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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 11:00
Les Chars israéliens sont en train de se retirer de la bande de Gaza arpès 22 jours d'offensive sanglante. Les médias, outre le nombre de victimes - toujours effroyable -, retiennent aujourd'hui que ce retrait s'opère rapidement et dans le bon ordre afin que tout soit réglé avant 17h45 (heure de Paris) avant le discours d'investiture de Barack Obama comme 44ème président des Etats-Unis d'Amérique.

Je n'ai pas voulu écrire sur un sujet qui me tient à coeur, comme on put le constater ce qui me lisent de temps à autres, au plus fort du conflit, car je sentais bien que tout point de vue un peu tranché et argumenté (dans un sens ou dans l'autre) serait exposé à des torrents d'injures, d'autant plus fortes que l'internet semble désinhiber de nombreux imbéciles qui se croient protéger avec une distance virtuelle et un semblant d'anonymat cybernétique. Les bêtises lues ici ou là, sur FaceBook notamment (appels à la violence souvent à peine voilés) le disputaient à l'incohérence la plus totale : je ne sais plus quel camarade a été accusé pour avoir écrit un seul et même texte, à la fois d'être un "suppot du sionisme" et d'Israël et d'être un soutien inconditionnel du Hamas... Consternant...

Revenons au début...
La trêve établie voici un peu plus de 6 mois entre Israël et le Hamas, qui contrôle indûment la bande de Gaza depuis le coup d'Etat que ce mouvement islamiste a renversé dans le territoire le pouvoir officiel de l'Autorité Palestinienne, a connu une fin nébuleuse. De part et d'autres, il y a eu des violations de cette trêve et in fine, le Hamas a pris la responsabilité politique de refuser sa reconduction. Alors de deux choses l'une, soit le Hamas manque de l'intelligence (dans le sens de la réflexion et du renseignement) nécessaire pour avoir compris qu'Israël n'hésiterait pas à intervenir sur ce prétexte, soit il a délibérément parié sur l'automaticité d'une offensive israélienne recherchant à provoquer le martyr de la population gazaouie et un réflexe d'unité nationale autour de sa "résistance". Dans le second cas, on peut gloser sur le fait que l'Etat hébreux soit tombé dans un piège aussi grossier et qu'il ait par là-même renforcé le mouvement islamiste, l'avenir nous le dira ; mais surtout il démontre la véritable nature de ce mouvement qu'a donné en filigrane le président Mahmoud Abbas lors de l'une de ses interventions pendant les combats : "la résistance du peuple palestinien n'est pas une fin en soi, si la résistance devait signifier l'anihilation du peuple palestinien alors nous n'en voudrions pas".
Car fondamentalement qu'est-ce que le Hamas ? un mouvement islamique issu des Frères Musulmans égyptiens qui est près à risquer l'anihilation du peuple palestinien pour prouver que son point de vue totalitaire est le seul "véritable", à savoir la destruction de l'Etat d'Israël pour y reconstruire une Palestine islamique sur les ruines de 60 ans de guerre.
Personnellement je continue de penser aussi cynique que cela puisse paraître à tous ceux qui me fréquentent et qui s'étonnent de ma position qu'aucun Etat démocratique n'aurait toléré la situation militaire qu'engendrait les menaces du Hamas sur 1 millions d'Israéliens au sud de l'Etat hébreux. Confronté à une menace comparable, un président français ou un chancelier allemand, de droite ou de gauche, n'aurait pas hésité une seconde à mettre les mêmes moyens (tout aussi répréhensible en soi) dans la balance, et je ne doute pas qu'ils aient reçu dans cette confrontation le soutien unanime de leurs ressortisants.
Certains de mes amis m'ont engueulé durant tous les combats parce que je préférais défendre une position quelque peu à contre-courant de celle qu'on entendait partout ; l'intervention israélienne est d'autant plus illégitime, me disaient-ils, qu'elle s'attaque à un mouvement dont les Israéliens ont eux-mêmes favorisé le développement au cours des années 1980 pour contrecarrer l'OLP. Israël a donc fait le Hamas : c'est vrai en partie, comme il est vrai que les Occidentaux ont joué avec le feu dans les années 1970 et 1980 en instrumentalisant les mouvements islamistes partout dans le monde contre les soviétiques et leurs vassaux, et contre les nationalistes arabes (aussi peu recommandables les uns que les autres). Mais le Hamas doit-il aux faveurs d'Israël d'avoir obtenu une position éminente dans la population palestinienne ? les échecs du processus de paix (imputables aux deux parties), la perpétuation de la colonisation en Cisjordanie (imputables aux seuls israéliens) expliquent la montée des radicaux sans doute, mais la défaite du Fatah aux élections législatives puis lors du coup d'Etat à Gaza face au Hamas ne s'explique que par la corruption monumentale que le parti nationaliste traditionnel a laissé se développer dans ses rangs. Les faveurs que le peuple palestinien accode(ra) peut-être encore au Hamas ne s'explique que parce que le Fatah n'apparaît toujours pas crédible, c'est-à-dire proposant des débouchés politiques. Le Fatah aurait été désarmé de tous ses leviers du temps d'Arafat par Israël ? c'est vrai, mais cela justifiait-il la corruption généralisée qui a été la cause de son échec électoral ?
Tsahal n'a pas été une armée plus respectable qu'une autre ; les conflits propres ça n'existe pas. Des exactions et violations du droit international ont été commises, des crimes de guerres ont vraisemblablement été perpétrés, elles devront être jugés comme le réclame la ligue des droits de l'homme israélienne. Bien évidemment, la perspective des élections législatives israéliennes a pesé sur les choix militaires et stratégique du gouvernement Olmert-Livni-Barak, on notera cependant la remontée dans les sondage d'Ehud Barak qui éloigne le spectre d'une disparition du parti travailliste et - bien que le Likoud dénonce l'échec de l'opération militaire - devrait ouvrir comme perspectives au pire un simple gouvernement d'union nationale (Kadima-Likoud-Marakh) au mieux le renforcement des membres principaux de la coalition actuelle sous la direction de Tzippi Livni.

