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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 11:23

L'entretien d'hier matin sur France Inter avec Vincent Peillon puis son débat dans la foulée avec Philippe Meirieu sur la refondation de l'école républicaine ont été d'une très grande qualité. Il est dommage que le ministre de l'éducation se soit enferré dans des non réponses sur sa candidature inutile aux élections européennes, mais il faudra surtout retenir la force de la réflexion sur l'éducation et des propositions portées par le ministère, qui offrent à la communauté éducative une opportunité comme elle n'en a pas eu depuis près de 20 ans.

Vous trouverez ci-dessous les deux vidéos.

Frédéric FARAVEL


L'invité de 8h20 : Vincent Peillon par franceinter
Interactiv' : Vincent Peillon et Philippe Meirieu par franceinter

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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 08:49

Attaques racistes contre Christiane Taubira, manifestations, sifflets et insultes contre l’État un 11-Novembre jour de commémoration nationale, le gouvernement a raison de faire preuve de fermeté et de rappeler que la République ne doit faire preuve d'aucune indulgence contre ses ennemis.

Drtx159fq.jpgepuis l'été 2012, une sorte de "mouvement social de droite" allant de la "Manif pour tous" aux "Bonnets rouges", avec les "pigeons" comme précurseurs, occupe l'espace public, débordant largement une opposition conservatrice et centriste qui reste toujours sans projet, sans leader et sans initiative. L'UMP, et dans une moindre mesure l'UDI (désormais rejointe par le MODEM), en est réduite à suivre les combats de ce mouvement social, sans jamais réussir à prendre la main dessus, et en se trouvant piégée par son discours souvent réactionnaire.

On pourra toujours dire qu'en cela le fond idéologique avait été préparé de longue date à ce tournant réactionnaire par l'action et la synthèse sarkozyste. Il n'en reste pas moins qu'en chevauchant une partie du discours homophobe et anti-Etat de ces mouvements, l'opposition de droite finit par lui accorder une certaine légitimité.

Cependant lorsque les tabous tombent en parole, le tabou de la violence ne tarde pas à tomber lui non plus. C'est ce qui s'est passé en Bretagne où la violence du mouvement des "bonnets rouges" a pu bénéficier pendant plusieurs jours d'une certaine latitude. C'est ce qui ne manquera pas d'arriver (comme les débordements homophobes ont suivi le mouvement anti-mariage pour tous) si la République ne réagit pas avec la plus ferme des déterminations contre les débordements racistes et anti-parlementariste qui s'expriment à l'extrême droite, contre la Garde des Sceaux, comme une sorte de prolongement d'ailleurs de la "Manif pour tous".

Or, la gauche a une part de responsabilité dans cette "chienlit" réactionnaire et conservatrice.

Dès le début du quinquennat, elle a mis en difficulté son camp politique et social, notamment en acculant à la défaite deux grands confédédérations, dont l'une - la CGT - avait appelé à voter pour François Hollande. Avec la transposition dans la loi de l'accord interprofessionnel sur la flexibilisation de l'emploi, mais aussi avec le Pacte de Compétitivité, puis avec le vote bloqué sur la réforme des retraites, le gouvernement donne l'impression d'infliger des défaites à la gauche syndicale.

Mais surtout, il a semé la confusion dans son propre électorat en menant une politique contraire à nombre des engaments de campagne :

  • - ratification du traité Merkozy en l'état alors qu'on avait annoncé sa renégociation avant toute ratification ;
  • - Pacte de compétitivité fondé sur la baisse du coût du travail, alors qu'on avait expliqué que ce n'était pas le coût du travail qui était en cause ;
  • - augmentation de la TVA pour financer la baisse du coût du travail (alors qu'on venait de supprimer la TVA sociale) ;
  • - transposition de l'accord emporté par le MEDEF sur la flexibilité de l'emploi ;
  • - réforme des retraites contraire au projet du PS de 2011 : "Nous rétablirons l’âge légal de départ à 60 ans (ce qui permettra à ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercé des métiers pénibles de pouvoir partir au même âge qu’avant la loi de 2010) et l’âge de départ sans décote à 65 ans. Nous engagerons la réforme des retraites que nous avons promise aux Français : un financement garanti avec une contribution du capital, le maintien des seniors dans l’emploi, la prise en compte de la pénibilité et de l’allongement de la durée de vie, et surtout un système universel et personnalisé qui permettra à chaque personne de faire des choix et d’organiser sa vie au moyen du compte temps-formation dont chaque Français disposera à partir du 1er janvier 2014. Nous nous donnerons les moyens de réussir cette réforme qui engagera plusieurs générations en menant une concertation avec les organisations syndicales et un débat public avec les Français en vue de décisions qui seront prises avant l’été 2013"
  • - abandon d'une réforme fiscale, après une série de mesures isolées et des reculs qui ont accentué la confusion dans ce domaine et surtout lésé réellement une partie des classes moyennes et populaires (dont certains se sont retrouvés contributrices alors qu'elles n'étaient pas imposables préalablement).

article_quimper.jpgD'ailleurs, sur ce dernier sujet, on voit bien comment la confusion jetée dans l'électorat de gauche et l'évitement d'une réforme fiscale profonde a permis de faire coaguler ensemble des protestations qui ne se seraient jamais rencontrées sinon : voir les ouvriers bretons défiler aux côtés de leurs patrons et de certains militants réactionnaires et identitaires à Quimper est assez inédit. Le retrait récent de FO de cette auberge espagnole n'y change rien le mal est fait, les autres syndicats peinant - suite à leur afaiblissement consécutitf à leurs difficultés à se positioner par rapport à la politique gouvernementale - à opérer des contre-feux ou à mobiliser des salariés de plus en plus profondément pessimistes sur des combats positifs.

On se retrouve exactement devant le même dilemne qu'avant mai 2012 : si la gauche n'assume pas son projet politique, ce n'est pas elle qui sera le réceptacle des aspirations et des demandes de changement, a fortiori si elle est au pouvoir. Ni le Front de Gauche, ni les confédérations de salariés n'arrivent aujourd'hui à mobiliser alors que les revendications sociales pourraient les porter (preuve s'il en est que les Français ne comprennent rien à la théorie éculée des "deux gauches" défendues par Jean-Luc Mélenchon), et le confusionnisme qui en découle pourrait rapidement profiter à des mouvements populistes d'extrême droite quelle que soit la région concernée (car on voit bien que le discours autonomiste breton - d'habitude plutôt généreux - est ici remplacé par une version assez négative).

Mais les groupuscules d'extrême droite menacent-ils la République au point que la gauche doivent la défendre dans la rue ? non... Les appels soudains à multiplier les manifestations contre l'extrême droite me paraissent à ce titre une fausse bonne idée ; d'autant que de la part d'une bonne partie des dirigeants du Parti Socialiste, il pourrait bien s'agir d'une médiocre stratégie politique pour rechercher désespèrément le soutien électoral de ceux qui nous désavouent au seul prétexte de faire barrage au FN. C'est là tout le débat qui avait occupé les socialistes lors de la table ronde des universités d'été 2013 sur la manière de combattre l'extrême droite : la majorité espérait que la menace électorale du FN, et du Rassemblement Bleu Marine qui cherche à le camoufler, serait un argument suffisant pour susciter une logique de défense républicaine au seul profit du Parti Socialiste. On en a vu l'inopérabilité d'élection partielle en élection partielle. Le danger FN dans les urnes n'est plus en soi suffisant pour inciter l'électeur de gauche à abandonner une tentation abstentionniste, ni même à reporter ses voix correctement au second tour.

La stratégie d'appeler à un meeting "contre les extrémismes" est par ailleurs encore confuse, car plutôt que d'appeler clairement à combattre le FN et les fascistes, la direction du PS (peut-être par erreur sémantique) tombe dans le même travers que François Fillon lorsqu'il appelle à voter "pour le moins sectaire" en cas de second tour gauche-FN.

L'autre espoir vain sur lequel peut compter le Parti Socialiste, c'est que la droite n'est aujourd'hui pas le réceptacle électoral du désaveu d'opinion dont souffre la gauche gouvernementale (qui entraîne avec elle dans une certaine mesure l'ensemble de la gauche) : la droite n'a pas bonne presse, elle est divisée et l'électeur ne se retournera vers elle pour sanctionner le gouvernement. Le FN/RBM aura également du mal à constituer des listes alternatives dans la plupart des villes et ne pourra engager un combat avec enjeu que dans quelques territoires symboliques comme Hénin-Beaumont, Carpentras ou Brignolles. Mais l'effet des triangulaires pourraient à nouveau être un handicap important pour la droite, d'autant que la plupart des maires de gauche (différent des Collomb et autre Rebsamen) ont en général plutôt assumé leur mission de "bouclier social" face à la crise, ce dont les électeurs pourraient leur être reconnaissant. C'est l'abstention qui peut fortement pénaliser la gauche dans ces élections locales, mais sans doute pas encore suffisamment pour conclure à une défaite cinglante comme en 2001 (défaite que l'on avait éludé, Matignon s'étant persuadé que Paris et Lyon suffisaient à signer la victoire). Il est à craindre que le gouvernement défende dès le 30 mars au soir, que les municipales marquent que le désaveu à son encontre est largement surjoué par un effet médiatique et qu'il n'y a donc pas lieu à changer. C'est alors aux élections européennes qu'avec ce type de discours risque de nous être présenté la note de manière plus cruelle encore, avec un électorat de gauche qui sera d'autant plus désabusé que le gouvernement n'aurait rien infléchi après les municipales : mais là encore on nous dira que les Européennes sont un défouloir et n'ont pas de réelle portée politique nationale.

Pourtant ce qui menace la République, c'est la misère sociale qui gangrène notre société et la désespérance économique qui étreint désormais tout notre pays : c'est là-dessus que surfe le FN. Changer de cap économique c'est répondre aux attentes des Français en rompant avec une logique sociale-libérale qui échoue ; c'est là que les Français attendent la gauche.

Ce n'est qu'en répondant à l'exaspération sociale des Français que nous pourrons briser le miroir aux alouettes du Front National. Tout discours "moralisant" est aujourd'hui inopérant tant que nos concitoyens ont l'impression que la politique qui est menée répond d'abord aux exigences du MEDEF, des agences de notation et des marchés financiers, plutôt qu'à la détresse économique vécue et à la confusion dans la société. Cela ne veut pas dire qu'il soit inutile ou interdit de démonter l'idéologie FN, mais les Français ne s'apprêtent pour 20% d'entre eux (dont certains électeurs de gauche) à voter FN parce qu'ils adhéreraient tous à ses idées nauséabondes. C'est effectivement un sentiment de ras-le-bol qui peut tout emporter, une partie de notre camp social s'estimant trahi et ne voulant pas pour autant s'entendre être catalogué "raciste". Ils sont sans doute dans l'erreur il joue avec le feu, mais alors dans ce cas déconstruisons les propositions du FN pour en démontrer les conséquences économiques et sociales ; et surtout agissons sur la réalité quotidienne de nos concitoyens (emplois, aides sociales, logement, transports, etc.) : nous n'en serons que plus forts ensuite pour rebâtir des cordons sanitaires avec les débordements xénophobes.

Investir pour l'économie et donc reécréer de l'emploi, reconstruire une fiscalité juste, sortir l'Europe de l'ornière austéritaire, c'est redevenir audible auprès des Français, inscrire notre action dans la durée et c'est là le vrai combat efficace contre les populistes et l'extrême droite.

A ce titre, on ne peut que se réjouir de l'annonce de la remise à plat du système fiscal français, en regrettant les quelques 15 mois perdus sur ce dossier. Mais nous ne sommes en rien assurés que ce travail soit suffisant : il faut des mesures fortes, mais il n'est pas garanti que le patronat une fois encore ne trouve pas un rapport de force en sa faveur comme le montre le refus d'intégrer dans la "remise à plat" la TVA. La gauche doit impérativement se mobiliser pour remettre dans le débat fiscal tout ce qui avait été suggéré par le Parti Socialiste en 2011.

