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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 08:41

C'est la panique dans les rangs de l'UMP. Les grands barons du parti conservateur français se rendent compte que la personnalité du Président de la République et sa synthèse entre Bonapartisme, Réaction et Néo-libéralisme sont profondément rejetés au sein du peuple Français.

Ce n'est pas seulement qu'il n'ait pas tenu ses promesses mais que les réformes qu'il a réalisées cherchaient à dresser les Français les uns contre les autres, contrevenant ainsi aux principes d'égalité qui fondent le peuple républicain. Ce poison a fait son chemin dans les têtes à droite ou dans tous les cas - comme cela s'est vu dans les pseudo-débats sur l'identité nationale et leur pseudo-laïcité détournée - a libéré les basses pulsions de nombreux responsables.

claud-gueant-sarkozy 9881Avec Nicolas Sarkozy, la lepénisation des esprits a fait des bonds spectaculaires, et plus encore au sein de la droite anciennement républicaine, alors même que l'actuel locataire de l’Élysée avait prétendu avoir abattu le Front National.

Toutes les actions du gouvernement de Sarkozy ont nourri la progression d'une Marine Le Pen, dont le faux nez moderne a permis de renforcer une porosité inédite entre la droite néo-réac et l'extrême droite. Elle est tellement montée dans les intentions de vote des Français que l'affichage, à l'occasion de la campagne électorale, de ses insuffisances flagrantes, de l'indignité et l'inopportunité de son programme n'a cependant pas affecté fondamentalement son rang dans le débat politique.

C'est donc aujourd'hui une droite sans boussole qui pense récupérer quelques points dans les sondages en courant de manière de plus en plus visible et caricaturale derrière le Front National. Ce faisant, ils nourrissent plus encore la mécanique qui renforce le Front National sur le long terme. Ils le font en venant clairement sur son terrain mêlant le fantasme de l'impossibilité d'intégrer les immigrés à la société française (contre toute réalité historique), de l'amalgame entre immigration et islam, et de l'antisémitisme (logique classique de la droite nationaliste).

Trois illustrations, trois fautes, trois indignités, ces dernières semaines :

  1. D'une manière générale, regardons où est menée la campagne présidentielle. On parle de la viande halal, de la viande casher, on va parler de l'étiquetage de la nourriture. Dans le même temps, il y a des écoles qui ferment, des classes qui ferment, il y a moins de profs, il y a des hôpitaux publics qui sont surchargés, on se soigne de moins en moins bien, on ne trouve pas de boulot, on passe de contrat précaire en contrat précaire et de quoi on parle-t-on ? Voilà donc selon la droite néo-réac, la principale préoccupation des Français depuis deux semaines

  2. claude-gueantClaude Guéant, inénarrable ministre de l'intérieur (sans doute bien plus réactionnaire encore que son patron), a tenu à expliquer que le droit de vote des étrangers constituait un risque d'imposition dans les restaurants scolaires de la viande halal. De la part du ministre de l'intérieur, il y a plusieurs fautes, les premières relatives à sa fonction, la dernière politique

    1. Les Français musulmans sont déjà électeurs depuis longtemps et siègent déjà nombreux dans les conseils municipaux. À aucun moment, ces élus n'ont eu pour revendication quoi que ce soit qui puisse ressembler au fantasme de M. Guéant et les listes « communautaristes » – notamment menées par le Parti des Musulmans de France – ont toujours réalisé des scores ridicules, y compris dans les bureaux de vote où les Français de confession musulmane sont considérés comme nombreux. Ce n'est donc pas une revendication des personnes de confession musulmane en France.

    2. Imposer une nourriture issue d'un abattage rituel serait tout simplement contraire à la laïcité et un conseil municipal, quelle que soit sa composition et quelle que soit la situation de politique fiction imaginée par le ministre de l'intérieur (qui devrait le savoir comme ministre) ne pourrait délibérer en ce sens.

    3. Les Français de confession musulmane sont insultés comme citoyens français. On les ramène à leur religion, à ce qui serait – par définition (dans la logique de détournement de la laïcité en islamophobie) – la menace qu'ils représentent pour tous les autres. Cette remarque vaut également pour les immigrés quelles que soient leurs origines ou nationalités. Une personne vivant en France, qu'elle soit Française ou pas, qu'elle soit originaire du Pas-de-Calais, de Bretagne, de Toulouse, de Bamako, d'Alger ou d'Andalousie, est avant tout un être humain qui dispose de droits et de devoirs que la République ne peut et ne doit pas considérer en fonction de sa confession supposée. Ce faisant la droite abaisse tous les jours depuis 5 ans nombre de nos voisins ou concitoyens en ne les considérant pas comme humain mais comme musulmans, catégorie supposée moins assimilable et pas totalement « normale ».

  3. fillon-subvention-st-ericssonPlus étonnamment pour un responsable issu du Gaullisme social (mais cela a-t-il encore une quelconque signification après Chirac et Sarkozy?), François Fillon, Premier Ministre, a commis un dérapage inexcusable au regard de ses fonctions. Alors qu'il aurait dû recadrer son ministre, il a de fait apporté son soutien à M. Guéant et en a rajouté une louche. François Fillon a suggéré aux juifs et aux musulmans de revenir sur les «traditions ancestrales» d’abattage rituel des animaux. Le Premier ministre, s'exprimant à titre personnel, a estimé que «les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé».

    1. Notons qu'il est aberrant de renvoyer la foi et certaines pratiques rituelles qui lui sont liées dans le judaïsme (on en parlera plus volontiers ici pour faire preuve de parité…) à la science et que les interprétations sanitaires des interdits et prescriptions alimentaires contenus dans le Lévitique (qui constituent la base de la cacheroute) sont largement dépassées. L'interdit de consommer du lièvre ou des mollusques est équivalent à l'interdiction du porc ou aux prescriptions sur l'abattage rituel, et cela n'a rien à voir avec la science et la santé. Notons au passage que si le Premier Ministre français veut entrer dans une logique de réforme des religions, ce qui n'est plus tellement couru depuis l'empereur Constantin ou le délicat Roi d'Angleterre Henri VIII Tudor, il aurait pu également parler de l'infaillibilité papale, de l'immaculée conception, du filioque, du célibat des prêtres romains ou de la querelle entre protestants et catholiques romains sur le mystère de la transsubstantiation. Notons qu'il ne l'a pas fait et qu'il veut s'attaquer une fois encore à des boucs émissaires classiques.

    2. Mais le plus grave, c'est que le Premier Ministre de la République française n'a pas à se préoccuper des affaires internes des confessions présentes sur le territoire français. La République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte, elle reconnaît la liberté de conscience et la foi des habitants de notre pays est une affaire privée qui ne peut être arbitrée par l’État (sauf dans des cas exceptionnels où seraient mis en cause l'ordre public, ce qui n'est pas le cas). Après avoir abaissé la dignité humaine des habitants de confession musulmane, c'est désormais l'intégralité du Principe de laïcité qui est abaissé par le Premier Ministre. Mais qui pouvait attendre désormais autre chose cinq ans après que le Président sortant ait jugé supérieur le Prêtre et le Pasteur à l'instituteur républicain ?

Il y a fort à parier que ces polémiques n'est pas de prises directes sur les résultats de l'élection présidentielle, si ce n'est pour écœurer toujours plus d'électeurs du débat public. Elle marque la perte de repères dramatique de la droite française et n'intéresse peut-être dans ses fondements qu'une poignée de «coupeurs de cheveux en quatre» dont je fais partie.

Elle annonce cependant deux choses graves et importantes :

  • le prélude à une dislocation annoncée de l'UMP dans l'éventuelle défaite, entre la «Droite Populaire» d'un côté, et les centristes de l'autre ; les héritiers de Chirac et Séguin étant un peu perdus au milieu ;

  • l’aggravation de la prégnance de la droite national-populiste dans l'opinion publique qui pourrait bien être renforcée d'ici quelques années par les passerelles de la «Droite Populaire» pour former la plus dangereuse alternative qui soit (pour la démocratie républicaine) à une gauche de gouvernement.

Frédéric FARAVEL
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 11:26

Il y a des matins comme ça où l'on a vraiment, mais vraiment... plaisir à écouter sa matinale traditionnelle. C'est le cas de ce 29 février 2012 (espérons qu'on attendra pas 4 années pour en avoir une autre aussi bonne).

C'était Bernard Thibaut, secrétaire général de la CGT, qui intervenait et qui a pu à cette occasion apporter quelques arguments bien sentis sur la situation sociale dans le pays, les attentes des salariés et le conclusions politiques qu'il faut en tirer pour le printemps électoral à venir.

Je ne résiste donc pas à vous faire partager les vidéos de cet entretien :


Bernard Thibault par franceinter


Bernard Thibault par franceinter

Je ne résiste pas non plus à vous diffuser la petite cerise sur le gâteau que représente la chronique de Sophia Aram.


