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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

11 décembre 2023 1 11 /12 /décembre /2023 14:10

J'ai rédigé pour la Gauche Républicaine et Socialiste la note ci-dessous sur la dernière proposition de casse du droit du travail de Bruno Le Maire.

Bonne lecture...

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains
Animateur national du pôle Idées, formation, riposte de la GRS

Licenciements abusifs : Bruno Le Maire, ministre voyou des patrons voyous

Bruno Le Maire a indiqué dans Le Parisien dimanche 3 décembre que le gouvernement veut s’attaquer à nouveau aux droits des salariés au pas de charge, en vue du vote de la loi Pacte II prévue début 2024. « Un recours contre l’entreprise reste possible pendant 12 mois. Il est important que les salariés puissent être protégés, mais ce délai est trop long ». L’objectif du ministre de l’économie est de réduire ce délai de recours à 2 mois…

Depuis la fin des années 2000, la prescription en matière de contestation de la cause réelle et sérieuse du licenciement a déjà été drastiquement réduite. En 2008, une loi l’avait divisée par six, de 30 ans à 5 ans. Puis en 2013, une autre loi avait entériné son passage à 2 ans. Aussitôt après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, l’ouvrage a été remis sur le métier. Une baisse à six mois avait été initialement envisagée mais devant la levée de boucliers des syndicats, c’est le passage à un an qui avait été finalement retenu dans la réforme du Code du travail.

La proposition de Bruno Le Maire ne suscite aucun enthousiasme du côté des employeurs. Pourtant enclines à dénoncer les risques de contentieux, aucune des trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) n’est demandeuse d’une telle réduction des délais. Il faut dire que la succession des réformes du code du travail depuis Nicolas Sarkozy (quinquennat Hollande inclus évidemment avec les lois Macron et El Khomri) ont sérieusement déséquilibré le rapport de force en faveur du patronat. Après la création des ruptures conventionnelles en 2008, les ordonnances Macron de 2017 ont sérieusement desserré la pression judiciaire sur les employeurs, avec le plafonnement du montant des dommages et intérêts : le nombre de nouvelles affaires aux prud’hommes a baissé de 44% entre 2015 et 2022, car les salariés n’ont en réalité plus grand chose à attendre de ces instances. Procéder à un licenciement abusif – c’est-à-dire illégal ! – ne coûte plus grand chose…

L’ensemble des organisations syndicales de salariés ont dénoncé cette nouvelle sortie du gouvernement par la voix de son ministre de l’économie et nous partageons leur colère. En effet, ne pas laisser aux salariés le temps de constituer un dossier recours – deux mois, c’est trop court pour sortir de la sidération, se renseigner sur ses droits et pouvoir contester à temps – ne peut que favoriser les patrons voyous ; les cas de licenciement abusif risquent donc de se multiplier … encore.

En réalité, la remontée des chiffres du chômage inquiète le gouvernement qui voit s’éloigner l’objectif des 5% en 2027. Emmanuel Macron et ses gouvernements ont toujours été acquis à une vision idéologique du marché du travail et de l’activité économique… Récemment encore le Chef de l’État déclarait au patronat « Réveillez-vous ! » son raisonnement est à la fois transparent et parfaitement irrationnel… Emmanuel Macron et le centre libéral-autoritaire qui le soutient sont convaincus d’avoir « fait le job », « j’ai précarisé les travailleurs, j’ai flexibilisé le marché du travail, j’ai pénalisé les chômeurs, c’est à vous de nous faire passer de 7,4 à 5%. » Or la facilitation des licenciements, l’indulgence accrue pour les écarts aux codes du travail, la flexilibisation du marché du travail, tout cela ce sont des stratégies qui ont été entamées dans les années 1990 et qui ne fonctionnent pas. Elles ont en réalité donné peu de résultats et une nouvelle étape n’en donnera pas plus. La maltraitance à l’égard des salariés, la casse du droit du travail et la précarisation des travailleurs vont assurément encore dégrader le climat social, mais cela ne créera pas d’emplois, pas plus que cela n’en a créé auparavant d’ailleurs. Et cela ne peut tenir lieu d’une véritable politique industrielle qui manque toujours à la France.

Construire le plein-emploi de demain ne se fera pas en renforçant l’exploitation : non ! Nous voulons une société de citoyennes et de citoyens émancipés, fiers de ce qu’ils apportent à la société, fiers du fruit de leur travail.

Cela passe par des salaires justes, par des protections sociales et juridiques fortes, par la participation des travailleurs aux décisions économiques et par un État qui s’engage aux côtés des entreprises dans la reconquête de nos capacités productives.

Licenciements abusifs : Bruno Le Maire, ministre voyou des patrons voyous
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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 21:05

Jamais depuis 1879, et la victoire des Républicains contre les Réactionnaires monarchistes et catholiques, un office religieux n’avait été célébré à l’Élysée… Emmanuel Macron démontre encore une fois à deux jours de la Journée de la Laïcité, qui commémore l’adoption de la loi de séparation des Églises et de l’État le 9 décembre 1905, commet à nouveau une grave faute politique. On n’attendait rien de celui qui disait qu’il fallait réparer le lien entre l’Église et l’État dans une allocution au collège des Bernardins, qui traita les défenseurs de la laïcité d’intégristes et qui commit la si mauvaise loi séparatisme.

Le Président de la République foule au pied un de ses principes vitaux, essentiel à la cohésion de notre Nation.

Je le dis avec force : la place d’un dirigeant public, d’un élu, d’un responsable politique n’est pas dans une cérémonie religieuse dans le cadre de ses fonctions, pour aucune d’entre elles. Nous n’avons pas en tant qu’élus à célébrer les fêtes religieuses, pas plus Pâques, que Noël, que l’Aïd ou Hannoukah.

Cette exigence s’applique aussi bien au Président de la République qu’à tout élu et dirigeant politique, il n’a pas de passe droit : il a même une obligation plus impérative encore que tous les autres car il est le garant de nos principes constitutionnels !

À ce mépris des tâches mêmes de sa fonction, Emmanuel Macron commet en plus un acte d’irresponsabilité politique : alors que l’antisémitisme explose dans le pays, n’importe qui de censé aurait compris qu’une cérémonie aussi inédite dans ce cadre alimentera les délires des antisémites de toute origine, les incitera à passer à l’acte plus violemment encore nourrissant leurs fantasmes d’un pouvoir sous influence. Si, comme ose le justifier Elisabeth Borne, il faut démontrer à nos concitoyens de religion ou culture juive notre solidarité contre les agressions odieuses dont ils sont la cibles (et de manière exponentielle depuis les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre dernier) - et il faut impérativement le faire ! -, alors il convient surtout de mettre les moyens policiers et judiciaires pour appréhender, juger et punir les salauds qui menacent, agressent et insultent. Voilà où on attend l’État républicain, contre l’antisémitisme, contre tous les racismes et contre toutes les discriminations ! Mais certainement pas dans une cérémonie religieuse.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains
Animateur national du pôle Idées, formation, riposte de la GRS

Emmanuel Macron à l'Elysée célébrant la cérémonie de Hannoukah le 7 décembre 2023

Emmanuel Macron à l'Elysée célébrant la cérémonie de Hannoukah le 7 décembre 2023

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7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 23:58

Lors du conseil communautaire du jeudi 7 décembre 2023, je représentais Bezons aux côtés des élus de l’opposition de gauche Alliance citoyenne écologiste et solidaire présidé par Isabelle Amaglio-Térisse.
Nous avons voté contre le budget qui comme chaque année démontre l’absence de réelle politique intercommunale (même le soutien au développement économique baisse) et une captation des finances des communes dont les populations sont modestes comme Bezons au profit des communes riches : le scandale des attributions de compensation qui défavorisent Bezons au profit de Villes comme Le Vésinet, Le Pecq ou Montesson continue donc avec le soutien de Mme Menhaouara qui visiblement se satisfait qu’on fasse ainsi les poches des Bezonnais(es). Cela doit être la principale raison de l’hommage appuyé de Pierre Fond à l’attention de la Maire de Bezons (le deuxième en un mois !) qui l’a félicitée pour mener la même politique de droite que la majorité des communes de St.-Germain/Boucle-de-Seine… Mme Menhaouara félicitée par la droite pour mener une politique de droite CQFD : cela fait trois ans qu’on le dit, ce serait drôle si ce n’était pas les Bezonnais(es) qui en payaient le prix. Peut-être Monsieur Marc Roullier, responsable de l’opposition LR, devrait-il lui apporter son soutien ce serait finalement cohérent avec ce que disent ses amis de l’agglomération Saint-Germain/Boucles de Seine.

Nous avons apporté notre soutien à la convention entre l’agglomération, les communes et l’Epfif qui permet d’améliorer la maîtrise foncière et de limiter la spéculation sur notre territoire. Nous avons soutenu une amélioration de la rémunération des agents de l’agglomération.
❌Nous avons voté contre les différents budgets présentés car nous ne souscrivons pas à la vision politique qui les sous-tend. Nous avons demandé, par exemple, davantage de soutien à la prévention des déchets (150 k€ seulement sur 37 M€), au développement économique et le logement. 
▶️Nous avons demandé une politique plus ambitieuse pour les compétences eau/assainissement et eaux pluviales urbaines : pour éviter les pertes en réseau (Carrières notamment) et résorber le vieillissement manifeste du réseau. Enfin, l’eau étant un bien rare, nous souhaitons un travail volontariste pour séparer les réseaux eaux propres/eaux souillées
✅Nous avons voté plusieurs dispositifs notamment :
- une convention stratégique avec l'EPFIF,
- un protocole en faveur de la ' Cité de l'Emploi,
- des aides aux travaux d'économie d'énergie et de lutte contre l'habitat indigne et pour la réalisation de diagnostic technique global en copropriété,
- le versement de la prime de pouvoir d'achat exceptionnelle et une réorganisation interne.
❗️Nous avons eu un moment lunaire sur un « débat portant sur la définition par les communes de zones de production d'énergies renouvelables , nous avons d’ailleurs refusé de prendre part au vote.
❓Nous avions posé plusieurs questions en amont : 
- SIAPP : point sur l'état des travaux de sécurisation et intégration des acteurs locaux de proximité dans la gouvernance
- Transports : reprise de la grève des conducteurs de bus
- Accessibilité : effectivité de la mise en place de la commission intercommunale

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

Compte rendu du conseil communautaire de St.-Germain/Boucles de Seine (7 décembre 2023)
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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 12:54

Le premier dossier en vidéo est celui du 2e budget supplémentaire : Nous avons voté le 15 novembre dernier contre sans surprise, cette deuxième décision budgétaire modificative ne remettant pas en cause les équilibres du mauvais budget adopté en avril dernier.