Frédéric FARAVEL

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 15:32

logo MLG 2Il y a les sondages… Il faut toujours les relativiser et les regarder avec perplexité car s’ils mêlent les chiffres concernant les électeurs de droite et ceux de gauche, ils ne disent souvent rien sur les raisons des choix de nos concitoyens. Nous avons toujours pris beaucoup de distance avec cette pseudo photographie de "l’opinion".

Il y a eu les élections partielles qui ont sonné comme une alerte tant les électeurs de gauche ont boudé les urnes, quand certains ont pu se laisser égarer en votant pour le FN.

Il y a les rencontres avec nos concitoyens, avec les militants, qui montrent qu’après l’attente plus ou moins patiente se manifeste désormais la défiance, la colère ou pour le moins la consternation.

Il y a les décisions nombreuses qui creusent un fossé entre le gouvernement avec deux des trois plus grands syndicats représentatifs de salariés, dont les adhérents ont massivement voté pour François Hollande et qui désapprouvent des mesures qui vont a l’encontre de leurs revendications et même parfois de nos engagements pendant les présidentielles. On pense au CICE, à l’ANI, à l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites, etc.

Il y a les cafouillages, bidouillages, reculades, et parfois renoncements, qui entretiennent l’idée d’une absence de vision d’avenir, d’un manque de maîtrise de la situation et qui renforcent un sentiment d’inquiétude sur l’avenir.

Tout cela est connu et nul besoin de langue de bois pour éluder la crise politique majeure qui se conjugue à la grave crise économique et sociale que vit notre pays, comme bon nombre de pays européens.

Il n’y a pas seulement une succession de problèmes épars et d’erreurs ponctuelles, mais d’abord les conséquences des politiques d’austérité.

Il y a d’abord la situation objective du pays, la détérioration des conditions de vie d’un nombre croissant de nos concitoyens et surtout des signes peu encourageants pour l’avenir. Les délocalisations continuent à un rythme soutenu, la désindustrialisation n’est pas conjurée et les projets technologiques d’avenir ne semblent pas suffisants pour compenser la disparition de pans entiers de notre appareil productif. Le taux de chômage atteint des records dans toute l’Union Européenne et plus encore dans la zone Euro, la croissance prévue sera molle et même le taux particulièrement bas d’inflation manifeste des tendances à la déflation et à un taux d’activité limité. Le dumping social et fiscal continue de plus belle (cf. les bas salaires en Allemagne demeurent, les salaires ont fortement baissé en Espagne concurrençant notre économie) dans l’UE et la surévaluation de l’Euro poursuit son œuvre destructrice.

Si la plupart des Français demandent un changement de politique c’est bien qu’ils perçoivent que la logique de l’austérité – fut elle plus atténuée ici qu’ailleurs , l’alignement aux politiques européennes libérales et la pseudo-politique de l’offre sont des impasses. La marche forcée vers la réduction des dépenses publiques ne résoudront aucun de nos problèmes et le pseudo-remède s’avérera pire que le mal.

Le discrédit qui s’ancre dans une partie de plus en plus importante de la population et la dépression qui minent la France viennent de là.

Alors comment sortir de cette crise, comment retrouver confiance en nous mêmes ?

Aussi, rien  ne serait pire que de demeurer sourds et aveugles à ce qui s’exprime dans le pays et singulièrement dans les couches populaires, au sein du peuple de gauche. Rien ne serait pire que d’attendre une hypothétique amélioration de la conjoncture mondiale et européenne qui  viendrait régler nos problèmes. Car la réalité est que pour sortir de la crise, il faut en France une politique volontariste de relance de la croissance, une croissance durable engageant la transition écologique, une stratégie de redressement industriel, une redistribution des richesses.

Oui, le président de la République doit prendre la mesure de la gravité de la situation et prendre une initiative majeure pour engager une nouvelle étape de son quinquennat. Il doit proposer un changement de cap, un changement de politique et du coup un changement d’équipe.

Un sursaut s’impose, maintenant. Faire  le gros dos, ne rien changer, constituerait un grand danger pour le pays.

Nous lisons moultes commentaires sur l’intérêt pour le président de la République de prévoir un remaniement, pesant au trébuchet l’opportunité tactique de telle ou telle initiative. Ils nous consternent. Qui peut croire qu’un simple changement de casting peut faire illusion et régler nos problèmes ?

Disons le tout net : seul un changement de politique est à la hauteur de la gravite de la situation.

Ensuite, il y a tous ceux qui finalement confortent le chef de l’Etat dans ce qui pourrait apparaître comme sa tentation supposée naturelle, à savoir faire le gros dos pour laisser passer le gros temps. En fait, ceux là sont ceux qui estiment que les politiques austéritaires et libérales sont les seules possibles et chacun sait bien qu’ils ont de puissants soutiens… Surtout à droite, au MEDEF et dans les sphères économiques et financières. Les mêmes qui saluent le courage de François Hollande d’avoir su abandonner ses promesses "déraisonnables" ou "irréalistes" de campagne. Les mêmes qui n’ont pas voté pour lui et qui ne le feront jamais mais qui se réjouissent qu’une gauche fasse le sale boulot et surtout discrédite elle même les idées, les propositions et les idéaux qui font son identité et son succès électoral. Pour eux, c’est tout bénéfice.

Mais l’enjeu n’est pas qu’électoral pour la gauche et le Président. Encore qu’en démocratie, cela n’a rien d’anormal ou d’infamant. Il est plus lourd, il en va de l’avenir du pays.

Répondre au cas par cas, territoires par territoires, aux colères et mouvements qui s’expriment ne résoudra rien et risque au contraire de voir se renforcer les tendances aux replis identitaires, la recherche de boucs émissaires et l’exacerbation des oppositions entre salariés, régions, activités. Il faut une réponse globale et de fait un changement de politique.

Quel changement de politique ?

A l’évidence le premier verrou à faire sauter pour une sortie de crise est bel et bien d’abandonner le suicidaire discours du TINA (There is no alternative, il n’y a pas d’alternative) et bel et bien de revenir à des points clefs des propositions du candidat Hollande et du discours du Bourget qui ont fait son élection.

nouveau-logo-psLe changement de politique, c’est bel et bien de revenir au "changement c’est maintenant". Et maintenant, c’est maintenant !

On voit quelques points clefs et prioritaires de ce changement:

1. Sortir de la politique d’austérité et proposer un plan de relance de la croissance en France, fondé sur une relance ciblée de la  consommation populaire et des investissements en particulier par des grands travaux, le soutien à la transition énergétique et des projets industriels préparant l’avenir. Le plan que nous avons présenté avec le courant «Maintenant la Gauche» dès février dernier manifestait déjà notre conviction que la politique gouvernementale n’atteindrait ni son objectif économique de réduction des déficits, ni ses objectifs sociaux, ni ceux en terme d’emplois. Il faisait des propositions qui demeurent de pleine actualité (http://www.maintenantlagauche.fr/retrouvez-le-plan-de-relance-ecologique-et-social/).

2. Engager une réforme fiscale globale cohérente et durable avec un grand impôt progressif fédérant l’Impôt sur le Revenu et la Contribution Sociale Généralisée, en commençant par rendre progressive la CSG, en accroissant le nombre de tranche de l’IR et en supprimant de nombreuses niches fiscales. Revenir sur les hausses de la TVA et instaurer une fiscalité écologique qui serve réellement à de grands travaux de transitions énergétiques et à la lutte contre l’effet de Serre. Enfin, restaurer une égalité de prélèvements entre les PME et les grandes entreprises ainsi qu’une lutte sans merci contre l’évasion fiscale. Systématiser la conditionnalité des aides fiscales aux entreprises, remettre en cause le CICE pour toutes les entreprises qui ne sont pas confrontées à la concurrence mondiale, recadrer le crédit impôt recherche trop souvent dévoyé.

3. Une stratégie de redressement industriel plus globale au delà des 34 projets industriels annoncés, mener une stratégie de défense des secteurs industriels menacés avec des programmes de filières et d’interventions renforcées par le capital public, voir de nationalisation temporaire (chantiers navals, agroalimentaire, raffinerie). Il faut ne pas se laisser paralyser par les directives européennes sur les aides publiques et exiger leur renégociation.

4. Redonner de la cohérence à l’Etat et une haute qualité aux services publics. Il y a urgence à renforcer les moyens aux hôpitaux publics et aux services d’urgence mais aussi de prévoir les indispensables recrutements pour la police de proximité et pour la justice, en particulier pour créer de vrais services permettant la mise en œuvre de peines de substitutions à la prison et bien sûr pour l’école mais aussi l’éducation populaire. La première exigence est de revenir sur la suppression des postes dans la fonction publiques en 2014. Restaurer les services publics c’est remettre en cause les privatisations comme celle des autoroutes mais aussi les Partenariats Publics Privés si fréquents et si coûteux. Il convient de réfléchir à un nouveau fonctionnement de l’Etat dont les missions ont évolué et qui est actuellement trop désorganisé, et ce en associant les fonctionnaires qui sont souvent mal reconnus et peu écoutés.

5. Il faut des actes et une attention particulière à notre jeunesse. Trop de jeunes vivent dans des familles pauvres, trop d’étudiants doivent travailler pour étudier, trop d’entre eux jeunes diplômés ou non ont le sentiment que leur avenir est bouché en France et que le pays n’est pas prêt à leur faire confiance et à les accompagner dans leurs projets.

Changement de politique par et pour le rassemblement des forces de gauche et écologistes.

Il s’agit là des points d’appui pour l’indispensable sursaut. Si ces sujets semblent majeurs, le changement de politique doit partir d’une feuille de route pour les 3 années à venir qui soit un nouveau pacte de confiance proposé aux Français, préparé à partir d’une dynamique de rassemblement des forces de gauche et écologistes.

Aucun président même avec  la Vème République ne peut gouverner sans une majorité politique et sociale. Or, la majorité politique qui a garanti l’élection de François Hollande n’est pas rassemblée autour d’objectifs, d’un programme, ou à tout le moins de grandes priorités pour réussir le changement auquel nos concitoyens aspirent et pour présenter une voie d’avenir au pays.

Pour préparer ce pacte, il faut réunir tous les leaders des partis et mouvements de gauche et écologistes pour préparer ce nouveau pacte, en tout cas pour fixer des points de convergences permettant cette étape nouvelle et de retrouver la confiance et l’espoir.

Le sursaut qui s’impose doit être global, économique, social et politique.

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23 octobre 2013 3 23 /10 /octobre /2013 13:35

Depuis plusieurs mois, toute la gauche est à nouveau bousculée par les contradictions qui s'expriment en son sein sur les questions de l'immigration et de l'intégration. Ceci serait moins dramatique si nous n'étions pas aujourd'hui en charge de conduire les destinées de la République.

Quel effroi lorsque en septembre dernier, le Ministre de l'intérieur Manuel Valls, un socialiste, a expliqué sur une radio publique qu'une catégorie de la population résidant sur le territoire de la République n'avait «pas vocation à s'intégrer» mais retourner dans leurs pays d'origine (la Bulgarie, la Roumanie, essentiellement), sur la base de leur «culture trop différente». Cette déclaration ethnicisante n'est pas conforme selon nous à la tradition républicaine d'une part et aux valeurs humanistes de la gauche d'autre part.