Scoop : Bernard Thibault serait de gauche ! par franceinter

Passez donc une bonne journée revendicative et que son élan vous emporte vers l'alternative les 22 avril, 6 mai, 10 et 17 juin prochains.

Frédéric Faravel

PS : un mot aussi pour saluer la dignité de Madame Audrey PULVAR qui a fait l'objet cette nuit d'une agression fasciste odieuse dans les Rues du XVIème arrondissement aux côtés de son compagnon, Arnaud Montebourg.

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 09:13

AthenesEmeutes.jpgLes émeutes de dimanche à Athènes – alors que les députés grecs étaient sommés d'adopter un nouveau plan d'austérité, dont on sait par avance qu'il ne produira aucun résultat – devraient faire réfléchir nombre de nos dirigeants politiques. S'il existe bien des dérives financières et budgétaires anciennes et durables dans la conduite des affaires publiques grecques – que ces dérives donnent prétextes à un discours de la droite sur la faute originelle de la gauche qui aurait fait entrer la Grèce dans l'euro –, c'est aujourd'hui le peuple grec qui est saigné à blanc alors que la stratégie économique imposée à ce pays par l'Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International, l'enfonce très clairement et plus durement jour après dans la récession… Une solution qui empêche de fait le rétablissement des comptes grecs et le remboursement de la dette de l’État hellène ; une solution qui empêche le retour de la croissance économique, qui accroit le chômage, qui abaisse comme jamais les salaires et ainsi n'autorise pas les citoyens grecs à s'acquitter des nombreuses taxes dont leur gouvernement les accable depuis 2 ans.

Une spirale infernale qu'une centaine de députés grecs a refusée hier, pendant que la population excédée répondait à la violence policière par le déclenchement d'une émeute, qui a provoqué l'incendie de la Bibliothèque nationale et de nombreux bâtiments symboles de l'Amérique et de l'Union Européenne. Plusieurs dizaines d'entre eux étaient membres du PASOK, le parti socialiste grec, parfois issus du précédent gouvernement Papandréou ; ils ont été exclus alors qu'ils ont sauvé l'honneur de leur pays et de leur famille politique. Le Parti Socialiste Européen, et en son sein le Parti Socialiste français, ne peut rester indifférent à cette sanction injustifiable.

Sarkozy-Barroso-MerkelLa logique politique qui préside à la tête des institutions européennes, sous la férule d'Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et José Manuel Durao Baroso, peut mener à des spirales similaires au Portugal (qui n'arrive pas à se sortir de la récession), et éventuellement en Italie et en Espagne. Le traité, initié par la Chancelière allemande et le Président français, le 9 décembre dernier, avec son carcan économique, ses sanctions automatiques et l'abaissement du Parlement européen [cliquer ici pour retrouver l'analyse du projet de traité] implique une généralisation de l'austérité économique, qui approfondira la récession, porte en son sein la négation de la souveraineté populaire et dénie toute possibilité de mise en œuvre d'une réelle solidarité européenne. À ce régime, l'Italie et la France pourraient bien connaître les mêmes heurts sociaux, sans possibilité d'y répondre et de faire face à la récession.

C'est une pensée qui devrait habiter nos dirigeants, de droite comme de gauche : non, Papandréou n'a pas fait preuve d'une excessive "mansuétude" vis-à-vis de la dette grecque ; au regard de la structure profonde de l’État grec, il n'avait pas les moyens d'y répondre. Il n'avait pas les moyens de corriger plusieurs décennies d'errements qui n'ont rien à voir avec des choix de politiques économiques mais tiennent surtout à l'absence d'une administration – notamment fiscale – solide et à la généralisation de la corruption. Il pouvait d'autant moins répondre à l'état de la dette grecque, que l'Union Européenne ne fixait pas comme objectif de résoudre les problèmes structurels de l’État grec (aucune demande sérieuse sur l'administration et la corruption), mais au contraire conditionnait sa « solidarité » au fait de trancher dans tous les secteurs de l'activité, sans distinction, et je ne crois pas possible de recouvrer des impôts et de lutter contre la corruption quand votre administration fiscale et votre justice sont anémiées à la demande de vos créanciers et de vos partenaires. L’État grec avait, pour finir, d'autant moins les moyens d'affronter sa dette abyssale, que l'Union Européenne n'a jamais substitué à son niveau en terme financier et monétaire les outils politiques que les États membres ont abandonné en opérant les précédents transferts de souveraineté.

claud-gueant-sarkozy 9881Celui qui fait aujourd'hui campagne pour sa réélection grâce aux fonds publics, et n'a de ce fait aucune leçon de morale à adresser aux États du sud de l'Europe supposés laxistes, propose de revenir à une pratique plus fréquente des référendums. Mais, malheureusement pour lui, si l'annonce médiatique de référendums stigmatisant chômeurs et immigrés peut flatter quelques instincts primaires dans l'électorat sur fond de droitisation du discours de l'UMP, les thèmes choisis par le locataire de l’Élysée n'entrent vraisemblablement pas dans le champ prévu par la constitution pour les soumettre au peuple français par Référendum.

Suggérons-lui un sujet plus conséquent au regard des enjeux que constituent pour la souveraineté populaire, l'avenir de la France et de la construction européenne, les mesures contenues dans le projet de traité Merkel-Sarkozy. Ce nouveau projet de traité européen ne saurait sérieusement être ratifié sans que les citoyens français se prononcent dessus directement.

La gauche en général et les socialistes en particulier doivent adopter une stratégie très claire sur la question. Leurs parlementaires doivent voter contre le texte lorsqu'il sera présenté prochainement au parlement. Le candidat socialiste doit impérativement abandonner sa posture actuelle de ne soumettre le texte qu'il aurait préalablement renégocié qu'au Congrès. La gauche, revenue au pouvoir, ne peut pas décemment agir de la même manière que les conservateurs et mépriser les citoyens. Si François Hollande est élu, le projet de traité doit être rejeté par l'exécutif s'il reste en l'état et soumis à référendum s'il a été entre temps renégocié.

Mais encore faut-il s'entendre sur les termes de la renégociation. Car il est deux écueils que la gauche doit éviter :

  • considérer qu'il suffira de revendiquer et d'obtenir un référendum sur un mauvais traité ;

  • oublier de proposer une alternative politique et institutionnelle pour la construction, car l'UE ne peut pas décemment continuer à fonctionner avec les traités actuels.

FrancoisHollandeOr il ne suffit pas d'annoncer sa volonté de renégocier le texte actuel pour lui adjoindre un chapitre sur la « croissance ». Ce n'est pas en ajoutant un tel chapitre – autant dire qu'il s'agirait de déclamer que la situation serait meilleure s'il faisait beau quand le ciel est couvert – que l'on corrigera les graves erreurs déjà énoncées plus haut. Ajouter un chapitre « croissance » équivaut à accepter de fait l'économie globale du projet de traité Merkel-Sarkozy ; et rédiger et adopter un nouvel accord franco-allemand, baptisé « second traité de l’Élysée » ne changera rien à cela.

La gauche française et européenne doit réaffirmer son projet européen. Il n'existe pas réellement, sauf pour quelques groupuscules politiques et quelques grognards au sein du MRC, de véritables anti-européens au sein de la gauche française. Le clivage qui existe est entre ceux qui veulent affirmer qu'il y a un projet européen de gauche et un projet européen de droite et ceux – les sociaux-libéraux – prêts à accepter n'importe quel texte européen, même inspiré par les conservateurs et les ultra-libéraux au prétexte qu'un rejet détruirait la construction européenne. C'est pourtant ces politiques conservatrices et ultra-libérales, ces compromis institutionnels inspirés par elles qui sont en train de tuer l'idée européenne, en dressant les peuples européens contre elles.

PSElogo.jpgSi nous voulons sauver la construction européenne et si nous voulons rétablir la souveraineté populaire, la gauche doit présenter son alternative au projet de traité Merkozy.

  • Nous devons établir non pas une gouvernance mais un gouvernement économique européen. Le débat porte sur son périmètre, ses fonctions, son architecture institutionnelle :

    • Le périmètre devrait concerner idéalement tous les États de l’Union, et pas juste ceux de l’Eurogroupe. Les États les plus «eurovolontaires» doivent pouvoir le faire dans le cadre des « coopérations renforcées » et des accords intergouvernementaux. La progression de la construction européenne se fera de façon différenciée, par cercles concentriques. Avec l’ambition d’accueillir à terme tous les États membres dans le cercle le plus intégré.

    • Les fonctions se résument à trois : coordination des politiques budgétaires des États membres, mise en œuvre des politiques communes, conduite d’une politique active des changes.

    • L’architecture institutionnelle doit respecter la spécificité de la construction européenne : il s’agit d’une «fédération d’États-nations». Les trois piliers de l’autorité européenne doivent être simultanément renforcés.

