nous nous en désintéressons se tourner vers le national-populisme et l'extrême droite plutôt que vers la social-démocratie.

Parier sur un « 21-Avril à l'envers » serait à ce titre passablement délétère. Il y a fort à parier que notre candidat(e) ne serait pas crédité au second tour d'un score aussi flatteur que les 82 % de Jacques Chirac en 2002, au regard de l'absence de réflexes républicains d'une bonne partie de l'électorat radicalisé de Nicolas Sarkozy. Surtout le mandat que recevrait le/la président(e) élu(e) dans ces conditions serait toujours entaché de confusion sur le projet à mettre en œuvre. Nous porterions par ailleurs le flanc à une critique – dont les fondements ont pu d'ailleurs être alimentés par les ambigüités de certains responsables socialistes –, celle d'avoir recherché cette situation afin de ne pas avoir à rassembler toute la gauche pour éviter de marquer notre programme. Une telle situation politique ouvrirait le quinquennat sous des auspices déplorables et serait gros de désillusions pour l'avenir qui nourriraient ensuite les envolées populistes.

Notre stratégie doit donc nous amener à tout faire pour privilégier un clivage politique clair qui permette de confronter les projets d'une droite conservatrice et d'une gauche de transformation sociale. Elle doit nous amener à d'ores-et-déjà tout mettre en œuvre pour faire reculer dans l'opinion, notamment dans les classes populaires, et dans les votes le Front National. Et nous n'avons pas de meilleurs outils aujourd'hui pour cela que de faire l'intense promotion du Projet socialiste, qui sera définitivement adopté samedi 28 mai 2011 après plus de deux ans de travail autour de Martine Aubry, travailler au rassemblement de la gauche et sensibiliser les électeurs de gauche pour des primaires ouvertes à gauche.

Et quand je dis « primaires ouvertes à gauche », il s'agit dans mon idée – au travers des discussions en cours avec nos partenaires politiques écologistes et communistes notamment – de les inciter eux-mêmes à y voir un facteur de dynamique pour l'ensemble de la gauche, à défaut que leurs organisations souhaitent y participer en tant que telles. Cela signifie également de ne pas hésiter à appeler les sympathisants et électeurs d'Europe-Écologie Les Verts et du Front de Gauche à participer massivement aux votes d'octobre. Il s'agit dès la désignation de celui ou celle qui sera évidemment et d'abord – vues les circonstances – le/la candidat(e) socialiste de créer une dynamique de rassemblement de la gauche pour préparer la dynamique de second tour.

Alors pendant tout le mois de juin, il faudra que les socialistes et leurs sympathisants se mobilisent pour sensibiliser les électeurs à ces primaires. Peut-on cependant mener une campagne de sensibilisation aux primaires tout en faisant dans le même mouvement campagne pour un(e) concurrent(e). Évidemment non : ce type d'acrobaties ferait perdre toute crédibilité aux militants qui s'y essaieraient et plus largement au dispositif. Alors il faut que les socialistes respectent entre eux des règles clairs ; un calendrier a été établi, il ne s'agit plus aujourd'hui d'en discuter l'opportunité pas plus qu'il faudrait remettre en cause le principe même des primaires, c'est trop tard. Les candidatures et leurs parrainages doivent être déposées entre le 28 juin et le 13 juillet. Qu'on s'y tienne et que tous les candidat(e)s potentiels cessent d'ici là de faire campagne pour privilégier la parole unitaire du Parti Socialiste dans son expression vis-à-vis des Français et dans son travail de rassemblement de la gauche.

C'est la faute politique qui entache depuis qu'elle a débuté la campagne de François Hollande. Non seulement il a dénigré la rénovation du PS, dénigré le travail intense de préparation du projet, présenté à Clichy-la-Garenne non pas le projet des socialistes avec son intonation personnelle mais son projet individuel, bref il joue sur des registres assez déloyaux... mais au-delà toute personne qui considère aujourd'hui que le temps de la campagne est venue sème la confusion (c'est vrai aussi pour Montebourg). L'été et l'automne suffiront pourtant aisément. Alors que nous devrions populariser notre projet il ne faudrait pas que nous donnions le bâtons pour nous faire battre en permettant des constructions journalistes imaginaires. Dans ce registre par ailleurs, je mets en garde ceux qui seraient autour de candidats plus ou moins déclarés tentés d'encourager des élucubrations médiatiques pour favoriser leur poulain : quand un rassemblement commence à s'opérer autour de la Première secrétaire, il est puéril et contre-productif d'alimenter chez les journalistes l'idée qu'un processus d'exclusion serait en cours et de se victimiser. C'est d'autant plus ridicule quand on est autant entouré de barons locaux et de grands élus que l'ancien Premier secrétaire et actuel Président du Conseil général de Corrèze.

Sachons faire des primaires un outil utile et pas une foire d'empoigne, c'est le sort de la France et des Français qui est en jeu.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du Parti Socialiste du Val-d'Oise

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 13:04

Vous trouverez ci-dessous la lettre que j'ai adressée à Nicolas Demorand, directeur de la publication et de la rédaction de Libération, suite au "portrait" publié par ce quotidien sur Caroline De Haas.