Elle entre pourtant dans une stratégie construite de créer le clivage et la polémique par la triangulation.

leonarda.jpgL'expulsion d'une famille rrom au Kosovo, alors que leur pays d'origine n'était pas clairement identifié, l'interpellation de la jeune Leonarda Dibrani en marge d'une activité scolaire, avant sa reconduite à sa frontière, a suscité une grave polémique dont toutes les retombées ne sont pas encore connues. L'arbitrage final et public du Président de la République – après avoir pris connaissance des résultats de l'enquête administrative demandée par le Premier Ministre, qui a démontré à la fois une application stricte du droit mais également un manque de discernement dans l'appréciation humaine de la situation – est également troublante : en proposant à la jeune fille et «à elle seule» de rentrer en France pour poursuivre sa scolarité, nous sommes en contradiction avec le droit international, avec la convention internationale des droits de l'enfant.

Non seulement la droite et l'électorat conservateur, qui n'auraient en tous les cas jamais soutenu la décision gouvernementale, accusent désormais le Président de laxisme, mais surtout une large partie des militants et des électeurs socialistes ont mal à leurs valeurs humanistes.

Mais au-delà de la légitime émotion que l’expulsion de cette famille, alors que sa volonté d’intégration se traduisait clairement par la scolarisation assidue des quatre enfants, suscite, il est temps d’interroger notre politique en matière d’immigration irrégulière.

Le cas de la famille de Leonarda n'est que la partie émergée de centaines d'expulsion de famille de sans papier, dont les enfants sont le plus souvent scolarisés dans les écoles de la République.

Ce n’est pas seulement l’application des textes qu’il faut discuter, mais aussi les textes eux-mêmes. C’est aussi l’état du droit en matière d’immigration que cette triste affaire révèle. Le parlement devait légiférer, mais les délais ont été repoussés.

Pendant cinq ans, les socialistes ont, aux côtés des associations, milité pour un assouplissement des critères de régularisation des sans papiers et l’abandon d’une politique du chiffre. L’abrogation du délit de solidarité, celle de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers ou encore la circulaire d'août 2012 sur les campements nomades illicites (qui s'adresse essentiellement aux populations Rroms) ont incontestablement marqué une rupture avec le sarkozysme. Mais ces mesures sont peu ou mal appliquées.

Pour l’essentiel, la politique de l’immigration menée aujourd’hui est malheureusement comparable à celle de la période précédente, car notre législation continue à « fabriquer des sans papiers » et des familles ni régularisables, ni expulsables. Un des problèmes provient de ce que l'immigration relève de la compétence du ministère de l’intérieur. Penser l’immigration au seul titre de la sécurité est en soi un non sens. Ce n’est pas au ministère de l’intérieur de définir une politique migratoire. Quand tout est entre les mains du ministère de l’intérieur, cela donne une vision presque policière de l’immigration.

Aujourd’hui, il faut aller plus loin.

lampedusa1.jpgCar «l'affaire Leonarda» ne peut pas masquer le drame récent de Lampedusa, qui a rappelé après bien d'autres naufrages, que la mer méditerranée était en train de devenir un cimetière marin pour des milliers d'immigrants originaires du Moyen Orient et d'Afrique. La réponse de l'Union Européenne, en cette circonstance, n'a pas été à la mesure du défi : en proposant uniquement d'augmenter les crédits de l'agence Frontex, dont le rôle est de surveiller les frontières extérieures de l'UE, les Européens démontrent qu'ils ne cherchent qu'à repousser au loin ces migrants, quelle que soit leur situation sanitaire ou humanitaire, condamnant des dizaines de milliers d'entre eux à la misère et parfois à la mort.

naufrage-de-lampedusa.JPGSoyons clair : il n'est pas possible de dresser sur la Méditerranée un "mur" comme les Américains ont échoué à en dresser un sur le Rio Grande. Il n'est pas possible de décréter la fin des flux migratoires au regard de la détresse économique, politique, humanitaire et sanitaire des populations concernées. Cette question ne peut donc pas se régler par les seules réponses policières. Personne ne peut penser qu’à l’inverse, ce sujet sera réglé sans frontières et sans entraves. La question du développement avec le soutien des Européens des pays au sud de la Méditerranée est une donnée essentielle du problème : mais ne nous y trompons pas, le rythme et la qualité de ce développement ne suffiront pas à stopper ces flux migratoires. À nous de définir comment on régule la mobilité légitime des personnes et comment nous nous donnons collectivement, Français et Européens, les moyens d'accueillir dignement ces migrants.

Dans ce cadre, il faut d’abord définir notre projet européen. On ne peut plus continuer à organiser la concurrence entre nous, à nous exclure les uns les autres, selon l’origine ou le degré de pauvreté. Pourtant, on continue avec une logique européenne qui nous impose de nous faire du mal.

Le Parti Socialiste, ses parlementaires et notre gouvernement doivent retrouver la boussole qui semble leur faire défaut aujourd'hui et qui doit nous conduire collectivement à réformer en profondeur notre politique migratoire. Cette boussole n'est pourtant pas loin : elle a été réactualisée en conformité avec les valeurs émancipatrices et humanistes de la gauche lors des conventions que le PS a organisées en 2010 et 2011, validée lors de l'adoption du projet socialiste en juin 2011.

Il est temps d’agir.

Frédéric FARAVEL

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 11:55

La victoire du FN dans un canton du Var en octobre 2013 est-il emblématique d'une dérive de l'électorat vers l'extrême droite ou faut-il relativiser au regard du contexte local ? La complexité de la situation ne peut pas être traité à la légère. Cette élection partielle interroge encore l'état de notre démocratie.

Encore un cas particulier ?

n-BRIGNOLES-FN-large570.jpgCertains pouvaient encore trouver des arguments pour se rassurer au soir du 1er tour des élections cantonales partielles de Brignoles, le dimanche 6 octobre 2013. Laurent Lopez, candidat du Front national, avait rassemblé sur son nom 40,4 % des suffrages exprimés, mais ses 2 718 voix étaient en légère baisse après les scrutins précédents. Le FN avait obtenu 32,97 % des suffrages au 1er tour en 2011 (2 757 voix), 34,9 % en 2012 (2 734 voix).

Selon cette analyse, il n'y aurait pas une aggravation particulière du risque FN, l'abstention était élevée comme c'est le cas pour les partielles, encore plus dans un contexte de deux annulations de scrutin. Au 1er tour le 6 octobre, seulement 33,40 % des électeurs du canton s'étaient rendus aux urnes. Il eut été dans ces conditions assez intriguant que le FN ne perde pas quelques voix ; au regard de ce niveau d'abstention le score du FN démontre au contraire une remarquable constance mais qui n'avait rien à voir avec un renversement politique irrémédiable. Et puis on est dans le Var et le FN avait déjà emporté de quelques voix le canton en mars 2011, face à un PCF vieillissant («Hanotin style») qui n'a pas su passer le relais. Tout cela finalement ne serait encore une situation particulière dont il ne faudrait pas tirer d'enseignements nationaux.

Sauf que Laurent Lopez a remporté dimanche 13 octobre ce scrutin avec 53,9 % des voix, selon les chiffres définitifs communiqués par la préfecture du Var. Laurent Lopez a recueilli 5 031 voix, contre 4 301 pour son adversaire UMP Catherine Delzers (46,1 %). Le taux de participation était de 45,26 % ce dimanche, en hausse de près de 12 points par rapport au 1er tour, a indiqué la préfecture du Var.

1489157 3 0fb0 marine-le-pen-a-lille-le-5-mars-2011Le FN a donc pour la première fois sérieusement profité de la progression de la participation qui entre les deux tours bénéficiait jusqu'ici au Front Républicain. Il gagne près de 2 300 voix. Laurent Lopez, missionné par Marine Le Pen, pour représenter sur ce territoire le visage supposément «dédiabolisé» du FN et du «Rassemblement Bleu Marine», a donc emporté un très grande partie de l'afflux des abstentionnistes du 1er tour et sans doute (comme à Villeneuve-sur-Lot) 15 à 20 % des électeurs de gauche qui refusent désormais de voter pour une pâle copie UMP alors qu'ils ont l'original FN sous les yeux - que les médias s'échinent à présenter comme ayant évolué.

Dans ces conditions, les résultats du canton de Brignoles marquent une défaite pour l'ensemble des forces républicaines à droite évidemment, mais d'abord à gauche, qui va devoir trouver d'urgence les éléments du sursaut.

Une défaite de la droite

Jusqu'ici, la droite et l'UMP avaient à peu près beau jeu d'expliquer que – malgré les discours ambigus de ses responsables – ils étaient le rempart républicain contre la montée de l'extrême droite. Mais les élections partielles précédentes qui ont opposé au 2nd tour l'UMP au FN ont toujours été emportées de manière serrée, avec la discipline d'une partie majoritaire de l'électorat de gauche, alors que l'UMP a toujours refusé de se prononcer pour la défense républicaine en cas de duel gauche-FN.

Il est d'ailleurs probable que si le candidat communiste soutenu par le PS s'était retrouvé en duel contre le FN, l'UMP aurait ouvertement refusé de donner une consigne de vote «Front Républicain» que la plupart des dirigeants de l'UMP ont déjà du mal à prononcer lorsque le candidat est socialiste.

Mais les précédentes élections partielles avaient placé l'UMP en tête ; le FN n'était que le challenger. À Brignoles, dans un territoire où le FN a le vent en poupe comme dans tout le sud-est de la France, c'est le FN qui est arrivé en tête et l'UMP qui était challenger. Pour une partie grandissante de l'électorat, l'UMP a échoué à représenter une opposition au gouvernement de gauche, et ce pour deux raisons :

  • jfcope-ce3de.jpgl'incapacité à s'organiser démocratiquement et à élaborer des propositions alternatives à celle du gouvernement Hollande-Ayrault ;
    la légitimité que les positions ambiguës de l'UMP offre de fait au FN (il serait un parti républicain puisqu'il n'est pas interdit, le seul problème avec le FN serait sa politique européenne et la volonté de sortir de l'euro…).

Ainsi, l'UMP a convaincu une partie de l'électorat de droite comme de gauche que le FN était désormais l'alternative ; c'est la marque du sondage sur les intentions de vote aux Européennes de mai prochain, qui place l'UMP derrière le FN. En ne se déplaçant pas pour soutenir leur candidate de 2nd tour (alors que le candidat communiste et le PS avaient immédiatement appelé à faire barrage au FN en votant pour elle), les dirigeants de l'UMP ont clairement avoué leur échec et abandonné leurs responsabilités.

On voit mal de quelle autorité ils pourront se prévaloir pour s'opposer en mars prochain aux tentations d'alliance entre la droite et l'extrême droite.

Une défaite de toute la gauche

Mais avant tout, le scrutin de Brignoles marque au premier comme au second tour une brutale sanction de l'électorat de gauche en direction des partis qui s'en réclament.

Au premier chef, c'est une sanction pour la gauche gouvernementale (PS-EELV).

cahuzac referenceToutes les élections partielles depuis juin 2012 ont été perdues par les candidats PS. Avant Brignoles, dans deux scrutins, législatives partielles de l'Oise et du Lot-et-Garonne, le PS a été éliminé, incapable de se maintenir au 2nd tour, condamné à appeler au "Front Républicain" et à voter UMP. À chaque fois, une partie (encore majoritaire mais pour combien de temps) des dirigeants socialistes expliquent que ces élections partielles sont des cas particuliers ; a fortiori, les deux législatives métropolitaines : il est vrai que succéder à Jérôme Cahuzac après le scandale qu'il a provoqué était difficile, mais cela marque l'échec du Parti et du gouvernement à convaincre qu'ils avaient tiré les leçons de «l'affaire Cahuzac». Dans l'Oise, face au candidat UMP ressuscité mais corrompu, Jean-François Mancel, il eut été pourtant plus aisé de faire la différence avec l'adversaire.