Je  veux souligner plusieurs choses du déroulement du conflit en lui-même :
  • la démonstration par la preuve de la capacité de frappe du Hamas qui démontre bien le niveau du trafic d'arme en provenance de l'Iran et de la Syrie (l'armement russe signe l'origine) ;
  • la volonté de faire monter la tension de la part des deux commanditaires du Hamas (Iran et Syrie) avant l'investiture de Barak Obama, qu'ils savent vouloir discuter avec eux et à qui ils pensaient ainsi rappeler leur puissance régionale (et le mettre sur la défensive), volonté accrue avec des tirs de roquettes depuis le Liban sud (qui n'auraient jamais été tirées sans autorisation iranienne), puis une positon de repli progressive des deux tuteurs de l'islamisme proche-oriental (le Hezbollah a rapidement démenti avoir été à l'origine des tirs de roquettes -  c'est peu crédible - en provenance du Liban sud) sans doute au regard des résultats militaires de Tsahal ;
  • la relative retenue des Palestiniens de Cisjordanie, que ce soit du point de vue gouvernemental - on en a déjà parlé mais on ne soulignera jamais assez à quel point Mahmoud Abbas a eu la position la plus noble de toutes les parties de ce conflit - que dans la population. En effet, les commentateurs craignaient que soumis à la poursuite illégale de la colonisation et la naturelle solidarité nationale vis-à-vis de leurs compatriotes gazaouis, les habitants de Cisjordanie ne se lancent dans une nouvelle Intifadah. On dira que le niveau de contrôle israélien sur la Cisjordanie explique cette "passivité", je ne le crois pas car Tsahal n'a jamais empêché par sa présence et son contrôle les révoltes. Je pense plutôt que 1- le contrôle du Fatah sur la Cisjordanie reste encore bien assuré, 2- les drames qu'ont connu précédemment les Palestiniens de l'Est les a durablement vacciné contre les flambées de violences sans perspectives politiques claires autres qu'une chimère. Il es fort probable que la conséquence des violences de Jénine (et des exactions commises par Tsahal) voici quelques années ait fini par convaincre que seule une solution politique - même laborieuse - était possible. Il est d'ailleurs consternant de faire ce constat et je dois dire que cela ne me fait pas plus plaisir que cela.
Verra-t-on les Gazaouis tirer dans les années à venir les mêmes conclusions que leurs compatriotes de Jénine ? Les verra-t-on rejeter in fine les options du Hamas parce que celui-ci les a volontairement entraînés dans une impasse mais surtotu à l'extrême limite de leur force, dans une espèce de recherche eschatologique du martyr collectif ?

Aujourd'hui, que faire ?
Après les élections israéliennes, il faut d'abord regarder si l'on aura un gouvernement d'union nationale ou la reconduction de la coalition de centre-centre gauche. La première option ouvre une incertitude : quelle sera la capacité des défenseurs du règlement pacifique du conflit à faire accepter à Benyamin Nethanyahou une négociation sur Jérusalem, les colonies et le droit au retour des Palestiniens dans les frontières du futur Etat palestinien ?
De même, Mahmoud Abbas devra proposer au Hamas la reconstruction d'un gouvernement d'union national, contre la reprise de contrôle de Gaza par l'Autorité palestinienne et la tenue d'élections générales palestiniennes. Le Hamas s'était engagé à laisser faire les négociations avec Israël pour peu que le résultat de ces négociations soient soumises à référendum populaire ensuite ; la leçon militaire qu'il a reçu à Gaza l'incitera-t-il à plus de concessions ? La reprise du dialogue régional, avec le retour sur le devant de la scène des Etats-Unis d'Amérique, sur fond de réussite militaire israélienne, incitera-t-il les tuteurs du Hamas, Iran et Syrie, à rechercher un modus vivendi ?
Car c'est de toute façon depuis le départ la clef du conflit : la communauté internationale doit réellement s'engager dans la résolution du problème et pas seulement deux ans avant le terme définitif du deuxième mandat d'un président américain (et si possible après les mid-terms, n'est-ce pas ?). Les Européens notamment doivent s'engager à entretenir des relations normales avec un gouvernement palestinien d'union nationale et ne pas reconduire l'erreur de 2004-2005.
L'internationale socialiste elle-même peut avoir un rôle d'accompagnement en aidant Mahmoud Abbas et les dirigeants du Fatah à nettoyer leur organisation (qui est membre de l'IS) de la corruption qui le mine.
Enfin il est probable qu'il faudra faire accepter à Israël,  à l'Egypte et aux forces politiques de la bande de Gaza qu'une force internationale d'interposition se poste le plus vite possible avant même la conclusion de nouvelles négociations sur les zones frontalières : je ne pense pas que cela soit d'une grande difficulté pour la Cisjordanie malgré la discussion qui s'ouvrira vraisemblablement sur la frontière israélo-palestinienne à l'Est, mais on connaît les difficultés que l'Egypte aura à accepter que l'ONU se poste à Rafah ou que le Hamas aura à accepter ce qu'il dénoncera comme une nouvelle forme d'occupation mais qui ne sera qu'une simple sécurisation des passages et sanction de la contrebande d'armes.