 

Monsieur le Directeur de la publication et de la rédaction,

1306414328.jpgJe vous écris ce jour pour vous faire part de ma profonde incompréhension et de mon intense énervement à la lecture du "portrait" en quatrième de couverture de votre édition quotidienne du mercredi 25 mai 2011, ayant Mlle Caroline De Haas comme sujet et signée par M. Luc Le Vaillant.
L'auteur de cet article me paraît accumuler sur trois colonnes mauvaise foi et procès d'intention avec la volonté assez évidente de décrédibiliser la parole et la personne de la porte-parole de l'association "Osez le Féminisme !". La mise en exergue dans le dernier paragraphe de son article de sujets qui ont vraisemblablement été secondaires dans l'entretien que Mlle De Haas a accordé à votre journaliste démontre jusqu'à la caricature l'objectif de son exercice.
On pourrait s'interroger pourquoi longuement, mais il est assez évident que M. Le Vaillant semble vouloir venger l'honneur sali de Dominique Strauss-Kahn et qu'il semble considérer que Mlle De Haas et son association n'ont pas eu pour lui le respect de la présomption d'innocence et la moindre compassion.
Plutôt que les combats de cette association, c'est ce sujet qui semble sérieusement animé votre collègue, malheureusement il se fait sur la base d'une interprétation largement erronée des actions et des prises de positions de cette association et de nombre de personnes choquées par la manière dont a été traitée en France l'affaire Strauss-Kahn. Pour suivre assez régulièrement les écrits d'OLF et les articles qui ont cité cette association, jamais celle-ci et donc sa porte-parole n'ont mis en cause la présomption d'innocence de M. Dominique Strauss-Kahn.
Vous permettrez de rappeler deux ou trois choses :
1- OLF s'est étonné que les médias français et nombre de personnes publiques s'exprimant sur l'affaire mette énormément de temps à parler de la situation de la victime présumée, tout en rappelant que DSK bénéficiait par ailleurs de la présomption d'innocence et qu'il fallait que la justice suive son cours.
2- OLF a dénoncé comme d'autres associations les dérives de certaines prises de paroles marquantes, qui tendaient à relativiser la gravité des actes présumés et à relativiser en général la gravité du harcèlement sexuel, du viol et des violences faites aux femmes.

OLF en tire avec d'autres - dont je suis - que ces expressions, sans doute non contrôlées, sont révélatrices d'un sexisme encore profondément inscrit dans la société française. Le caractère latin de notre culture ne saurait à ce titre être en aucun cas une excuse ou une circonstance atténuante.
Depuis plusieurs mois, certains chroniqueurs ou éditorialistes marqués - plus ou moins récemment à droite - s'étaient assignés comme tâche de dénoncer la bien-pensance, la pensée unique ou dévirilisation de la société. En quoi la virilité aurait quelque chose à voir avec la domination de l'homme sur la femme, voici un présupposé qu'il faudra encore longuement argumenter pour me convaincre.
Cependant il a été pour nombre de Françaises et de Français assez choquant de découvrir que certains responsables de gauche et d'autres, certains de mes camarades - oui, je suis socialiste - pouvaient tenir des propos ambigus ou carrément répugnants. La palme revient évidemment à JFK et son fameux "troussage de domestique", empreint à la fois de sexisme et de mépris social, pour lequel l'intéressé s'est depuis excusé. Mais il y a eu également le "il n'y a pas mort d'homme", la confusion entre le fait de draguer lourdement (euphémisme pour "harcèlement sexuel") et "aimer les femmes" ou encore - et j'en passe - le "forcer les choses" quand il s'agit d'évoquer le fait de forcer une femme (sous-entendu les femmes sont potentiellement des "choses"). Enfin comment ne pas s'étonner que d'aucuns glosèrent sur l'absence de profil de violeur, quand on sait qu'il n'existe pas de profil type du violeur.
Je crois profondément que l'ensemble de ces dérapages - je ne les ai pas tous cités - méritaient d'être dénoncés et que la stupeur, que l'abasourdissement (qui m'a moi-même étreint) de voir un camarade ou un ami jeter en pâture à la presse américaine dans une situation humiliante, ne les justifiaient pas, ne les excusent toujours pas (au passage, félicitons Mme Guigou d'avoir fait adopter en France une loi sur la présomption d'innocence). Ces dérapages ont sans doute largement blessé les milliers de femmes qui se font chaque année violer dans notre pays.
J'étais dimanche comme plusieurs milliers de personnes sur la place Igor-Stravinsky près du Centre Pompidou. Les discours d'OLF et des intervenant(e)s politiques étaient clairs et suivaient la ligne que je vous ai décrite.