      • La Commission européenne doit être le siège du gouvernement économique. Garante des traités, elle examinerait les budgets nationaux, communiquerait ses recommandations aux États membres, et demanderait des sanctions au Conseil européen. La commission européenne doit également privilégier la compétence politique sur la représentativité nationale et technocratique. Le commissaire aux affaires économiques et financières doit devenir le ministre de l’Économie et des Finances de l’UE : à la fois vice-président de la Commission, président de l’Ecofin (Conseil européen des 27 ministres de l’Économie et des Finances des États membres) et président de l’Eurogroupe, participant de droit avec le président de la commission au Conseil européen. Pour assumer cette position, la Commission européenne doit impérativement gagner en légitimité démocratique.

      • Pour gagner en légitimité démocratique, le Président de la Commission doit être élu par le Parlement Européen, parmi les têtes de liste des partis européens (PSE, PPE, Verts…). Ces derniers doivent aller aux élections européennes, non seulement avec un programme de législature pour l’UE, mais aussi avec un candidat à la présidence de la Commission pour incarner ce programme. Fort de la légitimité que lui donnera son élection au suffrage universel indirect, comme n'importe quel chef de gouvernement à l'échelle nationale, le président de la Commission pourrait se doter de vice-présidents, de rang ministériel. Le Parlement européen devrait pour sa part pleinement intégrer le processus décisionnel de la gouvernance économique européenne, grâce à l’adoption de la procédure de codécision pour les grandes orientations de politiques économique et budgétaire. Les Parlement nationaux devraient y être associés, via leurs commissions compétentes.

      • Le Conseil des chefs d’État et de gouvernement joue un rôle irremplaçable de chambre haute, représentant les nations. Les sujets sur lesquels il décide à la majorité qualifiée doivent être étendus, la périodicité de ses réunions augmentée.

  • Nous devons mutualiser la dette des États européens : nos pays ont un impératif, celui de disposer de ressources nécessaires pour améliorer leur compétitivité. A cet effet, les missions du Fonds européen de stabilité financière doivent être étendues ; il doit pouvoir recapitaliser les banques, notamment celles qui participeraient à la restructuration de la dette grecque. Le FESF doit pouvoir émettre des euro-obligations pour mobiliser l’épargne excédentaire, et l’affecter aux dépenses d’investissement des États membres. Pour prévenir d’éventuelles tensions sur les taux de ces euro-obligations, la Banque Centrale Européenne elle-même doit être autorisée à les racheter.

pselogo2.jpgCette question du gouvernement économique et du contrôle démocratique des outils de politique économique et monétaire est devenue la clé de voûte de la crise européenne, c’est elle qui conditionne la politique de mutualisation et de monétisation des dettes souveraines. L’option intergouvernementale choisie par Sarkozy débouche sur un directoire franco-allemand, marque un recul démocratique jamais vu en Europe, et accouche de l’Europe « austéritaire » et disciplinaire voulue par Mme Merkel et ne manquera pas d'emmener l'Europe à sa perte. C'est donc les fondements que l'accord du 9 décembre 2011 qu'il faut renverser, sous peine de ne même pas avoir la capacité de mettre en oeuvre le programme de François Hollande. La gauche européenne doit impérativement profiter du fait que tous les gouvernements européens sont dos au mur pour imposer son agenda.


Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 08:01

Letchimy.jpgQuelle ironie et quelle mauvaise foi !?! Après avoir attisé les feux de la polémique, la droite anciennement républicaine voudrait aujourd'hui rejeter le mistigri du scandale sur le député du Parti Populaire Martiniquais, Serge Letchimy, ancien Maire de Fort-de-France et successeur d'Aimé Césaire.

Nous rappellerons donc l'origine de tout ceci. Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, après de nombreux dérapages très contrôlés (sur son inquiétude face à l'augmentation du nombre de musulmans, sur l'échec scolaire dont seuls seraient responsables les enfants d'immigrés, etc.) s'est permis de déclarer dans une convention de l'UNI – organisation étudiante de droite, habituée à faire la passerelle avec les nationalistes et aux coups de poings (devant le même auditoire, son ancien membre Éric Raoult s'en est même vanté) – « contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas »[…] qu'il fallait « protéger notre civilisation ». « Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient », argumente-t-il, ajoutant : « celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ».

Il est caractéristique depuis les fameux débats sur « l'identité nationale », organisés par l’État et transformés en défouloir raciste, ou sur « la laïcité », organisé par l'UMP et transformé en charge contre les populations de culture arabo-musulmane, que la parole raciste se soit libérée sans tabou dans toute la droite.

claude-gueant.jpgIl est tout autant caractéristique que M. Claude Guéant se « lâche » dans une réunion à huis clos, où il s'est cru parmi les siens et uniquement parmi les siens, "en famille" ; il a donc parlé à cœur ouvert et exposé son sentiment profond, ce qui en dit long sur ce les idées qui animent et motivent réellement certains membres du gouvernement de la République. On ne remerciera jamais assez l'élève journaliste, ancien de l'UNI, qui a ainsi pu faire sortir les propos tenus par le Ministre dans une réunion militante intitulée « Vaincre pour la France », qui servait à mobiliser les troupes à l'orée de la campagne des élections présidentielles.

Deux idées (dans l'ordre de son intervention) sous-tendent la déclaration du M. Guéant :

  • La gauche serait structurée autour d'une « idéologie relativiste », confondant les valeurs de toutes les civilisations. Alors, je veux entendre beaucoup de choses, notamment sur le fait que les troubles idéologiques existent dans une gauche française et européennes ballotée par les remous de l'offensive néo-libérale et parfois honteuse d'une certaine radicalité au prétexte que les déviations bolchéviques et staliniennes l'auraient à jamais condamné, mais il faudra m'expliquer en quoi la gauche développe des propos relativistes concernant les valeurs universelles issues de la Révolution Française… Je me souviens bien de Jacques Chirac, grand leader gauchiste s'il en est, expliquant lors d'un voyage en Côte-d'Ivoire dans les années 1990 que le régime de M. Houphouët-Boigny (une dictature) était le mieux adapté à la réalité africaine. Je me souviens bien de Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la gauche radicale, qui avant, pendant et après son passage à Matignon n'a de cesse de nous expliquer qu'il faut mesurer la qualité du régime de la Chine Populaire au regard de la spécificité de la Civilisation chinoise sans la condamner. Je me souviens bien de Nicolas Sarkozy recevant en grande pompe et lui proposant d'acheter des centrales nucléaires (heureusement ça n'a pas abouti) le colonel Khaddafi, avant de lancer contre lui une opération militaire 4 années plus tard pour se faire pardonner d'avoir été l'un des derniers soutiens du président Ben Ali en pleine révolution tunisienne… tout est relatif, en effet.
    Par contre, je n'ai pas souvenir que – à part peut-être quelques individualités sombres – les partis de gauche développent des analyses, produisent des formations en direction de leurs militants, relativisant en fonction du pays et des populations concernées les atteintes aux Droits humains (toutes catégories confondues : hommes-femmes, bourgeois-cadres-employés-ouvriers, athées-croyants, etc.). Je n'ai pas entendu à gauche de partis expliquant que les droits de la femme était une préoccupation secondaire dans la péninsule arabique au regard d'autres enjeux ou que les peuples africains ou arabo-musulmans étaient moins aptes que les autres à accéder à l'exercice de la démocratie.

  • Claude Guéant et nombre de cadres de l'UMP développent un argumentaire emprunté à la théorie du « choc des civilisations ». On retrouve dans les propos du ministre de l'intérieur la résonance des discours néo-conversateurs américains sur l'axe du mal, la nouvelle croisade de l'occident face à l'obscurantisme musulman (d'ailleurs Claude Guéant l'a confirmé en cherchant à se défendre en précisant sa pensée mardi 7 février au matin sur Canal + : « Pour moi, ce qui est en cause, c'est la religion musulmane »), une vision manichéenne où il n'y aurait que le « Bien » face au « Mal ». Ce que l'on pourrait encore tolérer dans un discours religieux, éthéré et décrivant peut-être les débats intimes d'une personne croyante sur la qualité de son être ou de son âme, n'a pas sa place dans le débat politique. Plus grave, il vise à réduire toute civilisation – sauf la civilisation européenne ou occidentale – à l'expression de sa minorité la plus sombre, la plus fondamentaliste, la plus caricaturale. Si on écoute Claude Guéant – et puisqu'il est bien clair que c'est la religion musulmane qui serait en cause –, la civilisation arabo-musulmane – et les pays qui participent de son aire géographique, pour que ce type de considération soit encore complétement opérantes à l'heure de la mondialisation – ne pourrait pas produire autre chose que le wahabbisme, le khomeynisme, le salafisme, le djihadisme, et a contrario pour les éviter des régimes dictatoriaux comme ceux de Ben Ali ou de Moubbarak (pour la forme la plus « douce ») ou baassistes (comme en Syrie ou en Irak). Cette analyse a été quelque peu mise à mal par le printemps arabe. Mais cette analyse conduit à légitimer l'intervention extérieure des forces occidentales pour imposer LA liberté et LA culture universelle à des peuples qui seraient sinon incapables d'y accéder par eux-mêmes : on a d'ailleurs vu à quel point ces interventions ont été une réussite, puisque les interventions militaires en Afghanistan, en Irak ou en Libye ont produit des démocraties exemplaires, grâce aux modèle civilisateur qu'est le soldat américain ou européen.