La raison est évidemment plus profonde que celle d'une malheureuse séquence de cas particuliers dans des circonscriptions difficiles : à chaque fois, l'abstention dans l'électorat de gauche dès le 1er tour est massive et ces électeurs ne sont plus sensibles aux arguments visant à mettre en avant le risque FN.

discours Maurel samediÀ ce titre, en dehors de l'intervention d'Emmanuel Maurel, la table ronde des universités d'été de La Rochelle consacrée à la lutte contre l'extrême droite, est particulièrement éclairante sur l'erreur politique et stratégique de la direction du PS. Les interventions convergeaient vers une logique fausse :

  • - mettre en avant le danger électoral du FN,
  • - dénoncer moralement ce parti,
  • - tout cela étant jugé suffisant pour que l'électorat de gauche se rassemble derrière le PS aux municipales et aux européennes et fasse ainsi barrage à l'extrême droite.

 

Sauf que le peuple de gauche n'écoute plus de tels discours qui, s'ils portent une partie nécessaire – oui il existe un danger électoral FN, oui il faut dénoncer le hiatus du FN avec les valeurs républicaines –, sont parfaitement biaisés et insuffisants. Répondant à Malek Boutih, Emanuel Maurel a heureusement rappelé que l'extrême droite se nourrissait évidemment de la misère sociale. Il se nourrit également des renoncements de la gauche au gouvernement, jugés comme tels par nos électeurs :

  • - il n'y a pas en France de majorité politique en faveur d'une politique d'austérité à l'échelle européenne et nationale,
  • - il n'y a pas plus de majorité en faveur d'une politique économique de l'offre et de réduction du coût du travail,
  • - il n'y a pas de majorité non plus pour la flexibilité du marché du travail qui a été imposée au travers de l'ANI,
  • - enfin, il n'y a pas de majorité en faveur d'une régression des droits sociaux en matière de retraite.

Il n'y a pas de majorité politique sur tous ces sujets, car les Français n'ont pas voté pour en mai et juin 2012 ! Ce n'était pas les engagements qu'on leur avait soumis et sur lesquels ils se sont prononcés.

Depuis un an et demi, l'électorat de gauche a l'impression que le gouvernement mène une politique économique et sociale qui contredit le programme que le PS avait adopté en juin 2011 et qui contredit les 60 engagements déjà très prudents de François Hollande durant la campagne des élections présidentielles.

Alors ils votent avec leurs pieds au 1er tour, ils votent avec leurs pieds au 2nd tour quand le PS y est encore présent. Et certains font plus grave : ils préfèrent parfois voter au 2nd tour pour le candidat de l'extrême droite car «on ne l'a pas encore essayé». Cela démontre le niveau de défiance qui les animent désormais vis-à-vis de la gauche qu'ils ont porté au pouvoir au printemps 2012.

553049-manuel-valls-cecile-duflotIl est vrai que cette situation ne peut être que renforcée par l'incapacité des deux partis principaux – PS et EELV – du gouvernement à avoir une stratégie commune lors des élections partielles. Ne nous y trompons pas, la décision du parti écologiste dans le Var de présenter un candidat autonome au premier tour de la cantonale partielle n'a rien à voir avec le malaise que peuvent ressentir les militants écologistes, leurs responsables, et au-delà bon nombre de militants socialistes, face à la politique du gouvernement (hors logement et éducation) et plus encore lorsque le ministre de l'intérieur déclenche des polémiques qui contraignent Jean-Marc Ayrault tout autant que Cécile Duflot à le recadrer. Non, la décision de ne pas soutenir le candidat communiste au 1er tour était une erreur. Mais, à l'inverse ne nous trompons pas non plus sur les causes profondes de la défaite de Brignoles : si tous les électeurs de gauche du 6 octobre avaient voté pour un seul candidat (1 579 voix cumulées – 23,47 % des suffrages exprimés), cela aurait sans doute évité l'élimination de la gauche, mais fondamentalement c'est un score historiquement bas et cela n'aurait en rien empêché le FN d'emporter le canton au 2nd tour, les résultats du 13 octobre ayant depuis démontré la dynamique à l’œuvre.

melucheCette défaite n'est cependant pas la défaite de la seule gauche gouvernementale.

Il n'aura échappé à personne que le principal candidat de gauche lors du 1er tour de Brignoles était un élu du PCF. Peut-être y existe-t-il des raisons internes et locales au parti communiste qui expliquent une difficulté à succéder à un conseiller général communiste reconnu ? Mais avant tout, les électeurs de gauche en s'abstenant massivement le dimanche 6 octobre ont fait la démonstration imparable qu'ils ne faisaient pas la distinction entre deux gauches qui seraient aujourd'hui irréconciliables ; l'idée que le Front de Gauche représenterait une alternative au PS ou à l'attelage PS-EELV est parfaitement incompréhensible pour l'électorat de gauche.

Cela marque trois enseignements :

  • - la stratégie de Jean-Luc Mélenchon est condamnée à l'échec ;
  • - les municipalités d'union de la gauche conduites par le PCF souffriront aussi des mauvais choix du gouvernement lors des élections municipales de mars 2014 ;
  • - il n'y a pas en France de communes où le risque de la droite et/ou de l'extrême droite soit suffisamment faible pour donner libre cours aux affrontements internes à la gauche (encore plus quand on a géré une commune ensemble).

Ces enseignements devraient inciter plus encore le Parti Communiste Français à privilégier le rassemblement contre la stratégie agressive du Parti de Gauche ; ils devraient également inciter le Parti socialiste à ne pas dresser artificiellement des listes autonomes contre les dernières municipalités communistes où il était associé.

Mais ces considérations stratégiques sont peu de choses face au problème de fond que toute la gauche doit impérativement résoudre si elle veut réellement transformer la société dans la durée et donc éviter que l'extrême droite ou une droite extrêmisée et radicalisée accède au pouvoir en 2017.

L'urgence du sursaut à gauche

Face aux renoncements de la gauche au pouvoir, qui comme nous l'avons vu impacte électoralement toute la gauche, ce sont d'abord et avant tout les catégories populaires, qui avaient voté Hollande à la Présidentielle et socialiste aux Législatives de 2012, pour sanctionner la politique économique et la violence sociale de Nicolas Sarkozy, qui nous font défaut aujourd'hui… soit en s'abstenant, soit en sautant le pas du vote FN. Notre feuille de route stratégique et politique doit donc impérativement de repartir à la conquête de l'électorat populaire, comme l'indiquer Emmanuel Maurel à La Rochelle le 24 août dernier.

Dans l'électorat FN, on aura noté depuis plusieurs années la distinction qui est possible entre une partie de l’électorat populaire et ouvrier du nord et de l'est de la France, et l'électorat traditionnel de la droite mais radicalisé du midi provençal et languedocien (commerçants, petits artisans, etc.). C'est évidemment l'électorat populaire et ouvrier, qui existe aussi dans le sud-est, qu'il est possible de reconquérir, et qu'il nous faut reconquérir, en menant une politique qui répond à sa détresse et ses préoccupations économiques et sociales.

Cependant, cet électorat populaire et ouvrier souffre de la part d'un certain nombre d'élus socialistes (et leurs conseillers) d'un double mépris.

  • - Le mépris «Terra Nova» : on se souvient de la note publiée par ce think-tank du vivant d'Olivier Ferrand, qui concluait de manière définitive au conservatisme des catégories populaires, proposant au Parti Socialiste d'abandonner son discours habituel fondé sur l'alliance entre classes moyennes et classes populaires, pour s'adresser à l'addition des minorités ethniques et sexuelles et des classes moyennes supérieures éduquées… avec le programme économique social-libéral qui va avec ;
    - Le mépris «Gauche populaire» : un collectif d'intellectuel s'était constitué dans la foulée de cette note pour en dénoncer le grave mépris qui la sous-tendait et la rupture qu'elle impliquait avec la mission émancipatrice historique de la gauche. Mais, ce collectif s'est depuis fait voler son bébé par un certain nombre de députés opportunistes qui ont préempté dans les médias le label «gauche populaire». Ainsi, émerge depuis un nouveau type de mépris : si cette sensibilité propose une réorientation de la politique économique gouvernementale au service des intérêts des catégories populaires, elle rejette plus ou moins toute avancée sérieuse dans les domaines qui lui paraissent au mieux accessoires, au prétexte que les classes populaires rejetteraient par principe celles-ci : donc elles seraient incapables d'entendre ou de comprendre les débats sociétaux (mariage pour tous, PMA, politique migratoire, Rroms) ou européens. C'est là une nouvelle forme de mépris à l'égard de ces catégories sociales, c'est aussi un abandon idéologique en termes d'éducation populaire et d'humanisme qui font toutes deux partie des fondamentaux de la gauche.

D'une certaine manière, la stratégie personnelle d'affirmation de l'ordre et de l'autorité (sans la justice) et de triangulation, portée par Manuel Valls, participe de cette vision méprisante pour les catégories populaires. Plutôt que de faire de la pédagogie sur la nécessité de changer de politique migratoire vers plus d'humanisme, il dénonce les Rroms en tant qu'ethnie, il justifie l'expulsion d'une enfant kosovare de 15 ans scolarisée au sein de l'école républicaine … parce qu'il considère sans se poser de questions éthiques que l'opinion française le soutiendra et servira sa carrière politique. C'est là une des nombreuses illustrations du populisme qui gangrène désormais tout le panel de la vie politique française.

C'est aussi une aubaine pour des postures clientélistes : le clientélisme tel qu’on l’entend d’habitude consiste à établir une relation d’intérêt personnel ou collectif entre un élu et les citoyens. Les suffrages se monnayant contre des services. L’idéologie est bien loin, les considérations politiques inopérantes, seule compte la capacité de l’élu d’actionner les bons leviers du pouvoir afin de régler quelques problèmes concrets et obtenir des avantages pour le plus d’électeurs possibles. Dans l’esprit de bien des élus qui fonctionnent au clientélisme (mais aussi des citoyens, parce que les citoyens sont les premiers soutiens du clientélisme), il n’y rien de répréhensible. Pour eux l’intérêt général n’est que la somme des intérêts particuliers des électeurs clients. La mort des grands modèles, des schémas politiques simples, des structures partisanes tentaculaires qui encadraient et organisaient les luttes, la vie sociale et culturelles des quartiers populaires, a ainsi laissé place à des icônes populistes. Au-delà du clientélisme, du populisme et de la maîtrise parfaite du covoiturage et de la location de mini-bus, l’engouement que suscite Samia Ghali dans les quartiers nord, a de quoi ébranler les derniers rénovateurs de Solférino.

Le Parti Socialiste doit donc revenir aux fondements de sa mission historique transformatrice et émancipatrice. Il doit assumer totalement son «autonomie solidaire», expression inventée par Harlem Désir où on a bien vu la solidarité automatique et irréfléchie mais en rien l'autonomie, vis-à-vis du gouvernement, pour pousser à la réorientation de sa politique.

Maurel AG Motion 3L'émancipation économique et sociale doit de nouveau être au cœur de sa politique, tout en assumant son humanisme et sa mission d'éducation populaire. Il y a urgence à rompre avec les dérives de l'année écoulée :

  • - ce «socialisme de l'offre» où l'on voit bien "l'offre" en réponse aux exigences du patronat, mais en rien le "socialisme" et encore moins les résultats pour l'emploi et les droits des chômeurs et des travailleurs ;
  • - cette abdication devant les logiques austéritaires et libérales européennes qui conduit le gouvernement à tenter de réduire la dette par l'impôt (jusqu'à saturation pour les classes moyennes) alors qu'il aurait fallu la réduire grâce à une politique de croissance (aujourd'hui on ne réduit ni la dette ni les déficits).