voilà en quelques lignes...
ci-dessous je diffuse l'interview croisée de Daniel Shek et Leïla Shaïd sur France Inter lundi 19 janvier au matin.
Frédéric FARAVEL
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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 10:57
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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 12:33
PS : une difficile convalescence

Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www3.mediapart.fr/journal/france/republico/150109/ps-le-courant-royaliste-pret-a-se-lancer
[3] http://www.lejdd.fr/cmc/scanner/politique/200903/aubry-ses-voeux-sans-doute-lundi_179179.html?popup
[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/261108/dans-une-ambiance-glaciale-martine-aubry-promet-le-renouveau
[5] http://www.mediapart.fr/journal/france/061208/nouvelle-direction-du-ps-38-membres-0-royaliste
[6] http://www.mjsfrance.org/
[7] http://www.mediapart.fr/journal/france/051208/david-lebon-l-atout-jeune-de-martine-aubry
[8] http://www.mediapart.fr/journal/france/120109/la-gauche-francaise-assume-son-soutien-au-peuple-palestinien
[9] http://www.mediapart.fr/journal/france/171208/le-ps-cherche-comment-limiter-la-casse-aux-elections-europeennes
[10] http://www.mediapart.fr/journal/economie/121208/licenciements-hamon-se-plait-a-reveiller-les-fantomes-du-ps
[11] http://www.mediapart.fr/journal/france/111208/mis-a-la-rue-les-proches-de-royal-structurent-leur-courant
[12] http://www.mediapart.fr/journal/france/010608/martine-aubry-sept-ans-de-refection
[13] http://lamouette.blog.lemonde.fr/2009/01/13/ps-cherche-martine-aubry-desesperement/
[14] http://www.europe1.fr/Info/Actualite-Politique/Partis/PS-Aubry-premiere-secretaire-a-temps-partiel/(gid)/193897
[15] http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2009/01/11/article_martine-aubry-fait-le-voeu-d-un-cessez-l.shtml
[16] http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2009/01/10/article_martine-aubry-l-hopital-n-est-pas-une-e.shtml
[17] http://www.nordeclair.fr/Actualite/2009/01/11/martine-aubry-redit-tout-son-soutien-pou.shtml
[18] http://www.republicain-lorrain.fr/fr/GRDC_URWeb_Get.aspx?iCategorieRedactionnelle=75&iurweb=253257
[19] http://www.leparisien.fr/politique/royal-assistera-a-l-investiture-d-obama-12-01-2009-370850.php
[20] http://www.mediapart.fr/journal/france/republico/120109/pourquoi-andre-vallini-quitte-la-direction-du-ps
[21] http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jLGKDXIklQOiJ616b8FFnCDSDHeg
[22] http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hpw3D7FEM0UUSM6h5gtuGBq6duYQ
[23] http://www.lepost.fr/article/2008/12/30/1369967_benoit-hamon-s-excuse-les-enrages-lui-pardonnent.html
[24] http://www3.mediapart.fr/journal/france/051208/pour-benoit-hamon-le-ps-doit-incarner-l-opposition-aupres-de-ceux-qui-proteste
[25] http://www.cfdt.fr/rewrite/site/3926/site-de-la-confederation.htm?idRubrique=4599
[26] http://www.ldh-france.org/
[27] http://fr.wikipedia.org/wiki/Pouria_Amirshahi
[28] http://www.syndicat-magistrature.org/spip.php?article655
[29] http://www.fne.asso.fr/
[30] http://abonnes.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/01/12/le-ps-elabore-un-contre-plan-de-relance-de-40-milliards-d-euros_1140714_1101386.html
[31] http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200903/opposition-le-ps-part-en-guerre_178251.html
[32] http://www.mediapart.fr/journal/france/republico/080109/ps-fabius-ouvre-un-blog-destot-cree-un-courant
[33] http://www3.mediapart.fr/journal/france/020608/les-reconstructeurs-et-martine-aubry-pilonnent-la-direction-du-ps
[34] http://www.liberation.fr/politiques/0101311085-bertrand-delanoe-est-maire-de-paris-point-barre
[35] http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gjdNcnk1-F8MdbveE1s_-ijjDjMQ
[36] http://www3.mediapart.fr/journal/france/111208/mis-a-la-rue-les-proches-de-royal-structurent-leur-courant
[37] http://www.desirsdavenir.org/
[38] http://www.lespoiragauche.fr
[39] http://www.lespoiragauche.fr/l-equipe/delia-CMS/equipe/subtopic_id-22/topic_id-4/
[40] http://www.lespoiragauche.fr/toutes-les-actus/delia-CMS/page/topic_id-7/
[41] http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gb6j_XsJoD-2TEjuPFk5-C-yiTKA
[42] http://www3.mediapart.fr/journal/france/171208/le-ps-cherche-comment-limiter-la-casse-aux-elections-europeennes
[43] http://www.box.net/shared/static/dkypbc12vg.pdf
[44] http://www3.mediapart.fr/journal/france/republico/120109/rasmussen-invite-surprise-aux-voeux-de-martine-aubry
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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 15:42
Analyse
Démocratie : le "yes we can" africain, par Philippe Bernard
LE MONDE | 16.01.09 | 13h26  •  Mis à jour le 16.01.09 | 13h26