En ajoutant 700.000 € pour les crédits d'énergie, Mme Menhaouara a démontré que son équipe était incompétente pour évaluer correctement l'augmentation des coûts de l'énergie pour la collectivité, alors que les conditions étaient connues dès le début de l'année et qu'un premier budget supplémentaire avait déjà été présenté le 27 septembre dernier. Mme Menhaouara a essayé de se planquer en rejetant la responsabilité de ses choix et de son incompétence sur les services municipaux, mais cela a fait pschitt !

Encore une fois, la Maire et son équipe se sont totalement refusés à répondre à des questions pourtant essentielles : alors que nous avions prévenu dès le conseil municipal du 15 février que les conditions fixées par l'Etat pour bénéficier du "filet de sécurité" face à la hausse des coûts de l'énergie, la Ville de Bezons se voit aujourd'hui contrainte - si l'on en croit la note de présentation - comme de trop nombreuses communes d'en rembourser une partie, la Maire a refusé d'indiquer quel était le niveau de ce remboursement ; la Maire a également refusé d'indiquer si l'Etat participerait aux frais liés à la sécurisation des équipements publics à la suite des émeutes de fin juin.

🏫🏗Nous avons ensuite refusé de prendre part au vote sur la requalification et l’extension de l’école Paul-Vaillant-Couturier ; nous considérons avec l'ensemble des conseillers municipaux qu'elle est bien sûr nécessaire et même indispensable : cette position fait consensus.
Puisque Mme Menhaouara s’est permise de rédiger un plein conseil municipal une publication mensongère (n’avait elle donc rien d’autre à faire ?) travestissant notre position lors du conseil municipal, nous tenons à mettre ici les choses au point.

Si nous avons refusé de prendre part au vote, c’est parce que nous considérons que sa gestion est mauvaise et pourrait mettre en difficulté la bonne réalisation du projet :
⛔️ lancement d’une procédure de présélection de 5 cabinets d’architectes avant d’informer qui que ce soit de l’existence d’un projet de requalifcation et d’extension de l’école ;
⛔️ refus immature et répété de donner les noms des 5 cabinets d’architectes ;
⛔️📆 calendrier irréaliste qui risque donc de mettre le projet en difficulté ;
⛔️🏗️ refus d’expliquer dans quelles conditions le chantier pourra être mis en œuvre pendant plus d’un an et demi sans nuire aux conditions d’instruction et de sécurité des enfants (et des personnels) ;
⛔️ Pas de concertation et d’élaboration collaborative avec  les parents d’élèves : tout juste une information vendredi dernier dans une réunion pour laquelle les parents venaient sans connaître précisément l’ordre du jour.

Cette façon de conduire le dossier – la projection d’un PowerPoint illisible l’illustre encore – est symptomatique des méthodes de la Maire et de son équipe ; cela ne peut que créer de graves difficultés.
Regardez encore la façon brutale dont elle met fin aux débats (car en réalité elle est mise en défaut) au prétexte que M. Frédéric Faravel a dit "c'est bien le minimum..."
Voilà pourquoi nous avons refusé de prendre part au vote sur ce dossier.

Les propos délirants de Mme Menhaouara indiquant que nous serions contre les enfants et contre l’école sont si ridicules que les Bezonnais•es auront eux-mêmes immédiatement renvoyé cela aux cimetières des éructations Menhaouaresques.

Celle qui devrait agir avec la hauteur qui convient à la première magistrate de la commune démontre une nouvelle fois qu’elle n’est pas digne du mandat qu’elle occupe.

Par dessus tout, nous avons voté contre la "dissolution" du budget de la restaurationscolaire de la Caisse des Ecoles de Bezons dans le budget municipal (attention : ça ne veut pas dire que la cantine disparaît mais simplement que le budget sera géré en direct par la commune et non plus par la Caisse des écoles).

Derrière cette décision apparemment technique, sous prétexte d'une meilleure gestion et efficacité budgétaire, la Maire et son équipe souhaitent en réalité progressivement dissoudre la Caisse des écoles de Bezons, au sein de laquelle les parents d'élèves représentants les adhérents de la Caisse des écoles ont la possibilité de voter sur les dossiers présentés (restauration scolaire, fournitures scolaires et subventions aux classes découvertes notamment), pour la remplacer par une instance d'échange sans pouvoir dans laquelle seraient invités les représentants de parents d'élèves sans droit de vote.

Mme Menhaouara détruit une instance dans laquelle les représentants des parents peuvent voter plutôt que la revivifier et la renforcer, pour la remplacer par un espace de communication politique de la Maire dans lequel les parents d'élèves élus seront contraints de subir les discours interminables de Mme Menhaouara sans pouvoir agir sur les décisions. Cette décision est évidemment unilatérale et autoritaire.

Nous avons voté pour la convention d'occupation temporaire par Intermarché du parking situé au 72 rue des Frères-Bonneff ; cette convention était nécessaire.

Mais nous avons posé de nombreuses questions sur les conséquences des projets de réaménagement de ce parking (suppression de places) pour l'ensemble de la zone commerciale auxquelles la Maire n'a pas voulu et (plus grave) n'a pas su répondre (démontrant encore une fois qu'elle ne maîtrisait pas les dossiers qu'elle soumet à la délibération de l'assemblée communale.

Ainsi s'il nous a été répondu qu'Intermarché ne devrait pas être pénalisé selon l'affirmation du supermarché lui-même, la Maire a été incapable de répondre sur les conséquences attendues pour le marché Le Temps des Cerises de l'autre côté de la Rue des frères-Bonneff.

Nous serons vigilants sur le projet de réaménagement de ce parking (qui serait à cheval sur les budgets 2024 et 2025), qui reste à ce stade extrêmement flou et pour lequel la Maire a bien été incapable de répondre à des questions précises sur un certain nombre de difficultés.

Enfin dans ce dernier retour en vidéo, nous parlerons de la nouvelle convention de réalisation du projet de Halle sportive liée au futur 3ème collège de Bezons (pour laquelle nous avons voté).

Cependant, outre le fait que l'ouverture du 3e collège est reportée au mieux à septembre 2026 (il paraît que c'est de la faute de la Région ... nul doute que Mme Menhaouara fera donc campagne pour les prochaines élections municipales sur le 3e collège - la ficelle est un peu grosse), la Maire a été incapable de nous indiquer quel était l'état des estimations de coût réel du projet de halle sportive aujourd'hui, alors que les estimations données dans le dossier (7,5M€) datent d'octobre 2022 et qu'on sait que le coût des matériaux et des chantiers a fortement augmenté depuis un an.

Elle a refusé de nous dire quel était l'évolution du niveau de participation financière de la Ville de Bezons depuis que nous avons voté la première convention pour le projet de Halle sportive voici un an avec le Département.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation, riposte de la GRS

 

[on notera la petite blague intra-bezonnaise : on se souvient que Mme Ranjita Mudhoo, élue sur la liste de M. Marc Roullier (LR) en juin 2020, avait été débauchée par Mme Nessrine Menhaouara qui gagnait ainsi son soutien en lui offrant une "délégation" et l'indemnisation municipale qui va avec... la blague supplémentaire est que cette délégation était censée couvrir le dossier du 3e collège de Bezons, pour lequel nous n'avons jamais entendu Mme Mudhoo et pour cause ce dossier départemental est géré jalousement et en direct par la seule Mme Menhaouara, notre très mauvaise conseillère départementale... Bref, encore une fois nous n'aurons pas entendu la voix de Mme Ranjita Mudhoo dont on ne sait toujours pas à quoi sert la délégation - à part offrir sa voix à Mme Menhaouara, qui dirige une équipe municipale allant de la droite à la France Insoumise, dans un souci de grande cohérence et de grande mauvaise foi de chacun des membres de cette majorité (surtout les deux LFI qui donnent des leçons sur le ton "plus à gauche que moi tu meurs").]

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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 19:34

Napoléon était trop grand pour Ridley Scott. C’est bien la réflexion que je me suis faite hier soir en sortant de la séance : plus de 2h30 de film pour me demander encore ce matin quelle pouvait bien avoir été le propos du cinéaste, qui nous a habitués à beaucoup mieux.

Je ne fais pas partie des Bonapartolâtres, mais je dois bien constater que le réalisateur du « dernier duel » (son précédent film, un chef d’œuvre celui-ci) a loupé son sujet à quelques rares exceptions près.

La réponse de Scott aux critiques françaises « les Français ne s’aiment pas eux-mêmes » ne peut avoir cours ici : son Napoléon manque cruellement d’épaisseur et les Français, comme peuple, tels qu’ils sont brossés dans le film ne représentent rien d’autre que des hordes hurlantes, bien peu aimables. Malheureusement la légende impériale (totalement mensongère) ayant laissé des traces tragiques dans notre mémoire, les Français aiment Napoléon en oubliant ce qu’il était vraiment et son projet politique : nous sommes donc bien devant la mauvaise foi vexée d’un réalisateur qui a raté son sujet pour une raison terrible : il n’a pas de culture historique et ne connaît de notre pays que les clichés que les Anglo-saxons colportent sur notre histoire et nous.

Que pouvait-on attendre de quelqu’un qui explique qu’il « aime les récits historiques car [il] adore l’histoire »…? On mesure le vide du propos

Ridley Scott a raté son Napoléon : c'était prévisible...

Toute la première partie du film, consacrée au rapport de Napoléon à la Révolution (et sa vie durant cette période), est affligeante. Passons sur les anachronismes grossiers : il n’était pas à l’exécution de Marie-Antoinette ; il n’était pas à proximité du coup d’État de Thermidor 1794… mais surtout ce qui ressort de cette phase, c’est d’abord la haine typiquement anglo-saxonne pour la Grande Révolution : la description ridicules des supposées motivations de la condamnation de la Reine de France, la description outrancière des crimes révolutionnaires. Cela transparaît, avec l’absence de culture historique, jusque dans la mise en scène même des moments clefs : le Robespierre de Scott ressemble comme un sosie à Danton (on passera sur les conditions de son arrestation), et la carmagnole en fond musical pour la libération des emprisonnés sous la Convention est évidemment un contresens. Mais ouvrir le film sur le « Ça ira ! » de Piaf montrait déjà le choix délibéré d’enfiler les clichés.

