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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 16:02

Quelques réflexions que j’ai posées sur le papier pour la Gauche Républicaine et Socialiste sur la crise de l’énergie, les artisans #boulangers, le TPE, la réaction tardive du Gouvernement et la mauvaise foi sidérale de LR… et les vraies solutions durables !

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Secrétaire national en charge du pôle Idées, riposte & formation de la Gauche Républicaine et Socialiste

C’est la nouvelle année, le temps des « bonnes résolutions » et le gouvernement vient donc de découvrir que les boulangeries françaises étaient au bord de l’asphyxie. Pourtant, depuis plusieurs semaines et même plusieurs mois, il n’était pas bien compliqué de s’en rendre compte pour qui va lui-même acheter son « pain quotidien » : les prix flambaient (au rythme de plusieurs augmentations pour un même produit en quelques mois), certaines boutiques choisissaient de fermer leur devanture une journée supplémentaire par semaine quand d’autres mettaient tout simplement la clef sous la porte… après les « déserts médicaux », les pénuries de médicaments, nous voici à l’orée de créer des « déserts boulangers ».

Le prix du pain est rentré dans l’imaginaire des Français comme ce qui a déclenché la Révolution (la grande et aussi les suivantes) – et on se souvient du slogan du Front Populaire « Pain, Paix, Liberté » –, tous les exécutifs sont conscients que ce sujet est à la fois symbolique et terriblement concret : le pain doit rester accessible, et pas trop cher. Quand la baguette ne coûte plus 1€, mais 1,10€ ou 1,20€, les Français le voient tout de suite ; souvent la boulangerie est le dernier commerce ouvert dans un village, sa disparition provoque automatiquement un sentiment d’abandon, sentiment d’abandon (et perte de pouvoir d’achat) qui voici un peu moins de 5 ans avait nourri le mouvement des « Gilets Jaunes ».

Panique gouvernementale

Voici pourquoi en catastrophe, Bruno Le Maire a mis en scène mardi 3 janvier 2023 sa mobilisation au secours des artisans boulangers (il aura donc fallu attendre la rentrée scolaire), dans un point presse qui a suivi un échange avec les représentants du secteur de la boulangerie. Les 33 000 artisans auront donc l’immense plaisir de recevoir « courrier personnalisé » pour « leur préciser les aides auxquelles ils ont droit ».

Rassurez-vous d’autres mesures suivent… Les boulangers pourront « demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales » (merci la sécurité sociale) ; ils auront droit à une remise sur l’électricité « pouvant aller jusqu’à 40% de remise sur leur facture » ; ils pourront enfin résilier leurs contrats d’énergie sans frais, lorsque l’évolution des prix pratiqués sera « prohibitive » – les experts comptables des artisans concernés devront faire preuve de talent et de subtilité pour définir le niveau à partir duquel cette évolution sera “prohibitive” (on ne sait toujours pas s’il y aura un décret pour encadrer la mesure). Dominique Anract, le président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française, qui avait participé à la réunion du matin s’est évidemment réjoui de ces nouvelles mesures, mais il lui fallait forcément nuancer : « pour une facture (d’énergie) qui va être multipliée par dix ou douze, rien ne sera suffisant »… c’est mieux que si c’était pire, donc.

Nous avons également eu droit à une nouvelle saison de #BrunoDemande : « Aujourd’hui, je le dis clairement : les fournisseurs n’aident pas suffisamment les boulangers et les PME » avant de rencontrer les “énergéticiens” dont Engie, EDF ou TotalEnergies. Il leur « demande » de « faire plus, de faire mieux, et de le faire tout de suite ». Alors même que début octobre 2022, ils ont signé une charte les engageant à protéger les entreprises de la hausse des pris de l’énergie, « un certain nombre de fournisseurs ne respectent absolument pas les engagements qu’ils ont pris », selon l’aveu du ministre de l’économie lui-même. S’ils ne « corrigent » pas le tir, Bruno promet de prendre « les mesures nécessaires pour faire respecter ces engagements et nous assurer que les fournisseurs jouent aussi le jeu » : « On peut toujours prélever davantage sur les fournisseurs d’énergie que ce que nous faisons aujourd’hui ». Dans le budget pour 2023, le gouvernement a mis en place un mécanisme qui doit lui permettre de collecter une partie des bénéfices des énergéticiens et lui rapporter, selon ses estimations, 11 milliards d’euros. Pourquoi ne pas agir maintenant alors que les défaillances sont ouvertement constatés ? Sans doute pour la même raison que les super-profits d’un certain nombre d’entre eux ne sont pas taxés, car ils n’existeraient pas.

Enfin, « dans chaque département, dans chaque préfecture, un point d’accueil des boulangers, avec des équipes dédiées, qui non seulement accueilleront tous les boulangers qui ont des questions et qui se demandent comment bénéficier des aides mais qui viendront aussi à la rencontre des boulangers » a souhaité préciser le même jour sur France Info, la première ministre Élisabeth Borne. Sauf que son ministre déplorait quelques minutes plus tard « nous avons à peine une cinquantaine de PME par jour seulement, je ne parle même pas des boulangers, qui viennent solliciter une aide à laquelle ils ont droit » : dans des préfectures et sous préfectures qui ne disposent déjà pas des moyens nécessaires pour effectuer correctement leurs missions habituelles, on doute que les boulangers se précipitent, alors qu’ils se plaignent déjà du caractère ubuesque des procédures à respecter pour obtenir ces aides – une dépense d’« énergie supérieure aux quelques centaines d’euros obtenues en bout de course » (sans jeu de mots).

Concours Lépine du faux-nez politique

Les boulangers vont-ils marcher sur Paris ? Certains en rêvent. Le 23 janvier, un Collectif pour la survie de la boulangerie et de l’artisanat appelle à manifester dans la capitale. Un autre collectif, La boulangerie à poil, va participer. Ces professionnels invitent d’autres artisans à les rejoindre et accusent l’État de ne pas les soutenir suffisamment. Ils affirment qu’ils veulent « changer le cours de l’histoire », rien de moins. On sent la reprise des codes du mouvement des “Gilets Jaunes” que nous évoquions plus haut.

Or, Frédéric Roy, le boulanger niçois qui a créé le premier de ces collectifs, est ouvertement engagé en politique. Dans ses interviews, il ne se contente pas de montrer ses factures. Il a tout un discours sur l’échec de l’Europe dans le domaine de l’énergie, et sur la souveraineté française qu’il faudrait retrouver. Qui le soutient ? Localement, Eric Ciotti, le député des Alpes-Maritimes, qui est aussi… président de LR. Il est particulièrement savoureux de voir LR – qui a accompagné toutes les décisions néolibérales et technocratiques décidées par le Conseil et la Commission européennes (donc le gouvernement français) – se révolter aujourd’hui… si quelques-uns peuvent parfois (difficilement) se prévaloir d’une lointaine filiation gaulliste ou séguiniste, pour la plupart on se vautre dans la caricature.

La palme revient sans doute à Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône qui fut députée pour le même camp de 2007 à 2020, qui citant Loïk Le Floch-Prigent – « Le fait de produire de l’énergie d’origine nucléaire à 40 €, de la vendre à 42, et ensuite de la racheter le 21 juillet à 397 € devrait faire s’interroger tous les Français » – conclue par « Le fiasco énergétique de Hollande-Macron » : pour quelqu’un qui a voté en 2010 la loi NOME (qui introduit le processus aboutissant à l’impasse actuelle) à la demande du président Nicolas Sarkozy, c’est assez gonflé… Or la flambée des prix de l’énergie qui étrangle les boulangers, les TPE et plus généralement les Français, trouve aussi et d’abord son origine ici.

Démondialisation et marché européen

Les boulangeries avaient déjà subi une poussée de fièvre sur les prix fin 2021-début 2022 à cause de l’augmentation des prix du blé. On avait même vu dans certaines boutiques s’afficher des graphiques explicatifs pour justifier une première augmentation de 10 % de la « baguette tradition ». La guerre en Ukraine – qui a évidemment aggravé le phénomène – ne l’explique pourtant pas ou pas totalement. Depuis plus de 20 ans, le blé est une « matière première » hautement spéculative… Or aujourd’hui, si un producteur français voulait vendre à des prix plus accessibles que les cours actuels du marché, il ne pourrait pas car ce marché justement est mondialisé : tout est négocié à … Chicago. La construction d’un marché international régulé des céréales n’est évidemment pas à remettre en cause – c’est un des acquis des grands objectifs de régulation de la communauté internationale construite après la seconde guerre mondiale –, mais justement la « régulation » n’existe plus ou peu car la réglementation a sauté ligne par ligne avec le processus de libéralisation des marchés engagé depuis les années 1990. La « mondialisation heureuse » des néolibéraux aboutit au dysfonctionnement total du marché… Mais là, l’exécutif français reste coi, au niveau international comme au niveau européen.

L’échelle européenne, parlons en justement… car, en pratique, face à la crise, le gouvernement répond avec des aides ciblées en craignant la contagion des revendications. La peur n’ayant jamais écarté le risque, déjà, d’autres professionnels réclament, eux aussi, des aides supplémentaires. Les restaurateurs expliquent qu’ils ont du mal, comme les boulangers, à payer leur facture. Le gouvernement macroniste craint donc d’avoir ouvert la boîte de Pandore, alors que, depuis quelques mois, il essaie de diminuer son soutien à l’économie hérité de la crise sanitaire. Officiellement, la politique du « quoi qu’il en coûte » est derrière nous – l’État n’en aurait plus les moyens au moment où les taux d’intérêts nominaux remontent. Comment soutenir alors ceux qui ont des problèmes, sans faire chaque jour de nouveaux chèques ?