Si le Parti Socialiste ne mène pas une campagne sur la réorientation des politiques économiques européennes, sur la révision du traité budgétaire et l'augmentation du budget communautaire, alors il sera durement sanctionné (et dans tous les cas ce sera dur car François Hollande a finalement plié devant les conservateurs européens : pacte de croissance vidé de son sens mais ratification du traité budgétaire ; acceptation sans conditions sérieuses d'un budget européen en recul) ; les électeurs ne nous suivront pas sur un discours moral limité à «il faut sauver la construction et l'idée européennes» ; ils suivront pas le PSE si celui-ci se donne comme candidat à la présidence de la Commission européenne un membre d'un SPD (Martin Schulz) prêts à faire une grande coalition avec Angela Merkel… tout simplement parce que c'est le choix d'abdiquer devant les théories libérales et les partis conservateurs qui est en train de tuer l'idée européenne partout dans le cœur des Européens.

 

Ce tournant doit impérativement être opéré avant les municipales et les européennes, sauf à laisser une nouvelle fois quelques charlatans autoproclamés "docteurs en opinion publique", nous expliquer que décidément les Français seraient de droite et qu'il n'est pas possible de mener une politique de gauche… en oubliant que c'est à gauche que les Français avaient voté au printemps 2012, dans la dynamique du discours du Bourget dont il reste peu de défenseurs aujourd'hui.

Frédéric FARAVEL

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 10:54

Rythmes-scolaires_article_main.jpgDepuis deux semaines, les médias se font l'écho de l'échec annoncé ou supposé (pour les plus cléments) de la réforme des rythmes scolaires. Chacun y va de son témoignage de parents décrivant des enfants plus fatigués qu'auparavant (on manque cependant de recul et d'études sur le sujet moins d'un mois après la rentrée scolaire), d'enseignants qui se plaignent du manque de concertation et des défauts de transversalité avec les activités périscolaires (ce dont la plupart ne s'était jamais préoccupé auparavant), ou de maires qui jurent que financièrement et organisationnellement c'est impossible à mettre en place que ce soit en 2013 ou en 2014.

Il faut cependant repartir à la base de la réforme des rythmes scolaires, qui est une partie d'une ambitieuse refondation de l'école en cours. Les écoliers français subissent des journées plus longues et plus chargées que partout ailleurs dans le monde. Cette forte concentration du temps d’enseignement est inadaptée, car c'est une source de fatigue et de difficultés d’apprentissage. La réforme doit mieux répartir les heures de classe sur la semaine, alléger la journée et programmer les enseignements lorsque la faculté de concentration des élèves est grande.

Si la volonté farouche de mettre en œuvre ce réaménagement des temps de l'élève/enfant est bien engagé depuis l'installation du gouvernement de gauche et la nomination de Vincent Peillon, comme ministre de l’Éducation Nationale, la réflexion a été menée depuis plusieurs années dans la communauté éducative et fait suite à un rapport commandé par le précédent ministre (UMP), Luc Châtel, qui avait conclu aux conséquences catastrophiques de l'imposition sous Xavier Darcos de la semaine de 4 jours. Car c'est bel et bien une réforme qui fut imposée sans concertation en 2008 et qui eut pour conséquence terrible de surcharger les journées des élèves.

Charybde et Scylla

discorde-au-plus-haut-point-entre-jean-francois-cope-zet_69.jpgAinsi, Jean-Michel Fourgous, maire ultra-libéral de la commune d’Élancourt (78), et Jean-François Copé, président de l'UMP, député et maire de Meaux (le cumul devant lui laisser le loisir de visiter son Hôtel de Ville au moins deux heures par semaine), ont-ils une démarche parfaitement hypocrite quand ils lancent une pétition pour supprimer ou reporter cette nécessaire réforme, dont le principe était déjà acté par leur propre camp politique. On sent là l'instrumentalisation politicienne qui fait peu de cas de l'intérêt des enfants et de leurs familles.

Cette agitation pétitionnaire, si inhabituelle à droite, cache une autre réalité : l'absence de culture de concertation chez les édiles de droite, l'absence de priorité à l'éducation et à l'enfance dans leurs communes.

  • Si Jean-Michel Fourgous et d'autres maires de droite qui avaient pourtant choisi septembre 2014 s'agitent aujourd’hui, c'est qu'ils n'imaginent pas assumer d'en préparer la mise en œuvre. Cette réforme est pourtant annoncée depuis l'été 2012, et discutée avec les partenaires nationaux ; le décret du 26 janvier dernier a précisé le cadre de la nouvelle organisation du temps scolaire (notamment le nombre d'heures d'enseignement maximum par jour) et des adaptations locales possibles (mercredi ou samedi, septembre 2013 ou 2014). S'il s'agissait de mettre en œuvre dans sa commune les nouveaux rythmes en septembre 2014, le maire avait au minimum 20 mois pour s'y préparer. Mais cela signifie dialoguer avec les enseignants, avec les parents d'élèves, avec les agents communes, cela suppose une culture de la concertation, et c'est insurmontable pour lui.
    Si Jean-François Copé ne veut pas assumer les coûts engendrés par la réforme des rythmes en terme d'aménagement du temps périscolaires, c'est que sa priorité politique est ailleurs. Quand il repointe le bout de son nez sa bonne ville de Meaux, le président de l'UMP a une préoccupation : montrer qu'il est un bon shérif. Le jour où son conseil municipal votait à sa demande le refus de mettre en œuvre la réforme, 17 millions d'euros étaient votés pour investir dans l'augmentation des caméras de vidéo-surveillance ou augmenter le nombre de policiers municipaux, dont les effectifs atteignent déjà 155 agents. Rappelons que Meaux compte 51 000 habitants à la louche, on laissera chacun libre de mesurer les choix budgétaires du maire de Meaux…

le-ministre-de-l-education-vincent-peillon-g-parle-le-30-se.jpgL'application de la réforme des rythmes scolaires connaît un autre écueil : confrontée à une injonction réactionnaire et démagogique sur son flanc droit, elle a fait l'objet d'une posture zélatrice d'une minorité de maires de gauche. Lorsque le Président de la République et le Premier Ministre ont annoncé que les communes pourraient choisir de n'entrer dans les nouveaux rythmes qu'en 2014, certains ont choisi de s'afficher comme «les bons élèves» du gouvernement, dénonçant parfois ceux qui choisissaient de prendre un an supplémentaire d'être des fossoyeurs de la refondation de l'école, coupables de «préférer aménager des ronds points» plutôt que d'investir dans l'éducation (je me souviens d'une sénatrice du Val-d'Oise qui a osé proférer ce genre de bêtise).

Or, ce zèle politique ou politicien a fait l'impasse sur la complexité à organiser un nombre déterminant d'acteurs au service des élèves : enseignants, parents d'élèves, associations culturelles ou sportives, agents communaux… résultats les difficultés parfois réelles relevées au début de cet article sont la conséquences directes d'une impréparation et parfois d'une improvisation. Improvisation budgétaire comprise, puisque ces municipalités n'ont eu que quelques mois pour évaluer les coûts supplémentaires qu'impliquaient la réforme, balayant l'obstacle en comptant sur l'aide financière (50€ par élève et par an) promise aux communes précoces.

On pourra toujours dire que les erreurs commises parfois avec légèreté par les zélateurs serviront de contre-exemple aux prochaines, mais elles ont pris le risque inconséquents de dévaloriser l'ensemble de la refondation de l'école dans l'opinion publique.

Que faire ?

adapter-les-rythmes-scolaires-c-est-possible-81848.pngL'éducation doit être l'une des priorités absolues de la puissance publique à tous les échelons d'intervention. L'effort budgétaire doit être conséquent tant au niveau de l’État, des Régions, des Départements ou des Communes.

Si l'on veut mettre en place avec un contenu pédagogique de qualité les nouveaux rythmes scolaires, le coût supplémentaire pour une année budgétaire équivaut à 350 000 € minimum pour une commune de 30 000 habitants, pour peu que celle-ci ait déjà une pratique avancée des politiques de l'enfance.

La question financière n'est donc pas anodine. Le gouvernement ferait donc bien d'entendre ces quelques nécessités :

  • maintenir sur plusieurs années l'accompagnement financier (50€ par élève et par an) de la mise en œuvre de la réforme et de l'étendre aux communes qui entreront dans le droit commune en septembre 2014 ;
    la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales (4,5 Mds € en 3 ans) est évidemment contre-productive dans ce contexte. Leur maintien permettrait tout à la fois de consolider l'investissement porté par les collectivités (66% de l'investissement public) et l'effort budgétaire de celles-ci sur le social et l'enfance ;
    il faut renforcer et rationaliser les dispositifs de péréquation financière entre collectivités pour réduire le procès en inégalité territoriale.

Le maître mot du dossier se résume ensuite à des questions de méthode, de cadre et de projet.

Concernant la méthode, il convient de prendre le temps et de faire l'effort d'écouter l'ensemble des partenaires : directeurs d'établissements, équipes enseignantes, associations et fédérations de parents d'élèves, animateurs périscolaires et au-delà tous les services municipaux dont les conditions de travail doivent évoluer (pour 30 000 habitants, vous aurez entre une douzaine et une quinzaine de services différents : techniques, animation, restauration, propreté, et j'en passe…), évidemment associations – et pas seulement celles qui seraient amenées à intervenir dans les activités périscolaires si c'est la pratique locale de le leur confier, mais aussi toutes les associations culturelles et sportives dont les horaires et les services pourraient évoluer au regard des modifications des temps d'une bonne partie de leur public.

Le dialogue et la concertation, cela ne se résume à une grand messe rapidement mené, mais c'est la nécessité d'organiser des dizaines de rendez-vous, de passer des dizaines avec les différents interlocuteurs, parfois de manière croisée, pour faire de la pédagogie sur l'objet de la réforme et trouver ensemble les solutions. Ça prend du temps, c'est parfois tendu, mais in fine sur 20 mois de préparation, c'est la garantie d'une démarche partagée.

Il faut donner des cadres. Les témoignages qui s'étendent sur la fatigue accrue des enfants ont souvent un point commun : la multiplication des rythmes différents d'une journée à l'autre. Un élève, surtout au plus jeune âge, surtout si au regard du territoire concerné les parents sont contraints de partir tôt ou de rentrer tard au travail – ce qui implique dans tous les cas que les enfants ont des journées longues –, a besoin de bornes précises et identifiées dans sa journée : il doit savoir qu'il entrera dans l'accueil périscolaire du matin à telle heure, que la classe commencera à telle heure, que la pause méridienne dure de telle à telle heure, que la classes de l'après-midi s'achève à l'heure dite pour laisser place aux activités périscolaires… et qu'on ne lui impose pas chaque jour un rythme différent.

La demi-journée supplémentaire d'enseignement doit être choisie avec soin et le débat ne peut être celui d'un choix brut entre le mercredi ou le samedi. Il faut trouver un moyen objectif d'évaluer les conséquences de chaque choix et la manière dont les familles s'y adapteront. On peut très bien bâtir sur ces bases avec les associations de parents d'élèves un questionnaire permettant de faire réfléchir les parents sur leur organisation et leur préférence en fonction des différents cas de figure ; si cet outil est construit en concertation avec les associations, il a deux avantages : celui de faire la pédagogie des conditions complexes de mise en œuvre des nouveaux rythmes (au-delà du «moi ça m'arrange comme ça»), celui d'objectiver la perception des enjeux par les familles.

Rythmes-scolaires_SEB_2187.jpgPour conclure, il faut effectivement appuyer la réforme des rythmes scolaires sur un projet éducatif de territoire réel. Cela implique que les activités périscolaires ne soient pas de la garderie maquillée ; que les équipes pédagogiques d'animation périscolaire disposent des temps suffisant pour mettre en œuvre des activités cohérentes et suivies (le midi, l'après-midi, le mercredi – toute la journée ou l'après-midi) ; que les directions périscolaires travaillent en transversalité avec les équipes enseignantes (on retrouve ici la nécessité du dialogue et de la concertation préalables).

