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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 14:32

Le 21 janvier est une date anniversaire importante.

Certains y voient l'un des passages obligés de la Révolution française, avec l'exécution de Louis XVI, jour où la République rompt enfin de manière radicale et définitive avec une vision monarchique, religieuse et sacrée de la société et de la communauté. Ne comptez donc pas sur moi pour tenir des propos révisionnistes sur l'Histoire et regretter que l'héritier des Bourbons aient payé de sa vie les crimes de sa dynastie et de sa caste, tout comme les siens propres.

Je vois également quelques camarades verser une larme sur le 90 ans de la mort de Vladimir Illitch Oulianov dit Lénine. Autant je peux à la rigueur comprendre que certains de nos camarades communistes conservent une approche sentimentaliste de leur propre histoire et fiction politiques. Mais j'avoue comprendre moins, quand de jeunes camarades socialistes l'intègrent dans leur propre Panthéon fictionnel. Il y a là sans doute une tâche à parfaire pour ceux qui sont engagés à la gauche du PS afin de rétablir quelques éléments de formations historiques et idéologiques, indispensables à ceux qui veulent promouvoir le socialisme démocratique.

rosa-luxemburg-older-rlsmedium_blum.2.2.jpgLa lecture du discours de Léon Blum prononcé le 27 décembre 1920 lors du congrès de la SFIO, qui vit deux-tiers des délégués du parti voter pour rejoindre la IIIème Internationale, est un premier antidote contre des fantasmes historico-politiques malsains.

J'ajouterai à cette saine lecture celle de la brochure de Rosa Luxemburg intitulée Questions d'organisation de la social-démocratie russe et paru en 1904 dans dans l'Iskra, organe de la social-démocratie russe, et dans Die Neue Zeit revue théorique de la social-démocratie allemande. Cet ouvrage polémique, est la réponse de Rosa Luxembourg aux conceptions d'organisation du parti développées par Lénine dans l'ouvrage Un pas en avant, deux pas en arrière.

Lenine_petit_chat.jpgC'est une analyse acérée des débats internes aux sociaux-démocrates de l'Empire russe qui venaient de se diviser entre Bolcheviks, Mencheviks et Bund (parti social-démocrate yiddish de Pologne, Lituanie et Russie). C'est un texte visionnaire qui sait déceler dès cette date tous les germes du totalitarisme léniniste.

bonne lecture.

"La tâche sur laquelle la social-démocratie russe peine depuis plusieurs années consiste dans la transition du type d'organisation de la phase préparatoire où, la propagande étant la principale forme d'activité, les groupes locaux et de petits cénacles se maintenant sans liaison entre eux, à l'unité d'une organisation plus vaste, telle que l'exige une action politique concertée sur tout le territoire de l'État. Mais l'autonomie parfaite et l'isolement ayant été les traits les plus accusés de la forme d'organisation désormais surannée, il était naturel que le mot d'ordre de la tendance nouvelle prônant une vaste union fût le centralisme. L'idée du centralisme a été le motif dominant de la brillante campagne mence pendant trois ans par I'lskra pour aboutir au congrès d'août 1903 qui, bien qu'il compte comme deuxième congrès du parti social-démocrate, en a été effectivement l'assemblée constituante. La même idée s'était emparée de la jeune élite de la social-démocratie en Russie.

Mais bientôt, au congrès et encore davantage après le congrès, on dut se persuader que la formule du centralisme était loin d'embrasser tout le contenu historique et l'originalité du type d'organisation dont la social-démocratie a besoin. Une fois de plus, la preuve a été faite qu'aucune formule rigide ne peut suffire lorsqu'il s'agit d'interpréter du point de vue marxiste un problème du socialisme, ne fût-ce qu'un problème concernant l'organisation du parti.

Le livre du camarade Lénine, l'un des dirigeants et militants les plus en vue de l'Iskra, Un pas en avant, deux pas en arrière, est l'exposé systématique des vues de la tendance ultracentraliste du parti russe. Ce point de vue, qui y est exprimé avec une vigueur et un esprit de conséquence sans pareil est celui d'un impitoyable centralisme posant comme principe, d'une part, la sélection et la constitution en corps séparé des révolutionnaires actifs et en vue, en face de la masse non organisée, quoique révolutionnaire, qui les entoure, et, d'autre part, une discipline sévère, au nom laquelle les centres dirigeants du parti interviennent directement et résolument dans toutes les affaires des organisations locales du parti. Qu'il suffise d'indiquer que, selon la thèse de Lénine, le comité central a par exemple le droit d'organiser tous les comités locaux du parti, et, par conséquent, de nommer les membres effectifs de toutes les organisations locales, de Genève à Liège et de Tomsk à Irkoutsk, d'imposer à chacune d'elles des statuts tout faits, de décider sans appel de leur dissolution et de leur reconstitution, de sorte que, enfin de compte, le comité central pourrait déterminer à sa guise la composition de la suprême instance du parti, du congrès. Ainsi, le comité central est l'unique noyau actif du parti, et tous les autres groupements ne sont que ses organes exécutifs.

C'est précisément dans cette union de centralisme le plus rigoureux de l'organisation et du mouvement socialiste des masses que Lénine voit un principe spécifique du marxisme révolutionnaire, et il apporte une quantité d'arguments à l'appui de cette thèse. Mais essayons de la considérer de plus près.

On ne saurait mettre en doute que, en général une forte tendance à la centralisation ne soit inhérente à la social-démocratie. Ayant grandi sur le terrain économique du capitalisme, qui est centralisateur de par son essenœ, et ayant à lurter dans les cadres politiques de la grande ville bourgeoise, centralisée, la social-démocratie est foncièrement hostile à toute manifestation de particularisme ou de fédéralisme national. Sa mission étant de représenter, dans les frontières d'un État, les intérêts communs du prolétariat, en tant que classe, et d'opposer ces intérêts généraux à tous les intérêts particuliers ou de groupe, la social-démocratie a pour tendance naturelle de réunir en un parti unique tous les groupements d'ouvriers, quelles que soient les différences d'ordre national, religieux ou professionnel entre ces membres de la même classe. Elle ne déroge à ce principe et ne se résigne au fédéralisme qu'en présence de conditions exceptionnellement anormales, comme c'est, par exemple, le cas dans la monarchie austro-hongroise. À ce point de vue, il ne saurait y avoir aucun doute que la social-démocratie russe ne doit point constituer un conglomérat fédératif des innombrables nationalités et des particularismes locaux, mais un parti unique pour tout l'empire. Mais, c'est une autre question qui se pose, celle du degré de centralisation qui peut convenir, en tenant compte des conditions actuelles, à l'intérieur de la social-démocratie russe unifiée et une.