La solution est systémique et c’est celle que le gouvernement et la haute fonction publique de Bercy – aveuglés par le foi néolibérale – se refusent encore à mettre totalement en œuvre : c’est exiger (après avoir défendu l’inverse pendant des décennies) la fin du « marché » européen de l’énergie. La sortie du traité de la charte de l’énergie ne saurait satisfaire les Français avides de solutions concrètes. Pourquoi proposer au TPE et aux artisans de revenir temporairement aux tarifs réglementés (la gauche voudrait y adjoindre les collectivités), quand on sait que c’est le système actuel qui dysfonctionne en soi ?

Nous avons longuement écrit sur le sujet et vous pourrez vous référez à nos articles… l’idée fait son chemin pourtant, et il est un moment où personne ne pourra encore la différer : il fallait écouter le journaliste Jean-Sébastien Ferjou, le mardi 3 janvier au soir dans l’émission Les informés de France Info, expliquer que, tout en se revendiquant libéral et affirmant « croire au marché », lorsqu’il n’existe qu’un seul producteur – EDF en l’occurrence – il n’y a pas de marché et que les dispositifs mis en place par les institutions européennes pour en créer un artificiellement étaient tout simplement absurdes.

Espérons que l’inéluctable ne soit donc pas mis en œuvre trop tard.

Boulangerie, artisanat et énergie
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10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 17:00

Mardi 8 mars 2022, en fin de conseil vers 23h30, nous avons eu droit au pire numéro d'hypocrisie possible de la part de la majorité municipale sur un sujet particulièrement grave : les conséquences de la guerre en Ukraine. Passe encore que la maire ait refusé d'inscrire à l'ordre du jour du conseil (en infraction totale de son propre règlement intérieur) les deux vœux des groupes Vivons Bezons, groupe des élus communistes, socialistes et républicains et Avenir de Bezons en Commun - pourtant bien mieux rédigés - sur ce sujet (vous trouverez celui de Vivons Bezons en découvrant le texte sous la vidéo), mais M. Cuvillier a dû faire le sale boulot pour expliquer pourquoi le vœu imposé par la majorité municipale était aussi insipide et peu à la hauteur de l'enjeu... Ainsi ils craindraient des suites juridiques si le conseil municipal avait directement mis en cause la responsabilité de la Russie dans l'invasion de l'Ukraine : mais que craignent-ils ? que les avocats de Vladimir Poutine viennent leur demander des comptes ? Allons soyons sérieux !?! Il ne s'agit ici pour Mme Menhaouara que de faire - comme d'habitude - une pure opération de communication et d'affichage sans réel engagement concret... Le vœu se borne donc à quelques vagues phrases sans portée ni conséquence (nous vous laissons juges en découvrant le texte plus bas).

Personne ne pourra venir leur demander des comptes leurs engagements sont si vagues qu'ils pourront toujours justifier que leur "service minimum" est fantastique.

Aucune référence à la violation du droit international par la Russie qui envahit donc illégalement le territoire d'une nation souveraine, sans aucune justification. Aucune référence aux millions de réfugiés ukrainiens, aux victimes civiles et militaires dont le régime du Kremlin est directement responsable. Aucun engagement concret à travailler en faveur de l'accueil de familles ukrainiennes le temps d'un refuge qu'on espère le plus court possible. Aucun engagement concret dans l'accompagnement des associations locales de solidarité. Aucun engagement financier, même modeste, en faveur d'ONG reconnues pour venir en aide aux réfugiés.

Hier soir, la majorité divers droite du conseil municipal s'est illustrée par son absence totale de courage et d'humanité. Pathétique et inhumain. Pour mes camarades et moi, qui sommes engagés depuis le 26 février dans le collectif départemental Solidarité Ukraine 95, c'est consternant.
Ces gens ne sont pas dignes des mandats qu'ils occupent !

Merci à Florelle Prio, Christian Leduey et au PCF Bezons Jacky Leser pour leur soutien à mes côtés, merci à Arnaud Gibert et Christian Hoerner pour leurs interventions sensées.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Vœu proposés par le groupe Vivons Bezons et vœu proposé par Nessrine MenhaouaraVœu proposés par le groupe Vivons Bezons et vœu proposé par Nessrine Menhaouara

Vœu proposés par le groupe Vivons Bezons et vœu proposé par Nessrine Menhaouara

proposition de vœu de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes et républicains"

vœu présenté par Mme Menhaouara et M. Cuvillier au nom de la majorité municipale divers droite de Bezons

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24 février 2022 4 24 /02 /février /2022 09:58

Désormais chaque mort en Ukraine 🇺🇦 quel que soit le camp sera de la responsabilité exclusive de Poutine et de son régime. Les occidentaux toute sensibilité politique confondue ont été d’une naïveté effarante. Tout était déjà écrit en Géorgie.
Il n'est plus temps de parler de désescalade : Poutine est arrivé au sommet et il a activé la guerre. Point… Une fois l'Ukraine écrasée qui sera le prochain ?

J'aimerais comprendre ce qui ne semble pas clair pour certains "responsables". Poutine attaque, bon Dieu !... Poutine attaque ! L'Ukraine a-t-elle attaqué ? Les USA ont-ils attaqué ? Les USA ont-ils menacés d'utiliser l'arme nucléaire ? non ! Poutine menace-t-il d'utiliser l'arme nucléaire si on imaginait défendre l'Ukraine ? oui, implicitement, mais oui !

Je veux bien qu'on dise que c'était pas intelligent de laisser penser que l'Ukraine pourrait un jour peut-être, mais sans aucun engagement, entrer dans l'OTAN. Je veux bien entendre que l'Ukraine aurait dû céder pour la consultation au Donbass sous contrôle de l'OSCE même si tout le monde sait que cela aurait été un mascarade (et imaginez seulement qu'on demande à la France de faire la même chose en Alsace et on rigolera un peu)... et cela aurait été entériner le fait qu'on lui aurait retiré une autre partie de son territoire national... Est-ce que Zelensky est entouré de Nazis ? non ! C'est exactement le même scénario qu'en Géorgie ! Rhétorique völkisch, fascisante et délirante en plus de la part de Poutine, qui n'était pas aussi affirmée en 2008...

Des amis m'ont demandé si Poutine pouvait être renversé par une réaction interne de l'armée, des institutions ou du peuple russes. Voilà ce que j'ai répondu : "Je pense que les Russes ne sont pas favorables à la guerre... mais la société n'est pas libre et tous les opposants (les pires comme les acceptables) ont été arrêtés ou exilés ; je doute d'un mouvement spontané de révolte qui irait jusqu'à renverser Poutine... Les militaires peuvent-ils le renverser ? Est-ce que c'est dans leur intérêt ? J'ai un doute, car ils s'achètent de la gloire à peu de frais : l'Ukraine va être écrasée, les Occidentaux ne vont pas bouger le petit doigt et honnêtement c'est compliqué de bouger face à un parano qui menace d'utiliser l'arme nucléaire si on aide l'Ukraine militairement... Une opération extérieure pour neutraliser Poutine ? ça me paraît compliqué..."

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes et républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Arrêtons de tourner autour du pot : Poutine est l'agresseur !
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31 janvier 2022 1 31 /01 /janvier /2022 11:55

J'ai rédigé cette note pour la Gauche Républicaine et Socialiste sur le résultats des élections législatives portugaises qui se sont déroulées hier, après que les deux partis de la gauche radicale qui soutenaient le gouvernement socialiste d'Antonio Costa ont refusé de voter le budget l'automne dernier. Non seulement les électeurs ont donné la majorité absolue au PS, le parti de Costa, pour poursuivre la politique sociale qu'il conduisait, ils ont largement désavoué le Bloco de Esquerda et le PCP, mais l'extrême droite en a profité pour entrer fortement dans l'Assemblée de la République. Elle s'ancre dans le paysage politique portugais qui était pourtant vacciné du fait du souvenir de la dictature fasciste jusqu'en 1974. La droite sociale-libérale, conservatrice ou libérale reste divisée et atone et ne pourra plus espérer revenir au pouvoir qu'en s'alliant avec l'extrême droite ou en retissant une alliance de centre avec le PS.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes et républicains"
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Portugal : Costa victorieux et l’extrême droite en embuscade

Il y a un an, dans l’article que nous avions rédigé le 27 janvier 2021 aux lendemains de l’élection présidentielle portugaise, nous avertissions de la nécessité de ne pas ignorer le « signal faible » que représentait les 12% du candidat d’extrême André Ventura et nous écrivions : « Le profil attrape-tout de Chega ! [le parti de Ventura] et les dégâts de la crise sanitaire, additionnés à la tentation d’un retour au centrisme gouvernemental, pourraient donc offrir les conditions d’une nouvelle aventure politique et électorale à l’extrême droite portugaise renaissant de ses cendres. »

L’élection présidentielle avait, en pleine vague de COVID, connu une participation faible de moins de 40 %, où s’additionnait à la fois une campagne électorale à bas bruit, la pandémie et l’enjeu relativement faible du scrutin – Marcelo Rebelo de Sousa, le président sortant de centre droit était très populaire et si le président de la République portugaise dispose de pouvoirs importants, ils sont moindres que ceux de son homologue français.