eux événements indépendants illuminent d'un éclat rare le sombre paysage de la démocratie en Afrique. Les feux du premier ont jailli d'outre-Atlantique ; le second s'est produit au coeur même du continent. C'est peu de dire que l'élection de Barack Obama a enthousiasmé les Africains. Au-delà de la victoire d'un candidat originaire du continent et perçu comme un Noir, l'Afrique a suivi avec passion la chronique du triomphe non annoncé d'un homme jeune et neuf. Un événement si rare, de Harare à Conakry, où les potentats se cramponnent au pouvoir et où les élections, jouées d'avance, se réduisent à un sinistre théâtre d'ombres ou à un bain de sang.
Immense source de fierté pour un continent qui se vit souvent comme maudit, la victoire de M. Obama a été vécue comme un formidable appel d'air démocratique. La transparence du scrutin américain a revigoré tous ceux qui rêvent de choisir librement leurs dirigeants.

Mais c'est d'Afrique que vient l'autre bonne nouvelle concernant la démocratie. Le Ghana, pays d'Afrique de l'Ouest ni plus ni moins doté par la nature que ses voisins, vient, pour la deuxième fois en huit ans, de vivre une alternance démocratique pacifique. Candidat de l'opposition à la présidentielle de décembre 2008, John Atta-Mills, un professeur de droit de 64 ans, a été élu au second tour par une majorité de 50,23 % contre le candidat du pouvoir en place, Nana Akufo-Addo, pourtant doté de moyens financiers supérieurs. Ce dernier a félicité son adversaire, bien que promettant de saisir la justice, et non la rue, de fraudes présumées.

Alors que dans la plupart des pays comparables, le chef de l'Etat en exercice use de tous les moyens pour prolonger son bail, John Kufuor, au pouvoir depuis 2000, a scrupuleusement respecté la limitation à deux mandats inscrite dans la loi fondamentale. Son prédécesseur, le populiste Jerry Rawlings, avait fait de même après sa défaite électorale de 2000. En se retirant après un revers électoral, cet officier, venu au pouvoir par la force en 1981 puis élu démocratiquement, a donné un exemple inscrit dans l'histoire du Ghana. Une preuve d'habileté politique aussi, puisque le nouveau président qui a prêté serment, le 7 janvier à Accra, est le poulain de M. Rawlings.

Conscients de l'exemplarité de leur jeune tradition démocratique, les 11 millions d'électeurs ghanéens se sont mobilisés à 70 % pour voter, dans un pays où la liberté d'expression existe depuis moins de quinze ans. Endimanchés, silencieux et graves dans les files d'attente le jour du scrutin, tous exprimaient la fierté de focaliser l'espoir du continent. Comme si l'élection ghanéenne cristallisait une sorte de "yes we can" à l'africaine.

L'exemple venu d'Accra ne peut qu'activer les revendications de transparence et de démocratie qui s'expriment à travers les sociétés civiles africaines et les médias. Le Ghana est devenu la référence, cité comme la preuve que l'Afrique n'est condamnée ni aux violences électorales (500 morts au Togo en 2005, 1 500 au Kenya en 2008), ni au despotisme suicidaire (Zimbabwe), ni à la guerre civile (Côte d'Ivoire), ni aux coups d'Etat (Mauritanie, Guinée). L'exception dont on voudrait qu'elle ne confirme pas la règle.

LA REVENDICATION DU MULTIPARTISME

Là encore, les responsables politiques du continent ont rivalisé de lyrisme pour saluer l'exemplarité ghanéenne. Laurent Gbagbo, dont le mandat à Abidjan a expiré depuis trois ans, Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967, et Faure Gnassingbé, dont l'élection, à Lomé, a eu lieu dans un climat de fraude et de terreur, tous ont salué cette grande victoire de la démocratie.