Du point de vue des tâches formelles de la social-démocratie en tant que parti de lutte, le centralisme dans son organisation apparaît à première vue comme une condition de la réalisation de laquelle dépendent directement la capacité de lutte et l'énergie du parti.

Cependant, ces considérations de caractère formel et qui s'appliquent à n'importe quel parti d'action sont beaucoup moins importantes que les conditions historiques de la lutte prolétarienne.

Le mouvement socialiste est, dans l'histoire des sociétés fondées sur I'antagonisme des classes, le premier qui compte, dans toutes ses phases et dans toute sa marche, sur l'organisation et sur l'action directe et autonome de la masse.

Sous ce rapport la démocratie socialiste crée un type d'organisation totalement différent de celui des mouvements socialistes antérieurs, par exemple, les mouvements du type jacobin-blanquiste.

Lénine paraît sous-évaluer ce fait lorsque, dans le livre cité, il exprime l'opinion que le social-démocrate révolutionnaire ne serait pas autre chose qu'un jacobin indissolublement lié à l'organisation du prolétariat qui a pris conscience de ses intérêts de classe. Pour Lénine, la différence entre le socialisme démocratique et le blanquisme se réduit au fait qu'il y a un prolétariat organisé et pénétré d'une conscience de classe à la place d'une poignée de conjurés. Il oublie que cela implique une révision complète des idées sur l'organisation et par conséquent une conception tout à fait différente de l'idée du centralisme, ainsi que des rapports réciproques entre l'organisation et la lutte.

Le blanquisme n'avait point en vue l'action immédiate de la classe ouvrière et pouvait donc se passer de l'organisation des masses. Au contraire : comme les masses populaires ne devaient entrer en scène qu'au moment de la révolution, tandis que l'œuvre de préparation ne concernait que le petit groupe armé pour le coup de force, le succès même du complot exigeait que les initiés se tinssent à distance de la masse populaire. Mais cela était également possible et réalisable parce qu'aucun contact intime n'existait entre l'activité conspiratrice d'une organisation blanquiste et la vie quotidienne des masses populaires.

En même temps, la tactique, aussi bien que les tâches concrètes de l'action, puisque librement improvisées par l'inspiration et sans contact avec le terrain de la lutte de classes élémentaire, pouvaient être fixées dans leurs détails les plus minutieux et prenaient la forme d'un plan déterminé à l'avance. Il s'ensuivait, naturellement, que les membres actifs de l'organisation se transformaient en simples organes exécutifs des ordres d'une volonté fixée à l'avance en dehors de leur propre champ d'activité, en instruments d'un comité central. D'où cette seconde particularité du centralisme conspirateur : la soumission absolue et aveugle des sections du parti à l'instance centrale et l'extension de l'autorité de cette dernière jusqu'à l'extrême périphérie de l'organisation.

Radicalement différentes sont les conditions de l'activité de la social-démocratie. Elle surgit historiquement de la lutte de classes élémentaire. Et elle se meut dans cette contradiction dialectique que ce n'est qu'au cours de la lutte que l'armée du prolétariat se recrute et qu'elle prend conscience des buts de cette lutte. L'organisation, les progrès de la conscience et le combat ne sont pas des phases particulières, séparées dans le temps et mécaniquement, comme dans le mouvement blanquiste, mais au contraire des aspects divers d'un seul et même processus. D'une part, en dehors des principes généraux de la lutte, il n'existe pas de tactique déjà élaborée dans tous ses détails qu'un comité central pourrait enseigner à ses troupes comme dans une caserne. D'autre part, les péripéties de la lutte, au cours de laquelle se crée l'organisation, déterminent des fluctuations incessantes dans la sphère d'influence du parti socialiste.

Il en résulte déjà que le centralisme social-démocrate ne saurait se fonder ni sur l'obéissance aveugle ni sur une subordination mécanique des militants vis-à-vis du centre du parti. D'autre part, il ne peut y avoir de cloisons étanches entre le noyau prolétarien conscient, solidement encadré dans le parti, et les couches ambiantes du prolétariat, déjà entrainées dans la lutte de classes et chez lesquelles la conscience de dasse s'accroît chaque jour davantage. L'établissement du centralisme sur ces deux principes : la subordination aveugle de toutes les organisations jusque dans le moindre détail vis-à-vis du centre, qui seul pense, travaille et décide pour tous, et la séparation rigoureuse du noyau organisé par rapport à l'ambiance révolutionnaire comme l'entend Lénine — nous paraît donc une transposition mécanique des principes d'organisation blanquistes de cercles de conjurés, dans le mouvement socialiste des masses ouvrières. Et il nous semble que Lénine définit son point de vue d'une manière plus frappante que n'aurait osé le faire aucun de ses adversaires, lorsqu'il définit son «social-démocrate-révolutionnaire» comme un «jacobin lié à l'organisation du prolétariat qui a pris conscience de ses intérêts de classe». En vérité la social-démocratie n'est pas liée à l'organisation de la classe ouvrière, elle est le mouvement propre de la classe ouvrière. Il faut donc que le centralisme de la social-démocratie soit d'une nature essentiellement différente du centralisme blanquiste. Il ne saurait être autre chose que la concentration impérieuse de la volonté de l'avant-garde consciente et militante de la classe ouvrière vis-a-vis de ses groupes et individus. C'est, pour ainsi dire, un «auto-centralisme» de la couche dirigeante du prolétariat, c'est le règne de la majorité à l'intérieur de son propre parti.

Cette analyse du contenu effectif du centralisme social-démocratique montre déjà que les conditions indispensables à sa réalisation n'existent pas pleinement dans la Russie actuelle : l'existence d'un contingent assez nombreux d'ouvriers déjà éduqués par la lutte politique et la possibilité pour eux de développer leur action propre par l'influence directe sur la vie publique (dans la presse du parti, dans les congrès publics, etc.).

Cette dernière condition ne pourra être évidemment réalisée que dans la liberté politique ; quant à la première — la formation d'une avant-garde prolétarienne consciente de ses intérêts de classe et capable de s'orienter dans la lutte politique —, elle n'est qu'en voie d'éclosion et c'est à hâter cette dernière que doit tendre tout le travail d'agitation et d'organisation socialistes. [...]"