Les présupposés d'une telle réflexion sont parfaitement délirant d'un point de vue éthique et rationnel. Les Européens et les Américains peuvent-ils se prétendre seuls héritiers de la civilisation gréco-romaine ou judéo-chrétienne, oubliant au passage que les fondements de la première lui ont été transmis pour une bonne partie viale monde musulman, qui a connu par ailleurs une richesse culturelle, intellectuelle, artistique et scientifique qui ridiculise parfaitement l'idée que le monde arabo-musulman ne pourrait se réduire qu'à des fondamentalismes. Quels sont par ailleurs les périmètres d'une civilisation ? Monsieur Guéant parle de la nôtre, mais s'agit-il d'une grande civilisation européenne indifférenciée, ou de ce qui fut appelé autrefois la civilisation allemande, la civilisation française, la civilisation hollandaise ?

Les expériences coloniales et esclavagistes des puissances européennes, hispano et anglo-américaines sont-elles déconnectées des valeurs d'une civilisation humaniste européenne ? L'héritage des Lumières et de la pensée rationaliste n'a-t-il donc aucun lien avec les catastrophes fascistes et nazies, qui sont nées, qui ont été en gestation au sein des nations parmi les plus cultivées d'Europe (France, Italie, Allemagne) ? Les ravages des nationalismes européens sont-ils hors sol ? Le totalitarisme léniniste et stalinien ne serait-il donc que la conséquence de la supposée influence « réactionnaire asiatique » dans la culture et la société russe ? La « civilisation européenne » serait pure et vierge de tout défaut ; les horreurs qui ont parsemé notre histoire ne serait donc que des accidents, des éructations animales régressives qui se seraient faufilées prenant par défaut la vigilance de l'esprit supérieur présidant aux destins des peuples issus du continent européen.

La vérité est évidemment différente. À toute époque, il s'est trouvé des moments, parfois longs, très longs, pour trouver des justifications parfaitement construites dans les apports idéologiques, philophiques et spirituels, pour justifier des comportements immoraux, amoraux, barbares et parfaitement indignes de ce que l'on peut concevoir en tant qu'humaniste et que progressiste. L'idée même de supériorité d'une supposée civilisation sur une autre ne fait que renforcer le poids des réactionnaires parmi ceux avec lesquels on les amalgame, il décrédibilise la pertinence des valeurs humanistes et démocratiques. En entretenant la confusion intellectuelle, il permet à toutes les dérives politiques de se renforcer.

C'est tout le sens des propos de Serge Letchimy dont je partage l'intervention mots pour mots [vous pouvez consulter ici le texte précis de son intervention].


La polémique sur les propos de Claude Guéant... par LCP

Il est évident que Claude Guéant et consorts se moquent éperdument de ces considérations. Leur objectif n'est pas de lutter contre les « civilisations » qui seraient contraire aux valeurs humanistes et démocratiques, de sauver toutes les femmes martyrisées du monde comme l'annonçait pompeusement et démagogiquement Nicolas Sarkozy le 7 mai 2007 dans son discours de victoire. Leur objectif est de flatter ceux qui dans la société française ont choisi sciemment ou sont plongés sans l'avoir voulu dans le bain réactionnaire, que la droite française a contribué à renforcer ces dernières années. Leur objectif est de conforter une partie de l'électorat « petit-blanc » en dénonçant à leur vindicte un ennemi fantasmé et en les assurant qu'ils sont comme le Front National en capacité de faire barrage aux « barbares » du Maghreb et du Proche-Orient mais surtout des banlieues françaises. Leur objectif est d'ancrer profondément cette pensée dans l'esprit d'une partie des catégories populaires blanches pour qu'elles considèrent que leur salut viendra de la stigmatisation et de la discrimination de ceux qui vivent les mêmes souffrances, qui sont victimes du même système économique, mais qui ont (à deux ou trois générations près) une origine géographique différente.

Claude Guéant souffle ainsi sur les braises et les ferments de la guerre civile. Il fragilise la République et les valeurs humanistes et démocratiques qu'il dit vouloir défendre et dont en fait il n'a cure car seul compte l'effet électoral à court terme.

claud-gueant-sarkozy_9881.jpgIl semble que Nicolas Sarkozy et ses équipes (car qui pourrait croire que M. Guéant parle sans l'approbation du Président de la République) veuillent approfondir la nouvelle synthèse réactionnaire de la droite française qu'il avait commencée à produire en 2005-2007. Cela expliquerait pourquoi l'UMP réfléchit sérieusement à la capacité d'écarter Marine Le Pen et le Front National pour rassembler sous une seule bannière toutes les droites (en espérant que les centristes et les modérés n'oseront pas se séparer de lui).

Rappelons qu'historiquement la droite a eu en Italie, en Allemagne et en France une responsabilité historique dans l'accession au pouvoir des fascismes, en considérant les partis qui portaient ces idéologies comme fréquentables, leurs discours et leurs propositions comme tolérables et éventuellement recycables.

Une autre responsabilité était venue de la gauche. Le NSDAP d'Hitler a profité de la complicité des conservateurs et des milieux économiques allemands, mais également de la guerre à mort que se livraient le KPD et le SPD. Le rassemblement de la gauche est donc essentiel pour empêcher les idées nauséabondes de progresser dans la société. Mais il est également important que ce type de dérive réactionnaire ne trouve pas l'indifférence comme réponse, au prétexte d'être républicain pour deux ou trois : il est triste que le seul soutien franc et clair à l'égard de Serge Letchimy soit venu de Jean-Luc Mélenchon. Serge Letchimy est certes un député PPM, mais il est apparenté socialiste et un compagnon de route des socialistes comme l'était son mentor depuis des dizaines d'années. Le Parti Socialiste et tous ses membres se grandiraient à apporter un véritable soutien à notre camarade martiniquais ; nous ne pouvons nous contenter de refuser de le dénoncer.

Serge Letchimy a eu raison, Serge Letchimy doit être défendu, Serge Letchimy doit être pris en exemple !

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du Parti Socialiste du Val-d'Oise aux relations extérieures

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 16:05

Sarkozy-Barroso-MerkelDans la nuit du lundi 30 au mardi 31 janvier 2012, 25 des 27 gouvernements représentant les États membres de l'Union Européenne ont mis la touche finale et signé le projet de Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire, exigé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.

Ce projet est pernicieux pour de nombreuses raisons ; il entérine un retour en arrière celui du retour vers un mode de décision intergouvernemental au sein de l'union européenne – à rebours même du projet de TCE ou Traité de Libsonne –, il entérine un renforcement de la technocratie sous l'appellation de gouvernance avec un système de sanction automatique des choix budgétaires de États membres (ce qui est contradictoire même avec l'idée de démocratie politique), il généralise enfin à un niveau inconnu jusqu'ici des logiques ultra-libérales d'austérité au travers de la « règle d'or », définissant comme norme intangible ce qui relève du débat et du choix des citoyens au sein d'une communauté.

Au moment où toutes les institutions économiques, de l'Organisation Internationale du Travail jusqu'aux Agences de notation qui viennent de dégrader la note financière de plusieurs États européens, commencent à s'inquiéter de l’aggravation de la récession qui serait contenu dans une généralisation de l'austérité, c'est justement ce que souhaitent imposer Nicolas Sarkozy et Angela Merkel comme norme indépassable pour la construction européenne.

UnionEuropeenne-copie-3.JPGUn recul en droit international et des risques politiques inconsidérés

Ce projet de traité est ainsi un recul de la construction européenne à plusieurs titres – qui risque par ailleurs d'aboutir à la fin de la construction européenne. Le traité ne parle pas des membres de l'Union, des pays de la zone euro ou autre, mais de parties contractantes (contracting parties). Nous sommes dans le registre du droit privé et commercial pas du traité international, ce qui en dit long sur l'évolution de l'Europe. Ainsi donc, 25 “parties contractantes” vont s'engager à ratifier ce « pacte budgétaire » dans les mois à venir. L'Europe connaît donc désormais trois degrés d'intégration : une zone euro à 17 ; une région d'application du « pacte budgétaire », à 25 ; et enfin, un marché unique à 27. Au mieux, ce fiscal compactn'entrera en vigueur qu'au 1erjanvier 2013, mais à condition qu'au moins 12 États membres de la zone euro le ratifient d'ici là. Même si le traité est désavoué par 5 États de la zone euro, il verra quand même le jour. Tout a été fait pour éviter les psychodrames civiques précédents (non français, néerlandais ou irlandais, votes cafouilleux du parlement slovaque sur le fonds européen de stabilité). Mais, le cas irlandais s'annonce explosif. Un référendum devrait être organisé dans l'année : le gouvernement a prévenu, si les électeurs devaient rejeter le traité, « il serait alors presque impossible (pour la République) de rester dans la zone euro ».