Revenons à l'article de M. Le Vaillant.
Déduire par ailleurs de la nature de son emploi un présupposé négatif sur la personne et le comportement intime de Dominique Strauss-Kahn est à mon diffamatoire : Benoît Hamon, le courant qu'il anime, a fortiori sa collaboratrice n'ont jamais porté de jugement sur la personne, l'intimité, la vie de DSK ; les désaccords exprimés ont toujours été politiques. D'ailleurs cela aurait été les seuls en capacité d'avoir une quelconque portée au sein du peuple de gauche appelé à se prononcer dans des primaires ouvertes.
La description plus qu'ironique des origines sociales de Mlle De Haas et de son évolution personnelle, l'affichage de son salaire (qui au demeurant n'apporte rien à la compréhension du sujet) sont autant d'éléments qui vise d'une certaine manière à instruire un procès en légitimité sociale à l'égard de cette militante. J'imagine pourtant que votre confrère, comme beaucoup d'entre nous, pouvait être choqué lorsque le même type de procès était fait à l'encontre de DSK.
Enfin, sur quoi se base votre collègue pour définir le caractère "mouvants, évolutifs, hybrides" des positions d'OLF et des convictions de Mlle De Haas ? En quoi les clivages qu'elles portent n'auraient-ils "plus forcément de structures philosophiques précises" ? Si votre journaliste cherche à exprimer le fait qu'OLF sort de la caricature qu'on a régulièrement des militant(e)s féministes, il a sans doute raison, mais je crains tel ne soit pas son propos.
En quoi préférer sur certains sujets Sylviane Agacinski à Élisabeth Badinter marquerait-il une conversion puritaine ? M. Le Vaillant sait-il que ces deux philosophes ont également des positions en commun ? Cela fait-elle d'elles des femmes incohérentes ?
Je trouve au contraire les positions d'OLF d'une grande logique et d'une grande cohérence. Elle sont axées sur le refus absolu de l'exploitation de la femme et de la marchandisation, sous quelque forme que ce soit, du corps humain ; en découle toutes les positions sur la GPA, la prostitution, le viol, la différence salariale, le dénigrement du plaisir féminin, etc. En découle également - ce qu'en tant qu'homme je partage pleinement  - la chose suivante : c'est que le discours erroné sur l'irrépressibilité du désir masculin ne saurait justifier les comportements déplacés comme le harcèlement ou les rapports de domination comme la consommation de la prostitution.

Pour conclure il me paraît que ce "portrait" qui porte bien mal son nom mériterait d'être suivi au minimum d'un droit de réponse et même mieux d'excuses publiques.

Bien à vous,
Frédéric Faravel,
Cadre territorial
Secrétaire fédéral en charge des relations extérieures du PS Val-d'Oise

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 12:34

Les socialistes espagnols ont subi, dimanche 22 mai, une très lourde défaite aux élections municipales. Le Parti socialiste ouvrier espagnol - PSOE -, avec 27,81 % des voix, arrive très loin derrière les conservateurs du Parti populaire (PP, avec 37,58 %), selon des résultats quasi définitifs. Cet écart de presque dix points vient sanctionner, de manière inédite à ce niveau, les socialistes, au pouvoir depuis 2004, à dix mois des législatives de mars 2012 et au moment où le pays est en proie à une vague de contestation menée par les jeunes.

Ce n'est pas la première fois depuis 2008 que les socialistes européens enregistrent de cuisants revers électoraux ou se préparent à les essuyer. Confrontés à la crise financière, économique et sociale, les derniers gouvernements sociaux-démocrates au pouvoir en Europe Centrale et en Grande-Bretagne ont été balayés par leurs adversaires conservateurs et populistes :

  • les travaillistes britanniques de Gordon Brown ont surtout été frappés par la crise sociale qui faisait suite à l'effondrement du modèle financier de développement ;

  • les sociaux-démocrates hongrois, qui s'étaient convertis à un libéralisme forcenés, durent mettre en œuvre une politique d'austérité extrêmement drastique pour éviter l'effondrement de l'économie de la monnaie, mais les élections qui suivirent les virent écraser par les néo-conservateurs du Fidesz et leur alliés national-populistes du Jobbik.

Dans la plupart des pays européens où se sont déroulés des élections générales ou intermédiaires, les sociaux-démocrates n'ont pas réussi à faire la différence, alors que la volonté de revenir à des politiques régulatrices auraient pu leur profiter. Las, les peuples européens n'ont pas cru jusqu'ici que ceux qui s'étaient convertis au néo-libéralisme seraient plus crédibles que les gouvernements conservateurs sortants qui avaient adapté quelque peu leur politique face à la crise internationale. Bien que débarrassés des derniers oripeaux schröderiens, le SPD est aujourd'hui distancé dans les sondages par les Verts allemands, alors que les Conservateurs semblent pourtant avoir perdu la confiance des Allemands.

En Grèce, le PASOK de Georges Papandréou a renversé les conservateurs auxquels les Grecs reprochaient leurs mensonges, incompétences et corruptions. Mais contraint par les recettes toujours quelques peu austères du FMI, même si ce dernier était dirigé par Dominique Strauss-Kahn. La réputation keynésienne et régulatrice de l'ex-directeur général du FMI n'a pas été particulièrement vérifiée en l'occurrence. Notons par ailleurs que quelques mois plus tard lors des élections municipales le PASOK perdait 10 points par rapport aux élections législatives, son salut venant du discrédit total de la droite conservatrice de Nouvelle Démocratie.