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 15:02

Ce que nous pensons du pacte dit «de responsabilité»

logo_MLG_95.jpgLes annonces faites par François Hollande lors de sa conférence de presse ne nous ont, hélas, pas convaincus. Mais elles ne nous ont pas surpris. Comme lors de ses voeux du 31 décembre, le président reprend à son compte l’argumentaire libéral selon lequel la compétitivité du pays est mise en danger par un «coût du travail» trop élevé. Pour relancer l’économie, il faudrait massivement «baisser les charges» qui «pèsent sur les entreprises» et couper dans les dépenses publiques et sociales qui «aggravent les déficits publics».

François Hollande a beau dire que le discours du Bourget reste «[sa] référence», nous ne reconnaissons pas la tonalité de la campagne présidentielle dans ses propositions inspirées par l’idéologie dominante ! Et nous avons beau relire le projet socialiste de 2011, les 60 engagements présidentiels de 2012, la motion majoritaire du Parti de 2013, nous ne trouvons aucune mention du «socialisme de l’offre» ! Nous avons beau chercher, nous ne retrouvons ni plaidoyer pour la hausse de la TVA (le seul socialiste a l’avoir proposée pendant la primaire était Manuel Valls), ni dénonciation des «excès et abus de la sécurité sociale», ni condamnation d’un «Etat trop lent, trop lourd, trop cher».

Nous ne saurions nous reconnaître dans cette «amplification» d’une politique économique qui, contrairement à ce qui est affirmé par nombre de commentateurs ravis, n’a rien de «social-démocrate». Car la social-démocratie suppose que le parti majoritaire à gauche s’appuie sur des syndicats forts pour arracher un compromis au patronat. Nous en sommes loin ! Le président a en effet été très clair sur les avantages concédés aux entreprises, mais très flou sur les contreparties demandées. Il faudra plus qu’un «observatoire» pour imposer amélioration des conditions de travail, augmentation des salaires ou multiplication des embauches. D’autant que le MEDEF, par la voix de son président, n’entend pas rentrer dans une logique de «donnant-donnant» qui serait pourtant la moindre des choses.

Bref, le «pari» semble extrêmement risqué. Car si l’emploi est directement lié aux perspectives de croissance des entreprises, il n’a en revanche jamais été démontré que l’emploi se redresse rapidement, en basse conjoncture, grâce à des «mesures d’offre» comme la baisse massive des cotisations sociales.

D’autant que, dans le même temps, le gouvernement, pour répondre aux injonctions de la Commission Européenne, annonce que coupes budgétaires se poursuivront au même rythme que 2013 et 2014 (une quinzaine de milliards par an pour arriver à un total de 50 milliards en 2017). Or cette course à la baisse de la dépense, officiellement justifiée par l’objectif de la «baisse des déficits» ne porte pas ses fruits. En période de croissance quasi nulle, c’est même le contraire.

Notre feuille de route pour 2014

Depuis des mois, nous proposons une autre politique.

Nous l’avons longuement exposée dans notre «plan de relance» publié début 2013.

Nous avons enrichi ce document, en fin d’année, avec nos propositions en faveur d’une réforme fiscale d’envergure, qui s’attaque au problème du «coût du capital» et permette une redistribution équitable des richesses.

Nous allons donc continuer à argumenter et à proposer, pour nourrir le débat interne à la gauche.
Il n’y aura pas de «compromis social» favorable aux salariés sans mobilisation du parti, des parlementaires, du mouvement social. Salaires, embauches, conditions de travail, modalités de remboursement des aides en cas de non respect des engagements : nous devons porter des exigences fortes.

Certains commentateurs estiment ce combat perdu d’avance. Nous n’aurions d’autre choix que la «mise au pas» ou la «rupture». Ce ne sera ni l’une ni l’autre !

Pas de mise au pas, car nous n’avons pas l’intention de nous taire ! Contrairement à certains camarades, nous ne sommes pas des fanatiques de la Vème République. Tout ne procède pas du président. Et on ne règle pas les problèmes politiques en brandissant la menace de mesures disciplinaires ou en mettant les parlementaires au pied du mur.

Si le PS a cessé, depuis 2012, de jouer pleinement son rôle, nous faisons tout pour porter haut l’exigence d’un Parti autonome, force de propositions, relais des aspirations mais aussi des mécontentements.

Pas de rupture non plus.

Le PS n’appartient à personne. Nous n’avons pas de leçon de militantisme à recevoir, pas plus que de loyauté. Et ce serait un comble de demander aux camarades qui restent fidèles aux valeurs et à l’histoire du socialisme de le quitter sous prétexte que d’autres s’en éloignent ! On ne quitte pas un navire sous prétexte qu’il est mal dirigé et qu’il prend une mauvaise direction. On fait tout pour qu’il change de cap !

Théoriser par ailleurs l’existence de deux gauches irréconciliables est une stratégie qui n’offre pas de débouché politique. Rien de grand ne peut être accompli dans notre pays sans l’unité de la gauche. Les victoires passées sont là pour nous rappeler que nous ne pouvons gagner que rassemblés.

Miser sur l’échec du gouvernement de Jean-Marc Ayrault ne rend service à aucune des composantes de la gauche. Croire que les électeurs, déçus par une gauche «molle», la remplaceraient demain par une autre restée pure idéologiquement est en effet illusoire et même dangereux dans le contexte politique actuel. Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, c’est bien l’ensemble de la gauche qui sera jugée par les électeurs à l’aune du bilan du quinquennat de François Hollande.

Si échec il y a demain, la droite et l’extrême-droite en seront les seules bénéficiaires avec les conséquences dramatiques qui en résulteraient pour les classes populaires et moyennes. Il n’y a aujourd’hui de salut pour la gauche française que dans la construction de convergences entre les forces politiques et sociales qui la composent. C’est l’un des axes identitaires de Maintenant la Gauche et nous nous efforçons de construire au quotidien de tels rapprochements. Il est en effet indispensable que cette action soit menée au sein du PS qui demeure, de loin, le premier parti de la gauche en termes d’effectifs et d’implantation sur le territoire.

Ces rapprochements, nous les mettons aussi en oeuvre localement dans les collectivités où agissent nos camarades élus, bien souvent dans des cadres d’union de la gauche avec nos partenaires écologistes et communistes. C’est aussi l’un des sens de l’engagement des camarades de notre courant qui, dans tous les départements, sont en ce moment partie prenante de la bataille politique des élections municipales comme tête de liste ou colistiers.

fond_twitter.jpgMaintenant la Gauche verra en mars le nombre de ses élus locaux multiplié, et nous devrons être collectivement au rendez-vous de leur mise en réseau et de la valorisation de leur action politique.