En France, en l'état actuel des forces, aucune majorité n'existe pour faire adopter une « règle d'or » qui serait inscrite en bonne et due forme dans la constitution. « Je rappelle que certains Etats n'ont même pas de majorité constitutionnelle pour ratifier un tel traité », a glissé lundi Martin Schulz, le président du Parlement européen, en ouverture du Conseil, dans une allusion sans détour à la délicate équation française.

Voter le budget ne sera plus l'acte principal de la démocratie

La « règle d’or » veut imposer une stricte discipline financière aux pays de la zone euro, plus contraignante que celle prévue dans le traité de Maastricht. La règle d'or contraint à « un budget général à l’équilibre ou excédentaire ». Au maximum il sera permis que « le déficit budgétaire atteigne 0,5 % du PIB » à moyen terme, sauf cas de force majeure (un événement « hors du contrôle de la partie signataire et qui a un impact sur les finances du pays » ou en cas de « contraction majeure de l’économie telle que l’a définie le pacte de stabilité et de croissance »). Enfin, dans le cas où l’endettement du pays est significativement en dessous de 60 % du PIB et que les circonstances économiques et financières sont très favorables, le pays signataire peut exceptionnellement utiliser l’arme du déficit budgétaire. Mais celui-ci ne doit pas excéder la barre de 1 % du PIB (article 3.1 a, b, c, d).

Pour mémoire, le traité de Maastricht autorisait un déficit de 3 %. Le projet de traité reprend les règles inscrites dans la Loi fondamentale allemande en 2009. C’est oublier ce qu’est un État. Il a le temps pour lui. Il a des missions de défense, de sécurité ou d’investissements sur le long terme qu’il est le seul à pouvoir assumer.

Avec ce traité, les pays européens enterrent toute politique keynésienne ou contra-cyclique. Il ne peut plus y avoir (sauf en cas de crise extérieure) de politique ambitieuse de grands programmes, ou simplement de soutien à l’activité. Au contraire, les critères choisis renforcent la pro-cyclicité des politiques économiques : les gouvernements seront tenus de couper dans les dépenses et de ralentir leurs efforts à chaque retournement de l’activité économique pour respecter l’impératif d’équilibre budgétaire, au risque d'aggraver encore les récessions, livrant ainsi un peu plus les pays à la volatilité des marchés. Et ce sont les mêmes gouvernements qui, après avoir négocié les termes de cet accord, ne cesseront de se plaindre de l’inconséquence et du « court termisme » des marchés.

Notons que l'Irlande et l'Espagne sont passés du jour au lendemain d'une situation respectant les nouvelles règles à une situation gravement détériorée : si le projet de traité avait été en application l'union n'aurait pas été autorisé à les secourir.

La gouvernance contre la démocratie

Sarkozy et Merkel veulent empêcher à l'avenir que l'on autorise la même « légèreté » qui fut offerte à leurs pays en 2004 (les deux États n'avaient pas été sanctionnés comme prévu par le Traité de Maastricht). Pour éviter toute « faiblesse » à l’avenir, les sanctions deviendront automatiques.

« Les parties signataires qui font l’objet d’une procédure pour déficits excessifs devront instaurer un programme d’assainissement budgétaire et financier, comprenant le détail des réformes structurelles à mettre en place en vue de corriger ces déficits excessifs. » « Ces programmes seront soumis à la Commission européenne et au Conseil européen et leurs suivis seront réalisés dans le cadre de la procédure de surveillance inscrite dans le pacte de stabilité et de croissance. » « Leur réalisation et les budgets annuels seront surveillés par la commission et le conseil européen » (article 5).

Enfin, « quelque parti contractant considérant qu’un autre parti contractant ne satisfait pas à l’article 2(sur les mécanismes automatiques de correction des déficits)peut saisir la cour européenne de justice ou demander à la commission européenne de dresser un rapport sur le sujet » (article 7).

L’Europe, censée avoir été érigée pour défendre la démocratie abandonne toute référence au droit, à la politique, au débat. Les abandons massifs de souveraineté qui sont demandés à l’ensemble des pays européens ne sont pas récupérés à un stade supérieur, sous forme par exemple d'une plus grande solidarité entre États membres. Les sanctions sont automatiques. Des pays peuvent porter plainte contre d’autres.

La cour de Justice peut s’ériger comme référence suprême, dire ce que doit être un budget national. Mais jamais le Parlement européen. Des sanctions pécuniaires peuvent être imposées aux pays « déviants ». Mais à aucun moment, il n’est question de solidarité, d’entraide, de transfert budgétaire pour venir aux pays en difficulté. Ce qui est pourtant une des grandes questions pour l'avenir de la zone euro.

L'intergouvernementalité supplante les trois piliers institutionnels

Nicolas Sarkozy veut faire croire qu'il a emporté une concession d'Angela Merkel : le gouvernement économique européen. Avant la crise grecque, Berlin ne voulait pas en entendre parler. Principale innovation : un sommet de l'Euro qui va réunir les chefs d’État de la zone euro.

Ces sommets seront réservés aux membres de la zone euro, sauf s'ils viennent à débattre de certains sujets décisifs, comme la réforme des traités, ou l'architecture de la zone euro en tant que telle. Pas franchement décisif pour la sortie de crise

Les signataires s'engagent à « communautariser », d'ici à 5 ans, ce texte « inter-gouvernemental ». C'est-à-dire d'intégrer au droit communautaire, garanti par la Commission européenne, ces quelques pages rédigées à la va-vite, en quelques semaines, entre la mi-décembre et la mi-janvier.

Cet article a été malheureusement accueilli favorablement par les élus du Parlement européen, qui y voient une clause de sauvegarde du projet européenEn décembre, le choix de Londres de ne pas participer au traité avait en effet mis en sommeil la méthode « communautaire », au profit d'une logique « inter-gouvernementale » plus efficace, pour rassurer les marchés.

L'alternative est nécessaire pour sauver la construction européenne

De telles mesures sont autrement plus dangereuses pour la construction européenne que l'ensemble des erreurs précédemment accumulées (Amsterdam, Nice, TCE, Lisbonne). Il met fin à la solidarité européenne, il institutionnalise définitivement la concurrence entre États membres, il rend l'Union impuissante à répondre à la crise économique, il renforce une méthode intergouvernementale que les peuples européens ne supportent plus considérant à juste raison qu'elle les tient à l'écart des décisions engageant leur avenir (avec par ailleurs des gouvernements qui profitent pour se déclarer irresponsables).

Il faut donc impérativement revenir sur cet accord, a minima le renégocier, et surtout lui substituer une alternative.

FrancoisHollandeFrançois Hollande, en tout cas, a déjà prévenu qu'il voulait « renégocier » ce futur traité européen, dont la rigueur et la coercition sont les maîtres mots. Ou plutôt, si l'on a bien écouté son intervention sur France-2 jeudi 26 janvier au soir, qu'il souhaitait y inclure un volet sur le soutien à la croissance, sans retoucher au reste. Le candidat socialiste a aussi annoncé son intention d'engager des négociations au plus vite avec Angela Merkel s'il est élu.

Cependant inclure un volet sur le soutien à la croissance ne permet en aucun cas de revenir sur les principaux dangers de ce texte qui sont démocratiques et économiques. De même, on voit mal en quoi un nouveau Traité de l’Élysée avec l'Allemagne viendrait transformer la donne politique si la discussion se situe sur les mêmes bases.

Comme toujours au niveau européen, il n'est pas possible d'aller à la négociation en intériorisant (parfois à tort d'ailleurs) le fait que nos positions soient a prioriminoritaires. Une telle posture implique que nous préférions défendre dès le départ une position que nous considérons déjà comme un compromis, pour finir encore par reculer sur ce « compromis ».

AubryDuflotDe 2009 à 2011, le PS français – qui avait longtemps considéré ses relations au sein du PSE de la même manière – a changé de cap, sous la conduite de sa première secrétaire Martine Aubry : il a convenu que, la crise du système financier international capitaliste aidant, il pouvait défendre des positions offensive et rallier tout ou partie de ces partenaires à tout ou partie de ses positions politiques. Le PSE défend depuis une vision politique et économique opposée à l'austérité et en faveur d'un renforcement de la démocratie dans la construction européenne ; son précédent président Poul Nyrup Rassmussen et Martine Aubry ont été les principaux acteurs de cette évolution.