Avec près de 42% des suffrages et au moins 117 sur 230 sièges, le premier ministre socialiste, Antonio Costa, s’est posé en rassembleur, tard dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 janvier, après avoir obtenu une victoire écrasante – car celle-ci lui offre une majorité absolue, la deuxième pour le PS depuis le retour de la démocratie – aux élections législatives anticipées. Elle lui permettra de gouverner les mains libres, sans dépendre de ses anciens alliés de gauche – ni du parti de la gauche radicale Bloco de Esquerada (BE) ni de la CDU, cette improbable coalition qui lie le Parti communiste portugais (PCP, l’un des plus orthodoxes d’Europe) aux écologistes depuis plusieurs décennies.

Une rupture de majorité injustifiée

En octobre 2021, ces deux formations avaient refusé de soutenir la loi de finances 2022, qu’elles jugeaient peu ambitieuse en matière d’investissement public et de mesures sociales, et avaient ainsi précipité la tenue d’élections anticipées. Alors que nous sommes régulièrement critiques à l’égard des politiques conduites par les partis membres du PS, il faut reconnaître que les deux partis de la « gauche radicale » n’ont pas rompu leur soutien sans participation sur des fondements très solides, sur une réorientation forte de la politique budgétaire par Antonio Costa. Ce dernier, à qui l’on peut cependant reprocher d’avoir eu des yeux de Chimène pour Emmanuel Macron, avait en 2015 réalisé l’impensable dans la politique portugaise : le populaire ancien maire socialiste de Lisbonne avait, pour éviter aux Portugais une nouvelle purge libérale par le PSD (dit social-démocrate, mais en réalité parti de centre droit) arrivé très légèrement en tête aux législatives, contre l’avis du président de la République d’alors – le conservateur Aníbal António Cavaco Silva (qui avait menacé de ne pas nommer Costa premier ministre) –, réalisé une inédite union de la gauche en obtenant le soutien du BE et du PCP, sans qu’ils ne participent au gouvernement. L’union de la gauche ne s’était jamais produite au Portugal : il existait une règle non dite selon laquelle pour permettre la transition démocratique, le PS ne pouvait s’allier aux représentants occidentaux de « l’ogre soviétique » et le Portugal avait alterné de gouvernements conservateurs en gouvernements centristes PS-PSD, avec plusieurs gouvernements socialistes minoritaires….

À l’époque le BE, équivalent portugais de Podemos (mais plus ancien), avait le vent en poupe et Costa, par conviction, souci de l’intérêt général et bon sens politique et stratégique, avait mené l’une politique les plus à gauche que le Portugal ait connu avec hausse des salaires, hausse des retraites … et politique fiscale extérieure agressive vis-à-vis de ses partenaires européens pour aider à financer son action, alors même que le Portugal était en 2015 sous le microscope de la Commission européenne et de l’Eurogroupe. Les Portugais en avaient été reconnaissants à Antonio Costa et au PS et lors des élections législatives de 2019, ce parti avait gagné 4 points et 22 sièges, quand le BE stagnait à la baisse et que la CDU perdait 2 points et 5 sièges. La majorité parlementaire était confortée, mais les partenaires du PS commençait à voir que le bénéfice de l’action gouvernementale ne profitait qu’au PS et que (c’est criant pour le PCP) une partie de leur électorat soit leur reprochait de ne pas être maximaliste, soit partait voter directement pour Costa.

Cristallisation autour de la crise sanitaire et de la présidentielle

Les mesures de restrictions des libertés publiques n’avaient pas dû arranger la paix dans le ménage à trois PS-BE-PCP, mais c’est surtout la campagne de l’élection présidentielle qui a préparé le terrain pour une rupture politique. Disons le tout net, Costa a manœuvré pour obtenir une forme de neutralisation du PSD en facilitant la réélection du président sortant Marcelo Rebelo de Sousa, indépendant qui avait été autrefois membre du PSD. Le PS n’avait pas présenté de candidat et ni lui ni Costa n’avait soutenu la socialiste Ana Gomes, qui s’était présenté en indépendante (une diplomate de carrière âgée de 66 ans, devenue une éminente militante anti-corruption et qui s’est posée en rempart contre la montée de l’extrême droite et n’était soutenue officiellement que par deux petits partis maoïstes), et n’avait obtenu que 13 % des suffrages : les dés de cette présidentielle était pipés ce qui explique aussi le très faible taux de participation.

Mais deux enseignements avaient été enregistrés : l’effondrement du BE (sa candidate avait 6 points par rapport à l’élection présidentielle de 2016) qui arrivait derrière le PCP pour laquelle cette élection est traditionnellement défavorable ; et la résurrection de l’extrême droite portugaise avec les 12 % d’André Ventura (juste derrière Ana Gomes) au programme et au discours ouvertement racistes, anti-communiste et complotiste.

Après la déconvenue de la CDU lors des législatives de 2019, c’était désormais au BE d’être sévèrement touché et de considérer que la poursuite du soutien sans participation finirait par lui coûter trop cher. Les manœuvres d’Antonio Costa sur la présidentielle ont achevé de fournir quelques éléments de discours internes sur le retour probable du PS à ses penchants centristes.

Le vote du budget a donc fourni l’occasion pour le BE et le PCP de rompre avec leur soutien à Costa. Ce dernier mis en minorité pour un prétexte fallacieux n’avait plus d’autre choix que de demander la convocation d’élections anticipées ce que le président Rebelo de Sousa a fait sans difficulté.

Désaveu de la gauche radicale et joie à l’extrême droite

Antonio Costa a donc joué à plein sur le bilan avantageux des deux législatures où il a gouverné avec le soutien de la gauche radicale. Celle-ci l’ayant lâché sans raison valable, il a demandé aux Portugais de lui accorder les moyens de poursuivre sa politique sans être menacé d’instabilité parlementaire. Ils lui ont accordé.

Le BE et le PCP dénoncent ce ton de la campagne du PS et de Costa. « M. Costa a créé une crise artificielle pour obtenir la majorité absolue. Son chantage semble avoir eu du succès. La fausse bipolarisation a provoqué une concentration du vote utile, qui a pénalisé la gauche », a commenté, amère, la leader du Bloco, Catarina Martins, mais en réalité ce sont bien le PCP et le BE qui ont créé une crise artificielle et en paient aujourd’hui le prix : le BE perd 5 point à 4,46 % et 14 sièges, il ne lui reste que 5 députés ; la CDU perd 2 points et la moitié de ses sièges, avec un siège de plus que le Bloco. Ainsi l’ancienne coalition de militants trotskystes et de gauche alternative se retrouve en sièges derrière les « frères ennemis » communistes.

La droite – « sociaux-démocrates », conservateurs et libéraux – partait divisée et n’avait rien à proposer, d’autant que 6 ans et demi après la fin du dernier gouvernement de centre droit, les Portugais se souviennent encore de la violence sociale subie sous le cabinet Passos de Coelho en concertation avec la Commission européenne.

C’est donc comme nous le craignions l’année dernière l’extrême droite qui a tiré son épingle du jeu. André Ventura a transformé l’essai de l’élection présidentielle (malgré son taux de participation très faible) : les 20 points de participation supplémentaire entre présidentielle et législatives ne permettent pas à Chega ! d’atteindre les 12 % de Ventura, mais avec 7,15 % elle est à nouveau troisième et passe de 1 à 12 députés (en 2019 elle n’avait fait que 1,3%). « Désormais, au Parlement, il n’y aura pas qu’une gentille opposition à Antonio Costa », triomphait Ventura hier soir en proposant de « redonner sa dignité à ce pays » et en appuyant sur son « avantage comparatif » avec la droite traditionnelle.

Le succès des socialistes au Portugal et l’effondrement de la gauche radicale montre que le peuple préfère ceux qui peuvent agir positivement pour lui plutôt que des partis qui préfèrent – même momentanément – une forme de radicalité vaine. Faut-il encore que les socialistes aient engagé des politiques qui améliorent la vie, ce qui semble avoir été le cas ici… Il y a cependant un risque dans la nouvelle position dominante du PS portugais : c’est que celui-ci ne retombe dans son tropisme centriste après la trahison de ses alliés de la gauche radicale, alors que ce n’était pas son intention avant les élections législatives. À nouveau ici, le Bloco et le PCP porteraient une lourde responsabilité dans la dérive des centres de gravité politiques au Portugal.

Le second risque est celui pour lequel nous tirions la sonnette d’alarme en janvier 2021 : la pérennité d’une force d’extrême droite portugaise dans un pays où le souvenir de la dictature salazariste l’avait jusqu’ici empêchée. Le 24 janvier 2021, Ventura avait prévenu le PSD : « Désormais, il n’y aura pas de gouvernement de droite sans la participation de Chega ! » Il est à craindre qu’il ait raison. Le PSD n’aura au prochain coup pas d’autre choix qu’un gouvernement de centre avec le PS ou un gouvernement d’union des droites avec Chega ! Il faudrait cependant pour cela qu’un coup de barre conservateur soit donné dans le parti de centre droit. D’un autre côté, l’usure du pouvoir touchera tôt ou tard le PS et sans capacité à reproduire l’union de la gauche, ce dernier pourrait choisir l’hypothèse centriste pour se maintenir au responsabilité… sauf que désormais une extrême droite est installée dans l’Assemblée de la République qui pourra en tirer les marrons du feu…

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14 octobre 2021 4 14 /10 /octobre /2021 10:36

J'ai rédigé hier pour la Gauche Républicaine et Socialiste cette note concernant le lien démontré entre les réformes des retraites et de l'assurance chômage souhaitée ou imposée par Emmanuel Macron, les recommandations de la Commission Européenne et l'inscription de la France dans le "plan de relance européen". Bonne lecture...