Comme nous l’avons rappelé dans nos récentes interventions, le président de la République ne peut se permettre de gouverner durablement sans prendre en compte les aspirations profondes de la majorité sociale et politique qui a permis son élection. La responsabilité que nous avons assumée à Toulouse en 2012 et le travail réalisé depuis nous rendent désormais capables d’agréger des camarades dans le PS autour de cette idée au-delà de nos cercles militants traditionnels.

Soyons fiers de ce que nous sommes et de ce que nos faisons. Nous nous battons, nous proposons, nous assumons la confrontation avec la droite et la discussion au sein de la gauche. Notre liberté de parole est intacte, notre vigilance jamais démentie, notre fidélité à nos idées et à notre histoire jamais prise en défaut.

Combatifs dans les élections, exigeants dans les débats internes, loyaux envers les militants de notre beau Parti, et, plus que jamais, inlassables promoteurs du rassemblement de la gauche.

Belle année à tous.

Pour Maintenant la Gauche et son équipe nationale,
Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de la motion 3 dans le Val-d'Oise

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 18:12

rosa-luxemburg-older-rls.jpgIronie de l'Histoire, le lendemain de l'annonce par le Président de la République française qu'il rompait les amarres de la tradition socialistes démocratique française, nous "fêtons" l'anniversaire de l'assassinat de Rosa Luxemburg, le 15 janvier 1919.

Pour le plaisir je vous invite à relire ce qu'elle écrivait à propos de La Crise de la Social-Démocratie allemande... Il y parle surtout du dévoiement de ce grand parti ouvrier qui soutint la guerre impérialiste... mais vous pouvez aussi redécouvrir ses écrits économiques sur Marxist.org

"Socialisme ou Barbarie ?

La scène a changé fondamentalement. La marche des six semaines sur Paris a pris les proportions d'un drame mondial ; l'immense boucherie est devenue une affaire quotidienne, épuisante et monotone, sans que la solution, dans quelque sens que ce soit, ait progressé d'un pouce. La politique bourgeoise est coincée, prise à son propre piège : on ne peut plus se débarrasser des esprits que l'on a évoqués. [...]"

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 08:02

Depuis hier après-midi, j'ai mal à ma gauche et mes convictions socialistes ont souffert avec violence.

post-twitter.pngJe n'ai pas été surpris de l'orientation générale que le Président de la République a donné à sa conférence de presse semestrielle. On a pu constater à plusieurs reprises depuis et dès le début du quinquennat que le Président François Hollande avait tourné le dos au discours du Bourget du candidat à la présidentielle. Je n'étais pas naïf au point de croire qu'il se range enfin à la raison en entendant ceux qui nombreux dans le Parti Socialiste, et bien au-delà des rangs de la motion Maintenant la Gauche, lui réclamaient un tournant de la relance.

1555315_10152230133148304_11113216_n.jpgLe Président a mis un terme définitif à ceux qui faisaient encore semblant de s'interroger sur son orientation politique : il n'y a pas de tournant mais une accélération. Pas de tournant parce que comme je l'écrivais quelques lignes plus haut, le discours du Bourget est depuis plus d'un an remisé dans un placard obscur des archives de campagne ; accélération sans précédent car le Président, malgré le peu de résultats positifs des solutions libérales imposées aux Etats européens, a creusé un peu plus le sillon d'une "politique de l'offre" en rupture complète avec le socialisme démocratique. Les seuls qui se réjouissent sincèrement de cette conférence de presse sont les journalistes économiques libéraux, le MEDEF et Madame Parisot.

Il y a par ailleurs une tartufferie odieuse dans la revendication énoncée par François Hollande de son orientation "social-démocrate". Malgré les débats abscons au sein du PS dans les années 1970 de savoir s'il y avait une différence infranchissable entre socialistes et sociaux-démocrates, ce qu'a présenté hier le Président de la République n'est en rien social-démocrate. La Social-Démocratie, c'est - comme le rappelait France Inter ce matin dans une archive de la campagne présidentielle de 1995 avec Lionel Jospin - la capacité d'un parti socialiste, travailliste ou social-démocrate à agir de concert avec des organisations multiples, syndicales et mutualistes notamment, capable de mettre en branle la société pour arracher après un rapport de force et une négociation un compromis avec les représentants des entreprises. La recherche du consensus a priori n'aboutit qu'à une capitulation en rase-campagne face aux détenteurs du capital et des moyens de production et à nos adversaires libéraux et conservateurs. Il y a en France une profonde difficulté à mettre en oeuvre par ailleurs un telle expérience au regard de la faiblesse des organisations syndicales et mutualistes et la culture conflictuelle du patronat français. Donc soit François Hollande est un social-démocrate sans bras, soit il n'arrive pas réellement à assumer là où sont ces réels modèles politiques : Tony Blair et Gerhardt Schröder qui ont tous deux rompus avec les politiques keynésiennes de la social-démocratie et surtout travaillé à limiter autant que possible les marges d'action des alliés syndicaux traditionnels de leurs partis respectifs. En Grande-Bretagne et en Allemagne, les chefs de gouvernement pré-cités ont conduit des politiques libérales, accrus la pauvreté dans leur corps social, dans le but de renforcer les intérêts des entreprises, dans l'idée naïve et erronée que le patronat finirait par concéder des contreparties. François Hollande est donc social-libéral. [je me permets de vous rappeler en référence la question de la crise de la social-démocratie européenne ici]

Il est social-libéral, quand il annonce qu'il propose de réduire les "charges" des entreprises - rupture grave dans le vocabulaire pour qualifier les cotisations qui financent notre système solidarité nationale et de protection sociale. L'attaque est d'autant plus grave qu'il s'agit ici de supprimer les cotisations sociales des entreprises d'ici 2017 pour la branche famille ; cette même branche famille avait déjà été mise à mal dans la réforme des retraites qu'il a fait adopter au forceps et qui aboutit à un recul inédit des droits sociaux des salariés. Comment financer ce manque de cotisations patronales ? sans compensation par les ménages ? en faisant des économies ? mais comment faire des économies sur la politique familiale de la France sans conduire vers sa perte un système de solidarité qui nous est envié et qui est l'une des raisons du dynamisme démographique de notre pays...