Cela implique aussi qu'on sache tenir compte du rythme de l'enfant. La réforme vise à alléger le nombre d'heures d'enseignement dans une journée et à travailler sur la concentration des élèves, mise à mal dans le format antérieur. On allège pas la journée d'enseignement pour bombarder l'enfant d'occupations qui l'épuiseront tout autant. La peur du vide peut tuer la réforme. Dans cette conception, la pause méridienne est capitale : les enfants doivent disposer de temps de restauration sereins et suffisants ; ils doivent avoir accès bien sûr durant ce temps à des activités de qualités préparées dans les conditions que l'on a décrites plus haut, mais ils doivent également pouvoir profiter d'un temps de repos. La journée de l'élève est suffisamment longue en raison des contraintes économiques et sociales que chacun connaît dans notre société pour que l'on puisse aménager de manière utile son droit à la paresse.

* * *

Il est temps de sortir des caricatures d'une droite hypocrite et des pièges que nous nous sommes nous-mêmes tendus. La refondation de l'école, dont la réforme des rythmes scolaires est une pierre essentielle, mérite mieux que les «à peu près» qui nous sont servis aujourd’hui. Il en va du bien-être et de la réussite des élèves français.

Frédéric FARAVEL

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 13:41

valls_vice_president.jpgVoici près d'une semaine que le débat public français est focalisé sur une nouvelle déclaration polémique du Ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Ce dernier a estimé, mardi 24 septembre, sur France Inter que les Rroms «ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres» et qu'«une minorité de familles veut s'intégrer en France».

Après celles lancées cet été, alors qu'avait été diffusé à la presse un courrier à l'exécutif dans lequel il dénonçait l'inspiration supposée laxiste du projet de loi pénale portée par sa collègue Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Manuel Valls récidive, choisissant obstinément d'imposer à l'exécutif sa feuille de route, son calendrier et ce qu'il croit être ses intérêts en terme d'image.

Ce dernier a même réussi le tour de force avec la complicité d'une partie de la presse de faire passer Cécile Duflot, qui a ouvertement critiqué cette prise de position détonante lors des journées parlementaires des écologistes, de fauteuse de trouble.

Pourtant, à chaque fois, c'est bien le Ministre de l'Intérieur qui provoque volontairement le désordre en enfourchant sur divers thèmes des positions parfaitement démagogiques, voire ouvertement populistes. Plus largement, la liberté de ton dont dispose Manuel Valls et la relative complaisance ou indulgence dont il bénéficie de la part de l'exécutif démontrent que celui-ci est entré dans une dérive libéral-sécuritaire, qui rend aphone le parti socialiste mais qui reste résistible, peut et doit être renversée.

La circulaire du 26 août 2012

La victoire de François Hollande le 6 mai 2012 a mis fin à une période sombre pour la République Française.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy avait débuté par l'institutionnalisation d'une ligne politique nauséabonde, qu'il avait peu à peu imposée dans le débat public depuis 2002 : la création du ministère de l'immigration et de l'identité nationale portait dans l'exécutif une stratégie national-populiste, qui n'a cessé de légitimer pendant 5 ans le discours du Front National, tout en participant à sa dédiabolisation. Le discours de Grenoble en 2010, qui faisait des Gens du Voyage et des Rroms des boucs émissaires explicitement désignés à la vindicte populaire, fut le moment de franchissement définitif des lignes rouges républicaines ; la stratégie buissonnienne de la campagne présidentielle de 2012 n'était pas une nouvelle étape de cette dérive à droite mais une simple confirmation.

La circulaire interministérielle NOR INTK1233053C du 26 août 2012 «relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites» mettait fin à la dérive de l'action de l’État. Son préambule marque explicitement les principes sur lesquels sa mise en œuvre est fondée :

«L'action de l’État relative aux campements illicites s’inscrit dans le respect des principes fondateurs de la République.
En premier lieu, le respect des décisions de justice ne saurait être mis en question. Il revient au préfet d’exécuter celles-ci, lorsqu’il est ordonné par le juge qu’il soit mis fin, au besoin avec le concours de la force publique, aux occupations illicites de terrains. Lorsque la sécurité des personnes est mise en cause, cette action doit être immédiate. Dans les deux situations, au-delà de la responsabilité de l’État, il en va des fondements même du contrat social dans notre Nation.
Il convient également, au regard de ces principes, d’assurer un traitement égal et digne de toute personne en situation de détresse sociale. Il vous incombe donc, en initiant le travail le plus en amont de la décision de justice qu’il est possible, de proposer des solutions d’accompagnement en mobilisant prioritairement les moyens de droit commun de chacun des partenaires. Cela suppose, dans une logique d’anticipation et d’individualisation, l’établissement, chaque fois que possible, d’un diagnostic et la recherche de solutions d’accompagnement, dans les différents domaines concourant à l’insertion des personnes (scolarisation, santé, emploi, logement/mise à l’abri...).»

Tous ces principes sont parfaitement fondés et légitimes. Sur cette base, il est parfaitement légitime que les maires, quelles que soient leurs orientations politiques (PCF, EELV, PS, UMP ou UDI), demandent le démantèlement des campements illicites qui se trouvent sur leur territoire communal. Cela n'en fait pas des soutiens objectifs aux propos récents du Ministre de l'Intérieur ou des otages du supposé angélisme incohérent de leurs formations politiques quand celles-ci les dénoncent.

Le problème provient directement de la mise en œuvre du démantèlement des camps. Dès les premiers mois de l'action du gouvernement, on a pu constater ici et là que la hiérarchie dans les priorités des démantèlements était souvent liée à l'orientation politique voire à l'identité géographique des communes dont les maires demandaient les démantèlements : priorité aux soutiens politiques et au département du Ministre, priorité moins évidente pour les communes dont les Maires étaient critiques ou supposés tels pour le ministre (qu'ils soient membres du PCF, d'EELV, ou même du PS).

Plus grave, la circulaire du 26 août 2012 n'est pas appliquée correctement (pour rester poli). C'est Dominique Baudis, défenseur des droits (qui agit en tant que tel, mais dont on n'oubliera pas qu'il est une personnalité de centre-droit et que sa mise au point sonne comme un camouflet pour une gauche qui n'applique pas ses propres directives). Dominiqué Baudis a dénoncé dès le 27 septembre dernier, dans un contexte qu'il a qualifié de difficile, «l'irrationnalité des arguments, des comportements et des prises de position ; […] on ne peut pas réduire à un problème national ce qui est un défi adressé à tout notre continent». «Cette circulaire interministérielle d'août 2012 n'est pas appliquée dans tous les cas, loin s'en faut, [ne demandant] pas autre chose que l'application de toute la circulaire». Il dit avoir été saisi de 4 000 cas de personnes dont les droits ont été ignorés au moment des démantèlements des camps en un an. «Quand le bilan (général et personnalisé) n'est pas réalisé, le démantèlement se passe mal». manuel-valls-enerve.pngUn constat que le défenseur des droits avait déjà fait en juillet dernier. Il avait envoyé ses recommandations au gouvernement. «Hélas, à ce jour, nous n'avons toujours pas de réponse» de Matignon, a-t-il regretté.

Amalgames et méconnaissance des Rroms

Malheureusement, l'embardée du Ministre de l'Intérieur le 24 septembre démontre qu'au-delà du non respect par la puissance publique de ses propres principes d'action (qui nécessiterait sans doute un regard plus appuyé du Premier Ministre et du Président sur l'action du ministère) Manuel Valls décide de chevaucher les pires amalgames sur une population fragile, afin de s'aligner sur l'opinion supposée de catégories sociales elles-mêmes soumises à une grande violence économique et sociale.

La dénonciation sans nuance des «modes de vie extrêmement différents des nôtres» et qu'«une minorité de familles veut s'intégrer en France» dénote soit d'une mauvaise foi absolue soit d'une méconnaissance tragique des populations concernées. Les Rroms qui quittent la Roumanie et la Bulgarie pour l'ouest de l'Europe le font dans une logique évidente d'immigration économique, renforcée par des pratiques discriminatoires ethniques, mais aussi économiques et sociales.

Ce qui est mis en cause c'est le nomadisme jugé inadapté à la société moderne. Dans le même registre, voici plusieurs mois que le patron de L'Express, Christophe Barbier, explique sur toutes les ondes (et encore récemment sur France Info) que le nomadisme est incompatible avec l'idéal républicain qui se confondrait avec un idéal de vie sédentaire. Encore une fois, ce type d'expression est erroné car cela introduit une confusion entre les Gens du Voyage, qui vivent depuis plusieurs siècles sur le territoire national et sont citoyens français et les Rroms d'Europe orientale. Les citoyens français «Gens du Voyage» se voient avec de telles prises de position niés dans leur mode de vie nomade alors qu'il est permis par les lois de la République contrairement à ce qu'indique M. Barbier.

A contrario, les Rroms, dont on dénonce le supposé nomadisme, sont des populations qui ont adopté depuis plusieurs décennies, et plus encore, un mode de vie sédentaire dans leurs pays d'origine. Soumis à l'exploitation réelle de multiples groupes mafieux, ils viennent rechercher en France un mieux-être économique et non imposer la possibilité d'exercer un nomadisme anarchique, irrespectueux du droit et de la République. La précarité territoriale des immigrants Rroms est d'abord dûe à leur exploitation et à l'inapplication de la circulaire d'août 2013 : le démantèlement sans préalable social atomise un peu plus les groupes qui étaient contraints à ces campements illicites, renforçant ainsi la main-mise des groupes maffieux sur ces familles, tout en les éloignant des outils de l'intégration que sont la scolarisation des enfants, l'accès au logement provisoire puis pérenne, et l'accès à l'emploi.

L'amalgame actuel entre Gens du Voyage et Rroms nous ramènent 3 ans en arrière, c'est-à-dire à l'amalgame sarkoziste du discours de Grenoble, qui cherchait à dresser une partie des citoyens français contre d'autres citoyens français nomades en les assimilant à une population migrante, exploitée, discriminée, dont on entretient plus ou moins sciemment la précarité institutionnelle, économique et sociale.

553049-manuel-valls-cecile-duflot.jpgCécile Duflot était donc parfaitement fondée à dénoncer les propos de son collègue de l'Intérieur. Elle rappelle Hollande et le gouvernement à leurs engagements : le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault pourrait expliquer à Manuel Valls qu'à Nantes l'insertion ça marche, et que la ligne Buisson-Sarkozy est indigne d'un ministre qui se dit républicain. À ce titre, il est effectivement lamentable que Manuel Valls et ses soutiens d'une part, et certains collaborateurs du Président de la République d'autre part, cherchent à déguiser parfois des discussions de fond en couac gouvernemental.

Car en effet, il ne s'agit pas d'un couac mais d'un débat de fond : «On ne peut pas considérer et on ne peut pas dire qu'il y a des catégories de population où leur origine justifierait qu'elle ne puisse pas s'intégrer [...] que leur pratique et leur mode de vie sont un dérangement pour leur voisin. […] Parce que quand on dit ça, on est au delà de ce qui met en danger le pacte républicain. […] Quand tous, nous avons dit que le discours de Grenoble [de Nicolas Sarkozy] était un scandale absolu, nous ne pouvons pas laisser penser que nous pourrions utiliser les mêmes méthodes […]. Et ça ce n'est pas la responsabilité des ministres mais c'est la responsabilité du président de la république. […] Parce qu'au-delà de son programme, il a été élu pour réparer des blessures douloureuses, […] des blessures qui ont visé des grandes catégories de personnes, des musulmans considérés comme pas intégrés ou pas intégrables, comme posant un problème à l'identité nationale, des blessures causées aux Rroms, populations parmi les plus stigmatisées d'Europe. […] Ce rôle essentiel qui a été confié au président de réparer les blessures, d'apaiser les tensions... c'est le pacte de valeurs qui a fondé cette majorité.»

retrouver l'intervention intégrale de Duflot ici

Jean-Marc Ayrault n'a finalement pas dit autre chose devant les parlementaires écologistes en rappelant la nécessité d'appliquer la circulaire gouvernementale, circulaire dont on a vu que son application posait question. Ainsi, Manuel Valls contrevient tout simplement à ligne gouvernementale par ses propos et il est dramatique qu'il ait fallu attendre l'intervention de Cécile Duflot pour que le Premier Ministre rappelle à tous le cadre de la politique gouvernementale, alors que le Président de la République reste silencieux.