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Coordinateur national des pôles thématiques de la GRS

Retraites et Assurance-Chômage : des réformes coordonnées entre la Commission européenne et l’Élysée

Depuis quelques jours, des ministres, des sous ministres, la macroniste en chef au parlement européen, la porte-parole en France de la Commission européen et des essayistes macronisés ont décidé de monter au créneau pour dénoncer la liaison faite, faussement selon eux, entre la réforme des retraites et le plan de relance européen. Le lien entre les exigences de la Commission européenne et la réforme des retraites, ou encore celle de l’assurance chômage qui a été imposée après plusieurs reports (et malgré la censure partielle du Conseil d’État) ce 1er octobre, a été depuis longtemps étayé par de nombreux responsables politiques de la gauche française, mais cela n’avait pas donné lieu jusqu’ici à une charge aussi forte et coordonnée de la Macronie

Le débat a resurgi quand Arnaud Montebourg, ancien ministre du redressement productif puis de l’économie de François Hollande, et candidat à l’élection présidentielle, a dénoncé ce lien. Il faut croire que la proximité de l’élection présidentielle et les états de service du candidat ont contraint le camp Macron, allié à la Commission, à réagir avec violence et panique… panique, car les arguments de l’exécutif et de ses soutiens sont faibles.

En effet, tout le monde sait que la réforme des retraites engagées en 2019 par Emmanuel Macron répond, au moins en partie (ne négligeons pas non plus la cécité idéologique de l’impétrant), aux recommandations de la Commission européenne adressée à la France la même année dans le cadre du « semestre européen »1, c’est la recommandation CSR 2019.1.4. Une telle recommandation n’a pas été spécifiquement répétée en 2020 alors que la planète était en pleine crise pandémique, mais la Commission européenne n’a jamais abandonnée son exigence.

Dès l’adoption en février 2021 des règles visant à répartir les fonds du plan de relance européen, intitulé en globish recovery and resilience facility2 (RRF), ce texte fait référence près de 20 fois aux recommandations annuelles adressées à la France. La recommandation la plus importante mise en avant est celle numérotée 1.4 en 2019, que nous avons citée au paragraphe précédent.

Chaque État membre a dû ensuite présenter son propre Plan National de Résilience et de Relance (PNRR) pour démontrer que leurs initiatives et projets répondent bien au RRF de la Commission. Ainsi, dans le PNRR français présenté le 27 avril 2021 (un document de plus de 800 pages), la réforme des retraites est citée une bonne dizaine de fois.

1Le « semestre européen » est la procédure qui conduit chaque les États membres et la Commission européenne a échangé sur les exigences de cette dernière quant à la politique budgétaire des premiers.

2En français, on parle de « plan(s) de relance », en anglais on parle de « plan » mais aussi de facility... il faut se garder des « faux amis » d'une langue à l'autre... mais cela montre quand un état d'esprit est différent et cela décrit qu'une bonne part du plan de relance européen ne sont pas des crédits sonnant et trébuchant mais des « facilités d'emprunt »...

Principaux extraits du plan national de résilience et de relance français soumis à la commission européenne fin avril 2021 qui indique la volonté du gouvernement français d'accéder dans les délais les plus brefs possibles aux demandes de la Commission sur la réforme des retraites...Principaux extraits du plan national de résilience et de relance français soumis à la commission européenne fin avril 2021 qui indique la volonté du gouvernement français d'accéder dans les délais les plus brefs possibles aux demandes de la Commission sur la réforme des retraites...
Principaux extraits du plan national de résilience et de relance français soumis à la commission européenne fin avril 2021 qui indique la volonté du gouvernement français d'accéder dans les délais les plus brefs possibles aux demandes de la Commission sur la réforme des retraites...Principaux extraits du plan national de résilience et de relance français soumis à la commission européenne fin avril 2021 qui indique la volonté du gouvernement français d'accéder dans les délais les plus brefs possibles aux demandes de la Commission sur la réforme des retraites...Principaux extraits du plan national de résilience et de relance français soumis à la commission européenne fin avril 2021 qui indique la volonté du gouvernement français d'accéder dans les délais les plus brefs possibles aux demandes de la Commission sur la réforme des retraites...

Principaux extraits du plan national de résilience et de relance français soumis à la commission européenne fin avril 2021 qui indique la volonté du gouvernement français d'accéder dans les délais les plus brefs possibles aux demandes de la Commission sur la réforme des retraites...

La réforme de l'assurance chômage est citée elle une bonne quarantaine de fois ; le gouvernement s'excuse d’ailleurs de n'avoir pu la mettre en œuvre plus tôt et plus vite à cause de la crise sanitaire…

Principaux extraits du PNRR français évoquant la réforme de l'assurance chômage pour satisfaire les demandes de la Commission européenne...Principaux extraits du PNRR français évoquant la réforme de l'assurance chômage pour satisfaire les demandes de la Commission européenne...Principaux extraits du PNRR français évoquant la réforme de l'assurance chômage pour satisfaire les demandes de la Commission européenne...

Principaux extraits du PNRR français évoquant la réforme de l'assurance chômage pour satisfaire les demandes de la Commission européenne...

Cette insistance à propos de l'assurance chômage démontre que le gouvernement français joue autant que possible au « bon élève » de l’Union européenne, en cohérence avec tout ce qu’Emmanuel Macron a défendu pendant sa campagne électorale : la France sera forte si elle est exemplaire, c’est-à-dire si elle se plie avec enthousiasme à toutes les règles ordolibérales et néolibérales actuelles de l’Union européenne que nous jugeons absurdes et qui nous affaiblissent. Le gouvernement français n’a pas (encore ?) les moyens politiques de mettre en œuvre la réforme des retraites ? Qu’à cela ne tienne ! ils réaffirment avec force leur attention d’aller au bout sur les retraites et montrent leur bonne volonté européenne en mettant en avant qu’ils cognent comme des sourds sur l’assurance chômage. Cette bonne volonté sur l’assurance chômage est là pour rassurer la commission : ce « bon élève » ira au bout sur les retraites.

Voici donc l'analyse du PNRR français par la commission, publiée fin juin 2021: https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/HTML/?uri=CELEX:52021SC0173&from=EN

Il est écrit noir sur blanc : « Le système de retraite reste complexe. Plus de 40 régimes de retraite différents coexistent en France. Ces régimes s'appliquent à différents groupes de travailleurs et de fonctions selon différents ensembles de règles. Le Gouvernement s'est engagé dans une réforme visant à unifier progressivement les règles de ces régimes, en vue de simplifier le fonctionnement du système de retraite notamment pour en améliorer la transparence, l'équité et l'efficacité. La réforme a été suspendue par la crise du COVID-19. […] Le plan français de relance et de résilience est globalement conforme aux enjeux et priorités identifiés dans le dernier projet de recommandation du Conseil sur la politique économique de la zone euro 26 (AER). Le plan contribue à l'EAR 1, en assurant une orientation politique qui soutient la reprise, car il met en œuvre des mesures contribuant à la résilience du système de santé et de sécurité sociale, notamment par le renforcement des secteurs sanitaire et socio-médical (volet 9 R&D, santé, territoires), ainsi que des mesures sociales de soutien à l'emploi (volet 8 Emploi, Jeunesse, Handicap, Formation professionnelle). Les actions axées sur la qualification de la main-d'œuvre (composante 8) contribuent à atténuer l'impact social et du travail de la crise. La qualité de la gestion des finances publiques du pays devrait, entre autres, être renforcée par la numérisation de l'administration publique et les réformes structurelles fiscales (Volet 7 Numérisation de l'État, des territoires, des entreprises et appui au secteur culturel). »

Cependant la Commission semble dire que le gouvernement français ne lui donne pas assez d'assurance sur les retraites – ce qui explique sans doute que le gouvernement français ait démontré une brutalité particulière dans sa façon d’imposer au forceps la réforme de l’assurance chômage (« si si, je vous assure, la France est un « bon élève ») :

« Le système de retraite français (CSR 2019.1.4) est coûteux mais les dépenses ne devraient pas augmenter à long terme en pourcentage du PIB. La réforme envisagée (centrée sur l'unification de plus de 42 régimes) est abordée dans la partie I (principaux objectifs et cohérence) du plan de relance et de résilience, où les autorités françaises expliquent qu'elles envisagent de reprendre les discussions parlementaires suspendues sur la réforme des retraites dans le but de créer un système universel plus équitable. La réforme du système de retraite n'est pas inscrite dans une mesure du plan français et n'est donc pas associée à un livrable (jalon ou cible) au titre de la Facilité pour la Récupération et la Résilience. Compte tenu de son importance capitale pour la mobilité et la productivité de la main-d'œuvre, la réforme des retraites prévue sera étroitement surveillée, y compris ses implications en termes d'équité et de durabilité. »