François Hollande nous annonce qu'en échange la négociation sociale aboutira de la part des entreprises à des créations d'emlois. Un "observatoire des contreparties" sera créé à cet effet, mais en quoi est-ce une garantie quand on voit qu'il n'y a eu aucune contrepartie à la création du Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi (CICE), cet allègement inconsidéré du "prix du travail" financé par l'aggravation du coût de la TVA pour les Français ; il n'y a pas eu plus de contreparties en emploi à la transcription - là encore imposée au forceps - dans la loi de l'accord national interprofessionnel sur la flexibilisation du marché du travail. Aucun cadeau fait au patronat ne trouve de contreparties.

Cette absence de retour en emplois n'est parfois même pas une question de mauvaise volonté pour la majorité des chefs d'entreprises de ce pays ; il n'y a qu'à entendre les commentaires des représentants locaux de la CGPME - qui sont tout de même contents de prendre ce qu'on leur offre - qui rappellent que l'on ne peut créer des emplois qu'à la condition de remplir les carnets de commandes, grâce à l'investissement et à la croissance. Voilà l'erreur du président : sa "politique de l'offre" ne peut pas marcher, elle mettra à mal la cohésion sociale et restera économiquement bancale. Maintenant la Gauche propose pourtant une alternative équilibrée tenant compte autant des enjeux d'offre et de demande dans son plan de relance écologique et social... sans investissement, pas de retour de la croissance, pas de réduction de la dette. L'aggravation de l'austérité annoncée par le Président, à hauteur de 50 milliards d'euros, n'aboutira qu'à une mise à mal des services publics et finalement à éloigner le Graal de la réduction de la dette.

François Hollande est également social-libéral lorsqu'il oublie la nécessité de porter haut la remise à plat de la fiscalité française portée par Jean-Marc Ayrault, son premier ministe, et pour laquellle nous nous étions fortement engagés. Cet oubli sonne comme un enterrement de première classe de cet impératif et de l'autorité du locataire de Matignon.

Le caporalisme social-libéral s'incarne enfin dans l'annonce du Président d'engager la responsabilité du gouvernement sur la politique économique qu'il a annoncée hier. L'usage du 49.3 sur des mesures qui vont forcément fracturer la gauche ne peut aboutir qu'à deux solutions pour ceux - nombreux - qui sont en désaccord avec cette rupture avec tous les référents économiques du socialisme démocratique :

  • - abdiquer devant l'autorité de l'exécutif et ronger sa frustration et son humiliation ;
  • - être exclu de la majorité en assumant son désaccord avec le Président et sa fidélité à la volonté de transformation sociale et à son camp social.

François Hollande vient définitivement de briser la majorité électorale qui l'a portée au pouvoir. L'incapacité du PS a faire vivre une pensée autonome de l'exécutif et sa plasticité pour accepter du jour au lendemain sans barguigner le contraire de ses orientations (ça me rappelle plus la façon dont les partis staliniens racontaient un jour le contraire de la veille parce que le "Petit Père des Peuples" avait changé de stratégie) parce qu'il faut suivre les injonctions de l'Elysée marque également une défaite du socialisme démocratique.

J'ai mal à ma gauche.

Frédéric Faravel

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 08:42

photo_zenith.jpegAprès une journée juridique "haletante" qui se voudrait l'épilogue provisoire d'une offensive de deux semaines engagée par Manuel Valls, le Conseil d'Etat a tranché en urgence pour valider l'arrêté préfectoral qui interdisait le meeting de Dieudonné M'bala M'bala au Zénith de Nantes Métropole, après que ce même arrêté a été annulé par le Tribunal Administratif de Nantes.

Je crains malheureusement que nous ne soyons pas au bout.

Nous ne sommes pas au bout pour plusieurs raisons.

Premièrement, parce que le militant antisémite et raciste qu'est Dieudonné n'arrêtera pas de répandre sa haine que ce soit sur internet ou dans plusieurs salles ; et malheureusement, les deux dernières semaines ont offert une publicité monumentale à un individu en plein délire politique et psychologique.

Deuxièmement, parce que les recours à la décision du Conseil d'Etat existent, notamment au niveau de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) et que le passage de cette instance ne garantit à ce jour aucun résultat.

Il faut attaquer Dieudonné sur tous les fronts mais malgré la décision rapide du Conseil d’État, je continue à trouver la voie juridique utilisée fragile, notamment si elle est examinée devant la CEDH...

VallsPour l'instant Manuel Valls pourra se prévaloir d'une belle victoire politique pour tenter de faire oublier ses frasques précédentes. Le Ministre de l'Intérieur pense sans aucun doute que son action sert la République, mais je crois aussi qu'il a vu dans cette séquence une occasion d'élever sa stature. L'Elysée et Matignon semblent une fois encore avoir subi l'initiative de celui qui se croit un destin présidentiel, ce qui pose question sur la nature de l'autorité de l'exécutif.

Par ailleurs, il est étonnant que l'initiative de cette offensive soit venue de la Place Beauvau et non de la Garde des Sceaux. Il est étonnant que la circulaire émane du ministre de l'intérieur et non du ministère de la Justice, circulaire qui aurait ainsi pu être adressée à tous les parquets pour préciser la position de la République face aux infractions racistes et antisémites, la voie pénale offrant plus de garanties de succès.

Or on a vu, malgré la position du Conseil d'Etat, que la voie administrative permet de faire croire qu'il existe un débat qui ne devrait pas avoir lieu d'être puisqu'une décision a été prise dans un sens puis dans l'autre. D'autre part, on a vu un des sbires de Manuel Valls réagir avec trop de hâte hier après-midi, Luc Carvounas, s'inquiétant de la défaite politique éventuelle de son mentor après la décision du tribunal administratif de Nantes, avait commencé à réclamer une modification de la loi pour permettre l'interdiction de spectacles a priori.

Mais si la CEDH casse la décision du Conseil d’État nous aurons un double problème :

1- la législation française sur les valeurs républicaines et le racisme sera fortement mise en cause ;

2- certains y trouveront de nouveaux arguments pour dénoncer en soi la construction européenne.

Je le répète encore la voie choisie par Manuel Valls comporte en elle plus d'incertitude et de risque que d'atouts même momentanés.

Il ne s'agit de préférer aucun totalitarisme ; nous n'aurions pas dû être entraînés dans ce débat qu'a fait naître cette affaire entre liberté d'expression et lutte contre le racisme... ce qui est dramatique dans cette affaire c'est que certains d'entre nous en viennent à se poser cette question.