L’insurrection royaliste de 1795 ? Une foule d’énervés pour remplacer une initiative finement préparée qui aurait pu emporter le Directoire ? On se demande comment Barras pouvait avoir si peur de ces agités (c’était le cas) pour que Tahar Rahim s’en remette à Joaquin Phenix et que ce dernier doivent utiliser les canons contre une foule désarmée. Pas même un mot sur les hésitations de Bonaparte sur son choix soupesé de soutenir les Directeurs plutôt que les insurgés royalistes – question qu’il ne se serait pas posée s’il avait fait face à une simple foule en colère. Napoléon est présenté comme ambitieux (tout juste comprend-on que cela peut être motivé par son rapport à sa matriarche  corse mais le ressort est finalement peu exploité) mais il ne fait jamais de politique. Il serait porté par les autres et #RidleyScott en fait d’abord un glaive ce dont le personnage se plaint par ailleurs.

Pas d’opportunisme pour faire croire qu’il est à l’origine des consolidations administratives et étatiques du Consulat, pas d’abolition de l’esclavage sous influence raciste (alors qu’on met en avant à l’image ses officiers supérieurs noirs), pas de Sanhédrin et de législation antisémite, pas de code civil misogyne… mais pas plus de conquête de l’Italie dont on apprend l’existence au détour d’une discussion en Égypte ; c’est pourtant bien cette campagne qui fit de Bonaparte la star politico-militaire du Directoire, le recours permanent des médiocres qui faisaient appel à lui pour botter les fesses des opposants de gauche et de droite au régime. Rien sur la stratégie délibérée dès cette date de Napoléon de construire son image politique – et la légende délibérément construite depuis Sainte-Hélène avec une poignée de fidèles, on en n’entendra pas parler non plus. Les raisons qui lui évitent la dégradation après l’abandon de ses troupes en Égypte sont à peine effleurées, et il partirait donc pour une femme, Joséphine de Beauharnais (non parce qu’il avait échoué et qu’il était à deux doigts de la déroute)…

Si Joséphine a tellement d’importance, il y a une hypothèse : Scott aurait centré son film sur la relation avec Joséphine, voire il aurait souhaité faire un film sur la Beauharnais sans aller au bout de son idée. Mais là encore le propos est confus… passé le rapport sexuel frustre de Bonaparte à sa compagne, les relations torturées du couple qui devraient tant influencer le « grand homme » restent coincées entre la chambre à coucher et le salon, avec quelques scènes burlesques telle la dispute autour du repas. Donc Joséphine n’a aucune influence politique non plus, pas même sur l’esclavage, elle pourtant qui était propriétaire aristocratique à la Martinique… Les deux personnages incarnés par deux grands acteurs – Vanessa Kirby aussi lumineuse que Phenix est couvert de la poussière du sculpteur – semblent comme statufiés et au-delà du jeu physique on cherche l’interprétation.

Il y a cependant des choses réussies : le siège de Toulon, les batailles rappellent la maestria du réalisateur. La justesse de la mise en scène du coup d’État du 18 Brumaire nous interroge par ailleurs sur la raison des impasses accumulées tout au long du film, que renforcent les sauts temporels improbables que le réalisateur nous impose et qui rendent impossible toute compréhension de la période historique.

Y aura-t-il un director’s cut auquel Ridley Scott nous a habitués pour démentir toutes les méchancetés que je viens d’écrire ? Peut-être … en regardant ce Napoléon on se dit parfois qu’il lui manque deux ou trois heures, alors même que les deux heures trente actuelles finissent par être pénibles. Je crains cependant que son absence de sens politique et de culture n’invalide totalement la tentative de Scott : il n’a pas compris que Napoléon et la Révolution (le premier étant l’interprétation protofasciste de la seconde) appartenait à l’histoire moderne, celle des mouvements de fond, celle où les peuples et les masses font l’histoire, celle où la politique est reine…

Frédéric FARAVEL

Ridley Scott a raté son Napoléon : c'était prévisible...
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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 12:47

J'ai rédigé avec mes amis Mathias Weidenberg et Laurent Miermont cet article (publié pour la Gauche Républicaine et Socialiste) sur la création du nouveau parti de la gauche radicale allemande par Sahra Wagenknecht. Il en a été un peu question dans la presse française, mais il est assez symptomatique de remarquer le peu d'effort d'analyse et de sérieux dont celle-ci a fait preuve sur le sujet. Sahra Wagenknecht reste pour la presse hexagonale la "Mélenchon allemande", sans être capable de faire le point sur l'éloignement grandissant du leader insoumis d'avec ce qui faisait la base commune qui aurait pu rassembler une partie de la gauche européenne sur une ambition radicale.

Sahra Wagenknecht n'est pas parfaite et je ne partage pas toutes ses prises de position politique, notamment en matière internationale, mais, comme nous le disons dans l'article, ces questions ne sont pas le cœur de son message. Au-delà de faire preuve d'un sérieux complet (qui ferait passer tous les hauts dirigeants politiques français pour une bande de clowns), Wagenknecht a un mérite essentiel, celui de ramener le débat politique là où la gauche devrait le conduire : sur les questions économiques et sociales et pour la défense des intérêts des catégories populaires, qui rencontrent ceux plus largement des pays auxquels elles appartiennent.

Espérons que le Gauche européenne saura traiter le sujet avec la tête froide... Nous ne pourrions au prétexte d'une rupture entre Die Linke et l'alliance de Wagenknecht en Allemagne nous priver de la dynamique que cette dernière insuffle ; et surtout au regard de l'audience qu'elle reçoit, cela devrait interroger bien de nos partenaires à s'interroger sur la dérive libérale-identitaire prise par certains d'entre eux qui essaient pourtant de le cacher derrière un vocabulaire teinté de rouge mais qui ne peut masquer la mise au second plan des priorités économiques et sociales.

bonne lecture,

Frédéric FARAVEL
Animateur national du pôle Idées, formation et Riposte de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS)
Conseiller municipal et communautaire GRS de Bezons

Die Linke au bord du gouffre après l’envol de Wagenknecht

Une page se tourne au Bundestag. Créé au lendemain des élections législatives de 2005, le groupe de gauche Die Linke n’existera plus à partir du 6 décembre, a annoncé son président, Dietmar Bartsch, mardi 14 novembre. Depuis 1960, c’est la première fois que le Parlement allemand perd un de ses groupes en cours de législature.

Die Linke était issu de la fusion entre le PDS, héritier du SED (“parti socialiste unifié”, le parti unique en RDA de 1949 à 1990), et le WASG, une alliance bigarrée de sociaux-démocrates de gauche, de néo-marxistes et d’altermondialistes. Le parti avait été officiellement fondé en 2007, deux ans après la constitution du groupe parlementaire, et avait obtenu son meilleur résultat aux législatives en 2009 (11,9%). Die Linke a cependant accumulé les revers ces dernières années.

La dissolution prochaine du groupe parlementaire est la conséquence d’une scission annoncée le 23 octobre par Sahra Wagenknecht, son ancienne présidente (2015-2019), qui emmène avec elle 9 parlementaires. Après leur départ, Die Linke n’en compte plus que 28, un nombre insuffisant pour conserver un groupe, car il faut en effet au moins 5% des membres du Bundestag pour en constituer un, ce qui place la barre à 37 dans l’assemblée actuelle.

L’aboutissement des désaccords au sein des Linke

Longtemps, Die Linke avait été dominé par un triumvirat : Gregor Gysi, ancien patron du PDS, Sahra Wagenknecht, co-présidente du groupe et vice-présidente du parti elle aussi issue du PDS, et Oskar Lafontaine (son mari depuis 2014) qui avait connu une carrière exemplaire dans le parti social-démocrate allemand : ancien candidat à la Chancellerie, ministre-président de la Sarre (petit Land à l’ouest, le long du département français de la Moselle) et éphémère ministre de l’économie du premier gouvernement Schröder avec qui la rupture fut aussi rapide que brutale. Opposé au social-libéralisme du Chancelier SPD, Die Linke était parvenu à obtenir des suffrages au-delà des nostalgiques du communisme et du SED, en portant une ligne de gauche anticapitaliste et de soutien aux intérêts économiques et sociaux des catégories populaires.

Mais le manque de cohérence entre les coalitions Linke – SPD dans les Länder de l’Est et le choix des sociaux-démocrates de gouverner au niveau national avec Merkel, ainsi que les divergences de fond et de stratégie en interne, ont peu à peu conduit le parti à substituer une ligne nouvelle de défense des minorités et de la jeunesse des hypercentres à celle, plus traditionnelle, de défense des classes populaires.

La violence de ces débats a conduit deux dirigeants parmi les plus sérieux et à la meilleure cote d’avenir, à quitter le parti : Fabio Di Masi, eurodéputé puis député fédéral, a claqué la porte en septembre 2022. À présent c’est la très populaire Sahra Wagenknecht qui s’en va créer sa propre organisation,après une première tentative avortée de faire du neuf pour élargir l’audience de la gauche radicale, suivie d’une période de diète médiatique (et d’une forme de burn-out).

En effet, Wagenknecht n’en est pas à son coup d’essai. En 2018, elle avait porté un nouveau “mouvement” inspiré de LFI et PodemosAufstehen !. Elle s’était alors immédiatement attiré des critiques féroces des Linke, l’accusant de dériver à l’extrême-droite, exactement comme le fait maintenant LFI contre le reste de la gauche française. Pourtant à l’époque, c’est Sahra Wagenknecht qui invitait Jean-Luc Mélenchon à parler devant le congrès des Linke à Berlin. Il y avait entre eux une convergence idéologique sur la question économique et celle de l’égalité des territoires, ainsi qu’une défiance marquée à l’encontre des discours centrés sur la petite bourgeoisie urbaine (depuis lors, le leader Insoumis a viré à 180° et choisi une orientation finalement assez semblable à celle des Linke actuels).