Le candidat François Hollande, et sans doute futur président de la République, devrait en tirer la leçon pour agir de la sorte avec ses futurs partenaires européens, y compris la Chancelière allemande – dont le modèle commence peu à peu à se fissurer, bien que Nicolas Sarkozy soit le dernier à ne pas (vouloir) le voir.

henri_weber.jpgFrançois Hollande pourrait ainsi s'inspirer de notre camarade député européen Henri Weber qui exposait avec clarté l'orientation socialiste pour la construction européenne dans une tribune publiée par Libération le 3 janvier 2012 :

« On est là au cœur de la crise : le principe de la décision à l’unanimité sur les questions qui fâchent fait de l’UE une «machine incapacitante». Dès le début, le PS (Pierre Bérégovoy en 1992) a demandé qu’il y ait un pilote dans l’avion : un gouvernement économique européen. C’était alors un mot tabou. Nul n’en conteste plus le principe, pas même Angela Merkel. Le débat porte désormais sur son périmètre, ses fonctions, son architecture institutionnelle. S’agissant du périmètre, l’amélioration de la gouvernance économique européenne doit concerner idéalement tous les États de l’Union, et pas juste ceux de l’Eurogroupe. Mais les États les plus «eurovolontaires», ceux qui veulent aller plus vite et plus loin dans le sens de l’intégration, doivent pouvoir le faire dans le cadre des «coopérations renforcées» et des accords intergouvernementaux. La progression de la construction européenne se fera de façon différenciée, par cercles concentriques. Avec l’ambition d’accueillir à terme tous les États membres dans le cercle le plus intégré.

Les fonctions du gouvernement économique, elles, se résument à trois : coordination des politiques budgétaires des États membres, mise en œuvre des politiques communes, conduite d’une politique active des changes. Quant à l’architecture institutionnelle, elle doit respecter la spécificité de la construction européenne : pour les socialistes, il s’agit d’une «fédération d’États-nations», plus qu’une simple confédération, mais moins qu’un État fédéral transnational.

Les trois piliers de l’autorité européenne doivent donc être simultanément renforcés. La Commission européenne doit être le siège de la gouvernance économique. Garante des traités, c’est elle qui examine les budgets nationaux, avant leur adoption, dans le cadre des «semestres européens» ; communique ses recommandations aux États membres, et demande des sanctions au Conseil européen. Pour assumer ce rôle, elle doit gagner en efficacité et en légitimité démocratique. Son président doit être élu par le Parlement de Strasbourg, parmi les têtes de liste des partis européens (PSE, PPE, Verts…). Ces derniers doivent aller aux élections européennes, non seulement avec un programme de législature pour l’UE, mais aussi avec un candidat à la présidence de la Commission pour incarner ce programme. Il faut revenir sur la décision funeste, emportée par Sarkozy en 2008, qui garantit un commissaire à chaque État membre de l’Union, privilégier la compétence sur la représentativité. Fort de la légitimité que lui donnera son élection au suffrage universel indirect, le président de la Commission se dotera de vice-présidents, de rang ministériel, sur le modèle de l’actuelle haute représentante aux Affaires extérieures de l’UE (Mme Ashton). En priorité, il fera du commissaire aux Affaires économiques et financières le ministre de l’Économie et des Finances de l’UE : à la fois vice-président de la Commission, président de l’Ecofin (Conseil européen des 27 ministres de l’Économie et des Finances des États membres) et président de l’Eurogroupe, participant de droit au Conseil européen.

Dans l’Europe à plusieurs vitesses dans laquelle nous sommes entrés, le Conseil des chefs d’État et de gouvernement joue un rôle irremplaçable de chambre haute, représentant les nations. Les sujets sur lesquels il décide à la majorité qualifiée doivent être étendus, la périodicité de ses réunions augmentée. Le Parlement européen devrait pour sa part pleinement intégrer le processus décisionnel de la gouvernance économique européenne, grâce à l’adoption de la procédure de codécision pour les grandes orientations de politiques économique et budgétaire. Les Parlement nationaux devraient y être associés, via leurs commissions compétentes.

Cette question de la gouvernance est devenue la clé de voûte de la crise européenne, c’est elle qui conditionne la politique de mutualisation et de monétisation des dettes souveraines. L’option intergouvernementale choisie par Sarkozy pour promouvoir en réalité un directoire franco-allemand débouche sur le «trop peu, trop tard» qui caractérise les décisions des sommets européens depuis deux ans. Elle accouche de l’Europe «austéritaire» et disciplinaire voulue par A. Merkel. La gauche européenne doit mettre à profit la crise paroxystique que traverse notre Union pour relancer la démarche communautaire. »

Hamon28mai2011.jpgSi le candidat ou futur président n'en prend pas seul la mesure, cela sera à nouveau à la gauche du PS - et peut-être à certains de ses partenaires - de lui rappeler les enjeux du débat et de la nécessité de ne pas être en dessous de ce qu'exige son engagment européen et la sauvegarde de la souveraineté populaire.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 08:37

Je veux porter à votre connaissance cette action que je juge scandaleuse : alors que le parquet a réclamé un non-lieu pour les policiers qui ont procédé à une interpellation particulièrement violente ayant entraîné la mort de ce sexagénaire en juin 2009, la Préfecture a exigé et opéré au retrait de la plaque qui avait été déposée le samedi 14 janvier 2012 en présence de la population, du collectif "Justice & Vérité" pour Ali Ziri, des associations, des partis de gauche et des élus. La préfecture cède ainsi à la pression corporatiste d'une partie des représentants des policiers nationaux.

Une nouvelle manière d'illustrer la volonté de couvrir des bavures policières et un racisme institutionnel rampant.

Frédéric Faravel

Plaque-ali-ziri-26-janvier-2012.JPG

Le Parisien - édition du Val-d'Oise du 26 janvier 2012

Plaque-retiree-le-Parisien-du-1er-fevrier-2012.JPG

Le Parisien - édition du Val-d'Oise du 1er février 2012

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 08:11

ladroitecestlaTVA.JPG

L'émission (quasi-)unique, proposée hier soir aux téléspectateurs français aura au moins permis de remettre quelques pendules à l'heure.

Pas sur le statut du président-candidat, qui a encore trouvé une pirouette hypocrite et pathétique, pour prolonger la théorie de suspense sur sa candidate… Pas sur une volonté réaffirmée de protéger les Français et notamment les classes moyennes, au nom desquelles le locataire de l’Élysée s'était élevé contre les propositions de François Hollande, censées êtres des attaques en règle contre celles-ci…


Non, Nicolas Sarkozy nous a démontré encore une fois ce soir qu'il était bien le point de convergence d'une droite française en échec et qui tend à pousser la société vers l'abîme avec elle.

Quelle ironie de prendre une bonne vingtaine de fois comme modèle, comme exemple absolu, la République fédérale allemande, dans sa version conservatrice comme dans sa version dite « sociale-démocrate » (alors même que le SPD a rompu avec les recettes précédentes de Schröder), quelques jours à peine après que l'Organisation Internationale du Travail vienne de démontrer que la politique économique et sociale allemande avait mené depuis 10 ans l'ensemble de l'économie européenne dans le mur [lire l'article sur le sujet ici].

Évidemment, le quinquennat commencé au Fouquet's se terminera dans le service fait aux mêmes catégories aisées : augmentation de la TVA sans augmentation des salaires nets, mesures en faveur des propriétaires de logements, casse des 35 heures. On aura également bien compris que le président n'était pas un mensonge près, connaissant les effets néfastes de la hausse de la TVA pour les classes populaires et moyennes et le fait que cela ne pourrait servir que les dirigeants d'entreprises, puisqu'il a – en direct – expliqué qu'il n'avait jamais promu la « TVA sociale » ni utilisé cette expression. On lui rappellera que cette expression il l'avait utilisé lui-même dans un discours enregistré devant les députés UMP entre les élections présidentielles et les élections législatives en 2007, expliquant que si elle est bonne pour les classes populaires et efficace contre les délocalisations, elle serait mise en place et que, dans le cas contraire, elle ne sera pas mise en place. La « TVA sociale » a dû être considérée comme mauvaise en juin 2007, surtout après quelques pertes de circonscriptions, mais désormais elle serait donc à nouveau parée de toutes les vertus. Va comprendre…


Nicolas Sarkozy a cependant une raison de se rassurer et de s'inquiéter tout à la fois (bien qu'il semble être dans une optique plus proche de "Après moi le déluge..." que de celle d'être inquiet de ce qui se passerait sans lui).

La nouvelle synthèse de la droite qu'il avait conduite en 2006-2007 est en passe de s'élargir sur deux fronts. Sa seule difficulté tiendra en sa capacité ou non à rassembler des partis et des personnalités politiques qui se rassemblent sur l'économie mais se séparent sur l'Europe et la question des discriminations. Nicolas Sarkozy est aujourd'hui le point de rencontre de toute la droite, depuis les centristes jusqu'au Front National.