De même, le gouvernement socialiste portugais a été mis en minorité, alors qu'il avait déjà engagé de sévère restriction budgétaire, dès le moment où il s'est vu contraint par sa situation et sous pression de la Commission et du Conseil européens de faire appel à « l'aide » et aux « solutions » du FMI. Il faut remarquer que le gouvernement de José Socrates était déjà minoritaire et ne tenait que par la neutralité « bienveillante » des communistes et du « Bloc de Gauche » : ces derniers ont sans doute tiré une balle dans le pied des Portugais, car la victoire semblant promise, selon les derniers sondages, au Parti Social-Démocrate (centre-droit), dont est issu José Manuel Barroso, le remède qui serait mis en œuvre par ce dernier risque d'être encore plus douloureux que celui que Socrates se croyait obliger d'administrer au Portugal.

De fait, les recettes du FMI ont prouvé leur échec car les économies où elles ont été mise en œuvre ont vu leur situation s'aggraver (Irlande et Grèce) ; elles ont été asphyxiées par l'austérité qui leur a été imposées, cette dernière asséchant la consommation populaire et paupérisant les classes moyennes.

Les Espagnols cherchaient à échapper au recours au FMI, le PSOE de Zapatero avait donc devancé les directives probables du FMI et de DSK. La réponse est aujourd'hui claire : la jeunesse est dans la rue, en déshérence sociale et idéologique, avec des réflexes que quelques commentateurs apparentent aux révolutions arabes. Le PSOE est désormais et pour longtemps totalement décrédibilisé.

Sous la direction de Poul Nyrup Rassmussen, le Parti Socialiste Européen entame une révision politique salutaire. Le premier jalon concret est la position commune des socialistes européens pour une alternative progressiste au Pacte de Compétitivité inventé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.

En France, nous devons être cohérent. Si nous voulons sauver notre économie de la déroute et notre peuple de la faillite populiste qui pourrait s'emparer d'elle si nous prenions de mauvaise décision, il est désormais urgent de ne pas nous tromper. La confusion entre la soumission au néo-libéralisme et sociale-démocratie s'éloigne même si certains candidats nous promettent encore comme « horizon radieux » une « rigueur de gauche » dont on distingue mal les différences avec la rigueur de droite. Nous devons également réaliser le rassemblement de la gauche pour éviter les dérives délétères comme celle à laquelle nous assistons au Portugal.

Le projet que nous portons avec Martine Aubry peut permettre cette dynamique politique et sociale et ce rassemblement à gauche. Sachons faire le bon choix.

Frédéric Faravel

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 07:26


Les boutins d'or à Bezons par vonews

(19/05/2011 - VoNews.fr)

Ce mardi soir, à Bezons, le collectif départemental du logement emmené par les maires de Bezons et Argenteuil, Dominique Lesparre et Philippe Doucet, organisait la première cérémonie des Boutins d'or. L'objectif : "récompenser", avec humour, les villes qui se situent toujours sous le seuil des 20% de logements sociaux et donc qui ne respectent pas la loi SRU. Les principales distinctions de la soirée sont revenues à La Frette-sur-Seine, Frépillon ou encore Enghien-les-Bains. Le maire de la ville thermale a tenu à réagir à ce prix. Regardez le reportage.

Epingler les villes du Val d'Oise qui ne respectent pas le quota de 20% de HLM sur sa commune, le collectif départemental du logement l'avait déjà initié lors de rallyes qui étaient passés notamment par La Frette-sur-Seine, le Plessis-Bouchard, Frépillon ou encore Enghien-les-Bains, les plus mauvais élèves du département parmi les 25 villes de plus de 1500 habitants (sur 62) qui ne respectent pas la loi SRU. Pour la cérémonie des Boutins d'or, ces mêmes communes "concouraient" dans six catégories. Dans chacune d'entre elles, le lauréat est indiqué en gras :

-Le Boutin d’or « du maire le plus en retard sur l’application de la loi SRU ».
Les nommés sont La Frette-sur-Seine (DVD), Montlignon (UMP) et Nesles-la-Vallée (non inscrit).

-Le Boutin d’or « de l’accueil convivial, mais pas trop, voire pas du tout, avec huissier, police municipale, porte fermée à clef, etc. ».
Les nommés sont La Frette-sur-Seine (DVD) et Frépillon (DVD).

-Le Boutin d’or « du maire qui préfère payer des amendes plutôt que de construire des logements sociaux ».
Les nommés sont Enghien-les-Bains (UMP), Frépillon (DVD) et le Plessis-Bouchard (DVD).

-Le Boutin d’or « du maire qui aime la mixité sociale, mais pas dans sa ville ».
Les nommés sont Nesles-la-Vallée (non inscrit), Montlignon (UMP) et Parmain (UMP).

-Le Boutin d’or « du représentant de l’Etat qui applique avec zèle les directives gouvernementales ».
Les nommés sont le préfet du Vald’Oise, le préfet du 95 et le préfet du département dont la préfecture est à Cergy.

-Le Boutin d’or « du bailleur qui devrait être plus à l’écoute de tous ses locataires ».
Les nommés sont Logirep, Opievoy et Fiac-Batigère.