Mais Wagenknecht, bien qu’ayant très vite 100 000 inscrits sur sa newsletter, a vite calé, pour ne pas dire craqué. Peu sensible aux questions d’organisation, la native de Iéna est surtout une excellente oratrice. Sans structuration, Aufstehen ! a échoué à percer.

Un parti-mouvement personnaliste mais avec une colonne vertébrale marxiste

La seconde tentative sera-t-elle la bonne ? La très personnalisée Bündnis (”alliance”) Sahra Wagenknetch (BSW) n’existe pas encore juridiquement et ne gardera peut-être pas ce nom provisoire après son congrès fondateur. Au plan institutionnel, il y aura donc deux “coordinations” sans statut de groupe parlementaire : 27 députés loyaux à die Linke et 9 députés avec BSW.

Dans les sondages, sans Wagenknecht, la coalition au pouvoir est minoritaire : Unions Chrétiennes (conservateurs) 30%, AfD (extrême droite) 23%, SPD 17%, Verts 13%. Le FDP (libéraux) à 4%, comme les Linke (4%) seraient exclus du Bundestag. Mais quand elle est mesurée, la BSW rentre en fanfare dans le jeu politique : Conservateurs 24%, AfD 17%, SPD 17%, Wagenknecht 13% (soit mieux que le meilleur score des Linke), Verts 12%, le FDP et Die Linke 3% chacun.

Wagenknecht parle peu de l’international (ses rares sorties, plutôt pro-russes, avaient entraîné des départs de membres des Linke, ulcérés par l’absence de réaction du parti) et peu d’Europe. En revanche, elle dénonce assez souvent l’effet boomerang des sanctions prises par l’UE contre Moscou suite à l’invasion de l’Ukraine, car pour elle, ce qui compte, ce sont les enjeux économiques et sociaux. Elle mobilise les classes salariées naufragées qui n’ont pas profité de la croissance 2011-2021 et qui ne se reconnaissent pas dans les cibles sociologiques du vote écologiste et (désormais) des Linke.

Son mouvement est à ce stade surtout organisé sur les réseaux sociaux, mais un réseau local émerge dans les cantons en déshérence de la République fédérale.

Sahra Wagenknecht n’est pas que brillante oratrice, elle aussi une essayiste prolixe : ses nombreux ouvrages lui servent à accéder aux plateaux de télévision et à multiplier ses messages par les recensions de ses livres. En Allemagne, l’écrit reste un vecteur majeur de cristallisation du comportement électoral des classes d’âge qui votent. Au point de vue théorique, sa prose, à 90% économique, est matérialiste et teintée de néo-marxisme.

Élevée sans religion, elle se dit athée, ce qui est assez rare dans la classe politique allemande. Mais sans en faire un sujet central, elle ne se prive pas de dénoncer comme nouvel « opium du peuple » les théories post/décoloniales et autres études de genre qu’elle trouve, non sans raison, idéalistes, petites bourgeoises et excessivement centrées sur l’identité. Pour cette fervente admiratrice de Rosa Luxembourg, le vrai féminisme c’est la lutte des classes et le socialisme.

Sahra Wagenknecht sait non seulement jouer de sa parole percutante, mais aussi des autres registres de la politique spectacle. La plupart des Allemands, quand ils n’admirent pas sa beauté, lui reconnaissent un style à la fois simple et élégant (dépourvu de marques de luxe ou à la mode) qui leur évoque la figure d’une sorte d’Athena germanique.

Enfin, elle va chercher les électeurs du prolétariat partis chez l’AfD avec tous les moyens rhétoriques à sa disposition, ce qui la mettrait, aux yeux de certains Insoumis français, à l’extrême droite de Fabien Roussel (sachons manier nous-mêmes l’ironie).

Parmi ses soutiens se trouvent les députés Linke connus pour leur position marxiste, anti-impérialiste intransigeante (et plutôt pro-russe, par rejet de l’OTAN). Mais le nouveau parti ne fait pas du tout publicité de ses positions internationales : le choix est de parler économie, inflation, salaires, pouvoir d’achat, travail, énergie, inégalités sociales et de territoires.

L’espérance de vie de BSW sera sans doute bien supérieure à celle d’Aufstehen ! car Sahra Wagenknecht ne s’occupe pas de la structuration ni de “l’orga”, assurées par d’autres. En outre, Sahra Wagenknecht a tout lieu de se réjouir d’être partie avec 9 députés très bien implantés localement.

Quelles perspectives politiques ?

BSW va présenter des listes en 2024 aux européennes de juin et aux trois scrutins régionaux de l’automne en Saxe, Thuringe et Brandebourg. Rappelons qu’en Allemagne le minimum requis pour obtenir un eurodéputé est de 1,2%. Die Linke avec 3-4% peut donc espérer conserver 3, peut-être 4 sièges, et BSW devrait, si les sondages se confirment, en rafler au moins 10. On pourra alors mesurer le poids politique du nouveau parti.

La question est à présent de savoir comment cette reconfiguration de la gauche allemande (BSW mord un peu sur les restes de Die Linke, sur le SPD et… beaucoup sur l’AfD !) pourrait entraîner un changement politique significatif en Allemagne, voire, à terme, un changement de coalition, pour sortir de la succession d’accords de gouvernement de centre-droit et de centre-gauche, dont les nuances subtiles ne font guère de différence pour les gens.

On peut se poser la même question, mais cette fois au niveau européen : BSW choisira-t-elle un compromis avec l’alliance « Maintenant le Peuple » pilotée par LFI et donc de faire l’impasse sur leurs importantes différences idéologiques ? Cela poserait clairement la séparation avec Die Linke, mais cela éloignerait BSW de sa famille politique naturelle : le Parti de la Gauche Européenne, dont les positions économiques et sociales sont proches.

Mathias Weidenberg, Frédéric Faravel et Laurent Miermont

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 19:03
Comme après chaque conseil municipal de Bezons, vous trouverez ci-dessous notre compte rendu de la soirée du mercredi 15 novembre 2023 qui s'est encore déroulée dans une ambiance délétère créée par la Maire.
💸2e budget supplémentaire : Nous avons voté contre sans surprise, cette 2e décision budgétaire modificative ne remettant pas en cause les équilibres du mauvais budget adopté en avril dernier.
En ajoutant 700.000 € pour les crédits d'énergie, Mme Menhaouara a démontré que son équipe était incompétente pour évaluer correctement l'augmentation des coûts de l'énergie pour la collectivité, alors que les conditions étaient connues dès le début de l'année et qu'un premier budget supplémentaire avait déjà été présenté le 27 septembre dernier.
Encore une fois, la Maire et son équipe se sont totalement refusés à répondre à des questions pourtant essentielles : alors que nous avions prévenu dès le conseil municipal du 15 février que les conditions fixées par l'Etat pour bénéficier du "filet de sécurité" face à la hausse des coûts de l'énergie, la Ville de Bezons se voit aujourd'hui contrainte - si l'on en croit la note de présentation - comme de trop nombreuses communes d'en rembourser une partie, la Maire a refusé d'indiquer quel était le niveau de ce remboursement ; la Maire a également refusé d'indiquer si l'Etat participerait aux frais liés à la sécurisation des équipements publics à la suite des émeutes de fin juin.
🏫🏗Nous avons refusé de prendre part au vote sur la requalification et l’extension de l’école Paul-Vaillant-Couturier : nous considérons avec l'ensemble des conseillers municipaux qu'elle est bien sûr nécessaire : cette position fait consensus.Puisque Mme Menhaouara s’est permise de rédiger un plein conseil municipal une publication mensongère (n’avait elle donc rien d’autre à faire ?) travestissant notre position lors du conseil municipal, nous tenons à mettre ici les choses au point. Si nous avons refusé de prendre part au vote, c’est parce que nous considérons que sa gestion est mauvaise et pourrait mettre en difficulté la bonne réalisation du projet :
• lancement d’une procédure de présélection de 5 cabinets d’architectes avant d’informer qui que ce soit de l’existence d’un projet de requalification et d’extension de l’école ;
• refus immature et répété de donner les noms des 5 cabinets d’architectes ;
• calendrier irréaliste ;
• refus d’expliquer dans quelles conditions le chantier pourra être mis en œuvre pendant plus d’un an et demi sans nuire aux conditions d’instruction et de sécurité des enfants (et des personnels) ;
• Pas de concertation et d’élaboration collaborative avec les parents d’élèves : tout juste une information vendredi dernier dans une réunion pour laquelle les parents venaient sans connaître précisément l’ordre du jour.
Cette façon de conduire le dossier – la projection d’un PowerPoint illisible l’illustre encore – est symptomatique des méthodes de la Maire et de son équipe ; cela ne peut que créer de graves difficultés.
Voilà pourquoi nous avons refusé de prendre part au vote sur ce dossier.
Les propos délirants de Mme Menhaouara indiquant que nous serions contre les enfants et contre l’école sont si ridicules que les Bezonnais•es auront eux-mêmes immédiatement renvoyé cela aux cimetières des éructations Menhaouaresques. Celle qui devrait agir avec la hauteur qui convient à la première magistrate de la commune démontre une nouvelle fois qu’elle n’est pas digne du mandat qu’elle occupe.
🏫Nous avons voté contre la dissolution du budget restauration scolaire de la Caisse des Ecoles dans le budget municipal. Derrière cette décision apparemment technique, sous prétexte d'une meilleure gestion et efficacité budgétaire, la Maire et son équipe souhaitent en réalité progressivement dissoudre la Caisse des écoles, au sein de laquelle les parents d'élèves représentants les adhérents de la Caisse des écoles ont la possibilité de voter sur les dossiers présentés (restauration scolaire, fournitures scolaires et subventions aux classes découvertes notamment), pour la remplacer par une instance d'échange sans pouvoir dans laquelle seraient invités les représentants de parents d'élèves sans droit de vote. On détruit une instance dans laquelle les représentants des parents peuvent voter plutôt que la revivifier et la renforcer, pour la remplacer par un espace de communication politique de la Maire dans lequel les parents d'élèves élus seront contraints de subir les discours interminables de Mme Menhaouara sans pouvoir agir sur les décisions. Cette décision est évidemment unilatérale et autoritaire.
💸Nous avons voté pour l'extinction des créances et l'admission en non-valeur de produits irrécouvrables.
💸🛒Nous avons voté pour la convention d'occupation temporaire par intermarché du parking d'intermarché, bien que la Maire n'ait pas là non plus répondu à nos questions sur les conséquences des projets de réaménagement de ce parking (suppression de places) pour l'ensemble de la zone commerciale - s'il nous a été répondu qu'Intermarché ne devrait pas être pénalisé selon l'affirmation du supermarché lui-même, la Maire a été incapable de répondre sur les conséquences attendues pour le marché Le Temps des Cerises de l'autre côté de la Rue des frères-Bonneff. Nous serons vigilants sur le projet de réaménagement de ce parking (qui serait à cheval sur les budgets 2024 et 2025), qui reste à ce stade extrêmement flou et pour lequel la Maire a bien été incapable de répondre à des questions précises sur un certain nombre de difficultés.
🏗Nous avons voté pour les rétrocessions d'espaces publics de la ZAC Bords de Seine et de deux bandes mitoyennes à la résidence AB Habitat rue de l'ancienne mairie.
🤸⛹️Nous avons voté pour la nouvelle convention de réalisation du projet de Halle sportive liée au futur 3e collège de Bezons. Cependant, outre le fait que l'ouverture du 3e collège est reportée au mieux à septembre 2026 (il paraît que c'est de la faute de la Région ... nul doute que Mme Menhaouara fera donc campagne pour les prochaines élections municipales sur le 3e collège - la ficelle est un peu grosse), la Maire a été incapable de nous indiquer quel était l'état des estimations de coût réel du projet de halle sportive aujourd'hui, alors que les estimations données dans le dossier (7,5M€) datent d'octobre 2022 et qu'on sait que le coût des matériaux et des chantiers a fortement augmenté depuis un an. Elle a refusé de nous dire quel était l'évolution du niveau de participation financière de la Ville de Bezons depuis que nous avons voté la première convention pour le projet de Halle sportive voici un an avec le Département.
💀Nous avons voté pour les noms des allées du cimetière communal du Val qui valide également la dénomination d'une allée spécifique pour le futur "carré musulman", dont nous nous réjouissons de la création.
✒️Nous nous sommes abstenus sur l'extension des horaires de l'adulte relais qui fait office d'écrivain public. Ce poste existe depuis des années, il est important et absolument nécessaire pour de nombreux Bezonnais qui ont besoin d'être accompagnés dans leurs démarches administratives : il faut donc en faire un poste pérenne et qualifié d'agent municipal plein et entier. Plutôt que de choisir une montée en qualification, M. Kevin Cuvillier, premier adjoint, préfère mettre en avant la petite subvention reçue pour financer l'adulte relais : ce n'est au niveau !
👮👮‍♀️Nous avons voté pour la prise en compte des heures supplémentaires des policiers municipaux et leur intégration dans un régime indemnitaire spécifique qui les place au même niveau que les autres agents municipaux. Nous avons également voté pour les transformations et création de postes.
[avec tous ces votes favorables, il va falloir que Mme Menhaouara arrête de raconter que nous votons contre tout et que nous ne sommes que dans la critique ; d'ailleurs nous avons fait des propositions pour de futurs dénomination de rues ou de lieux publics].
🍒Enfin nous avons posé notre question orale (ci-dessous) suite aux informations diffusées dans Le Parisien 95 - Val d'Oise sur des soupçons de racket et d'intimidation par un placier du marché Héloïse à Argenteuil, travaillant pour le même gestionnaire que celui de notre marché Le Temps des Cerises. La Maire a répondu que Bezons n'était pas concerné et qu'il n'y avait pas lieu d'en faire des tonnes... en attendant, le marché Le Temps des Cerises est en difficulté, mal géré par le concessionnaire qui a pourtant eu droit à une sorte d'éloge de la Maire.
Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation et riposte de la GRS