À la fin, la commission donne cependant un satisfecit à Macron :

« Dans l'ensemble, le plan constitue un ensemble complet de réformes et d'investissements visant à relever les défis identifiés dans les recommandations par pays, avec quelques lacunes qui sont partiellement comblées par des mesures extérieures à la Facilité. Le plan répond bien aux recommandations et aux enjeux dans les domaines de l'environnement des affaires, de l'emploi, de la santé, des transitions vertes et numériques. Le plan comprend un engagement à renforcer la viabilité des finances publiques lorsque les conditions économiques le permettent et des réformes pour soutenir cet objectif. Cependant, l'engagement de reprendre les discussions sur la réforme du système de retraite ne s'accompagne pas de jalons et d'objectifs pour la mise en œuvre de la réforme. En outre, des mesures supplémentaires peuvent être nécessaires pour relever les défis du marché du travail auxquels sont confrontés les groupes vulnérables autres que les jeunes (CSR 2019.2). […] Compte tenu des réformes et des investissements envisagés par la France, son plan de redressement et de résilience devrait contribuer à relever efficacement l'ensemble ou un sous-ensemble important des défis identifiés dans les recommandations par pays, ou des défis dans d'autres documents pertinents officiellement adoptés par la Commission dans le cadre le semestre européen, et le plan de relance et de résilience représente une réponse adéquate à la situation économique et sociale de la France. »

Au bout de ce processus politico-technocratique, dont l’Union Européenne a le secret, il ne reste plus qu’à faire un dernier tour de bonneteau (ou de Beaune-teau?) : dans son communiqué du mois de juillet 2021, saluant l'accord de la Commission pour le PNRR français, Bruno Le Maire se garde de bien de citer la réforme des retraites puisque formellement elle ne fait pas partie des projets immédiats, le gouvernement ayant expliqué à la commission qu'il n'en avait pas encore les moyens, ce dont la commission se plaint...

En conclusion :

1️⃣ les recommandations de 2019 de la commission qui exigent une réforme des retraites ne sont pas renouvelées d'une année sur l'autre (surtout pas en 2020 avec la crise sanitaire), mais elles restent actives et considérées comme pertinentes et appropriées par la commission Van der Leyen deux ans plus tard puisque citées 20 fois dans le RRF ;

2️⃣ Macron et ses gouvernements appliquent une stratégie cohérente depuis le départ : « La France sera grande si elle est ordo-libéralement exemplaire », c'est-à-dire selon nous si elle abandonne toute prétention à exercer sa souveraineté sur des dossiers comme la reconquête industrielle ;

3️⃣ La commission attend bien de la France encore aujourd'hui une réforme des retraites et regrette que le gouvernement ne puisse pas aller plus vite et surveillera donc ses efforts en ce sens.

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26 janvier 2021 2 26 /01 /janvier /2021 19:07

Les électeurs portugais ont réélu dimanche 24 janvier 2021 Marcelo Rebelo de Sousa, candidat indépendant issu du parti social-démocrate (PSD, centre droit), président de la République avec près de 61% des voix dès le premier tour.

Sa réélection n'est pas une surprise et lui qui avait déjà emporté au 1er tour le scrutin précédent en 2016 avec 52% des suffrages était annoncé vainqueur à plus de 55% dans les sondages depuis plusieurs semaines. Le conservateur modéré a depuis longtemps une très bonne cote dans l'opinion publique portugaise et il est parvenu à cohabiter sans accroc majeur avec le Premier ministre socialiste Antonio Costa. Le président de la République portugaise, bien qu'élu au suffrage universel, n'a pas des pouvoirs aussi étendus que celui de la République française – loin de là –, mais sa fonction de représentation et la capacité de la présidence à dénouer d'éventuelles crises politiques ont régulièrement amené à ce mandat des personnalités reconnues pour leur expérience et dont les anciens conflits politiques avaient cédé la place à une image consensuelle.

Marcelo Rebelo de Sousa était donc d'autant plus apprécié qu'il succédait en 2016 à Hanibal Cavaco Silva (PSD) ; ce dernier avait une image clivante : il a toujours eu des relations difficiles avec les socialistes portugais (dans une démocratie parlementaire pourtant habituée aux compromis au centre entre le PS et le PSD), et il avait à la fin de son mandat tenté d'empêcher pendant plus d'un mois la formation du premier gouvernement portugais d'union de la gauche – ou plutôt d'un gouvernement socialiste soutenu sans participation par le parti communiste et le Bloc de gauche (Bloco de esquerda, BE – gauche radicale). Ainsi le PS, pour s'éviter une défaite assurée, n'avait présenté aucun candidat (il avait déjà éludé l'élection en 2016, laissant un candidat sans étiquette qui lui était pourtant favorable arriver deuxième avec 23% et le seul soutien de deux petits partis dont un maoïste). Le chef du gouvernement a même refusé de soutenir la socialiste Ana Gomes, une diplomate de carrière âgée de 66 ans, devenue une éminente militante anti-corruption et qui s'est posée en rempart contre la montée de l'extrême droite.

Il n'est donc pas ici possible de tirer des enseignements définitifs sur l'évolution de la vie politique portugaise, d'autant que la participation à ce scrutin est traditionnellement faible (49% en 2016, 46,5% en 2011, 61,5% en 2006, 49,7% en 2001…), ce qui peut paraître relativement logique au regard de l'enjeu limité de l'élection.

Il faut cependant regarder de près ces résultats ; d'abord parce que l'on perçoit très nettement l'effet de la crise sanitaire et du confinement strict qui a à nouveau cours depuis plusieurs semaines au Portugal : la participation s'est établie à 39,5% soit 9,5 points de moins qu'en 2016. La crise sanitaire a d'ailleurs été un argument de campagne pour mobiliser autour de sa personne et d'une demande de stabilité : dans son dernier discours de campagne, Marcelo Rebelo de Sousa a appelé les électeurs à voter pour lui afin d'éviter un second tour (qui aurait pu se dérouler le 14 février), et ainsi « épargner aux Portugais le prolongement de l'élection pendant trois semaines cruciales » pour freiner l'épidémie. « Il suffit d'une abstention de 70 % pour rendre un second tour quasiment inévitable », s'était-il également inquiété.

Les effets de la crise sanitaire se font aussi sentir à gauche. Bien qu'Ana Gomes n'ait pas reçu le soutien officiel de son parti et d'Antonio Costa, force est de constater que son score est extrêmement bas : même si elle est deuxième, elle recueille à peine 13% des suffrages exprimés. Durant les fêtes de fin d'année certains sondages l'ont même donné derrière le candidat d'extrême droite (nous y reviendrons). Il semble probable que l'électorat socialiste ne se soit pas mobilisé pour ce scrutin, ou même ait voté pour le président sortant. Car l'atonie socialiste ne profite pas au reste de la gauche qui soutient sans participer le gouvernement Costa : Marisa Mattias, dirigeante du BE, avec 3,95%, perd plus de 6 points par rapport à 2016 ; elle arrive même derrière le candidat du très archaïque Parti communiste portugais, João Fereira, qui rassemble 4,32% (+0,38 point) des suffrages. La gauche se portait pourtant plutôt bien avant la pandémie, les élections européennes de mai 2019 – avec une participation de 31% (plus proche donc des présidentielles) – lui ayant donné des résultats plutôt positifs pour des partis associés de près ou de loin à l'exercice immédiat du pouvoir : 33,4% pour le PS (+2 points), 9,8% pour le BE (+5,3 points) compensant la chute de CDU (coalition écolo-communiste) avec 6,9% (-5,8 points). Les élections européennes annonçaient alors la consolidation de la coalition d'union de la gauche lors des législatives de l'automne 2019 (participation de 48,6%) : PS à 36,3% (+4 points), BE à 9,5% (-0,7 point) et CDU à 6,3% (-2 points).

La gauche portugaise a donc perdu des plumes dans la pandémie quelle que soit la place occupée dans la coalition gouvernementale, sans que cela signifie pour autant que le PSD et la droite conservatrice (CDS et PPM) représentent aujourd'hui une alternative gouvernementale. Il est à craindre que la vie politique portugaise recherche dans « l'éternel retour du même » la solution mécanique à un nouveau problème et que la pseudo-cohabitation Costa-Rebello ne finisse par déboucher sur une nouvelle coalition centriste PS-PSD ou PSD-PS.

Car la nouveauté alarmante du scrutin présidentiel réside dans le résultat du candidat « populiste », qu'il conviendrait pourtant de désigner par un qualificatif moins ambigu : si André Ventura et son petit parti Chega ! (traduction : « ça suffit ! ») se présentent comme une version portugaise du trumpisme prétendant défendre « les Portugais bien intentionnés » contre les « profiteurs » en tout genre d'un « système » qu'il veulent transformer de l'intérieur, Ventura recycle en réalité sur un ton volontairement provocateur des discours fantasmagoriques sur le mythe du danger représenté par la « gauche révolutionnaire », ou encore ultra catholiques et racistes, anti-Roms, anti-Gitans, anti-immigrés qu'on n'avait plus entendu réellement dans le débat politique portugais depuis la chute de la dictature salazariste. Il a, par exemple, défendu un plan de confinement sanitaire spécial pour les communautés Roms, ou proposé qu'une députée née en Guinée-Bissau, qui voulait restituer des œuvres d'art aux anciennes colonies portugaises, soit « rendue à son pays d'origine ». Or André Ventura a atteint dimanche 12% des suffrages quand Chega ! n'arrivait en coalition avec les ex « monarchistes » (en réalité les héritiers du salazarisme) et les pro-vie qu'à 1,49% des suffrages lors des européennes de mai 2019 et seul à 1,3% lors des législatives de l'automne 2019, permettant à son chef de siéger à l'Assemblée nationale pour l'utiliser comme une tribune.