La seule ville étiquetée à gauche, Taverny, s'est elle vu remettre le prix spécial du jury pour ses efforts dans la construction de logements sociaux. La commune vient d'ailleurs tout juste de franchir le seuil des 20% de logements sociaux (20,3%). Invité à la tribune, son maire, Maurice Boscavert, a fait un discours au diapason de la cérémonie. Il a ainsi évoqué le cas de la base militaire installée sur sa commune.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 15:52
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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 12:19
Martine Aubry doit prendre ses responsabilités. Première secrétaire du PS, elle a mis le PS au travail, elle incarne cette dynamique intellectuelle, partisane, cette volonté d'une majorité d'entre nous de rassembler la gauche pour obtenir un mandat clair des Français. Elle incarne le projet socialiste.

Il est naturel que le/la Premier(e) Secrétaire d'un Parti Socialiste soit celui/celle qui le mène au combat : c'est le cas dans tous les partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes. Pourquoi serions-nous les seuls à vouloir nous affaiblir en terme d'organisation ?

François Hollande avait les clés pour être candidat en 2007... Il a passé son tour, tant pis pour lui, surtout que sa rigueur de gauche aura du mal à se distinguer d'une rigueur de droite, quelles que soient ses bonnes intentions.

DSK est un bon Directeur général du FMI, qu'il le reste : il pourra ainsi aider Aubry, si elle devient Présidente de la République. S'il en part, on ne sait pas par qui il sera remplacé.

F. Faravel
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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 07:12
Anne-Cécile Juillet | Publié le 29.03.2011, 18h26 par Le Parisien
Mohammed Moussaoui (Conseil français du culte musulman), le cardinal André Vingt-Trois et Gilles bernheim, grand rabbin de France, ont cosigné une tribune remettant en cause les conditions du débat sur la laïcité. 

Mohammed Moussaoui (Conseil français du culte musulman), le cardinal André Vingt-Trois et Gilles bernheim, grand rabbin de France, ont cosigné une tribune remettant en cause les conditions du débat sur la laïcité.  | LP / MdM, Ph.L. et D.G. 

Le ton est prudent et «sans aucun esprit polémique ou partisan», mais le message est clair. Les représentants des six grandes religions de France, réunis au sein de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), désapprouvent la tenue du débat sur la laïcité tel qu’il est proposé à ce jour par le président de l’UMP, Jean-François Copé.

Leur déclaration commune, dont Le Parisien/Aujourd’hui en France a eu connaissance, constitue une première pour le CRCF, fondé discrètement en novembre dernier. Pour l’heure, outre les représentants musulmans, seul le président de la Fédération protestante de France et le Grand Rabbin de France s’étaient prononcés publiquement sur le débat, prenant nettement leurs distances.

Catholiques (Mgr André Vingt-Trois), protestants (le pasteur Claude Baty), orthodoxes (le métropolite Emmanuel), juifs (le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim), musulmans (le président du CFCM, Mohammed Moussaoui) et bouddhistes (le révérend Olivier Wang-Genh) appellent d’une même voix à veiller «à ne pas dilapider ce précieux acquis» (la laïcité), et «pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation». «Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. (...) Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ?»

Les religieux posent la question, sans y répondre directement. Mais en réclamant de ne pas ajouter «de la confusion dans la période trouble que nous traversons», et en affirmant que, déjà, les religieux de France militent «ensemble pour une laïcité de bonne intelligence», il ne fait aucun doute que pour eux, la réponse est non.

LA TRIBUNE DANS SON INTÉGRALITÉ :

«Débat sur la laïcité ?
Sérénité, attention et réflexion appliquées, recommandent les responsables de culte !


La Conférence des Responsables de Culte en France a été créée le 23 novembre dernier et elle regroupe six instances responsables du Bouddhisme, des Églises chrétiennes (Catholique, Orthodoxe, Protestante), de l’Islam et du Judaïsme. Cette initiative est justifiée par la volonté d’approfondir notre connaissance mutuelle, par le sentiment de contribuer ensemble à la cohésion de notre société dans le respect des autres courants de pensée, et par la reconnaissance de la laïcité comme faisant partie du bien commun de notre société.

La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble. Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis. Il nous parait capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation.

Nous signons ensemble cette tribune sans aucun esprit polémique ou partisan. Une parole commune nous semble néanmoins nécessaire. Notre cohésion au sein de la Conférence que nous avons fondée, est significative dans notre société française. Elle a été rendue possible grâce notamment au climat de coopération instauré entre les religions, que la "laïcité à la française" et ses évolutions depuis plus d'un siècle ont permis.

Mais cette cohésion ne signifie pas pour autant uniformité ! Elle ne nous engage nullement en faveur d'un quelconque amalgame syncrétiste ou d’un nivellement de nos positions individuelles et celles des cultes que nous représentons. Nous travaillons ensemble dans la confiance, en intégrant nos histoires et identités respectives. Nous continuons à avoir des approches différenciées sur telle ou telle question, sans pour autant faire de nos différences des facteurs d'opposition. Nous sommes déterminés à réfléchir et à œuvrer ensemble sur la durée, en relation avec les autorités et les forces vives de notre pays, afin que le facteur religieux y soit un élément de paix et de progrès.