Question de "Vivons Bezons" - conseil municipal du 15 novembre 2023

Conseil municipal de Bezons : à nouveau, stupeur, mensonges et hurlements !
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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 10:09

Il aura fallu attendre 4 mois, presque jour pour jour, après la mort de Nahel et les émeutes urbaines qui l’ont suivie, pour que la Première Ministre présente en deux temps les réponses du gouvernement à l’explosion de violences de la fin du mois de juin, qui avait remis au centre du débat public la question de la Ville. On avait suffisamment reproché à l’exécutif de tirer des conclusions hâtives, démagogiques et passe-partout quelques jours après les événements, pour être en droit d’espérer, qu’après ces longues semaines de réflexion, que celui-ci ait enfin affiné son diagnostic et mûri les réponses à apporter.

Il n’en est rien, malheureusement… L’Élysée et Matignon n’ont visiblement pas évolué depuis le mois de juillet, restant scotchés à la surface des enjeux pour les noyer dans un discours de fermeté armée et des propos hors sol sur l’autorité familiale.

Rien d’étonnant donc que, dans la mise en scène des annonces gouvernementale, Élisabeth Borne ait donné la priorité à la réponse sécuritaire avant de réunir à Chanteloup-les-Vignes un Comité interministériel des Villes plusieurs fois reporté.

Elisabeth Borne prenait la pose à Chanteloup-les-Vignes vendredi 27 octobre 2023

Elisabeth Borne prenait la pose à Chanteloup-les-Vignes vendredi 27 octobre 2023

Miroir aux alouettes sécuritaire

Jeudi 26 octobre 2023, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris, devant un parterre de quelque 250 maires, dont pour la plupart les villes avaient été touchées par les violences urbaines de l’été, Élisabeth Borne a donc présenté une série de mesures destinées à « réaffirmer l’autorité et l’ordre républicain ». Nous ne contesterons pas ici l’idée qu’il n’y a aucune réponse à apporter dans ce domaine : cette question existe et il faut la traiter ; pourtant, nous ne pouvons que nous inquiéter sur l’absence de diagnostic sur ce qui a conduit à cette remise en cause de l’autorité républicaine.

Les mesures annoncées sont clairement inscrites dans une matrice idéologique répressive, peu nourries par les sciences sociales ; il y a un décalage entre les politiques publiques qui s’appuient de plus en plus sur des opinions et de moins en moins sur des travaux de recherche, ce qui est une faiblesse majeure. L’exécutif semble in fine adopter une posture fataliste : les émeutes reviendront et donc la seule préoccupation est de savoir comment nous y ferons face, plutôt que d’en prévenir l’irruption. Devant des élus traumatisés par les destructions de bâtiments et services publics, la logique est la même : personne ne pourra critiquer la promesse de la cheffe du gouvernement de compléter les remboursements des assureurs par un fonds de 100 millions d’euros, mais plutôt que de se contenter de se réjouir que « 60 % des bâtiments publics partiellement ou totalement détruits ont d’ores-et-déjà été remis en état », le rôle d’un gouvernement serait de prévenir de tels événements.

Plus grave, il y a une forme de militarisation du discours gouvernemental : les expressions « opération coups de poing », « envoyer des forces », « task force » l’illustrent à l’envie. Ainsi, le dispositif FAR (Forces d’Action Républicaine), annoncé par la Première Ministre, consisterait à envoyer temporairement sur un territoire en difficulté des policiers, des fonctionnaires des finances, mais aussi des personnels éducatifs. Tout cela témoigne en réalité d’un manque d’action publique pérenne et ancrée sur le terrain. Il existe bien entendu des cas où une telle intervention peut être utile à certains moments, mais la résolution des inégalités urbaines nécessite la mise en œuvre de politiques publiques, dotées de réels moyens, au long terme. Cela fait près de 20 ans que les acteurs de la politique de la Ville se plaignent de voir progressivement les crédits « exceptionnels » remplacer ceux de « droit commun », nous y reviendrons.

La France n’a pas besoin de « coups de poing » mais d’action publique durable

Mais même du point de vue de la stratégie d’ordre public, on sent un flottement de l’État qui ne peut en aucun cas rassurer les différents acteurs du dossier.

Nicolas Sarkozy avait aboli dès 2002 la police de proximité par dogmatisme, or il faudra bien changer de paradigme et ne pas cantonner l’action de la police à des arrivées en force, pour s’imposer dans des quartiers qu’elle ne connaît plus. Ce constat est aujourd’hui assez largement partagé par les élus locaux, parfois même si cela en place certains en contradiction avec leur affiliation partisane. Pourtant, le vocable de « police de proximité » reste tabou et l’expérimentation des unités de « police de sécurité du quotidien » a eu un impact extrêmement limité1 du fait de la faiblesse des moyens et des crédits qui lui ont été consacrés et donc de la réalité de ses implantations. Aussi la cohérence et la pérennité de l’action publique de terrain, y compris sur le thème de la sécurité, devront revenir à l’ordre du jour, même si ce n’est pas le chemin pris par l’exécutif macronien : il faudra remettre ouvertement sur le métier la police de proximité et en tirer les conséquences en matière de politique de tranquillité publique, c’est-à-dire privilégier le quotidien sur le « maintien de l’ordre ».

La question de l’élargissement des pouvoirs des polices municipales est plus controversée. Et, là aussi, elle divise les élus locaux, même au sein de la droite. Certains prétendent évidemment faire des maires de véritables shériffs, comme Arnaud Robinet (Maire Horizons de Reims), Christian Estrosi (Maire Horizons de Nice) ou encore Eric Ciotti, le patron de LR. Mais, là encore, la réalité du terrain rattrape les effets d'annonce : le renforcement des pouvoirs des polices municipales s'accompagnerait immanquablement d'un transfert croissant de l'action de sécurité vers ces services et donc d’un recul de celle conduite par la police nationale et la gendarmerie. Un Maire LR comme Benoît Digeon à Montargis rappelait en marge du happening de La Sorbonne que le commissariat de son secteur a perdu 30 policiers en 4 ans. D'une manière générale, il a été constaté partout que les effectifs de police nationale baissaient là où une police municipale était en place, que la baisse de ces effectifs s'accélérait quand une commune prenait la décision de créer une police municipale pour faire face au dépeuplement des commissariats et que, finalement, cette baisse était d'autant plus forte que le discours sécuritaire de l'édile local était appuyé.