Comment imaginer que dans un pays comme le nôtre nous ne soyons pas en mesure de travailler à l'intégration de 15 à 20 000 personnes ? Comment imaginer que le Ministre de l'Intérieur puisse proférer de tels amalgames, démontrant sa une stratégie de communication populiste à visée personnelle, sans qu'il soit remis clairement à sa place, et pire encore que soit organisé avec l'indulgence de l'exécutif les pétitions de soutien à son égard ?

Laisser ainsi passer tels débordements valide le discours et les thèses de l'extrême droite, bien plus que le supposé angélisme dénoncé par Manuel Valls. Dominique Bussereau a résumé à sa manière la situation : «Valls est le meilleur ministre de l'UMP», aphorisme cinglant qui démontre à la fois la dérive de l'aile droite du PS et le niveau de décomposition politique à l’œuvre dans le principal parti de droite.

D'aucun dénoncent également le point Godwin qui aurait été atteint par certains responsables politiques comme Daniel Cohn-Bendit, mais qu'on le veuille ou non le rapprochement avec les commentaires exprimés sur l'immigration des juifs d'Europe centrale dans les années 1920-1930 est saisissant : les familles yiddish fraîchement immigrées étaient également jugées non intégrables et incompatibles avec la société française du fait de leur misère sociale, de leur langue, de leur habillement et de leur mode de vie. Manuel Valls n'est ni Laval, ni Maurras, mais en entretenant les amalgames au plus haut niveau de l’État, il entretient la peur et le rejet de ces populations, il nourrit les réflexes xénophobes d'une population française fatiguée et tentée plus que jamais par le vote FN.

La tentation de l'ordre avant la justice

Le Parti Socialiste et la gauche ont longtemps été accusés d'être incompétents ou angéliques en terme de politique de sécurité publique. Pourtant, l'articulation nécessaire entre police d'ordre et police de tranquillité publique, entre prévention et répression, entre justice et police, était déjà inscrite dans les orientations de la gauche dès les lignes fixées par Gilbert Bonnemaison dans les années 1970-1980. Et en matière de sécurité publique, il me paraît difficile d'expliquer que des personnalité comme Pierre Joxe furent suspectes de laxisme.

Dès octobre 1997, lors de la convention de Villepinte sur la sécurité, Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement font de la sécurité une priorité (ce qui ne signifie d'ailleurs pas que la gauche ait considéré auparavant que cela n'en était pas une). Invoquant le «droit à la sûreté» de la Déclaration des Droits de l’Homme, le Premier Ministre et son ministre de l’intérieur déclarent que «la sécurité est une valeur de gauche» et que la gauche agira pour que les catégories populaires ne soient plus les oubliées d'une insécurité quotidienne dont elles souffrent plus fortement que le reste de la population. La création de la police urbaine de proximité, supprimée ensuite par Nicolas Sarkozy, en avait été une des traduction les plus concrètes.

Il n'y a donc pas à avoir de mauvaise conscience à gauche dans ce débat, notamment quand on mesure les résultats plus que douteux de la décennie Sarkozy sur ce terrain. Au contraire, le démantèlement de la police de proximité, l'accumulation de lois "faits divers", ou encore la "politique du chiffre", ont profondément déstabilisé la sécurité publique et perverti notre système judiciaire (peines planchers) lui-même affecté par une réforme violente de sa géographie administrative, une réduction de ses moyens et des contraintes inutiles (jurys citoyens en correctionnelle).

taubira.jpgLa réforme pénale préparée et portée par Christiane Taubira était donc parfaitement nécessaire ; d’autant qu'il n'y a pas à gauche de débat entre défenseurs de l'ordre, d'un côté, et de la justice, de l'autre, opposition parfaitement artificielle et populiste. Là encore, la polémique sournoise (une lettre confidentielle adressée au Président de la République mais transmise aux médias), engagée par le ministre de l'Intérieur en plein milieu de l'été, fut profondément démagogique et dommageable à la gauche et l'efficacité de l’État. Là encore, il donnait contre son camp des arguments et des citations réutilisables par la droite et le FN contre la remise en ordre d'une Justice républicaine traumatisée pendant 10 ans et presque sciemment rendue inefficace par l'expérience sarkoziste.

Une fois encore, dans une stratégie de communication politique déjà mise en œuvre dans sa méthode par l'ancien Président de la République, l'actuel ministre de l'Intérieur recherchait le soutien d'une opinion déboussolée contre son propre camp. Il réintroduisait du même coup le soupçon contre sa famille politique dans l'opinion. Le bougisme vallsien a succédé en la matière au bougisme sarkozyste, sauf qu'ici la triangulation se fait contre les principes démocratiques et humanistes de la gauche.

Pire, les amis de Manuel Valls tentaient de dresser contre l'angélisme supposé de la gauche le réalisme supposé des élus locaux du parti (procédé réutilisé hier dans Le Journal du Dimanche concernant les Rroms). Dans une tribune parue le 21 août 2013 dans Libération et intitulée « La gauche affranchie », les proches du Ministre dénonçait « Le récit de la gauche […] soit faible soit inadapté. Faible parce qu’il reposait trop souvent sur l’idée de restauration […]. Inadapté parce qu’il a longtemps fait l’impasse sur les questions identitaires qu’elle a voulu réduire trop souvent à leur dimension sociale. » Ainsi, deux limites étaient franchies : revenir sur des politiques réactionnaires étaient assimilées à une « restauration » mal venue – il eut donc fallu poursuivre le chemin de la Réaction –, la sécurité (comme auparavant l'immigration) serait désormais liée à la question identitaire (c'est sans doute pour cela que Manuel Valls défend l'interdiction du simple voile à l'université). Tout cela sous le gage du «réformisme», car on l'aura compris le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est au main de dangereux révolutionnaires droits-de-l'hommistes.

Pour eux, «La gauche affranchie, c’est donc celle qui décide de porter haut et fort les valeurs d’autorité, de respect et d’ordre.» Si cette tribune pouvait être noyée dans quelques phrases creuses sur la défense de l'éducation, de la laïcité et des valeurs républicaines, il n'y était pas une seule fois question de justice républicaine ou de justice sociale, deux notions au cœur du projet de la gauche… les signataires préférent sans doute à la justice sociale la défense du monde de l'entreprise, car «La gauche affranchie, c’est celle qui, au fond, se met au service de ceux qui créent de la richesse, notamment des entreprises et tout particulièrement des petites et moyennes, qui souffrent de charges excessives» (charges plutôt que cotisations, n'est-ce pas).

Cette "gauche affranchie" ne retient plus que l'ordre et l'autorité, qui sans la justice sont incapables d'instaurer une société démocratique et républicaine, incapables de d'entretenir et de consolider le lien social, le "vivre ensemble". Le même appel à l'ordre et à l'autorité avait déjà secoué le parti socialiste en 1933 quand Marcel Déat et les «Néos» (socialistes) avaient lancé leur offensive contre Léon Blum et la majorité de la SFIO lors de son XXXème congrès. Certains dérivèrent plus loin ensuite.

Cette tribune introduit là encore une suspicion dramatique : si les amis du Ministre de l'Intérieur en appellent ainsi à l'ordre et à l'autorité, c'est que le reste de la gauche soutiendrait des positions libertaires et abandonneraient les classes populaires victimes de l'insécurité. Et comme le ministre est minoritaire face à ses "irresponsables", une nouvelle fois la droite et le FN pourront dénoncer la chienlit social-démocrate à l’œuvre.

La réalité est pourtant tout autre. L’État se doit de reprendre pied dans tous les territoires qu'il a abandonné précédemment : les populations ont droit à des services publics forts et de qualité (de l'éducation à la justice en passant par la police), qui ont été mis à mal pendant 10 ans, laissant souvent seuls les élus locaux face à des habitants souvent légitimement excédés. En ce sens, la polémique sur la supposée absence d'action de Jean-Claude Gaudin (quels que soient ses tords), qui opposait le ministre de l'Intérieur au maire UMP de Marseille, ne pouvait être que contre-productive car elle renvoyait tous les maires face à leurs administrés sur des compétences pourtant régaliennes.

D'autre part, si la création de Zones de Sécurité Prioritaires était une initiative nécessaire, elles ne peuvent pas être à elles-seules le viatique de la politique de sécurité publique du gouvernement. Pour revenir sur la polémique marseillaise, on connaît les limites de la mauvaise répartition des effectifs policiers entre police de maintien de l'ordre et police de proximité : en aucun cas, la présence temporaire ou durable d'effectifs de gendarmes mobiles ou de CRS dans un quartier soumis à l'insécurité ou au trafic de drogue ne permet de résoudre la situation.

La question qui est posée à la gauche est celle du niveau des effectifs durables dans les commissariats des quartiers populaires ; mais là encore, ceux-ci continuent d'encaisser la baisse engagée dans les années précédentes. La RGPP a beau être annulée, des objectifs de "rationalisation" ou de "modernisation" des services publics continuent de menacer l'existence de certains commissariats de quartiers populaires et la pérennité de leurs effectifs, donc de leurs heures d'intervention et de présence sur le terrain. Interrogé sur le sujet lors de la même émission de France Inter du 24 septembre durant laquelle il s'en est pris aux Rroms, le Ministre de l'Intérieur n'a pu fournir aucune réponse convaincante.

Enfin, il convient de tenir un discours cohérent à gauche. Trop de responsables socialistes locaux défendent dans leurs programmes pour les élections municipales la création de service de Police Municipale ou l'augmentation de leurs effectifs, voire désormais leur armement. L'existence des Polices Municipales est parfois nécessaire, mais il faut savoir subtilement doser son effort : trop fréquemment, la création de ces services ou l'augmentation de leurs effectifs accélèrent la diminution parallèle des effectifs de Police Nationale dont l'action pour la sécurité et la tranquillité sont pourtant indispensables, d'autant que les Polices Municipales ne peuvent agir sans le concours de la Police National et dans les cas les plus lourds (comme le trafic de drogue ou les violences) sont parfaitement incompétentes (au sens administratif du terme).

Ainsi, la préservation de la sécurité républicaine et de la tranquillité publique ne sera en aucun cas le résultat de la course à la vidéosurveillance, de la création de polices municipales, ou de la multiplication des cars de CRS, mais de l'inscription durable sur les territoires d'effectifs de Police National ou de Gendarmerie.

La fuite en avant social-libérale ouvre l'espace pour la dérive sécuritaire

Le discours de la "gauche affranchie" est finalement assez clair et cohérent : «La gauche affranchie est aussi une gauche qui n’a plus peur d’être réformiste et qui ne réduit pas son action à la seule intervention de l’État en se demandant en permanence si ce qu’elle fait est vraiment de gauche. La gauche affranchie, c’est celle qui, au fond, se met au service de ceux qui créent de la richesse, notamment des entreprises et tout particulièrement des petites et moyennes, qui souffrent de charges excessives».

Pour cette aile droite assumée du PS, la mission historique du socialisme démocratique disparaît derrière une volonté de "modernisation", c'est-à-dire d'une adaptation ou d'une transformation du modèle républicain français et universaliste selon les exigences du néo-libéralisme mondialisé. L'appel à l'ordre et à l'autorité vise ainsi à remplacer la fonction d'émancipation des classes populaires que c'était fixé à l'origine le parti socialiste ; la protection sociale et économique, l'intervention de l’État social républicain laisse la place au seul État répressif censé "protéger" les citoyens.