A ce titre, je récuse parfaitement l'anachronisme qui consiste à comparer l'affaire présente au conflit politique et juridique de la fin du XIXème siècle sur les "lois scélérates" - et je regrette que la Ligue des Droits de l'Homme et Edwy Plenel se soient enfermés dans cet argumentaire - car il y a une différence notoire entre vouloir interdire l'activité politique anarchiste et libertaire au prétexte que certains d'entre eux avaient choisi la lutte armée et le terrorisme (comme si on avait interdit les partis trotskistes ou maoïstes à cause d'Action Directe) et combattre politique et juridiquement la parole et les actes racistes et antisémités, qui ne sont en aucun cas une opinion mais des délits. D'autre part, l'Anarchisme dénonce l'ordre sociale et veut transformer la société, c'est donc en soi un humanisme, même si certains peuvent sombrer (comme pour toutes les idéologies) dans la violence ; l'antisémitisme et le racisme de Dieudonné, des groupuscules d'extrême droite, des Islamistes, et d'une bonne partie des dirigeants du Front National sont une attaque réactionnaire contre des groupes d'individus pour ce qu'ils sont c'est à dire leur identité et leur droit à l'existence : ainsi le racisme et l'antisémitisme sont en soi une violence et contienne en eux la destruction de l'Humanité.

Je suis moi-même confus de devoir reposer ces bases, ce qui démontre le point de médiocrité et de perversité qu'a atteint le débat public dans notre pays.

Si Dieudonné et les extrêmes droites - du FN jusqu'aux groupes national-socialistes - trouvent aujourd'hui échos et visibilité, c'est que la société française traverse une crise importante qui semble dévaloriser les valeurs humanistes, progressistes et universelles de la République :

  • - la crise économique et sociale que nous traversons atteint profondément la qualité de vie au quotidien des Français, la capacité de notre pays à offrir dans le travail, les revenus, et les espaces publics, une dignité et une possibilité individuelle et collective à l'épanouissement et l'émancipation ;
  • - la mondialisation dans sa version libérale et financière n'a reçu à ce jour aucune réponse sérieuse de la part des forces politiques progressistes, ni au niveau national, ni au niveau européen, et met en cause directement le principe de souveraineté populaire et donc de démocratie. Elle ne peut donc qu'angoisser nos concitoyens sur notre capacité collective à agir concrètement sur la réalité ;
  • - l'ossification de la ségrégration territoriale et sociale accentue les difficultés d'intégration et le sentiment de discrimination d'une partie importante de la population française. N'oublions pas qu'une des conséquences de notre histoire coloniale, c'est que plus de 10 millions de nos concitoyens (rapatriés d'Algérie compris) sont issus de l'ancien Empire français et peuvent donc avoir un rapport complexe avec l'action de la République française dans le passé. Ce rapport est bien plus compliqué à solder si la discrimination perdure quelques 52 ans après l'indépendance de notre dernière colonie. Ainsi, il n'est pas étonnant que certains puissent se laisser manipuler par ce qu'ils croient être une parole antisystème et que Dieudonné puisse faire croire à certains qu'il est l'écho de leur propre malaise (surtout quand il reçoit le soutien d'un Anelka, archétype du sportif qu'on a érigé en modèle - sulfureux sans doute - quasi exclusif de réussite pour les jeunes des quartiers populaires).

C'est pourquoi, bien que l'action juridique soit nécessaire pour combattre le racisme et l'antisémitisme, nous ne parviendrons pas à combattre la bête immonde sans projet politique fédérateur, sans proposer à nos concitoyens un horizon souverain.

Comme socialiste, je crois que le sens du progrès doit nous encourager plus que jamais à un projet de rupture avec le libéralisme économique, qui s'incarne en Europe dans la conception ordo-libérale. Nous ne pouvons pas poursuivre en France sur la voie illusoire d'un "socialisme de l'offre" qui n'a rien de socialiste et qui est une capitulation en règle devant l'idéologie de l'argent. Nous devons prendre le tournant de la relance, choisir l'investissement, pour espèrer résoudre la question de la dette publique tant au niveau national qu'au niveau européen, mais surtout pour offrir aux Français et aux Européens une perspective d'avenir qui tranche avec le chemin du lent déclin politique nous empruntons.

Nous devons réaffirmer le rôle de la puissance publique dans l'espace public : partout où reculent les services publics et la solidarité sociale, prospèrent les communautarismes, la xénophobie et les nationalismes.

Les élections européennes devraient être l'occasion de ce débat, d'autant plus que c'est à ce niveau que nous pouvons remettre de l'ordre dans le processus de mondialisation qui a été pourri par le libéralisme ; mais je crains que les orientations trop longtemps inscrites dans la vulgate de l'Union n'offrent en mai 2014 un piédestal aux populismes de droite et à l'extrême droite.

L'urgence du combat politique ne doit cependant pas nous détourner de la nécessité profonde de travailler à la refondation du projet socialiste.

Frédéric FARAVEL

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 09:39

Le combat contre le racisme et l'antisémitisme ne saurait souffrir de faiblesse. Il est donc nécessaire d'être ferme et sans pitié pour ceux qui tentent de banaliser la parole xénophobe. Poursuivre avec la dernière sévérité tout auteur de propos racistes, enquêter sur leurs petits et gros arrangements avec l'évasion fiscale et donc démonter leurs discours hypocrites sur leur soi-disant probité : voilà nos armes juridiques efficaces.

VallsCependant, je crains que la voie choisie par le ministre de l'Intérieur - dès le départ (avec une double page dans le JDD) - soit particulièrement risquée juridiquement et offre une tribune monumentale à de nombreux fachoïdes nauséabonds (et pas seulement à un barbu)... Il n'y a qu'à faire la somme de ce qui tourne en boucle depuis deux semaines dans les médias. Dans cet emballement, Manuel Valls et la Presse rivalisent pour mettre en lumière nos ennemis. Mais comme je suis un homme de gauche, je suis certain que notre camarade Manuel est évidemment animé des meilleures intentions dans cette affaire.

Je suis pour ma part convaincu que notre principale arme est avant tout politique. Je suis convaincu que les Français sont moins racistes que ne le pensent les médias et les politiques. Certains responsables politiques - essentiellement à l'UMP et de ce côté-là Fillon et Copé sont dans le même bateau - choisissent de "briser les tabous" et de banaliser les thèmes d'extrême-droite parce qu'ils pensent que c'est électoralement porteur... ils se trompent et en faisant cela ils prennent la responsabilité de banaliser l'anti-République.