1La police de sécurité du quotidien sous l’angle des partenariats locaux, note de Virginie Malochet pour l’Institut Paris Région – 30 juin 2021

Jusque dans le maintien de l’ordre, le rappel à l’autorité de l’État par Élisabeth Borne masque un désengagement pour renvoyer la responsabilité aux collectivités

Cette « tarte à la crème » des pouvoirs des polices municipales pourrait pourtant séduire momentanément certains élus locaux, car ils sont confrontés à l'effet ciseau des dépenses conséquentes que représentent la création et l'entretien d'un tel service et la déception des électeurs quant aux résultats concrets de son action au regard de ses moindres compétences. Mais mettre en pratique concrètement la logique présentée par Élisabeth Borne signerait également une catastrophe au regard de l'égalité territoriale : enkystées dans une logique de maintien de l'ordre, la police nationale et la gendarmerie déserteraient progressivement les Villes dans lesquelles la sécurité serait dépendante des capacités d'investissements des collectivités territoriales. On pourra compter des effectifs pléthoriques et bien équipés, des caméras par centaines (avec les écrans de contrôle et les « opérateurs » que cela suppose), à Nice ou à Rueil-Malmaison, mais que se passera-t-il à Charleville-Mézières ou à Grigny ?

On voit bien ici la mauvaise réponse apportée par le gouvernement à un problème concret constaté lors des émeutes : le temps d'intervention des effectifs de police nationale parfois éloignés des lieux des violences. On préfère donc l'inégalité territoriale à la police de proximité. Il n’est sans doute pas besoin ici d’insister sur le problème politique que créerait une municipalisation quasiment complète de l’action policière dans certaines communes…

Cela n’empêche pas de réfléchir aux moyens juridiques, aux stratégies d’action… mais là encore on bute soit sur des illusions ou soit sur l’absence d’engagement budgétaire concret.

Par exemple, l’obligation pour un jeune délinquant de respecter de jour comme de nuit un placement dans une unité éducative de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et d'y suivre les activités de formation et d’insertion de l’unité peut apparaître comme une réponse adaptée et proportionnée qui peut déboucher sur une véritable logique de réinsertion, mais faudrait-il encore que les services de la PJJ soient en capacité de l’assumer alors qu’ils subissent depuis plus de 20 ans un déficit constant de moyens humains et financiers.

La Première ministre a encore martelé : « Dans certains cas, nous pouvons envisager un encadrement de jeunes délinquants par des militaires ». Son entourage évoquait après cette annonce la montée en puissance du « partenariat Justice-armées » avec « les classes de défense dans les CEF, la mise en place de mesures d’encadrements militaires dans toutes les régions, la signature de nouvelles conventions locales pour la réalisation de travaux d’intérêt général (TIG) au sein d’unités militaires et la participation des militaires dans l’organisation de stages de citoyenneté ». L’armée française est certes disciplinée et aux ordres du pouvoir politique, mais si le « partenariat Justice-armées » a besoin, aux yeux du gouvernement, de monter en puissance, c’est que les militaires à tous les niveaux de la hiérarchie rechignent légitimement à s’engager dans une logique qui n’appartient en rien à leurs missions et pour laquelle ils n’ont pas été formés. Il est d’ailleurs parfaitement consternant que la seule référence à une démarche éducative fut celle de l’horizon de la discipline militaire, alors que la Première Ministre, d’inspiration sociale-libérale paraît-il, s’adressait aux élus dans l’auditorium de La Sorbonne, haut lieu de l’enseignement s’il en est…

La force d’une sanction, notamment chez les plus jeunes, ce n’est pas sa brutalité, c’est sa précocité et sa certitude…

détournement d'une intervention de Benjamin Morel

« Tarte à la crème » également que les discours sur les réseaux sociaux. Ils ont sûrement joué un rôle important dans les émeutes, en matière de coordination et d’entraînement. Le gouvernement prétend vouloir suspendre les comptes des délinquants et émeutiers. Nous lui souhaitons bon courage dans ses négociations avec Twitter, Snapchat et Meta ; au regard de l’absence de régulation de ces espaces et de la facilité avec laquelle on peut créer de multiples comptes, cette mesure semble illusoire, alors même que le gouvernement refuse d’engager une réflexion sérieuse sur l’évolution de la législation comme l’a démontré l’examen du projet de loi « sécurité et régulation de l’espace numérique ».

La multiplication par cinq de l'amende pour non-respect d'un couvre-feu par un mineur, en la portant à 750 euros (au lieu de 150 euros) et tout le discours autour de la responsabilisation des parents – aggravation de la peine du délit de soustraction d’un parent à ses obligations légales, "contribution citoyenne familiale éducative" versée à une association d’aide aux victimes, responsabilité financière civile solidaire des deux parents d'un enfant coupable de dégradations, stages de responsabilité parentale, etc. – relèvent également de la posture. Rappelons deux chiffres : 60% des jeunes émeutier sont issus de familles monoparentales, 40% des enfants résidant au sein d’une famille monoparentale vivent sous le seuil de pauvreté… La définition des aides à apporter aux familles monoparentales est renvoyée aux bons soins d’une commission à créer… alors que la part de ces familles est de 35% en Seine Saint-Denis contre 20% dans le reste du pays. Les moyens dévolus au soutien scolaire et à l’éducation populaire sont très insuffisants. Au regard de cette situation sociale, de telles annonces ne peuvent être que des pétitions de principes.

Pétition de principes, parce que la force d’une sanction, notamment chez les plus jeunes, ce n’est pas sa brutalité, c’est sa précocité et sa certitude. Cela implique d’avoir une justice efficace ; or le problème de la justice en France n'est pas seulement d'être engorgée et de souvent tarder à prononcer des peines, c'est aussi et surtout d'avoir, faute de moyens, la capacité à les faire exécuter, avec des conséquences dévastatrices en matière d'autorité, de sens des responsabilités et de l'impunité. On peut annoncer la plus grande et disproportionnée des sévérités, elle n'en sera que plus contre-productive si on ne peut concrètement l'exercer. Et cela s'applique là encore aux amendes aggravées ou à la responsabilité financière des familles que prétend instaurer le gouvernement – de la même manière que pour la mesure réclamée par la droite de suspension des allocations familiales : personne ne pourra en réalité recouvrer les sommes concernées sur des familles le plus souvent insolvables que cela plongerait également dans des difficultés sociales accrues.

Sans vouloir retomber dans le travers de l'excuse sociale, on voit mal comment on peut exiger d’une mère seule que ses adolescents ne sortent pas dans la rue quand l'appartement est trop petit ou que le réfrigérateur est vide.

Le gouvernement préfère les discours martiaux mais ne pas s'attaquer à la pauvreté. C'est assez logique puisque celle-ci a progressé depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Et cette logique ne se dément pas lorsqu'on examine le prétendu "volet social" de la réponse gouvernementale.

Réponse sociale, vous êtes sûrs ?

On connaît la chanson et elle a été entonnée avec entrain aux lendemains des émeutes sur un air qu’on pourrait croire composé par l’association ultralibérale, antifiscale et proche de l’extrême droite Contribuables Associés1 : la politique de la Ville est un échec, « un puits sans fond » qui favorise tout à la fois l’assistanat, le détournement des crédits pour des associations inutiles et nourrit les islamistes… Les violences qui ont suivi la mort de Nahel étaient censées démontrées une nouvelle fois le gaspillage de l’argent public, les émeutiers qui auraient profité « grassement » de ces budgets finissant par détruire les équipements publics mis à leur disposition : « de la confiture pour des cochons », pourrait-on dire… c’était peu ou prou le discours de l’extrême droite, d’une partie de la droite (on ne s’étonnera pas), mais aussi derrière Gérald Darmanin d’une partie de la « non majorité présidentielle ».

Quand on veut tuer la politique de la Ville, on l’accuse « d’avoir la rage »…

Ainsi, chaque année, entre deux et trois milliards d'euros sont débloqués directement ou indirectement pour la politique de la ville. On compte un peu moins de 600 millions d’euros pour les contrats de Ville. S'y ajoutent aussi des mesures fiscales : certaines PME et petits commerces de banlieue sont exonérés de cotisations foncières ; en 2022, cette exonération a coûté 235 millions d'euros à l'État. Il y a également une enveloppe de solidarité urbaine, pour les communes les plus pauvres, à hauteur de 2,5 milliards d'euros dépensés l'année dernière. Mais ce qui concentre le plus d'effort, c'est le programme national de rénovation urbaine et le programme de renouvellement urbain : entre 2003 et 2022, près de 46,5 milliards d'euros ont été dépensés pour rénover quartiers et bâtiments. Sauf que, depuis 2003, l'État n'a investi "que" 3 milliards d'euros. En revanche, 20 milliards d'euros proviennent d'une partie des loyers, versés aux organismes HLM. L'effort vient également de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU), près de 12 milliards d'euros déboursés. Les collectivités territoriales aussi, ont mis la main à la pâte, en versant depuis 2003, plus de 9 milliards d'euros.

Or les collectivités territoriales et les organismes HLM ont été parmi les institutions particulièrement maltraitées du premier quinquennat Macron. Les premières, qui assument directement le premier contact avec les citoyens, ont vu leurs recettes stagner et leur fiscalité propre disparaître peu à peu ; quant aux seconds, les gouvernements d’Emmanuel Macron leur ont carrément ponctionné plusieurs milliards d’euros alors même que leur rôle est de construire puis de gérer des logements abordables pour les foyers modestes et que chacun s’accorde à reconnaître une crise de l’accès au logement.

Élisabeth Borne peut bien avoir prétendu le 26 octobre à la Sorbonne qu'elle tenait à apporter des réponses qui « dépasse[nt] largement la question des quartiers et des banlieues », arguant qu'un tiers des villes concernées par les émeutes ne possèdent pas de quartier prioritaire. Mais là encore, il est nécessaire de rappeler que le nombre de « quartiers prioritaires » a été artificiellement mais drastiquement réduit lors du quinquennat de François Hollande : En juin 2014, Najat Vallaud-Belkacem faisait ainsi passer le nombre de 2500 à 1500 quartiers prioritaires répartis sur 700 communes – dont 100 nouvelles. L'affichage de quelques Villes (situées dans ce que certains géographes appellent la "diagonale du vide") a été en réalité payé par l'exclusion de 1000 quartiers en difficulté des dispositifs de soutien. En mars 2018, c’est le dispositif des "emplois francs" (dispositif peu convaincant au demeurant) qui a été circonscrit à 200 quartiers, et non 1500. En mai 2023, l’ex-ministre du logement et de la Ville, Olivier Klein, avait annoncé le lancement de la mise à jour de cette cartographie prioritaire : on l’a crue un temps enterrée par les émeutes et avec le ministre.