Alors que Manuel Valls n'a fait que 5% aux primaires citoyennes, qu'il n'a jamais confronté son orientation politique à un congrès du PS, il pèse d'un poids terrible sur les débats de ce parti. C'est lui le véritable surmoi du PS et non une supposée domination de la pensée marxiste. Ce non dit d'une ligne social-libérale et sécuritaire qui pèse sur le PS s'est traduit lors du congrès de Toulouse lorsque la motion majoritaire de ce parti désormais aphone a intégré dans ses représentants au sein des instances nationales un nombre disproportionné d'amis politiques du Ministre – disproportionné car la ligne qu'ils défendent est somme toute éloignée de ce qui était écrit dans leur motion.

reforme-fiscale-2011.gifMais c'est pourtant leurs idées qui tiennent qu'on le veuille ou non le haut du pavé dans l'action gouvernementale. Avec le CICE et les 20 milliards offerts sans contreparties aux entreprises sous prétexte de compétitivité mais surtout pour faire "baisser le coût du travail" ; avec l'accord national interprofessionnel qui a gravement affecté le code du travail afin d'offrir au patronat de plus fortes marges de manœuvre ; avec le projet de réforme des retraites, qui parce l'"on vit plus longtemps, donc on doit cotiser plus longtemps" propose d'allonger la durée de cotisation jusqu'à 43 ans. Dans le même temps, la question des salaires et celle du pouvoir d'achat sont devenues quasiment tabou, sauf par l'entremise du débat imposé par une aile droite du PS un peu large encore sur le "ras-le-bol" fiscal.

Pourtant en terme de "ras-le-bol fiscal", bien qu'on ait enfin décidé de ré-indexer l'année prochaine le barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation, il n'est pas prévu de limiter les efforts des classes moyennes et populaires mais ceux des entreprises : après les cadeaux fiscaux déjà réalisés, il est désormais envisagé de compenser leur hausse de cotisations sur les retraites par une baisse des cotisations employeurs sur la branche famille. N'oublions pas que la hausse de la TVA prévue pour le 1er janvier prochain est censée financer le CICE… On n'a pas entendu cette aile droite là se joindre à d'autres - Maintenant la Gauche, un Monde d'Avance ou La Gauche Durable - qui réclamaient une véritable réforme fiscale en commençant par la progressivité de la CSG (première étape avant sa fusion espérée avec l'impôt sur le revenu) ou par le gel des hausses de TVA qui vont d'abord pénaliser les classes moyennes et populaires.

bandeau_logos.jpgNon, depuis plusieurs semaines, les sociaux-libéraux du PS se sont attaqués à la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires ou encore réclament une nouvelle brèche dans le code du travail sur la question de l'ouverture des magasins le dimanche.

Personne pour répondre qu'au-delà de l'application de loi et d'une décision de justice (la circulaire sur les campements illicites disaient "le respect des décisions de justice ne saurait être mis en question") – qui devrait être chères à ceux qui réclament de l'ordre et l'autorité – il y aussi des principes de protection des salariés, qui sans un code du travail forcément déséquilibré en leur faveur se trouveraient à la merci du bon vouloir de l'employeur, autre et plus grave déséquilibre social. Personne non plus pour rappeler que si des salariés se plaignent d'être mal payés, et doivent pour vivre accumuler heures supplémentaires ou travail dominical, c'est qu'il y a sans doute un problème dans notre pays de sous-rémunération qui mériterait la convocation urgente d'une conférence nationale sur les salaires et l'emploi.

Non, ce matin (lundi 30 septembre 2013), les ministres concernés étaient convoqués pour réfléchir à des adaptations de la législations… et personne n'a moufté !

Selon les défenseurs de cette liberté d'entreprendre et d'écraser les salariés, ce sont les "angélistes" du PS et les partis qui se situent à sa gauche (EELV, PCF) qui auraient perdu le contact avec les "vrais gens" et ne chercheraient plus à répondre à leurs préoccupations. Ils conviendraient pour cela de durcir le ton sur les questions de sécurité, d'identité et d'immigration, ceux qui contesteraient cette ligne étant des bobos désincarnés, parfois marxistes mal dégrossis. Les questions de progrès sociétal devraient également être abandonnées, mariage pour tous, PMA, régulation des drogues, etc. allant à l'encontre des préoccupations essentielles des Français.

En réalité, les sociaux-libéraux n'ayant pas les moyens au travers de leur politique de satisfaire les attentes des catégories populaires – emplois, pouvoir d'achat, services publics forts de proximité –, ils leur offrent un succédané populiste de l'action politique : le langage sécuritaire et autoritaire, une logorrhée antifiscale. Plus grave, certains n'ont pas même la volonté de satisfaire ces classes populaires : le salarié moderne est celui qui est corvéable et adaptable à merci, dont le salaire et la protection sociale ne plombent plus la compétitivité de l'entreprise qui pourra alors créer des richesses et de l'emploi avec des individus jetables.

Le discours sécuritaire et identitaire est donc un dérivatif bien venu pour détourner l'attention de cette partie de la population.

1489157 3 0fb0 marine-le-pen-a-lille-le-5-mars-2011Mais cette stratégie est erronée : elle ne permet pas de reconquérir l'électorat ouvrier du nord et de l'est de la France qui choisit peu à peu de confirmer son vote par Marine Le Pen. Ce n'est qu'en apportant durablement des réponses économiques et sociales à cette population excédée que l'on pourra la détourner du Front National et permettre ensuite de lui faire entendre un discours éthique qui déconstruit la véritable stratégie de l'extrême droite.

Celle-ci, n'en déplaise à Malek Boutih qui cherchait à convaincre les socialistes du contraire à La Rochelle le 24 août 2013, s'est toujours nourrie de la misère et de la détresse sociales. En menant une politique sociale-libérale qui désespère les classes populaires et en faisant sonner à leurs oreilles les sirènes sécuritaires et identitaires, l'aile droite du PS et tout particulièrement les amis du Ministre de l'Intérieur pavent le chemin qui mènera à notre défaite collective en 2014 et 2017, et  légitiment toujours plus le discours d'une extrême droite maquillée de dédiabolisation. Ils porteront, si on ne les arrête à temps, la responsabilité de l'accession au pouvoir d'une droite extrêmisée alliée à l'extrême droite.

Frédéric FARAVEL

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 14:42

Ce n'est pas dans mes habitudes, mais j'ai décidé de reproduire ici la mise au point que le Maire (PCF) de Bezons a faite sur son blog, suite aux trois pages de l'édition nationale et départementale du Parisien aujourd'hui.

Je partage l'intégralité de ses propos.

Intitulée en couverture "24 heures dans l'immeuble livré aux dealers", cette série d'articles présente une situation effectivement difficile pour de nombreux habitants mais omet (volontairement ?) de présenter les démarches engagées par les élus et la puissance publique pour résoudre un problème grave. Le Parisien n'a même pas jugé bon de vérifier le point de vue de la commune, ce qui est selon moi une véritable erreur sinon une faute. Cela ne vise qu'à faire un coup commercial pour booster les ventes du journal, cela crée exagérément un climat anxiogène et peut même perturber si l'on n'y prend garde le travail des forces de l'ordre.

On a connu Le Parisien plus inspiré... Il mérite aujourd'hui un carton rouge !

Frédéric FARAVEL

Le Colombier : ce que Le Parisien a oublié d’écrire

parisien.jpgDans le dossier qu’il consacre à la résidence du Colombier le 19 septembre, Le Parisien oublie de mentionner certains faits pourtant portés à sa connaissance.

Oui, la présence des dealers dans cette résidence est avérée. Oui elle exaspère les résidents. Mais pourquoi ne pas avoir rappelé les multiples actions conduites sous l’impulsion du maire de Bezons et de l’Amicale des locataires contre ces trafics ? Actions dont la journaliste avait pourtant fait état dans diverses éditions du même quotidien.

A plusieurs reprises, le maire, son équipe, les locataires, et dirigeants d’associations ont, en effet, conjointement organisé des manifestations visant à chasser les dealers mais aussi à sensibiliser les pouvoirs publics, et plus particulièrement le ministre de l’intérieur et le Préfet du Val-d’Oise, en charge de notre sécurité.

Cette mobilisation a également conduit à obtenir du bailleur Logirep l’engagement d’une enveloppe de 300 000 €  pour des travaux sécurisant l’immeuble, travaux accompagnés de l’installation de la vidéosurveillance. Par ailleurs, l’action du maire devrait aboutir à l’inscription et aux subventionnements, par l’État, de travaux dans cette résidence au titre de l’ANRU.

L’engagement de la Municipalité et des locataires pour lutter contre ces trafics de cannabis, est étroitement lié à la mobilisation, élargie à toute la population bezonnaise (5 000 pétitions et 600 personnes lors du rassemblement) contre la fermeture du commissariat de Bezons. Commissariat, aujourd’hui préservé et pour lequel  le maire de Bezons, mais aussi les principaux syndicats de police, continuent de réclamer le renforcement des effectifs.

Par ailleurs, à l’initiative du maire, se réunit la semaine prochaine, le Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) de Bezons,  au sein duquel siège le Préfet et le Procureur de la République. Et le premier point inscrit à l’ordre du jour de cette instance, à la demande du maire, concerne justement ce trafic. Et mieux encore, toujours à son initiative, les amicales de locataires du quartier participeront à cette réunion.

Nous aurions aimé que figurent dans cet article ces éléments positifs qui démontrent la combativité de celles et ceux qui habitent Bezons, aiment leur ville et ne se résignent pas.

Dominique Lesparre

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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 07:08

Le 10 septembre prochain aura lieu la première manifestation contre la réforme des retraites à l'initiative de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires.


La manifestation parisienne aura lieu à 14H et partira de République vers Nation.

Maintenant la Gauche tient à se rendre à ce rendez vous pour venir saluer les manifestants et les organisateurs. Les responsables nationaux du courant seront présents à ce titre.
Si nous n'appelons pas à défiler en tant que Maintenant la Gauche courant du Parti Socialiste, les camarades du courant syndiqués et qui le souhaitent le feront d'ailleurs avec leur organisation syndicale, nous tiendrons un point fixe à côté du défilé de la manifestation.

Rendez vous est donc donné le 10 septembre à 14H devant le Léon de Bruxelles de la place de la République, 8 avenue de la République.

Je vous rappelle le communiqué de presse du courant sur la réforme annoncée le 27/08 par le Premier Ministre.

Je vous invite également à diffuser autour de vous l'appel des socialistes pour les retraites et à le faire signer.

Amitiés socialistes,
Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral

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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 07:29

4hpv5-LOGO CGTLe Premier ministre vient d’annoncer les grandes lignes de la future réforme des retraites.

Cette réforme se situe dans la continuité des précédentes en privilégiant la poursuite jusqu’en 2020 de l’allongement de la durée de cotisation prévue par la loi Fillon, et en prolongeant ces dispositions après 2020. Il serait ainsi demandé 43 ans de cotisations aux jeunes nés à partir de 1973 alors même qu’on sait qu’ils rentrent de plus en plus tard dans le monde du travail. Ils atteindront ainsi l’âge du taux plein bien après 65 ans. Pour la CGT, ces dispositions sont orientées contre la jeunesse.

Enfermé dans le dogme dans la baisse du « coût du travail », le Premier ministre annonce une prochaine réforme de la branche famille de la Sécurité sociale destinée à transférer son financement sur les ménages.

Certaines dispositions qui pourraient apparaître favorables aux salariés, notamment au sujet de la pénibilité, des femmes et des jeunes, n’auraient qu’une portée très limitée sur les salariés concernés. Exemple : une carrière complète de travail pénible conduirait à un départ à 60 ans, sous certaines conditions restrictives.

Ces annonces justifient donc pleinement la mobilisation des salariés lors de cette rentrée notamment avec la journée d’action du 10 septembre pour les salaires, l’emploi et une protection sociale de haut niveau.

Montreuil, le 27 août 2013

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