Le profil attrape-tout de Chega ! et les dégâts de la crise sanitaire, additionnés à la tentation d'un retour au centrisme gouvernemental, pourraient donc offrir les conditions d'une nouvelle aventure politique et électorale à l'extrême droite portugaise renaissant de ses cendres. En tout cas, les commentateurs portugais s'accordaient tous au soir du dimanche 24 janvier 2021 sur le danger réel que représentent désormais Ventura et son parti. Un seul éditorialiste restait optimiste écrivant « contrairement à beaucoup d’autres », que Chega ne survivra pas jusqu’aux prochaines élections législatives de 2023 : « Ce parti ne sera qu’un phénomène, comme l’a été le Parti rénovateur démocratique de Ramalho Eanes [le premier président portugais élu après le retour de la démocratie en 1974]. Il disparaîtra aussi vite qu’il est apparu. Pour une raison très simple : Ventura n’aura pas la main sur les sauvages de son parti qui sont à l’affût du pouvoir. » Ventura a pourtant prévenu dimanche soir le PSD, principal parti de centre droit et d’opposition au Portugal : « Désormais, il n’y aura pas de gouvernement de droite sans la participation de Chega. »

Frédéric FARAVEL

Le leader d'extrême droite André Ventura et le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa

Le leader d'extrême droite André Ventura et le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa

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26 novembre 2020 4 26 /11 /novembre /2020 20:00
Deux soldats ou miliciens azéris filmés par leurs comparses hilares en train de détruire plusieurs tombes arméniennes dans les territoires occupés par l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh

Deux soldats ou miliciens azéris filmés par leurs comparses hilares en train de détruire plusieurs tombes arméniennes dans les territoires occupés par l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh

Un cessez-le feu a été imposé dans la région du Haut-Karabakh qui entérine les conquêtes militaires de l’Azerbaïdjan.

Après les tensions post-soviétiques qui avaient abouti à une guerre ouverte dans les années 1990, le Haut-Karabakh, enclave d’Arméniens au sein de l’Azerbaïdjan, avait acquis une indépendance de fait. Pour protéger cette indépendance, l’Arménie occupe militairement non seulement cette région, mais aussi la zone frontalière afin de garantir un corridor de sécurité.

En 2016, l’Azerbaïdjan avait mené une offensive militaire, brisant l’accord de paix en place depuis 20 ans. Si le conflit avait été de courte durée, il marquait le début d’une opération de reconquête par l’Azerbaïdjan, galvanisé par l’expansionnisme de son allié turc, des territoires protégés par l’Arménie.

Cette fois-ci, les pertes territoriales sont importantes pour le Haut-Karabakh. Non seulement l’Azerbaïdjan reprend le contrôle du corridor de sécurité et isole le Haut-Karabakh de l’Arménie, retrouvant ainsi le contrôle d’une partie de sa frontière sud avec l’Arménie, mais il occupe désormais une partie du Haut-Karabakh lui-même, à savoir la ville de Chouchi.

Cet accord de paix va permettre à la Russie, restée nominalement neutre dans ce conflit, d’accroître son influence. L’accord de paix prévoit de maintenir un corridor de 5 km de large entre l’Arménie et le Haut-Karabakh, qui sera sous contrôle russe, alors que précédemment il s’agissait de tout l’espace entre Arménie et Haut-Karabakh qui était sous contrôle arménien. Par ailleurs, afin de désenclaver le Nakhitchevan, coincé entre Arménie et Turquie mais coupé de l’Azerbaïdjan, un corridor de 5 km va être mis en place dans le territoire arménien, aussi sous contrôle russe. La Russie semble avoir voulu donner une leçon au gouvernement arménien qui est le fruit d’une « révolution orange » anti Russie. Si elle a réussi cela, elle n’en sort pas totalement gagnante pour autant. En effet, elle a entériné l’avancée azérie et donc néo-ottomane, ce qui est un signe de faiblesse. Par ailleurs, être responsable d’une sorte de couloir de Dantzig met la Russie dans une situation de cible facile pour les activistes azéris remontés qui, à chaque fois qu’ils porteront atteinte à l’accord-en fait mettront la Russie devant le choix d’agir ou de laisser faire. Et chaque laisser-faire sera un signe de faiblesse. La Russie est donc gagnante dans son rapport au gouvernement arménien actuel mais pas sur le plan géopolitique à court-moyen terme.

Le grand gagnant de cet accord de paix est le pôle turco-azerbaïdjanais. L’expansionnisme turc avait déjà touché la Mer Egée, la Lybie et le Kurdistan syrien. Il a désormais atteint l’Arménie et le Haut-Karabakh. Si la volonté de l’Azerbaïdjan de mettre fin à l’occupation de terres qui n’étaient pas peuplées par des Arméniens avant le conflit des années 1990 et de garantir un accès à la région isolée du Nakhitchevan peut paraître légitime, il ne faut pas se leurrer quant à la guerre culturelle qui est menée.

La Turquie a envoyé combattre des djihadistes qui étaient leurs alliés dans les conflits syrien et libyen. Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité dont ont été victimes les chrétiens de Syrie et d’Irak, et la destruction par les djihadistes du patrimoine culturel des chrétiens d’Orient, ont effrayé les Arméniens chrétiens, qui ont fui les zones occupées par les forces azerbaïdjanaises et djihadistes. La ville de Chouchi est emblématique de cette opération de nettoyage culturel, car victime en 1920 d’un pogrom anti-arménien qui avait fait plusieurs milliers de morts. Son occupation a déjà occasionné des destructions culturelles majeures : sa cathédrale a été sciemment bombardée, et des opérations de profanation et de destruction culturelle sont en cours.

Il est plus que probable que ce cessez-le-feu ne durera pas. La volonté de l’Azerbaïdjan et de la Turquie ne se limite pas à la reconquête des territoires azéris. C’est désormais le Haut-Karabakh lui-même qui est menacé de nettoyage ethnique et culturel. L’ultra violence contre les Arméniens est monnaie courante dans les deux pays, et ne se limite pas à des postures rhétoriques.

Si la Russie garantit l’intégrité territoriale du territoire arménien, sa position durant le conflit rappelle qu’elle ne protègera par les Arméniens du Haut-Karabakh. La Turquie, elle, sera d’un soutien sans faille à son allié azerbaïdjanais et n’hésitera pas à étendre la sphère du Djihad à cette région, avec les massacres et crimes culturels associés.

Face à cette situation dramatique, la Gauche Républicaine et Socialiste regrette l’abandon géopolitique de l’Arménie et la neutralité de la France dans ce conflit. Nous alertons quant aux volontés expansionnistes d’Ankara, et nous appelons à ce que, dans l’optique plus que probable d’un nouveau conflit, nous défendions sans faille les habitants du Haut-Karabakh menacés de nettoyage ethnique.

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29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 15:52
Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale allemande

Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale allemande

Je me permets de publier ci-dessous cette tribune publiée le 28/04/2020 à 18:14 dans Marianne par Coralie Delaume. Coralie Delaume est essayiste. Elle collabore à Marianne et anime notamment le blog l’Arène nue. Elle a publié Le couple franco-allemand n'existe pas (Michalon, 2018), mais aussi, avec David Cayla, La fin de l’Union européenne (Michalon, 2017) et 10 + 1 questions sur l'Union européenne (Michalon, 2019).

Le pays d’Angela Merkel s’en sort mieux face au Covid-19 que la France, l’Espagne ou l’Italie. Mais il doit son avantage sanitaire et industriel surtout aux mécanismes européens conçus pour lui.
Coronavirus : l’Allemagne, redevenue bon élève ? Pas si simple - par Coralie Delaume

C'est entendu, l'Allemagne s'en sort mieux que la France. Moins de 6.000 morts du Covid-19 outre-Rhin à la date du 27 avril pour près de 23.000 morts dans l'Hexagone. Un confinement commencé plus tard et appelé à se terminer plut tôt. Ne parlons pas du plan de relance économique, spectaculaire : 1.100 milliards d'euros mis sur la table sans hésiter, au pays du « zéro noir » (équilibre budgétaire parfait) et du « frein à l'endettement » constitutionnalisé. Voilà de quoi remettre de l'eau au moulin des zélotes français du « modèle allemand », qui en avaient bien besoin. Avant la crise sanitaire, leur pays de référence montrait des signes de faiblesse. Le ralentissement économique chinois, les tensions commerciales sino-américaines et le début d'une rétractation des flux commerciaux planétaires plombaient l'Allemagne mercantiliste. Elle tutoyait la récession et l'on commençait à douter de sa supériorité. Mais aujourd'hui, on peut à nouveau s'émerveiller de ses prouesses.