Le cas ghanéen illustre l'éternel dilemme entre développement et démocratie. La bonne gouvernance est-elle un préalable à l'expansion économique ou seulement une résultante de cette dernière ? En 1990, Jacques Chirac avait tranché à sa manière en affirmant que "le multipartisme est une sorte de luxe que les pays en voie de développement n'ont pas les moyens de s'offrir". Presque vingt ans après, l'idée selon laquelle la stabilité d'un pays africain vaut bien quelques accommodements avec la démocratie n'a pas disparu de la vision des autorités françaises. Le Ghana montre que paix civile, démocratie et croissance économique (+ 6 % par an depuis 2001) peuvent coexister. Les violences ethniques n'y sont pas absentes, mais elles ont été contenues dans la période récente par un débat politique libre et structuré. L'équation personnelle de M. Rawlings et de M. Kufuor, qui ne considèrent pas le pouvoir comme leur propriété, explique en partie le contexte vertueux du Ghana, comme le niveau d'éducation relativement élevé.

Vingt ans après le vent de revendication du multipartisme qui a soufflé sur l'Afrique à la fin de la guerre froide, réveillant des conflits ethniques, suscitant réactions autoritaires et sanglantes répressions, l'exemplaire Ghana préfigure-t-il un vrai réveil démocratique africain ? Analysant le poids prégnant mais ambivalent de la tradition dans l'évolution politique du continent, le chercheur Jean-François Bayart écrit : "L'Afrique politique n'est plus la même en ce début de millénaire." Si le mouvement démocratique des années 1990 "n'a pas modifié en profondeur les lignes de l'inégalité sociale (...), poursuit l'universitaire, il a transformé les conditions de l'exercice du pouvoir, ne serait-ce qu'en banalisant le multipartisme, en libéralisant la presse écrite et parfois audiovisuelle, et surtout en rétablissant la liberté d'association".

De fait, la revendication du pluralisme et de la démocratie s'est diffusée parallèlement à l'extinction de plusieurs grands foyers de conflit. Cette maturation rend insupportable aux yeux de la jeunesse africaine le soutien des pays nantis comme la France à certains potentats. Dans nombre de pays africains, les élections ne sont qu'une concession de pure forme aux exigences des bailleurs de fonds occidentaux, destinée à habiller le maintien au pouvoir des clans qui contrôlent les richesses.

Au-delà des hommages de circonstance, rien n'assure donc que l'exemple ghanéen fasse école. La lutte pour la survie, qui reste l'obsession quotidienne de la plupart des 750 millions d'Africains, ne constitue pas un terreau propice à la démocratie. Pas plus que les élections de façade débouchant sur un statu quo parsemé d'inégalités et de corruption. Or les Africains sont comme tous les peuples : ils croient en la démocratie dans la mesure où ils en perçoivent les bénéfices.

 


Courriel : bernard@lemonde.fr.

Philippe Bernard (Service International)
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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 16:28

Déclaration commune à l’initiative de la LDH et de la Ligue de l’enseignement


Gaza : refusons toute instrumentalisation communautaire


Paris, le 13 janvier 2009


Le conflit israélo-palestinien est une fois encore entré dans une phase dramatique. Ce conflit n’est ni religieux ni « ethnique », mais bien politique et territorial : l’engrenage de la violence dont les populations civiles sont les premières victimes s’enracine dans l’aggravation, depuis des décennies, du sort insupportable fait au peuple palestinien. Rien ne peut justifier les attaques – d’où qu’elles viennent   dirigées contre les civils. Mais chacun sait, au-delà de la condamnation nécessaire de tout crime de guerre, que la paix ne pourra advenir sans justice, cette paix par le droit hors de laquelle aucun des deux peuples ne pourra vivre un avenir humain.

Les 900 morts palestiniens des deux dernières semaines, dont de très nombreux civils, victimes des bombardements et de l’offensive de l’armée israélienne à Gaza, comme les 34 morts israéliens des cinq dernières années victimes de tirs de roquette du Hamas, ne peuvent que soulever une émotion légitime. En France, nous constatons que la sensibilité à cette actualité tragique s’exacerbe. Trois actes inacceptables ont été commis à l’encontre de synagogues à Toulouse et à Saint-Denis et contre une collégienne à Villiers-le-Bel. Ces actes sont heureusement des faits isolés. Mais la réaction des autorités politiques françaises qui s’en remettent aux instances religieuses pour prévenir la violence n’est ni admissible sur le terrain de la laïcité ni de nature à prévenir les dangers qu’elles invoquent. De même, l’organisation d’une manifestation communautaire de soutien à l’un des deux protagonistes du conflit, même si elle est restée isolée, renforce le risque que l’expression des indignations et des solidarités mette face à face des communautés dont les membres seraient collectivement assimilés à l’un des deux camps.

Cette transposition qui enfermerait la liberté de conscience et d’expression des individus concernés dans une assignation à résidence communautaire ou religieuse serait porteuse de graves dangers pour le vivre ensemble. Il n’est pas question de remettre en cause la capacité à s’indigner de ce qui se joue en Palestine, ni l’expression de telle instance communautaire dans le débat public qui n’a rien d’illégitime en elle-même, mais de refuser une logique de transposition dans la société française des conflits et des haines qui déchirent le Proche-Orient.