L'accélération des agendas politiques risque, à la veille de rendez-vous électoraux importants pour l’avenir de notre pays, de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être préjudiciables. Nous en sommes conscients. Cela ne doit pas nous dissuader pour autant de rappeler l'essentiel quand il le faut. Nous restons très attentifs aux évolutions profondes de notre société, notamment celles qui concernent les religions, dans le respect du cadre de la République. Ces évolutions appellent parfois des adaptations voire des améliorations du cadre juridique et règlementaire de l’expression et de la vie des cultes en France. Nous ne manquerons pas d’être une force positive de propositions dans ce sens.

Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ? Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. Le dialogue est toujours une nécessité. Il a un rôle majeur dans une société libre, démocratique et respectueuse de la personne humaine. Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ? Ce ne sont ni les débats, ni les travaux qui manquent dans ce domaine ! La Loi 1905 est déjà plus que centenaire. Elle a permis d’apporter depuis lors des solutions à des questions nées de nouvelles situations et des évolutions de notre société dans un monde de plus en plus rapide. Tous les cultes adhèrent sans réserve à ses principes fondamentaux tels qu’ils s’expriment en particulier dans ses deux premiers articles. Mais les modalités d’application de ces principes restent toujours perfectibles. Faut-il recenser tous les colloques et autres séminaires qui ont abordé en long et en large la question de la laïcité et de ses applications dans notre pays depuis des années? Faut-il rappeler, dans la période récente, les travaux étendus et exhaustifs de la Commission présidée par le Professeur Jean Pierre MACHELON qui ont donné lieu à un rapport sur les « relations des cultes avec les pouvoirs publics » remis au ministre de l’intérieur le 20 septembre 2006 ? Ce rapport avait abordé d’une manière approfondie les différents aspects liés à l’exercice du culte en France dont celui du « support institutionnel » de son exercice dans notre pays. Faut-il rappeler de même les travaux du « Groupe juridique inter-cultes » qui travaille depuis 2007, dans le prolongement des recommandations du Groupe MACHELON, au sein du Ministère de l’intérieur, et où siègent des représentants des principaux cultes ? Ce groupe a bien fonctionné et a permis la publication de plusieurs circulaires dont la dernière, du 23 juin 2010, conjointe aux Ministères de l’intérieur et des finances, aborde d’une manière détaillée à l’attention des préfets, des directeurs départementaux des finances publiques et des trésoriers payeurs généraux, les différents aspects liés au « support institutionnel de l’exercice du culte en France » ? Faut-il rappeler aussi la production intellectuelle abondante d’articles et d’écrits divers, ainsi que les nombreux ouvrages qui paraissent sur l’histoire, les fondements, la pratique et les perspectives de la laïcité en France ? La liste en sera longue. Elle illustre parfaitement toute la richesse et la profondeur de notre expérience française de la laïcité. Nous y reviendrons lors de la rencontre publique que nous comptons organiser en octobre prochain.

Secouée par des crises à répétition, politique, économique, financière et morale, la période actuelle manque de lisibilité mais sans doute pas d’espérance ! Le devoir de ceux qui sont « en responsabilité » consiste à éclairer le chemin et à élaborer des solutions conformes au bien de tous. N'ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons. Nous militons ensemble pour une laïcité de bonne intelligence.

La laïcité n’est pas séparable des valeurs fondamentales que nous partageons, en particulier de la dignité et du respect de la personne humaine et de sa liberté inaliénable. Ces valeurs qui ne peuvent s’épanouir que dans la confiance mutuelle source de paix pour notre société.»

SIGNATAIRES :

Cardinal André VINGT-TROIS, président de la Conférence des Évêques de France
Avec Mgr Laurent ULRICH, vice-président de la Conférence des Évêques de France
Pasteur Claude BATY, président de la Fédération protestante de France
Avec le pasteur Laurent SCHLUMBERGER, membre du Conseil de la Fédération protestante de France, président du Conseil national de l’Église réformée de France
Métropolite EMMANUEL, président de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France
Avec le Métropolite Joseph, secrétaire de l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France
Et Mr. Carol SABA, porte-parole de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France
Grand Rabbin Gilles BERNHEIM, Grand Rabbin de France
Avec le rabbin Moshé LEWIN, porte-parole du Grand Rabbin de France
M. Mohammed MOUSSAOUI, président du Conseil français du culte musulman
Avec M. Anouar KBIBECH, secrétaire général du Conseil français du culte musulman
Révérend Olivier WANG-GENH, président de l’Union bouddhiste de France
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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 10:31
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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 16:21

 

Les résultats du premier tour des élections cantonales du 20 mars 2011 doivent impérativement tirer le Parti socialiste du nombrilisme morbide, dans lequel la perspective de primaires ouvertes, l'attente de la candidature interne de poids lourds plus ou moins lointains et l'assurance du rejet de Nicolas Sarkozy par les Français l'avaient replongé.

S'il veut être au centre de l'alternative de gauche en 2012, le PS va devoir réagir et ne pas se laisser bercer par un certain confort des élections locales intermédiaires.

 

Quatre jalons électoraux à retenir

Il y a ceux qui - à gauche - regarderont les résultats du premier tour des cantonales avec contentement. Ils liront dans les résultats que la gauche parlementaire obtient 48,73 % des suffrages, contre une droite parlementaire à 32,06 % et - il est vrai -une remontée quelque peu désagréable du Front National à 15 %. Malheureusement la réalité du scrutin est moins accommodante.