Nous allons donc en souper une fois de plus, du « modèle allemand » ! La République fédérale dispose de masques, de tests et de respirateurs autant que de besoin ? Elle peut les fabriquer parce qu'il lui reste des usines. Or s'il lui en reste, c'est parce qu'elle « aime » son industrie. Quant au montant de son plan de relance économique, il doit tout à la vertu budgétaire de notre grand voisin. Endetté à hauteur de 61 % de son PIB seulement, celui-ci dispose d'importantes marges de manœuvre. Et Le Monde d’écrire aussitôt : « par la puissance de son excédent budgétaire, l’Allemagne fait une leçon de rigueur ».

LE MARCHÉ UNIQUE A FORTIFIÉ L'ALLEMAGNE

Le problème est que ces propos mélangent de justes constats avec des explications courtes. Bien sûr l'Allemagne est demeurée une puissance industrielle et cela l'avantage considérablement dans la crise. Le poids de l'industrie y représente 23% du PIB contre seulement 12% de celui de la France, et le pays peut aujourd'hui mobiliser les PME industrielles de son Mittelstand pour produire ce dont son système de soins à besoin. Mais ce n'est pas parce que l'Allemagne « aime » son industrie quand nous détesterions la nôtre. De même, si la RFA peut aujourd'hui dépenser sans compter pour limiter les effets économiques du Covid, ce n'est pas qu'elle a été « rigoureuse » quand nous aurions été « laxiste ». La montagne d'excédents sur laquelle elle est assise et dont elle peut aujourd'hui mobiliser une partie, ne doivent pas grand-chose à la « vertu », ni à quelque autre considération morale que ce soit. Les atouts – incontestables – dont dispose la patrie de Goethe pour affronter l'épreuve doivent beaucoup aux modalités de son insertion dans l'Union européenne, à la configuration du Marché unique et à l'existence de l'euro.

Le Marché unique tel qu'il fonctionne depuis la signature de l'Acte unique en 1986, tout d'abord, a considérablement fortifié l'industrie de l'Allemagne (et de tout le cœur de l'Europe). Pour des raisons historiques, le pays était déjà en position de force industrielle lorsque les « quatre libertés » (libre circulation des capitaux, des personnes, des services et des marchandises) ont été établies. Comme l'explique l'économiste David Cayla, cela tenait à l’histoire économique longue de l'Allemagne, aux modalités de son entrée dans la Révolution industrielle au XIX° siècle, au fait que la présence de charbon et de minerai de fer dans la vallée du Rhin ou en Saxe avaient alors permis l'éclosion de pôles industriels puissants. A l'échelle européenne, des industries moins performantes ne s'en sont pas moins développées dans d'autres pays, restés longtemps protégées par les frontières nationale. Y compris lorsque le traité de Rome est signé en 1957, car seule la libre circulation des marchandises dans le Marché commun est alors mise en place.

POLARISATION INDUSTRIELLE

Lorsque le Marché unique succède au Marché commun et que sont posées les quatre libertés, c'est terminé. Grâce à la libre circulation des capitaux notamment - qui sera parachevée avec l'entrée en vigueur de l'euro – le capital productif peut aller s'investir sans entraves dans les régions où l'industrie est préalablement plus développée. Apparaissent peu à peu ce que les économistes appellent des phénomènes et « polarisation industrielle », à la faveur desquels la richesse va s'agglomérer au cœur industriel de l'Europe, délaissant les périphéries. Voilà pourquoi l'Allemagne (mais également d'autres pays du cœur comme l'Autriche) ont développé leur industrie cependant qu'elle disparaissait doucement dans les pays d'Europe périphérique... mais aussi en France. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En un peu moins de 20 ans (2000-2018), la production industrielle a crû de 26 % en Allemagne (et de près de 6% en Autriche) alors qu'elle chutait en Italie (-19%) mais également en France (-5,7%).Ceci dit, la période considérée est aussi celle de l'entrée en vigueur de l'euro. Or la monnaie unique, tout le monde en convient aujourd’hui, est une côte mal taillée. Elle est trop forte pour les uns et trop faible pour les autres. Selon le FMI par exemple, l'euro serait sous-évalué de 18% pour l'Allemagne et surévalué de presque 7% pour la France. De quoi accroître artificiellement la compétitivité-coûts du made in Germany, et plomber un peu plus encore celle de l'industrie française.

Coronavirus : l’Allemagne, redevenue bon élève ? Pas si simple - par Coralie Delaume
INDUSTRIE PUISSANTE ET COMPÉTITIVE

Si l'on considère enfin que depuis l'élargissement de l'UE aux pays d'Europe orientale, l'industrie allemande dispose d'un vaste hinterland industriel à l'Est, où elle fait massivement fabriquer des sous-ensembles à faibles coûts pour ne se charger elle-même que de l'assemblage, la boucle est bouclée. L’Allemagne « aime » sans doute son industrie, mais la sur-perfomance de celle-ci est liée à des structures qui produisent mécaniquement leurs effets. Ces structures sont celles du Marché et de la monnaie uniques. Dans le cadre de ces mêmes structures, il est impossible à l'économie française d'égaler l'allemande.

Quant aux marges de manœuvres budgétaires du pays d'Angela Merkel, elles sont en partie liées elles aussi au fait qu'il est un grand gagnant de l'intégration européenne. Bien sûr, l'austérité n'y est pas pour rien. Le pays sous-investit par phobie des déficits. Beaucoup d'équipements publics (ponts, routes, autoroutes) sont en mauvais état, et l'institut patronal IW estimait récemment le besoin d'investissements du pays à 45 milliards par an. Il n'y a guère que le système de santé qui n'ait fait les frais du malthusianisme budgétaire, ce que l'historien Johann Chapoutot explique fort bien : « L’Allemagne a économisé sur presque tout (…) . Elle a appliqué son mantra ordo-libéral du zéro déficit. C’est ce que demandait l’électorat de la droite allemande, fait de retraités, qui détient des pensions par capitalisation privée. (...) [Mais] en raison de la volonté de cet électorat également, il n’y a pas eu d’économies sur les hôpitaux, car c’est un électorat âgé, qui veut faire des économies, mais pas au détriment de sa santé. » Reste que grâce à son industrie puissante et compétitive, notre voisin dispose d'excédents courants gigantesques. Or les excédents des uns étant les déficits des autres, on s'aperçoit que l'Allemagne s'est muée en véritable « pompe aspirante » de l'épargne de ses partenaires. Sa dette tient lieu de « valeur refuge », recherchée par ceux qui veulent investir en euros à moindre risque, et les taux à 10 ans auxquels elle emprunte sont tout bonnement négatifs.

La République fédérale dispose dans cette crise d'avantages directement liés à la configuration de l'Union européenne. Ces atouts ont comme contrepartie les faiblesses des autres (Italie, Espagne, France), qui sont désindustrialisés et endettés. Les trajectoires économiques des pays du cœur de l'Europe et des pays périphériques divergent du fait des structures communautaires. En résultent des capacités de relance très différenciées. Au terme de la présente crise plus encore qu'après celle de 2008-2012, certains pays (dont l'Allemagne) auront pu relancer vigoureusement leur économie quand d'autres (dont la France) auront dû s'auto-limiter et connaîtront une récession plus profonde. L'euro-divergence va donc continuer de croître, dans des proportions inégalées. Elle met en péril tout l'édifice.

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12 mars 2020 4 12 /03 /mars /2020 08:59
LE CORONAVIRUS, LA MONDIALISATION NÉO-LIBÉRALE ET LA BATAILLE CULTURELLE

Le texte publié ci-dessous est une analyse géopolitique et économique de la Gauche Républicaine & Socialiste rédigée le mercredi 11 mars 2020

Les places financières mondiales se sont effondrées en ce début mars. Une telle violence des baisses d’indices, de l’ordre de 20% en quelques séances, n’avait plus été observée depuis le krach de 2008. Plusieurs facteurs se sont conjugués pour aboutir à ce désastre : des anticipations de croissance moroses, l’arrêt de l’activité en Chine pour cause de coronavirus et un vif désaccord entre Saoudiens et Russes sur la production de pétrole.

Chronologiquement, c’est ce dernier facteur qui a précipité la chute. L’Arabie Saoudite était plutôt encline à réduire la production et soutenir ainsi les cours du baril. La Russie se disait pour sa part qu’un baril durablement sous les 40 dollars pourrait détruire l’industrie américaine du pétrole de schiste (dont le seuil de rentabilité se situe au-delà des 50 dollars). C’est le point de vue de cette dernière qui a finalement prévalu. Mais les cours du pétrole étaient déjà bas, reflétant la faiblesse de l’économie réelle, dès avant l’impact du coronavirus. La gestion de la maladie par la Chine n’a fait qu’aggraver une situation latente de surproduction – et donc de survalorisation des cours de bourse.

A présent, on ne peut que redouter les effets dévastateurs de la crise financière sur la sphère productive. Les banques vont essuyer des pertes colossales et réduire encore davantage l’accès des entreprises au crédit (investissements et surtout trésorerie). De l’autre côté, le coronavirus entraîne non seulement des ruptures d’approvisionnement mais aussi des reports voire des annulations pures et simples d'événements, de transports, de voyages touristiques et professionnels, etc. Ce premier trimestre 2020 subit donc à la fois un choc d’offre et un choc de demande. Tout (en tout cas beaucoup) dépend maintenant de la vitesse de récupération de la Chine, atelier du monde.