Regardons François Bayrou et son MODEM. Alors que certains à gauche en avaient fait jusqu'à voici quelques semaines encore un nouvel acolyte « naturel » de la gauche, la campagne présidentielle permet de rappeler ses positions politiques réelles : augmentation de 2 points de TVA, règle d'Or budgétaire, régression importante sur les retraites… D'ailleurs, si quelques uns étaient encore tentés de douter (comme un ancien maire d'Epinay-sur-Seine), on jugera de la réalité à l'aune des ralliements à la candidature de François Bayrou : imagine-t-on Philippe Douste-Blazy, Alain Lambert ou Jean Arthuis, ministres ou soutiens d'un gouvernement de gauche ? Le programme économique de François Bayrou pourrait être mise en œuvre par François Fillon ou Nicolas Sarkozy. Contrairement aux fausses confidences dans Le Parisien, ce n'est pas vers une alliance avec la gauche et derrière François Hollande que le président du MODEM vise. Il espère doubler Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy pour pouvoir affronter le candidat de gauche, et rassembler derrière lui la droite qui lui permettrait de constituer une majorité parlementaire.

Marine Le Pen, quant à elle, aura beau moqué les traditionnelles retraites ultra-libérales du président-candidat, mais sa politique économique – une fois mise de côté la très hypothétique sortie de l'euro (mais pas de la monnaie commune semble-t-il) – ne diffère pas tant de celle de Nicolas Sarkozy ou de François Bayrou. Hausse de 3 points de la TVA, priorité aux chefs d'entreprises, fin des 35 heures et flou énorme du FN sur les retraites (qui croire entre Marine et Jean-Marine, sur le retour ou non de la retraite à 60 ans ?). Claude Guéant et la Droite populaire servent de passerelles en termes nationalistes et xénophobes entre le FN et l'UMP, instillant parmi la droite les idées nauséabondes qu'elle était censée avoir abandonné depuis le milieu des années 1980 avec Jacques Chirac (rappelons que le jeune Alain Juppé avait juste auparavant sorti des tracts lors d'une campagne municipale dans le XVIIIème arrondissement dénonçant l'invasion de l'immigration). Marine Le Pen de son côté est en train de réussir son opération de banalisation du Front National ; elle fonctionne sur deux registres : anti-système, recueillant tous les déçus des erreurs politiques commises depuis 40 ans et tous les opposants au système démocratique qui jugent la République et les hommes politiques tous corrompus ; au sein du système, car « grâce » à elle, le FN serait devenu un parti comme les autres que des électeurs traditionnels de la droite républicaine ou de la gauche socialiste seraient près à rejoindre en la confondant avec Gianfranco Fini.

Ainsi elle-même, tout en développant des propositions politiques et économiques qui conduirait par l'austérité tout aussi bien la France au bord de l'abîme, que le reste de la droite française, joue-t-elle désormais le même objectif que François Bayrou : dépasser Nicolas Sarkozy et tenter d'imposer son leadership sur une droite française en recomposition.

C'est là l'un des enjeux de la campagne des présidentielles. Nicolas Sarkozy, devenu définitivement candidat, parviendra-t-il (il a déjà montré une capacité à rebondir comme d'autres roublards talentueux) à convaincre centristes et national-populistes de se rassembler derrière sa candidature au 2nd pour faire barrage à une gauche plus ou moins offensive ? Son leadership réaffirmé, il conduirait alors une nouvelle synthèse, écrasant définitivement les dernières velléités de l'indépendance centriste qui auront sombré avec François Bayrou, capable d'intégrer une partie de l'extrême droite populiste dans la majorité…

Ou la droite entrera-t-elle sous le leadership d'un président Bayrou, qui perdrait cependant une partie de la Droite populaire, ou d'une Marine Le Pen chef de l'opposition, dans une phase de recomposition, dont personne ne peut dire aujourd'hui quelle bête immonde émergera ?

La victoire de la gauche en mai et en juin prochains si elle sait se rassembler et si elle sait être plus offensive, durant le mandat qui s'ouvrira, qu'elle ne l'est aujourd'hui, est nécessaire non seulement pour le redressement économique et social de la France, mais également pour l'avenir de notre démocratie.

Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 18:19

 

Barack Obama, un Président-Candidat en campagne qui n'a rien perdu de son ambition pour son pays et pour son peuple dans le sens de plus d'égalité : restaurer la justice fiscale, réguler le marché, lutter contre les délocalisations, favoriser les relocalisations, contrer la concurrence déloyale de la Chine, développer les économies d’énergie et l’économie verte et investir dans la recherche, l’éducation et la formation.

« un pays, a dit Barack Obama,  qui soit leader mondial dans l’éducation, développe ses industries de pointe, ne dépende plus de zones à risques pour sa sécurité énergétique, dont l’économie soit durable, où le travail rapporte et la responsabilité soit récompensée ».

« Certains appelleront cela la lutte des classes, a lancé Barack Obama à ses adversaires républicains qui l’accusent de vouloir l’organiser, mais la plupart des Américains n’y verront, a-t-il dit, que du bon sens ».

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 17:00

Sans contestation possible, François Hollande, candidat du Parti Socialiste et du Parti Radical de Gauche, a réussi son entrée en campagne et son discours du Bourget. Devant plus de 20 000 militants et sympathisants, au cœur d'une scénographie inspirée des conventions démocrates (et des congrès de l'UMP sous Nicolas Sarkozy…), le candidat a pris une posture combattive, visant à démontrer son volontarisme et à répondre à une partie de l'électorat de gauche qui s'interrogeait sur son positionnement politique et s'inquiétait de son profil centriste.
François Hollande a donc rassuré par un discours, qui – malgré sa longueur (près d'1h30) – était en fait largement allégé par une bonne dose de storytelling. Pour ceux donc qui craignait le contraire celui veut être le futur président de la République sera bel et bien un président de gauche, de centre gauche certes, et non un président centriste.

3003945
Un discours pour rassurer le peuple le gauche
Il y a quelques signes qui ne trompent pas ; bien sûr la presse a fait ses titres sur l'ancrage à gauche du discours du candidat socialiste, mais elle est si modérée habituellement que ce n'est pas forcément sur elle qu'il faut fonder son analyse de la perception extérieure du discours ; de fait, dans la presse, les deux principaux titres critiques de la gauche, L'Humanité et Médiapart, saluent de fait cet ancrage : Michel Guilloux note « un discours de gauche, bien loin des eaux tièdes sociales-libérales d'il y a cinq ans ou du “le politique ne peut pas tout” d'il y a dix ans » et la rédaction de Médiapart – qui pointait la veille encore le programme flou du candidat – titrait « François Hollande s'installe à gauche ».
Le président du Conseil général de Corrèze n'a en vérité pas lésiné sur les symboles, tant dans le vocabulaire que dans certaines des propositions qu'il a avancées, surprenant par la même les médias et son équipe (qui avait annoncé un discours généraliste et non un discours programme). Si l'appel à la mémoire historique de la gauche reste très modérée – évocation consensuelle en République de la Révolution Française et de la Résistance (quant 1936 est presque oublié), et passage obligé par 1981, le seul intellectuel "mobilisé" est Albert Camus –, la volonté d'inscrire la Loi de 1905 dans la constitution (au-delà de l'inscription du simple principe de laïcité) et surtout la dénonciation de la finance et de l'argent-roi démontrent la volonté de François Hollande de s'inscrire dans la filiation d'Aristide Briand et de François Mitterrand.

Deux passages resteront comme les marqueurs de ce discours et de cette volonté de parler à la gauche :
« Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. »
« … j’aime les gens, quand d’autres sont fascinés par l’argent. »


Tactiquement donc, le rassemblement du Bourget est une réussite ; il a débordé les critiques de la droite qui ne s'attendait pas à ce qu'il fasse des propositions et il a parlé à la gauche qui ne s'y attendait pas forcément non plus. Sans doute, est-ce l'une des raisons de l'inquiétude croissante dans le camp conservateur, illustrée par l'interview particulièrement hors sol et paniquée d'Henri Guaino, lundi 23 janvier 2012 au matin sur France Inter.


Des innovations, des précisions et … des reculs
Le candidat socialiste a donc aligné des propositions relativement nombreuses qui devraient encore être complétés jeudi en conférence de presse et dans une émission télévisée.
Il s'inscrit dans l'économie générale du projet socialiste – ou de l'accord de majorité parlementaire conclu entre le PS et Europe-Écologie Les Verts – mais s'en écarte à de très nombreuses reprises, soit pour apporter des innovations souvent positives, soit pour opérer des reculs politiques relativement importants.

Revue de détail :

[vous trouverez le détail des propositions faites par le candidat Hollande le 22 janvier 2012 au regard du Projet du Parti Socialiste ou de l'accord de majorité parlementaire PS-EELV en cliquant ici]


Le discours du candidat reste par contre ambigu sur des points d'importance.