Tout d'abord parce que l'abstention a atteint 55 % ce dimanche ; il est vrai que pour la première fois depuis longtemps, les élections cantonales n'étaient pas couplées avec un autre scrutin local (municipales ou régionales), cependant rappelons que les précédents scrutins de 2008 (Municipales), 2009 (Européennes) et 2010 (Régionales) n'ont pas particulièrement mobilisé les foules non plus et que la sanction enregistrée à chaque fois (en 2009, c'est Europe-Écologie qui en avait profité) par le parti présidentiel le fut essentiellement par la désertion de l'électorat de droite, visiblement dépité par les piètres prestations de celui qu'ils avaient porté aux nues et à l'Élysée en 2007.

Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen, dimanche soir (AFP)Ensuite parce que l'abstention et la progression spectaculaire du vote d'extrême droite confirment aux organisations politiques parlementaires que la gauche- et plus exactement le PS - n'est pas forcément le débouché naturel du mécontentement populaire qui s'exprime face à l'échec et à la nocivité de la politique économique et sociale de Sarkozy-Fillon. La progression du FN est d'autant plus spectaculaire que le parti présidé par Marine Le Pen réunit 15 % au niveau national en n'ayant présenté des candidats uniquement dans les deux tiers des cantons renouvelables. Si l'on ne tenait compte que de ces seuls cantons, le score de l'extrême droite atteindrait entre 19 et 20 %. Par des effets de manches, Marine Le Pen a su prendre en compte l'attente d'un certain nombre d'électeurs des catégories populaires en terme de protection sociale ; en tout cas, si tous les observateurs savent qu'elle n'est pas sincère sur ce terrain, elle le martèle assez régulièrement pour que cela touche un électorat qui a déjà pu voter FN précédemment au moins une fois dans sa vie électorale.

Enfin, avec 25 %, le score du Parti socialiste reste en deçà de ce à quoi l'on aurait pu s'attendre pour le parti pivot de la gauche et autour duquel devrait s'articuler l'alternance ou l'alternative à Sarkozy. Avec un niveau de rejet jamais atteint par le pouvoir de droite, le PS atteint difficilement son score maximum. Le PS français n'a jamais rivalisé avec ses voisins suédois, britanniques ou allemands qui flirtaient voici quelques années encore avec 30/35 % en basses eaux et 40/45 % lors des victoires ; c'était des partis dominants respectivement dans leur champ politique national, alors que le PS devait faire face à un parti communiste puissant et structuré qui tournait encore dans les années 1970 entre 15 et 20 %. Aujourd'hui, les partenaires du PS sont dispersés en de nombreux morceaux - Europe-Écologie Les Verts, PCF, PRG, MRC, PG - bien que les derniers scrutins aient donné quelques perspectives pour les Écologistes, et que ces cantonales ont redonné un peu de vigueur au Parti communiste français dans l'alliance du Front de Gauche (PCF/PG/Gauche unitaire). Mais ces résultats intermédiaires pourraient s'avérer être des feux de pailles et le PS ne peut raisonnablement espérer créer une dynamique à gauche qu'en dépassant régulièrement les 25 % et en flirtant avec les 30 %.

 

La Droite conservatrice et réactionnaire a conquis les imaginaires

Dans leur essai Voyage au bout de la droite : des paniques morales à la contestation droitière, publié le 2 mars 2011, les sociologues Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin ont analysé ce qui semble bien être une évolution profonde des droites européennes et américaines, dans laquelle les bouleversements de la droite française peuvent parfaitement s'insérer.

L'imaginaire contestataire qui a longtemps trouvé dans les idéaux de la gauche les voies de son expression semble depuis quelques années s'être déporté à droite. Néo-conservateurs américains, nationaux-populistes européens, tout ce qui fustige une certaine « bien-pensance » solidaire et droit-de-l'hommiste apparaît aujourd'hui comme le sommet de la contestation. La caricature de cette nouvelle « rebelle attitude » c'est l'accueil fait à Éric Zemmour par un imposant parterre de parlementaires UMP, qui le présentaient comme la nouvelle « victime » tombée au champ d'honneur de la liberté d'expression. Les exclus de nos systèmes de protectionabimés(jeunes ruraux, chômeurs urbains) sont à nouveau disponibles pour être manipulésà la façon du Lumpenprolétariat par une petite élite ultra-libérale, conservatrice, réactionnaire ou nationaliste au choix, selon la conjoncture spécifique de chaque État.

Le risque FN est aujourd'hui majeur et réel ; son discours a imprégné le débat public et les esprits de nombreuses catégories sociales défavorisées. C'est ce que Robert Badinter avait nommé à la fin des années 1990 la « Lepénisation » des esprits. On l'a trop rapidement enterré ; il ne suffit pas de constater un recul électoral momentané pour s'assurer que les dégâts psychologiques n'ont pas laissé de séquelles durables. Ces gens-là ont pu le faire car ils proposent une vision du monde facilement exprimée et assimilable.