Mais en réalité, situer le débat sur la cartographie des quartiers prioritaires revient à se battre pour les miettes du gâteau.

Définir où sont les véritables responsabilités politiques de l’échec

Si la politique de la ville a permis un rattrapage à la marge dans certains quartiers, elle n’a jamais pu jouer un rôle de discrimination positive. La responsabilité de cet échec n’incombe pas à ces dispositifs et ces faibles crédits "exceptionnels", mais bien davantage à l’absence de redistribution massive des ressources ainsi que de politique publique véritablement égalitaire à la base. Ils n'ont jamais permis aux territoires les plus défavorisés de France d'avoir un traitement équivalent à la moyenne : la faute en revient aux inégalités flagrantes qui existent en matière de répartition de l'effort public et privé. Ce n’est pas la faute de la politique de la ville si aucun gouvernement n’a cherché à modifier les structures d’inégalités pénalisant la majorité des habitants des quartiers. De véritables déserts médicaux continuent à se développer en Seine-Saint-Denis, et un enfant scolarisé dans ce département plutôt qu’à Paris a reçu un an d’enseignement de moins lorsqu’il passe le baccalauréat.

Aucun président de la République, aucun premier ministre, aucun gouvernement depuis plus de 30 ans n'a réellement donné mandat à un ministre de l’Éducation nationale de poser sérieusement la question de la réussite éducative des classes populaires, et de s’attaquer enfin à la logique de reproduction sociale frappant l’école de la République. On connaît l'état de l’Éducation nationale, mais on pourrait tenir le même propos pour l'Hôpital public : sa situation est catastrophique en générale, elle est encore pire en Seine-Saint-Denis (par exemple). Mais le raisonnement vaut aussi pour la police nationale : il n’y a rien de surprenant à ce qu’elle se montre plus humiliante dans les quartiers populaires, lorsque l’on regarde les préjugés, ainsi que l’origine sociale et géographique des gardiens de la paix y évoluant la peur au ventre.

Depuis le rapport des ­députés François Cornut-Gentille (LR) et Rodrigue Kokouendo (LREM), publié en 2018 sur les moyens et l’action de l’État en Seine Saint-Denis, on peut affirmer sans être taxé de démagogie que la République accorde aux quartiers populaires dits « prioritaires » « quatre fois moins de moyens qu’ailleurs, rapporté au nombre d’habitants ». À cette inégalité flagrante et fondamentale, les annonces gouvernementales apportent une réponse ridiculement faible.

Au regard des défis pour la cohésion sociale et nationale de la persistance de territoires de relégation voire de ségrégation territoriale, les réponses données par la Première ministre lors du comité interministériel des Villes à Chanteloup-les-Vignes le vendredi 27 octobre semblent tout à la fois faibles et déconnectées des réalités. On voit mal comment le gouvernement pourra sur la base de sa « vision "Quartiers 2030" » de la politique de la ville favoriser « l’émancipation » plutôt que la « réparation ».

La principale mesure, et la plus commentée, annoncée lors de ce comité est la demande faite aux préfets « de ne plus installer, via les attributions de logement ou la création de places d'hébergement, les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés » ... en clair, cela concerne les ménages "Dalo" (droit au logement opposable) les plus en difficulté qui ne pourront plus être logés dans des QPV. L’idée semble louable : elle paraît mettre en application le principe de ne pas rajouter toutes les difficultés au même endroit pour faciliter l’intégration de tous. Mais elle appelle plusieurs contradictions qui ravalent cette annonce au niveau d’une nouvelle gesticulation.

En effet, on a déjà dit que le nombre de QPV avait été drastiquement réduit ; certains quartiers classés jusqu’en 2014-2015 en politique de la ville n’ont pas vu nécessairement leur situation sociale s’améliorer, il y a fort à parier qu’ils recevront en priorité les publics les plus difficiles venant déséquilibrer une situation déjà précaire. Certains quartiers toujours classés en QPV se voient aujourd’hui accueillir les reclassements des quartiers proches soumis à un programme de renouvellement urbain : les personnes concernées ne relèvent pas du DALO, elles n’en ont pas moins de difficultés. L’annonce de la Première Ministre ne changera donc rien à ce type de situations. Le relogement des « personnes les plus précaires » ne devrait pas se faire non plus dans les zones périurbaines ou rurales : ces publics ont besoin d'une grande présence de services publics pour les accompagner, alors qu’ils ne sont pas véhiculés et ne pourraient alors accéder à des structures désormais éloignées.

Une mesure qui interdirait en pratique le relogement des foyers les plus précaires...

Fin 2022, le nombre de demandeurs de logements a atteint un record avec près de 2,5 millions de personnes, en hausse de 7 % par rapport à 2021. Or la construction de HLM, passée depuis 2020 sous la barre des 100 000 logements par an, devrait continuer de ralentir pour se stabiliser à une moyenne de 66 000 nouveaux logements annuels à partir de 2030. Concrètement, les bailleurs sociaux sont pris entre leurs obligations de rénovation et une dette croissante, dette qui a été aggravées par les milliards d'euros que leur a retirés l’État. Ces derniers n'auront donc pas les moyens de rénover et en même temps de construire de nouveaux HLM. Par ailleurs, poussés par l'interdiction progressive de louer les logements les plus énergivores, les bailleurs sociaux devront donner la priorité à la rénovation. Les réhabilitations de logements atteindraient un pic à 125 000 logements par an en 2025 et 2026, puis reflueraient, pour atteindre 90 000 par an sur la période 2031-2061, selon une étude la Banque des territoires (Caisse des Dépôts et Consignations). Une grande partie de ses demandeurs devraient se voir proposer un logement très social (PLUS ou PLAI). Dans le nouveau Schéma directeur de la région Île-de-France environnemental (SDRIF-E), adopté à la demande de Valérie Pécresse par le conseil régional le 12 juillet dernier, qui sert de référence dans les décisions d'aménagement de la région capitale, il est inscrit que les villes dont 30% ou plus du parc est composé de logements très sociaux ne doivent plus en construire… L’offre et la demande de logements très sociaux va donc subir un brutal effet de ciseau dans la région capitale ce qui aggravera une situation déjà extrêmement tendue.

Car en les cumulant à l’ensemble des initiatives engagées et aux conséquences de la catastrophique politique du logement d’Emmanuel Macron depuis 2017, les annonces du 27 octobre 2023 conduiront tout bonnement à rendre impossible le relogement des foyers les plus précaires. Pourquoi ? Parce que l’offre de PLUS et de PLAI n’existe pas (ou très peu) dans les quartier plus favorisés et pas seulement parce que l’électorat local et ses élus conservateurs s’y opposent – on connaît les combats d’arrière-garde des élus du XVIème arrondissement contre l’installation des foyers d’hébergement ou des logements sociaux… Il existe, en effet, des raisons économiques structurelles qui rendent particulièrement difficile la correction de cette logique de ghettoïsation que la président du conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse, dénonce tout en l’entretenant.

Proposer de nouveaux HLM suppose de les financer de leur construction à leur gestion… et le premier écueil est massif avant même la construction, c’est celui des prix du terrain, des prix du foncier. Dans les quartiers « bourgeois » concernés, le foncier est cher, très cher, et il est d’autant plus cher qu’il est rare ; dans ces conditions, même en ayant passé outre les états d’âme des élus conservateurs, même en accumulant tous les dispositifs qui permettent de subventionner la construction et d’alléger les coûts, les prix de sortie rendent impossible une production massive de logements sociaux et encore moins très sociaux dans ces quartiers. Les organismes HLM, confrontés à l’enjeu de la rénovation du parc et aux ponctions financières de l’État, n’ont pas les moyens de présenter des opérations trop déséquilibrées. En conclusion, mettre en œuvre la « fausse bonne idée » d’Élisabeth Borne supposerait une véritable révolution dans la stratégie de l’État en matière de logement, avec des investissements massifs et durables plutôt que de faire les poches du monde HLM, et une action contraignante et radicale sur la formation des prix du foncier… autant dire que l’on ne voit pas venir une telle évolution.

Il y a donc fort à parier que sa mise en œuvre reste à l’état d’effet d’annonces, avec quelques opérations qui seront mise en scène avant que les quartiers en QPV et ceux qui devraient y être continuent finalement d’accueillir les publics les plus défavorisés et restent ce qu’ils sont devenus aujourd’hui : des « hubs » du logement que les quelques foyers qui ont réussi à s’élever socialement fuient dès qu’ils en ont l’occasion pour être remplacés par des foyers extrêmement précaires qui rencontreront les plus grandes difficultés à s’intégrer économiquement et socialement, au milieu d’habitants qui partagent les mêmes peines qu’eux.

Car, en plus d’une action éducative puissante, de mise à niveau généralisée des services publics, le principal enjeu pour sortir les habitants des quartiers populaires est de leur donner durablement accès à l’activité économique. On a vu l’échec des « emplois francs » et des « zones franches », limités à des territoires toujours plus réduits : il vient en grande partie d’un aveuglement idéologique qui lie le chômage à un « coût du travail » supposé excessif… le même raisonnement nourrissait la course à l’ubérisation qui prétendait faire des plus ambitieux des auto-entrepreneurs à succès. On sait quelles frustrations et colères cette illusion a nourri (qui se lisent sans doute dans les votes de la présidentielle et des législatives) dans ces quartiers.

La plupart des territoires concernés ont en réalité subi une désindustrialisation massive et brutale, rendant inaccessible l’emploi pour des décennies. On attend encore le retour d’une politique industrielle digne de ce nom, qui ne donnera des résultats qu’à moyen terme.