Si l’Empire du Milieu se remet en marche d’ici quelques semaines, peut-être que l’économie repartira. Mais ça n’est qu’un « peut-être » car pour de très nombreuses entreprises et secteurs d’activité, « quelques semaines » veut dire une éternité. Faute de clients, de pièces détachées et de crédit, des milliers d’entreprises pourraient avoir entre temps déposé leur bilan.

Mis à part les mesures conjoncturelles que prendront les gouvernements pour atténuer ces chocs (inondation de liquidités sur les marchés, dégrèvements fiscaux et sociaux, voire même des relances budgétaires), la grande question que pose évidemment cette crise est celle de notre dépendance matérielle à la Chine. La consommation mondiale et notamment occidentale, s’appuie sur une production dont la chaîne de valeur remonte presque toujours 

là-bas. Hormis quelques niches de type armement ou centrales nucléaires, toute notre industrie contient du Made in China. Si la Chine s’effondre, nous ne pouvons plus produire de voitures, d’avions, d’appareils électroniques, de machines, de médicaments, ni même de vêtements ou de maisons.

C’est si vrai que l’effet le plus catalyseur, intellectuellement, du coronavirus a été de convertir des amoureux de la mondialisation heureuse comme Thierry Breton ou Bruno Le Maire aux vertus de la souveraineté économique. C’est à peine s’il faut se pincer, pour être sûrs de bien les entendre expliquer aujourd’hui le contraire de ce qu’ils nous infligeaient hier. Ils prononcent le mot « relocalisation ». Ils ne font plus des sauts de dix mètres sur leur chaise lorsqu’on leur suggère que le concept de « démondialisation » n’est pas si stupide, ni soviétique, ni vénézuélien que tous les idéologues néolibéraux nous l’enseignaient jusqu’il y a deux mois. On commence à se dire que passer des accords de libre-échange avec l’Australie pour lui acheter du bœuf ou la Nouvelle-Zélande pour lui acheter du lait, n’est pas forcément d’une rationalité économique évidente.

Même l’Union européenne bruisse de ces réflexions sacrilèges – lesquelles ne sont certes pas encore parvenues au cerveau du Commissaire au Commerce international (ce qui s’explique sans doute par la lenteur des influx nerveux chez les dinosaures). Même l’Allemagne (!!!!) convient que la règle d’or budgétaire est un peu trop rigide.

Nous assistons donc aux prémices d’une victoire culturelle. Les faits nous donnent raison. La tension extrême dans laquelle se déploient les flux économiques et financiers mondiaux est en train de se rompre, nous laissant momentanément à poil, et honteux – par exemple de devoir compter sur la Chine pour fournir l’Italie en appareils de réanimation médicale, ou Sanofi en principes actifs médicamenteux.

Tout cela, toutes ces innombrables choses qui nous permettent de vivre dans un confort à peine imaginable pour les humains d’il y a un siècle et demi, nous pouvons le produire nous-mêmes, chez nous. Sans supprimer la mondialisation, nous pouvons et nous devons rapatrier des industries et les compétences, les savoir-faire et les salaires qui vont avec. Le coronavirus vient de nous montrer que la démondialisation n’est pas qu’une question idéologique, ni même principalement sociale; c’est une question de survie.

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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 08:17

Aujourd'hui, l'Assemblée nationale est appelée à se prononcer sur la ratification du traité de libre-échange entre l'Union européenne et le le Canada. Evidemment, j'enjoins toutes les députées et tous les députés à voter contre cette ratification.

Ce dernier est déjà en application provisoire depuis le 21 septembre 2017, suite à sa ratification par le Parlement européen. Rien que cela en soi démontre une grave défaillance à l'égard de la souveraineté populaire.

On se rappelle que le Gouvernement Macron-Philippe avait demandé à une commission d'expert d'évaluer le traité : il n'a tenu aucun compte de ses conclusions.

La commission d’évaluation présidée par Madame Katheline Schubert avait remis le vendredi 8 septembre 2017 ses conclusions au gouvernement sur le CETA. Ce rapport reprend en effet la plupart des réticences déjà soulevées depuis des années par les ONG, syndicats et parlementaires européens et nationaux, au cours de leur travail de fourmi pour l’analyse de ce texte aride, négocié dans le secret le plus absolu.

Le rapport souligne plusieurs des faiblesses de l'accord, à commencer par son « manque d’ambition » sur le plan environnemental. Cet accord ne contient, en effet, ni engagement contraignant en matière climatique ni disposition pour limiter le commerce des énergies fossiles. En outre, en renforçant les flux commerciaux, il devrait mécaniquement augmenter l’émission de gaz à effet de serre, faute de s’attaquer au transport de marchandises. On voit d'ailleurs difficilement l'intérêt à déplacer sur des milliers de kilomètres des produits déjà produits en quantité en Europe et en France, pour lesquels nous n'avons aucun besoin supplémentaire.

Le rapport relaie également les inquiétudes des agriculteurs et ONG européens, qui savent que la libéralisation des échanges agricoles va donner la primeur au moins-disant canadien en matière de normes sanitaires et environnementales, affaiblissant du même coup l’agriculture européenne. Il relève ainsi les « exigences moindres » du Canada sur les pesticides, les OGM ou encore les activateurs de croissance (hormones et antibiotiques) : « Le risque est que le CETA ne fournisse pas des conditions favorables aux objectifs de la transition écologique de l’agriculture ».

Chacun connait les craintes légitimes exprimées largement par les associations, les organisations professionnelles et de nombreux parlementaires sur les conséquences éventuelles de cet accord qui pourrait entraver la capacité des États à réglementer dans le domaine de l’environnement et de la santé. Les neuf experts n’ont pu dissiper ces inquiétudes : « les dispositifs actuels liés à l’application (…) du principe de précaution ne sont pas remis en cause », mais « l’absence de citation explicite de ce terme dans le texte de l’accord crée (…) une incertitude sur l’éventualité de contestation par le Canada de dispositifs futurs ». Signe de la complexité et de l’imprévisibilité de ces accords commerciaux, dont les effets ne peuvent souvent être pleinement évalués que plusieurs années après leur entrée en vigueur.

Le mécanisme d’arbitrage international pourrait également amputer le pouvoir normatif des gouvernements et donner à diverses multinationales la possibilité d’attaquer les États et donc de peser à la baisse sur leurs législations sociales, sanitaires et écologiques ; au demeurant de nombreuses sociétés basées aux USA étant également implantées au Canada, celles-ci peuvent avec le CETA contourner l'abandon (provisoire) du TAFTA pour mettre en cause nos puissances publiques en Europe. La Belgique avait engagé sur les mécanismes d'arbitrage une procédure de saisine de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) ; quelques rares parlementaires avaient demandé au gouvernement français de s'associer à cette démarche, ils n'avaient évidemment pas été entendus.

La commission Schubert recommandait enfin l’introduction d’un « veto climatique », qui protégerait le Canada et les États de l’Union européenne contre tout contentieux lié à leurs mesures de lutte contre le changement climatique. Force est de constater qu'un tel veto n'existe pas (cf. article publié ce matin dans L'Express). Nous avons tous compris quelle était la véritable orientation des différents signataires du CETA : le Premier ministre canadien Justin Trudeau est le seul à pouvoir contester à la Commission et à Macron la palme de la duplicité et de la mauvaise foi. Lundi 17 juin, son gouvernement faisait voter par les députés canadiens une motion « d’état d’urgence climatique ». Et le… lendemain, les mêmes décidaient de construire un nouvel énorme pipeline acheminant le pétrole de l’Alberta vers les États-Unis. Ce tuyau traversera le territoire de 129 peuples natifs d’Amérique et portera la capacité canadienne de 300.000 barils de pétrole bitumineux par jour à 900.000. Voilà le genre de gouvernements avec lequel nos dirigeants proclament leur attachement à l’Accord de Paris. Voilà la vraie signification de « Make Our Planet Great Again ».

Je crains que notre système institutionnel ne biaise malheureusement le débat parlementaire : la soumission de l'Assemblée nationale à l'exécutif induite par le régime de la cinquième République laisse peu d'espoir pour aujourd'hui (raison de plus pour revenir à une république pleinement parlementaire). J'ai peine à croire à un sursaut d'indépendance lucide aujourd'hui ; je mets plus d'espoirs - même si cela sera compliqué - dans le Sénat à l'automne 2019.

Un dernier mot : je ne suis pas un fan de la jeune Greta Thunberg, qui interviendra aujourd'hui dans un salon de l'Assemblée nationale, à l'invitation d'une centaine de députés, dont une partie se servira de cette réunion pour se blanchir de la forfaiture que représentera leur vote éventuel en faveur de la ratification ou leur abstention. Le #Greenwashing vaut aussi bien en politique que dans le capitalisme. Je trouve que cette adolescente développe un discours fondé exclusivement sur la peur, à résonance religieuse, qui ne me paraît pas adéquat pour inciter à l'action. Cependant le dénigrement à son égard ne sert par ailleurs qu'à camoufler un discours réactionnaire et "climato-sceptique"... Ne soyons dupe ni d'un versant ni de l'autre.

Frédéric FARAVEL

CETA : les députés français ont aujourd'hui rendez-vous avec la planète. Deux options : la honte ou l'honneur !
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