Sans alarmisme mais avec vigilance, les organisations soussignées, attachées au respect de l’égale liberté de chacun, refusent toute mise en scène d’un prétendu « conflit de civilisations » et rappellent qu’aucun individu ne peut être étiqueté, stigmatisé ou agressé en raison de ses origines ou de sa foi, et que les manifestations d’intolérance, de racisme et d’antisémitisme, loin de servir les causes que leurs auteurs disent soutenir, les salissent et mettent en danger la vie démocratique.

C’est dans cet esprit que les unes et les autres continueront à défendre le respect des droits de l’Homme, du droit international et du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues.

Premiers signataires : ACLEFEU, ALEFPA, Association des Libres Penseurs de France, Association du Manifeste des libertés, Cercle Gaston-Crémieux, CFDT, CGT, Collectif Avenir laïque, FSU, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Mouvement de la Paix, Parti communiste français, Parti de gauche, Parti socialiste, Solidarité Laïque, Unef, Union rationaliste, Union syndicale solidaires, Les Verts.

En tête de lettre générale Parti Socialiste
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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 15:29

Mulcair presse les libéraux d'agir

Mulcair presse les libéraux d\'agir

Photo La Presse

 
Hugo De Grandpré - La Presse - 14 janvier 2009 à 07h05 | Mis à jour à 07h11

 

(Ottawa) Le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, et la présidente du caucus du parti, Judy Wasylycia-Leis, ont rencontré hier à Ottawa le ministre des Finances, Jim Flaherty, pour discuter du budget fédéral.

Lors d'une conférence de presse avant la réunion, M. Mulcair a précisé aux journalistes que cela prendrait un miracle pour que sa formation vote en faveur du budget attendu le 27 janvier.

Il a imploré les libéraux qui pourraient s'être refroidis pendant les Fêtes à l'idée de renverser le gouvernement Harper de ne pas laisser passer la chance de former gouvernement «progressiste».

«J'espère que les libéraux vont regarder le choix qui s'offre, a-t-il dit. Ou on laisse les conservateurs là, ou on les remplace. Je préfère de loin, dans l'intérêt de la population, les remplacer

Le député d'Outremont et unique représentant élu du NPD au Québec s'est dit sceptique face aux récentes démonstrations d'ouverture du gouvernement Harper pour une approche plus interventionniste de l'État dans l'économie canadienne.

«Leur but immédiat, c'est de sauver leur vie politique. Donc ils vont essayer de le remettre au-delà des six mois», a-t-il dit. Il faisait allusion à la période déjà évoquée par l'ancienne gouverneure générale Adrienne Clarkson, à l'intérieur de laquelle l'opposition devrait, selon elle, avoir la chance de gouverner si le parti au pouvoir perd la confiance de la Chambre des communes.

«D'où leur intérêt à dire n'importe quoi dans le budget, a-t-il poursuivi. Ils vont pouvoir plaider trois mois plus tard que la situation a changé et que ce n'est plus cela

À sa sortie de la réunion d'environ 1 heure et quart, hier soir, M. Mulcair a indiqué que sa position n'avait pas changé.

Des 3 partis de l'opposition représentés aux Communes, le NPD et le Bloc québécois ont déjà indiqué la quasi-certitude qu'ils votent contre le budget. La décision de garder les conservateurs au pouvoir retombera donc encore une fois sur les épaules du Parti libéral, dont le nouveau chef, Michael Ignatieff, a déjà ouvert la porte à ce que sa formation l'appuie.

M. Mulcair et Mme Wasylycia-Leis, ont par ailleurs présenté quelques demandes du NPD : des investissements majeurs dans des projets d'infrastructures prêts à démarrer; de l'aide directe aux familles sous forme de chèques pouvant aller jusqu'à 400$ par mois par enfant; et un plan pour stimuler l'économie équivalent à environ 2% du PIB, tel que recommandé par l'OCDE.

Ils ont aussi dénoncé la politique de baisses d'impôts privilégiée par le gouvernement conservateur depuis son arrivée au pouvoir, il y a 3 ans.

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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 14:26
Analyse
Le chemin du postcapitalisme, par Hervé Kempf
LE MONDE | 14.01.09 | 13h40  •  Mis à jour le 14.01.09 | 13h40

st-ce que le capitalisme peut survivre à la crise ? C'était la question posée en filigrane lors du colloque organisé par le secrétariat d'Etat chargé de la prospective, en partenariat avec Le Monde et le Financial Times, jeudi 8 janvier à Paris, sous le titre "Nouveau monde, nouveau capitalisme". Tout avait été organisé pour rester dans les rails de l'ordre économique établi, comme le soulignait ironiquement Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) : "L'ordre du jour ne comporte pas l'examen d'alternatives au capitalisme - par parenthèse, ce n'est pas pour autant que j'adhère à l'idée qu'il n'y a pas d'alternative -, je ferme la parenthèse, pour rester politiquement correct."