Le De fait, en jouant sur la demande légitime de protection sociale des Français, et en continuant à mettre la pression sécuritaire sur la droite parlementaire, Marine Le Pen, avec une image plus policée que son père (ce n'est pas une antisémite assumée), pourrait décrocher le jackpot. Claude Guéant, Brice Hortefeux, Éric Besson et Nicolas Sarkozy, lui-même, n'ont de cesse d'emprunter au FN, sa rhétorique, ses arguments, sa politique, sur les questions de sécurité et d'immigration, légitimant du même coup le discours et les solutions de ce parti. Les dirigeants parlementaires et partisans de l'UMP, Christian Jacob et Jean-François Copé, renvoient depuis plusieurs semaines dos à dos la gauche et le FN, expliquant qu'ils sont tout autant éloigné des « valeurs » des uns et des autres pour justifier le refus d'un quelconque Front républicain. Tout cela en organisant en parallèle des débats qui vise à stigmatiser les cibles traditionnelles de la vindicte nationale-populiste. La logique est évidente ; au rythme où nous avançons, avec en souvenir les expérimentations politiques que Nicolas Sarkozy avaient lancé entre 2005 et 2007 à la tête de l'UMP puis pendant la campagne des élections présidentielles, c'est un schéma à l'italienne qui se prépare. La gauche française doit sortir d'une certaine naïveté qui veut faire croire à l'existence fictionnelle d'une « droite supposée républicaine », à qui l'on pourrait apporter ponctuellement son soutien pour faire barrage au Front national. De droite dite « républicaine », il ne reste de fait que « République solidaire », le Modém, le Parti radical et le Nouveau Centre, c'est bien peu.

Les principaux leadersde l'UMP préparent lentement les esprits pour faire tomber une frontière déjà bien poreuse entre le Front National marinisé, qu'ils qualifieront bientôt de respectable, et eux.

 

Reconquérir les imaginaires collectifs : un préalable à la transformation sociale

Comme le rappellent Huelin et Brustier, Gramsci explique qu'une force politique ou un groupe social ne peut prendre le pouvoir durablement sur une société donnée pour la transformer profondément, sans y avoir préalablement établi son hégémonie culturelle. Léon Blum rappelait le 27 décembre 1920 à la tribune du congrès de Tours que la manipulation politique des masses inorganisées et dépolitisées exposaient à des déconvenues majeures : « Nous savons, en France, ce que sont les masses inorganiques. Nous savons derrière qui elles vont un jour et derrière qui elles vont le lendemain. Nous savons que les masses inorganiques étaient un jour derrière Boulanger et marchaient un autre jour derrière Clemenceau… »

La Gauche doit donc convaincre en profondeur la société française de la pertinence et de la justesse de sa vision, de sa prééminence sur celle de toutes les droites confonduesfondée sur les peurs, l'égoïsme et l'agression. Notre principale difficulté reste donc encore de clarifier notre discours ; malgré la richesse des débats qui peuvent exister dans la gauche personne ou presque n'y est capable de présenter simplement une « vision du monde » cohérente et de la faire assimiler. Plus grave, aujourd'hui, sous prétexte que nous aurions gagné, au gouvernement et dans les collectivités territoriales, nos galons de bons gestionnaires, nombre de nos camarades nous veulent nous interdire de présenter un projet qui soit capable d'enthousiasmer les classes populaires et une bonne partie des classes moyennes au bord du déclassement. En 2011/2012, le « devoir de grisaille », la revendication d'une supposée justesse de la « rigueur de gauche » face à la « rigueur de droite », cela revient tout simplement à condamner la gauche à ne jamais reconquérir ces classes sociales, car nous refuserions de répondre à leur légitime exigence de protection sociale.

À l'issue d'une réunion, Martine Aubry, Cécile Duflot et Pierre Laurent ont appelé ensemble au rassemblement. Nous avons très peu de temps pour réagir - à peine quelques semaines - avant d'avoir très peu de temps pour convaincre - à peine quelques mois. Et en parallèle, la Gauche doit relever le défi d'apprendre à devenir solidaire. Elle doit impérativement comprendre que les conditions de sa victoire dépendront des modalités qu'elle choisira pour faire son unité. Évidemment la nature et la portée du projet que porteront les socialistes facilitera ou compliquera d'autant plus la voie du rassemblement. Mais celui-ci au regard des enquêtes d'opinions, vérifiées dans les urnes ce 20 mars, n'en est que plus impérieux et nécessaire. Il est urgent que nous ayons un projet pour faire reculer le Front National, il est urgent que la gauche s'unisse pour faire reculer les idées du Front National.

Car disons le ici une fois pour toute, il n'est pas acceptable que certains de nos camarades se satisfassent d'un 21-Avril à l'envers en 2012 ; j'entends déjà la petite musique feutrée de certains, le candidat de gauche enfin déclaré face à Marine Le Pen au 2nd tour de la présidentielle, voilà une situation qui nous éviterait d'avoir à courir après les voix de la gauche, voilà qui nous éviterait de porter un programme trop marqué à gauche, voilà qui ne nous obligerait pas à des dépenses trop importantes pour reconstruire la protection sociale et le système de solidarité nationale. Remporter l'élection de cette manière ne permettrait pas de transformer la société française et de peser sur la construction européenne ; et ne pas répondre aux attentes sociales des Français nous prépareraient des lendemains plus tragiques que nos matinées post-électorales de mars 2011.

 

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral aux relations extérieures du PS Val-d'Oise

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