Recyclage d’annonces présidentielles sous financées

Et ce ne sont pas les annonces présidentielles recyclées dans l’intervention de la Première ministre qui offriront beaucoup de perspectives. Déjà annoncé par Emmanuel Macron à Marseille en juin 2023, elle reprend le "plan entrepreneuriat Quartiers 2030", porté avec BpiFrance et la Banque des Territoires, doté de 456 millions d’euros sur quatre ans – 114 millions par an pour ancré l’activité économique dans les quartiers populaires. Est-ce bien sérieux ? Mais heureusement, le gouvernement veut également renforcer le programme "Les entreprises s’engagent pour les quartiers", avec l’objectif d’intégrer 2000 nouvelles entreprises pour atteindre un total de 6000 entreprises engagées. Nous voilà rassurés…

Enfin chacune des mesures suivantes, déjà annoncées précédemment, pose un problème de financement ou de logique de rustine. Sur le principe, il n’y aurait rien à redire. Les cités éducatives seraient généralisées d’ici 2027. L’accueil continu de 8h à 18h dans les collèges de REP et REP+, comme annoncé par le chef de l’État en juin à Marseille, serait assuré à partir de la rentrée scolaire 2024. Le gouvernement promet également une « convergence progressive du zonage des QPV et de celui de l’éducation prioritaire en assurant dès 2024 un traitement spécifique pour l’ensemble des écoles orphelines ».Un plan d’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques viserait à toucher 500 collectivités, pour « neuf heures d’ouverture supplémentaire par semaine en moyenne » et en particulier le dimanche. « Un abondement exceptionnel de la dotation globale de décentralisation » devrait financer cette mesure. Enfin, avec l’appui du fonds de co-investissement de l’ANRU, l’expérimentation de 60 centres de santé sera conduite d’ici 2027, avec pour « priorité d’aller vers les habitants et de les orienter vers les soins dont ils ont besoins ». Au regard des suppressions de postes encore annoncées dans l’éducation nationale, on s’étonne de la capacité à financer et assurer subitement les cités éducatives l’accueil continu dans les collèges et la convergence des zonages, alors que le ministère peine aujourd’hui à assurer les remplacements d’enseignants absents dans les mêmes territoires. L’abondement « exceptionnel » pour financier l’ouverture supplémentaire des bibliothèques laisse présager des lendemains qui déchantent, car une fois que ce sera éloigné l’actualité brûlante on connaît le destin des financements exceptionnels de l’État en direction des collectivités : il sera effectivement exceptionnel et les communes devront arbitrer entre le maintien de ces 9 heures supplémentaires et la suppression d’autres services dans le cadre d’un budget toujours plus contraints. Enfin, les expérimentations de centres de santé (60 pour toute la France ?!) ne remplaceront pas la nécessité de travailler à l’installation durable de médecins de ville et à la restauration d’un fonctionnement décent des hôpitaux publics.

Les annonces sur la nouvelle génération de contrats de ville pourraient prêter à rire si la situation n’était pas grave. Leur élaboration vient de gagner un délai de 6 mois supplémentaires (donc une liberté de trésorerie de 6 mois supplémentaires) pour des signatures fin mars 2024. Mais la nouvelle géographie prioritaire, officiellement mise en chantier lorsqu’Olivier Klein était encore ministre ne sera publiée qu’en décembre 2023 : à tout hasard, si de nouvelles communes devaient entrer dans le champ des QPV, elles auront 3 mois pour boucler leur dossier. Mais surtout, le discours sur la flexibilité et la liberté accordée dans l’élaboration des contrats de ville masque une réalité plus crue : les crédits d’État passeront généreusement de 597,5M€ en 2023 à 600M€ en 2024…

Ne rien changer pour que rien ne change

4 mois après des émeutes d’une intensité et d’une violence rarement connues, le gouvernement a donc choisi de privilégier la réponse sécuritaire et les opérations « coups de poing ». La reproduction de tels événements est en réalité perçue par l’exécutif comme inéluctable : à la supposée sécession d’une population à la dérive répond la sécession des élites qui finalement se détourne des habitants de son propre pays pour privilégier des solutions de « gestion de crise ». Et encore dans leur propre logique, on pourrait même finir par considérer que les moyens offerts à cette réponse sécuritaire sont sous-dimensionnés. Les Quartiers populaires sont plus que jamais regardés comme des espaces où il convient de temps à autre de restaurer l’ordre, mais pas d’assurer la tranquillité publique et encore moins de garantir la justice. Le volet social annoncé à Chanteloup-les-Vignes, pour compenser à la marge l’essentiel des mesures de nature répressive, est absolument anémique et inopérant.

Les Quartiers populaires ne sont en réalité que la partie la plus éruptive de la société française qui subit aujourd’hui de plein fouet les conséquences des politiques néolibérales qui lui sont imposées depuis 30 ans et ont non pas détruit mais profondément abîmé et rendu impuissant l’État social. Pour mettre en œuvre ne serait-ce que le début des mots utilisés par la Première ministre dans ses interventions des 26 et 27 octobre 2023 – « émancipation », « intégration », « respect de l’autorité », « cohésion sociale » – il faudrait une transformation radicale tant sur le fond que budgétaire pour l’éducation, la santé, le logement, la reconquête industrielle, le recul de la pauvreté, les collectivités et la présence de l’État sur le terrain.

Finalement, le fatalisme gouvernemental est logique… en ne changeant rien, il peut prévoir que tôt ou tard un nouvel épisode d’émeutes, peut-être plus violent encore, finira bien par intervenir. Sa seule préoccupation est d’être prêt à frapper le moment venu. Il n’est pas question de changer de politique et régler le problème à la racine.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire GRS de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation, riposte de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS)

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 14:41

Pour la première fois depuis plusieurs années, je ne pourrai pas être présent ce soir pour la commémoration des massacres du 17 octobre 1961 perpétrés sur ordre de Maurice Papon, préfet de police de Paris, sur les manifestants algériens sortis manifester pacifiquement contre les mesures de répression dont ils étaient victimes.

Cela me fait de la peine car cette commémoration compte énormément pour moi, dans mon histoire et mon engagement politique.

Alors que notre pays (et nos voisins belges) fait face au retour du terrorisme islamiste, sachons nous rappeler que nous devons condamner toute forme de violence illégitime, qui plus est quand elle s'exerce sur des populations sans défense. En manifestant le 17 octobre 1961, les personnes qui descendaient dans la rue à l'appel du FLN (sortant souvent des bidonvilles où on les avaient parqués) ne faisaient que défendre leurs droits : en assassinant plusieurs centaines d'entre eux, en en raflant et violentant près de 12000, ceux qui ont obéi aux ordres de Maurice Papon (et sans doute ceux du Gouvernement de l'époque) ont déshonoré la #République. En prétendant lutter contre des "terroristes", ils n'ont tué et frappé que des innocents, ils se sont abaissés jusqu'à l'inhumanité et l'indignité des terroristes eux-mêmes.

Souvenons-nous en quand certains appellent aujourd'hui à des méthodes expéditives qui mettraient en cause l'Etat de droit, souvenons-nous en quand certains proposent de ficher des populations entières en raison du comportement de quelques dizaines d'individus, souvenons-nous en quand certain(e)s sont incapables de condamner les meurtres de masse sur des milliers d'innocents, sur des familles sans défense... Souvenons-nous car cela définit la frontière entre les démagogues et les "chiens", d'un côté, et ce qui devrait être l'essence de notre humanité et de la République universelle et universaliste.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire GRS de Bezons
Président de "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation, débat de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS)

Mémoire du 17 octobre 1961Mémoire du 17 octobre 1961
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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 16:37
Depuis 6 jours, le monde entier reçoit des images sans filtres, glaçantes, d'horreur.
Il ne s'agit pas ici de faire un développement sur le conflit israélo-palestinien. Il s'agit de qualifier les faits. Et il s'avère que tout ceci relève de l'action terroriste. Refuser de le dire, refuser de l'admettre, disqualifie pour longtemps ceux qui s'y compromettent.
Ce n'est pas l'Etat israélien qui a été attaqué, ce sont les Israéliens, des civils sans défense, c'était eux la cible, l'objectif, pour provoquer la terreur. Et les mots d'ordre des assaillants sont sans ambiguïté. L'éradication d'un peuple tout entier. Un génocide...
Comment ne pas voir aussi que le gouvernement israélien - malgré la récente arrivée du centriste mou Beni Gantz, sans condition - pour le temps de l'opération militaire - dirigé par Netanyahu est le pire qu'Israël ait jamais eu, une extrême droite décomplexée, qui ne va pas uniquement chercher à défendre les Israéliens - cela, ils ont échoué à le faire après avoir aggravé année après année la situation - mais va s'engager dans une vengeance aveugle qui confondra les terroristes du Hamas avec le peuple palestinien. Nous verrons d'autres images d'horreur bientôt, d'autres victimes innocentes de l'autre côté du front... une spirale infernale qui pourrait n'avoir jamais de fin.
Que dire des Etats occidentaux qui ont abandonné depuis années toute prétention à peser politiquement pour recréer les conditions d'une relance du processus de paix et l'objectif de deux Etats souverains, démocratiques, vivant en sécurité...
Comment dans ses conditions se faire complices des mots d'ordre du Hamas, en refusant de les qualifier de terroristes, en expliquant qu'ils sont une force armée, comme s'ils pouvaient être celle de l'Etat de Palestine ? Comment rester aveugles et sourds ? Certains dirigeants de la France Insoumise et des groupes d'extrême gauche l'ont fait. Et ils s'enferment dans ces positions en reprenant l'idée qu'en politique, on ne reconnaît pas ses erreurs, on les conforte.
Récemment encore, Fabien Roussel était voué aux gémonies par les mêmes : on osait le comparer à #Doriot. Insulte reprise et justifiée par certains de leurs supporteurs. D'un sujet à l'autre, ils reproduisent le même schéma. Le grand chef dérape et c'est tout un système qui prend le relais. Mais comment reproduire cette faute quand c'est notre conception même de l'humanité commune qui est en jeu ?
Leurs passions tristes et leur soif de fracturation de la société française - que leur position absurde va encore aggraver - conduisent la gauche dans une impasse quand elle devrait être soudée et solidaire, prête à travailler à un projet à proposer aux Français.
Il faut croire que certains n'en ont que faire. C'est triste, cela peut être décourageant, mais c'est peut-être aussi une clarification nécessaire pour aller de l'avant.
 
Frédéric Faravel
Conseiller municipale et communautaire de Bezons
Animateur national du pôle Idée, formation et riposte de la Gauche Républicaine et Socialiste
Israël-Palestine-Gaza : cessons de rajouter de l'horreur à l'horreur des terroristes et sachons dire les choses !
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