Mais la journée s'est déréglée, et, sous les apparences policées d'un colloque officiel, la gravité de la crise a imposé la remise en cause des idées reçues. Certes, M. Sarkozy tentait d'isoler le virus, accablant la finance pour sauver l'essentiel : "Le capitalisme financier a perverti la logique du capitalisme. (...) Le capitalisme, c'est l'effort, c'est le travail, c'est l'esprit d'entreprise, c'est la propriété privée, c'est l'investissement à long terme. (...) Mais la crise du capitalisme financier n'est pas la crise du capitalisme. (...) Elle n'appelle pas à la destruction du capitalisme, qui serait une catastrophe, mais à sa moralisation."

Michel Rocard, député européen socialiste, venait à l'appui du conservatisme de M. Sarkozy : "Il faut commencer par cela : nous voulons conserver le capitalisme !" Qu'elles étaient loin les paroles de Jean Jaurès dans son célèbre débat avec le marxiste Jules Guesde : "Le Parti socialiste est un parti d'opposition continue, profonde, à tout le système capitaliste." Mais l'unanimité de façade allait se lézarder grâce au rappel à la réalité opéré par Angela Merkel, la chancelière allemande : "Les pays industrialisés doivent absolument comprendre que nous avons vécu au-dessus de nos moyens. Nous avons fait un emprunt sur l'avenir sans en avoir produit la contre-valeur dans l'économie réelle, et à la longue, cela ne peut pas ne pas avoir de conséquences graves." Et pour ceux qui ne voudraient pas entendre, elle disait à nouveau par deux fois : "Nous avons vécu au-dessus de nos moyens", s'inquiétant de l'endettement sidérant que les marchés financiers, puis les gouvernements, ont accumulé.

Dès lors, il était clair que le problème n'était pas simplement dans un mauvais fonctionnement du système financier. Plusieurs experts allaient répéter ce que résumait Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie : "Ce n'est pas seulement une défaillance des marchés financiers, c'est beaucoup plus profond." En fait, observait l'économiste Jean-Paul Fitoussi, "le capitalisme est une forme d'organisation historique et située, née des décombres de l'Ancien Régime. Ce qui signifie que son destin n'est pas écrit dans le marbre".

UN NOUVEL ÉQUILIBRE

Il apparaissait ensuite qu'il faut chercher dans la question sociale les racines de l'expansion énorme de la bulle financière et de l'endettement. Les "rémunérations extravagantes et l'explosion des inégalités" ont conduit au dérèglement du système global. Selon M. Fitoussi, "la crise financière n'est que le symptôme d'une crise latente qui existait depuis les années 1980 - une crise de la répartition des revenus : pour pouvoir maintenir les niveaux de consommation, il a fallu que les ménages et les Etats s'endettent. Cet endettement était pain bénit pour le système financier, qui a prêté à ceux qui ne pouvaient plus consommer. Et c'est là que le déséquilibre financier s'est révélé : on ne peut pas prêter à ceux qui ne peuvent rembourser".

Mais il a fallu attendre l'intervention de Wouter Bos, le ministre travailliste des finances des Pays-Bas, pour que la conclusion soit tirée : la réduction de l'endettement, donc la baisse de la consommation globale, ne pourra se faire qu'accompagnée d'une réduction des inégalités. M. Bos résumait avec humour combien la crise a bouleversé le cadre de pensée : "La première chose que j'ai faite pour montrer combien j'étais un leader socialiste moderne a été, en 2003, de rédiger une déclaration de principes. La façon de montrer au monde que le leader socialiste est moderne était d'effacer la ligne disant que les sociaux-démocrates devraient nationaliser les banques. C'est ce que j'ai fait. Ainsi, j'étais moderne... Il y a deux mois, on a nationalisé les banques !"

Si M. Bos a redit ce qu'avaient dit de nombreux intervenants sur la nécessité de réguler les marchés financiers - au point que c'est un lieu commun dont on attend qu'il se traduise en actes -, il a été plus loin : "Nous ne devrions pas penser que nous allons sortir du système seulement en ayant plus de régulation du profit et une meilleure supervision. (...) La société capitaliste a besoin d'une discussion sur un nouvel équilibre entre "nous voulons toujours plus" et "nous avons assez", entre des gains excessifs pour quelques-uns et un énorme déficit pour les masses." M. Bos ne se contente pas de mots : aux Pays-Bas, où il y a une vraie réglementation sur la rémunération des dirigeants, il pèse pour plafonner ces rémunérations, c'est-à-dire pour le revenu maximal admissible.

M. Bos allait remettre une autre pendule à l'heure, en relativisant l'importance des troubles économiques : "La crise financière n'est pas le plus grave problème auquel fait face le système capitaliste. La crise climatique va progressivement devenir plus importante, et la crise alimentaire persiste, alors que nous n'avons toujours pas réussi à la régler. Ces deux crises sont bien plus fondamentales que la durabilité du capitalisme. Elles nous posent un défi moral immense, mais peuvent être intelligemment liées à la solution de la crise financière."