Je suis également convaincu qu'il est vain de trouver des arguments pour dédouanner les discours antisionistes vertueux de ceux qui seraient un maquillage pour l'antisémitisme - voir la tentative de défense de Pierre Haski : en effet, à partir du moment où le message principal de l'antisionisme tend à dénier à l'Etat d'Israël son droit à l'existence, il sera toujours un refuge pour les lâches antisémites de tout poil, blanc, islamiste, ou "africaniste"... n'en déplaise aux doux rêveurs. Je dis cela d'autant plus tranquillement que je connais toute les ambigüités malsaines originelles du sionisme et les dérives actuelles et lamentables de cette idéologie, notamment au sein de la droite israélienne mais au-delà. En cela, je recommande chaudement à tous les lectures des essais de l'écrivain et politologue israélien Shlomo Sand : Comment le peuple juif fut inventé (2008), Comment la terre d'Israël fut inventée : De la Terre sainte à la mère patrie (2012), Comment j'ai cessé d'être juif (2013).

Je suis également convaincu qu'une vraie politique de gauche, centrée sur la relance économique et la justice sociale, répondra bien mieux aux attentes des Français tentés de voter FN que de courir derrière ce parti.

Monsieur le Président, ce sont vos électeurs qu'il faut entendre plutôt que de chercher à amadouer les "entrepreneurs".

Frédéric FARAVEL

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 14:17
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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 13:30

Nelson Mandela nous a quittés le 5 décembre dernier ; il a été enterré ce dimanche 15 décembre à Qunu, le village de son enfance.

Tout le monde s'attendait à ce dénouement à la fois tragique et banal, au regard du grand âge du leader sud-africain. Pourtant, le soir du 5 décembre j'ai ressenti une profonde tristesse qui a mis un certain temps à s'estomper. Ceci explique que je n'ai pas pu trouver le courage d'écrire ces lignes plus tôt.

Le décès de Mandela - pour prévisible et attendu qu'il était - est l'un des rares évènements "politiques" qui m'ait arraché des larmes. Des larmes de colère et de tristesse, le soir de l'assassinat d'Yitzhak Rabin à Tel-Aviv le 4 novembre 1995, alors que le premier ministre travailliste israélien descendait de la tribune d'une manifestation en faveur de la Paix. Des larmes de colère j'en ai versé en apprenant que suite au sabotage des accords de paix (rendus possibles par un cessez-le-feu unilatéral Républicains le 31 août 1994) par John Major, premier ministre britannique, l'IRA avait décidé de reprendre les opérations militaires le vendredi 9 février 1996.

Manifestation-pour-la-liberation-de-Mandela.jpgCette émotion si forte découle de ce que Mandela a représenté pour ma génération en politique ; pour l'adolescent que j'étais, déjà sensibilisé au combat anti-raciste à la fin des années 1980, la revendication pour la libération de Nelson Mandela a été déterminante pour notre, mon, éveil à l'engagement et à la conscience politique. Nous sommes allés en manifestations, on souriait aux (rares) affiches collées dans nos rues pour nous rappeler son existence (en général c'était une campagne des Jeunesses Communistes), on regardait les concerts à la télévision avec U2, Johnny Clegg et Simple Minds.

Mandela_liberation.jpgLe 11 février 1990, au lieu de fêter avec un peu d'entrain l'anniversaire que ma famille m'avait préparé, j'ai passé la journée à regarder en direct l'évènement historique, ce moment tant espéré et à la fois incroyable qu'avait été la libération de Nelson Mandela. C'était bien mieux comme cadeau. On découvrait enfin un homme dont on ne connaissait que le (mauvais) portrait fait de lui juste avant son procès dans les années 1960. On le reconnaissait à peine, car on s'attendait à voir sortir l'homme de l'affiche, sans mesurer que les marques du temps, de l'emprisonnement et des privations avaient pu pendant 27 ans transformer notre héro.

Et ce jour-là je me rappelle qu'il avait été encore au-delà de ce que nous pouvions imaginer de lui. Dans son discours depuis le balcon de l'Hôtel de Ville du Cap, il annonce ce qui va guider ensuite toute son action pour une nouvelle Afrique du Sud. "Je me tiens devant vous non comme un prophète, mais comme votre humble serviteur à vous, le peuple. Vos sacrifices infatigables et héroïques ont rendu possible ma présence ici aujourd'hui. Je place en conséquence les années restantes de ma vie entre vos mains." Même si les sceptiques pouvaient encore douter de sa différence avec les potentats africains, promettant un nouveau Mugabe, Mandela annonçait ainsi son attachement profond et réel à la démocratie et à l'éthique en politique : tenir son pouvoir du peuple pour le servir.

C'est sa détermination, son attachement à la paix et à la démocratie qui permirent à l'Afrique du Sud de passer de l'Union Sud-Africaine des Afrikaners à la Nation Arc-en-Ciel ; y compris quand Frederik De Klerk, son co-Nobel, jouait avec le feu et instrumentalisait la violence du parti zulu Imkhata, dirigé par le prince Buthelezi, protégé des Britanniques.

photo-of-nelson-mandela-in-traditional-clothing.jpgSon discours d'investiture comme président en le 10 mai 1994 "De l'expérience d'un extraordinaire désastre humain qui a duré trop longtemps doit naître une société dont toute l'humanité sera fière... Jamais, jamais, plus jamais ce magnifique pays ne devra connaître l'oppression d'un homme par un autre. [...] Nous forgeons une alliance qui nous fera bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, noirs et blancs, pourront marcher la tête haute, sans peur dans leur coeur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine - une Nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et le monde." faisait écho à sa défense lors du procès de Rivonia 30 ans plus tôt "J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J'espère vivre assez longtemps pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir." Il n'a jamais dévié de sa route, quitte à rompre avec sa femme Winnie lorsqu'il ne put que constater la dérive violente et maffieuse de celle qui l'avait pourtant soutenu psychologiquement et politiquement durant toute sa captivité.

J'entends aujourd'hui certains vouloir relativiser son action à la présidence dénonçant le manque de bilan social de son mandat. Mais rappelons qu'il n'a fait qu'un mandat et que la priorité de celui-ci fut la construction d'une nouvelle république, sortir le pays de la violence, permettre la cohabition réelle des blancs et des noirs, reconstruire une économie dramatiquement touchée par le boycott que la communauté internationale avait été peu à peu contrainte de mettre en place à cause l'ignoble régime de l'apartheid.