La question sociale est finalement peu traitée et surtout rien n'est dit sur la question salariale ; l'annonce sympathique, faite par le candidat sur la radio publique Le Mouv' lundi 23 janvier 2012, de la création d'une notation sociale des entreprises (revendication de la CFDT) ne vient pas encore – et de loin – compenser ce manque qui devra être précisé – espérons-le – jeudi 26 janvier.


centrale-nucleaireNoël Mamère a depuis dénoncé une autre impasse du discours : l'écologie. C'est vrai que le sujet est assez peu traité (hors la rénovation thermique des logements). Mais surtout le candidat, s'il maintient son engagement de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici 2025, lance une véritable provocation à l'égard des écologistes en revendiquant une industrie nucléaire forte qui inventerait les « technologies et les progrès de demain » (ce qui est en soi relativement contestable).


UnionEuropeenneMais le flou est assez important sur la construction européenne. Il est évidemment impossible de mettre en cause l'engagement européen du candidat qui redouble d'assaut pour le réaffirmer. Ses propositions s'alignent sur celles du PS et de la gauche en général quant à la demande répétée d'une intervention plus forte de la BCE pour soutenir les États et la création d'Eurobonds. Mais on ne comprend pas très bien ici l'utilité d'un nouveau Traité de l’Élysée avec l'Allemagne quand le candidat aura fort à faire déjà pour renégocier le projet de traité Merkozy. Enfin, le candidat avalise de fait une discipline budgétaire européenne comme moyen de convergence économique des principaux États membres qui ne peut fonctionner si l'Union Européenne n'est elle-même pas un acteur économique et budgétaire de premier plan : il conviendrait ici de réaffirmer la nécessité d'un véritable budget européen, avec des recettes autonomes, la capacité de recourir à l'emprunt ; il faudrait également rompre avec la logique de l'intergouvernementalité qui a échoué et que Merkel et Sarkozy veulent renforcer. Ce n'est pas de gouvernance dont a besoin l'UE mais d'un gouvernement démocratique où le parlement européen serait le fondement de la légitimité politique du Président de la commission. Henri Weber a fait à ce sujet une excellente tribune dans Libération (le 3 janvier 2012) et sans se faire taper sur les doigts [cliquer ici pour lire l'article] ; François Hollande serait bien inspiré de la relire.


Le candidat doit encore répondre à deux enjeux stratégiques
zoneEuroPSLe premier et le plus évident est de savoir comment un futur président de la République de gauche peut combattre l'adversaire, que François Hollande s'est lui-même fixé «le monde de la finance», en s'étant fixé un plan de charge difficilement réalisable et qui semble être fait pour répondre aux injonctions du système financier néo-libéral : l'objectif de porter à 3 % du PIB le déficit public en 2013 (objectif qu'avait également affiché Martine Aubry, sans que cela soit plus réaliste) puis de rétablir l'équilibre pour la fin du mandat imposera de fait une austérité budgétaire assez contradictoire avec l'ambition affichée par la gauche. On voit mal comment les dépenses nouvelles seraient compensées par des économies nouvelles avec en plus un tel carcan. D'autre part, tout écart sur ce projet serait immédiatement interprété comme un échec par les marchés qui ne manqueraient pas de nous le rappeler. Espérons que le candidat sera amené à réviser une position, que personne à gauche ne lui demande, surtout après la perte du « triple A ».


Enfin, le second enjeu est clairement exprimé par son concurrent de gauche, Jean-Luc Mélenchon : il s'agit du rapport que le candidat entretient avec les partenaires de la gauche. Si Jean-Pierre Chevènement semble déjà préparer son ralliement au candidat socialiste, les différents épisodes de la relation aux écologistes ont complexifié la relation. Le manque évident – et sans doute temporaire – dans les axes du candidat sur la question sociale (salaire, conditions de travail, retraites) et les ambiguïtés vis-à-vis du centre troublent fortement les échanges avec le Front de Gauche, alors même le candidat commun du PCF, du PG, de GU et de la FASE a largement modéré son discours.


ll y a un moment où la question de votre rapport à M. Hollande va se poser, en particulier en vue du second tour…
Vous admettrez que je prépare ce moment avec beaucoup d'énergie. Car ce sera bien différent selon que le Front de gauche fera 5 % ou 15 %. S'il est à 15 %, il va falloir que le PS arrache un paquet de pages de son programme pour coller les nôtres s'il veut convaincre nos électeurs. Est-ce qu'ils pensent qu'ils vont attraper nos électeurs avec ce tract dans lequel ils réduisent la retraite à 60 ans aux seules carrières longues ? Croient-ils les convaincre avec pour seul argument que M. Sarkozy est un agité ? C'est totalement insuffisant. Il faut proposer un contenu radicalement alternatif. Nous le faisons.
Vous pensez donc qu'il y a une stratégie délibérée de la campagne Hollande de ne surtout rien exposer ?
Je ne m'explique pas son comportement. La campagne me paraît très en dessous de tout ce que je connais du mouvement socialiste. C'est quand même une élection majeure ! Si moins de 100 jours avant, ils n'ont toujours rien à dire, c'est qu'il y a un problème. Moi, j'ai fait campagne pour la retraite à 60 ans, les 35 heures, etc. C'est quoi le socialisme pour eux ? Le contrat de génération ? Pour moi, c'est la planification écologique, la VIe République, les conquêtes sociales… En ce sens, je me trouve être aussi un candidat des socialistes.
A vous entendre, vous paraissez inquiet ?
A force, oui. Ils gèrent leurs acquis, sans plus. Et ils se vident de leur sang. Hollande devrait s'en rendre compte ! Si vous regardez les sondages aujourd'hui, le niveau de la gauche face à la droite est très bas : on est à peine à 40 %. La méthode de campagne de François Hollande fragilise la gauche : un programme commun avec les Verts illisible, un refus obstiné de la discussion avec notre mouvance, et une certitude aveuglée qu'il suffira de paraître pour rassembler.
Interview de Jean-Luc Mélenchon pour Lemonde.fr le 21/01/2012


François Hollande a un peu commencé à répondre à Mélenchon ce week-end. Mais il n'est pas possible de donner l'impression que tout sera fait pour ménager le MODEM et l'électorat centriste, c'est-à-dire retirer du programme tout ce qui pourrait sérieusement effaroucher François Bayrou et ses adeptes. On sent d'ailleurs qu'à l'ambiguïté de l'équipe Hollande – ambiguïté renforcée par des déclarations annexes laissant à penser qu'une alliance est possible (ce qui rendrait du même impossible les alliances à gauche), comme l'un des derniers tweets de Bruno Le Roux (ci-dessous) – répond l'ambiguïté de l'équipe de François Bayrou : Marielle de Sarnez le dimanche 22 janvier n'a rien exclu, Jean-Luc Benhamias n'a contesté lundi 23 janvier au matin que la forme du discours du Bourget mais aucune proposition.

LeRouxMODEM
C'est aux socialistes de fixer le périmètre de la majorité et non à ceux qui ont toujours fait partie de nos adversaires politiques d'en décicer.


Autant de précisions et de réponses attendues à partir de jeudi prochain.


Frédéric Faravel
Secrétaire fédéral du PS Val-d'Oise aux relations extérieures

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 10:37

Nous voulons l’égalité femmes-hommes, MAINTENANT !

logo.pngNous entendons souvent que l’égalité entre les femmes et les hommes serait acquise. Et pourtant, en 2012, le quotidien des femmes reste marqué par les inégalités salariales, la précarité, les violences physiques, sexuelles et psychologiques, les difficultés d’accès à l’avortement et à la contraception, les stéréotypes sexistes…

Bien sûr, des droits ont été gagnés, et heureusement. Il y a 50 ans, les femmes de ce pays ne pouvaient ni ouvrir de compte en banque sans l’autorisation de leur mari, ni avorter, ni porter plainte pour viol conjugal. S’il en est autrement aujourd’hui, c’est grâce aux mobilisations féministes qui ont porté ces combats. C’est aussi parce que les politiques, à certains moments, ont su entendre ces revendications et faire preuve de volonté pour les transformer en avancées législatives.

Malgré la défiance grandissante dans notre pays vis-à-vis de l’action politique, nous croyons encore que celle-ci peut changer les choses. Mais nous savons aussi combien elle peut faire régresser l’égalité lorsque les responsables politiques méprisent les conquêtes collectives. Les droits des femmes ne sont jamais définitivement acquis. Ils appellent une vigilance permanente.

Dans les débats qui entourent les élections présidentielles, l’égalité entre les femmes et les hommes est toujours passée à la trappe. Nous exigeons qu’en 2012 l’égalité soit enfin inscrite à l’agenda politique. Les grands discours et les mesurettes sont inutiles : nous voulons des engagements précis et des résultats concrets.

Candidates et candidats à l’élection présidentielle, vous n’aurez pas nos voix si vous ne mettez pas l’égalité femmes-hommes au programme.

Nous, femmes et hommes engagé-e-s pour l’égalité, nous voulons l’égalité maintenant !

J'ai signé ! Et vous ?

Pour signez l'appel, CLIQUEZ ICI.

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