Au terme de ce colloque s'est ainsi dessiné ce que pourrait être le chemin du postcapitalisme, n'en déplaise aux "conservateurs" comme MM. Sarkozy et Rocard : réduction de la surconsommation par l'apurement de l'endettement ; justice sociale par réduction des inégalités ; internalisation des coûts environnementaux (évoquée par le député canadien Thomas Mulcair) pour parer au péril écologique. Il n'aura manqué que l'interrogation sur la propriété des moyens de production - les formes coopératives de production ne sont-elles pas plus efficaces que le modèle de l'entreprise privée ? - pour ouvrir la porte aux alternatives regrettées par M. Lamy. Mais au train où la réalité fait évoluer les esprits, on peut penser que cette question encore provocatrice pénétrera bientôt les cénacles officiels.

 


Courriel : kempf@lemonde.fr.

Hervé Kempf (Service Planète)
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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 14:17
Analyse
Hubert Védrine et l'Amérique de Barack Obama, par Corine Lesnes
LE MONDE | 14.01.09 | 13h40

a démocratisation est-elle "un objectif légitime" des politiques occidentales ? Cela fait onze ans que Madeleine Albright et Hubert Védrine débattent de la question. L'ex-secrétaire d'Etat américaine entend encore la voix de son homologue français, interrompant le ronron des conférences téléphoniques sur le Kosovo. "Paris demande la parole !" Aujourd'hui, les points de vue se sont rapprochés. "Madeleine" est moins flamboyante. La faute à George Bush, dit-elle, qui a donné "une mauvaise réputation à la démocratie". Hubert Védrine, lui, craint une coalition du monde multipolaire contre "nous, les Occidentaux", mais il voit les Etats-Unis en posture favorable pour continuer à dominer, ce dont il ne semble pas se formaliser.

Invité à Washington par la Brookings Institution et l'ambassade de France à l'occasion de la parution en anglais de son livre Continuer l'Histoire (Fayard, 2007) - sous un titre très "Star Wars" : History Strikes Back ("L'Histoire contre-attaque") -, M. Védrine a discuté avec son ancienne homologue et livré ses réflexions sur l'état du monde à quelques jours de l'investiture, le 20 janvier, de Barack Obama. M. Védrine continue à se méfier des idéalistes. Plus que les "vieilles idées des Lumières", il pense que c'est peut-être la défense de l'environnement qui deviendra la valeur universelle de demain. Pour lui, les Occidentaux ont péché par arrogance depuis la chute de l'URSS : "On se prenait pour les maîtres du monde sur l'Olympe. On décidait de qui on sanctionne, qui on bombarde..."

Aujourd'hui, pour l'ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, de 1997 à 2002, les maîtres "ne contrôlent plus vraiment le système". Il suffit de voir "l'absence impressionnante de résultats" de la diplomatie occidentale : "On n'a même pas réussi à convaincre les Birmans" de laisser entrer l'aide humanitaire. Pour Hubert Védrine, les Occidentaux tâtonnent, s'emmêlent dans leurs priorités. "On fait pression sur un pays dont on va avoir besoin la semaine suivante pour faire pression sur un autre", souligne-t-il.

Hubert Védrine plaide pour un retour au réalisme : "On ne peut plus continuer le prosélytisme occidental comme si rien ne s'était passé." Pour lui, le monde n'est pas encore "post-américain", selon l'expression de l'éditorialiste Fareed Zakaria, mais le "monopole occidental sur l'Histoire" est fini. Pour l'ancien ministre, "un jour on se dira peut-être que les droits-de-l'hommistes n'auront pas eu plus d'influence sur la Chine que les missionnaires catholiques".

Le bilan "désastreux" de la politique de George Bush donne, selon Hubert Védrine, à Barack Obama une réelle marge de manoeuvre. "Tout le monde a confiance en lui, alors que personne ne sait ce qu'il pense ou ce qu'il va faire", a-t-il constaté.

Du simple fait d'avoir décrété qu'il dialoguerait avec les dictateurs, il incarne la rupture avec le dogmatisme précédent. Déjà, par le seul fait de cette proposition, Barack Obama a entraîné une discussion au sein du pouvoir iranien.

Sur le dossier israélo-palestinien, M. Védrine pense aussi que les Etats-Unis ont les moyens de "retourner la situation". L'ancien ministre des affaires étrangères l'a dit à ses interlocuteurs : "Imaginez le rayonnement qu'aurait un président américain qui réglerait le problème palestinien. L'Amérique a cette carte. Comment peut-elle s'en priver ?" Reste la question de fond : "Devons-nous traiter avec le reste du monde ou devons-nous le changer ?" Barack Obama n'a pas encore livré le fond de sa pensée. Pour l'instant, sa priorité est de réparer.

 


Courriel : lesnes@lemonde.fr.

Corine Lesnes (Correspondante à Washington)
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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 12:20
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8 janvier 2009 4 08 /01 /janvier /2009 13:49
Nicolas Sarkozy veut supprimer le juge d’instruction

Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/erich-inciyan
[2] http://www.elysee.fr/webtv/index.php?intChannelId=1&intVideoId=905
[3] http://www.maitre-eolas.fr/2009/01/07/1267-et-bien-voila
[4] http://www.afmi.asso.fr/ref_detail.php?num=34
[5] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/914059500/index.shtml
[6] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/cahiers-francais/2006/sommaire334.shtml
[7] http://www.lemensuel.net/Faut-il-supprimer-le-juge-d.html
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