FrancoisPienaarNelsonMandela131215TrophyG300.jpgOn oublie les combats qu'il a mené après avoir quitté le pouvoir (car lui l'a quitté) contre la pauvreté ou les ravages du SIDA et son respect infini de la démocratie sud-africaine et des décisions internes de son parti l'ANC, alors que son aura aurait suffi à bousculer toutes les décisions. Mandela ne s'est jamais représenté en Messie ou en homme providentiel.

Il ne saurait être réduit non plus à une icône supplémentaire et saint-sulpicienne de la non-violence. Confronté à la violence du pouvoir blanc, c'est lui qui prit avec raison la décision de lancer l'ANC dans la lutte armée, veillant à ne pas causer de pertes humaines, car il n'y avait plus d'autres solutions. Ce choix des années 1960, il ne l'a jamais renié.

A contrario, qu'il est navrant de voir les charretées de condoléances hypocrites qui à travers le monde salue aujourd'hui la mémoire d'un homme devenu icône et qu'ils ou leurs mentors combattirent avec la dernière énergie (Jacques Chirac - interview dans Magazine Hebdo* en 1984 - quand le RPR qu'il dirigeait et toute la droite française avaient pour modèle Margareth Thatcher). 

C'est aussi susciter la bêtise de quelques personnes qui croient être des responsables politiques comme Rama Yade qui associe l'oeuvre de Mandela à "la longue lutte contre le communisme". Cette personne manque donc à ce point de culture pour ignorer la réalité politique ? Autant Mandela a toujours veillé comme responsable de l'ANC, avant et pendant la clandestinité, puis de sa prison, à empêcher la mise sous tutelle de son mouvement par le Parti Communiste Sud-Africain, mais on peut effacer la solide alliance qu'il construit avec les militants blancs du SACP, et qui ne fut sans doute pas étranger à sa prise de conscience que l'hégémonie noire serait tout autant délétère que l'hégémonie raciste blanche.

Il ne peut pas être oublié non plus c'est le camp international communiste et les mouvements politiques communistes qui furent ses plus tenaces soutiens et contribuèrent dans les pays occidentaux à ce que le prisonnier politique ne sombre pas dans l'oubli.

Si l'ANC finit par adhérer à l'Internationale Socialiste ce n'est pas tant par lutte anti-communiste que parce que l'orientation sociale-démocrate de ses leaders étaient dès l'origine établie.

Je veux ici rappeler que, bien que la France ait mis un certain temps à adopter une position claire sur l'Apartheid, François et Daniel Mitterrand avec Laurent Fabius comme premier ministre conduirent une action déterminante pour changer la position des démocraties européennes, au moment où Margareth Thatcher expliquait que Pinochet était un homme charmant et Mandela un terroriste.

Au moment où Mandela s'en va, alors qu'il fut un de ceux qui porta au plus haut la signification que la devise républicaine et révolutionnaire Liberté-Egalité-Fraternité, on mesure à quel point une femme ou un homme politique de sa trempe, et aussi peu ambigus que lui, manque à la gauche internationale.

On mesure à quel point la faillite du messianisme totalitaire communiste et l'incapacité de la sociale-démocratie à faire vivre un idéal à la fois révolutionnaire et démocratique créent un vide qui laisse le champ à la fois à une logique de marché destructrice et finalement anti-démocratique, aux communautarismes et à de nouveaux totalitarismes réactionnaires et religieux.

Le débat existe dans le propre pays de Mandela où lui succédèrent un Thabo Mbeki converti à l'ultra libéralisme et à l'aveuglement sur le SIDA et désormais un Jacob Zuma populiste et corrompu, l'ANC ne jouant pour recueillir des suffrages que sur l'icône de Madiba sans se poser la question des réels fondements du développement de la République Sud-Africaine. Cette dérive qui fait aujourd'hui ressembler l'ANC au Parti Révolutionnaire Institutionnel mexicain a connu sa plus grave démonstration quand l'Archevêque anglican Desmond Tutu a manqué d'être exclu de la cérémonie funèbre de son compagnon de lutte. La mort de Mandela empêche désormais de se voiler la face sur les insuffisances de l'Internationale Socialiste, incapable de donner une orientation cohérente aux partis qui la composent, tout comme l'ANC n'est plus qu'une coquille vide, qui mériterait d'être scindée pour qu'émerge un vrai parti socialiste sud-africain, capable de prendra la relève du combat de Madiba.

Il n'est plus temps de pleurer et de se lamenter sur la mort du grand Homme. Suivons l'exemple des sud-africains qui avaient depuis plusieurs mois si ce n'est plusieurs années fait le deuil du "Père de la Nation arc-en-ciel", depuis longtemps retiré de la vie politique, et qui s'entendaient sur le moment venu de le laisser partir. Il n'est plus temps de pleurer mais d'honorer sa mémoire et suivre son exemple, en reprenant le chemin de l'espérance qui sera toujours révolutionnaire.

Frédéric FARAVEL

* Magazine Hebdo est un magazine hebdomadaire français d'information générale, de tendance droite libérale, qui parut au cours des années Mitterrand, de 1983 à 1985. Il fut créé par Alain Lefebvre, directeur du groupe Media, ancien membre de la Fédération des étudiants nationalistes, d'Europe-Action et du GRECE, tous groupuscules d'extrême droite.

Le directeur de la rédaction fut Jean-Claude Valla, ancien du Figaro magazine. Le rédacteur en chef était Claude Jacquemart, ancien directeur du journal maurrassien Le Charivari au début des années 1960, qui s'était réfugié un temps en Belgique pour échapper à une arrestation, à cause de sa proximité avec l'Organisation armée secrète.

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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 15:22

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 11:23

L'entretien d'hier matin sur France Inter avec Vincent Peillon puis son débat dans la foulée avec Philippe Meirieu sur la refondation de l'école républicaine ont été d'une très grande qualité. Il est dommage que le ministre de l'éducation se soit enferré dans des non réponses sur sa candidature inutile aux élections européennes, mais il faudra surtout retenir la force de la réflexion sur l'éducation et des propositions portées par le ministère, qui offrent à la communauté éducative une opportunité comme elle n'en a pas eu depuis près de 20 ans.

Vous trouverez ci-dessous les deux vidéos.

Frédéric FARAVEL


L'invité de 8h20 : Vincent Peillon par franceinter
Interactiv' : Vincent Peillon et Philippe Meirieu par franceinter

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